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L'Anguille ou l'amour sans classe

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Message par Invité Mar 4 Mai 2010 - 12:20

L'anguille ou l'amour sans classe ?


Dans la dernière livraison de la revue Cadrage (www.cadrage.net), on trouve un article plutôt intéressant de Marc-Jean Filaire à propose de l'Anguille de Shôhei Imamura (« L'anguille ou le désir interdit ? »). Notamment, la reflexion commence par une analyse très pertinente des deux premiers plans du film, que je cite ici in extenso :

« Une vue urbaine, en plongée et en plan large, montre les bases d’immeubles monumentaux et de rues qui se croisent, ainsi que la présence d’immeubles bas et ronds, dont un se reflète dans un immeuble de verre, et un carrefour circulaire dont la rotondité est souligné par une structure métallique. Reconnaissons qu’il n’y a pas là de quoi rester stupéfait. Malgré tout, la présence des lignes verticales et des cercles pourrait laisser entendre une interprétation symbolique : les formes sont masculines ou féminines. Cela semblerait une interprétation hâtive, si la deuxième image du film ne venait étayer l’hypothèse. Cette fois-ci, la vue est une prise en contre-plongée d’un sommet d’immeuble – ce qui donne au spectateur l’impression de sa petitesse – et d’une branche d’arbre qui cache le soleil. L’interprétation sexualisée serait ici encore abusive, s’il n’y avait devant l’immeuble un lampadaire dont la ligne ascendante puis penchée tranche avec l’indéfectible verticalité de l’immeuble. Comparé à tous les bâtiments entrevus sur seulement deux images, le lampadaire a une érection molle, et le soleil qui diffuse la lumière à sa place, c’est-à-dire le feu (comprenons de façon métaphorique : la flamme amoureuse et sexuelle), est voilé. Symboliquement, le résumé du film est fait : l’histoire racontée est celle d’un homme entouré de femmes, qui ne parvient pas à assumer son désir et vit dans la crainte de l’impuissance. »

L'analyse forme-contenu, abandonnée dans la suite du texte de Filaire, mérite pourtant d'être poursuivie. Tout le film est en fait constitué d'une dialectique de la verticalité aux connotations à la fois érotiques et politiques – la verticale, élévation ou descente, se définissant à partir d'un socle minimal horizontal qui, pour le dire vite, représenterait le milieu social dans lequel évolue Yamashita, le personnage principal.

Ainsi, dès le 3° plan, la plaque annonçant la raison sociale de l'entreprise abritée par l'immeuble du plan 2 attribue au bâtiment une fonction économique. Si le lampadaire bandant mou est l'image de la sexualité de Yamashita, l'érection qui le domine est aussi le signe d'une réussite sociale supérieure. Et justement, le meurtre est conditionné par cette liaison de l'érotique et de la réussite sociale. Le premier indice tangible de l'adultère de sa femme est pour Yamashita la présence d'une voiture garée devant chez lui alors qu'on l'a vu, lui, prenant à deux reprises le train pour ses déplacements. La voiture est – au Japon beaucoup plus qu'en Europe – un signe extérieur de richesse dont Yamashita est privé alors que l'amant de sa femme le possède. Le plan est pris en plongée (écrasement de Yamashita) et est suivi d'un contrechamp en caméra subjective où le mari trompé regarde un lampadaire en tout point semblable à celui du deuxième plan et qui soudain vire au rouge. La rage dont va découler la violence, prend place dans le constat de l'inaptitude sexuelle et d'une situation sociale subalterne. La position a tergo du couple adultère reprend d'ailleurs le jeu social, où l'amant est surexcellent dans la verticalité qui est celle des immeubles des deux premiers plans. Quant à la scène du meurtre lui-même, son filmage souligne à l'envie que poignarder sa femme comme il le fait est une façon pour Yamashita d'affirmer au moins sur sa femme une position sociale dominante à l'aide de tel substitut érotique qui lui tombe sous la main : poignarder = pénétrer. Ce qui noue à ce moment son destin, et ouvre le film au récit, est le geste par lequel l'assassin couvre son crime d'une couverture et, en refusant de le voir, perd la chance d'en comprendre les motivations politiques – Yamashita avoue plus loin ignorer encore les raisons du meurtre.

