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Territoires de Cronenberg

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Message par Borges Ven 19 Nov 2010 - 21:03

on peut rappeler le texte de rancière pas gentil avec crash;
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Message par Invité Sam 20 Nov 2010 - 17:40

Salut BC,
apparemment, tu n'aimes pas Cronenberg. En fait, moi non plus, pas tellement, en tous cas pas les films postérieurs à 1990 à l'exception d'eXistenZ. Le partage se fait sur l'humour. Je trouve pas mal d'humour noir dans ses premiers films, plus rien à partir de Naked Lunch – sauf, encore une fois, eXistenZ, mais c'est un cas particulier. Donc je ne décode pas ses films parce que j'admirerais son boulot mais parce que ça m'intéresse de les décoder, j'y apprends quelque chose, ça me fait réfléchir et ça nous fait causer. C'est déjà pas mal.

L'humour pourrait aussi servir de ligne de partage politique. Le sérieux sans désemparer est certainement réactionnaire. Mais ce serait aussi trop facile et mécanique. Alors je ne sais pas, et ça me parait très différent d'une hésitation entre deux savoirs. On peut toujours imaginer une démarcation claire entre ce qui est révolutionnaire et ce qui ne l'est pas, entre ce qui est bien et ce qui ne l'est pas, et d'ailleurs on ne fait que ça, question de boussole vitale. Mais la clarté reste théorique et dans la pratique il y a surtout une zone d'indétermination, où nombreux sont ceux qui rêvent de la révolution en restant bien fascistes. Ça aussi, c'est dans D&G. Quant aux fascistes historiques, les mussoliniens, les nationaux socialistes, ils se sont toujours crus révolutionnaires. Aux moins il y aurait ça à apprendre du dépiautage de ces films, un processus exemplaire de reterritorialisation, de fascisation. Mais il faut bien commencer par ne pas savoir la fin pour la trouver à la fin.

La politique de Cronenberg.
Dans eXistenZ, il y a ce personnage de D'Arcy Nader. Aux USA, au moment où le film est tourné (98-99), le nom de Nader évoque forcément Ralph Nader, défenseur des consommateurs et écologiste qui veut se présenter à la Présidentielle de 2000 à gauche des démocrates. Ralph Nader s'est débord fait connaître par une enquête sur la sécurité des voitures de General Motors, et D'Arcy Nader vend un jeu nommé Hit by a car.
Nader, dans le film, est un marchand de réalités virtuelles et on apprend finalement que c'était une taupe, un agent double du parti réaliste (conservateur). Ce sont deux des principales accusations qui étaient portées contre Nader par les démocrates : de faire des propositions irréalistes et de favoriser l'élection des républicains en affaiblissant le candidat démocrate. Et puis le prénom D'Arcy fait penser au Fitzwilliam Darcy de Pride and prejudice, de Jane Austen, un livre assez connu dans le domaine anglophone pour qu'on en fasse un pastiche aussi populaire que Le journal de Bridget Jones. Le Darcy de Austen, qui prête son nom au Nader de DC, est un personnage parfaitement orgueilleux – troisième accusation contre Ralph Nader et la gauche radicale en général : être les représentants des intellos de la côte Est et mépriser la réalité des USA profonds.
Il faudrait encore savoir quels courants politiques reprenaient ces accusations au-delà des démocrates et de la droite du Green Party. Mais même ainsi, ça ne renseignerait que sur le sentiment de DC, sa position subjective, et ça ne donnerait pas de véritable info sur la politique de ses films.

Sinon, je ne comprends pas bien pourquoi on parle toujours de René Girard. Sa théorie mimétique et victimaire me paraît assez mal fondée scientifiquement et pas très productive.

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Message par Eyquem Lun 22 Nov 2010 - 17:40

hello,
A History of violence par exemple c'est une illustration de la vision du monde de Peter Thiel...
Je viens de me rappeler que pendant longtemps, Cronenberg a eu le désir d'adapter "American Psycho" de Bret Easton Ellis.


J'ai l'impression que le débat tourne un peu autour des mêmes questions que celui sur "Starship troopers" (sur le Forum des Cahiers).
Un des trucs qui revenaient régulièrement dans les critiques, fut un temps, c'était un parallèle Lynch/Cronenberg. Le goût du bizarre, ça devait être ça.
Finalement, Cronenberg a sans doute plus à voir avec un type comme Verhoeven. C'est curieux, d'ailleurs, comme à plusieurs reprises, ils ont échangé des projets : Cronenberg a abandonné Total Recall (les producteurs ne soutenaient pas son projet de scénario) et c'est Verhoeven qui l'a repris ; il a aussi failli réaliser la suite de "Basic Instinct". "Hollow man", c'est assez proche de La Mouche (sans l'histoire d'amour).

Total Recall, je l'ai revu il y a peu (et tous les Verhoeven US par la même occasion). Le point de départ rappelle vraiment celui de History of violence.



