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Message par les spectres Dim 14 Mar 2010 - 8:25

#14

(blog) Critiques, vos papiers : Invictus.
Depuis A Perfect World, la métaphore de la voiture comme machine à remonter le temps tourne à plein régime chez Eastwood. Invictus fait rouler la voiture présidentielle de Mandela sur cette même route où il avait laissé en plan (final) les spectateurs de Gran Torino. Cette automobile remontant le temps est devenue également, chez le réalisateur, machine à intégrer l'american way of life. Comment tracer la route du récit en mettant, d'un côté de celle-ci, les Blancs rugbymen, gentlemen de l'apartheid, et de l'autre, les Noirs footballeurs, voyous et désorganisés ? (..)

(blog) Admiration de : Nicholas Humbert et Werner Penzel.
"Un cinépoème à propos de la vie nomade", c'est comme ceci qu'est présenté le documentaire Middle of the moment (1995) de Nicolas Humbert et Werner Penzel sur la couverture de son édition DVD. Il n'y a pas plus périlleux pour le cinéma que de vouloir se frotter au nomadisme, à une forme de vie humaine qui échappe ne serais-ce qu'en terme d'espace et de temps - composantes ontologiques du cinéma - aux voies tracées par la société auxquelles peu d'entre nous échappent réellement.(..)

(blog) Le siècle : de(s) histoire(s), du cinéma. Poum poum, tralala (Aragon, même pas peur !).
J'ai découvert la nouvelle l'autre jour, en feuilletant l'un des innombrables programmes du Festival Lumière de Lyon que j'ai reçus par La Poste : Pierrot le Fou a été restauré. J'aurais dû être content, piaffer d'impatience à l'idée de pouvoir enfin voir le film de Godard au ciné, dans sa "splendeur originelle" (dixit Serge Toubiana), et en plus avec des invités prestigieux tels que Tonie Marshall ou Asia Argento dans la salle pour présenter le film et nous guider dans cette étape cruciale pour la vie d'un cinéphile. Franchement, j'avais tout pour être heureux et je crois bien que Thierry Frémaux, le mec à qui on devait tout ça, il comprendrait pas pourquoi je me suis dit "j'irai pas !".(..)

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Message par les spectres Mer 14 Avr 2010 - 8:15

#15

(blog) Critiques, vos papiers : Max et les Maximonstres.
Certains films sont des lieux communs. Enfin, pas si communs, tant ils émergent d’une expérience personnelle inédite et qu’ils génèrent du coup la confrontation de notre propre écriture à quelque chose d’enfoui, de refoulé et que nous croyions perdu. Et c’est l’occasion d’un film, d’une adaptation, travail d’archéologie personnelle qui, grâce à cet événement, me permit de retrouver ce qui m’était dissimulé et ainsi parcourir à nouveau des espaces qui m’ont été familiers, ressentir une seconde, une autre fois, des émotions qui m’ont jadis mû. Ecrire sur Where The Wild Things Are, tant le conte graphique de Maurice Sendak que l’adaptation qu’en livre Spike Jonze, en proposer une critique ou un texte, est une expérience lourdement ambigüe. Elle est la résurgence de ce "je" qui se veut discret, intériorisé et neutralisé par une écriture qui ne joue pourtant jamais la dupe, qui connaît malgré les palliatifs la part du sujet et la part de l’objet. Une subjectivité enfantine, innocente. Et là, on peut constater les résistances, les difficultés liées à ce souvenir affectif, à cette part d’irrationalité qui participa à une émotion. Et pourtant, faut les dépasser, ces achoppements intérieurs. Il faut passer outre pour, peut-être, mieux les pénétrer, mieux les cerner et en faire fleurir quelques précieuses parts de soi-même. Ecrire cette critique pour moi, c’est finalement retourner à quelque chose de familier. Peut-être plus que d’habitude. (..)