Comme le fait remarquer Filaire, les formes féminines du plan d'ouverture sont située au pied des immeubles dressés. Les bâtiments féminins sont en position dominée. Et la position dominée est dans l'ensemble à l'horizontale, comme la femme est à quatre pattes dans les mains de l'amant ou allongée face à son mari meurtrier. Mais l'horizontale est aussi la situation de Yamashita dans son milieu social, que ce soit son environnement professionnel (son bureau) ou de loisirs (les pêcheurs agglutinés autour de la jetée) ou lors de ses déplacements en train. Et à chaque fois, cette horizontale dominée est aussi l'occasion d'un phénomène de groupe : au minimum à travers une affichette publicitaire, mais beaucoup plus clairement lorsque Yamashita est écrasé par la foule contre une vitre du train. Et c'est dans cet écrasement, sous une pression sociale horizontale filmée littéralement, que les lettres de dénonciation anonyme apparaissent. La jalousie de Yamashita relève alors de la réaction d'un membre dominé d'une société de classes et de masses hiérarchisée – la hiérarchie s'infiltrant même dans un loisir aussi innocent que la pêche dont les participants se répartissent entre les pêcheurs assis sur un plan horizontal et ceux qui controlent, qui restent debout et dont la proposition de raccompagner Yamashita implique la possession automobile, signe de leur réussite et de leur supériorité hiérarchique.

On peut finalement voir dans la côte que Yamashita gravit pour rentrer chez lui, une image de sa situation dans l'échelle de la société de classes : pas tout à fait en bas et surtout pas en haut. Dans l'autre sens, l'escalier menant à sa maison est la voie d'une descente qui le reconduit à son échec domestique et social. Enfin, son long trajet jusqu'au commissariat marque une chute définitive et la perte de tout son statut dans l'échelle sociale. Par ce dernier mouvement, Yamashita entre dans un autre monde.

À vrai dire, le second monde est articulé sur des formes strictement identiques à celles du premier : horizontales et verticales. Mais la signification de ces formes est radicalement différentes. L'horizontalité du milieu social n'est plus la station dominée de la hiérarchie sociale et elle ne peut plus l'être pour la raison très simple que le milieu n'est plus hiérarchisé. Le nouveau monde de Yamashita ignore les classes sociales et leurs différenciations. Ses habitants (un petit charpentier indépendant, un moine et son épouse, un ufologue et un petit bonhomme à voiture rouge au statut social jamais défini) sont, en rigueur de terme, des déclassés : non pas dans le sens de la pauvreté ou de la misère mais en ceci qu'ils forment une communauté idéale en dehors du système des classes et de ses tenants économiques. Il est significatif que Keiko et Yamashita, les deux transfuges, soient les seuls dans ce monde à conserver des relations de classes (elle est son employée) et des rapports positifs avec l'argent. L'horizontalité qu'ils apprennent tout au long du film est au contraire le signe d'un égalitarisme absolu et également la condition du désir et de sa réception : le casse-croûte queKeiko s'obstine à vouloir offrir à Yamashita en guise de gage amoureux ne peut être accepté comme dénouement que dans une transmission horizontale. Le désir est délié de la tension érectile dominante des immeubles et trouve sa nouvelle forme, son nouveau signalement, dans l'enseigne de la boutique du coiffeur qui figure sans doute un pénis encore dressé mais qui a repris une taille humaine et porte, en sus de la marque du déclassement de Yamashita, celle de l'humilité et les couleurs de la fête.

De même que l'horizontalité des humbles n'est pas celle des dominés, il s'y origine une verticalité qui n'est plus celle de la domination. La verticale n'est plus une élévation, elle est devenue à l'inverse une plongée vers les profondeurs, essentiellement celles de la rivière où se trouvent les anguilles et les crevettes pour les nourrir. Mais cette verticalité de la profondeur n'est pratiquement jamais montrée à l'image, elle n'existe que par le rapport que les personnages entretiennent avec elle. La seule exception à cette règle, et elle est de taille, est le plan où Yamashita hallucine son immersion dans l'aquarium à la poursuite des lettres dénonçant l'infidélité de sa femme. Or la réalité de ces lettres est questionnée peu de temps après sans qu'aucune réponse soit apportée. Que ces lettres aient existé ou non à l'époque du meurtre importe en fait assez peu. L'important est qu'elles sont dans ce nouveau monde un fantasme, désignant du même coup la profondeur comme le lieu de la fantaisie : l'inconscient, face auquel le film donne deux attitudes possibles. D'un côté, le désir est de classes, obsédé par l'élévation sociale et la réussite, et son désintérêt pour la profondeur l'expose à un retour violent du refoulé fantasmatique : le meurtre. De l'autre côté, le désir est sans classe dans tous les sens du terme, hors le jeu hiérarchique des classes et hors toute notion de réussite, et il se nourrit directement des productions des profondeurs. D'un côté, des immeubles turgescents dominent verticalement des formes féminines : premier plan du film. De l'autre, une mariée traverse l'horizontalité étale du lac : dernier plan. Le désir sans classe est seul à mériter le nom d'amour.

