DISTRICT 9
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Re: DISTRICT 9
Sinon Careful, quels sont les propos de notre ami Blomkamp que tu as lu ? Et où ?
Lol ouais, une catastrophe ce film oui
JM, je posais en fait une bête question : que devons-nous dire à un spectateur qui ne va pas forcément lire cette conversation, ou se faire adepte du soupçon ? Je ne sais pas, c'est idiot de ma part, mais je trouve que c'est un bon film tous public. Enfin bon, c'est niais là.
Lol ouais, une catastrophe ce film oui
JM, je posais en fait une bête question : que devons-nous dire à un spectateur qui ne va pas forcément lire cette conversation, ou se faire adepte du soupçon ? Je ne sais pas, c'est idiot de ma part, mais je trouve que c'est un bon film tous public. Enfin bon, c'est niais là.
Le_comte- Messages : 336
Re: DISTRICT 9
Avant de revenir à Daney, pour le préparer, quelques réflexions, en relisant quelques passages de Derrida :
Un monstre, c’est ce qui se montre ; le cinéma c’est ce qui montre, ce qui produit des monstres, et des stars ; deux réalités, deux êtres dont tout l’être se réduit à l’apparence, à l’apparaître, à la phénoménalité. Une star, un monstre, c’est d’abord un être d’image, de représentation ; quelqu’un, ou quelque chose que l’on exhibe, montre, du doigt, dans des foires, sur scène, des êtres que l’on met en lumière. Amour du visage, la star, c’est le gros plan, le visage. Et dégoût, du sans visage, du sans nom.
(l'histoire d'amour dans "District 9", après la contamination, ne peut se survivre que par téléphone, à distance, sans image; sans visage.)
Pourquoi voulons-nous voir des monstres, de la monstruosité ; ou des monstres sacrés ; peut-être pour nous rassurer ; nous ne sommes ni ce que nous voudrions être, des stars, ni ce que nous redoutons, ou ce qui nous dégoûté, comme dans « District 9 » ; film sans goût, sur le dégoût. Devant la monstruosité, nous prenons conscience de notre normalité ; produire du monstre, le montrer, le présenter, ou le représenter, c’est toujours, dans cette inquiétude, produire en même temps de la norme, de la normalité, de la quiétude, de l’assurance, de la certitude. Nous sommes normaux, devant les images des camps, actuels, ou de la mort, devant les images de la jungle (de Calais, ou des sauvages), des sans-papiers, de gens qui brûlent des bagnoles, qui sont tués, massacrés… qui commettent des trucs dingues, devant « les minorités », et bien entendu plus encore devant les extra-terrestres. Un des mecs du film dit, « on ne veut pas de ces trucs ; si c’étaient des gens d’un autre pays (mauvaise foi évidente), ça irait encore, mais ce sont des gens d’une autre planète ». Plus c’est loin , plus c’est loin de la norme, de nous, qui évidemment sommes toujours « ici », et maintenant ; norme de la présence, et de la présence à soi ; c’est depuis cet « ici », le lieu où je me tiens, ou je suis, que se déploient les distances, et les proximités, qui ne sont naturellement pas uniquement affaire d’espace et de distance empirique, mais aussi bien de « concernement, » d’empathie et de souci. L’immense question de la question des Evangiles, « qui est mon prochain ? La droite disait Deleuze déploie le monde, à partir de soi ; la gauche à partir des lointains ; il parlait des Japonais ; qui sont au monde avant d’être chez eux; ce qui peut naturellement se discuter ; Le Pen, disait d’abord moi, puis ma famille, mes voisins…
Donc, comme dit Derrida, devant un monstre on prend conscience de ce qu'est la norme, que je suis la norme, que la norme, c’est moi, et mon point de vue, et naturellement le point de vue de tous ceux qui sont comme moi, que je reconnais comme étant comme moi des « moi », des « sujets »…On ne me montre jamais l’autre, sans en même temps me donner à voir à moi-même comme une norme ; et cela marche avec ce film, à tous les niveaux ; ce ne sont pas seulement les extraterrestres qui sont autres, mais tout le monde ; tout le monde est monstrueux. Seul, le spectateur, car tout cela est bien entendu une affaire de regard, et de vision, est normal. En sortant du film on est rassuré ; nous ne sommes pas des monstres ; les monstres, c’est eux, ceux que nous avons vu, regardé, plus ou moins dégoûtés ; ceux que l’on nous a bien montrés ; monstre de violence, de laideur, de caricature, de bassesses, de bêtise… de racisme, de méchanceté… car le raciste aussi est un monstre, du moins un certain raciste, celui dans lequel plus personne (ou presque) ne se reconnaît ; il faudrait développer, à partir de Balibar.
