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On parle des Spectres

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Message par ^x^ Lun 14 Sep 2009 - 15:59

Désolé pr la pub des fichiers prioritaires de France Culture. Ces derniers vont vous détester à présent, à cause de moi . lol
Mais je tiens à préciser, aux auditeurs de France Culture qui débarqueront, que je ne fais pas partie des Spectres.
Mes propos hautement politiques n'engagent que moi. Very Happy
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Message par lorinlouis Mar 22 Sep 2009 - 5:30

Te casse pas la tête avec les php, Careful. RealPlayer les lit bon gré, mal gré... Wink
lorinlouis
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Message par adeline Sam 22 Jan 2011 - 11:18

Merci D&D Wink

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Message par adeline Mer 21 Nov 2012 - 18:17

Et les Spectres ont une partie des honneurs honorifiques du blog de JM Frodon :

http://blog.slate.fr/projection-publique/2012/11/20/revues-de-cinema/

Rolling Eyes

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Message par Invité Mer 21 Nov 2012 - 19:57

J'aime bien "... continuation d’une aventure spontanée commencée sur le site des Cahiers du cinéma des années 2004-2009..."

Y a des aventures spontanées (youpla-boum, c'est la fête) et des aventures pas spontanées (longuement ruminées).
C'est un peu condescendant, l'air de rien. Une "aventure", est-ce que c'est "spontané", déjà? Si en plus elle dure, continue: la notion même de "continuation d'une aventure" contredit l'apparent "spontanéisme".

Le paralogisme n'est cependant pas gratuit, il exprime un jugement de valeur, autorisé par une position de surplomb auto-décrétée. C'est la position ou posture du "professionnel", qui, se livrant à ce type de recensement, énonce sa propre légitimité, s'accordant la compétence d'être en mesure de discriminer, lui, les "aventures spontanées" de celles qui ne le sont pas.
Nous bénéficions donc là de l'éclairage d'un spécialiste, qui observe d'un regard objectif, neutre, la poussée spontanée de revues dans un domaine qui lui appartient en propre, par nature, par sa compétence et ses mérites incontestables.

La "continuation d'une aventure spontanée", ça connote bien des choses, comme: ça a surgi comme poussent des champignons ou les mauvaises herbes, au hasard, à la diable; ça ne fait ni très sérieux, ni très réfléchi, concerté, ni très endurant. Par opposition à une "aventure spontanée qui continue", est suggérée l'idée que continuent des aventures plus sérieuses, homogènes, constructives ou constructivistes, et dotées - par le "professionnel" - d'un crédit de légitimité. Le crédit non-spontané des aventures sérieuses qui ne s'improvisent pas.

La suite de la formule suggère, quant-à-elle, que "l'aventure spontanée" a poussé, tel un bouquet de fleurs sauvages, "sur le site des Cahiers du cinéma". Parler de site des CDC, c'est déjà subordonner cette "aventure spontanée" à un lieu, un site, un ancrage, parés des atours du prestige, de la légitimité et de la "maturité" acquise dans la durée.

Cette formule induit la vague idée que "l'aventure spontanée" aurait bénéficié de ce terreau propice que fut le Site des Cahiers du cinéma, qui par son rayonnement offrit matière à une "synergie stimulant des motivations enthousiastes", comme on dit dans l'entrepreneurial communicationnel.

Or le site n'intéressait absolument personne. L'aventure, s'il y en a une, s'est développée, peu à peu, dans le forum placé en annexe du site, à la base pour servir de vitrine sympathique, "conviviale", dévolue à des commentaires, par des aficionados spontanés, des écrits et paroles des Grandes plumes de la Maison. Phares d'une réflexion sur le cinéma sans laquelle les "cinéphiles-consommateurs" erreraient, paumés, privés de repères, orphelins.
Et ce forum bidon serait spontanément mort-né s'il n'avait pas été investi du dehors, parasité, détourné de sa vocation première (promotionnelle), par une horde d'indésirables mus par d'autres exigences que les exercices d'admiration périphériques et comptables. Et parce que ce forum n'eut rapidement plus aucun rapport ni avec le site ni avec la revue, il fut sabordé sans préavis, par les administrateurs du site qui l'hébergeait, effaçant en une minute 5 années de discussions, de réflexions et de textes divers.


Ce qui fait tout le double-sel de la formule très synergique de JMF: "... continuation d’une aventure spontanée commencée sur le site des Cahiers du cinéma des années 2004-2009...". C'est beau, quand-même Smile

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Message par DB Jeu 22 Nov 2012 - 9:36

Belle réponse de JMF, pas du tout crétine, elle (bien évidemment) :


Jean-Michel Frodon, le 22 November, 2012 à 1:07 am Said:

Moi aussi, j’aime bien. A l’époque déjà, les Spectres faisaient dans le haineux un peu crétin, ce qui prêtait plutôt à rire – et maintenant encore davantage. Mais quand ils cessent de se tortiller pour avoir très méchants, ils ont plutôt de choses intéressantes à dire sur les films. Sans doute ils n’y arriveraient pas autrement, c’est une limite, bien sûr, mais si ça leur donne de l’énergie, comme par ailleurs ça n’a jamais fait de mal à personne…

JMF, lui, en plus d'être altruiste et désintéressé (il s'intéresse à la haine crétine des spectres) n'est pas le moins du monde limité. Heureusement qu'il nous le précise.

Il faut qu'il m'éclaire sur ce que veut dire "avoir très méchants", je ne saisis pas toute sa profonde gentillesse qui ne veut que du bien à l'humanité toute entière comprise.

EN tout cas j'aime bien cette photo, un petit côté "Père castor... raconte nous une histoire", alors il était une fois l'histoire des revues du cinéma, certaines ouhlalala certaines étaient vraiment très méchantes mais elles ne faisaient de mal à personne etc etc etc
DB
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Message par Invité Sam 24 Nov 2012 - 10:48

Baudouin II de Barvaux a écrit:J'aime bien "... continuation d’une aventure spontanée commencée sur le site des Cahiers du cinéma des années 2004-2009..."