(blog) Zéro de conduite : Hypocrisie de Clint Eastwood.
Dans la lignée du texte de GLJ publié il y a quelques semaines sur le blog, ainsi que du travail global effectué par Les spectres sur les films de Clint Eastwood (n°3, discussions sur les forums…), j’aimerais approfondir certains traits qui me paraissent décisifs pour comprendre ce que j’appellerais "l’hypocrisie eastwoodienne". En effet, derrière les bonnes intentions et les idéaux pacifistes de son dernier film, Invictus, se distille toute une série d’agencements politiquement douteux qui contredisent les propos soi-disant progressistes affichés au départ, allant même jusqu’à effacer les nuances d’une question (l’égalité de tous) et d’un personnage (Nelson Mandela) complexes. (..)

(blog) Cinéma(s) aux marges : Je(u) d'ombres.
Situé devant l'entrée d'une galerie ou d'un musée d'art contemporain, comme attendant face au crépuscule de l'art, le visiteur confondu ne sait jamais trop à quoi il peut s'attendre. Il est secrètement dans l'expectative, parfois, souvent vaine, de trouver une nuance qui ravive quelque chose aussi bien de son goût pour l'art que de la trajectoire que suit sa vie (laissons ici de côté, au vestiaire comme un manteau un peu encombrant, le "beau"). Le secret du but à atteindre prend la forme d'un faux désintéressement maquillé en simple curiosité. Il se révèle toujours lorsque, à la sortie, perce une déception : nous sommes déçus, excédés, incrédules parce que nous attendions bel et bien quelque chose de, autre chose que, ce que nous allions visiter sans généralement savoir exactement de quoi il en retournerait. Cet élément de surprise n'est pas pour attiser notre désintéressement. Bien au contraire, il encourage, dans un choix totalement hétéroclite, le tri ciblé, une sélection instinctive du visiteur venu pour voir et plus encore : se projeter autant que possible dans les œuvres. (..)

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Message par les spectres Ven 14 Mai 2010 - 9:59

#16

(blog) Critiques, vos papiers : Independencia.
L’image qu’on emporte avec soi, c’est d’abord celle de cette forêt. Une drôle de forêt, reconstituée en studio selon les codes du cinéma exotique produit aux Philippines par l’occupant nord-américain, dans les années 20. Quelques plantes arrangées au premier plan, l’amorce d’un étang et de quelques troncs d’arbres ; au fond, de grandes toiles peintes qui simulent l’horizon d’une forêt où personne ne pourra jamais s’enfoncer ; et voila tout ce qui doit suggérer les grands massifs montagneux et forestiers des Philippines. De temps en temps, des tortues batifolent dans l’étang ; ou bien, c’est une poignée d’oiseaux qui se projette dans les airs comme des balles de fusil ; on s’attend toujours à voir apparaître dans le champ l’animalier qui vient de les lâcher dans le décor. La caméra, fixe, à distance moyenne, décompose cet espace en une série de petits fragments plats, disjoints les uns des autres. C’est comme la scène d’un théâtre de poche ou comme les vitrines d’un muséum naturel, spécialement arrangées pour qu’y éclate comme un événement sensationnel, comme un coup de théâtre, l’apparition du vivant. Et c’est vrai qu’on est comme saisi de surprise au moment où l’on voit surgir dans le champ de cette forêt de pacotille un jeune homme, une jeune fille, un enfant, bien vivants et en taille réelle, un échantillon complet de l’espèce humaine. Mais par un curieux renversement, quand paraissent dans le champ une tortue, un oiseau, ou un être humain, c’est plutôt l’effet inverse qui se produit : au lieu que ces spécimens animés accusent l’artificialité du décor, ce sont eux qui paraissent faux et déplacés, et c’est la forêt qui paraît vraie. Le petit miracle qui se produit, c’est quand cette forêt d’opérette se met à vivre pour elle-même, parce qu’un ventilateur ou une lance cachés hors champ l’animent d’un semblant d’intempéries, font trembler le feuillage et briller une rosée d’emprunt. C’est toute l’intelligence de Raya Martin d’avoir fait en sorte que cette forêt de studio où rien n’est vrai, pas même le soleil, joue constamment de son double statut de leurre, de pastiche dénoncé comme tel, et de beau mensonge auquel on soit tenté de croire. Si la tornade finale, toute en éclairs et en ombres, nous saisit d’une vraie peur, c’est peut-être seulement parce que cette forêt d’opérette, continuellement dénoncée comme fausse, nous a, par cela même, laissé une chance d’y croire. (..)