Seul le spectateur n’est pas un monstre ; celui qui peut voir, qui voit, celui pour qui l’autre est réduit à la pure phénoménalité ; on se souvient que c’est là l’origine de toute violence selon Lévinas.
« Toute apparition de monstruosité …) permet une analyse de l'histoire des normes » ; dit encore Derrida, et le cinéma, fantastique, de SF, nous permet de voir ces constructions de la norme, des normes, que nous sommes ; en matière d’altérité extraterrestre, on a deux extrémités ; Alien, c’est le monstre en tant que danger, puissance de mort, j’en ai parlé, ailleurs ; à l’autre bout, on a les extraterrestres de « Rencontre du troisième type ». "District 9", naturellement fait allusion à ces deux films ; dès le départ, une des voix off, féminine, nous dit que l’on s’attendait en entrant dans le vaisseau à voir des anges, des lumières divines, et à la place des êtres laids, affamés, dégoûtant, nombreux (c'est important); pas dangereux ; pas effrayants ; juste dégoûtants.
Le monstre, l’extraterrestre, ici, c’est l’autre, dans le régime médiatico-humanitaire, sans oublier, la science, et les militaires. Le monstre, dans la victime, ou la victime comme monstre. L'extraterrestre ici n' est ni dangereux, séduisant, fascinant, comme dans Alien, un modèle d'organisme parfait, ni un être angélique, comme chez Spielberg, l'homme en mieux, la destination de l'homme, son aspiration... son désir...même si "District 9", obéit à la morale de ET : "chacun chez soi; la morale de l'apartheid.
L'extraterrestre, ici, c'est "la victime".
Ici, naturellement, doivent intervenir les analyses produites par Badiou dans l’Ethique. et on ne comprendra rien à ce film, et à son racisme, si on ne comprend pas ce que dit ici Badiou :
Un monstre, c’est ce qui se montre ; le cinéma c’est ce qui montre, ce qui produit des monstres, et des stars ; deux réalités, deux êtres dont tout l’être se réduit à l’apparence, à l’apparaître, à la phénoménalité. Une star, un monstre, c’est d’abord un être d’image, de représentation ; quelqu’un, ou quelque chose que l’on exhibe, montre, du doigt, dans des foires, sur scène, des êtres que l’on met en lumière. Amour du visage, la star, c’est le gros plan, le visage. Et dégoût, du sans visage, du sans nom.
(l'histoire d'amour dans "District 9", après la contamination, ne peut se survivre que par téléphone, à distance, sans image; sans visage.)
