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Pays de Cocagne et Disneyland mon vieux pays natal

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Message par Invité Sam 13 Juil 2013 - 18:17

je remets ici quelques éléments critiques que j'avais réunis autour de Pierre Étaix et son film Pays de Cocagne qui brisa sa carrière. Il y a certainement une erreur à pointer "une bassesse de sentiments et d'idées" à l'origine de son film, et à vrai dire j'avais plus ou moins partagé la critique hargneuse de Guy Braucourt dans la revue Cinéma 71 dans ce que j'avais agencé :

En 1971, Pays de cocagne est le film très impopulaire qui détruit la carrière d'Étaix. Le cinéaste le répétait à Michel Ciment pour la ressortie récente de ses films.
En fait, Pierre Étaix dit qu'il a découvert le sujet de Pays de cocagne pendant le tournage : cette France des campings surpeuplés, de la crasse et de la sottise. Il a passé sept mois au montage pour ne retenir que le plus laid, le plus vulgaire, le plus avilissant de ce qu'il a recueilli, écrivait Guy Braucourt dans Cinéma 71 (Avril, n°155), dénotant non une méchanceté du regard mais une bassesse de sentiments et d'idées. Toute cette charge insensée contre le peuple abruti était déjà archi-présente dans ses films précédents, notamment dans ce court métrage daté de 65 où Étaix montrait cette France des campings comme des clebs sortant des niches ; dans cet extrait, Étaix fait du camping sauvage, il est refoulé par un agent vers le camp(ing) :



Ce court métrage est, à l'origine, l'une des séquences du long métrage Tant qu'on a la santé dans sa version de 1965. En 1971, Pierre Étaix revient sur le montage de son film et extrait cette séquence qui devient le court métrage : En pleine forme. En 2010, il décide de le présenter lors de la ressortie de ses films restaurés.

"En pleine forme" ; film en entier ici :





En 71, Étaix tourne Pays de Cocagne, "je me suis contenté de montrer" :



Malhonnêteté dès le départ au niveau même de la conception : alors que sa femme Annie Fratellini est engagée pour participer au spectacle itinérant d' "Europe 1" durant l'été 1969, Pierre Etaix l'accompagne avec sa caméra. Et il nous montre, notamment, la sottise, le "cirque" démagogique que constitue une telle entreprise dont on ne saurait dire si elle est de décervelage(jeux stupides) ou de bourrage de crâne(publicité à gogo). Entièrement d'accord, et ce serait même là le seul élément à peu près positif du film : représenter un des (nombreux) modes d'aliénation du citoyen moyen. Mais alors, il faut être conséquent avec soi-même : lorsqu'on méprise on ne participe pas, lorsqu'on dénonce, on a la pudeur de ne pas empocher, car tout laisse à supposer que Mme Étaix n'a pas refusé les cachets octroyés par l'organisateur de ce spectacle dégradant, et comme, en outre, le niveau de ses propres chansons ne paraît pas rehausser de beaucoup l'ensemble...


   Guy Braucourt,
   Cinéma 71 (Avril, n°155)



Après avoir longtemps été accablé sous sa réputation de "tendre", Étaix risque maintenant d'endosser une livrée de méchant... Politique, en définitive, Étaix l'est, même s'il s'en défend...




On peut envisager que Pierre Étaix pense que l'audio-visuel se substitue au monde et qu'il faut en apporter une réponse radicale quant à défier le système des représentations. Pour le dire vite, c'est ainsi que Comolli avait analysé la radicalité de Disneyland mon vieux pays natal :
Les puissances du cinéma sont à l'oeuvre pour mettre au défi ce qu'on pourrait appeler le système des représentations, mais le système des représentations non pas pensé de l'intérieur d'une histoire du cinéma mais pensé plutôt comme ce qui aujourd'hui nous assaille de tous côtés, puisque nous vivons au milieu des spectacles, et donc la question de la mise en spectacle et de la mise en crise des spectacles est une question évidemment centrale...

Ainsi que l'a repéré Comolli dans Disneyland mon vieux pays natal, il s'agit de la même radicalité dans Pays de Cocagne qui consiste à montrer ce qui n'apparaît pas chez Trigano le constructeur de libertés, c'est-à-dire l'angoisse, l'incertitude, la mort... Cette question de la mise en spectacle et de la mise en crise des spectacles conduit plus ou moins fortement le geste narratif d'Étaix dans plusieurs de ses films : dans En pleine forme, le camping devient un camp de concentration. Dans Tant qu'on a la santé, les mots d'ordre publicitaires ont totalement colonisé les esprits. Dans Pays de Cocagne, Trigano est associé à la bassesse de sentiments et d'idées tel que l'écrivait  Braucourt contre le cinéaste lui-même.



Il y a un livre que j'ai découvert récemment, et qui vient éclairer un peu plus le sujet de Pays de Cocagne : Eloge du repos de Paul Morand, publié en 1937. Le livre avait d'abord était publié sous le titre générique "Apprendre à se reposer", c'était un texte écrit à chaud par Morand quelques semaines après l'adoption des lois sur les congés payés par le gouvernement de Front Populaire. La préface en résumait les intentions : Paul Morand considère l'accession de foules aux délices des vacances avec une circonspection amicale mais un peu inquiète. Comment vont s'en sortir ces nouveaux venus que l'Histoire jette brusquement sur les plages? Le repos, après tout, n'est pas si simple à pratiquer ; les vacances et le voyage s'apprennent comme le reste... Faute de cette pédagogie minimale, le temps gagné ne risque-t-il pas de s'engloutir dans de vaines agitations, le voyage de se ramener à une course harassante et vaine?