(blog) Zéro de conduite : HAuteurs : esprit de conservation.
Be Happy (2008) et La fille coupée en deux (2007) suivent, chacun à sa manière, le parcours de personnages féminins censés représenter les jeunes femmes actuelles, en prise avec leur temps. Avec et à travers ces personnages, que les cinéastes font s'enfoncer non sans complaisance dans d'exécrables sables mouvants, c'est toute modernité formelle et donc passionnelle (ou vice-versa) qui semble s'asphyxier, marquer un brutal coup d'arrêt. (..)

ET BIENTOT, LE NUMERO 4

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Message par les spectres Dim 13 Juin 2010 - 16:51

#17

NOUVEAU NUMERO :

Newsletters Spectres du cinéma Couverture4

A télécharger au format pdf et à consulter au format webzine à cette adresse

Au sommaire :

JUSTE UNE CONVERSATION AVEC...
Les employés des CNP de Lyon

ADMIRATION DE... RICHARD LINKLATER
Me and Orson Welles (Le_comte)

CINÉMA(S) AUX MARGES
Sur la route, lettre ouverte (Jean-Maurice Rocher)

VARIATIONS DU SUJET : PLAYTIME
Les Attrape-nigauds ( Borges et Adèle Mees-Baumann)

LES POINTS DE RÉEL :
PASSION DU SEMBLANT ET MONTAGE DU RÉEL
Les Voix du peuple (Jean-Maurice Rocher)
Mobile suite Gundam, nature de l'ennemi (Mounir Allaoui)
Rire et mourir (Lorin Louis)

ZÉRO DE CONDUITE
Au milieu coule Desplechin (Stéphane Belliard)

RUINES D'UN SOURIRE (Les spectres)
Herbier imaginaire de la BA de Film socialisme
Quo vadis Godard Quo vadis cinema


(blog) Passion du semblant et montage du réel : Pollock : interloqué.

Curieux biopic, trouvé un peu par hasard en DVD dans les rayons d'une des médiathèques qu'il m'arrive de fréquenter. Le film, signé de l'acteur-réalisateur Ed Harris en 2000, cumule peut-être les dangers du genre - qui connaît une véritable effervescence ces derniers temps, en particulier en France, notons-le pour le pire et rarement pour le meilleur - tout en acceptant, d'emblée, dans les choix propres au réalisateur, les reproches qui ne manqueront pas de lui être fait. (..)

(blog) Admiration de... : Takeshi Kitano.

Achille et la tortue raconte les déboires d'un peintre raté qui n'arrive pas à vendre ses toiles. Le personnage s'appelle Machisu, ce qui est en fait la prononciation japonaise de Matisse. Achille et la tortue est donc un film sur l'art, que Kitano a d'ailleurs sous-titré « une histoire cruelle de l'art ». Mais précisons : le double usage du mot ART, par lequel le français désigne indifféremment les seuls arts plastiques ou toutes les formes de pratique artistique, permet ici un raccourci productif. On sait que Kitano est peintre, mais il l'est à peu près autant que Ingres était violoniste. Son médium majeur est l'audiovisuel : cinéma et télévision, et l'acte de peindre dans le film renvoie de manière transparente à la fabrication d'images animées. (..)


