" Outrage et rebellion"
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Re: " Outrage et rebellion"
Pas disponible parce que Joachim Gatti apparaît à l'image et refuse d'apparaître publiquement... C'est expliqué sur le site de Médiapart. Il y a juste un texte de Straub à la place du film.
Re: " Outrage et rebellion"
Largo a écrit:Pas disponible parce que Joachim Gatti apparaît à l'image et refuse d'apparaître publiquement... C'est expliqué sur le site de Médiapart. Il y a juste un texte de Straub à la place du film.
sérieux ?
Pour Outrage et Rebellion, Jean-Marie Straub a réalisé un film dont l'image principale est un plan de Cas par K, réalisation collective «autour du manifeste surréaliste ‘Nous n'irons pas à l'exposition coloniale', posant la question de l'accueil et de l'amour de la culture de l'autre comme rempart aux totalitarismes». Dans ce plan figure Joachim Gatti, qui souhaite que son image ne soit pas diffusée sur internet. Nous ne reproduisons donc ici que le texte du film de Jean-Marie Straub. La citation est tirée du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau. Jean-Marie Straub a effectué 19 prises de sa lecture.
Nicole Brenez
ah oui..
c'est comique.
Invité- Invité
Re: " Outrage et rebellion"
Intéressant, bien des choses à dire; très vite;il y a quelques textes de jlComolli sur cette idée que l'on puisse être propriétaire de son image; un des grands tourments de Rousseau était d'avoir été dépossédé de lui-même par tout ce qui se racontait à son propos...d'avoir donc était séparé de lui-même, un peu comme une image peut me séparer de moi-même...mais disons aussi que pendant longtemps (cf Rancière) a régné une espèce d'inégalité parmi les hommes, on a pu filmer, photographier certains sans jamais penser à leur demander leur avis...sans que jamais ils ne touchent le moindre sous sur ces images...suis-je propriétaire de mon image? suis-je jamais moi-même si je ne suis pas propriétaire...une image propre, ma propre image...est-ce que cela a un sens? Le refus de ce type fait donc partie du film, c'est pas comme si le film était interdit, c'est cela aussi le film, ce refus; espérons qu'il ne sera jamais montré, il serait alors plus grand conceptuellement...
Borges- Messages : 6044
Re: " Outrage et rebellion"
Borges a écrit:Intéressant, bien des choses à dire; très vite;il y a quelques textes de jlComolli sur cette idée que l'on puisse être propriétaire de son image; un des grands tourments de Rousseau était d'avoir été dépossédé de lui-même par tout ce qui se racontait à son propos...d'avoir donc était séparé de lui-même, un peu comme une image peut me séparer de moi-même...mais disons aussi que pendant longtemps (cf Rancière) a régné une espèce d'inégalité parmi les hommes, on a pu filmer, photographier certains sans jamais penser à leur demander leur avis...sans que jamais ils ne touchent le moindre sous sur ces images...suis-je propriétaire de mon image? suis-je jamais moi-même si je ne suis pas propriétaire...une image propre, ma propre image...est-ce que cela a un sens? Le refus de ce type fait donc partie du film, c'est pas comme si le film était interdit, c'est cela aussi le film, ce refus; espérons qu'il ne sera jamais montré, il serait alors plus grand conceptuellement...
oui, bien sûr, on pense aussi à Pasolini puisqu'il en est un peu question ailleurs sur le forum actuellement (séparé de lui-même, de la force de son travail par les projecteurs du Capital), mais il y a quelque chose qui me plait pas trop, qui me semble un peu ridicule, dans le procédé qui serait employé ici pour poser toutes ces questions.. cette façon de mettre le texte de Straub en ligne, sans les images, de pas avoir posé avant certaines conditions élémentaires, etc.
espérons qu'il ne sera jamais montré,
Tu as des doutes, pourtant on voit mal comment il pourrait être montré un jour ou l'autre.. ?