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Message par balthazar claes Lun 22 Nov 2010 - 20:39

Ah, le partage Verhoeven, toute une école, toute une époque... Résumé des débats : il y aurait le spectateur crétin, et pour lui Starship troopers est un film crétin, parfaitement adapté à sa vision du monde étroite et à ses plaisirs simples de bourrin ; et il y aurait le spectateur décodeur, le spectateur herméneute, et pour lui Starship troopers est une fine mise en perspective de la proximité entre Hollywood et le fachichme, une occasion de méditer là-dessus mais en s'amusant un peu quand même. Et ce serait merveilleux, de tels films qui modulent leur message en fonction du spectateur, c'est déjà pratiquement le film interactif. Mais c'est un peu gênant cette idée de trompe-l'oeil-de-l'imbécile ; ça implique tout de suite un ordre des places, en fonction d'un critère de perception : il y a ceux qui savent voir au travers des apparences, et ils le valent bien, et les autres obtus, qui perçoivent difficilement au-delà du bout de leur nez. Et le super-génie cinématographique, ce serait celui qui sait faire un spectacle qui contente les deux catégories du public (l'une se foutant au passage discrètement de l'autre, qui n'y voit que du feu). Mais à ce compte-là, peut-on vraiment faire confiance au super-génie, et n'a-t-il pas mis un troisième film dans son film, réservé à son entendement exclusif ? Puisqu'il invite le décodeur à se sentir supérieur au non-décodeur, ne s'est-il pas gardé sous le coude de quoi pouvoir à son tour se sentir supérieur au décodeur ? On se lance là-dedans, et on s'aperçoit qu'on ne peut plus faire confiance à personne. Non, décidément, il vaut sans doute mieux laisser aux bourrins le soin de faire des films bourrins.

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Message par Largo Lun 22 Nov 2010 - 22:29

A History of violence par exemple c'est une illustration de la vision du monde de Peter Thiel : éloge de la déréglementation des marchés, de la baisse des taxes, de l'hypercompétitivité ET défense des valeurs conservatrices, rejet du multiculturalisme.

En survolant le topic, j'ai tiqué sur ça. Je vois pas du tout comment tu peux rapprocher le film de cette énumération-là à moins de plaquer arbitrairement ces idées sur des images qui n'avaient rien demandé. Qu'est-ce qu'a à voir A history of violence avec le libéralisme économique ?

Tu dis aussi "Défense des valeurs conservatrices", lesquelles ? La famille ?!

"Rejet du multiculturalisme" : pareil, je vois pas où est-ce que tu vois ça...

Au début, j'ai cru que tu avais écrit "AHV" en voulant dire American Psycho, mais non, Eyquem en parle après.

(sinon je suis assez d'accord avec ce que tu dis a propos de Starship Troopers)
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Message par balthazar claes Lun 22 Nov 2010 - 22:51

Tu n'as qu'à tout lire au lieu de survoler Rolling Eyes

Ce que tu quotes c'est le programme de Thiel. Evidemment le film ne parle pas spécialement de la baisse des impôts. Il se trouve que les divers chapitres du programme de Thiel font bloc, se tiennent entre eux pour former une certaine vision du monde - nommément néolibérale.

Après il s'agit de voir l'opposition entre la face cachée du héros (assassin ignoble dépourvu de la moindre règle de conduite) et sa face visible (gentille famille traditionnelle, bon père, bon garçon de café, aime ses voisins...). C'est la même contradiction existentielle que celle qu'il peut y avoir à défendre en même temps la déréglementation totale et les valeurs conservatrices (et le rejet du multiculturalisme, lequel prend tout son sens d'être articulé dans cette vision du monde), les deux au nom de l'économie.


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Message par Largo Mar 23 Nov 2010 - 11:35

Moui, pourquoi pas, mais ça me parait un peu tiré par les cheveux comme parallèle.

Dans ce cas-là, on peut aussi appliquer les analyses de ce Mr Thiel à cette vaste catégorie des films de gangsters qui sont la quintessence de l'esprit néolibéral. Des films comme Le Parrain proposent également une vision très traditionnaliste de la famille, pleine de respect etc, masquant mal un esprit d'entreprise qui suit la seule règle qui vaille : celle du plus fort.

Si on reste au niveau du film, Cronenberg confronte deux visions de la famille : celle de la famille moyenne américaine, humble, honnête et travailleuse qui est un archétype, et l'autre modèle, celui du Parrain justement, de l'organisation mafieuse qui fonde la hierarchie d'une entreprise sur une généalogie familiale. Il y a la "vraie" famille, et la famille de cinéma. Je le vois comme une manière de mettre en évidence à quel point les fictions et leur violence hantent l'imaginaire américain qui veut faire passer ce goût mal refoulé pour le sang et la guerre individuelle, pour du patriotisme ou de l'autodéfense.