Dernière édition par les spectres le Mer 13 Oct 2010 - 4:03, édité 2 fois

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Message par les spectres Jeu 9 Sep 2010 - 12:24

#18

(blog) Critiques, vos papiers : Un poison violent

Faire un film et le montrer, surtout quand c'est le premier, c'est pas rien. On s'expose, on se dévoile, on s'engage, on s'investit, on révèle une part de soi, de son petit théâtre privé : rêves, idées, fantasmes, visions, figures... Mais aussi : fragilités, tics gênants et autres talons d'Achille, habituellement tapis dans l'ombre et qu'on retrouve en pleine lumière. Le projecteur chauffe, il tourne, c'est trop tard. On s'affiche, qu'on le veuille ou non. Les films jeunes et fragiles se présentent au spectateur comme un adolescent mal dégrossi face à des adultes pleins de morgue et d'assurance ; le menton dressé mais le regard hésitant entre timide introversion et franche désinvolture. L'adolescent est conscient de son potentiel, de ses forces et de ses formes naissantes, mais il ne sait pas encore très bien comment s'en débrouiller. (..)

(blog) Critiques, vos papiers : Cleveland contre Wall Street

Un vrai-faux procès où la ville de Cleveland, dévastée par la crise des subprime, attaque les banques en justice : voilà une idée originale, qui promettait que la discussion soit plus ouverte que dans un Michael Moore, et moins hypocrite que dans In the air. Le fait est que Cleveland contre Wall Street constitue un parfait antidote au cynisme de ce dernier, sans parler des récentes « fictions de crise » comme Krach ou Wall Street 2, que nous n’avons pas vus mais dont les premières images laissent vite comprendre que leurs auteurs trouvent plus fascinant l’univers impitoyable des traders que le sort des pauvres cloches mises à la porte de leur maison à cause d’eux. Plus malin que Fabrice Genestal ou Oliver Stone, Jason Reitman avait saisi l’opportunité de la crise pour émailler une fiction sentimentale parfaitement convenue de quelques témoignages authentiques de chômeurs et enduire ainsi un scénario du dernier cynisme d’un badigeon humaniste et compassionnel qui suffit à certains pour présenter le film comme une satire du libéralisme et une critique de la sauvagerie en milieu professionnel. Il faut dire qu’In the air tombait à point nommé au moment où des masses d’éditoriaux indignés martelaient qu’il n’y avait rien de plus urgent que de moraliser le capitalisme – époque qui nous paraît déjà bien lointaine. Pourtant, par un curieux renversement, le personnage de George Clooney, serial killer du licenciement négocié, nous apparaissait progressivement comme un ange à la Franck Capra, qui ouvrait les yeux des salariés reconnaissants sur l’opportunité merveilleuse des licenciements abusifs : la main invisible du marché et la main de la Providence s’alliaient fraternellement pour forcer tout un chacun à sortir d’une routine contre-productive et à repartir du bon pied car le film affirmait sans ciller qu’un salarié licencié a toutes les chances de s’accomplir personnellement en choisissant le métier grâce auquel il réalisera enfin ses rêves d’enfant. Et si par malheur il ne retrouvait pas tout de suite du travail, il aurait au moins l’occasion irremplaçable d’éprouver la solidité des soutiens familiaux, car il est bien connu que le chômage fait le bonheur des familles, comme Jason Reitman a dû le lire dans les pages psychologie de Vogue. (..)

(blog) Critiques, vos papiers : Aftershocks

Un film aura massivement occupé les écrans des salles de cinéma chinoises cet été. Il ne s'agit pas de The Last Airbender ou de Inception (pas encore sortis en Chine), mais de Aftershocks réalisé par Xiaogang Feng. Le film raconte le parcours d'une famille disloquée après le tremblement de terre meurtrier de Tangshan en 1976, en partant des quelques heures qui ont précédé la catastrophe et en remontant jusqu'à nos jours. Production 100% nationale avec des effets spéciaux de l'apocalypse qui n'ont rien à envier à ceux d'Hollywood, il est probable que le matraquage médiatique qui a accompagné la sortie de cette mega-production relève simplement auprès du public de l'exaltation du sentiment national. Il en va un peu différemment. Ou plutôt, cet appel de concurrence avec les blockbusters hollywoodiens, se double d'un message à usage local. (..)