Pourquoi voulons-nous voir des monstres, de la monstruosité ; ou des monstres sacrés ; peut-être pour nous rassurer ; nous ne sommes ni ce que nous voudrions être, des stars, ni ce que nous redoutons, ou ce qui nous dégoûté, comme dans « District 9 » ; film sans goût, sur le dégoût. Devant la monstruosité, nous prenons conscience de notre normalité ; produire du monstre, le montrer, le présenter, ou le représenter, c’est toujours, dans cette inquiétude, produire en même temps de la norme, de la normalité, de la quiétude, de l’assurance, de la certitude. Nous sommes normaux, devant les images des camps, actuels, ou de la mort, devant les images de la jungle (de Calais, ou des sauvages), des sans-papiers, de gens qui brûlent des bagnoles, qui sont tués, massacrés… qui commettent des trucs dingues, devant « les minorités », et bien entendu plus encore devant les extra-terrestres. Un des mecs du film dit, « on ne veut pas de ces trucs ; si c’étaient des gens d’un autre pays (mauvaise foi évidente), ça irait encore, mais ce sont des gens d’une autre planète ». Plus c’est loin , plus c’est loin de la norme, de nous, qui évidemment sommes toujours « ici », et maintenant ; norme de la présence, et de la présence à soi ; c’est depuis cet « ici », le lieu où je me tiens, ou je suis, que se déploient les distances, et les proximités, qui ne sont naturellement pas uniquement affaire d’espace et de distance empirique, mais aussi bien de « concernement, » d’empathie et de souci. L’immense question de la question des Evangiles, « qui est mon prochain ? La droite disait Deleuze déploie le monde, à partir de soi ; la gauche à partir des lointains ; il parlait des Japonais ; qui sont au monde avant d’être chez eux; ce qui peut naturellement se discuter ; Le Pen, disait d’abord moi, puis ma famille, mes voisins…
Donc, comme dit Derrida, devant un monstre on prend conscience de ce qu'est la norme, que je suis la norme, que la norme, c’est moi, et mon point de vue, et naturellement le point de vue de tous ceux qui sont comme moi, que je reconnais comme étant comme moi des « moi », des « sujets »…On ne me montre jamais l’autre, sans en même temps me donner à voir à moi-même comme une norme ; et cela marche avec ce film, à tous les niveaux ; ce ne sont pas seulement les extraterrestres qui sont autres, mais tout le monde ; tout le monde est monstrueux. Seul, le spectateur, car tout cela est bien entendu une affaire de regard, et de vision, est normal. En sortant du film on est rassuré ; nous ne sommes pas des monstres ; les monstres, c’est eux, ceux que nous avons vu, regardé, plus ou moins dégoûtés ; ceux que l’on nous a bien montrés ; monstre de violence, de laideur, de caricature, de bassesses, de bêtise… de racisme, de méchanceté… car le raciste aussi est un monstre, du moins un certain raciste, celui dans lequel plus personne (ou presque) ne se reconnaît ; il faudrait développer, à partir de Balibar.
Seul le spectateur n’est pas un monstre ; celui qui peut voir, qui voit, celui pour qui l’autre est réduit à la pure phénoménalité ; on se souvient que c’est là l’origine de toute violence selon Lévinas.
« Toute apparition de monstruosité …) permet une analyse de l'histoire des normes » ; dit encore Derrida, et le cinéma, fantastique, de SF, nous permet de voir ces constructions de la norme, des normes, que nous sommes ; en matière d’altérité extraterrestre, on a deux extrémités ; Alien, c’est le monstre en tant que danger, puissance de mort, j’en ai parlé, ailleurs ; à l’autre bout, on a les extraterrestres de « Rencontre du troisième type ». "District 9", naturellement fait allusion à ces deux films ; dès le départ, une des voix off, féminine, nous dit que l’on s’attendait en entrant dans le vaisseau à voir des anges, des lumières divines, et à la place des êtres laids, affamés, dégoûtant, nombreux (c'est important); pas dangereux ; pas effrayants ; juste dégoûtants.
Le monstre, l’extraterrestre, ici, c’est l’autre, dans le régime médiatico-humanitaire, sans oublier, la science, et les militaires. Le monstre, dans la victime, ou la victime comme monstre. L'extraterrestre ici n' est ni dangereux, séduisant, fascinant, comme dans Alien, un modèle d'organisme parfait, ni un être angélique, comme chez Spielberg, l'homme en mieux, la destination de l'homme, son aspiration... son désir...même si "District 9", obéit à la morale de ET : "chacun chez soi; la morale de l'apartheid.
L'extraterrestre, ici, c'est "la victime".