[Les assassins deleuziens et rancériens du forum sortent leurs revolvers]

Je continue un peu sur Morand... pour essayer de mieux définir l'idée du livre, et celle du film d'Étaix :

que fera de ses vacances un peuple qui n'aime pas avec passion la nature? Déjà le week-end, ce sabbat accolé au dimanche chrétien, est bien long pour une nation qui a le labeur dans le sang et qui, quand elle en est privée, le remplace par le bricolage. L'oisiveté exige tout autant de vertus que le travail : il y faut de l'esprit, de l'âme et des yeux, le goût de la méditation et du rêve, la sérénité, toutes valeurs bien rares aujourd'hui : ce ne serait pas les acquérir que d'employer ses dimanches à se créer de nouveaux besoins, des soucis inédits, ajouter au mouvement d'une vie déjà trop mouvementée ; au contraire, ce serait tomber dans un épuisement dont les jours ouvrables et le travail mesuré au cordeau ne suffiraient pas à nous guérir. Ainsi, par une diabolique ironie, le repos vient aux hommes quand ils ne savent plus ou quand ils ne savent pas encore quoi en faire ; quand sonne l'heure du congé les douces vertus nécessaires pour l'affronter leur manquent. Le travail cessant, il va falloir que nous apprenions maintenant à nous reposer...

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Message par Invité Sam 13 Juil 2013 - 18:20

Le film d'Arnaud des Pallières, disponible en intégralité :


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Message par Invité Sam 13 Juil 2013 - 19:54

breaker a écrit:Le film d'Arnaud des Pallières, disponible en intégralité

Je loade.

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Message par Invité Sam 13 Juil 2013 - 23:21

salut Jerzy, merci pour ton intérêt sur ce post. lol
Je préfère quand tu m'en mets pas une tartine, je comprends tout aussi bien... Je pense que tu dois détester cette rengaine sociologique ou cette posture du mépris de Pierre Étaix, et c'est une opération de subversion que le cinéaste a payé cher. Je réunis les deux films sur cette idée de défi contre un système de représentations qui usine la distraction, c'est peut-être un peu léger. Les commentaires de Comolli sur le film de Des Pallières sont passionnants, et il est probable qu'il opposerait davantage les deux films qu'il ne les réunirait.
Le lien avait été donné par Adeline il me semble : http://archives-sonores.bpi.fr/index.php?urlaction=doc&id_doc=2877

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Message par Invité Dim 14 Juil 2013 - 17:12

breaker a écrit:salut Jerzy, merci pour ton intérêt sur ce post. lol
Je préfère quand tu m'en mets pas une tartine, je comprends tout aussi bien... Je pense que tu ...


Salut Breaker, il n'y a pourtant rien à comprendre, aucune signification à déduire, interpréter dans mon post. Je remarque ce lien, je dis que je le loade, c'est tout. Ni plus, ni moins.

De ADP, je n'ai vu qu'un film: Parc - et j'ai détesté.
De Etaix, je n'ai vu qu'un film: Le grand amour - et j'ai adoré.


Quand je veux exprimer un contenu, je fais une tartine. Je suis le contraire absolu du "sous-entendu". Avec moi, y a jamais matière à interpréter: je dis tout. Very Happy

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Message par Invité Dim 14 Juil 2013 - 19:04

Je m'autocite , désolé, j'avais loué le film d'Etaix il y a un an ou deux, après sa restauration; et écrit quelques messages ici. Je vois bien la parenté intéressante mais inquiétante entre le texte de Morand déniché par Beaker le film (surtout le prologue)


"Pays de Cocagne" de Pierre Etaix.

En gros, le concept c'est une version gonzo-guide michelin du "Joli Mai". Après Mai 68, des vacanciers lambda et des participants à un radio crochet Europe1 sont interrogés sur la surconsommation, la télé, le voyage dans la Lune, la musique populaire, Goebbels, la pub et la position de l'électorat PCF face à la consommation (le gaspillage n'est pas forcément un luxe), le camping ou la location, la famine au Biafra.
Certains des artistes interrogés (l'autre moitié du film interrogeant leurs spectateurs) sont bien allumés, tiennent un discours de fusion debordo-nietzchéens christoco-brechtien croyant à fond dans le suprématisme émancipateur et missionnaire de l'artiste pop guidant les masses, ils foutent les jetons, cela a le mérite de trancher avec le préjugé selon lesquelles les années 68 étaient entièrement marquée par un projet politique clair: l'idée d’émancipation se retourne en quelque chose qui tient à la fois du malaise océanique de Freud et de Big Brother: les médias comme comblant une aspiration spirituelle à la fois collective et diffuse).
L'idée d'Etaix, que le film développe peu à peu, c'est que mai 68 n'a pas eu lieu, ou plutôt de manière plus intéressante: que les transformations du paysage urbain l'ont neutralisé (une thèse que le situationniste reprend et critique lorsqu'elle se transforme en expertise). Ce n'est pas inintéressant, mais lorsque le film essaye d'en trouver la preuve directe dans le discours des badauds on tient vraiment la matrice du regard caméra à la Manu Bonmariage ("Strip Tease"): on valorise de manière consolatrice l'étrangeté légitime du loser, en lui donne le temps de parler, de produire une vérité malaisée à cerner à partir d'un cliché qui s'épuise. Mais en même temps on se fout complètement de sa gueule (cela ne produit qu'un type particulier de réaction  chez le spectateur "c'est pas possible d'être aussi con, cruel" etc...ou bien "cette bourgeoise dit des tonnes de conneries sur la banlieue, mais quand elle ne contrôle plus son discours et sa névrose elle cesse d'être misanthrope, je lui donne 6/10", le spectateur est un témoin éclairé dont on recherche la pantoise approbation).