La scène centrale du règlement de compte entre Mortensen et Harris dans son jardin, c'est typiquement l'illustration du fameux "Not in my Backyard" : pour défendre sa propriété et sa famille, tous les moyens sont bons. Et si ça termine par un bain de sang Mr John Doe passe pour un héros alors qu'il se comporte comme un vulgaire tueur en série.
Par rapport à Gran Torino, on voit très bien qui est le conservateur, le fasciste : le bain de sang est vécu par Mortensen et son fils comme un échec, une malédiction, le retour d'un refoulé qui pèse sur eux, susceptible de resurgir n'importe quand, impossible de s'en défaire. C'est une plaie qui infecte et fendille le fragile équilibre patiemment construit par Mortensen. Au contraire, chez Eastwood, on glorifie le vengeur solitaire qui dézingue les criminels qui ne respectent rien et qui se sacrifie pour l'honnête et besogneuse famille de Hmongs qui pourra d'ici une ou deux générations, accéder à l'american dream (la grosse bagnole & co).

Dans ce partage forcément schématique où il s'agit toujours de définir les bons et les méchants, James Gray joue certainement un jeu plus ambigue. Dans La Nuit nous appartient, on retrouve les deux "familles" qui s'affrontent, on en avait pas mal parlé. Sauf que police ou mafieux, c'est la même résignation à la violence, le même règne de la guerre civile. Il faut simplement choisir son camp, sauf qu'on ne choisit pas vraiment puisque les liens du sang sont plus forts que tous. Les partages sont ont la peau dure.

Dans la fin et particulièrement la scène finale de A history of violence, on retrouve cette forme de résignation silencieuse, de retour à l'ordre familial, nimbé d'une atmosphère rendue poisseuse par ce qui vient d'arriver, atmosphère qu'affectionne tellement J. Gray et ses passions tristes. Sur ce point, on peut dire que Cronenberg dans son pessimisme et sa virulence, ne croit effectivement pas beaucoup à l'émancipation et à je ne sais quelle forme de déterritorialisation...
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Message par balthazar claes Mar 23 Nov 2010 - 14:14

Tiré par les cheveux, oui, sans doute. M’a frappé la vision comique d’un trader-killer, roi du monde dans sa tour de verre, décidant de l’ascension et de la chute des empires d’un claquement de doigts, le pouvoir à l’état pur coulant entre ses mains ; puis après sa journée vouée à la toute-puissance, rentrant chez lui et se comportant en bon petit américain moyen, sortant les poubelles, jouant avec le chien et s’attendrissant sur les dents de lait de sa progéniture. C’est une absurdité esthétique.

Enfin quoi, un type qui a un gigantesque pouvoir économique, à la Zuckerberg, qui passe sa vie à essayer de garder ce pouvoir, et qui se donne en même temps comme style de vie l’amour des choses simples et vraies, façon pub Herta, c’est juste un peu trop absurde : le pouvoir enivre, le pouvoir corrompt, le pouvoir isole, et éloigne irrémédiablement des petites choses simples de la vie : voilà toute mon idée. La question se pose différemment dans le Parrain : le parrain reste constant dans ses attitudes hiératiques, c’est le chef de la famille et son autorité ne doit souffrir aucune restriction. Et son monde est un. La famille est au-dessus de toutes les valeurs, il n’y a pas de problème là-dessus, on peut tuer n’importe qui se mettrait en travers des intérêts du clan. Sa morale est celle du clan : ce n’est pas la même chose que la petite famille banale de M. Tout-le-Monde, c’est déjà en soi une autre structure de pouvoir.

Le problème se pose différemment pour ce capitaine d’industrie lambda de la Silicon valley, ce Thiel-Zuckerberg générique. Ça a à voir par exemple avec la bonne conscience qu’il se donne, professant sincèrement que tout sera pour le mieux y compris pour les plus pauvres, si on l’autorise à traiter ses employés comme bon lui semble et si on ne gêne aucun de ses mouvements d’entrepreneur hypercompétitif.

Quelles sont finalement les "valeurs conservatrices" qu’il professe, et qui ne sont pas les mêmes que celles du parrain ? Ce n’est aucune de ces vieilles choses que sont la religion ou la tradition, même s’il peut avoir l’air de les revendiquer superficiellement. Ne l’oublions pas, le Thiel-Zuckerberg est "philosophe futuriste" à tout crin, il est prêt à échanger la cravate contre les tongs, à imaginer l’intelligence artificielle, etc. Non, ce qu’il revendique, ce qu’il exige, c’est son droit à la petite vie, la vie quotidienne, pour ainsi dire. Le droit de redescendre de ses hauteurs meurtrières pour mener la vie simple tant vantée, aller au ciné avec ses amis, tomber amoureux, de manière classiquement fleur bleue, de sa camarade de promo ; faire des barbecues le dimanche, boire une bière devant un match, emmener son gosse à l’entraînement… tous ces clichés-là, et en fait uniquement des clichés, justement, parce que : être absolument Monsieur-tout-le-Monde, de la masse de ceux qui n’ont pas son pouvoir, n'est plus en son pouvoir. Etre "conservateur" dans ce cadre c’est défendre une éthique naturaliste, celle qui suppose l’essence d’une "vraie vie normale". La contradiction étant que cette "vraie vie" est revendiquée ici par ceux qui bouleversent, font et défont sans vergogne la vie des gens, et dont les coordonnées existentielles ne correspondent pas du tout aux conditions de cette "vraie vie" de M. TLM.