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Message par Invité Mer 5 Mai 2010 - 7:08

Salut Stéphane,

Pas vu ce film d'Imamura dont tu parles fort passionnément mais je garde un très bon souvenir de ceux que j'ai eu l'occasion de voir de lui. J'ai, en particulier, un grand désir de revoir ce film chaleureux qu'est "De l'eau tiède sous un pont brûlant"...

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Message par glj Mer 5 Mai 2010 - 10:00

l'anguille est un trés grand imamura ( peut etre son meilleur), bon texte stéphane.
glj
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Message par Invité Mer 5 Mai 2010 - 12:00

JM : J'ai revu hier De l'eau tiède sous un pont rouge. "film chaleureux" est l'expression qui convient. très drôle aussi.
j'ai eu l'impression qu'il forme un dyptique (ou bien on écrit un diptyque ? ou un diptique ? merde, je sais jamais !) avec L'Anguille. on y retrouve plein de motifs semblables (eau, poissons, etc...) que je n'ai pas souvenir d'avoir vu dans les films précédents d'Imamura.

glj : un très grand - mais je suis aussi sous le choc de Pluie noire que j'ai vu récemment. pas seulement les images horribles d'Hiroshima mais la façon dont il parvient à infuser la même horreur dans le sursis des irradiés. et surtout la quasi absence de sentimentalisme dans le traitement de ce sujet. c'est énorme.

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 14:08

là où le premier partait du désir comme artefact social, le second entend traiter d'un désir amoureux pris « en tant que tel », dans une certaine naturalité.

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 14:50

là où le premier partait du désir comme artefact social, le second entend traiter d'un désir amoureux pris « en tant que tel », dans une certaine naturalité.

Hello Stéphane,

Dans mes anciennes notes j'ai retrouvé que je n'avais pas tout à fait perçu de la même manière il me semble l'approche par Imamura du désir amoureux du couple:

Je crois que c'est le dernier long métrage de Imamura ? Si c'est le cas, le dernier plan qu'il laisse au cinéma est absolument admirable. C'est en tout cas un "film somme" qui "charrie" un siècle de cinéma mondial (on peut penser dans le désordre à Keaton, Mizoguchi, Rouch, Rossellini..) et qui fait la charnière avec les nouvelles techniques du XXIème siècle dans ses séquences en image de synthèse. Synthèse aussi des genres : policier (l'histoire du criminel), fantastique (notamment cette scène fabuleuse de la bagarre à la fin, où une palissade tombe subitement et découvre le père du pêcheur dans un garage aménagé en baisodrome : on est à ce moment dans la logique du rêve. La forme particulière de jouissance de la jeune femme est aussi abordée par Imamura de manière fantastique, notamment au niveau du travail sonore), érotisme, réalisme social… Certaines personnes évoquent aussi des références au reste de son œuvre mais que je ne connais pas assez (juste "Pluie Noire", de l'un à l'autre il y a, bien sûr, l'omniprésence de l'eau) pour pouvoir en parler. Le film semble un peu construit de la façon suivante : une première partie au présent, fluide, un nœud de choses, de coïncidences qui se rejoignent au centre formant une précipitation narrative et formelle (lors de la séquence futuriste en images de synthèses des neutrinos, de celle du passé, en N&B racontant l'histoire de la grand-mère de Saeko..) et une troisième partie qui s'écoule de nouveau, plus relâchée dans le présent.

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 14:51

(mince, j'ai fait un édit au lieu d'un quote dans ton texte Stéphane, je te prie d'accepter mes excuses. J'espère que tu as gardé quelque part le texte que tu avais posté au-dessus pour pouvoir le remettre à sa place ! Ca faisait longtemps que ça m'était pas arrivé, vraiment désolé. Embarassed)

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 15:06

Salut JM,

le post que tu m'as obligeamment effacé ( cheers ) parle plus de la différence de l'approche du désir entre L'Anguille et De l'eau tiède sous un pont rouge que de ce qu'est cette approche dans De l'eau tiède... à proprement parler. Ce qui sera, j'espère, le sujet d'un prochain message (work in progress). Entretemps, je vais récupérer le texte du précédent (pas de souci, juste de la dactylo) ; et je serais aussi curieux de savoir ce que tu as à en dire (work in collectif).

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 15:10

Stéphane Pichelin a écrit:Salut JM,

et je serais aussi curieux de savoir ce que tu as à en dire (work in collectif).

c'est-à-dire ce que tu as à dire non de mon texte, mais du désir chez Imamura (Im-amoureux).

