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Message par Invité Mar 25 Mai 2010 - 0:41

(à moins que l'introduction de l'article ne soit signée Renzi... Mais dans ce cas-là il faudrait le préciser)

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Message par Invité Mar 25 Mai 2010 - 8:35

salut,

c'est surtout la rhétorique du "bien" et du "mal" qui amuse...

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Message par Borges Mar 25 Mai 2010 - 10:17

oui, le bien d'un côté, le mal de l'autre; c'est la fameuse dialectique; bande d'idiots; des partages binaires dignes de je sais pas qui...bien entendu, il faut avoir des ennemis, mais de manière aussi primaire, c'est du grotesque...c'est presque la traduction dans le champ de la critique de ce qui se vit en france, qui est et qui n'est pas dans les valeurs; françaises; d'un côté, de l'autre; c'est d'ailleurs avec ce partage que se termine la débilité faite en 4 heures, ou plus, de eugénie : qu'est-ce que c'est qu'être français; la france à l'honneur; bien entendu, une france-us; avec comme modèle cimino (on se souvient que daney dans un premier temps avait trouvé le film puant; qu'est-ce qui passe de cette puanteur dans le film de beauvois?) et redacted, deux approches de "l'autre"...

il faudrait voir le traitement dialectique de deux films celui de beauvois et celui de bouchareb..., deux massacres, deux films...

"dialectique" le mot à la mode chez les critiques simple en esprit, bête, comme si il n'y a pas eu les pensées de la différence, de la répétition, de la différance, après, des critiques du modèle dialectique...encore un retour de la bêtise...


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Message par Borges Mar 25 Mai 2010 - 10:19

JM a écrit:salut,

c'est surtout la rhétorique du "bien" et du "mal" qui amuse...






et le clou
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Message par Borges Mer 2 Juin 2010 - 12:53

"Lettres à un jeune poète".

lol lol lol


comparer les incomparables


jerzy pericolosospore a écrit:


Je change fort peu d'avis sur les films que j'aime, par exemple, parce que je réfléchis suffisamment à ce qui m'a affecté, au cadre dans lequel je les ai reçu et travaillé, avant de me prononcer, dans un horizon jamais spontanéiste mais perspectiviste.

Cela implique d'une certaine manière que je renonce, dans l'expérience de vision, au mythe de la "saisie absolue", non médiatisée, inconditionnée, de l'événement de vision intransitif, d'un état de réception pur, anhistorique.

oui, c'est marrant des contradictions aussi gigantesques; tout cela devrait précisément entraîner un changement d'avis (sans oublier que l'avis est par définition ce qui change, comme l'affect, qui diminue et augmente, selon les capacités à être affecté, et les capacités affectantes de la chose...); on renonce à la réception pure anhistorique, pour être dans la perspective, mais en même temps l'avis ne change pas, comme si le cadre de réception et de perspective ne changeait pas, et donc le film qui n'est qu'un effet des modifications des horizons... comme si le sujet affecté lui-même restait identique...etc...(bien entendu, c'est là que commence la vraie réflexion, "le même", du film, du spectateur, noème, noèse, donation de l'étant dans le retrait de l'être, combat du monde et de la terre, potentialité de l'oeuvre (au sens de la puissance de sens se faisant... sans quoi l'être esthétique ne serait pas dans un devenir, dans des métamorphoses...)
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Message par Eyquem Mer 2 Juin 2010 - 17:44

lol lol lol


comparer les incomparables
ah t'es énervant, j'te jure. Je comparais pas Jerzy et Rilke, tu le sais bien.
J'aime lire Jerzy, c'était ma façon de le dire. Il écrit pour être lu, je lui faisais juste un signe pour dire : "message reçu". Il pointe ce qui va ou ce qui va pas (enfin, plutôt ce qui va pas) : c'est son côté pédagogue. Des fois, c'est trash, mais j'essaie de faire la part des choses et j'en tire toujours quelque chose d'utile - ou même d'inutile, mais que je conserve quand même, parce que ça me touche.
Voilà ce que je mettais là-dessous. Ni plus ni moins.

oui, c'est marrant des contradictions aussi gigantesques...
Je crois me souvenir qu'il en avait parlé, en termes de "plasticité", de cette nécessité de remettre le "lot primitif" sur le feu, histoire qu'il ne se fige pas.
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Message par Borges Jeu 3 Juin 2010 - 8:52

ah mais j'te jure que je préfère être énervant que raconter n'importe quoi;

pédagogue : lol lol lol

mais qui est donc l'enfant à mener par le bout du nez dans cette histoire?



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Message par Borges Jeu 3 Juin 2010 - 8:55

Eyquem a écrit:

oui, c'est marrant des contradictions aussi gigantesques...
Je crois me souvenir qu'il en avait parlé, en termes de "plasticité", de cette nécessité de remettre le "lot primitif" sur le feu, histoire qu'il ne se fige pas.

que vient faire ici la plasticité, ou le "lot primitif"... ? quel rapport avec ce que je dis, le passage cité?
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Message par Largo Jeu 24 Juin 2010 - 12:41

Un petit texte pour la reprise d'A bout de souffle que j'aime bien :


À bout de souffle revient comme s’il ne nous avait jamais quitté. Paris a vieilli. Lui n’a pas changé. Quel est donc ce drôle d’air qui flotte autour de nous ? Est-ce Paris qui refleurit, au seuil de l’été ? Mais au fait, pour tout ceux qui vont le voir pour la première fois, c’est quoi, À bout de souffle ?


C’est une histoire qui commence à Marseille, passe par Orly et se termine à Paris, rue Campagne-Première.

C’est l’histoire d’un type qui passe d’une bagnole à l’autre et finit sa course à pied. C’est l’histoire d’une fille qui passe d’une robe à l’autre mais garde sa coupe de cheveux jusqu’au bout.

C’est un polar qui se transforme en film sentimental puis redevient polar. C’est un film sentimental qui se fait trouer par le polar.

C’est Le Grand Sommeil + Les Amants de la nuit. C’est comme une nouvelle de Dino Buzzati revue et corrigée par Raymond Chandler.

C’est l’histoire d’un type qui s’embarque dans une sale affaire, puis l’oublie pour se balader dans Paris. C’est l’histoire d’une fille qui se balade dans Paris et se retrouve embarquée dans une sale affaire.

C’est l’histoire d’un type qui se démène pour récupérer un gros paquet de fric et comprend, une fois qu’il le tient entre ses mains, que ce fric n’a aucune valeur. C’est l’histoire d’une fille qui tient la vie d’un homme entre ses mains et comprend que, pour sa carrière, la vie de cet homme n’a aucune valeur.