C’est en ceci que mon parallèle aurait un petit côté spécifique. Par exemple, à cet égard si l’on regarde le film de Fincher, Zuckerberg est présenté comme irrémédiablement coupé de la vie simple : en ceci le film serait plutôt juste. En revanche, dans A History of violence tout repose sur cette diachronie suspecte : des années et des années, et une gigantesque différence, séparent l’ancien moi et le nouveau moi de Mortensen, nous dit-on, alors même qu’en fin de compte, rien de l’ancien moi n’a été perdu, rien n’a été oublié : alors quelle est donc cette gigantesque différence ? Il est toujours bien le même en fin de compte, il ne fait toujours pas de cauchemars quand il tue des gens ; mais il exige absolument qu’on ne le considère pas comme tel, parce que… c’est bien assez dur comme ça de devoir endurer toutes les horreurs qu’il commet, il faut absolument les lui pardonner, sinon ce serait vraiment trop injuste… Il veut les deux côtés, il a droit aux deux, c’est sa revendication.

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Message par Largo Mar 23 Nov 2010 - 15:21

Je sais pas si on peut rapprocher Tom Stall & Zuckerberg & mettons American Psycho aussi facilement.

Sur cette aspiration à la "vraie vie" par opposition aux fastes de la maison du frère, peut-être, et encore. A l'origine, il a plutôt troqué l'un pour l'autre, il a eu la vraie vie Herta à partir du moment où il a tout quitté de son ancienne vie. De plus, jamais il n'est dit que Stall a la puissance d'un maître du monde. Tout ce qu'on sait c'est qu'il était un tueur très efficace, mais manifestement toujours sous les ordres de son frère ou d'un autre type. C'était pas Le Parrain. Il a l'instinct du tueur, mais pas du tout le cerveau d'un surhomme à la Zuckerberg. Il y a quelque chose de très animal dans son comportement si froid. Sa vitesse d'exécution, ça relève quasiment du réflexe, de l'instinct de survie, instinct qu'il a développé dans le monde mafieux où il faut tuer pour ne pas être tué.

La fin nous fait aussi bien comprendre, qu'il ne suffit pas pour lui de s'assoir à table pour que tout soit pardonné. Sa femme n'oublie rien, et il devra bien vivre avec ce passé violent. Je ne trouve pas que Cronenberg s'apitoie sur son personnage, nous demande de le plaindre ou de tout lui passer. Aucune empathie avec lui. Quand, après avoir tué Harris, il se retourne vers son fils, les mains en sang, son regard a changé, il est à peine humain, limite terrifiant.
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Message par balthazar claes Mar 23 Nov 2010 - 16:44

Largo a écrit:. A l'origine, il a plutôt troqué l'un pour l'autre, il a eu la vraie vie Herta à partir du moment où il a tout quitté de son ancienne vie.

Oui, on nous dit qu'il a tout quitté, qu'il ne veut plus de ce passé : mais en pratique il n'a pas oublié ce passé - il s'en souvient très bien ; ce passé n'est pas le problème ; ce qu'il ne veut surtout pas, c'est que ce passé interfère avec ce présent, que les deux domaines se contaminent. Toute ma lecture consiste à effacer cet étalement dans le temps, cette succession chronologique... Si ça ne te plaît pas, d'accord, d'accord, passons à autre chose, comme dirait l'autre. Tes objections se tiennent à côté de mon petit schéma.


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Message par Borges Mer 24 Nov 2010 - 16:38


Il y a quelque chose de très animal dans son comportement si froid. Sa vitesse d'exécution, ça relève quasiment du réflexe, de l'instinct de survie, instinct qu'il a développé dans le monde mafieux où il faut tuer pour ne pas être tué.

DC a lui-même rapporté cette violence, technique et non pas naturelle, à des vidéos destinées aux braves gens désireux de protéger leur famille; il en a vu et prétend même être capable d'en faire autant que son héros; je crois que tu ne tiens pas du tout compte du contexte du film, contexte politique et idéologique, on est en plein bushisme; DC est bushiste. Comme on parle ailleurs de liberty valance faut voir AHV, comme une répétition de ce film, en plus simpliste et "fasciste" : nécessité de la violence pour lutte contre la violence, pour défendre le droit, les femmes et les enfants; éloge du mâle primaire, de la violence archaïque fondatrice; comparons à the fly, la mouche, et on voit l'évolution; la mouche se voulait le premier insecte politique... là c'est l'inverse...