Y a des aventures spontanées (youpla-boum, c'est la fête) et des aventures pas spontanées (longuement ruminées).
C'est un peu condescendant, l'air de rien...
Les Spectres aussi ont eu leur aventure pas spontanée quand ils ont sélectionné les profils(à l'époque t'en faisais pas partie) dans les écritures spontanées du forum Cahiers. Et si je me souviens bien(au moment de notre fameuse alliance), ça t'avait emmerdé l'arrivée de ce truc "spectres du cinéma" qui disait à l'autre partie du forum qu'ils avaient un projet plus complet que les écritures spontanées du forum. C'était un peu condescendant, l'air de rien...

Sinon le message de Frodon (cité par DB) nous fait un doigt d'honneur à tous, spectres et autres.

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Message par Borges Sam 24 Nov 2012 - 11:17

N'importe quoi, Breaker : JM (n'oublions pas que tout est parti de lui) à l'époque avait demandé à je ne sais pas combien de membres du forum des Cahiers de rejoindre son projet; son but c'était pas du tout de dire merde aux membres du forum, mais plutôt aux Cahiers; idée punk et égalitaire :" on peut faire aussi un truc", qui ne disparaisse pas comme ça, dans le vide...(la preuve, c'est que tout est parti, quand les mecs ont décidé de passer à autre chose).
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Message par Invité Sam 24 Nov 2012 - 12:24

Borges a écrit: JM (n'oublions pas que tout est parti de lui) son but c'était pas du tout de dire merde aux membres du forum, mais plutôt aux Cahiers; idée punk et égalitaire
ah ok, et entretemps il est allé enculer la reine d'Angleterre, idée punk qui lui souriait davantage que celle d'un forum et d'une revue qu'il souhaitait voir ramener à zéro il y a peu dans un de ses posts par ici ; tout ce formatage au nom d'une idée égalitaire bien sûr, peut-être inspiré par les anciens forums cahiers effacés en un rien de temps, comme c'est dit plus haut.

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Message par Invité Sam 24 Nov 2012 - 12:47

un peu d'antiseptique sur une plaie qui s'ouvre et voila le forum comme un seul homme prêt à en découdre. c'est l'héritage de l'instructeur JM : pas une tête qui dépasse !!!

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Message par Borges Sam 24 Nov 2012 - 13:19

Très honnêtement Breaker, je vois pas très bien quel est ton sujet, ton problème, où tu veux en venir, de quoi tu parles, à qui, ou à quoi, etc.?
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Message par Invité Sam 24 Nov 2012 - 13:53

C’est que, de tables rondes en forums de discussion, Mr Frodon fait le tour du monde en représentant de la critique internet. Nul ne sait pourquoi cette responsabilité lui en incombe – est-ce uniquement son site inepte qui donne à sa conscience ce devoir et ce droit ? Il est permis d’en douter -, mais, qu’on le veuille ou non, il est notre VRP itinérant et bienveillant à tous. Lui, mieux que tous les autres – les petits, les inconnus, les sans-nom, les marginaux – sait trier le bon grain de l’ivraie, parler aux curieux, distribuer les phrases creuses qui plairont au plus grand nombre. Certes sans posture, mais en toute imposture.

C’EST SON DESTIN !

l'inconnu

Commentaire en modération depuis 2 jours sur le blog de JM Frodon.


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Message par Invité Sam 24 Nov 2012 - 15:59

breaker a écrit:
Baudouin II de Barvaux a écrit:J'aime bien "... continuation d’une aventure spontanée commencée sur le site des Cahiers du cinéma des années 2004-2009..."

Y a des aventures spontanées (youpla-boum, c'est la fête) et des aventures pas spontanées (longuement ruminées).
C'est un peu condescendant, l'air de rien...
Les Spectres aussi ont eu leur aventure pas spontanée quand ils ont sélectionné les profils(à l'époque t'en faisais pas partie) dans les écritures spontanées du forum Cahiers. Et si je me souviens bien(au moment de notre fameuse alliance), ça t'avait emmerdé l'arrivée de ce truc "spectres du cinéma" qui disait à l'autre partie du forum qu'ils avaient un projet plus complet que les écritures spontanées du forum. C'était un peu condescendant, l'air de rien...

Sinon le message de Frodon (cité par DB) nous fait un doigt d'honneur à tous, spectres et autres.


Tu pâtis, once again, de légers problèmes mnésiques, breaker.

A l'époque où nous faisions "alliance", selon ma propre formule, cette "alliance" était implicite et non explicite, bien sûr, et elle consistait à se moquer des spectres, à incriminer leur "cuistrerie". Pour le reste, l'arrivée du "truc spectres" ne m'a jamais emmerdé, je ne me suis dit à aucun moment que "ça disait à l'autre partie du forum qu'ils avaient un projet plus complet que les écritures spontanées du forum et que c'était un peu condescendant, l'air de rien".

A la limite, c'était plutôt moi qui avais un regard condescendant sur les Spectres, non le contraire. Je pense que personne ne s'opposait vraiment à ce que je rejoigne les spectres, c'est moi qui les dédaignais.

Pour le reste, je n'ai jamais considéré, pour moi-même, cad pour ma pratique, les forums comme des territoires, mais des lieux d'écriture, dont je me sers fort égoïstement pour m'encourager à écrire moi-même. Ce besoin, plutôt ce désir occupe suffisamment mon esprit pour que m'indiffère complètement toute espèce de stratégie, lutte de pouvoir. Je n'ai aucun pouvoir, aucune stratégie, aucun mobile. Cependant, je ne fais pas dans le "spontanéisme". Je fais tellement peu dans le "spontanéisme" que je m'arcboute, pour m'encourager à écrire, aux énoncés des autres, souvent pour ironiser, faire du mauvais esprit. Je concède aisément que ça ne stimule pas forcément l'écriture chez les autres; manque de bonté et de générosité de ma part, d'accord.
En cela, on peut bien sûr me reprocher de ne pas trop participer à un "agencement collectif d'énonciation". J'en ai conscience, et je dois combattre ma pente individualiste (enfin, disons plutôt, mon inclination à la solitude).