C’est l’histoire d’un type qui conduit une bagnole et dit : « Il ne faut jamais freiner. »

C’est l’histoire d’une Américaine qui vit dans un film français. C’est l’histoire d’un Français qui vit dans un film américain. C’est une histoire possible des rapports entre la France et les États-Unis. C’est l’histoire d’une fille et d’un type qui, dans la même ville, dans la même rue, dans le même lit, quoi qu’il arrive, sont toujours séparés par l’Océan Atlantique.

C’est une histoire d’amour entre une indécise et un type déterminé.

C’est l’histoire d’un type qui, dès qu’il s’arrête de courir, meurt.

C’est l’histoire d’un type mobile qui aime une fille stable.

C’est l’histoire d’un type qui choisit d’attendre alors que tout le pousse à agir.

C’est l’histoire d’un type recherché par les flics pour avoir buté l’un d’entre eux. C’est l’histoire de la vitesse du monde, des filles qui s’y adaptent et des garçons qui ne s’y adapteront jamais.

C’est une histoire qui se passe à Paris, avec ses avenues qui tremblent, ses places qui sautent, ses petites rues sans fin, ses passages secrets et ses appartements poudrés de lumière.

C’est l’histoire d’un type qui ponctue les moments cruciaux de sa vie par un petit aller-retour de son pouce sur ses lèvres.

C’est l’histoire d’un type qui se fourre dans la gueule du loup et d’une fille qui ouvre la bouche.

C’est une histoire pleine de types louches, de bandits, de trafiquants, de flingues, de voitures volées, de filatures, de cadavres, de jazz, de costards et de petites pépées.

C’est l’histoire d’un type qui a décidé qu’il ne coucherait qu’avec une seule fille et d’une fille qui a décidé qu’elle ne se refuserait qu’à un seul type.

C’est une histoire d’amour entre Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo.

C’est l’histoire d’un type qui veut partir à Rome et d’une fille qui veut rester à Paris.

C’est une histoire où la violence surgit sans crier gare. C’est l’histoire d’un type conséquent : il meurt de ce par quoi il a vécu.

C’est l’histoire d’un type qui n’aime pas la musique, sauf le Concerto pour clarinette de Mozart.

C’est l’histoire d’un type qui devient célèbre au moment où sa condition requiert l’anonymat le plus complet.

C’est l’histoire de toutes les filles qu’on ne comprend pas parce qu’elles parlent une langue étrangère.

C’est l’histoire d’un type qui a la tête dans les nuages et d’une fille qui garde les pieds sur terre.

C’est l’histoire d’un type qui pique du fric à tout le monde mais refuse qu’on lui en donne. C’est l’histoire d’un meurtrier avec une morale, puisqu’il sait dire : « Ceci est dégueulasse. »

C’est une histoire drôle avec une vraie chute à la fin.

C’est tout sauf une histoire. C’est une série noire. C’est une série B. C’est une question de vie ou de mort. C’est le cinéma qui sort de ses gonds. C’est Paris, 1959. C’est Michel Poiccard. C’est Jean-Luc Godard.

Mathieu Macheret

http://www.critikat.com/A-bout-de-souffle.html
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Message par Largo Jeu 24 Juin 2010 - 14:43

Burdeau's back :


l’absence, la critique

dits et écrans, vol. 3
par Emmanuel Burdeau

Quel est ce lien entre les films et les discours qui les escortent  ? Quelles idées du cinéma s’y élaborent ou s’y perpétuent  ? Reposer ces questions aujourd’hui, tel est l’enjeu de ce feuilleton, consacré cette fois à la critique. Décrire la façon dont elle continue de s’exercer, dire ses lieux, ses techniques et ses mythologies, c’est en appeler à une autre critique, en phase avec les nouvelles conditions de l’accès et du regard sur les films.

Dits et écrans  : ce feuilleton aimerait en tracer le cercle. Tracer le cercle qui lie manières de voir, manières de montrer, manières de faire, manières de dire, manières d’écrire. Expliquer comment ces manières renvoient les unes aux autres.

Jusque-là nous avons abordé les choses d’un certain côté — le côté des cinéastes, le côté des exploitants. Prenons maintenant les choses de «  notre  » côté — le côté de la critique. Et demandons-nous pour commencer pourquoi la critique française est aussi encline à la sophistication qu’elle se révèle taiseuse dès lors qu’il s’agit de se décrire. Les organisateurs de tables rondes sur le sujet en savent quelque chose. S’ils ne déclinent pas tout bonnement l’invitation, les critiques y expliqueront qu’ils estiment faire fonction de guide pour le spectateur, et s’en tiendront là. La modestie les honorerait si elle était, disons, moins commode.

Il y a de nombreuses raisons à ce laconisme, en tête desquelles la réticence à augmenter d’un degré supplémentaire une parole déjà censément seconde… Même Serge Daney avançait prudemment  : sa vie durant il n’aura, confia-t-il les dernières années, que travaillé et écrit en dilettante. À ma connaissance, il n’existe qu’un seul exemple de critiques décrivant vraiment leur travail. Je veux parler de Manny Farber et de sa compagne Patricia Patterson dans l’entretien reproduit à la fin du recueil Espace négatif (P.O.L). Combien de visionnages, combien de temps pour écrire un article (parfois plusieurs semaines), quand et pourquoi ils décidèrent de ne plus rencontrer les cinéastes, les phases de réécriture, les feuillets collés, aboutés, lui à la machine à écrire et elle debout, arpentant la pièce… Fallait-il que Farber eût été charpentier et journaliste sportif avant de devenir peintre puis critique, pour être également le seul à donner accès à son atelier  ?

La profession susciterait moins de mépris et moins de fantasmes si elle était moins opaque. Sans doute aussi parlerait-elle alors mieux des films, les ferait-elle mieux voir. Tous, alors, parleraient et verraient un peu mieux  : l’ignorance où la critique aime à se tenir est à l’évidence un aspect de la crise dans l’articulation des regards, des paroles et des textes au cœur de ce feuilleton. Il n’est pas étonnant, par exemple, qu’on ait tellement de mal à imposer l’idée que l’accompagnement d’un film par un cinéaste soit un travail si ceux pour qui parler du cinéma constitue, sans équivoque possible, le travail, rechignent eux-mêmes à l’aborder comme tel. Bien des critiques vous parleront passion du cinéma, éblouissements d’enfance, rapport à leur hiérarchie, popote et servitudes du journalisme mais tairont le reste, à quoi ceci devrait logiquement conduire.

