Inactuels 2008
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Inactuels 2008
Il ne s'agit pas d'un tchat mais d'un espace 3D, peuplé d'avatars, de textes, parfois de voix : second life. Un bon moyen pour rencontrer des solitudes peuplant d'autres lieux, des morceaux éparpillés dans la géographie réelle mais ici réunis dans un espace mimant le monde, l'espace réel. Mes choix m'ont conduit en des lieux à forte densité japonaise,bars tenues parfois dans des répliques de quartiers existant. Les raisons de ces choix étaient au premier abord techniques : l'apprentissage de la langue japonaise. Cependant comme les locuteurs ne sont ni des manuels scolaire ni des machines, mais des êtres réunis dans le cadre d'une scène artificiel, numérique, mais permettant une forme de fluidité de l'expression, une esthétique peut naître selon notre capacité à gérer la nature de nos relations à l'autre, et parfois même selon la qualité de l'espace graphique qui accueille nos corps virtuels. En ces lieux j'ai rencontré une japonaise qui tient un blog dans lequel elle critique des mangas. Nous en avons donc souvent discuté de mangas. Il m'est arrivé de lui évoquer un titre qui m'a beaucoup marqué :
Au temps de Botchan est un manga, écrit par Natsuo Sekikawa et dessiné par Jiro Taniguchi, à prétention historique. Il décrit de grandes figures littéraires ayant peuplé l'ère meiji, et les problématiques qui sont nés de cette époque, notamment : La confrontation directe avec l'Occident. Ou comment une nation placé en position d'infériorité économique et industriel face à des géants qui veulent l'absorber dans leur système impérialistes à coup de traités inégaux tente d'absorber l'énorme influence sans en perdre son âme. Cette lecture suivit de celle d'un livre composé d'essais historiques sous la direction de Jean-Jacques Tschudin et Claude Hamon, La société japonaise devant la montée du militarisme, Culture populaire et contrôle social dans les années 30 peut permettre en faisant un bond dans le temps d'avoir un aperçu d'une des plus terrible conséquence de cette époque pour le japon, et surtout pour les autres cultures extrêmes orientales qui subiront les effets de la politique japonaise ayant suivit meiji... colonialisme, puis guerre, désir d'expansion impérialiste... la traversée d'une sombre vallée : Le japon devient le mal absolu. Un exemple des plus connu : Nankin. La lecture d'article à ce sujet est inquiétante, car aux yeux de beaucoup (il est nécessaire de parcourir les articles traitant de ce sujet sur internet), le japon n'a pas encore réellement fait son mea culpa, il est même parfois question de négationisme, et d'amnésie des jeunes générations. L'empire du japon durant la seconde guerre mondiale semble avoir été le nazisme d'extrême orient, mais l'un des principaux responsable de cette horreur, celui au nom duquel des millions d'hommes sont morts ; Hirohito, l'empereur showa, a été innocenté par les occupant américains après la capitulation. Mc Arthur soutien même toute la famille impériale, ainsi la responsabilité de la guerre, aux yeux de l'Histoire, fini par n'appartenir qu'au corps militaire. Détruire une famille impériale qui est l'essence même du japon depuis plusieurs millénaires aurait-il mené à la désintégration du pays?
Des actes de protestations subsistent cependant et certaines personnes remues l'ignoble passé du japon, d'autant plus ignoble que l'ensemble du système qui a conditionné, mené la nation à cette guerre n'aurait pas été complètement condamné. Un homme controversé, assassin politique, contestataire qui ira jusqu'à lancer une bille de pachinko sur l'empereur Hirohito, Kenzo Okuzaki est le héro d'un film documentaire de Kazuo Hara qui revient sur la seconde guerre mondiale : L'armée de l'empereur s'avance. Kazuo Hara se contente de suivre Kenzo Okuzaki dans sa recherches de coupables. Kenzo Okuzaki n'a cependant pas une manière d'interroger des plus fines, pour obtenir des réponses il va parfois jusqu'à tabasser d'anciens militaires.