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Message par Borges Mer 24 Nov 2010 - 17:01

le monde mafieux où il faut tuer pour ne pas être tué.

ce que montre le film, c'est précisément que le monde mafieux ne reste pas dans ses limites : le monde est mafieux, il faut tuer pour ne pas être tué; autrement dit
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Message par Largo Jeu 25 Nov 2010 - 9:40

Borges a écrit:

Il y a quelque chose de très animal dans son comportement si froid. Sa vitesse d'exécution, ça relève quasiment du réflexe, de l'instinct de survie, instinct qu'il a développé dans le monde mafieux où il faut tuer pour ne pas être tué.

DC a lui-même rapporté cette violence, technique et non pas naturelle, à des vidéos destinées aux braves gens désireux de protéger leur famille; il en a vu et prétend même être capable d'en faire autant que son héros; je crois que tu ne tiens pas du tout compte du contexte du film, contexte politique et idéologique, on est en plein bushisme; DC est bushiste. Comme on parle ailleurs de liberty valance faut voir AHV, comme une répétition de ce film, en plus simpliste et "fasciste" : nécessité de la violence pour lutte contre la violence, pour défendre le droit, les femmes et les enfants; éloge du mâle primaire, de la violence archaïque fondatrice; comparons à the fly, la mouche, et on voit l'évolution; la mouche se voulait le premier insecte politique... là c'est l'inverse...

J'aurais tendance à penser que c'est cette lecture-là qui est un peu simpliste.


nécessité de la violence pour lutte contre la violence, pour défendre le droit, les femmes et les enfants

C'est quand même à cause de Stall, de son passé, que sa famille se retrouve en danger. D'une certaine manière c'est lui qui contamine son fils, qui l'amène à tuer. Et le fils le lui reproche à un moment, après qu'il ait mis une rouste aux caïds. Stall dit quelque chose comme "Dans cette famille, on règle pas les problèmes à coup de poings". Le fils répond : "non dans cette famille, on tue".


éloge du mâle primaire

Il est quand même assez misérable à la fin, le mâle primaire.

Ca vaut ce que ça vaut, mais en ce qui concerne l'engagement politique de Cronenberg :

Cronenberg n'est pas homme à croire. La politique a donc décliné dans sa tête. Il fut underground, il vote centre gauche. «Je ne suis plus gauchiste, ce qui ne veut pas dire que je suis devenu conservateur. Quand j'étais gosse, toutes les personnes intéressantes étaient communistes ou très à gauche. Beaucoup d'amis de mes parents l'étaient, ça n'était pas illégal comme aux Etats-Unis. Longtemps, je me suis senti gauchiste. Et puis, un jour, dans l'Ontario, la gauche radicale a été élue. J'ai compris qu'on ne planifie pas intellectuellement la société. Au nom du politiquement correct, on ne pouvait même plus blaguer.»

(rappelons aussi qu'en dépit des nombreuses références religieuses et christiques, Cronenberg est athée, c'est pas Mel Gibson...)
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Message par balthazar claes Jeu 25 Nov 2010 - 9:55

J'ai compris qu'on ne planifie pas intellectuellement la société. Au nom du politiquement correct, on ne pouvait même plus blaguer.»

La rengaine de la plainte envers le "politiquement correct" c'est en effet un argument originellement et profondément néoconservateur, quel que soit le "brouillage" ultérieur de la notion, je ne sais plus qui démontre ça, Rancière sûrement.

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Message par Borges Jeu 25 Nov 2010 - 10:01

cronenberg n'est pas athée, il est darwinien; faut finir par le comprendre; le darwinisme c'est la sélection des plus aptes, mais (dit cronenberg lui-même) parvenue à un certains stade de l'évolution l'humanité n'est plus l'effet du milieu, elle peut se sélectionner par le savoir, s'auto-produire, c'est l'une des définitions du nazisme;


à qui tu rappelles ça?
cronenberg c'est pas gibson

et puis ça veut dire quoi, il est athée; rien, du tout; il y a les films, et puis ce qu'on raconte; ses films sont "religieux", en tant qu'ils fonctionnent avec les grands topoi du texte religieux ... par exemple dans la mouche, le dernier délire du savant-insecte, l'idée d'une sainte famille, chrétienne et psychanalytique, trois en un, la mère, le père, et le fils...si on te parle de chair, de nouvelle chair tu ne peux pas ne pas penser ce terme depuis son horizon chrétien, même s'il s'agit de le dépasser, donc de se faire une nouvelle chair, un nouveau corps au-delà du péché, du bien du mal, etc... si t'as pas le religieux t'as pas le sens du projet; cronenberg se veut athée, mais, comme il le dit lui-même, le hamas lui a rappelé qu'il était juif...le cinéma ne se fait pas dans le ciel des idées et des intentions; un film est toujours hétérogène, cronenberg c'est de la religion, du darwinisme, de la psychanalyse, du politique... et des tas de conneries;



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Message par Borges Jeu 25 Nov 2010 - 10:27

balthazar claes a écrit:
J'ai compris qu'on ne planifie pas intellectuellement la société. Au nom du politiquement correct, on ne pouvait même plus blaguer.»