Ce reste, essayons d’en parler. Partons de la situation la plus simple et la plus commune, la projection de presse. Il y a les journalistes qui consultent le dossier de presse en attendant que ça commence, et ceux qui s’abstiennent. Ceux qui prennent des notes pendant la projection. Ceux qui s’attardent après le film pour bavarder sur le trottoir avec les collègues. Il y a les dadames à chiens, les vieux routards ricanants, les jeunes intimidés… Cela fait pas mal de cas, pas mal de façons de faire. Mais la variété de ces dispositions — autant de façons de régler sa distance au film — laisse inentamée une conviction  : l’écriture critique a une scène, et cette scène — à la fois réelle et imaginaire — est le moment vécu d’une projection.

Écrire est alors recueillir une trace, enlever des phrases sur un double fond de mémoire et d’oubli. Le film continue d’avoir lieu, si l’on veut  ; pour la plupart des spectateurs il n’a d’ailleurs même pas encore eu lieu au moment où paraissent les articles. Mais pour la critique il s’est passé, il a eu lieu. Il n’est plus là, il faut le faire revenir. Ce que relate une critique dans un journal ou un magazine est donc moins une œuvre qu’une circonstance, moins une œuvre qu’une expérience.

Sans doute comprend-on mieux, alors, le style impressionniste-lyrique pratiqué par la plupart des critiques, et pourquoi ils ont tendance à prêter aux films des soubresauts qui en vérité ne leur appartiennent que marginalement. Ils appartiennent plutôt, ces soubresauts, d’une part à l’expérience profondément lacunaire de la projection, et d’autre part à l’espèce de dramatisation outrée à laquelle invitent les urgences de l’actualité. De là bien des malentendus  : on les imagine nombreux, chaque semaine, les lecteurs à bâiller des yeux devant un film mou, plat ou simplement sage, que la chronique lui a pourtant présenté dans les termes d’une déflagration.Qu’est-il exactement, ce cinéma qui vibre, ce diamant  ? Que désigne en premier le mot  ? L’art, le lieu, l’expérience  ? Les trois à la fois  ? Le cinéma ne survient-il qu’en des occasions choisies, ou dès que s’éteint la lumière  ? Davantage que les critiques, ce sont les idéologues déjà évoqués (Vacarme 51) qui devraient répondre. Ils n’en feront rien. Leur pouvoir procède en effet d’un retrait  : la distribution entre le général et le particulier, la puissance et l’acte du cinéma, eux seuls s’estiment aptes à la comprendre, à la régler. Ils n’ont donc aucune envie de rendre claire la possible distinction entre l’art, le lieu et l’expérience cinématographiques  : cela doit rester dans le vague. Cela doit rester une énigme. Par exemple, pourquoi s’ennuyer à penser les croisements entre grand et petit écran quand on peut subjuguer les esprits en les opposant terme à terme  ?

Prenons maintenant une autre situation, l’intervention en salle d’un critique sur un film. C’est un domaine sur lequel la science dispose d’encore moins de données. Il y a pourtant là aussi beaucoup de manières de procéder. Certains ne disent rien ou presque avant la projection, d’autres donnent tout d’emblée. Certains revoient le film, d’autres préfèrent aller se taper la cloche aux frais de la princesse. Parmi ceux-là, certains ont revu le film en DVD, d’autres estiment suffisamment le connaître pour s’en passer. Certains parlent seuls, d’autres s’appuient surtout sur des échanges avec la salle.

Du coup, on s’interroge. Comment peut-on à la fois faire de la projection la scène fantasmatique, le (non)-lieu de l’écriture et ne pas s’appuyer sur elle quand la possibilité est offerte de s’exprimer devant une salle  ? Je veux dire  : comment osez-vous dîner pendant un film  ? En vérité nous ne le savons que trop bien  : les dîneurs sont ceux dont l’épisode précédent disait que pour eux, être généreux signifie rester général, parler du cinéma, du cinéma, du cinéma. Ces bons vivants peuvent bien reprendre du dessert, ils ne sont pas venus parler d’un film, ils sont venus incarner un dogme. Rien à voir. Mais toi, public, comment peux-tu tolérer ça  ? Comment peux-tu ne pas réclamer que l’intervenant se penche sur des scènes, des moments, des détails  ? Qu’il travaille  ? Mystère. Peut-être y aura-t-il un jour des émeutes dans les salles.

Tout intervenant, à vrai dire, est un chanceux  : il a le privilège de pouvoir éprouver la division en direct. Chaque phrase qu’il prononce s’adresse en effet au film et à sa circonstance encore toute proche  ; à lui-même comme spectateur et à la salle  ; à toute la salle et à chaque spectateur pris séparément. S’il est en forme, il réussira à faire sentir la modulation entre ces différents modes d’adresse. Bonheur dont il serait folie de se priver.

Ce que je viens de décrire se croit sain et sauf  : conditions immuables d’une pratique immuable. À tort, deux fois à tort. D’une part ce théâtre critique fut institué en un temps, bien particulier, où la difficulté d’accessibilité des films justifiait qu’on en parlât comme d’événements qui pourraient ne pas se reproduire. Choses connues. Je veux parler des premières filmographies, constituées par des pionniers nommés Patrick Brion ou Bernard Eisenschitz, dans le noir et la feuille sur les genoux… Je veux parler de la mystique de l’absence, que pendant les années 1950 Godard et d’autres poussèrent jusqu’à déclarer suprême la beauté des films perdus, détruits ou jamais réalisés  : tous ceux qu’ils ne verraient jamais, ou que l’humanité découvrirait quand elle serait prête (formule d’Henri Langlois, citée de mémoire). Je veux parler encore de l’assomption bazinienne du réalisme comme art de l’instant privilégié, laquelle eût été moins aisément possible si lui avait manqué ce défaut logistique  : il était logique, sinon obligé, que la rareté des miracles dont on voulut alors réputer capable le cinéma répondit à une autre rareté — certes bien moindre —, celle de ses occurrences matérielles.