C'est d'autant plus aberrant, donc, de m'attribuer, par des "souvenirs" fumeux, de tels "affects" que, pour qui connaît un peu ma pente individualiste/solitaire, 1) je ne nourris, donc, aucune espèce d'ambition ou de rivalité vis à vis de projets collectifs, 2) Je n'ai jamais considéré l'écriture comme un acte "spontané" (je réédite parfois jusqu'à 60 fois un post avant d'estimer qu'il exprime ce que je souhaite qu'il exprime; et quand il me satisfait en quelque manière, je le replace sur mon blog, où je le retravaille encore. J'ai toujours procédé et procède toujours ainsi). Plus généralement, je ne crois pas à la "spontanéité", je n'y ai jamais cru, et je me méfie comme de la peste de toute personne qui se prétend "spontanée". J'associe "spontanéité" et "bêtise" (pas un état, mais plutôt une décision, de l'ordre de ce que Sartre nomme "mauvaise foi", cad l'invocation d'une "nature", d'une "authenticité", d'un "tempérament naturel et spontané", "je suis comme ça, c'est dans ma nature", etc). Et la "sincérité" n'est jamais pour moi une excuse à la "bêtise". Ce qu'on nomme "sincérité" est pour moi un effort de réflexivité, de remise en question, jamais fini, et souvent douloureux, une résistance à sa propre "bêtise". Un processus qui se travaille, et sans cesse à expliciter, comme tout le reste (c'est d'ailleurs pour cela que je passe - perds - bcp de temps à me justifier bêtement, ici comme ailleurs, d'allégations grotesques ou de mécompréhensions patentes). Et bien évidemment, "aventure spontanée" est pour moi un pur contre-sens.

En conclusion: tu projettes sur moi tes propres fantasmes, pour ne pas déroger à l'habitude, et je te les rends par retour de post, pour ne pas y déroger non plus. Interroge toi plutôt sur ton propre rapport à l'écriture. C'est quoi ton désir, ici, à part tenter de décourager ceux qui écrivent? Viens-tu ici pour écrire, pour "agencer"? Je n'appelle pas écriture ni agencement des compils de liens, de vidéos et de scans destinés à édifier son prochain de trucs qu'il connaissait la plupart du temps (et assez ringues, ne t'en déplaise), bien avant que tu les découvres et ne réinventes la poudre à exploser le fil du beurre, et censés délivrer du sens par génération ou associations spontanées. Je ne vais pas redire tout ce que j'ai écrit à ce sujet.

Ne te sens pas tenu non plus de m'interpeler chaque fois que j'en lâche une (ruminée, non spontanée), pour ensuite, en un lâché de nerfs spontané, suggérer une correction faciale de ma personne. Tu m'interpelles, je réponds. Si tu veux pas être interpelé à ton tour, n’interpelle pas, si tu veux pas être jugé, ne juge pas. Si tu juges, accepte d'être jugé à ton tour. ça t'évitera un état de nerfs douloureux, consistant à partir à intervalles spasmodiques, en claquant la porte et en traitant tout le monde d'enculés, de couilles molles, de mongoloïdes et que sais-je encore.
Personne ici ne t'empêche de produire de l'écriture. Mais c'est plus facile, confortable, de jouer la mouche du coche, au dessus de la mêlée, franc-tireur, se contenter de compiler des trucs en accusant constamment les autres de pratiquer l'inégalitarisme qu'ils dénoncent, exiger sévèrement de leur part un effort ou une rigueur auxquels on ne consent jamais soi-même, tout en les accusant de vouloir dominer par un "capital symbolique", jouer répétitivment la carte de la victime emblématique des petits chefs-brigadiers et ronds de cuir de la pensée, se la jouer "gars authentique, warrior burné et autres experts en arts martiaux, se battant courageusement à mains nues dans le réel pendant que des baudruches intello se branlent dans le virtuel".


***


Pour en revenir à Frodon, il peut bien adresser des doigts d'honneur à la terre entière, si ça lui chante: qui, à part lui-même et peut-être quelques collègues persuadés d'éclairer le vaste monde de la "cinéphilie", accorde la moindre importance à ses "travaux d'écriture" qui ne sont qu'accumulation de lieux communs, qui plus est resservis en plats tièdes dans une écriture de petit fonctionnaire cacochyme. C'est pas que Frodon soit "utile" à qui que ce soit. Il n'est utile à personne, bien qu'on conçoive aisément qu'il se persuade du contraire, le brave homme.
Il n'est pas méchant, il ne fait de mal à personne, n'a jamais perturbé la digestion de qui que ce soit. A-t-il une "pensée" sur le cinéma, ou quoi que ce soit d'autre? A parcourir mollement ses notules vasectomiques au tarif syndical, il est sincèrement permis d'en douter. Perso, j'ai pas besoin d'un Frodon pour être "méchant", ni pour écrire "sur les films" et surtout sur autre chose, qui déborde un chouia de la petite sphère cinémato-logique et de souciances oblatives très importantes comme le "Patrimoine cinématographique, (l')éducation et (la)construction de la cinéphilie". (Oui, je lis les fiches wikipedia, je m'instruis, comme tout le monde.)