La rengaine de la plainte envers le "politiquement correct" c'est en effet un argument originellement et profondément néoconservateur, quel que soit le "brouillage" ultérieur de la notion, je ne sais plus qui démontre ça, Rancière sûrement.



on ne planifie pas blablabala; c'est la grande idée des "rats", de tous les anciens pseudos gauchistes reconvertis, mais ça remonte bien plus loin; le libéralisme, néo ou pas, c'est pas une idée, bien entendu;
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Message par Invité Jeu 25 Nov 2010 - 12:31


Salut les gars.

merci pour tes précisions utiles, Borges. je te suis sur beaucoup de points mais je crois qu'en taxant purement et simplement DC de bushiste, tu passes un peu à côté de la marque. encore une fois, il faut savoir si Tom/Joey est bien le héros du film, ce personnage fondateur dont la violence irrigue tout le film et suffit comme explication à toutes les violences du film. ce que je ne pense pas. Tom/Joey est central mais en tant qu'articulation d'une multitude de violences qui surgissent de partout et qui sont toutes spécifiques.

pour faire schématique, en attendant un texte plus étendu, il y a au moins deux types de violences distincts, qui à leur tour se subdivisent en plusieurs aspects.
il y a d'abord une violence conservatrice, qu'il faut dire légale aprce qu'elle repose sur une Loi ou sur une forme de droit. c'est la violence du Teddy boy coinçant Jack dans les vestiaires dès le début ; son argument est que Jack lui a fait perdre la face et son attaque cesse quand l'autre admet son statut de mâle alpha. donc, une espèce de droit "naturel" darwinien que le mâle dominant entend faire respecter. ensuite, il y a Fogarty & c° qui ne sont finalement pas très violent, ou plutôt dont la violence est surtout symbolique et le passage à l'acte est conditionné par la réponse ultra-violente de Tom/Joey. ce sont des hommes missionnés, ils ont quelque chose à faire au nom du big boss là bas à Philadelphie, et le code philadelphien leur impose de taire jusqu'à leurs ressentiments. donc, une autre version du droit du plus fort, mais cette fois beaucoup plus politiquement organisée que dans le cas du Teddy boy. enfin, il y a la violence symbolique et entièrement symbolique de l'état de droit, les tentatives dérisoires d'Edi d'interdire à Fogarty de s'approcher de sa maison. c'est intéressant d'ailleurs comment Fogarty comprend bien le métier du shérif : deux hommes de Loi, dont la conduite est structurée identiquement.
ces trois visages conservateurs de la violence sont territorialisés. l'une est plutôt clanique (la bande entourant le Teddy boy), la seconde est despotique impériale (depuis Philadelphie jusqu'à Millbrook), la troisième se croit universelle mais est complètement rabattue sur la etrritorialité la plus locale (depuis Millbrook jusqu'à la famille Stall).

mais territorialisées ne signifie pas géographiques. Millbrook et Philadelphie partagent la même conception légaliste de la violence. bien sûr le film organise une opposition entre les deux villes, ne serait-ce que plastiquement, par les couleurs (vert-jaune contre rouge-noir), par les costumes et par les attitudes et les accents des personnages. et selon la loidu genre, cette opposition est immédiatement retranscrite dans les termes du combat du Bien (Millbrook) et du Mal (Philadelphie). mais Bien et Mal sont donnés dans des références différentes selon la ville. les cercles entourant Philadelphie, l'immense porte gardant le domaine de Richie et l'ange déchu pointant désespéremment vers le haut dans son entrée forment une imagerie tout droit sortie de L'Enfer de Dante, face à laquelle Millbrook représenterait une sorte d'Eden. du point de vue philadelphien, le Bien et le Mal sont déterminés par une culture chrétienne, et c'est assez normal pour la ville qui abrita la rédaction de la Déclaration d'Indépendance et de la Constitution fortement inspirées des valeurs puritaines et empreintes de religiosité chrétienne. mais à Millbrook, les choses sont vues différemment. en 2005, l'acteur Viggo Mortensen apporte avec lui le visage et le corps d'Aragorn, le Roi du Lord of the Ring, et Howard Shore a repris pour A History of Violence sa partition du film de Jackson, notamment au moment de la mort de Fogarty. d'ailleurs, Fogarty rappelle facilement un nazgûl parti chercher sa victime dans la Comté, tandis que jack, qui le frappe dans le dos, avec ses bouclettes et sa tête de hobbit, pourrait très bien être Pippin blessant le Roi des Nazgûls. nous voilà alors chez Tolkien, au coeur de la contre-culture US des années 50-70. et c'est bien naturel puisque Millbrook est censée être la ville du droit universel, tel qu'il a pu s'affirmer comme exigence avec le mouvement des droits civiques (j'ai montré plus haut comment Millbrook peut se rattacher à ce mouvement). en somme ce qui unit Millbrook et Philadelphie dans le partage de la même violence, c'est une structuration strictement commune des valeurs du Bien et du Mal. et cette structuration basée sur une discrimination absolue (ce qui est bien d'un côté, ce qui est mal de l'autre) est le fruit pervers de la Loi.