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 15:37

Stéphane Pichelin a écrit:
Stéphane Pichelin a écrit:Salut JM,

et je serais aussi curieux de savoir ce que tu as à en dire (work in collectif).

c'est-à-dire ce que tu as à dire non de mon texte, mais du désir chez Imamura (Im-amoureux).

je sais pas trop, je connais trop mal ses films. Je crois me souvenir qu'il y a une scène dans "De l'eau tiède.." qui évoque l'hédonisme comme mode d'existence, au début Taro parle à Yosuke des jeux sexuels, rappelle que ces pratiques remontent à l'antiquité. Ovide est évoqué, non ?

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 15:57

Stéphane Pichelin a écrit: (pas de souci, juste de la dactylo)

L'Anguille ou l'amour sans classe Le%20mepris%2023

Wink

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Message par Borges Ven 7 Mai 2010 - 17:14

Tu peux la virer;voici une fille qui connaît son job :

...L'Anguille ou l'amour sans classe 172146__his_girl_friday_l
Borges
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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 18:35

His girl friday ?

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 20:16

JM, tes réflexions sur le film somme sont épatantes et précieuses. Et oui, il est question d'Ovide et de son Art d'aimer. Tout le programme du film, si tu veux mon avis.

Sinon, les gars, je prends vos dactylos ensemble - plus David Niven dans La huitième femme de Barbe bleue, pour le fun.

PS : j'ai un problème avec "Citer". Ca ne veut plus prendre mon texte derrière la citation. C'est normal ? Sûrement pas.

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Message par adeline Ven 7 Mai 2010 - 20:53

Stéphane Pichelin a écrit:JM, tes réflexions sur le film somme sont épatantes et précieuses. Et oui, il est question d'Ovide et de son Art d'aimer. Tout le programme du film, si tu veux mon avis.

Sinon, les gars, je prends vos dactylos ensemble - plus David Niven dans La huitième femme de Barbe bleue, pour le fun.

PS : j'ai un problème avec "Citer". Ca ne veut plus prendre mon texte derrière la citation. C'est normal ? Sûrement pas.

Hello Stéphane,

de mon côté je te cite sans problème... C'était peut-être un problème temporaire, attendons de voir demain si ça persiste.

adeline

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Message par Invité Ven 7 Mai 2010 - 21:57

Stéphane Pichelin a écrit:
Sinon, les gars, je prends vos dactylos ensemble - plus David Niven dans La huitième femme de Barbe bleue, pour le fun.

bien vu, pour le fun, et aussi pour l'équilibre des sexes, non mais !
Un "très bon Lubitsch", si il y en a de mauvais..

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Message par Invité Sam 8 Mai 2010 - 13:44

« Le post effacé, le retour », dans une version un peu corrigée – à quelque chose malheur est bon :

À la fin de L'évaporation de l'homme, on asiste au démontage du décor du film ainsi annoncé comme une fiction. Or il s'agissait en fait d'un documentaire. Au delà des considérations matérielles présidant au choix du réalisateur (la menace d'un procès par une des protagonistes), la séquence aboutit à un tourniquet figural infini, dans lequel l'annonce de la fiction est fictionnelle alors même qu'elle prend l'allure d'un documentaire. Autrement dit, la fiction documente la fictionnalité d'un documentaire véritable. C'est dire, au minimum, à quel point Imamura se méfie de toute naturalité du cinéma, y compris du cinéma documentaire.
Cette méfiance trouve, dans L'Anguille et dans De l'eau tiède sous un pont rouge, deux formes d'expression qui renvoient les deux films l'un à l'autre.
Dans De l'eau tiède..., le personnage principal masculin, Yosuke, est plusieurs fois comparé à un homme mort prénommé Koji. Mais l'acteur jouant Yosuke s'appelle justement Koji (nom : Yakusho). De cette manière, à l'intérieur de l'histoire, le récit se déboîte sur son extériorité et les conditions de sa production. Et comme l'acteur Koji Yakusho forme avec l'actrice jouant l'autre personnage principal (Misa Shimizu) un duo initié dans L'Anguille, il suffit de forcer un peu (mais pas trop) le déboîtement du récit pour l'étendre aux deux films.
L'Anguille offre une séquence encore plus réflexive. Le meurtre y est un coït sanglant ponctué sur deux plans par de longs jets d'hémoglobine maculant l'objectif. Procédé un peu kitsch mais qui prend ici deux significations complémentaires. Dans un sens, il révèle la présence de la caméra et souligne, à un moment de forte tension dramatique, sa totale artificialité : le film est une fiction, un construit. Mais le constat fait aussitôt retour sur le désir sanglant du meurtrier, désir entièrement déterminé socialement et qui est, tout autant que le film, un construit.
Le même dispositif est repris et décalé dans De l'eau tiède... : le coït n'est plus sanglant mais joyeux, l'hémoglobine est remplacée par de l'eau et le jet n'atterrit plus sur l'objectif mais sur le verre de la fenêtre à travers laquelle les amants sont vus. En respectant à ce moment le pacte fictionnel, il me semble qu'Imamura trace la différence entre les deux films : là où le premier opposait un désir amoureux idéal et utopique au désir dominant socialisé, le second garde tout le désir au sein de l'histoire et en cherche les conditions de possibilté dans un environnement somme toute plutôt réaliste.