Le film est donc frontale, voir vulgaire, il m'a rappelé certains propos de Shohei Imamura qui évoqué ce qui à ses yeux était le véritable japon... un japon vulgaire, spontané, loin du raffinement qui ne serai que sa façade officielle.
Le peuple est désordonné, par nature il défi sans cesse les lois, qui sans le désordre naturel du peuple n'aurait aucune raison d'exister. Mais il ne s'agit pas uniquement des lois civiles, chez Shohei Imamura dans un film comme Eijanai ka, ou chez Kazuo Hara, il peut aussi s'agir de lois divines : Moïse et Aaron de Jean-Marie Straub et Danielle Huillet, une oeuvre qui m'a marqué cette année.
Mais comment sauver le peuple de ses aspirations naturelles ou culturelles lorsque celles-ci semblent le mener à la catastrophe? Telles sont les interrogations d'un ancien professeur de français d'origine comorienne, Monsieur Mlamali dans son cours essai que la gazette des Comores devrait publier : Voyage à l'intérieur d'une société qui s'autodétruit ou la rencontre de fundi karibangwe avec Laurent Cauchon, un français épris de justice. Ce court essai est l'un des textes les plus lucides que j'ai lu au sujet de l'état post-colonial des Comores.
Les Comores comme bien des pays d'Afrique noirs semblent être dans un état pitoyable. Et ce ne sont pas les images du centre de rétention de Mayotte diffusés à l'origine par le site du journal Libération qui iront à l'encontre de ces idées reçues : http://www.wikio.fr/video/700489
Pour avoir une vague idée de la vie comorienne sans le pathos, et la bonne conscience occidentale je conseille un film d'une jeune réalisatrice comorienne issue de la diaspora Hachimiya Ahamada: Résidence Ylang Ylang. Ce film a été présenté à la semaine de la critique à Cannes l'an dernier, et au festival d'Afrique et des îles à la réunion en septembre. Je ne pense cependant pas qu'une diffusion hors festival soit possible. Le film ne sortira donc sans doute jamais dans les salles française.
Au temps de Botchan est un manga, écrit par Natsuo Sekikawa et dessiné par Jiro Taniguchi, à prétention historique. Il décrit de grandes figures littéraires ayant peuplé l'ère meiji, et les problématiques qui sont nés de cette époque, notamment : La confrontation directe avec l'Occident. Ou comment une nation placé en position d'infériorité économique et industriel face à des géants qui veulent l'absorber dans leur système impérialistes à coup de traités inégaux tente d'absorber l'énorme influence sans en perdre son âme. Cette lecture suivit de celle d'un livre composé d'essais historiques sous la direction de Jean-Jacques Tschudin et Claude Hamon, La société japonaise devant la montée du militarisme, Culture populaire et contrôle social dans les années 30 peut permettre en faisant un bond dans le temps d'avoir un aperçu d'une des plus terrible conséquence de cette époque pour le japon, et surtout pour les autres cultures extrêmes orientales qui subiront les effets de la politique japonaise ayant suivit meiji... colonialisme, puis guerre, désir d'expansion impérialiste... la traversée d'une sombre vallée : Le japon devient le mal absolu. Un exemple des plus connu : Nankin. La lecture d'article à ce sujet est inquiétante, car aux yeux de beaucoup (il est nécessaire de parcourir les articles traitant de ce sujet sur internet), le japon n'a pas encore réellement fait son mea culpa, il est même parfois question de négationisme, et d'amnésie des jeunes générations. L'empire du japon durant la seconde guerre mondiale semble avoir été le nazisme d'extrême orient, mais l'un des principaux responsable de cette horreur, celui au nom duquel des millions d'hommes sont morts ; Hirohito, l'empereur showa, a été innocenté par les occupant américains après la capitulation. Mc Arthur soutien même toute la famille impériale, ainsi la responsabilité de la guerre, aux yeux de l'Histoire, fini par n'appartenir qu'au corps militaire. Détruire une famille impériale qui est l'essence même du japon depuis plusieurs millénaires aurait-il mené à la désintégration du pays?