Ici, naturellement, doivent intervenir les analyses produites par Badiou dans l’Ethique. et on ne comprendra rien à ce film, et à son racisme, si on ne comprend pas ce que dit ici Badiou :
(...) l'état de victime, de bête souffrante, de mourant décharné, assimile l'homme à sa sub¬structure animale, à sa pure et simple identité de vivant. Certes, l'humanité est une espèce animale. Elle est mortelle et prédatrice. Mais ni l'un ni l'autre de ces rôles ne peuvent la singulariser dans le monde du vivant. En tant que bourreau, l'homme est une abjection animale, mais il faut avoir le courage de dire qu'en tant que victime, il ne vaut en général pas mieux. Tous les récits de torturés" et de rescapés l'indiquent avec force : si les bourreaux et bureaucrates des cachots et des camps peuvent traiter leurs victimes comme des animaux promis à l'abattoir, et avec lesquels eux, les criminels bien nourris, n'ont rien de commun, c'est que les victimes sont bel et bien deve¬nues de tels animaux. On a fait ce qu'il fallait pour ça. Que certaines cependant soient encore des hommes, et en témoi¬gnent, est un fait avéré. Mais justement, c'est toujours par un effort inouï, salué par ses témoins - qu'il éveille à une reconnaissance radieuse - comme une résistance presque incompréhensible, en eux, de ce qui ne coincide pas avec l’identité de victime. Là est l'Homme, si on tient à le penser : dans ce qui fait, comme le dit Varlam Chalamov dans ses Récits de la vie des camps', qu'il s'agit d'une bête autrement résistante que les chevaux, non par son corps fragile, mais par son obstination à demeurer ce qu'il est, c'est-à-dire, précisément, autre chose qu'une victime, autre chose qu'un être-pour-la-mort, et donc : autre chose qu'un mortel.
Qui ne voit que dans les expéditions humanitaires, les ingérences, les débarquements de légionnaires caritatifs, le supposé Sujet universel est scindé ? Du côté des victimes, l'animal hagard qu'on expose sur l'écran. Du côté du bienfaiteur, la conscience et l'impératif. Et pourquoi cette scission met-elle toujours les mêmes dans les mêmes rôles ? Qui ne sent que cette éthique penchée sur la misère du monde cache, derrière son Homme-victime, l'Homme-bon, l'Homme-blanc ? Comme la barbarie de la situation n'est réfléchie qu'en termes de « droits de l'homme », - alors qu'il s'agit toujours d'une situation politique, appelant une pensée¬-pratique politique, et dont il y a sur place, toujours, d'au¬thentiques acteurs -, elle est perçue, du haut de notre paix civile apparente, comme l'incivilisée qui exige du civilisé une intervention civilisatrice. Or, toute intervention au nom de la civilisation exige un mépris premier de la situation toute entière, victimes comprises. Et c'est pourquoi l'« éthique » est contemporaine, après des décennies de courageuses cri¬tiques du colonialisme et de l'impérialisme, d'une sordide auto-satisfaction des « Occidentaux », de la thèse martelée selon laquelle la misère du tiers-monde est le résultat de son impéritie, de sa propre inanité, bref: de sa sous-humanité.
Au début du film, on nous explique que le vaisseau ne s'est pas arrêté aux USA; on commence à comprendre pourquoi.
Borges- Messages : 6044
Re: DISTRICT 9
Remarquable analyse du film sous l'emprise derridienne. Inédit d'ailleurs, au vu de tout ce que j'ai pu lire de sérieux autour de ce film SF.
Difficile d'écrire après cela. Mais la matière à penser est si consistante et aventureuse.
Il me reste à saisir le(s) sens autre que pourrait donner les écrits de Balibar au sujet du racisme.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/genes_1155-3219_1992_num_8_1_1123
J'avais lu un papier intéressant par Filippo Del Lucchese; "Le triangle qui fait peur.Antifinalisme et monstruosité" sur le site Cairn..
Vais essayer de retrouver cela...
Difficile d'écrire après cela. Mais la matière à penser est si consistante et aventureuse.
Il me reste à saisir le(s) sens autre que pourrait donner les écrits de Balibar au sujet du racisme.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/genes_1155-3219_1992_num_8_1_1123
J'avais lu un papier intéressant par Filippo Del Lucchese; "Le triangle qui fait peur.Antifinalisme et monstruosité" sur le site Cairn..
Vais essayer de retrouver cela...
^x^- Messages : 609
Re: DISTRICT 9
Je te lis demain, à tête reposée, merci d'avance pour ce texte qui s'annonce... énorme
Le_comte- Messages : 336
Re: DISTRICT 9
Il n'y a pas que du Derrida dans ce texte de Borges, il y a aussi naturellement pas mal de Daney, on pense à ce qu'il avait écrit à propos du naturalisme dans le cinéma français des années 70.