Invité- Invité
Re: " Outrage et rebellion"
Je ne dis pas que le mec a raison, de le faire (un peu le contraire même); je me dis juste qu'on peut interroger les présupposés qui peuvent commander cette volonté de maîtrise; être séparé de soi, aliéné dans sa vie, et ses oeuvres par le capital, c'est pas comme défendre son image, s'en vouloir propriétaire; lors de la discussion d'un documentaire qui lui était consacré Derrida dit en gros" ce type sur l'écran, c'est pas moi"; ce qui veut dire, je ne suis pas mon image, elle m'est pas propre...etc.
au fond, pas besoin de parler, il suffit d'apparaître en public, pour être dépossédé de soi, de son image... (cf L'Etre et le néant); et c'était le drame de rousseau, l'idée qu'il se faisait de lui-même ne se retrouvait jamais dans ce qu'on disait de lui, ce qu'on pensait de lui; on le trahissait toujours, on trahissait toujours son intériorité, d'où sa volonté de solitude, son refus du public, de la société...
c'est pas le problème, bien entendu; mais quelque chose d'analogue...
Le mec ne veut pas que son image soit diffusée sur le net; uniquement sur le Net?
GM qui je crois a vu le film de straub dit que c'est du "foutage de gueule", on ne peut mieux dire, histoire de gueule, comme dirait johnny...
quand le mec interdit cette image, veut-il nous dire qu'il se fout de sa gueule, que c'est pas elle qui compte, qu'il cherche pas la lumière....?
au fond, pas besoin de parler, il suffit d'apparaître en public, pour être dépossédé de soi, de son image... (cf L'Etre et le néant); et c'était le drame de rousseau, l'idée qu'il se faisait de lui-même ne se retrouvait jamais dans ce qu'on disait de lui, ce qu'on pensait de lui; on le trahissait toujours, on trahissait toujours son intériorité, d'où sa volonté de solitude, son refus du public, de la société...
c'est pas le problème, bien entendu; mais quelque chose d'analogue...
Le mec ne veut pas que son image soit diffusée sur le net; uniquement sur le Net?
GM qui je crois a vu le film de straub dit que c'est du "foutage de gueule", on ne peut mieux dire, histoire de gueule, comme dirait johnny...
quand le mec interdit cette image, veut-il nous dire qu'il se fout de sa gueule, que c'est pas elle qui compte, qu'il cherche pas la lumière....?
Borges- Messages : 6044
Re: " Outrage et rebellion"
JM a écrit:Pas réussi à voir non plus l'essai de Sylvain George..
Il était disponible toute la journée d'hier mais impossible de le voir aujourd'hui. Peut-être un simple bug.
Swoon- Messages : 6
Re: " Outrage et rebellion"
Swoon a écrit:JM a écrit:Pas réussi à voir non plus l'essai de Sylvain George..
Il était disponible toute la journée d'hier mais impossible de le voir aujourd'hui. Peut-être un simple bug.
merci pour l'info Swoon, j'ai essayé ce matin mais pas hier effectivement..
Invité- Invité
Re: " Outrage et rebellion"
Apparemment la suite des films n'est pas mise en ligne. Dommage, j'aurais bien aimé voir ce que pouvait donner l'essai de Hamé durant 4 secondes ...
Invité- Invité
Re: " Outrage et rebellion"
Je n'arrive plus du tout à voir quoi que ce soit non plus;..
DB- Messages : 1528
Re: " Outrage et rebellion"
Film d'Hamé dispo aussi :
http://www.mediapart.fr/content/la-disette-du-corbeau-version-courte
Et il fait plus de 3 min, lol.
(par contre ça rame pas mal. Vraiment de la merde leur site...)
http://www.mediapart.fr/content/la-disette-du-corbeau-version-courte
Et il fait plus de 3 min, lol.
(par contre ça rame pas mal. Vraiment de la merde leur site...)
Re: " Outrage et rebellion"
Largo a écrit:Film d'Hamé dispo aussi :
http://www.mediapart.fr/content/la-disette-du-corbeau-version-courte
Et il fait plus de 3 min, lol.
(par contre ça rame pas mal. Vraiment de la merde leur site...)
Never more...