- Les congés payés ne sont pas considérés comme un acquis, mais un fait de civilisation, cela délimite la position politique du film.

-Le texte d'introduction, dictée décadrée sur la France et ses splendeurs, est quand-même pas mal, et plus encore le film amorce avec la pellicule qui envahit tout, détruit une studio, une Porsche 911 d'artiste parvenu, on sent qu'Etaix a conscience de sa propre position, qu'il filme comme le contenu secret de son film (dont il reste par la suite complètement invisible)...
Il y a aussi un peu de sensibilité queer a-temporelle, avec d'émouvants vieux gendarmes pétomanes avec leurs narines et un chef de majorette travesti en étoile filante sur la plage de Saint Cast le Guido qui ressemble à Jules Berry en bleu à lèvre et clope au bec, un peu chorégraphe, un peu officier d'appontage sur un porte avion, vraiment très ricard (on le croirait sorti des clips en image de synthèse que les Pet Shop Boys faisaient il y a 20 ans).


Ceci dit:
vrai talent de monteur: le film montre rarement les personnes qui parlent (noir et blanc très Joli Mai), mais à la place des images (en couleur) qui soit contredisent leur propos, soit leur donne une portée ironiquement contestatrice (quand un bourgeoise fait la différence les "HLM cage à lapin" où vivent d'ailleurs ses propres neveux et les "bons HLM pour gens convenables", que veut-elle dire, quelle nuance réelle transforme t-elle en condamnation?). Il trouve une bonne image qui condense la durée d'un processus social transformant une certitude en préjugé (il montre des plans d'HLM tous similaires, où les particularités individuelles dans l'agencement des terrasses obéissent à des seuils qui sont infimes par rapport à la distinction sociale que la dame présente, et en laquelle elle croit) . Le bruit fait ici le même travail que l'image, mais leur liaison est toujours opposé à au discours et à al croyance de la personne représentée.

-récupération amère: en 2010 le film a été restauré avec l'aide de la fondation GAN pour le cinéma. Pourtant la partie la plus percutante du film arrive à souligner ce qui dans leurs publicités, leurs slogans de 1969, leurs logos, s'apparentait au fascisme . On voit un l'animateur d'Europe 1 sponsorisé par GAN en parade motorisée dans une R16 décapotable dans Aix les Bains, faisant les gestes mécaniques de fusion avec la foule évoquant Hitler dans les Sudètes, le public ne perçoit pas leur répétition cyclique et cynique, que les plans d'Etaix placées sur le plancher de la voiture parviennent à capter.

-La seule manière pour Etaix de montrer qu'il ne croit pas en un discours ou en un rituel (l'animateur intervillien en dieu solaire): les capter intégralement. Rien ne s'articule après eux. Il critique la stérilité de l'ordre social plutôt que l'aliénation (qui elle aussi peut reposer sur la hantise de cette stérilité).

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Message par Invité Dim 14 Juil 2013 - 22:15

Hi Ton',
bonne critique, j'essaierais d'y revenir...

j'ai revu une seconde fois ce Pays de Cocagne d'Étaix, et c'est vraiment la porte de l'enfer ce truc, je pense que Des Pallières n'est pas allé aussi loin avec son Disneyland.
"Nous sommes venus au lieu que je t'ai dit, où tu verras les foules douloureuses qui ont perdu le bien de l'intellect"... "Là pleurs, soupirs et hautes plaintes résonnaient dans l'air sans étoiles... Diverses langues, et horribles jargons, mots de douleur, accents de rage, voix fortes, rauques, bruits de mains avec elles, faisaient un fracas tournoyant toujours, dans cet air éternellement sombre..."
"Cet état misérable est celui des méchantes âmes des humains qui vécurent sans infamie et sans louange... Ils sont les damnés qui déplaisent à Dieu comme à ses ennemis, le profond de l'Enfer ne veut pas d'eux."(Chant III de L'Enfer de Dante)




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Dernière édition par breaker le Lun 15 Juil 2013 - 9:57, édité 1 fois

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Message par Invité Lun 15 Juil 2013 - 9:56

