A Serious Man (Coen Brothers)

n'a-t-il pas une contradiction ? le fait que ce lien de cause à effet soit déjoué est ambigu, je trouve. Mais je conviens que ma lecture de la fin est un peu trop simpliste, ou tirée par les cheveux, je sais pas?

Contradiction ?


Disons que l'histoire de ce père de famille, c'est comme la parabole de Job - mais sans l'horizon théologique, la foi, qui donneraient un sens à ces épreuves. Ne reste qu'une absurdité nue.


Je crois que le personnage central du film, c'est le frère, celui qui écrit son "Mentaculus". C'est lui qui fait le pont entre les rabbins d'un côté, et le père physicien de l'autre, puisque son Mentaculus est une sorte de mix des deux, de kabbale et de mathématiques probabilistes, à quoi s'ajoute aussi une part non mesurable de gribouillis - mais c'est le seul truc, dans le film, qui a l'air de marcher et qui, sans éclairer le sens de quoi que ce soit, a au moins l'avantage de prédire efficacement les résultats des jeux de hasard.

Eyquem a écrit:Contradiction ?


Disons que l'histoire de ce père de famille, c'est comme la parabole de Job - mais sans l'horizon théologique, la foi, qui donneraient un sens à ces épreuves. Ne reste qu'une absurdité nue.

mouais je sais pas trop, dans un sens la foi c'est un peu comme le fantastique.. l'absence de signe apparent ou de réponse divine pour le père n'a pas forcément grand chose à voir avec une liquidation pure et simple de la foi. Faut voir l'attitude, les "réponses" des rabbins.

contradiction peut-être parce que tu affirmes que l'effet recherché (même si il est selon toi de nature comique) de la fin avec le père joue sur le lien de cause à effet et quelques lignes plus loin tu affirmes que les Coen rejettent ce lien de cause à effet.

même si il est selon toi de nature comique

C'est l'ironie de la scène qui fait que ce n'est pas contradictoire : le lien faute/châtiment est suggéré et dénoncé en même temps (manière de dire que ce lien est une facilité de lecture, une interprétation arbitraire).

Eyquem a écrit:

même si il est selon toi de nature comique

C'est l'ironie de la scène qui fait que ce n'est pas contradictoire : le lien faute/châtiment est suggéré et dénoncé en même temps (manière de dire que ce lien est une facilité de lecture, une interprétation arbitraire).

je sais pas, cette scène m'a pas fait rire du tout perso..la lenteur de la scène, la musique, le zoom sur le personnage, je trouve au contraire que tout concourt à lui donner un caractère très sérieux.

donner un caractère très sérieux.

Hmmm... les Coen ne sont jamais très serious je crois

Eyquem a écrit:

donner un caractère très sérieux.

Hmmm... les Coen ne sont jamais très serious je crois

généralement non, en effet (ceci dit "No Country" n'était pas spécialement désopilant, il me semble, et leurs dernières grosses comédies ne m'ont pas fait rire non plus, mais c'est une une autre histoire), mais comme je le disais précédemment j'ai vraiment eu une impression de sérieux avec celui-ci. Je sais pas trop comment l'expliquer mais je dirais même qu'ici ce qui devrait pouvoir faire rire est à prendre en fin de compte au sérieux (je pense aux trois rabbins par exemple).

ceci dit "No Country" n'était pas spécialement désopilant

mais ça reste dans le domaine du grotesque. L'école des Coen, ça a été le film d'horreur à la Sam Raimi.

(dommage que je n'aie pas trouvé de meilleure capture de la tête de Bardem, dans cette scène)

Ce qui est "sérieux" dans No Country vient de Cormac McCarthy, un auteur qui manque pas mal d'humour.
Mais les Coen, j'ai du mal à les imaginer autrement qu'en train de ricaner sous cape. Ils ne croient pas à grand-chose - à part peut-être aux concours locaux de timbres poste.