A l'issue d'une course-poursuite de moins d'un kilomètre qui s'est déroulée mercredi 20 janvier 2010 vers 1 h 30, les jeunes fuyant la police sur le scooter avaient été projetés avec une extrême violence sur la chaussée après avoir effectué une embardée dans un virage. L'un d'entre eux, Malek Saouchi, 19 ans, de Woippy, est mort sur le coup, la boîte crânienne enfoncée. Les deux autres, Nabil Bouafia, 19 ans, de Metz, et Joshua Koch, 20 ans, de Woippy, ont été grièvement blessés.
Invité- Invité
Re: " Outrage et rebellion"
je ne sais plus où largo s'interrogeait sur l'âge d'or de la critique aux cahiers - je ne retrouve plus le passage sur le forum - alors je réponds ici.
Dans l'éditorial du numéro 11 des cahiers (1er anniversaire ) à propos de Jean George Auriol on peut lire : " Héritier, survivant de la grande époque de la fin du muet, c'est par lui que cet l'âge d'or de la pensée critique a passé la guerre."
Donc âge d'or = années 20.
Dans l'éditorial du numéro 11 des cahiers (1er anniversaire ) à propos de Jean George Auriol on peut lire : " Héritier, survivant de la grande époque de la fin du muet, c'est par lui que cet l'âge d'or de la pensée critique a passé la guerre."
Donc âge d'or = années 20.
Invité- Invité
Re: " Outrage et rebellion"
JM a écrit:Largo a écrit:Film d'Hamé dispo aussi :
http://www.mediapart.fr/content/la-disette-du-corbeau-version-courte
Et il fait plus de 3 min, lol.
(par contre ça rame pas mal. Vraiment de la merde leur site...)
Never more...A l'issue d'une course-poursuite de moins d'un kilomètre qui s'est déroulée mercredi 20 janvier 2010 vers 1 h 30, les jeunes fuyant la police sur le scooter avaient été projetés avec une extrême violence sur la chaussée après avoir effectué une embardée dans un virage. L'un d'entre eux, Malek Saouchi, 19 ans, de Woippy, est mort sur le coup, la boîte crânienne enfoncée. Les deux autres, Nabil Bouafia, 19 ans, de Metz, et Joshua Koch, 20 ans, de Woippy, ont été grièvement blessés.
Font vraiment chier Mediapart.
Dans cette nouvelle histoire que tu cites, ce qui m'a frappé c'est la description par les habitants de la police comme des cow-boys qui cherchent à en imposer à la population du haut de leurs 4x4, armés de gros flashballs... Ces images renvoient à un imaginaire typiquement étasunien. On ne sait plus s'il faut en rire (jaune) ou en pleurer.
Re: " Outrage et rebellion"
Ouais enfin les indiens qui roulent à trois sur un scooter volé, ça a aussi de quoi faire rire ou pleurer...
Invité- Invité
Re: " Outrage et rebellion"
http://blog.technart.fr/2010/01/27/outrage-rebellion-ecole-des-beaux-arts-de-paris-le-3-fevrier/
Cinéma et intervention
mercredi 3 février à 18h,
salle de conférences, Palais des études, escalier de droite, 1er étage
Beaux-arts de Paris l’école nationale supérieure / 14, rue Bonaparte 75272 Paris cedex 06 / http://www.beauxartsparis.fr / contacts : jany.lauga@ensba.fr, tél 01 47 03 54 58, fax 01 47 50 80 et martine.markovits@ensba.fr, pour la programmation video / tél. 01 47 03 50 45, fax 01 47 03 50 78
L’été 2009, plus de 40 auteurs (cinéastes, vidéastes, plasticiens, chanteurs) se sont mis au travail. Voici une sélection de leurs films, à destination des élèves de l’Ecole des Beaux-Arts.