Note pour plus tard. Il serait intéressant de réfléchir à la contradiction selon laquelle, à un certain moment, il a fallu défendre l’art de masse par excellence comme une expérience à bien des égards unique, non répétable. Je n’ignore pas que dans son fameux texte sur les films de taureaux, Morts tous les après-midi, Bazin fait justement de la répétition de l’unique — la mort de la bête — le propre du cinéma. Cela n’empêche pas que demeure un paradoxe entre l’exception de l’épiphanie réaliste et la règle des foules présentes dans les salles. Il faudrait en somme donner une suite à la géniale Ciné-démographie de Daney. Après qu’il a pensé l’histoire du cinéma selon les évolutions isomorphes des populations sur l’écran et dans les salles, la penser en termes de rythmes, d’advenues (sur l’écran et dans les salles, à nouveau).

Choses moins connues, aussi. Dans le fameux tableau aux étoiles des Cahiers, l’ancien label «  à voir absolument (si possible)  » ne correspondait que secondairement à la note maximale. «  (si possible)  » signifiait d’abord «  si vous pouvez  », «  si ce film est distribué près de chez vous  ». De même, la défense skoreckienne d’un certain n’importe quoi télévisuel n’est que la tentative — toute kamikaze — de retrouver, ou de reconstruire, des conditions de réception des images selon lui assez sauvages pour permettre à celles-ci d’échapper à la capture du commentaire. Protéger l’impermanence du cinéma contre la permanence indue de la phrase – attendu que seule la première est un art – est le moteur de tous ses textes, et l’objet de Contre la nouvelle cinéphilie [1], dont il est préoccupant qu’il n’ait guère vieilli trente ans après.

D’autre part, ce temps n’est plus. Les attachés de presse mettent de plus en plus souvent des DVDs à disposition des critiques, surtout pour les films fragiles, mal distribués. Les mêmes DVDs, et avec eux le téléchargement, ont bouleversé un exercice qui tint longtemps de l’exploit, la rédaction d’un article monographique sur un cinéaste au moment de la sortie de son nouveau film. Il y a encore dix ans, la fragilité de l’analyse pouvait être contrebalancée par l’effort de rafraîchir les mémoires. Le temps de l’écriture et le temps de l’œuvre étaient nettement séparés. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Qu’importe l’importance de ces modifications logistiques, rien n’y fait  : l’absence peut bien s’absenter, sa mythologie résiste. En effet, l’un des plus tenaces impensés critiques demeure la peur du film, tout simplement, la crainte qu’à trop s’en approcher vous risquiez d’en perdre le goût pour n’en avoir plus que la connaissance  : définitive, dépassionnée. Morte. Quiconque connaît l’imprécision de la plupart des articles esquissera ici un sourire. Tant pis, l’ennemi de la profession reste celui dont l’amour inconditionnel — donc irraisonné — du cinéma ne suinte pas à chaque phrase, le traître à sa condition première de spectateur.

Pensons encore à ce qui arrive depuis une dizaine d’années avec les séries télé. La passion qu’elles suscitent n’est pas séparable d’une modification dans les conditions de regard. Mieux encore que modification  : un brouillage des pistes. Les séries sont des objets télévisuels vus le plus souvent hors des conditions de la télé  : téléchargement, achat, location ou prêt de DVD. The Wire n’eut aucun succès lors de la diffusion de sa première saison sur France 2. C’est le DVD, c’est le téléchargement, c’est le bouche-à-oreilles qui ont patiemment fait sa gloire. Rencontré à Baltimore un jour de septembre 2008, David Simon, son créateur, racontait que la série eut peu d’audience sur la chaîne — payante, câblée — HBO, mais qu’elle en eut davantage en VOD, et encore davantage en DVD.

Mais enfin, que voulons-nous  ? Des articles qui diraient expressément de quoi ils sont faits, s’ils s’appuient sur une séance en salle, un DVD, une, deux ou trois visions  ? Une critique qui prendrait acte que l’événement de la séance n’est plus central pour s’adapter aux nouvelles conditions de regard  ? Sans doute. C’est aussi beaucoup plus simple. Ce que nous voulons, c’est d’une part une critique sans alibi, ou dont l’expérience ne soit plus la seule loi — ou absence de loi, puisqu’on a vu qu’elle justifie tous les effets, tous les maniérismes, toutes les errances.

Et d’autre part, s’il faut absolument que le rythme critique réponde à un rythme du cinéma — un certain battement de présence et d’absence —, ce que nous voulons, aujourd’hui, ce qui nous semble nécessaire est bien loin de ce qu’enseigne l’air du temps. Non pas une critique qui s’enlève sur fond d’intermittence ou de rareté du cinéma. Tout sauf le cocktail habituel d’impressionnisme et de mystique. Une critique, au contraire, qui s’accorde au fait actuel du cinéma. Quel est ce fait  ? Son omniprésence. Dans nos salles, dans nos salons. Dans nos galeries, dans nos musées. Dans nos têtes, dans nos mains. Dans nos essais, dans nos romans. À suivre.

Emmanuel Burdeau est critique de cinéma. Il a été, jusqu’en 2009, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma.

[1] La majeure partie de ce texte, initialement paru dans le numéro 293 des Cahiers du cinéma (oct.1978), a été rééditée dans Vacarme 4-5 (sept-nov.1997).

http://www.vacarme.org/article1928.html
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Message par Invité Jeu 24 Juin 2010 - 16:54

Emmanuel Burdeau est critique de cinéma. Il a été, jusqu’en 2009, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma.

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Message par Borges Mer 6 Oct 2010 - 21:05

il y a des forumeurs, blogers qui sont des sources inépuisables de joie pour la pensée :


Tony le Mort a écrit:Depuis les années 1930 99.99 % des films c'est l'histoire d'un type qui essaye de s'intégrer et échoue: "THX1138", "Somewhere in the Night, "le Petit Soldat", "Solaris"; "Roberto Succo" tout ça me passe par la tête . La seule exception c'est "les 10 Commandements"

autrement dit c'est pas la faute au modèle français, l'échec de l'intégration;

notons

depuis les années 1930
99.99%
et puis "LA SEULE EXCEPTION", c'est "les 10 commandements"



ailleurs, à propos des "moissons du ciel :
"je ne me souviens plus du film sauf qu'il y a des criquets, du colza à perte de vue, Richard Gere et un incendie et une superbe photographie ce qui pour un film de 3h est inquiétant"


pas une minute de plus : 3 heures



des criquets, du colza, Richard Gere, un incendie, une superbe photographie, pour un film de 3h c'est inquiétant, je dis pas le contraire, mais pour un film moins long, je ne crois pas que ça le soit...

bien entendu, il pourra toujours dire qu'il s'est beaucoup ennuyé et qu'Einstein avait raison;
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Message par Borges Jeu 7 Oct 2010 - 16:28