Tony le Mort a écrit:on valorise de manière consolatrice l'étrangeté légitime du loser, en lui donne le temps de parler, de produire une vérité malaisée à cerner à partir d'un cliché qui s'épuise. Mais en même temps on se fout complètement de sa gueule
en fait l'effet de foutage de gueule est tellement immédiat et répété dans l'exercice du montage que le film en devient flippant par moments, c'est un genre de burlesque inédit sur le suicide collectif de l'humain. Les enfants sont filmés de la même façon chez Étaix et Des Pallières, ils sont tristes, malmenés, effrayés, tabassés. Les enfants sont piégés... "A l'instant où ils entrent dans notre monde, ils deviennent victimes de l'ignorance, de la superstition, de la cruauté, de l'hypocrisie et de la négligence. Quelle chance ont-ils de se défendre?", écrit Henry Miller dans Les pièges et la trahison, un très beau texte d'Henry Miller (L'oiseau-mouche).
J'adore toute la séquence de fin sur les pompiers, très drôle, qui rappelle le film de Milos Forman sorti en 1967.


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Message par Invité Lun 15 Juil 2013 - 11:47

Ha, cela me paraît plus frappant chez Des Pallières que chez Etaix, cette idée ambigüe de cinéma radical et progressiste  mais qui croit en même temps au destin et à l'aspect réel du mythe (chez Des Pallière Jonas n'est pas une métaphore, mais une situation). C'est aussi un trait qui me semble culturellement très français, mais qui est en train de disparaître, cette manière de lier la question de la monstruosité non plus à du surnaturel mais à quelque chose de positiviste que l'analyse peut épuiser, qui est potentiellement réintégrée dans l'épistémologie et une saisie historique (c'est de là que part la philosophie française de l'après guerre part, et cela se retrouve peut-être chez Duras et Renais).

On retrouve un peu cela chez Klotz surtout dans l'ambiguïté de la Question Humaine: il dénonce les mécanismes du monde capitalistes et bureaucratique qui se retrouvant dans la Shoah, tout en la présentant comme un destin. Le bouquin de Kracauer sur les fonctionnaires était plus intéressant, à la fois sans recul historique et plus analytique.

Il y a quelques temps je crois que les Cahiers (Burdeau?) plaçaient les films de Des Pallière et des Klotz dans la filiation de Resnais, mais chez Resnais il n'y a pas encore cette littéralité: le mythe ou le récit est filmé comme forme (parfois avec uen certaine gratuite), il a fallu dans les années 70 le basculement dans la science fiction ou le fantastique pour le rendre littéral, (et Etaix me semble assez proche de Resnais là dessus, je pense qu'il ya des poitns communs entre le Soupirant et "Je t'ame Je t'aime", la manière de placer une histoire d'amour noire dans la ville qui possède la continuité qui lui manque, de ne pas la lier à un récit continu mais à des saynètes), alors que des Pallière ou Klotz cherchent ce qui ressemble à un signe ou des récits légendaire dans la situation historique réelle. Mais un signe pour quoi ,adressé à qui? C'est un cinéma qui reste athée, mais où l’usage paradoxal du signe une manière d'évincer la discussion sur l'anti-humanisme qui se posait à la gauche dans les années 60: le film dit qu'il ne croit plus en l'humanisme, ou croit à une émancipation politique qui soit au delà de l'humanisme, mais le dit principalement à la bonne conscience humaniste du spectateur. Ceci dit pas facile de sortir de ce cercle, la plupart des films qui y parviennent le font de manière accidentelle, je crois en laissant la part soit non consciente (Hawks, qui filme quand même la fraternité, mais de manière instinctive, là où Ford filme plutôt la question de la loi et de la justice) soit au contraire obsessionnelle (Lang, peut-être Moullet) de la subjectivité de l'auteur dans le film.

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Message par Invité Lun 15 Juil 2013 - 12:07

Tony le Mort a écrit:Ha, cela me paraît plus frappant chez Des Pallières que chez Etaix, cette idée ambigüe de cinéma radical et progressiste...
oui, Étaix est radical, mais progressiste je ne sais pas. C'est un délire avant tout issu du burlesque, d'un comique bien particulier qui réunit ici Tati et les Marx Brothers...

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Message par adeline Jeu 25 Juil 2013 - 12:50

Salut breaker,

j'ai regardé Pays de cocagne, que je n'avais pas encore vu, pour pouvoir réfléchir un peu à ce que tu en dis, et au lien que tu fais avec Disneyland, mon vieux pays natal.