Ce qui est marrant, prête à rire, donc, dans la réponse de Frodon, c'est qu'il semble sincèrement croire que des gens, quelque part, ont besoin de s'opposer à lui pour exister, comme des garnements dans une cour d'école auraient besoin d'un directeur pour lancer du gravier à sa fenêtre. C'est que ce monsieur Frodon s'accorde une certaine importance, de ce qu'il est persuadé d'être arrivé, quelque part, d'être quelqu'un, quelqu'un dont on envierait la stature et le statut.
C'est que Frodon 'confuse' comiquement (parmi tant de choses qu'il 'confuse') sur la notion de "posture", évitant naturellement de buter sur la sienne:

si cela faisait du mal, cette manière de faire serait plus pertinente en effet, un peu moins du seul registre de la posture

Las! La posture que j'évoquais n'est pas celle de ceux qui auraient besoin de s'opposer à lui pour se sentir exister, pauvres petits, mais du "professionnel légitimé" qui se pense suffisamment important pour croire que d'autres ont besoin de s'opposer à lui pour exister, et se pense par essence autorisé à distribuer les bons points et les mauvais points autour d'un domaine qui lui appartiendrait, par la vertu de ses "mérites", d'une "compétence" acquise suite à un dur labeur, et consolidée par la fréquentation contraignante de multiples colloques-cocktails utiles.
Ce que Frodon ne semble pas bien voir ou concevoir, du point de vue non copernicien où il se situe, c'est qu'en dehors de son biotope anaérobique, bien peu de personnes accordent du crédit ou de la légitimité à ladite posture, sauf peut-être pour lui léchouiller servilement les orteils, espérant obtenir quelque faveur ou attention bienveillante. Le monde frodonien selon Frodon semblerait se diviser, à l'instar du monde de Clint période Sergio Leone, en deux catégories: les bêtes & méchants (qui ragent de ne pas obtenir ses faveurs, mais ne font de mal à personne) et les frotte-balles caressants (qui ont un point de vue "pertinent" ou "constructif" et font accessoirement du bien à sa personne, flattant sa certitude sensible subjective de servir à quelque chose - qui justifierait ses appointements).

Perso, j'ignorais jusqu'à l'existence de ce monsieur Frodon, jusqu'à ce que mon attention soit attirée, au gré du hasard spontané, dans les forums, sur quelque cocasserie pontifiante émise en son blog pédagogico-neuneu-édifiant.
Je ne savais même pas qu'il avait un temps dirigé une revue, que je n'ai d'ailleurs jamais achetée, n'ayant jamais acheté de revues. Ce qui peut surprendre ou horrifier Frodon, qui sait, c'est qu'en ce monde, y a des gens qui s'intéressent au cinéma sans accorder le moindre crédit aux magazines qui s'occupent de cinéma (du moins les "reconnus", ceux qu'on trouve dans les salles d'attente de dentistes des quartiers chics germanopratins). Est-ce grands dieux possible? Les pauvres, les naïfs, leur savoir à ce sujet doit être bien lacunaire, il doit leur manquer de précieux outils conceptuels pour s'orienter dans ce vaste domaine où tout reste à penser (sauf ce qui l'a déjà été par mes soins, pensera peut-être monsieur Frodon-de-La Palisse...).
Que voulez-vous, c'est la perte de légitimité des "élites" et des "spécialistes" - dont le net est le grand responsable, selon l'antienne. Tout le monde s'intronise spécialiste à la place des spécialistes, tous ces Iznogoud qui se proclament califes à la place des califes. Y a plus d'valeurs, ma bonne dame, tout part à veau-l'eau...

Mais c'est plus grave que ça encore:
la dispersion ou dissémination des instances énonciatives - aussi bien celles qui, avant cette dispersion, croyaient assurée la frontière entre le légitime et l’illégitime, le propriétaire et le locataire, le savant et l'ignare (dirait Rancière), que celles qui s'autorisent à énoncer sans leur autorisation, produit un effet objectif & performatif, qui ne laisse pas d'inquiéter les organes de papier qui font de la "résilience" (de quelle "résilience" parle en vérité ce disciple spontané de Cyrulnik, à part la sienne?): la mise en évidence de ce que tout le monde savait déjà, à savoir qu'ils n'étaient l'élite de rien du tout et les spécialistes de pas grand chose.
Pire: l'exhibition d'une chose un peu sale, (à peine) cachée depuis l'origine du monde, comme dirait Girard: qu'ils en "savent" la plupart du temps moins que les autres, et qu'ils sont surtout "spécialistes" du processus de conservation oligarchique et endogamique de leurs privilèges hiérarchisés - se perpétuant encore, péniblement, par les organes de papier que ne lit plus grand monde.

Monsieur Frodon - pas aussi stupide qu'un Philippe Val (c'est un hobbit, quand-même, rusé et malicieux) - est au fait de cette évidence, dont il semble avoir pris acte. De cela on peut au moins le créditer.
Il tente donc un recyclage de ses "compétences" d'Educateur sur la toile. Mais dans ce courageux déménagement, consécutif à des remises en question épistémologico-existentielles qu'on imagine bien douloureuses, il a transporté avec lui - là est le cocasse - tout le vieil arsenal/arc-réflexe pachydermique du clerc auto-intronisé, qui se fantasme - comme il a été souligné - lanterne missionnaire (à l'instar du gentil prêtre humaniste dans Tintin au Congo, dont il a conservé - en médaillon iconique - la barbe paternaliste à l'insu de son plein gré), se donnant comme noble et désintéressée mission d'éduquer (le cinéma comme vecteur éducationnel, fait de "passeurs", blablabla, dont lui-même, sans rire) un vaste continent en friche, pas encore entré dans l'Histoire du journalisme critique, enténébré, et traumatisé par l'absence de Repères tutoriaux.

La critique est aujourd’hui plus nécessaire que jamais [comprendre: "je suis aujourd'hui plus utile que jamais"], d’une part parce que les films ont une vie beaucoup plus longue si on tient compte des différents supports de diffusion et de la mondialisation, d’autre part parce qu’au milieu d’une offre qui tend à devenir illimitée (sur Internet), elle offre des repères utiles, différents de ceux du marché. En lien avec d’autres pratiques, différentes mais dont la vocation est au fond proche, les festivals, la présence des films dans l’enseignement généraliste, les formes renouvelées de ciné-clubs réels ou virtuels, la critique a un rôle important à jouer, pour lequel il lui incombe de réinventer ses méthodes. (JMF, in Paroles d'Alliés chuchotées à voix basse lors d'une After entre potards).