Des actes de protestations subsistent cependant et certaines personnes remues l'ignoble passé du japon, d'autant plus ignoble que l'ensemble du système qui a conditionné, mené la nation à cette guerre n'aurait pas été complètement condamné. Un homme controversé, assassin politique, contestataire qui ira jusqu'à lancer une bille de pachinko sur l'empereur Hirohito, Kenzo Okuzaki est le héro d'un film documentaire de Kazuo Hara qui revient sur la seconde guerre mondiale : L'armée de l'empereur s'avance. Kazuo Hara se contente de suivre Kenzo Okuzaki dans sa recherches de coupables. Kenzo Okuzaki n'a cependant pas une manière d'interroger des plus fines, pour obtenir des réponses il va parfois jusqu'à tabasser d'anciens militaires.
Le film est donc frontale, voir vulgaire, il m'a rappelé certains propos de Shohei Imamura qui évoqué ce qui à ses yeux était le véritable japon... un japon vulgaire, spontané, loin du raffinement qui ne serai que sa façade officielle.
Le peuple est désordonné, par nature il défi sans cesse les lois, qui sans le désordre naturel du peuple n'aurait aucune raison d'exister. Mais il ne s'agit pas uniquement des lois civiles, chez Shohei Imamura dans un film comme Eijanai ka, ou chez Kazuo Hara, il peut aussi s'agir de lois divines : Moïse et Aaron de Jean-Marie Straub et Danielle Huillet, une oeuvre qui m'a marqué cette année.
Mais comment sauver le peuple de ses aspirations naturelles ou culturelles lorsque celles-ci semblent le mener à la catastrophe? Telles sont les interrogations d'un ancien professeur de français d'origine comorienne, Monsieur Mlamali dans son cours essai que la gazette des Comores devrait publier : Voyage à l'intérieur d'une société qui s'autodétruit ou la rencontre de fundi karibangwe avec Laurent Cauchon, un français épris de justice. Ce court essai est l'un des textes les plus lucides que j'ai lu au sujet de l'état post-colonial des Comores.
Les Comores comme bien des pays d'Afrique noirs semblent être dans un état pitoyable. Et ce ne sont pas les images du centre de rétention de Mayotte diffusés à l'origine par le site du journal Libération qui iront à l'encontre de ces idées reçues : http://www.wikio.fr/video/700489
Pour avoir une vague idée de la vie comorienne sans le pathos, et la bonne conscience occidentale je conseille un film d'une jeune réalisatrice comorienne issue de la diaspora Hachimiya Ahamada: Résidence Ylang Ylang. Ce film a été présenté à la semaine de la critique à Cannes l'an dernier, et au festival d'Afrique et des îles à la réunion en septembre. Je ne pense cependant pas qu'une diffusion hors festival soit possible. Le film ne sortira donc sans doute jamais dans les salles française.