Tout d'abord, sur Pays de cocagne. Je suis plutôt d'accord avec les critiques dures envers le film, même si je lui prête moins de force que les plus vives critiques lui en prêtent. J'aime beaucoup Étaix. J'avais bien aimé Yoyo et les courts métrages que j'avais vus. Mais je ne crois pas que ça soit un très grand réalisateur. Un grand clown peut-être, un monsieur aimable et qu'on a envie d'écouter (en tout cas il me fait cet effet), mais question cinéma, ce que j'ai vu de lui ne me semble pas si bon que ça. Le seul film dont le souvenir me revienne avec force, c'est Heureux anniversaire, féroce et très drôle. Mais Pays de cocagne me semble plutôt faible. Ce qu'en dit Tony le mort est intéressant, mais je ne sais pas si le film est aussi profond que ça. Bien monté, bien tourné, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Le comique, qui ne m'a jamais fait rire ou même sourire, a un seul ressort : l'association d'images contradictoires ou exagérées. Et toujours de la même manière (en simplifiant un peu), en filmant en gros plan l'étalement des chairs sur la plage, les fesses, les jambes nus, le gras qui déborde du maillot de bain. Mis en regard d'une question sur l'érotisme posée à un binoclard filmé en gros plan, je ne trouve pas ça d'une grande finesse. Et Étaix a beau se moquer de lui-même à la fin (sur sa finesse dont parle un personnage, qu'il contredit par ce procédé-là justement, gros plan sur une fesse), où cela nous mène-t-il ? Que dit le film ? Que l'été, en France, les gens sont en vacances dans des campings et sur des plages. Que ces gens, en vacances dans ces campings et sur des plages se rendent parfois à des spectacles, des défilés, des jeux, organisés pour eux où la publicité est le maître du jeu. Qu'ils se comportent alors de manière attendue dans ce contexte : un peu vulgaire, pas très fine, en bloc. Si on les interroge à brûle-pourpoint sur des sujets d'actualité ou de grandes questions de sociétés, ils disent autant d'idioties que de choses plus intelligentes, ou l'inverse en fonction de ce que celui qui regarde pense lui-même. Ces étés populaires, ils se passent en 1969, c'est-à-dire après Mai 68, mais on aurait pu filmer la même chose en 67, en 66 et on filmerait la même chose en 2013. Je ne sais pas quel discours le film tient sur la société de consommation, sur le spectacle et le divertissement, car il ne met rien en perspective de rien. On est dans un présent sans échappée, sans passé, sans histoire, où le ciel n'est que bleu. Étaix ne garde de ses rushes que des gueules, des grimaces, des corps un peu gros, un peu flasques, un peu rouges, somme toute normaux. Le montage, dont il dit, et je pense qu'il est sincère et qu'il n'a pas de mauvaise intention, qu'il est avant tout comique, échoue complètement, pour moi, à provoquer le rire. Le constat est simple et éternel : les gens, l'été, en vacances filmés d'une certaine manière ont l'air idiot, et disent des idioties. Pourquoi est-ce que ça ne fait pas rire ? Parce qu'il manque le gag peut-être. Parce que c'est forcé. Étaix dit que c'est au montage que les motifs se sont dessinés, que le film et le ton se sont construits a posteriori. Comme une sorte d'excuse : ce n'est pas mon regard qui rend les gens tels qu'on les voit dans le film, c'est la réalité qu'un long travail sur les rushes a permis de rencontrer. Mais les questions qu'il a posées aux artistes ou aux chanteurs de la scène ouverte, elles étaient bien construites et préméditées, et elles étaient pensées pour mettre les gens dans une situation incertaine. Ou encore, cette vieille dame édentée, née sans doute avant la guerre de 1870, à qui il demande si elle croit en la publicité. "Je sais pas. Connais pas". Ce qu'elle pense de l'homme sur la Lune. "Je sais pas". C'est un des leitmotiv du film. Elle revient trois ou quatre fois. Elle ne sait pas. Elle mange son gâteau. Elle ne sait pas. Et ? Qu'en retirera le spectateur ?
Comme le dit Tony le mort, je ressens la même chose que face à Strip Tease.

Mais le lien que tu fais avec Disneyland, mon vieux pays natal me semble incertain. Je ne crois pas que ce que dit Comolli puisse s'appliquer à Pays de cocagne, car je n'y vois pas une réflexion sur le système des représentations. En tout cas, je n'arrive pas à la définir, à la sentir. Il y est bien question de spectacle, de publicité et de jeux, mais à part la mise en scène de l'affichage électoral, je n'y vois pas tant la question de la représentation que de la "présentation" simple, les gens tel qu'ils sont, dans un très faible degré de mise en scène, faible dans tous les sens du mot, mauvaise mise en scène et peu de mise en scène au total (même si c'est faux, tous les jeux, les défilés sont en effet mise en scène par les organisateurs ou par le participants eux-mêmes. Mais ça n'est pas la même mise en scène). Disneyland est pris par des Pallières comme le lieu absolu du spectacle au sens hollywoodien, dans ses liens les plus intimes avec l'enfance, la fiction, le conte, le passé et la mort bien sûr. Rien de tout ça chez Étaix, ou alors je ne le vois juste pas. Je n'y vois pas d'angoisse autre que celle de la laideur, ni d'incertitude ou de mise en évidence des puissances de mort, même si la dégradation des corps et la vieillesse penchent de ce côté-là, c'est vrai. On est quand même plutôt du côté d'un questionnement sur le corps, son exposition, la pudeur et l'impudeur, la nourriture, le groupe contre l'individu. Mais il n'est nulle part question d'histoire, de fiction, de conte, dans leur lien avec le spectacle. Ce sont de jeux, de traditions et de leurs lieux dont il nous parle, comment en 1968 se retrouvent, modifiées, les traditions "en train de se perdre". Le mât de cocagne, les costumes traditionnels se transformant pour devenir costumes de majorettes importés des Etats-Unis (ce qui n'est pas Hollywood), etc.
Autant le film de des Pallières est fort, autant Pays de cocagne est fermé, petit, sans perspectives.

adeline

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 14:11

adeline a écrit:
où cela nous mène-t-il ? Que dit le film ?