Super intéressant comme analyse. On a rarement lu des propos aussi téméraires, secouants, sur la tâche et le rôle du Critique de cinéma. Et quel talent pédagogique...
Rôle qui lui décombe, non, lui incombe, comme dans le sketch des Inconnus. Mais certainement. Réinventer, ouida. La méthode est à réinventer, comme dirait Rimbaud. Mais pas trop quand-même, monsieur Joffrin-July! Grand fou aventureux! Allez-y doucement, vous pourriez vous faire une luxation du genou... La bonne vieille pédagogie de papa, c'est quand-même encore et toujours la meilleure, et c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes.
Que chacun reste à sa place, je vous prie, et les vaches seront bien gardées.
Laissons donc les Critiques utiles, formés pour ça, dont la vocation est au fond proche des Enseignants, faire leur boulot: encadrer et éduquer le public non-formé, qui s'égare trop souvent en suivant la pente aventureuse de ses désirs spontanés. Laissez-nous réinventer, rôle qui nous incombe, nos méthodes pour éduquer le tout-venant en ordre dispersé et tâtonnant dans l'obscurité, manquant - à l'heure de la mondialisation - de repères utiles, consommant sans discernement, un peu tout et n'importe quoi dans l'offre illimitée d'inter-Carrefour-Marché. Allons, laissez parler les spécialistes... C'est quoi ce chahut! Vous vous croyez encore à la récré? Quand vous serez grands, peut-être. Si monsieur le professeur est d'accord. Non mais, petits insignifiants que vous êtes, indisciplinés, méchants - et envieux par dessus le marché! Allez, une petite tapounette sur le popotin. Et un rutabaga mou, pour toi. Et pour toi. C'est bien parce que vous êtes inoffensifs...



Alors certes, en dehors desdits organes de papier, que monsieur Frodon a eu le courage de quitter pendant qu'ils le quittaient, il y a encore dans le vaste monde (quelque part, dans une zone bordélique, informe et indéterminée) des "aventures" de papier - "spontanées", "sauvages" comme on parlait de "bons sauvages" ou de "pensée sauvage" (à ne pas confondre avec Jean de Florette, le film, qui lui est une "folle aventure"), et fort heureusement encore, la plupart sont bêtes et méchantes et ne font de mal à personne. Ainsi est garantie, dans l'esprit magnanime de monsieur Frodon, sa posture pérenne de "spécialiste", qui peut continuer à ronfler tranquillement, tout en produisant de doctes notules pharmaceutiques, à l'attention d'hypothétiques lecteurs-petits enfants égarés sans boussoles dans le cybermonde.
(Et monsieur Frodon jette un regard pétillant de sage malice sur la presse papier et ses aventures, vestiges passés ou à venir d'un monde qu'il sait, lui, déjà révolu. Un monde définitivement jurassique et perdu. Preuve en est, son nom restera, pour la postérité, associé à une revue qui, sous sa direction, se distingua comme l'ultime métamorphose d'un label, jadis-prestigieux dit-on, en un des plus infâmes torchons publicitaires ayant contribué au déboisement de l'Amazonie, d'une vacuité * au moins aussi désespérante que les notules que monsieur Frodon continue vaillamment à produire sur son blog).

Ma parole, mais c'est du populisme, du poujadisme, un avant-arrière-goût du triomphe de l'opinion et de la tyrannie des masses psychotisées! Onfray, Stiegler, au secours!





*
Lu sur un forum voisin le nouveau "concept" marketing-subtil proposé dans la dernière livraison de cette revue trend-tendance pour divertir (sans leur faire du mal) des cadres dynamiques.
Il s'y agit de répertorier les "tares" minant le cinéma contemporain, selon la taxinomie suivante:

1. Le pitch
2. La continuité dialoguée
3. Le syndrome Natasha Kampusch
4. Le culte de la maîtrise
5. Un sérieux de pape
6. Des films sans images
7. Les acteurs interchangeables
8. Les non-lieux du montage
9. Le radical chic
10. La fantaisie pas drôle


C'est beau et fascinant, quelque part, cet exercice de style. En ce qu'il énonce, au plus près d'une vérité mi-dite mi-tue aux abords d'un inconscient en semi-travail, les 10 tendances dominantes des cdc depuis au moins une décennie:

1. La pensée-pitch
2. La continuité monologuée
3. Le syndrome François Bégaudeau
4. La maitrise du culte-de-soi
5. Un papisme du fun
6. Des articles sans idées
7. Des rédacteurs interchangeables
8. Le montage de non-lieux analytiques
9. Le radical chic du snobisme endogamique
10. La fantaisie pas drôle d'un sous-produit de Flair & Cosmopolitan.


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Dim 25 Nov 2012 - 5:56, édité 1 fois

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Message par wootsuibrick Dim 25 Nov 2012 - 5:49

franchement j'ai un peu de mal à comprendre ce qui se passe ici...
c'est pas parce que je suis un lèche botte... ou alors si, j'en suis un (j'avoue que ça me trouble pas beaucoup).
mais y a la part des choses à faire, et là j'ai l'impression pour aller dans le sens de JMF, que c'est vraiment un drôle de carburant l'énergie qui mène à ces attaques un peu trop systématiques (qui parfois faut l'avouer débouchent sur des textes vraiment très poilants). Mais on peut déconstruire autrement, plus respectueusement non?
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Message par Invité Dim 25 Nov 2012 - 6:08

Salut W.

Non. On peut pas. lol.