S’il se passe rien sur les spectres (ça me désespère) : ailleurs ça peut être plus vivant, je me disais;


-Z : comme d’ordinaire, il fait de la théorie, et insulte, en donnant des liens ; quel intérêt, on sait pas ; mais bon, y a de la vie, et de la passion (feinte, évidemment) ; son truc sur le fétichisme et bresson, cavalier... vous pouvez rien en dire... il se contente de mettre des mots les uns à la suite des autres ; comme il sait rien des trois, et n’en dit rien, on croit que c’est profond ; « fétichisme » le seul usage du terme vous rend ringard ;

-L’ami Pierre Léon, dont l’intérêt des messages se révèle avec le temps, (je plaisante pas ; mais bon ça doit décourager être si seul sur son blog) semble avoir disparu ; après avoir découvert Parménide grâce à Dreyer, l’être est ; au fond, il a raison ;



-Les enculturés parlent pour ne rien dire, se posent donc des questions existentielles esthétiques «tu irais toi chez sakozy s’il t’invitait ?» ; les uns disent oui, les autres jamais de la vie, les autres agnostiques se disent qu’on ne sait jamais comment on va se conduire si le cas se présentait ; on appelle ça de la prudence sur les jugements relatifs au futur ; cette discussion a un sens fort politique existentielle ; est-ce que je parlerais si j'étais torturé ; les uns disaient non, les autres oui, les troisième ne savaient pas...



- sur le club skorecki (depuis plusieurs siècles que j'y suis pas passé) y a un truc sur mad men (c'est tout bête, sauf le sujet, la série elle-même)

je vais en parler ailleurs ;

(enfin j'espère)



- frodon : parle de tas de choses, c'est très sérieux son blog ; il est toujours pas revenu de la guerre et tout ça ; j'ai parcouru ; il trouve que L'homme au bain c'est la "proposition la plus réjouissante" du moment ; je sais pas de quelle proposition il parle, ce que ce garçon (c'est comme ça qu'il surnomme Christophe) lui a proposé et qui l'a réjoui ;

"proposition"

il faudra se pencher sur les usages de ce mot (merde j'ai le temps pour rien ; si peu de temps que je m'intéresse à des âneries de jmf, et compagnie ; pas un pour rattraper les autres)

christophe, ce garçon a fait une trilogie parisienne, et prend en charge "l'histoire moderne du cinéma" : Truffaut, Demy, Rohmer, Eustache

"des gens très différents entre eux, quoiqu’en disent les paresseux."
mais pour l'essentiel assez identiques : tous morts (un doute ; demy est mort ?)

j'ai pas continué, pas eu le courage ;






blogs  forums  sites  revues le reste - Page 6 B0dd8dc4ac8d


la proposition réjouissante ?

elle fait pas trop plaisir au mec ; il semble





- independencia, c'est pas mieux, même s'ils aiment pas les propositions réjouissantes du garçon christophe ; ils aiment le nu ; chez eux, on est accueilli par un "ange" ; comme disent les amateur de gvs ; ils aiment pas les amours imaginaires (dolan ou nolan ?) ni le porno soft de classe (honoré) ; leur passion, c'est la passion, catholique, les espérances à la sarkozy, les moines (français) du haut atlas ; je vous assure ; alors nolan, il a 3.6, et le garçon à la trilogie parisienne je sais pas ; mais c'est aussi une note pas terrible ; des deux articles (pas renzi, ni macé ; des plus idiots encore ; oui c'est possible)

comparez des photos de honoré, beauvois et dolan ;





blogs  forums  sites  revues le reste - Page 6 19423697

un androgyne, non ? un ange ; on comprend la raison de la photo ; encore de la religion ;

l'article de Camille Brunel (un garçon), Noémie Luciani (une fille), ne vaut rien, mais ils l'ont daté (6 octobre 2010) ; on sait jamais ça fera peut-être date dans l'histoire de la connerie ; c'est aussi camille qui a écrit sur l'honoré, je crois ; et il dit la même chose : il aime pas les bourges de gauche, ceux de droite oui (rohmer, rossellini, beauvois...) il ne nous dit pas pq ? il dit que c'est des bobos : c'est censé être une critique ; c'est le truc que disent les gars de droite quand ils s'adressent au peuple pour lui dire que la gauche elle est pas sincère, occupée à sont sort ; elle passe son temps à bouffer du caviar (la gauche caviar) ; on pense à le pen, bien entendu...







y a aussi des bobos bien au burkina fasso





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c'est pas à eux que pensent les indépendants ; pour ceux qui savent pas le bobo, c'est le bourgeois qui se la joue bohémien

le terme a été "inventé", je crois par le nazi (enfin j'exagère, mais pas trop) David Brooks



" Les Bobos sauvent les vieux théâtres, les vieux quartiers, les vieille usines et les vieux entrepôts (...). Ils évoqueront la nécessité de préserver l'identité locale, de lutter contre l'étalement tentaculaire des villes, de combattre la croissance sauvage. Ils mettront en avant la "viabilité" et la "qualité de vie""


notons que le texte qui dénonce les bobos est un texte assez bobo ; voyez le style, c'est pas le style d'un vrai bohémien ; autrement dit le style juge



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Message par Borges Ven 8 Oct 2010 - 11:47

alors que tout le monde continue à nous assommer avec le terme débile "postmoderne" pour désigner le travail de tarantino (même les spectres qui brillent pourtant par leur volonté d'échapper aux lieux communs), un type du new yorker parle de "pop-scholastic"; je trouve brillante cette expression; qu'on se souvienne du début de son premier film, cette conversation sur la nature de la madone, sa virginité etc; dans un texte, dont je ne sais plus si je l'ai posté sur le forum des cahiers, j'avais comparé cette discussion à un séminaire, au sens médiéval du mot, un séminaire "catholique" perverti et blasphématoire, revu par les cultural studies; une fois de plus, je pense avoir été plus que lumineux;


donc, qu'on laisse tomber, l'expression idiote "postmoderne" pour "pop-scholastique"

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Message par Borges Ven 8 Oct 2010 - 19:36

Je ne sais pas si vous connaissez Blackbook (non rien à voir avec le film de V; même s'ils adorent ses films); c’est une revue de culture progressive. C’est sophistiqué, c’est intelligent, c’est diablement visuel. Ca causse brillamment, d’art, de cinéma, de musique, de mode, de politique, des styles de vie ; et ça fait honte au « mainstream. ».