Combien de fois faudra-t-il répéter qu'un film ne dit rien mais qu'il montre et qu'il ne nous mène pas quelque part mais que le(s) discours(s) critique(s) l'accompagnent ? C'est pourtant basique.

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 14:59

adeline a écrit:...Pays de cocagne est fermé, petit, sans perspectives.
salut Adeline, oui je pense que le cinéaste l'a voulu ainsi, c'en est même l'enfer.  Disneyland mon vieux pays natal se termine par ces mots : "Les enfants aiment la vie, tout le monde sait ça, et rien ne les oblige à aimer la vie qu'ils ont."
C'est l'un des rapprochements forts il me semble avec Pays de Cocagne, Étaix montre à quel point les enfants paraissent tristes dans ces fêtes populaires, que ça ne les concerne pas vraiment comme Disneyland d'ailleurs. Des petits singes qu'on enferme :



L'effet peut sembler idiot, je te le concède (pour moi ça fonctionne). Le film est constamment en surcharge et réussit à accumuler des chocs d'images, c'est pas évident que ça soit si facile à mettre en scène. Par exemple il montre  le camping comme  lieu infect où les enfants foncent vers les pissotières comme zone de jeux, et en même temps une voix off nous dit que tout est agréable. Encore une fois l'effet a l'air simple, d'un seul ressort comme tu le soulignes par associations contradictoires. Mais le cinéaste amplifie tout que ça en devient féroce, suffocant(le procédé existe aussi chez des Pallières), et ça passe beaucoup par la bande-sonore chez les deux cinéastes.

Je ne crois pas qu'on rit beaucoup pendant Pays de Cocagne, c'est clair.

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 15:58

adeline a écrit: Mais il n'est nulle part question d'histoire, de fiction, de conte, dans leur lien avec le spectacle. Ce sont de jeux, de traditions et de leurs lieux dont il nous parle, comment en 1968 se retrouvent, modifiées, les traditions "en train de se perdre". Le mât de cocagne, les costumes traditionnels se transformant pour devenir costumes de majorettes importés des Etats-Unis (ce qui n'est pas Hollywood), etc.

Mais c'est l'inverse que voulait filmer Etaix justement: il part de l'idée qu' après 1968 il y aurait dû avoir un changement radical dans les loisirs, dans l'emploi du temps, or tout est organisé comme avant, les loisirs restent justement "organisés". Breaker le remarque bien: les vacanciers sont séparés de leurs propres enfants, mais confinés au même endroit (il existe une BD de Frank Margerin déjà vieille assez marrante sur les vacances , proche de l'esprit du film).
Il y a une nostalgie réactionnaire dans le film, mais justement pas envers la tradition, plutôt envers la coupure historique en laquelle Etaix a cru. Ce qu'on peut lui reprocher c'est d'essayer de faire une critique vaguement situationniste du spectacle ou un truc à la Peter Watkins, puis n'y arrivant pas, de se retrancher dans la critique froide du spectateur comme si c'était la même chose (mais ce faisant il va un cran plus loin que la Chinoise, sa mélancolie n'est pas liée à un tragique romanesque qui surdétermine le présent comme chez Godard: "finalement mai 68 c'est un roman comme les Possédés, cela finira non pas par l'incendie, mais par une corde dans une chambre après l'incendie", mais à la foi en sa propre objectivité face aux faits et à la situation). En fait Etaix fait une jointure historique entre mai 68 et le punk, qui est plus conservatrice que ce qu'elle lie, parce qu'il croit entièrement à toutes les étapes de ce lien.
Je ne pense pas non plus qu'il avait conscience de créer la forme du mélange de snobisme et de voyeurisme qu'il peut y avoir dans l'esthétique à la Manu Bonmariage: son film a justement été peu montré et peu vu, alors que Strip Tease, qui a la même forme, est devenu 15-20 ans plus tard une émission culte dans deux pays, qui duré des dizaines d'années.

pas vu beaucoup de films de Des Pallière: Adieu (peu de souvenirs, cela m'avait plutôt intéressé) et un bout de "Disneyland, mon vieux pays natal" par hasard à la télé il y a longtemps

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Message par adeline Jeu 25 Juil 2013 - 18:54

Mais tu vois breaker, ce que je trouve, c'est qu'Étaix ne parle pas des enfants et de l'enfance plus particulièrement qu'autre chose, c'est là où je suis en désaccord avec le rapprochement avec Disneyland. En effet les enfants n'ont pas l'air joyeux, mais les adultes non plus (la scène au glacier filmée comme s'il s'agissait d'un contrôle de police), et la plus grande partie des scènes ne s'occupent pas ou peu des enfants.
Ce que tu décris de la scène du camping, je trouve ça raté. On ne voit que l'effet, la volonté d'Étaix de mettre en opposition la voix et les scènes des toilettes. Mais elles ne sont pas particulièrement sales, et une mère qui lave son enfant ne m'a jamais semblé être risible. Les enfants qui courent vers les toilettes sont des enfants qui courent vers les toilettes. Cette scène, pour moi, n'est pas à charge contre la vie au camping.