Dernière édition par wootsuibrick le Lun 29 Déc 2008 - 14:52, édité 1 fois
Re: Inactuels 2008
Il y a évidemment En avant jeunesse. Et puis, par en En avant jeunesse, j'en arrive au Cygne de Baudelaire, qui a été très important. De Costa aux Straub, j'ai vécu avec l'opus 133 et l'opus 132, les quatuors à cordes de Beethoven. Évidemment, il y a Dernier Maquis, dans mon top, une sorte de western, qui a accompagné aussi une (re)découverte des western. J'étais il y a longtemps tombée dans Leone, j'ai découvert Ford, Peckinpah, Ray... Et j'ai lu Bazin. Rien à voir, et pourtant, c'est tout dans un même mouvement... Et puis tout est lié : rentrant de la projection de Dernier Maquis, j'ai été happée, dans un marché aux fleurs, par une vitrine éclairée qui débordait d'orchidées... Cette année était la plus fleurie de ma vie, aussi car il y a À la Recherche du temps perdu, depuis de longs et bons mois, et que, d'aubépines en catleyas, les fleurs marquent beaucoup... Il y avait déjà eu les roses, les roses de Mrs Dalloway : "and then, the roses..." Puis un voyage au États-Unis, et bercée dans une ambiance étrange vers la Nouvelle-Angleterre, entre Boston et Stockbridge, sur les pas de Sweet Baby James de James Taylor en passant par Two Lane Blacktop, j'ai pleuré comme jamais, en lisant The Catcher in Rye... Il y aurait Gus van Sant... Et puis, l'incroyable début de Brigadoon, et cette chanson, Brigadoooooooooooooon... Et puis le sourire de ma nièce de quatre jours, contre le sein de sa mère, sa petite langue, une douceur sans fin...
Grosso modo, ce sont mes inactuels 2008...
Grosso modo, ce sont mes inactuels 2008...
adeline- Messages : 3000
Re: Inactuels 2008
Bonne année tout le monde
Lorsque mes camarades de la rédaction des Spectres du Cinéma ont suggéré, pour la nouvelle année 2009, que nous écrivions chacun quelque chose sous le titre "inactuels 2008", j'ai ouvert grand les yeux.
Les "inactuels 2008" ?
La tuile, quel titre !
Et puis : qui peut vouloir lire un truc qui s'appelle comme ça ?
Imaginez un peu si l'on sortait en kiosque des magazines nommés "valeurs inactuelles", ou "femme inactuelle", qui pour les lire ? Je veux bien que nous ne soyons pas ou peu lus, mais que les noms des articles au moins fassent envie, bon sang.
Je garde le in et fait joujou avec, le déplace d'une petite pichenette. Il y a, me semble-t-il, une marge entre l'"inactuel" et l'"intemporel", le second me paraissant plus proche du lieu où se déploient les spectres. Que l'on se souvienne de la jolie Marie dans un film récent de Rivette dont le nom m'échappe, revenante, revivante, s'intéressant tout particulièrement au lieu sans pendule de la maison de Julien l'horloger. Les Spectres aiment Jacques Rivette... Il nous accompagna drôlement, lui et cet esprit de "complot" qu'il affectionne, cet été lors de la construction du premier numéro de la revue, le saviez-vous ?
A propos, cette année, j'ai résilié mon abonnement aux Cahiers du Cinéma comme à Courrier International pour un abonnement au Monde Diplomatique, n'ayant pas renoncé au plaisir chaque mois d'ouvrir un mensuel préparé avec le plus grand soin et qui a "de la suite dans les idées". Vous savez certainement ce que c'est : survoler fiévreusement l'ensemble d'un nouveau numéro, avant de parcourir dans le détail chaque texte par ordre de préférence personnelle.
J'ai lu des centaines de pages de livres. Je n'ai pas terminé beaucoup de bouquins mais je n'en ai pas commencé tant que cela non plus. L'un d'eux m'a conduit particulièrement loin, en des profondeurs que je n'aurais jamais imaginé, L'animal que donc je suis de Jacques Derrida. Je l'ai terminé, intranquille. Emporté par le style rusé de son auteur dans des questions extrêmement déstabilisantes, rôdant et taraudantes encore, la nuit venue, à l'heure où l'on devrait dormir.
J'insiste. A quoi bon dater l'inactuel qui, dans sa définition n'est pas actuel, de l'année terminée ? Le projeter au cœur de l'année qui arrive, 2009, aurait peut-être, déjà, plus de force. Il s'agirait alors de tenter l'impossible, l'impossible lancé de cette inactualité présente, dans le proche avenir.