(blog) Critiques, vos papiers : Film socialisme

Les premiers plans qui me reviennent en tête, quand j’y repense, ce sont ces vagues, ou plutôt le remous de la mer sur le passage du bateau de croisière ; plans éminemment godardiens.

On se souvient de Prénom Carmen qui déjà était rythmé, visuellement, dans le montage, par le fracas répété des vagues contre les rochers. Ces plans disaient à merveille la violence sauvage et incontrôlée du sentiment amoureux. Violence qui devait précipiter la perte des deux amants. Réinterprétant l’opéra de Bizet, Godard employait l’élément maritime dans son interprétation métaphorique la plus classique, celle du romantisme du XIXème siècle. En dépit de toutes les expérimentations stylistiques qui traversaient le film, il manifestait là, avec beaucoup de distance et quasiment pour la dernière fois, son affection pour les "histoires de cinéma", comprendre un récit épique et tragique, des relations passionnées, des héros torturés. Et déjà, au milieu de ce tumulte, il jouait Oncle Jean, celui qui soliloque sur la guerre froide et l’impérialisme américain dans son coin, le cigare au bec. (..)

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Message par les spectres Mer 13 Oct 2010 - 4:03

#19

(blog) Critiques, vos papiers : Oncle Boonmee

Il y a des films comme ça, dont le souvenir restera indissociable du contexte dans lequel on a croisé leur route. Ils font dès lors partie de notre vie, de nos souvenirs, au même titre que n'importe quel autre événement marquant qui deviennent les jalons de notre mémoire. Quand on les revoit ou qu'on y repense, on se dit immédiatement : j'étais avec telle personne, à tel endroit, je venais de faire ça et j'étais dans tel état d'esprit. Mais comme dirait le spirituel Vialatte que je parcours en ce moment : « Les événements ne sont rien. Ce qui compte, c'est leur légende. La façon dont on les raconte ». (..)

(blog) Critiques, vos papiers : Karate Kid

J'ai vu The Karate Kid (de Harald Zwart) sur un petit écran d'avion, en partance pour la Chine. Entouré, devant moi, par cette saleté de frimeur d'Iron Man faisant son show cadencé à grande vitesse et, à ma gauche, par les créatures des mers de Océans paressant mollement sur les rivages. Grand écart double, géographique et rythmique ; me voici spectateur pris entre deux pays, entre deux vitesses, entre règne des machines et règne des animaux. Le grand écart est, dans le film de Zwart, la figure ultime vers laquelle tend l'entraînement du jeune Dre (Jaden Smith). Le jour où celui-ci parviendra à toucher la cloche pendue en hauteur avec le bout de son pied, ce geste sonnera l'heure où l'entraînement se terminera et la compétition pourra commencer. Étrange comme cet athlétique geste si gracieux, défiant la pesanteur corporelle, fait en fin de compte bifurquer le film vers des sommets de balourdise plutôt évités jusqu'alors, mais j'y reviendrai plus en détail un peu plus loin.. (..)

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Message par les spectres Jeu 6 Jan 2011 - 12:04

#20

(revue) Spectres du cinéma #5


Le numéro 5 de la revue est en ligne aux formats pdf et webzine. Au sommaire, un long entretien avec Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval. Il y est question de leur travail sur leur prochain film, mais aussi de cinéma post-documentaire, de la Shoah au cinéma et de bien d'autres choses. S'y trouve également un entretien avec Syd Matters, autour de son travail sur la musique de La Question Humaine, ainsi que plusieurs articles sur Paria, La Blessure et Zombie, dont un texte signé Nicolas Klotz.


(blog) Critiques, vos papiers : The Swimmer (F. Perry)


Je ne sais pas trop ce qu'Héraclite voulait dire par "On ne peut entrer deux fois dans le même fleuve" - mais qui le sait de toute façon ? Ce type n' était pas à une obscurité près, à ce qui paraît. N'importe, admettons qu'on comprenne. On n'entre pas deux fois dans le même fleuve : c'est une évidence vu qu'un fleuve, c'est de l'eau qui coule, ce n'est jamais le même – bien qu'on dise que c'est le même, pour la commodité de l'entre-compréhension universelle. C'est le même fleuve et ce n'est pas le même : ainsi va la vie, faut que vogue le navire. Soit. Mais dans une piscine ? (...)