maintenant il y a une autre violence, qui n'est plus conservatrice de l'ordre des choses mais révolutionnaire (on laisse à plus tard la question de la valence que DC lui donne). c'est la violence destructrice des deux tueurs du début, qui ne viennent dévaliser Stall que très accessoirement mais qui ont plutôt une grosse envie de carnage tant ils sont "fatigués" de ces petites villes qu'il leur faut traverser (je n'invente rien, c'est dit littéralement dans le film) comme autant de micro-territorialités entravant leur errance. c'est la violence de Jack cassant la gueule au Teddy boy ou exécutant Fogarty, tout autant destructrice de l'ordre établi puisqu'elle renverse la domination du mâle alpha et empêche l'accomplissement de la mission ordonnée par Richie. et c'est la violence de Tom/Joey qui renverse le despotisme de Richie et met à mal l'état de droit démocratique de Millbrook. car Tom/Joey n'agit qu'en état de légitime défense, sa violence a beau ne pas être celle de l'état de droit, la démocratie ne peut que lui donner son aval a posteriori parce qu'elle accomplit ce dont le droit universalisé et pacifié est incapable. mais cet accomplissement est en même temps la destruction de l'état des choses que le droit et la Loi sont censés garantir. contradiction mortelle de la société de Millbrook qui justifie amplement ce mystérieux dernier regard que Tom et Edi échangent. d'autant que, l'empire de Richie une fois abolie, le nouvel obstacle est justement cette société et son état de droit, il ne reste plus qu'elle à détruire et la main est passée aux enfants (Sally mettant la table à l'envers, Jack passant la viande).

malgré tout ça, le film est loin d'être un appel à la révolution, c'est évident. il s'y joue auter chose et je crois sans peine que ça ressort du complexe des gauchistes reconvertis. à suivre...



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Message par balthazar claes Jeu 25 Nov 2010 - 13:36

Le Lord of Rings - celui de Jackson par-dessus le marché -, avec ses Orques immondes qui ont "des têtes d'affreux Mongols" dixit Tolkien, ses peuples du sud et de l'est, torves, jaunâtres, brunâtres et corruptibles, et ses peuples du nord et de l'ouest blonds, beaux, grands, nobles et purs, sa ségrégation des races, ça nous fait effectivement une version du "coeur de la contre-culture" assez peu reluisante.

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Message par Invité Jeu 25 Nov 2010 - 15:02

Hmm, j'aurais pas dû utiliser cette expression, "coeur de la contre-culture" ; il y avait bien d'autres choses dans la contre-culture US. mais The lord of the Ring y avait bien une place importante, au moins dans l'imaginaire populaire.

politiquement, il faut voir AHV avec Eastern Promises, qui est tout entier un film sur la révolution bolchévique, très exactement sur ce que cette révolution est devenue, le passage d'un état tsariste bureaucratique appuyé sur l'église à un état bureaucratique policier. et il faut aussi voir EP avec Octobre, de Sa Majesté Eisenstein. SME est très conscient de la tournure que prennent les choses en Russie en 1927; mais son film s'intéresse plus au processus révolutionnaire, au processus de libération, qu'au moment du ré-endormissement du peuple et de la re-bureaucratisation de la société. ce qui fait que son film garde aujourd'hui un potentiel révolutionnaire. chez DC, c'est le contraire, il ne s'intéresse qu'au résultat et pas au processus. et comme la révolution n'est que processus et jamais résultat, évidemment DC ne s'intéresse qu'à la catastrophe - cf. la dernière séquence de AHV. c'est ça, son pessimisme conservateur, typique des repentis de la révolution et qui a beaucoup à voir avec les questions de déterritorialisation et reterritorialisation mais qui en fait un usage particulier. Deleuze se vantait d'enculer ses prédécesseurs pour leur faire un enfant dans le dos, DC s'essaie à la même chose sur Deleuze, mais ça me parait moins réussi. pas inintéressant pour autant en termes prophylactiques. gnothi seauton, disait l'autre.


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Message par Invité Jeu 25 Nov 2010 - 15:03

Borges a écrit:on peut rappeler le texte de rancière pas gentil avec crash;

pas lu. le voudrais. ça se trouve où ?

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Message par Invité Jeu 25 Nov 2010 - 15:25

donc DC n'est pas bushiste, pas encore. son truc, c'est de la social-démocratie toute crue. mais si les tensions sociales s'exacerbent, alors oui, bush est en ligne de mire. ça aussi, c'est bien soc-dém.