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Message par Invité Sam 8 Mai 2010 - 17:29

merci Stéphane

l'hémoglobine est remplacée par de l'eau

Je ne crois pas qu'il s'agisse d'eau, je ne sais pas trop quel est le terme consacré pour l'éjaculation féminine mais il s'agit plutôt de matière organique, enfin, dans la réalité..

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Message par Invité Mar 11 Mai 2010 - 12:57

JM a écrit:Je ne crois pas qu'il s'agisse d'eau, je ne sais pas trop quel est le terme consacré pour l'éjaculation féminine mais il s'agit plutôt de matière organique, enfin, dans la réalité..

Salut JM,

je crois comme toi qu'Imamura vise en partie l'éjaculation féminine (mythe ou réalité ?).
Mais le film parle toujours d'eau à propos de ce liquide et le met en série avec d'autres formes de l'eau : eau saumâtre sous le pont, eau de la rivière où Saeko manque de se noyer à la suite de sa mère, eau pure et fade du laboratoire, eau de l'océan au dernier plan. Toutes ses eaux se déplaçant sur un axe vertical alors que le champ social se joue à l'horizontal (où on retrouve la géométrie de L'Anguille).
L'eau est sans doute à mettre en rapport, au delà du désir sexuel, à un amour cosmique/spirituel qui infuserait tout l'univers. Mais le film est beaucoup plus compliqué qu'il en a l'air (ou bien c'est moi - scratch ).
En tous cas, je compte revoir le film et formaliser un peu tout ça à l'écrit dès que j'en ai le temps.

En attendant, pour les amateurs, je fais trente minutes de radio sur Imamura vendredi prochain à 18h30, sur Alternantes FM, radio hyper locale (sur 98.1 à Nantes et 91 à StNazaire) mais ça passe aussi sur le net (alternantesfm.net - attention, c'est en stream : pas d'archive, il faut être à l'heure).

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Message par Invité Jeu 13 Mai 2010 - 15:05

L'amour en temps de crise

Des couleurs dans De l'eau tiède sous un pont rouge : Saeko est elle aussi toujours habillée, sur le haut du corps, de nuances de rouge ou de rose. Est-elle le pont aussi bien que l'eau ? En tous cas, le dernier plan confronte le rouge du pont et le blanc de la neige en même temps qu'est annoncée la mort de la Grand-Mère. Mais le rouge est en extrême-orient la couleur de la fortune, par exemple la couleur de l'enveloppe dans laquelle on glisse un cadeau d'argent ; alors que le blanc est la couleur du deuil.
Le premier plan du film est un panoramique où la verticalité de la grande ville est étouffée par sa profusion, remettant tout le paysage à l'horizontale. La caméra s'arrête finalement sur une berge, horizontalité absolue, sur laquelle sont dressée les tentes de clochards. Ça enchaîne sur un plan de la même berge vue d'un bateau, accentuant l'horizontalité, puis sur la mort de Taro, le clochard philosophe et ancien amant de la Grand-Mère. La mort des amants encadre donc le film et m'apparaît comme le paradigme même de l'horizontalité (Taro allongé sur son lit de mort), c'est-à-dire de l'égalitarisme.
Mais je me rends alors compte d'une erreur que j'ai commise dans ma lecture du dernier plan de L'Anguille. Le vêtement blanc qui m'avait fait penser à un mariage (tropisme culturel) est en fait le signe du deuil. Ce qui s'oppose directement à la société de classes et à sa logique de domination exprimée dans les premiers plans, c'est en fait la mort, conclusion inévitable. Encore ne s'agit-il pas de la mort d'un personnage mais de la mort de l'Autre, de la mort comme rupture du continuum du réel.
Mais aussi, la mort n'est pas l'antithèse de l'amour. Si Yosuke est pris pour Koji-le-mort, c'est bien qu'il lui a fallu mourir, au moins socialement et symboliquement, pour parvenir à la petite ville où il va trouver l'amour. D'ailleurs, il explique son absence à sa femme par le mensonge des « funérailles d'un ami » : on songe forcément à Taro, mais Yosuke étant justement là à la place de Taro...
Donc, mourir et renaître, ce que montre une séquence de rêve où il se retrouve dans le sein maternel et son liquide amniotique – de l'eau encore une fois. Mourir pour renaître et aimer, ou pour renaître dans l'amour. L'amour comme position horizontale face à la mort.