Mise en page glorieuse ; des magnifiques photos, sublimes plus que sublimes (rien à voir avec les trucs de zohiloff, je vous assure ; pas un seul roms dans toute cette revue, même s’il y a une espèce de reportage photo d’un mec habillé comme un berger d’un pays de l’est ; les fringues sont bien, le mec aussi, mais ça n’empêche que la photo donne le sentiment d’un berger ; bon, ça c’est l’effet tulpan)

Question pensée, pour leurs entretiens, ils mettent en exergue, dans le coin droit supérieur des pages, les slogans aphorismes de l’interviewé…

Dans le numéro d’octobre , c’est pas le meilleur, j’en parle pour coller à l’actualité : il y a en couverture christina ricci (vous connaissez ?) et à l’intérieur : des tas de photos (la fille est jolie et les photos aussi ; même sans elles, elles auraient été jolies), et surtout un article, de nick haramis (je connais pas, pas trouvé de page wikipédia, mais il a une compte twitter).


L’article commence avec une phrase digne de la plus belle des nouvelles américaines,: « my obsession with christina Ricci strarted well over a decade ago » ; c’est une phrase banale, et pourtant, vous n’y pouvez rien : Aucun français ne peut écrire ça , aucun ; je dis français, mais je pourrais aussi bien dire aucun allemand, aucun italien, aucun kazakh (pas même dvortsevoy)…




L’article sur cette fille met en exergue deux aphorismes :

« My brain had basically become my biggest tormentor. I’d become afraid of my self ».

Si j’avais le temps de consulter mon ulysses, vous verriez à quel point ça touche à la pure beauté pensante de joyce ;

Ou alors : i moved to L.A. so that I’d stop acting like a crazy maniac.

Voilà, tout est dit ; la classe.

Je sais pas qui est cette fille ; si c’est une actrice, un top modèle, juste une fille ordinaire très jolie en plus ( oui IQI, paris n’est plus ce qu’il était en matière de très jolies filles) mais elle pense (pas à moi ni à vous dirait godard, pas non plus au monde, juste à elle-même ; c’est ça qui est bien ; trop de gens pensent à trop de choses et s’oublient ; comme disait nietzsche on a sanctifié le « tu », mais pas encore le « je » ). Cette fille pense à elle, mais elle pense aussi comme dans les meilleures séries américaines, dans les meilleurs films américains (philadelphia story, par exemple), comme dans les romans us les plus spirituels. En lisant cet entretien, vous avez l’impression d’être dans une série magnifique où les gens savent parler (le rêve de rohmer, hélas, il était français, et les français ne savent plus parler depuis longtemps, quand ils parlent bien ils imitent une époque révolue, c’est ringard ; imaginez juste un moment que rohmer ait été américain, la classe infinie qu’auraient eu ses dialogues, l’esprit, l’universalité, parce qu’un français qui parle maintenant c’est juste un français qui parle, c’est rien, c’est de l’idéalité liée, empiriquement liée, dirait husserl, alors qu’un américain, des américains, c’est le mouvement universel qui se détache et s’élève au dessus du monde, et de ses contingences ; je sais c’est pas gentil à dire, mais quand on aime la vérité et qu’on doit la dire faut être aussi vache qu’aristote.

Au fond quand on voit une série us, on se dit qu’ elle est bien loin l’époque où rohmer (je peux vous donner les références) se moquait de ces films américains où les personnages ne savent pas articuler deux mots, ni exprimer une pensée ; la pensée au cinéma est américaine ; la langue de la pensée cinématographique est américaine ; c’est pas une question de corps, de mise en scène, c’est une question de langue ; c’est aussi simple que ça ; prenez le président us comparez sa réthorique à celle de sarkozy ; pitié seigneur ; si la duchesse des guermantes remettait les pieds en France, elle tiendrait pas le coup deux secondes ; prenez la série dont tout le monde parle « mad men » ; elle tient toute dans la puissance cinématographique du langage (on pense à l’immense Joseph M. En fait si welles n’a pas réussi à hollywood, c’est qu’il était trop obsédé par la vieille langue européenne, shakespeare et compagnie) ; et la puissance de la langue-pensante dans cette série, elle vient d’un milieu hyper éduqué, comme le raconte son créateur : sa sœur était journaliste, son autre sœur physicienne, un frère aussi, et la mère était avocate, "alors quand ça discutait à la maison il nous fallait avoir le niveau et des arguments" ;


bon tout ça on le savait depuis l’époque de la grande comédie américaine.

Mais on peut le rappeler ;.



Donc il y a cette fille, et puis, il y a la blacklist de Alan Cumming ( Writer, director, and actor )

(je ne le connaissais pas avant la lecture de cette liste noire (c’est un peu comme le questionnaire proust, le mec doit donner la liste des dix choses qu’il déteste le plus au monde) ; je connais aucun acteur ; connaître le nom des acteurs, c’est un truc d’ado ; celui des auteurs, des cinéastes, c’est pas mieux, les titre des films même commencent à me sembler superflu)




Il nous dit ses dix haines

-il hait que les kids grandissent et deviennent bizarres

-Il hait les gens qui pensent que les célébrités sont sourdes ; elles peuvent entendre tout ce qu’on dit

-Il hait twitter : twiter c’est le diable ; ça signifie que les gens vont grandir sans être capable de ne plus commenter la moindre de leur expérience : tout semble vécu pour aboutir à un commentaire-twitter.

-I hate, i hate, les gens qui viennent vers vous et vous disent, « ah tu ne me reconnais pas, tu ne te rappelles pas de moi », et se mettent à vous raconter qu’ils ont couché avec vous, il y a cent mille ans mais que décidément vous n’avez plus de mémoire depuis que vous êtes devenus une célébrité.

-il hait, le dilemme existentiel que fabriquent les magazines et les sites : « si j’ai pas ma photo dans « us weekly » ou sur je ne sais quel putain de blog débile, étais-je vraiment à cette soirée super classe ? »

(j’adore cette remarque ; c’est autre chose encore que la remarque de B : être, c’est être vu ; c’est un dilemme plus angoissant)


Les derniers faut les lire, c’est génial ; je peux pas traduire, ni résumer










-je suis passé sur le site de toubiana, rien à dire; il est con, ce mec; tout le monde le sait, même lui;


-en mettant de l'ordre dans mes favoris firefox (j'en ai des tonnes; parfois je marque des pages que j'ai pas le temps de lire, en me disant que je le ferai plus tard, je les oublie...) je suis tombé sur un très vieux message de scorecki, où il raconte que son non-amour du cinéma remonte à 1965... (allez lire (référence sur demande, ici même);

c'est étrange ce message, parce que j'ai pas bien compris ce qu'il raconte ni comment la rencontre de hawks et de walsh (il était sur le tournage de je ne sais quels films de fin de carrière de ces deux types) et d'avoir vu les rushes de walsh peut être à l'origine de son non-amour du cinéma)



-sur enculture, un type a écrit "Hello Borges. Comment va ?"