Je ne disais pas que ce que fait Étaix est facile à faire, j'ai bien dit que c'était très bien filmé, très bien monté, et si tu veux, bien mis en scène. Mais je ne suis pas plus épatée que ça par ce que le film me dit, ou montre (pour faire plaisir à slimfast, puisqu'un film ne dit rien). Et je disais juste que son propos ne portait pas sur le système de représentations, de mise en scène, par rapport à la phrase de Comolli que tu citais. Mais ce film n'était sans doute ni évident, ni aisé à faire et à monter, pour ça, pas de problème.

Mais je ne comprends pas ta position : tu aimes le film mais tu le trouves trop féroce ou bien tu ne l'aimes pas ? Ou tu l'aimes sans l'aimer ? Ou tu le critiques moralement et le trouves en même temps impressionnant ? Je trouve qu'il est trop simple, au sens où il joue d'un seul ressort, et comme à mes yeux la critique échoue presque à chaque fois, je ne vois que la manière dont il rend ridicule les gens qu'il filme, et pas ce qu'il tire des mises en regard et en opposition. Je trouve l'amorce avec le gag des pellicules très drôle par contre !



Tony le mort, tu as une interview de lui où il parle du film ? Je croyais qu'il avait filmé sans idées a priori. Pour moi, il y a toujours dans Etaix un côté un peu réactionnaire, mais je ne sais pas du tout ce qu'il pensait de Mai 68. Je ne comprends pas comment tu passes d'Etaix à La Chinoise à part le fait qu'ils sont tournés après Mai 68, et ta phrase "Etaix fait une jointure historique entre mai 68 et le punk, qui est plus conservatrice que ce qu'elle lie, parce qu'il croit entièrement à toutes les étapes de ce lien" reste très floue aussi. La jointure est plus conservatrice que Mai 68 et le punk, car Etaix croit à toutes les étapes de la jointure, ce que ne font ni Mai 68 ni le punk ?
On est d'accord sur le fait que s'il y a dans le film une forme de méchanceté à l'égard de ceux qu'il montre, elle n'est pas intentionnelle, pour moi, c'est plutôt juste raté.

Pour des Pallières, j'ai détesté, mais vraiment détesté Parc, alors que Disneyland est un très grand documentaire, et que Is Dead (Portrait incomplet de Gertrud Stein) m'a aussi beaucoup plu. On dirait que la fiction ne lui réussit pas, je me demande ce que peut donner Michael Kohlhaas.

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 19:02

Je crois que j'avais lu il y a 3/4 ans (quand il a été restauré) une interview dans les Cahiers du Cinéma où il plaçait le film par rapport à mai 68, comme un constat sur la mort du mouvement et le retour à l'ordre  (mais je n'en suis plus sûr, mais en tout cas j'ai vu le film parce que j'avais lu quelque chose sur cela auparavant, je crois qu'elle était contemporaine à la restauration) (la Chinoise c'est plutôt 1966 je crois, plus déterminé par les études de philosophie d'Anne Wiamzemsky au début de la vague maoïste à l'Université que par l'impact "sociologique" de mai 68; comme le fait qu'une grève ait réussit à toucher plusieurs classes justement parce qu'elle a débordé les syndicats et les communistes, ça cela vient d'ailleurs, en parallèle avec le film).

L'aspect conservateur de la jointure  tient pour moi au fait de croire de la même manière de la part d'Etaix à mai 68 et au "punk" (au sens large, pas musical: croire à la fois à une idéologie, à une époque et à la réaction contre elle (dans le cas du Punk dirigée en fait contre la mort de ce qui l'a précédée).

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 20:00

en tout cas si Pierre Etaix est le cinéma de l'enfance, c'est le retour au cinéma de notre enfance, pas celle figurée à l'écran, celle inscrite dans l'écrin abrité de nos premières images, avec ces uniformes et ces disproportions des formes, ce gros sac à dos qui le fait paraître enfant, ce qui colle exactement à une vision du cinéma qu'on a eue, y compris les barbelés (je parle d'en pleine forme, le court posté par Breaker).(je n'ai pas vu le film d'Etaix en question, Pays de Cocagne : est-ce-qu'il y a un lien ?).

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 20:52

Tony le Mort a écrit:

L'aspect conservateur de la jointure  tient pour moi au fait de croire de la même manière de la part d'Etaix à mai 68 et au "punk" (au sens large, pas musical: croire à la fois à une idéologie, à une époque et à la réaction contre elle (dans le cas du Punk dirigée en fait contre la mort de ce qui l'a précédée).

Je ne comprends strictement rien à cette phrase, c'est logique? (pour répondre à ta question d'à côté)

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 20:59

slimfast a écrit:

Combien de fois faudra-t-il répéter qu'un film ne dit rien mais qu'il montre et qu'il ne nous mène pas quelque part mais que le(s) discours(s) critique(s) l'accompagnent ? C'est pourtant basique.

Combien de fois faudra-t-il répéter qu'on a débattu cent fois, au moins, de cette calembredaine basique que tu répètes comme un juke-box buggé, et que tu répéteras donc jusqu'à la saint-glin glin - ça aussi c'est logique, j'imagine, ce que tu appelle TA logique (c'est ton expression, ça, ainsi que "chacun SA logique", et c'est pas à moi d'expliquer ce que tu entends par là.