Évidemment, en écrivant ceci :

Stéphane Pichelin a écrit:En respectant à ce moment le pacte fictionnel, il me semble qu'Imamura trace la différence entre les deux films : là où le premier opposait un désir amoureux idéal et utopique au désir dominant socialisé, le second garde tout le désir au sein de l'histoire et en cherche les conditions de possibilité dans un environnement somme toute plutôt réaliste.

j'ai été trop vite en besogne. Ce que ce plan peut indiquer au maximum, c'est qu'il y a là un désir amoureux qui n'est pas montré comme un construit mais comme fiction au sein de la fiction, et j'y vois un processus de « naturalisation » d'autant plus frappant qu'il s'écarte de la manière habituelle d'Imamura. Mais c'est ce processus lui-même qui demande, pour être crédible, le réalisme social signalé par JM. Deux raisons donc (la mort et la « naturalité ») au filmage à l'horizontale de tout le champ social, à l'exception d'un seul plan, le 4° : une plongée presque verticale sur l'auberge de toile des clochards, qui retranscrit sûrement leur situation de dominés absolus – partagée à ce moment là par Yosuke au chômage.
Mais si l'horizontale est une marque égalitaire au niveau ontique (face à l'amour, face à la mort), elle n'implique plus comme dans L'Anguille l'égalité sociale. Au contraire, la simplicité apparente et l'humanisation des relations sociales (la facilité avec laquelle Yosuke est engagée on non comme pêcheur à comparée avec l'entretien d'embauche comme salary-man au début du film) perpétuent les rapports de classes, en les atténuant peut-être mais surtout en les clarifiant. Le petit port de province est visiblement sous la coupe économique et politique de l'armateur du coin et de son fils, qui controlent à la fois les activités professionnelles (embauche ou non), les activités de loisirs (réglementation de la pêche amateur) et l'érotique de la population quand ils décident de régler son compte au proxénète et de le livrer aux hommes du port dont il a volé les femmes. Avec leurs bateaux qui fonctionnent comme des usines, le père et le fils portent le système industriel capitaliste, ses rapports de classes et ses positions dominantes : domination envers l'Africain, envers leurs femmes, et envers Yosuke dont ils menacent l'amour par des dénonciations calomnieuses. Ils ne sont pas pour autant purement négatifs puisqu'ils permettent à Yosuke de s'installer dans les parages de Saeko et qu'ils le défendent contre le proxénète. Leur agenda de dominants n'est tout simplement pas celui des dominés et l'interaction entre les deux reste aléatoire dans ses résultats (positifs, négatifs ou neutres) pour les seconds. Il ressemblent ainsi aux dieux qui décident en dernier ressort.
(On peut aussi noter que le père contrôle également la sexualité de son fils puisqu'il se sert de sa fiancée comme modèle pour ses peintures érotiques – voire plus, quoique ce ne soit pas dit explicitement. Il y a ici une ouverture vers une lecture pleinement psychanalytique, que je préfère éviter pour éviter de substantialiser psychologiquement ce que le film donne d'abord comme une question politique.)
Par ailleurs, l'horizontale est encore le niveau des courses : celles de Yosuke pour rejoindre Saeko et celles de l'Africain pour gagner le marathon et pouvoir rejoindre ses femmes. J'y reviendrai.