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Message par balthazar claes Jeu 25 Nov 2010 - 16:35

DC: Well, no. I did at one moment say to him, "Okay, Patrick, let's have the Freudian discussion." The Freudian discussion involved my asking him how obsessive he was about maintaining this strict Freudian sub-structure within the movie. And he was not obsessive about it. Because the movie does not hold up as the Oedipus complex. Let me put it this way. I recently read a wonderful book called Why Freud Was Wrong, by Richard Webster. Maybe it's not the greatest title, but it's a fantastic book. He pretty effectively dismantles Freud as a theorist, and a psychologist, and a scientist. Nonetheless, Freud is an important figure in psychology. Even before that, I was not an adherent of the Freudian theory, just from my own experience. All makers of monolithic theories want their theories to explain everything, and they want them to be strong and relatively simple. That's just the way it is, whether you're Marx or Freud or Christ. Freud simplified things, I think, much too much for it to really cover the incredible variety of human nature, human personality, context, and upbringing. I said to Patrick, "As much as I don't want this movie to be a clinical study of schizophrenia, I also don't want it to be a classic Freudian tale." So I messed around with it. But I don't think Patrick's stories were ever perfectly either of those things.

O: Some passages in the novel describe delusions that sound like they could have been inspired by your films, although they didn't make it into the movie itself. Has McGrath watched your work?

DC: I don't know that he did. By the time I met him, he was certainly well aware of it. I hadn't known about him until I saw his script, and then I read a lot of his books. I think not, though. I'm pretty certain, really, that his book came out of his experiences with mental illness in a clinical context. His father was the medical superintendent at the Broadmoor Clinic For The Criminally Insane [a British hospital/prison dating back to the 19th century]. He was raised there, on the grounds. And then he came to Canada and worked at another institute for the criminally insane in Ontario. At that time, he was becoming a follower of R.D. Laing, who was then considered a revolutionary psychiatrist in terms of his understanding of schizophrenia in particular. He wrote The Self And Others. These are things that I read in the '60s. It was all very controversial. I think that Patrick had a great clinical knowledge of schizophrenia, and the symptoms of it, and the dynamics of it. And I think that's where he got all of those things. I don't think it had anything to do with my work at all. All of those things in Patrick's novel are very accurate in terms of the kinds of things that schizophrenics sometimes get into in terms of hallucinations and delusions. I was on a panel with Patrick, and I said what I just said: "I don't want to do a clinical study of schizophrenia." And Patrick would say, "Well, that's exactly what I did want to do when I wrote the novel. In fact, I gave the book to my father to check it for accuracy. To make sure that he, as a psychiatrist who had a great deal of experience with schizophrenia, would read this book and say, 'This is accurate. There's nothing in here that's all theatrical or overdramatic.'" Which his father did.

http://www.avclub.com/articles/david-cronenberg,13801/

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Message par Borges Jeu 25 Nov 2010 - 19:16

Stéphane Pichelin a écrit:
Borges a écrit:on peut rappeler le texte de rancière pas gentil avec crash;

pas lu. le voudrais. ça se trouve où ?


si je me trompe pas, c'est dans "Chronique des temps consensuels"
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Message par Borges Jeu 25 Nov 2010 - 19:31

Stéphane Pichelin a écrit:donc DC n'est pas bushiste, pas encore. son truc, c'est de la social-démocratie toute crue. mais si les tensions sociales s'exacerbent, alors oui, bush est en ligne de mire. ça aussi, c'est bien soc-dém.

je parlais de manière très contextuelle ("la lutte contre la terreur"); ses deux derniers films sont bushistes; on me fera pas dire le contraire; dans "les promesses" que nous dit-il des tchétchènes?

DC c'est juste un petit bourgeois qui rêve de transgression, fasciste; pas de ligne de fuite, juste des fantasmes d'ensauvagement, comme le montre la scène de baise dans AHV : "ah, comme j'aimerais être prise par une bête du sexe et pas par mon gentil mari"


dégager des évolutions, dans son cinéma?

comparer the fly et AHV; c'est la même histoire, pratiquement...mais que de différences;


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Message par careful Ven 26 Nov 2010 - 17:17

[quote="Borges"]
Stéphane Pichelin a écrit:

pas lu. le voudrais. ça se trouve où ?


si je me trompe pas, c'est dans "Chronique des temps consensuels"
oui.
Jacques Rancière, Chroniques des temps consensuels ( Seuil, 2005) : Avec une aisance toute foucaldienne, J. Rancière s’extraie des oppositions frontales, retourne les problèmes insolubles, et déconstruit notre visible jusque dans le cinéma contemporain (belles analyses des films de Clint Eastwood ou de David Cronenberg)
Il me semble que lors de sa conférence au EGS (European Graduate School ), il en avait abordé le sujet, très vite.
Toute la conférence se trouve sur youtube (Negation and Cinematic Vertigo)
careful
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