Tout simplement parce que le différend est fondamental. Le discours d'un JMF, lui ou un autre, consiste à servir la soupe consensuelle du "fédérons tous ensemble nos efforts pour bâtir un monde meilleur où chacun tient naturellement sa place, vous dans le rôle du consommateur passif manquant de repères, et moi dans le rôle de l'éducateur qui les lui donne" - selon un "partage du sensible" sur lequel, bien sûr, y a bcp à dire.

Je suis pas salarié dans la grande Entreprise de la Communication frodonienne, unie, dans un grand élan enthousiaste, émulateur et fédérateur, en une grande Famille-Ruche organique des cinéphiles solidaires du monde entier, pour tenir un tel discours. J'ai pas une confrérie en baisse de légitimité à défendre, je me sens pas concerné par les causes de JMF, ou des Cahiers, ou des Festivals, ou des colloques...
Je ne me pose pas en outre en déconstructeur derridien, ici. Derrida déconstruit des discours qu'il considère comme importants, exigeants, dont il faut tenir compte. Donc il les accompagne, pense avec eux et porte l'exigence plus loin.

Je prétends pas faire ça.

Mais on peut déconstruire autrement, plus respectueusement non?

La question est plutôt: peut-on "déconstruire" un discours qui n'est pas construit, mais juste un mélange de doxa, de communication, de concepts publicitaires et de mondanités courtoises entre happy few?

Tout à fait entre nous, et entre gentlemen, je pense que non, on peut pas déconstruire du vide et du vent.

Donc je détruis, irrespectueusement, un discours rigolo, inconsistant et sans contenu, et ça me fait marrer.


Vivent les punks. No future, & fuck the queen. Very Happy


Cela dit, je suis resté assez respectueux, je trouve, voire bon enfant.




Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Dim 25 Nov 2012 - 6:38, édité 2 fois

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Message par wootsuibrick Dim 25 Nov 2012 - 6:37

Baudouin II de Barvaux a écrit:

Vivent les punks. No future, & fuck the queen. Very Happy



Etant un adepte de la diversité culturelle (et d'après les mots d'ordre de l'état, étant moi même issu de cette diversité culturelle franco-française)...
il m'est difficile de te contredire là.
Mais je continuerai à jouer le rôle du ventre mou, histoire que cette énergie punk ne finisse pas juste par s'auto-détruire.
Mon truc c'est les chinoiseries, genre taoïsme et juste milieu. Smile
(reste à savoir si cette attitude ne vise pas juste à maintenir les choses telles qu'elles fonctionnent... pour me défendre je dirai que j'aurai tendance à croire qu'il s'agit plutôt de faire de son mieux de paramètres que nous donnent une situation, afin de jouer un jeu à plusieurs niveaux... qui vise à ... je ne sais pas... s'amuser avec plus de monde afin d'éviter les frustrations? blabla blabla blabla je ne suis donc pas un puriste)


Dernière édition par wootsuibrick le Dim 2 Déc 2012 - 7:44, édité 2 fois
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Message par Invité Dim 25 Nov 2012 - 6:44

Mais je m'amuse, en non-puriste, en compagnie de monsieur Frodon, qui, s'il est adepte du taoïsme, s'en amusera certainement aussi. Et ça créera une complicité très "cool" entre nous.

(Je crois pas qu'il me lise au delà de la deuxième ligne, ni même qu'il me lise tout court, donc tout ça c'est du slapstick. En plus, je suis pas punk, y a pas plus poli et respectueux que mézigue. Dans le monde "réel", je veux dire. Je suis un fou moi, je suis un punk dans ma tête)


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Message par wootsuibrick Dim 25 Nov 2012 - 6:47

pour le projet de paix perpétuelle et cool, en plus du taoïsme je recommande :

Moritaka chisato parle du fait que même si elle devient une obasan (comprendre une femme mûre pas très affriolante) son mec aussi sera un ojisan (comprendre un monsieur au ventre qui dépasse, et plus tout jeune, et qui même si il dit des phrases vachement kakkoii (classes), son ventre déborde quand même...)
L'idole, toute jeune, et toute mignonne, qui dit d'avance ce qui l'attend (être dépassée à un moment par de jeunes chairs plus affriolantes), malgré l'illusion qu'est le moment où elle chante... ça me cause. Ô vanité (faiblesse) de l'Homme, juste à travers l'illusion de ce qui apparait...
La chimie des hormones qui réagissent mieux aux jeunes chairs affriolantes participe aussi à la construction de cette vanité. Peut-on dire que cette part de réel est aussi illusion? blablabla blablabla
Dans une perspective bouddhiste où le temps au-delà de la mort, condamne ce qui doit mourir à une nature illusoire, la chimie qui mène à la reproduction du vivant fait aussi partie du monde illusoire. Un monde qui de toute manière face à un temps infini, au moment où l'éternité pose un regard sur lui, est déjà mort. Comme l'homme qui sait, tout en posant un regard sur un papillon, que ces battements d'ailes ne dureront pas plus de quelques jours.
"Courte est la vie des fleurs,
infinies leurs douleurs."



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Message par Invité Dim 25 Nov 2012 - 8:04

Oui, d'accord, mais on est dans les problématiques collectives, là, sociales, économiques, politiques, des rapports de domination, de pouvoir, de classes.



Je peux acquiescer à toute philosophie zen ou taoiste, renoncer aux illusions de l'égo et de la possession matérielle, etc, ou, dans un autre paradigme, développer une eschatologie du salut personnel.

Y a des contextes où ça a du sens, des conditions de possibilité ou de réalité déterminant telle disposition. Et d'autres où ça a moins de sens, où c'est moins possible. ça reviendrait à intérioriser une condition d'existence atroce, en faisant abstraction de conditions externes qu'il l'ont faite telle. ça reviendrait alors à cultiver une illusion suprême consistant précisément à renvoyer au domaine de l'illusion les déterminations d'un monde extérieur.
Le désir deleuzien, je suis pour, absolument pour: percer, limer le mur, patiemment, plutôt que de se taper la tête dessus; tracer un plan d'immanence. Mais comme dit aussi Deleuze, on peut manquer des conditions qui rendent possibles un tel désir, en être empêché, du dehors. C'est pourquoi le plan d'immanence constructiviste n'est pas l'affaire que d'une personne, isolée, mais d'agencement collectif de désirs, d'énonciations. Et là, je critique ma position "individualiste" comme une impasse, bien sûr.