En regard de l'horizontale sociale, la verticale est du désir. Ainsi des plans en contre-plongée qui sont toujours liés à une forme du désir, social ou sexuel, ou à un visage de l'eau qui vaut à son tour pour le désir. Car l'eau, dans le film, désigne bien sûr avant tout le liquide éjaculé par Saeko quand elle fait l'amour avec Yosuke, qui commande à son tour une longue série.
Le motif de l'eau est complexe, divisible et composable. Lors de la parenthèse au milieu du film : visite du laboratoire-confidences-flashback sur la mort de la mère de Saeko, l'eau est d'abord divisée en eau naturelle et de surface (celle de la rivière) et en eau artificielle et des profondeurs (celle du laboratoire). Puis l'eau artificielle est divisée en eau pure (pour repérer les neutrinos) et en eau polluée au cadmium (« la maladie-qui-fait-mal ») tandis que l'eau de la rivière est divisée en un étiage haut concernant l'eau polluée au cadmium et un étiage bas qui en semble la conséquence et un corollaire de la présence du laboratoire. À quoi il faut ajouter que l'eau pure est également fade et inerte (simple milieu permettant la détection mais sans action). À l'autre bout de la série, on trouve l'eau océanique qui abrite les poissons, l'eau saumâtre, mélangée, qui coule sous le pont rouge, et l'eau qui ne surgit de Saeko qu'avec l'aide de Yosuke – autant d'eaux naturelles, donc impures et non polluées. Enfin, toute la série est refendue selon l'axe vertical, entre eau d'en haut s'écoulant vers le bas (l'eau éjaculée, sauf dans la dernière séquence), eaux de surface (océan et rivières) et eaux des profondeurs dont l'une est stagnante (celle du laboratoire) et l'autre jaillissante (l'eau éjaculée à la dernière séquence).
À partir de là, on peut tenter une approche plus synthétique de la romance de Yosuke et Saeko – approche qui commence forcément par la chute de l'homme. Dès l'apparition de Yosuke (3° plan du film), la mort de Taro est branchée sur les indemnités chômage qui ne tombent pas, symbole de la mort sociale du personnage et annonce des humiliations subséquentes. Yosuke est pris alors qu'il dégringole implicitement du statut de salary-man à celui de clochard, ne se rattrapant qu'au bas de l'échelle sociale comme ouvrier de pêche – une disgrâce, à en croire son patron. Il est dominé socialement, non seulement par ce patron et son fils, mais encore par le proxénète élégant et par Saeko elle-même (comme dans L'Anguille, la voiture sert de marqueur social). Il est aussi faible physiquement face au proxo et mis en complète infériorité face au désir de son épouse. Son sentiment d'humiliation et son désir de se redresser sont finalement assez puissants pour qu'il fasse un essai timide et infructueux de devenir le voleur de sa maîtresse, à qui il vient justement d'interdire cette pratique.
Le vol est un membre intéressant du paradigme du désir. L'interdit posé par Yosuke n'inclut aucune considération morale ou économique : la seule explication qu'il en donne est, quand Saeko vient « voir le poisson », que tout le monde va la voir. Le vol pratiqué par Saeko en l'absence de partenaire sexuel pose donc distinctement un problème d'inclusion sociale. Ce vol par désir plutôt que par nécessité, donc impardonnable, est l'affirmation immédiate et active du sujet désirant contre le conformisme de masse. Il est subversif car il constitue une rupture de l'ordre social dominant basé sur la propriété privée. Il est une profession d'associalité qui isole Saeko et dont elle souffre. Hormis Yosuke, personne ne vient la voir et elle passe pour une sorcière. Elle déclare plusieurs fois sa honte de ce désir débordant et elle se réjouit de son tarrissement, sans comprendre que le jaillissement liquide est le fruit de la conjonction des deux amants et que son épuisement est également l'épuisement de leur désir commun. Petit à petit, l'eau naturelle de l'amour est purifiée ou pourrie, en tous cas pervertie par le poids social – ou plus exactement par le poids de la société contemporaine, celle qui observe les neutrinos et produit le cadmium (il y aurait sûrement pas mal de choses à écrire sur la place de la tradition chez Imamura, mais pas maintenant, merci).
La première rencontre amoureuse se fait sur fond de crises : crise de la déchéance sociale de Yosuke qui s'enracine dans la crise économique permanente, crise psychique de Saeko qui cristallise la crise morale généralisée produite par une société panoptique et normative. Tous les deux sont honteux et l'eau honteuse qu'ils provoquent est évacuée vers le bas où, vivifiante malgré tout, elle nourrit une myriade de poissons. Rencontre apparemment égalitaire, jusque dans la position adoptée, mais Yosuke est en fait déjà dessous, a déjà le dessous. L'égalité est tout de même suffisante pour que naisse tout de suite quelque chose qui ressemble à de l'amour. Deuxième rencontre filmée : Yosuke finit allongé, Saeko le chevauche, le domine et l'eau a baissé de moitié. Troisième rencontre : Saeko suce Yosuke sans réussir à le faire bander et il doit se branler en solitaire pour parvenir à l'érection – fin du désir commun, plus d'eau ! Dans cette lézarde amoureuse, tous les doutes possibles vont s'infiltrer et menacer de séparer les amants. La crise n'est finalement surmontée que dans un passage par les profondeurs, là où chacun peut à la fois avouer/assumer toute l'étendue de son désir propre et accepter pourtant que ce désir soit indissolublement commun. Retour de l'eau, dont le jaillissement vertical sans retombées visibles, et plus phénoménal que tous les précédents, vient briser la parfaite horizontalité d'un plan de front de mer (l'avant-dernier plan du film).