Je ne comprends pas. Je tempête, puis retourne consulter la proposition, voir si, par hasard, je ne me serais pas gouré la première fois en la lisant. Quoique l'utilisation de cet anglicisme in, n'allant pas sans son contraire out dans le processus dialectique de la mode et des tendances, me paraisse quelque peu douteuse au sein d'une rédaction sérieuse comme celle des Spectres du Cinéma, ne serait-ce pas plutôt les "in-actuels" ? Je me dis que non, ce processus in and out - à prononcer très vite, comme l'un des personnages dans un vieux film de De Palma que traverse Pacino avec une veste en cuir noir - ça va trop vite pour nous, ça ne peut pas être notre truc, on serait plutôt proche du Solaar de 'Temps Mort' : moins chantres de la mode et/de l'"anti-mode", que tous bien d'accords pour "démoder la mode."
Vérification faite, effectivement, ce n'est pas cela.
Alors quoi ?
Je n'ai guère le choix, ben oui, faut bien que je comprenne le sujet, donc je commence à tricher, je jette un œil sur le travail de mes camarades qui ont déjà écrit quelque chose. "Rocher, vous avez la tête sur roulement à bille ?!" : je l'entend encore ce prof au lycée. Depuis cette fois où je me suis fait prendre, je me suis juré de prévenir toujours mon geste lorsque je regarde par-dessus l'épaule de mon voisin. Il n'est pas dit que je ne triche pas un peu plus encore en disant cela, reculant autant que faire se peut le moment malgré tout bien perçu où il faudra s'exposer, se mettre à nu devant vous. Ce moment qui ne viendra pas, ou ne reviendra pas. Mais que dire d'autre.
Même si parfois on a pas trop le choix, faut passer par là, ce n'est pas toujours en pompant que l'on brille le plus, j'en ai fait entre autre l'expérience au cinéma cette année en découvrant Femmes de la nuit de K. Mizoguchi (1948). J'avais déjà pu constater en 2007 que le meilleur Y. Ozu n'était pas vraiment le premier, celui qui s'ingéniait à imiter les traits caractéristiques du cinéma hollywoodien, de même pour Mizoguchi, il semble que la greffe "catho-néoréaliste" finale de Femmes de la nuit, prise ou non comme ironique, ne soit pas des plus fameuse. Histoires de kimonos, de spectre, et qui se réjouie de "rien". Mizozuguchrivette. Et Godard.
Notre Musique, un film qui me permet de garder un certain "cap" : contemporain, c'est le seul. J'y reviens assez souvent... Nous y reviendrons, oui, une autre fois…
Bobine intemporelle…
Lorsque mes camarades de la rédaction des Spectres du Cinéma ont suggéré, pour la nouvelle année 2009, que nous écrivions chacun quelque chose sous le titre "inactuels 2008", j'ai ouvert grand les yeux.
Les "inactuels 2008" ?
La tuile, quel titre !
Et puis : qui peut vouloir lire un truc qui s'appelle comme ça ?
Imaginez un peu si l'on sortait en kiosque des magazines nommés "valeurs inactuelles", ou "femme inactuelle", qui pour les lire ? Je veux bien que nous ne soyons pas ou peu lus, mais que les noms des articles au moins fassent envie, bon sang.
Je garde le in et fait joujou avec, le déplace d'une petite pichenette. Il y a, me semble-t-il, une marge entre l'"inactuel" et l'"intemporel", le second me paraissant plus proche du lieu où se déploient les spectres. Que l'on se souvienne de la jolie Marie dans un film récent de Rivette dont le nom m'échappe, revenante, revivante, s'intéressant tout particulièrement au lieu sans pendule de la maison de Julien l'horloger. Les Spectres aiment Jacques Rivette... Il nous accompagna drôlement, lui et cet esprit de "complot" qu'il affectionne, cet été lors de la construction du premier numéro de la revue, le saviez-vous ?