La liberté sartrienne, je suis pour, absolument pour: se ressaisir, sur le mode d'un pour soi, des déterminations objectives, sociales, familiales, etc, tout ce passif de l'en soi qui pèse sur l'existence. Ma liberté, c'est ce que ferai de ce que la vie a fait de moi. Mais là encore, ça ne dépendra pas que de moi, tout seul. Je peux échapper, en actes, à une détermination censée me définir comme un "en soi", si je peux aussi entrer en relation avec une autre liberté cherchant à échapper à ses déterminations. Etc, etc.


J'admets tout à fait, par ailleurs, que tout ne soit que vanité, étant par ailleurs pétri de finitude. Mais la finitude n'est pas qu'une affaire ou expérience "personnelle" ou "individuelle", ou "solitaire", même si on meurt seul. Elle est intriquée de pied en cap au social. C'était une des critiques que Kojève adressait au Dasein heideggerien, par exemple, lui opposant la dimension originairement sociale du Désir.

C'est un peu comme la notion de "résilience" de Cyrulnik (le sujet tisse tout seul, sans l'aide de personne, la toile qui va le sauver, tel le baron de Munchhausen s'extirpant de son marécage en tirant ses propres cheveux). Dont Serge Tisseron a très bien montré qu'elle venait opportunément justifer, comme transposition laïque de la doctrine protestante de la grâce et du salut, en la psychologisant, l'idéologie dominante d'un capitalisme libéral et sauvage, accordé au mythe du "self made man": y a pas de rapports sociaux de domination, d'exploitation ou d'exclusion, les uns s'en sortent, d'autres non, parce que, par nature, par don, les uns sont destinés à s'en sortir, d'autres non.

C'est pas social, ça dépend pas de conditions sociales et de rapports de force, c'est un problème purement spykologik, comme dirait de Funès à Galabru dans Le petit baigneur.
Je peux alors aller expliquer à un sdf que, s'il est "résilient", comme l'huitre secrétant sa perle, il puisera dans ses ressources psychiques intimes pour faire de son merveilleux malheur un formidable ressort de créativité. Sinon, ben tant pis pour lui, c'est qu'il était pas "résilien". C'est pas de sa faute, non plus, c'est la nature, Darwin, la sélection des espèces, tout l'bazar: il était pas dans le bon lot, c'est tout. Il avait pas les ressources adaptatives... Inutile d'incriminer le proprio qui l'a expulsé, ou je ne sais quelle injustice sociale. C'est trop facile, de se victimiser tout le temps, comme ça, c'est toujours la faute des autres, et patati et patata: res-pon-sa-bi-li-sez vous. Vous n'étiez pas fait pour devenir cadre supérieur, d'accord, mais est-ce tellement grave, après tout? C'est une illusion, tout ça: vous savez, le cadre supérieur n'est pas plus heureux que vous. Il croit qu'il est heureux, mais il ne l'est pas du tout. Au contraire, il est complètement aliéné par sa dépendance au bonheur illusoire procuré par les possessions matérielles, et quand il s'en rendra compte, ce sera trop tard, et là, croyez-moi, il va morfler sévère. Vous, par contre, vous avez la chance, de saisir cette occasion, cette opportunité que la vie vous a réservé: vous n'avez plus de possessions matérielles, donc vous avez l'occasion d'expérimenter les vertus essentielles d'une vie d'ascète. Reste le plus gros du travail, certes: vous délester des illusions du moi. Vous croyez que vous manquez de quelque chose, mais c'est parce que vous êtes encore enfermé, dans la tête, dans la dualité sujet/objet. Vous placez votre salut dans une cause extérieure. Pas bien! Comme l'a très bien montré Spinoza.
Et sinon, vous avez déjà entendu parler du stoïcisme? Libre dans les fers.., acceptez votre sort comme faisant partie d'un tout cosmique, qui a sa raison d'être et qui ne dépend pas de vous. Apprenez à vous montrer digne de ce qui vous arrive, à faire contre mauvaise fortune bon cœur, de nécessité vertu. C'est une clé de la sagesse, celles des hommes vraiment libres. Vous avez cette opportunité formidable, ne la laissez pas passer, en continuant à poursuivre des chimères...


Je peux, mutatis mutandis, l'inciter alors à se convertir au taoisme, oui lui expliquer de que vanité, tout est vanité, illusion, qu'il doit accepter sa finitude: il souffre d'être sdf parce qu'il s'est raccroché aux illusions d'un ego consumériste, avide de posséder des biens matériels, alors qu'avec un peu de discipline spirituelle, il pourrait supprimer sa souffrance engendrée par les illusions du Moi, la dualité entre le Sujet et l'Objet.


Et puis j'ajouterai que s'il n'est pas trop tenté par la voie exigeante, certes, du zazen, il n'a qu'à se changer un peu les idées, se divertir au sens pascalien: en se mettant à l'écoute de ses hormones (si elles sont pas déréglées par un régime alimentaire inapproprié): tomber amoureux d'une jeune chair affriolante, par exemple.

Pourquoi non?Tout en le prévenant: attention, même si elle veut bien de vous, elle sera un jour grosse et moche, comme vous l'êtes en ce moment, alors un conseil judicieux, si vous voulez prolonger l'illusoire plaisir inscrit dans la chimie de vos hormones: arrêtez de bouffer toutes ces saloperies graisseuses que vous glânez un peu partout, inscrivez-vous dans une bonne salle de fitness, régime protéiné et margarine sans sel, mangez bio, négligez les boissons gazeuses, pensez "positif", et travaillez un peu vos abdos. Parce que là, mon vieux, ça déborde. Alors, si vous voulez goûter ce que vivent les roses, l'espace d'un instant fugitif, vous savez ce qu'il vous reste à faire.