-bien;merci












avez-vous lu la nouvelle de joyce c oates : three girls?

faites-le

just do it
(vous me direz merci après)



ça se passe au strand (la libraire "mythique" mais bien réelle de new york), en 1956;



1956, bien entendu tout le monde pense à elvis, surtout les amateurs de lynch; il avait alors 10 ans; et sa vie fut changée.

dans la nouvelle, il n'est pas question d'elvis, c'est encore plus beau; comme un conte; c'est typiquement américain, donc, c'est typiquement grand.




Dernière édition par Borges le Ven 8 Oct 2010 - 20:25, édité 3 fois
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Message par Borges Ven 8 Oct 2010 - 19:52



c'est à ce passage que je faisais allusion à propos de mad men :


The third of four children, Weiner grew up in a household that placed a premium on debate.

“My family is made out of argument. There is argument, there is discourse, you better stick up for yourself. My sister is a journalist, my other sister is a physician, my little brother is a physician, my mother is an attorney. There is direct conversation of the deepest, most profound, intellectual sort.”

This appetite for rigorous intellectual discourse has served Weiner well. After his family moved to southern California, Weiner began an educational path that led him to a combined program of philosophy, history, and literature at Wesleyan University. It was an invaluable education that directly affected the influences on Mad Men, which are as literary as they are cinematic.


voici ce qui va peut-être remettre en place les idées idiotes de quelques idiots qui pensent que l'on peut créer avec rien dans la tête; tous les amateurs de séries américaines, antiintellectuels, qui pensent qu'il faut être bête et sans culture pour faire du neuf au cinéma ou ailleurs...


philosophy, history, and literature, rien à voir avec les niaiseries anti bibliothèques que chantaient les gars de la plage


il n'est pas nécessaire d'être un génie pour faire un livre ou un film; tout le monde peut le faire, comme tout le monde peut courir les 100 mètres; hélas pouvoir courir les 100 mètres ne fait de vous :



ni un penseur :






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ni un sprinter plus rapide que la mort

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Message par balthazar claes Ven 8 Oct 2010 - 21:07

On devrait rebaptiser tout ça : le Blorges.

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Message par Borges Sam 9 Oct 2010 - 11:01

beau titre

Chez le pape, Nicolas Sarkozy a fait à moitié amende honorable

mais la photo est conne :

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il aurait fallu :


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ou :


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hélas God win (s) toujours et on ose plus rien
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Message par Borges Sam 9 Oct 2010 - 22:39


encore mad men, encore scorecki


mystérieusement inspiré par l’image que j’ai postée de CGrant, scorecki (en restant dans les lieux communs de la cinéphile ringarde ; hitchcock blalabla) découvre ce que tout le monde (ou presque ; il suffit qu’une seule personne ne sache pas…) sait : y a des rapports entre mad men et North By Northwest. S'il ne prétend pas être le seul à avoir vu ces rapports, il croit être l’un des seuls à ne pas avoir oublié la profession de CG dans le film du grand hitch : publiciste.


-C’est quoi ce « drôle d’oubli » ? On ne sait pas, mais « presque tout le monde » le fait. Cela veut-il dire qu’il a une meilleur mémoire que presque tout le monde ? une meilleure mémoire des films de hitch ? de ce film ? cela veut-il dire qu’il retient mieux que les autres les professions exercées par les personnages des films de hitch ? ce serait un jeu, amusant d’ailleurs : quelle est la profession du héros des « oiseaux » ? de « wrong man » ? des « 39 marches » ?...

-En fait, pour un peu (à cause de « drôle ») on penserait que scorecki a en tête un truc très sérieux, un refoulement ou quelque chose d’un peu heideggérien : l’oubli de la publicité chez presque tout ceux qui ont vu « North by… » ; ce qui est marrant, parce que hitch a été un formidable publiciste. Je me demande si j’ai pas déjà rencontré un livre consacré à « l’influence de la publicité dans l’image de hitch ».

S’agit-il de refouler ça, justement?

- « presque tout le monde »; drôle d'expression, mais scientifique; si scorecki s’était aventuré à dire « tout le monde », il aurait pas fallu un popper (karl) pour nous falsifier son énoncé. Mais comme ça, l’énoncé est complètement sans le moindre intérêt, surtout qu’on ne sait pas très bien quelle est la mesure du monde de scorecki (une infime partie du petit monde de la critique en france?). De mon côté, si j’ai pas lu dix textes sur cette série,dès le second je suis tombé sur le rapport à ce hitch, le générique, la profession du gars…

- scorecki est plus tordu et complexe qu’il ne le semble : il ne dit pas que « presque tout le monde » a oublié, mais « semble avoir oublié » ; alors là, je sais pas quoi dire : ils savent, mais ne disent pas ? Ils lui semblent, mais ne le font pas ?...

-laissons ça ; allons à l’essentiel, si quelque chose de tel peut se dégager de cette discussion sans le moindre intérêt : les correspondances ça n’a d’intérêt que si ça nous aide à voir, à penser…

-« truc et machin se ressemblent »
- « et alors, qu’est-ce qu’on doit faire de cette ressemblance, pour regarder la série, pour comprendre hitch à l’ère de facebook, comme dirait flavien?

-Cette ressemblance doit-elle nous amener à penser que la télé n’a vaincu le cinéma qu’en l’imitant; ou alors, que c’est hitch qui a tué le cinéma avec sa fameuse série (comme il est suggéré) ?

-En fait, il aurait suffit que scorecki nous rappelle que machin est publiciste dans le film de hitch; mais ce serait passé inaperçu, tandis qu’en parlant de « drôle d’oubli » ça prend une drôle d’ampleur : « moi, scorecki, j’en sais des choses sur les vieux maîtres d’antan, qui m’empêchent de regarder le nouveau…"


-Dans le jeu infini des correspondances, pourquoi s’arrêter à hitch? pourquoi ne pas aller plus loin ? même si les rois de madison ne sont pas tous fou, rappelons que le film de hitch est lui-même une variation autour de hamlet, il tient son titre d’une réplique du prince du royaume pourri du danemark : "I am but mad north-north-west: when the wind is southerly, I know a hawk from a handsaw."


et oui, à la renaissance déjà, shakespeare liait hitch et mad men dans un de ses vers


-Bien entendu quelqu’un a vu que " TV’s contemporary Hamlet is Don Draper"


-Ah, presque tout le monde l’avait oublié; madison, cary grant a porté au moins deux fois ce nom : porter madison, et madison brown.