A propos, cette année, j'ai résilié mon abonnement aux Cahiers du Cinéma comme à Courrier International pour un abonnement au Monde Diplomatique, n'ayant pas renoncé au plaisir chaque mois d'ouvrir un mensuel préparé avec le plus grand soin et qui a "de la suite dans les idées". Vous savez certainement ce que c'est : survoler fiévreusement l'ensemble d'un nouveau numéro, avant de parcourir dans le détail chaque texte par ordre de préférence personnelle.
J'ai lu des centaines de pages de livres. Je n'ai pas terminé beaucoup de bouquins mais je n'en ai pas commencé tant que cela non plus. L'un d'eux m'a conduit particulièrement loin, en des profondeurs que je n'aurais jamais imaginé, L'animal que donc je suis de Jacques Derrida. Je l'ai terminé, intranquille. Emporté par le style rusé de son auteur dans des questions extrêmement déstabilisantes, rôdant et taraudantes encore, la nuit venue, à l'heure où l'on devrait dormir.
J'insiste. A quoi bon dater l'inactuel qui, dans sa définition n'est pas actuel, de l'année terminée ? Le projeter au cœur de l'année qui arrive, 2009, aurait peut-être, déjà, plus de force. Il s'agirait alors de tenter l'impossible, l'impossible lancé de cette inactualité présente, dans le proche avenir.
Je ne comprends pas. Je tempête, puis retourne consulter la proposition, voir si, par hasard, je ne me serais pas gouré la première fois en la lisant. Quoique l'utilisation de cet anglicisme in, n'allant pas sans son contraire out dans le processus dialectique de la mode et des tendances, me paraisse quelque peu douteuse au sein d'une rédaction sérieuse comme celle des Spectres du Cinéma, ne serait-ce pas plutôt les "in-actuels" ? Je me dis que non, ce processus in and out - à prononcer très vite, comme l'un des personnages dans un vieux film de De Palma que traverse Pacino avec une veste en cuir noir - ça va trop vite pour nous, ça ne peut pas être notre truc, on serait plutôt proche du Solaar de 'Temps Mort' : moins chantres de la mode et/de l'"anti-mode", que tous bien d'accords pour "démoder la mode."
Vérification faite, effectivement, ce n'est pas cela.
Alors quoi ?
Je n'ai guère le choix, ben oui, faut bien que je comprenne le sujet, donc je commence à tricher, je jette un œil sur le travail de mes camarades qui ont déjà écrit quelque chose. "Rocher, vous avez la tête sur roulement à bille ?!" : je l'entend encore ce prof au lycée. Depuis cette fois où je me suis fait prendre, je me suis juré de prévenir toujours mon geste lorsque je regarde par-dessus l'épaule de mon voisin. Il n'est pas dit que je ne triche pas un peu plus encore en disant cela, reculant autant que faire se peut le moment malgré tout bien perçu où il faudra s'exposer, se mettre à nu devant vous. Ce moment qui ne viendra pas, ou ne reviendra pas. Mais que dire d'autre.
Même si parfois on a pas trop le choix, faut passer par là, ce n'est pas toujours en pompant que l'on brille le plus, j'en ai fait entre autre l'expérience au cinéma cette année en découvrant Femmes de la nuit de K. Mizoguchi (1948). J'avais déjà pu constater en 2007 que le meilleur Y. Ozu n'était pas vraiment le premier, celui qui s'ingéniait à imiter les traits caractéristiques du cinéma hollywoodien, de même pour Mizoguchi, il semble que la greffe "catho-néoréaliste" finale de Femmes de la nuit, prise ou non comme ironique, ne soit pas des plus fameuse. Histoires de kimonos, de spectre, et qui se réjouie de "rien". Mizozuguchrivette. Et Godard.
Notre Musique, un film qui me permet de garder un certain "cap" : contemporain, c'est le seul. J'y reviens assez souvent... Nous y reviendrons, oui, une autre fois…
Bobine intemporelle…
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