Caroline Deruas, cinéaste, actrice, Exercice de double pensée, 5’30’’ – France
David Faroult, Maître de Conférences, cinéaste, Questions et hypothèses sur la répression 2009, 13’29’’ – France
Chaab Mahmoud, ouvrier de l’image, Communiqué de presse, 1’ – France
Guillaume Massart, vidéaste, critique, Pompéi (nouvelle collection), 4’50 – France
Marylène Negro, plasticienne, Répons, 3’20’’ – France
Jacques Perconte, photographe, plasticien, artiste numérique, Satyagraha, 5’12’’ – France
Francesca Solari, cinéaste, Oracolo, 3’ – Suisse
En présence de Nicole Brenez, Caroline Deruas, David Faroult, Chaab Mahmoud, Guillaume Massart, Marylène Negro, Jacques Perconte, Francesca Solari
GM- Messages : 95
Re: " Outrage et rebellion"
Colère - En réponse au projet "Outrage & Rébellion"
Le 8 Juillet 2009, à Montreuil, la police, armée de flashball, tire, à hauteur de visage, sur un groupe de manifestants rassemblés devant la Clinique, squat expulsé le matin même. Cinq camarades sont touchés. Suite à cela Nicole Brenez lance un appel (d’offres) à des cinéastes. Beaucoup parmi ceux qui figurent dans son carnet d’adresses y ont répondu mais personne, absolument personne, n’a cherché à nouer contact avec ceux à qui ces films sont adressés et censés rendre hommage. Histoire, par exemple, de se présenter, de faire connaissance, de se documenter.
Le cahier des charges de cet appel ressemblait à : « Un jeune cinéaste, Joachim Gatti, perd un œil à cause d’un tir de flashball à Montreuil ; à vos machines, il faut répondre par les moyens du cinéma ». C’est à cette injonction qu’ont répondu les auteurs de ces films. Or déjà l’énoncé de la commande était partiellement vrai. Les flics ne visaient pas un cinéaste, mais tous ceux qui étaient rassemblés devant la Clinique ce soir-là. Et, au delà, ils ont tiré sur les expérimentations politiques qui s’y menaient depuis des mois : occuper des maisons vides, lutter contre les arrestations de sans-papiers, tenir une permanence sociale, occuper des pôle-emploi et des CAF, organiser des concerts, faire un ciné-club et un magasin gratuit, une radio de rue les jours de marché, une cantine collective, écrire un journal mural chaque semaine, tisser des liens avec d’autres collectifs à Paris et dans d’autres villes...
Lorsque nous avons reçu la première moisson de films du projet « Outrage & Rébellion », nous nous sommes réunis dans une maison occupée à Montreuil pour les regarder. Beaucoup furent agités dans la nuit par ces quasi-horreurs.
Peu de cinéastes ont cherché à prendre position depuis l’événement. Quand on regarde ces films, ce qui apparaît au premier plan, ce sont les réalisateurs, leurs noms, leurs tics, leurs problèmes, leur stylistique, leurs compagnons, leurs appartements, leurs lubies, leurs banques d’images, leurs disques, leurs livres préférés et finalement leurs Curriculum Vitae en ligne sur Médiapart. Le sentiment qu’ici, on se donne à voir plus que l’on ne donne à voir.
L’accumulation fait sens et l’absence absolue de réflexion commune aussi. Ces films finissent par produire une réponse collective paradoxale : ce qui fait « collectif », c’est l’effet collection, l’effet exposition conduite par une commissaire. Ces objets mis bout à bout donnent à voir les dispositions stylistiques que nous sommes invités à choisir sur le grand marché des tendances culturelles.
Ici point de surprises, ces gestes cinématographiques s’inscrivent en rab sur l’événement et se distinguent soit par une plus value narcissique, soit par un surplus de jouissance, soit les deux. La plupart de ces objets sont dédicacés à Joachim puis signés par les auteurs avec un copyright. Ainsi, le caractère tristement public de ce qui s’est passé retourne, par le cinéma, dans la sphère du droit des usages et de la propriété. C’est aussi de pornographie qu’il s’agit : de l’exhibition de la toute puissance de la police - « Mon dieu, toute cette police costumée quand même, quelle horreur... » - à la turgescence ridicule d’un Georges Bataille lue par une jeune fille en fleur, le pas a été franchi ; honte sur eux.