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Dim 25 Nov 2012 - 10:35, édité 2 fois

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Message par wootsuibrick Dim 25 Nov 2012 - 8:31

Baudouin II de Barvaux a écrit:

Pourquoi non?Tout en le prévenant: attention, même si elle veut bien de vous, elle sera un jour grosse et moche, comme vous l'êtes en ce moment, alors un conseil judicieux, si vous voulez prolonger l'illusoire plaisir inscrit dans la chimie de vos hormones: arrêtez de bouffer toutes ces saloperies graisseuses que vous glânez un peu partout, inscrivez-vous dans une bonne salle de fitness, régime protéiné et margarine sans sel, mangez bio, négligez les boissons gazeuses, pensez "positif", et travaillez un peu vos abdos. Parce que là, mon vieux, ça déborde.

Le moment que prend pour départ Chisato est biologiquement parlant égalitaire. Lui et elle sont apparemment dans les mêmes conditions physiques... sauf que, inégalité sociale oblige, l'homme qui vieillit croit encore qu'il peut convoiter de la chair bien moins âgée que la sienne, dans les règles de l'art du charme et de l'amour sans recourir à la prostitution, alors que femme qui vieillit ne peut soit disant espérer que gigolo.
Chisato tente de remettre à sa place cet homme, son mec, qui vieillira pareil qu'elle... elle tente désespérément de créer de l'égalité sociale entre sex appeal masculin et féminin. Elle le fait de manière négative. Elle ne se hausse pas à la hauteur de l'homme qui ne tient pas compte de l'état de sa chair vieillissante lorsqu'il part en chasse, mais rabaisse cet homme au niveau de la condition de la femme, en lui disant que son attitude positive dans la chasse à la chair affriolante ne cache pas son ventre qui déborde, et qu'en gros il ferait mieux de se contenter de la chair vieillit de sa Chisato qui en d'autres temps était une belle illusion dansante et chantante devant un parterre d'hommes de tout âge aux hormones brulantes... elle était à l'image des jeunes femmes que son mec convoite désormais à sa place.

Ton sdf est carrément en dehors de ce spectre, non seulement il va pas pouvoir se payer tout ce que tu lui recommande si il échoue dans la voie taoïste, le zen... mais en plus son capital social lui interdit d'espérer une Chisato.
Ce qu'il doit développer en cas d'échec du spirituel c'est son imaginaire érotique, ce afin que ses séances de masturbation se fassent dans la joie plutôt que dans la froide tristesse du "je fais comme je peux pour gérer mes hormones en attendant la fin". Il ne peut qu'espérer une révolution qui renverserait sa position sociale ou se tenir à l'écart du monde flottant, afin de ne pas souffrir de son incapacité à y participer... sa frustration.


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Message par Invité Dim 25 Nov 2012 - 8:39

je ne suis pas bien sûr, Jerzy, que ta perception de ce qu'est la résilience soit exacte. La résilience c'est une enfant violée et qui adulte, aura surmonté son traumatisme. Où est le social là-dedans ?

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Message par Borges Dim 25 Nov 2012 - 9:01

slimfast a écrit:je ne suis pas bien sûr, Jerzy, que ta perception de ce qu'est la résilience soit exacte. La résilience c'est une enfant violée et qui adulte, aura surmonté son traumatisme. Où est le social là-dedans ?

oui, au départ (s'il a jamais existé) c'était ça; mais ça a pris un autre sens : apologie de ceux qui se sortent de tout, survivent à tout, surmontent tous les coups durs, et finissent par gagner; bref, la bonne vieille idéologie individualiste capitalo-darwinienne; y a eu un article dans le Monde Diplomatique sur la transformation de la notion (qui bien entendu n'a jamais été neutre)


Dernière édition par Borges le Dim 25 Nov 2012 - 9:10, édité 1 fois
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Message par Invité Dim 25 Nov 2012 - 9:07

énoncer les choses comme ça, ça n'est vraiment pas être résilient.

Etre résilient c'est jouer dans un film de Capra, ne pas l'être de Scorsese.

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Message par Invité Dim 25 Nov 2012 - 9:52

C'est quoi ton désir, ici, à part tenter de décourager ceux qui écrivent? Viens-tu ici pour écrire, pour "agencer"?
j'ai essayé d'écrire des trucs et j'ai pris des insultes en pleine gueule par un savoir autorisé qui me fait la leçon pour finir sur je ne sais quel fantasme d'égalité qui vous désignerait, vous autres honnêtes gens du savoir autorisé. Le fait que je décide à un moment de répondre aux insultes t'est assez insupportable apparemment, à toi et à d'autres. Je pense que c'est un tort de penser que ce que vous écrivez sur les autres ou contre les autres s'inscrit dans une bulle virtuelle, alors que ton être réel est vachement bien lui...

... et toute cette comédie d'enculades permanentes implique aussi pas mal de gens qui restent silencieux et qui continuent à participer comme si rien ne se passait, des gens très bien sans doute pour qui j'avais beaucoup de considération comme Careful, Erwan, LorinLouis, Balthazar Claes, qui ont dû baisser les bras aussi quant à espérer que ça fonctionne sans humiliation par ici.

Perso, je ne suis pas un résilent. J'imprime les insultes, et elles vous engagent dans la vie réelle, et t'es pas si loin.



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Message par wootsuibrick Dim 25 Nov 2012 - 10:14

breaker a écrit:à espérer que ça fonctionne sans humiliation par ici.


on appellera ça un bizutage ou un rite de passage. Smile
bon... quand ça dure, c'est qu'il y a injustice et tête de turc.
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