Par là, j'entends pas grand chose, perso. Par là, j'entends juste TON délire, et chacun SON délire. Et par logique, sans convoquer Wittgenstein pour faire son intéressant dans les salons, j'entends, "basiquement": énoncé pourvu de sens, intelligible, et communicable. 3 vient après 2: c'est "logique". Soutenir que 3 vient avant 2, c'est pas "logique".

Enfin, on me dira: c'est les fachistes, la police et moi, qui disent ça. A cela, j'opposerai un slogan de 68: "soyez réaliste, demandez l'impossible"...., cad un peu de cohérence. Car pour certains, ça semble une tâche véritablement impossible.


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Jeu 25 Juil 2013 - 21:20, édité 2 fois

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 21:02

Baudouin II de Barvaux a écrit:
slimfast a écrit:

Combien de fois faudra-t-il répéter qu'un film ne dit rien mais qu'il montre et qu'il ne nous mène pas quelque part mais que le(s) discours(s) critique(s) l'accompagnent ? C'est pourtant basique.

Combien de fois faudra-t-il répéter qu'on a débattu cent fois, au moins, de cette calembredaine basique comme tu répètes comme un juke-box buggé, et que tu répéteras donc jusqu'à la saint-glin glin - ça aussi c'est [i]logique[/i, j'imagine.

c'est pas de moi c'est de Badiou mon gros lapin.


j'ai fait suivre ton message.
Désolé je ne suis pas le secrétaire de Tony.



Dernière édition par slimfast le Ven 26 Juil 2013 - 6:00, édité 2 fois

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 21:18

slimfast a écrit:

c'est pas de moi c'est de Badiou mon gros lapin.

Je suis pas sûr que Badiou voulait dire par là ce que toi tu entends "basiquement" par "montrer", ma petite perruche..

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Message par Invité Jeu 25 Juil 2013 - 23:23

bon pourrissage de topic, comme d'hab, les deux mecs qui croient que le forum c'est leur salle de bain.

adeline a écrit:
Ce que tu décris de la scène du camping, je trouve ça raté. On ne voit que l'effet, la volonté d'Étaix de mettre en opposition la voix et les scènes des toilettes. Mais elles ne sont pas particulièrement sales, et une mère qui lave son enfant ne m'a jamais semblé être risible. Les enfants qui courent vers les toilettes sont des enfants qui courent vers les toilettes. Cette scène, pour moi, n'est pas à charge contre la vie au camping.
oui d'accord, mais c'est pas ce qui est monté dans cette séquence. On voit une mère qui lave son gosse avec des plans où les gens font leur vaisselle, c'est pas forcément un gros problème mais laver son gosse laver ses assiettes mollarder son dentifrice dans des éviers collectifs, ce ne sont pas ici des images en faveur de la vie au camping. L'endroit est sale, mal entretenu... Et ce ne sont pas des toilettes, mais une pissotière, crois moi ça fait une différence. lol


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Message par adeline Jeu 25 Juil 2013 - 23:41

Oui, tout ça c'est ce que le montage suggère, il n'est clairement pas en faveur de la vie au camping. Mais je ne vois nulle part que l'endroit soit sale et mal entretenu. Je t'accorde la pissotière. Quant à la vie au camping, elle est ce qu'elle est. Sale et infecte, certainement pas. C'est ce que le montage cherche à montrer, moi j'ai plutôt envie de le démonter, et je crois y arriver. C'est ce que l'ensemble du film me donne comme impression, il a forcé ce qu'il pensait voir dans les images. Enfin, je le sens ainsi.

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Message par Invité Ven 26 Juil 2013 - 0:36

adeline a écrit:Oui, tout ça c'est ce que le montage suggère, il n'est clairement pas en faveur de la vie au camping. Mais je ne vois nulle part que l'endroit soit sale et mal entretenu. Je t'accorde la pissotière. Quant à la vie au camping, elle est ce qu'elle est. Sale et infecte, certainement pas. C'est ce que le montage cherche à montrer, moi j'ai plutôt envie de le démonter, et je crois y arriver. C'est ce que l'ensemble du film me donne comme impression, il a forcé ce qu'il pensait voir dans les images. Enfin, je le sens ainsi.
Il y ce très bon documentaire de Denis Gheerbrant, Le voyage à la mer, qui parle de la vie au camping,  mais Pays de Cocagne ça ne te mènera à pas grand-chose, c'est vraiment pas le sujet, pour ma part je sens le film ailleurs, dans une vision dantesque, dans toutes sortes de distorsions, inquiétantes, féroces, on peut bien sûr expliquer le film plus rationnellement, mais il est en constante surcharge d'un délire plus proche des Marx Brothers, une référence cinématographique très importante pour Etaix... Il en parle ici notamment : http://boutique.ina.fr/video/art-et-culture/arts-du-spectacle/CPD07007666/interview-pierre-etaix-les-rois-du-delire.fr.html

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Message par Invité Ven 26 Juil 2013 - 11:12

Entretien avec Pierre Étaix sur Pays de Cocagne (décembre 1970) :

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