Pourquoi Yosuke et l'Africain courent-ils ? Les détails importent peu : ils courent après leur désir. C'est une attitude possible. L'autre attitude est de s'enfoncer avec lui.



Ce sera tout, les gars !

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Message par Invité Ven 21 Mai 2010 - 11:30

j'ai vu hier, comme ils disent, un fragment de l'anguille, en l'occurrence le début et c'est incroyable comme il est évident qu'il sagit bien d'une variation de psychose. je ne connais pas la suite mais le couteau et l'anguille sont explicites et comme, mais moins, que dans hitchcock révèlent que ce sont moins les femmes qui sont visées mais les mères. Il y a là un enseignement que l'on serait bien en peine de trouver chez godard.

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Message par Invité Ven 21 Mai 2010 - 12:24

ferrare a écrit:j'ai vu hier, comme ils disent, un fragment de l'anguille, en l'occurrence le début et c'est incroyable comme il est évident qu'il sagit bien d'une variation de psychose. je ne connais pas la suite mais le couteau et l'anguille sont explicites et comme, mais moins, que dans hitchcock révèlent que ce sont moins les femmes qui sont visées mais les mères.

Salut Ferrare,

Imamura once again, cette fois-ci dans le champ psychanalytique. Après tous, il en parle beaucoup. Mais si je vois bien le père à l'oeuvre dans la plupart des films que j'ai pu visionner, je n'ai pas vu la mère dans ce début de L'anguille. Alors tu m'intéresse beaucoup. Peux-tu m'expliquer ?

PS : moins tenté par la mise en concurrence des deux ziggourats Imamura et Godard : si l'une s'effondrait, je pourrais bien rester dessous.

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Message par Invité Ven 21 Mai 2010 - 16:39

ce couteau c'est la frustration bien sur ( tu as vu le couteau dans l'eau, contre un régime, une femme et forcément donc une mère ).

il y a en même temps une petit sujet régressif sur la nourriture très intéressant, sur son aversion, lui et sa gourmandise, elle.

quant à l'anguille elle me rappelle ce livre de moravia ou il dialogue avec son sexe.

on pourrait croire ce mari aveugle, et révélé par des écritures ou une voix.

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Message par Invité Ven 21 Mai 2010 - 19:00

d'autre part je n'apprécie que modéremment ce plan de coupe qui éloigne le personnage par ce traveling en montée : il me semble que ce n'est pas lui mais une doublure, un golden boy de la city, bref trop occidental à mon goût mais le plan dont je raffole est le plan subjectif du lampadaire qui rougeoie baignant l'écran d'un bain photographique, un plan de film de genre comique à la fois, qui marque le début d'une séquence d'anthologie et coupe en deux fragments en tous points opposés ce début de film.

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Message par Invité Ven 21 Mai 2010 - 22:01

Les films franchement je suis bien content de pouvoir les visionner sur mon lecteur. Toubiana me l'avait dit, c'est une révolution , c'est vrai et puis d'abord je tutoie Godard.

Effectivement je déteste voir les films d'une traite. Je déteste les carcans de toute nature. Bref il y avait à deux pas de chez moi un cinéma ou j'avais mes entrés et pouvait aller et venir librement. Il a fermé ( et dans les autres on est comme emprisonnés ).

Je ratais donc des pans entiers de films mais ça n'est pas gênant les 3/4 du temps il y a un bon tiers de film inutile dans un long métrage. Et puis c'était un pari de rater l'essentiel ou l'accessoire.

Je ne suis pas près de mes euros et ne fétichise pas le cinéma ( et pas seulement : voir un match en entier est une torture que je ne subis d'ailleurs pas car n'en faisant qu'à ma tête je pars dès que ça m'ennuie ).

Ca peux être au reste dès la 3° minute. Pareil pour un film et avec la galette le chapitrage et son humeur on peut très bien maintenant monter les films soit même. Je n'ai aucun respect des oeuvres. Les bouquins idem.

Bref pour dire que j'ai vu le début de l'anguille mais que je ne sais pas quand je verrai la fin.

Quand même je reviens sur cette histoire du format de l'"oeuvre" qui est très réducteur. Ca la ramène à un véritable produit standard au sujet duquel chacun y va de son commentaire : c'est obscène et vulgaire.

D'ailleurs je crois que Godard dit cela, qu'il grapille, cela donne une bien meilleure vision. C'est ce qu'il fait avec ses films. Mais j'aime la fiction alors des fragments sans fiction.

Et du coup avec le lecteur et les dvd j'aime de moins en moins de films.

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