Le plein pays (A. Boutet, 2009)
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Borges
adeline
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Re: Le plein pays (A. Boutet, 2009)
en y réfléchissant, je me rends compte que j'ai pas mal assaisonné le film. mais c'est aussi parce que je fréquente trop peu les documentaires pour en voir tous les enjeux, notamment au niveau national puisque je suis tombé sur un papier de L'Humanité qui célèbre le fait qu'on puisse tourner un documentaire "libre", "hors-récit et hors-société [sic] en France", ou quelque chose d'approchant. donc on dirait qu'il y a un courage de Boutet vis à vis du PAF. et en même temps, formellement, ça rappelle un peu Wang Bing, c'est pas tout à fait inouï, non ?
sinon, j'ai vu à Douarnenez l'été dernier quelques films de Sébastien Le Guillou. hélas, pas trouvé de téléchargement sur le net. connaissez-vous ?
sinon, j'ai vu à Douarnenez l'été dernier quelques films de Sébastien Le Guillou. hélas, pas trouvé de téléchargement sur le net. connaissez-vous ?
Invité- Invité
Re: Le plein pays (A. Boutet, 2009)
Je ne sais pas quel est le papier de l'Humanité sur lequel tu es tombé, mais je ne pense pas que ce film de Boutet soit une exception, dans la manière dont il a été tourné et dans son sujet, par rapport à ce qui se passe en France. Sans parler des qualités du film, il ne se distingue pas d'une bonne partie des documentaires produits, actuellement, hors des circuits de production télé. Il fait partie des plus récentes stratégies de production du documentaire, avec des sorties en salle suivant un succès en festival. Je ne comprends pas bien le "hors-récit" et "hors-société". Le journaliste parle-t-il de la narration du film ? Rien de révolutionnaire, pourtant, c'est un portrait, comme il en existe dans le documentaire depuis,... Nanouk ? Et "hors-société", je ne vois pas plus. Est-ce une remarque sur la manière dont le film a été produit ? Il a suivi le chemin de la plupart des documentaires diffusés en festival: aide à l'écriture (une ou deux) accompagnant le tournage du film, puis une ou deux autres aides pour mener à bien la post-prod. Aides émanant d'institutions très institutionnelles. Quant au fait que Massou soit un marginal, il ne faut pas y voir un truc incroyable : le marginal est l'une des figures habituelles du film documentaire...
Non, le film est une réussite pour les raisons mêmes qui poussent à le critiquer, la manière dont Boutet et son film sont happés par Massou. C'est cette tension finalement, qui dérange ou séduit, qui est sa plus grande force. Car elle permet d'aller jusqu'au plus profond des arcanes du monde de Massou (concrètement dans les galeries que Boutet ne peut suivre que parce qu'il s'en remet absolument à Massou), tout en gardant une distance et des moments de répit. La distance n'est pas bonne, mais elle met le film en tension. Il y a une sorte d'impossibilité du film à résoudre la relation entre ses deux personnages, Massou et celui qui filme. Deux forces créatrices dont l'une écrase l'autre (Massou dont la force musculaire, la capacité à déformer la terre rendent minuscule l'action du réalisateur qui ne peut que décaler son geste pour le faire existe : cadrer la pierre et non Massou, faire de l'ironie sur Massou, et non pas avec lui, autant de trucs pour faire exister le geste du réalisateur à côté de celui de Massou), qui ont toutes deux besoin de l'autre pour exister. Boutet n'arrive pas à donner à Massou un autre statut que celui de sujet de son film, il le prend comme objet de fascination et ne peut pas s'en détacher, et Massou a décidé bizarrement de donner comme mission à Boutet de faire connaître ses chansons, il se sert de lui. Le film est le résultat de ce contrat étrange, recueil des tensions et des attentes de ses deux acteurs. Et je crois finalement que le dérangement induit par l'étrange distance de Boutet est moins important que la force qui sourd du film.
Non, le film est une réussite pour les raisons mêmes qui poussent à le critiquer, la manière dont Boutet et son film sont happés par Massou. C'est cette tension finalement, qui dérange ou séduit, qui est sa plus grande force. Car elle permet d'aller jusqu'au plus profond des arcanes du monde de Massou (concrètement dans les galeries que Boutet ne peut suivre que parce qu'il s'en remet absolument à Massou), tout en gardant une distance et des moments de répit. La distance n'est pas bonne, mais elle met le film en tension. Il y a une sorte d'impossibilité du film à résoudre la relation entre ses deux personnages, Massou et celui qui filme. Deux forces créatrices dont l'une écrase l'autre (Massou dont la force musculaire, la capacité à déformer la terre rendent minuscule l'action du réalisateur qui ne peut que décaler son geste pour le faire existe : cadrer la pierre et non Massou, faire de l'ironie sur Massou, et non pas avec lui, autant de trucs pour faire exister le geste du réalisateur à côté de celui de Massou), qui ont toutes deux besoin de l'autre pour exister. Boutet n'arrive pas à donner à Massou un autre statut que celui de sujet de son film, il le prend comme objet de fascination et ne peut pas s'en détacher, et Massou a décidé bizarrement de donner comme mission à Boutet de faire connaître ses chansons, il se sert de lui. Le film est le résultat de ce contrat étrange, recueil des tensions et des attentes de ses deux acteurs. Et je crois finalement que le dérangement induit par l'étrange distance de Boutet est moins important que la force qui sourd du film.
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