Ce qui spécifie ces réponses, c’est qu’elles ne se tiennent même pas à la hauteur d’un compte rendu de paparazzi. Nous pourrions nous en réjouir, mais non. Chaque film présenté nous vend une salade vaguement formelle, vaguement politique, vaguement révoltée, plutôt compassionnelle, jusqu’au document interminable sur les difficultés de travail de la police racontées par un syndicat de gauche. La figure principale, récurrente jusqu’à la nausée, est la puissance de la police. Au fil des films la vacuité de sa détestation s’impose. Ce qui est sûr, c’est que le monde sensible qui s’exprime dans ces travaux n’est pas le nôtre. Pas tout à fait. Cela ne serait pas un problème si ces films pouvaient nous aider à penser. En réalité, ils ne font que nous rabattre sur les mêmes pauvres visions du réel qui déjà nous étouffaient et contre lesquelles nous essayons de lutter.
Que les choses soient claires : chacun est libre de répondre avec les outils qu’il se donne aux sirènes qu’il entend. Le problème c’est que tout cette « matière filmique », montée et accumulée, va à l’encontre de ce qui se cherche à Montreuil et ailleurs, jusqu’à le rendre absent.
Depuis quelques années, le capitalisme s’est fait remarquer par une disposition à coudre deux affects considérés jadis comme inconciliables : l’opportunisme et la sincérité. Ces travaux sont une des monstrations possibles de cet état de faits. Ils nous attristent et nous révoltent aussi pour cette raison.
Contact : circulez.voir@gmail.com
Le 8 Juillet 2009, à Montreuil, la police, armée de flashball, tire, à hauteur de visage, sur un groupe de manifestants rassemblés devant la Clinique, squat expulsé le matin même. Cinq camarades sont touchés. Suite à cela Nicole Brenez lance un appel (d’offres) à des cinéastes. Beaucoup parmi ceux qui figurent dans son carnet d’adresses y ont répondu mais personne, absolument personne, n’a cherché à nouer contact avec ceux à qui ces films sont adressés et censés rendre hommage. Histoire, par exemple, de se présenter, de faire connaissance, de se documenter.
Le cahier des charges de cet appel ressemblait à : « Un jeune cinéaste, Joachim Gatti, perd un œil à cause d’un tir de flashball à Montreuil ; à vos machines, il faut répondre par les moyens du cinéma ». C’est à cette injonction qu’ont répondu les auteurs de ces films. Or déjà l’énoncé de la commande était partiellement vrai. Les flics ne visaient pas un cinéaste, mais tous ceux qui étaient rassemblés devant la Clinique ce soir-là. Et, au delà, ils ont tiré sur les expérimentations politiques qui s’y menaient depuis des mois : occuper des maisons vides, lutter contre les arrestations de sans-papiers, tenir une permanence sociale, occuper des pôle-emploi et des CAF, organiser des concerts, faire un ciné-club et un magasin gratuit, une radio de rue les jours de marché, une cantine collective, écrire un journal mural chaque semaine, tisser des liens avec d’autres collectifs à Paris et dans d’autres villes...
Lorsque nous avons reçu la première moisson de films du projet « Outrage & Rébellion », nous nous sommes réunis dans une maison occupée à Montreuil pour les regarder. Beaucoup furent agités dans la nuit par ces quasi-horreurs.
Peu de cinéastes ont cherché à prendre position depuis l’événement. Quand on regarde ces films, ce qui apparaît au premier plan, ce sont les réalisateurs, leurs noms, leurs tics, leurs problèmes, leur stylistique, leurs compagnons, leurs appartements, leurs lubies, leurs banques d’images, leurs disques, leurs livres préférés et finalement leurs Curriculum Vitae en ligne sur Médiapart. Le sentiment qu’ici, on se donne à voir plus que l’on ne donne à voir.
L’accumulation fait sens et l’absence absolue de réflexion commune aussi. Ces films finissent par produire une réponse collective paradoxale : ce qui fait « collectif », c’est l’effet collection, l’effet exposition conduite par une commissaire. Ces objets mis bout à bout donnent à voir les dispositions stylistiques que nous sommes invités à choisir sur le grand marché des tendances culturelles.
Ici point de surprises, ces gestes cinématographiques s’inscrivent en rab sur l’événement et se distinguent soit par une plus value narcissique, soit par un surplus de jouissance, soit les deux. La plupart de ces objets sont dédicacés à Joachim puis signés par les auteurs avec un copyright. Ainsi, le caractère tristement public de ce qui s’est passé retourne, par le cinéma, dans la sphère du droit des usages et de la propriété. C’est aussi de pornographie qu’il s’agit : de l’exhibition de la toute puissance de la police - « Mon dieu, toute cette police costumée quand même, quelle horreur... » - à la turgescence ridicule d’un Georges Bataille lue par une jeune fille en fleur, le pas a été franchi ; honte sur eux.