Invité- Invité
Re: DISTRICT 9
Il va en effet être difficile de rebondir sur cette analyse remarquable
La manière dont tu mets en relation District 9 et L'éthique (que j'ai lu) est tout à fait juste. Je n'y avais même pas pensé (comme quoi on a jamais fini de lire un texte, il faut toujours le redécouvrir. Donc hop, au boulot). Mais il est clair que le film expose brillamment toute la "morale" humanitaire, celle de l'Homme occidental et de ses valeurs, son culte insensé de la mort et de la victime. District 9 ne change rien, il continue dans le même carcan, qui était celui des camps et autres. Et c'est terrifiant.
Un grand merci Borges
(a plus tard, si on y arrive lol)
La manière dont tu mets en relation District 9 et L'éthique (que j'ai lu) est tout à fait juste. Je n'y avais même pas pensé (comme quoi on a jamais fini de lire un texte, il faut toujours le redécouvrir. Donc hop, au boulot). Mais il est clair que le film expose brillamment toute la "morale" humanitaire, celle de l'Homme occidental et de ses valeurs, son culte insensé de la mort et de la victime. District 9 ne change rien, il continue dans le même carcan, qui était celui des camps et autres. Et c'est terrifiant.
Un grand merci Borges
(a plus tard, si on y arrive lol)
Le_comte- Messages : 336
Re: DISTRICT 9
"morale humanitaire"?
Je vois mal en quoi le film expose brillamment quoique ce soit, on a affaire à un "machin" aussi laid que le vaisseau spatial du film, avec des aliens sorti du dessin animé futurama, des accents afrikaner (ou boer mais on s'en fout) dégueulasses, et encore une vision affligeante de l'Afrique.
Une mise en scène organisée autour d'un soi-disant principe documentaire (pour les américains, caméra épaule, interviews face caméra, jeu faussement spontané...) qui en présent les aspect les plus déplaisants : points-de-vue des dominants, apparente neutralité (on ne place pas un regard plus haut que le autre), regard (pour moi, faux) sur la réalité de la fiction...
Bref, je veux dire, soyons sérieux quoi, le film finit avec un gros robot alien et un vilain mec tout chauve.
Le tout premier texte qu'a posté Borges me paraît très juste, le racisme est là mais tout comme il l'est dans d'autre sproductions de ce type : je pense à Push où un personnage de bussinessman nigérian est un affreux vilain pas beau, le cannibalisme, la prostitution et le trafic ce sont des topoi du cinéma hollywoodien.
QUant à Peter Jackson souvenez vous de King Kong et de la façon dont étaient traitées les indigènes...
Je vois mal en quoi le film expose brillamment quoique ce soit, on a affaire à un "machin" aussi laid que le vaisseau spatial du film, avec des aliens sorti du dessin animé futurama, des accents afrikaner (ou boer mais on s'en fout) dégueulasses, et encore une vision affligeante de l'Afrique.
Une mise en scène organisée autour d'un soi-disant principe documentaire (pour les américains, caméra épaule, interviews face caméra, jeu faussement spontané...) qui en présent les aspect les plus déplaisants : points-de-vue des dominants, apparente neutralité (on ne place pas un regard plus haut que le autre), regard (pour moi, faux) sur la réalité de la fiction...
Bref, je veux dire, soyons sérieux quoi, le film finit avec un gros robot alien et un vilain mec tout chauve.
Le tout premier texte qu'a posté Borges me paraît très juste, le racisme est là mais tout comme il l'est dans d'autre sproductions de ce type : je pense à Push où un personnage de bussinessman nigérian est un affreux vilain pas beau, le cannibalisme, la prostitution et le trafic ce sont des topoi du cinéma hollywoodien.
QUant à Peter Jackson souvenez vous de King Kong et de la façon dont étaient traitées les indigènes...
DB- Messages : 1528
Re: DISTRICT 9
Hey DB !
Faut bien comprendre qu'actuellement on a pas beaucoup de films nouveaux dont nous nous devons de parler, surtout beaucoup de merdes idéologiques, QT frappant un grand coup en plein été dans cette catégorie, alors meublons un peu quand même avec ce qui nous tombe sous la main ! Rentrée 2009 décevante. En respectant cette règle : Dépassons-nous, et surtout dépassons les films.