(blog) Critiques, vos papiers : Outrage (T. Kitano)


Il ne faut pas se fier aux apparences : Outrage est le film le plus directement et le plus radicalement politique de Kitano. Et son enjeu est tout autre qu'un simple retour aux premières amours. Achille et la tortue ne mentait pas en annonçant, en conclusion de la trilogie fantaisiste ou fantasmatique, un renouveau stylistique complet. Sous les oripeaux fatigués du film de genre, Kitano reprend et subvertit tout un pan du cinéma japonais, celui de ses années de jeunesse et de formation autant que celui qu'il pratiquait lui-même, et inaugure une nouvelle période dans son œuvre. (...)


(blog) Critiques, vos papiers : Scott Pilgrim (E. Wright)


Voici venu Scott Pilgrim, héros canadien d'un film sorti sur le tard en France et en catamini, un peu comme American Trip quelques mois plus tôt. Il paraîtrait que les salles n'en veulent pas, ce dont on peut s'étonner au vu du "potentiel marketing du produit" : un teen-movie adapté d'une BD qui se déroule sur fond d'épopée rock, le tout revisité par les codes du jeu vidéo de combat, et porté par une jeune vedette de la comédie américaine... difficile a priori de faire plus "vendeur", plus "fun". Il faut croire que ce type de films s'adresse comme on dit dans le commerce à une "niche" qu'il est d'usage de désigner aujourd'hui par le néologisme "adulescents". (...)


(blog) Critiques, vos papiers : The Social Network / La Vie au ranch

Après l'interminable enquête policière de Zodiac sur plusieurs décennies puis Benjamin Button, lourde fresque pompière et révisionniste étalée sur un siècle, voici revenir le petit malin Fincher avec un film où tout va plus vite, tout est condensé. Son goût pour les glorieux destins le mène au cas Zuckerberg qui a installé Facebook en quelques années et quelques lignes de code informatique tapotées à tout allure sous l'emprise de l'alcool et de l'excitation : tension, nervosité, rapidité.

C'est l'occasion d'évoquer un autre film sorti en même temps et qui place la parole au centre de son dispositif : l'insupportable La Vie au Ranch. Là où The Social Network est tout tendu par la recherche d'une efficacité maximale des dialogues, le premier film de Sophie Letourneur s'attache à faire entendre les babillages les plus futiles, en pure perte. Paroles qui se marchent dessus, saturent les appartements étriqués et s'étirent jusqu'à plus soif, comme les fiestas des minettes jusqu'au petit matin. (...)



(blog) Critiques, vos papiers : The Other Guys (Adam McKay)
L'annonce nous est faite avec fracas. Mais d'un fracas grotesque, absurde, tellement improbable qu'elle en est comiquement violente. On nous l'annonce : The Other Guys, les autres types, ce sont les autres, pas les héros. Ces derniers, grandes gueules, cabots et héros outranciers, ceux qui offrent le spectacle à coup de grandes actions et d'effets pyrotechniques, sont à sacrifier. Ceux que l'élan naturel de la narration aurait mis au centre du film, ceux qui avaient l'étoffe assumée et assurée pour porter ce vrai-faux buddy movie, échouent, lamentablement, portés trop loin par ce même élan, justement, trop loin. (...)


(blog) Critiques, vos papiers : Get him to greed (N. Stoller)

Get Him To The Greek, que les distributeurs français martyrisèrent en un franchisé American Trip, nous informe rien qu' à la lecture du titre. Il s'agit d'une odyssée dans laquelle s'engagera un héros mortel chargé de préserver son idole du chant des sirènes pour le faire cheminer jusqu' à cette salle mythique de Los Angeles, le Greek Theatre. Une consonance qui s'avère une révélation, la mythologie qui travaille en coulisse, qui berce le récit et le transfigure. (...)

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