Mais, finalement, si on veut être rigoureux, et un peu sérieux, laisser tomber hitch et cary grand, malgré toute notre admiration : mad men (même époque, même milieu, même imagerie, en plus hard) ressemble bien plus à « ma sorcière bien aimée » (bewitched) qu’à « north by northwest » : des tas de sites, blogs montrent les points communs ;


voyez les photos :

qu'on juge sur les images;


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Message par Borges Sam 9 Oct 2010 - 22:43

Certains s'étonnent que je les lise; ça m'étonne; non, je ne suis pas inscrit sur "enculture"; aucune raison; on peut se lire les uns les autres se répondre par forum et blog interposés; quand un gars des cahiers répondait à un autre de positif, à la grande époque, il avait pas besoin de changer de revue; c'est la règle, dans la presse...

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Message par bub Dim 10 Oct 2010 - 17:08

Salut Borges! Heureux d'entendre de tes nouvelles. Je n'avais plus de nouvelles, des bruits de bruits de bruits qui ne sont plus le signes de rien. Je savais que tu étais encore, mais par de vagues histoires avec des ouvrirer siderurgistes de la Meuse, et des promoteurs. Bref, tout cela est très réjouissant de te voir exister comme écriture.

Pour le reste, tu des dis choses intéressantes, mais comme d'habitude, la plaque est mal placée. Elle s'en excuse encore, j'en ai reçu l'assurance, enfin autant qu'on puisse croire les plaques.
C'est pas mal cette petite revue de presse!
Mais je rebondis sur ta remarque dernière. Vois-tu, se placer sous l'autorité de la grande époque, c'est beau, mais il faut voir les usages.
Et peut-être ne prends-tu pas le meilleur des époques aussi grandes eussent-elles été.
Bien entendu, il ne s'est jamais agi qu'untel soit inscrit ici ou ailleurs; mais bien plutôt, que les discussions et rebonds soient possibles. Et elle le peuvent en restant chacun à sa place. Mais ici, l'usage que tu fais de la grande époque ressemble à s'y méprendre à un simple marquage de terrotoire. Comme l'annonce d'ailleur ton post "Ici c'est pourri c'est dommage, parce que c'est pire ailleurs, tiens faisons un bilan à coté de la plaque, mais sans les replacer".
C'est étonnant comme une imcompatibilité de base, sur des lignes bien définies, entre les deux titres de presse phares de la grande époque (et quoi que le tout soit enveloppé dans une stratégie commerciale), est devenu en un demi-siècle un besoin de localisation, de petite propriétés, pour se donner l'illusion d'un style propre, le tout guidé par un désir impérieux d'exister.
C'est ici que le besoin de ton propre territoire rejoint ton besoin de déformer celui de l'autre
Bien sûr, on pourrait essayer de tirer, aussi faible fût-elle la matière à penser, et le lieu des questions, mais ici, la démarche est inverse : "nous devons exister; les autres doivent être bas". Dommage que tu ne t'élèves qu'en abaissant l'autre. Ne devais-tu pas être certain de ta hauteur.
La tentation était trop forte d'être. L'homme a dû se résoudre à chier. Le plus triste dans tout cela, c'est que tu n'en aies même pas l'air de t'en accommoder.

C'est regrettable, ne pas exister pourrait peut-être permettre l'écriture; et peut-être de t'en réjouir.

Bref, à bientôt. Je te laisse la plaque. Fais-en mauvais usage!

P.S: Ne t'inquiète pas pour le poisson, la sauce à l'oseille, était délicieuse, et je n'ai pas avalé une seule arrête.
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Message par Borges Dim 10 Oct 2010 - 19:35

Salut bub:

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bub a écrit:Dommage que tu ne t'élèves qu'en abaissant l'autre. Ne devais-tu pas être certain de ta hauteur?


bub : ne dis pas que c'est pas drôle : Wink


Dernière édition par Borges le Dim 10 Oct 2010 - 19:53, édité 1 fois
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Message par Borges Dim 10 Oct 2010 - 19:39

bub a écrit:
C'est pas mal cette petite revue de presse!

merci, et comme disait le bon vieux Brecht : "Ces remarques sont rédigées avec le sentiment d'en être au début d'une ère nouvelle, comme de petits échantillons d'un gai savoir, avec le plaisir d'apprendre et d'essayer."
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Message par Borges Dim 10 Oct 2010 - 19:50

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c'est chez scorecki; pq salinger? il découvre? il adore? non, mais ça fait in de lire salinger, maintenant que l'on sait (presque tout le monde) qu'il est l'une des grandes influences à l'origine des mad men; chez les indépendants, aussi il est question de salinger : de F et Z, c'est dans le texte consacré à Honoré.


là encore, je dois dire que j'ai été en avance sur cette mode


pour ceux qui suivent ce topic : salinger a été publié par le new yorker;


leurs cartoons sont aussi légendaires (quel mot idiot; ils sont)

blogs  forums  sites  revues le reste - Page 6 090608_cartoon_0_A14083_p465

lol : quand on pense aux blogs, et forums, etc...

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Message par Borges Lun 11 Oct 2010 - 8:34

on dit souvent que les grandes oeuvres changent nos vies; c'est possible; ce matin, par hasard ou presque, j'ai ouvert un Carver (n'en faites pas une histoire; titre de l'un des poèmes du livre, qui commence par "le docteur jivago a une fine moustache, une femme et un fils; Son regard de poète voit défiler toutes sortes de malheurs, ses mains de médecin s'activent sans cesse.) et je suis tombé sur un poème :


Poème pour mon anniversaire, le 2 juillet;


"Quel bonheur d'être assis là
ce matin en tee-shirt propre
à boire du café fraichement moulu
faire le bilan"

je l'ai pas terminé, arrêté par un désir assez joyeux de mettre un tee-shirt propre; le café j'avais déjà bu.

la suite du poème est moins matinée heureuse;

mais comme dit un autre poème de carver :


Happiness. It comes on
unexpectedly. And goes beyond, really,
any early morning talk about it.



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