Faut bien comprendre qu'actuellement on a pas beaucoup de films nouveaux dont nous nous devons de parler, surtout beaucoup de merdes idéologiques, QT frappant un grand coup en plein été dans cette catégorie, alors meublons un peu quand même avec ce qui nous tombe sous la main ! Rentrée 2009 décevante. En respectant cette règle : Dépassons-nous, et surtout dépassons les films.
Invité- Invité
Re: DISTRICT 9
Oui, vous avez raison; mais que ça ne vous interdise pas de penser.
Je continue; je suppose lu, bien entendu, le texte de Daney sur le film de Lynch.
Ce qui est intéressant dans le texte de Daney, c’est l’insistance sur le regard, et donc sur la représentation ; l’autre, en tant que monstre, n’existe pas en dehors de la re-présentation.
Dans le film de Lynch, il y a trois régimes du regard, de la perception, du spectacle du monstrueux, ou de la monstration de la monstruosité. D’abord, il y a le regard cruel, violent, sans humanité, populaire, celui des spectacles de foire, Daney parle du « regard d’en-bas », c’est le regard « du bas peuple » puis, le regard que Daney, qualifie de moderne, ce qui suppose que moderne, l’autre ne l’était pas, ce regard c’est celui du médecin, « fasciné, respect de l’autre et mauvaise conscience, érotisme morbide et épistémophilie « ; et le dernier, celui disons de la théâtralité, du masque, de la haute société. Il faudrait commenter, « déconstruire » le texte de Daney, qui ne semble pas très attentif à la hiérarchie de ces regards, de ces mises en scène, de ces régimes de perception. Le monstre, l’homme éléphant, ni homme donc ni éléphant, passe de l’un à l’autre de ces régimes de visibilité, qui sont aussi des régimes de pouvoir, de savoir, de morale ; il y a là un mouvement de relève ; chaque régime comprend, juge, et condamne celui qui l’aura précédé.
Dans « District 9 », on peut retrouver assez facilement, deux de ces régimes, mais transformés. Nous ne sommes plus au 19ème siècle, ni dans les années 1980.
Ce qui remplit, ici, la fonction du cirque, de la foire, du la mise en scène populaire, ce sont les médias ;le regard cruel, violent, populaire est exhibé par les interviews, les propos racistes des gens d’en bas, du bas peuple ; le film oppose, comme le font le médias, la parole sauvage de la rue et celle des fameux experts ; dans cette différence naturellement se glisse un jugement ; le partage est hiérarchique ; c’était déjà le cas dans le film de Lynch, qui nous dit Serge Daney, porte un regard « dur, précis, sans aménité » sur le regard cruel des gens du bas. Analogiquement, le bas peuple occupe devant la caméra, dans l’esprit, et l’éthos de Lynch, la place que l’homme-éléphant occupe dans le regard des gens du bas, du peuple, des dominés. On est toujours l’homme-éléphant de quelqu’un d’autre. La part éléphantesque de l’homme, son animalité, c’est bien entendu ici le non savoir, le manque d’éducation, le retard sur la modernité.
Dans « District 9 », les choses sont plus complexes. A la hiérarchie sociale, s’ajoutent la différence, disons, « raciales », l’histoire de l’apartheid, le racisme occidental. C’est le Sud-Africain Noir qui occupe la place du bas peuple.