Ce qui spécifie ces réponses, c’est qu’elles ne se tiennent même pas à la hauteur d’un compte rendu de paparazzi. Nous pourrions nous en réjouir, mais non. Chaque film présenté nous vend une salade vaguement formelle, vaguement politique, vaguement révoltée, plutôt compassionnelle, jusqu’au document interminable sur les difficultés de travail de la police racontées par un syndicat de gauche. La figure principale, récurrente jusqu’à la nausée, est la puissance de la police. Au fil des films la vacuité de sa détestation s’impose. Ce qui est sûr, c’est que le monde sensible qui s’exprime dans ces travaux n’est pas le nôtre. Pas tout à fait. Cela ne serait pas un problème si ces films pouvaient nous aider à penser. En réalité, ils ne font que nous rabattre sur les mêmes pauvres visions du réel qui déjà nous étouffaient et contre lesquelles nous essayons de lutter.
Que les choses soient claires : chacun est libre de répondre avec les outils qu’il se donne aux sirènes qu’il entend. Le problème c’est que tout cette « matière filmique », montée et accumulée, va à l’encontre de ce qui se cherche à Montreuil et ailleurs, jusqu’à le rendre absent.
Depuis quelques années, le capitalisme s’est fait remarquer par une disposition à coudre deux affects considérés jadis comme inconciliables : l’opportunisme et la sincérité. Ces travaux sont une des monstrations possibles de cet état de faits. Ils nous attristent et nous révoltent aussi pour cette raison.
Des spectateurs non réconciliés
(ceux à qui ces films rendent hommage)
(ceux à qui ces films rendent hommage)
Contact : circulez.voir@gmail.com
non réconciliés- Messages : 1
Re: " Outrage et rebellion"
je réfléchis depuis qq jours à une réponse, en plus de celle donnée oralement aux beaux-arts.
GM- Messages : 95
Re: " Outrage et rebellion"
j'imagine
Dernière édition par Karim le Mar 4 Mai 2010 - 9:32, édité 1 fois
^x^- Messages : 609
Re: " Outrage et rebellion"
ouais en même temps je suis étonné d'une telle réaction (je comprends déjà pas forcément d'où elle vient exactement) maintenant, comme la lettre le stipule il fallait pas s'attendre à grand chose d'autre que ce qui est proposé étant donné le mode de "recrutement" de cinéastes pour les dits essais, et l'énoncé est déjà à la base un peu bancal et sans doute volontairement vague... il doit y avoir des histoires de droit d'auteur, des trucs comme ça qui font que ça se tire aujourdhui dans les pattes pour une éventuelle publication ou diffusion, c'est plus ou moins sous entendu dans la lettre mais l'histoire des sujets qui divaguent me semble un prétexte fallatieux..
Invité- Invité
Re: " Outrage et rebellion"
Oui, je trouve aussi que cette lettre tape juste à plusieurs titres, et c'était un beau pavé dans la mare quand elle fut lue en préambule de la projection des films aux Beaux-Arts, le débat qui s'en est suivi n'était pas sans intérêt.
Après certaines choses méritent éclaircissement.
JM, tu es à côté de la plaque : aucun problème de droits, les films sont en accès libre et vont être mis en téléchargement complètement gratuit sur le site officiel d'O&R, c'est juste une question de temps vu que personne n'est payé dans l'affaire et que la personne responsable du site n'a pas un emploi du temps extensible à l'infini.
Après certaines choses méritent éclaircissement.
JM, tu es à côté de la plaque : aucun problème de droits, les films sont en accès libre et vont être mis en téléchargement complètement gratuit sur le site officiel d'O&R, c'est juste une question de temps vu que personne n'est payé dans l'affaire et que la personne responsable du site n'a pas un emploi du temps extensible à l'infini.
GM- Messages : 95
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