Ici, les monstres ne sont pas exhibés, ils ne sont pas exploités, du moins pas visiblement, à moins que la seule visibilité soit déjà une exploitation ; ce qu’elle est, bien entendu ; à l’évidence, ces extraterrestres remplissent une fonction essentielle dans la cohésion de la société, comme tous les boucs-émissaires, toutes les altérités qui soudent l’unité d’un groupe, par la création d’un écart, d’une limite, d’un partage entre le dedans et le dehors ; si les extraterrestre, sont des monstres de fait, par leur apparence ; cette apparence par elle-même ne suffit pas à créer un monstre politique, et morale ; on peut être horrible, et ne susciter que le dégoût, le mépris, ou la pitié, la mauvaise conscience. Toute « laideur », toute dissemblance stigmatisante, n’est pas objet d’effroi ; la monstruosité, comme menace, danger, si elle doit s’appuyer sur cette dissemblance doit être construite ; la photo a besoin de la légende ; les images, des commentaires performatifs. C’est ce que montre l’histoire du pauvre type (humaniste et humanitaire) entraîné dans son devenir-monstre. Il devient monstre dans les médias, avant de le devenir réellement. La seule apparence ne fait pas le monstre ; il faut un discours, des mots, des paroles, des intérêts ; toute une configuration politico-militaro-scientifico- médiatique…
Si la science obéissait à des normes « morales », humanistes chez Lynch, rien de tel dans district 9. Elle rejoint la sauvagerie la plus nue, du moins dans ses buts, dans ses fins; Il ne s’agit pas d’aimer, de comprendre, de soigner, ou je ne sais pas, les monstres, mais de s’approprier leur puissance, leur science, leur savoir. Cette opération s’effectue, selon deux stratégies, la sauvage, de l’ordre de la magie, de la sorcellerie, nigériane ( on croit s’emparer de la puissance de l’autre, par contact, par le corps, en le mangeant…) et la scientifique, civilisée, naturellement blanche. L’une nous semblant plus barbare que l’autre, personne ne jugera raciste, immonde, la pratique des scientifiques, ou plutôt personne ne jugera qu’il est raciste de présenter ou représenter ces scientifiques blancs, disséquant, opérant, autopsiant, dans leur laboratoire hyper moderne et secrets ces créatures. On pense naturellement devant ces scènes aux expérimentations nazies, et à l’autopsie du fameux extraterrestre.
Je continue; je suppose lu, bien entendu, le texte de Daney sur le film de Lynch.
Ce qui est intéressant dans le texte de Daney, c’est l’insistance sur le regard, et donc sur la représentation ; l’autre, en tant que monstre, n’existe pas en dehors de la re-présentation.
Dans le film de Lynch, il y a trois régimes du regard, de la perception, du spectacle du monstrueux, ou de la monstration de la monstruosité. D’abord, il y a le regard cruel, violent, sans humanité, populaire, celui des spectacles de foire, Daney parle du « regard d’en-bas », c’est le regard « du bas peuple » puis, le regard que Daney, qualifie de moderne, ce qui suppose que moderne, l’autre ne l’était pas, ce regard c’est celui du médecin, « fasciné, respect de l’autre et mauvaise conscience, érotisme morbide et épistémophilie « ; et le dernier, celui disons de la théâtralité, du masque, de la haute société. Il faudrait commenter, « déconstruire » le texte de Daney, qui ne semble pas très attentif à la hiérarchie de ces regards, de ces mises en scène, de ces régimes de perception. Le monstre, l’homme éléphant, ni homme donc ni éléphant, passe de l’un à l’autre de ces régimes de visibilité, qui sont aussi des régimes de pouvoir, de savoir, de morale ; il y a là un mouvement de relève ; chaque régime comprend, juge, et condamne celui qui l’aura précédé.
Dans « District 9 », on peut retrouver assez facilement, deux de ces régimes, mais transformés. Nous ne sommes plus au 19ème siècle, ni dans les années 1980.
Ce qui remplit, ici, la fonction du cirque, de la foire, du la mise en scène populaire, ce sont les médias ;le regard cruel, violent, populaire est exhibé par les interviews, les propos racistes des gens d’en bas, du bas peuple ; le film oppose, comme le font le médias, la parole sauvage de la rue et celle des fameux experts ; dans cette différence naturellement se glisse un jugement ; le partage est hiérarchique ; c’était déjà le cas dans le film de Lynch, qui nous dit Serge Daney, porte un regard « dur, précis, sans aménité » sur le regard cruel des gens du bas. Analogiquement, le bas peuple occupe devant la caméra, dans l’esprit, et l’éthos de Lynch, la place que l’homme-éléphant occupe dans le regard des gens du bas, du peuple, des dominés. On est toujours l’homme-éléphant de quelqu’un d’autre. La part éléphantesque de l’homme, son animalité, c’est bien entendu ici le non savoir, le manque d’éducation, le retard sur la modernité.
Dans « District 9 », les choses sont plus complexes. A la hiérarchie sociale, s’ajoutent la différence, disons, « raciales », l’histoire de l’apartheid, le racisme occidental. C’est le Sud-Africain Noir qui occupe la place du bas peuple.
Ici, les monstres ne sont pas exhibés, ils ne sont pas exploités, du moins pas visiblement, à moins que la seule visibilité soit déjà une exploitation ; ce qu’elle est, bien entendu ; à l’évidence, ces extraterrestres remplissent une fonction essentielle dans la cohésion de la société, comme tous les boucs-émissaires, toutes les altérités qui soudent l’unité d’un groupe, par la création d’un écart, d’une limite, d’un partage entre le dedans et le dehors ; si les extraterrestre, sont des monstres de fait, par leur apparence ; cette apparence par elle-même ne suffit pas à créer un monstre politique, et morale ; on peut être horrible, et ne susciter que le dégoût, le mépris, ou la pitié, la mauvaise conscience. Toute « laideur », toute dissemblance stigmatisante, n’est pas objet d’effroi ; la monstruosité, comme menace, danger, si elle doit s’appuyer sur cette dissemblance doit être construite ; la photo a besoin de la légende ; les images, des commentaires performatifs. C’est ce que montre l’histoire du pauvre type (humaniste et humanitaire) entraîné dans son devenir-monstre. Il devient monstre dans les médias, avant de le devenir réellement. La seule apparence ne fait pas le monstre ; il faut un discours, des mots, des paroles, des intérêts ; toute une configuration politico-militaro-scientifico- médiatique…
Si la science obéissait à des normes « morales », humanistes chez Lynch, rien de tel dans district 9. Elle rejoint la sauvagerie la plus nue, du moins dans ses buts, dans ses fins; Il ne s’agit pas d’aimer, de comprendre, de soigner, ou je ne sais pas, les monstres, mais de s’approprier leur puissance, leur science, leur savoir. Cette opération s’effectue, selon deux stratégies, la sauvage, de l’ordre de la magie, de la sorcellerie, nigériane ( on croit s’emparer de la puissance de l’autre, par contact, par le corps, en le mangeant…) et la scientifique, civilisée, naturellement blanche. L’une nous semblant plus barbare que l’autre, personne ne jugera raciste, immonde, la pratique des scientifiques, ou plutôt personne ne jugera qu’il est raciste de présenter ou représenter ces scientifiques blancs, disséquant, opérant, autopsiant, dans leur laboratoire hyper moderne et secrets ces créatures. On pense naturellement devant ces scènes aux expérimentations nazies, et à l’autopsie du fameux extraterrestre.
Borges- Messages : 6044
Re: DISTRICT 9
ps: puisque les jeux vidéos ont le droit maintenant à leurs BA tournées en live...
Les ficelles du type:
Bref: "Lol"
Pascal Laugier (Martyrs) a vu District 9 au Chinese Theater (Hollywood Blvd). Il qualifie le film d'être "un insoutenable tas de merde !"
Les ficelles du type:
Bref: "Lol"
Pascal Laugier (Martyrs) a vu District 9 au Chinese Theater (Hollywood Blvd). Il qualifie le film d'être "un insoutenable tas de merde !"
Dernière édition par Careful le Mer 23 Sep 2009 - 14:47, édité 1 fois
^x^- Messages : 609
Re: DISTRICT 9
Je continue :
Abjection et puissance, Les extraterrestres sont montrés à la fois comme des êtres dégoutants, abjects ; on pense à toutes les images des camps, de réfugiés, aux ghettos, aux banlieues, à toutes les mises en scène éthique, au sens de Badiou, d’un sous-humanité victime, et monstre, car les deux sont inséparables ; ces êtres sont horriblement, laids, violents, sans morale ; ils vivent dans la crasse, la saleté ; ils bouffent de la nourriture pour animaux, se nourrissent de crasses, de saletés, font les poubelles ; on se souvient du film italien, « affreux, sales, et méchants » ; c’est un peu nos extraterrestres ; on ne peut même pas parler ici de métaphores, toutes les images du film sont immédiatement agencés à des images du monde, du réel ; si le réel (impossible) n’est pas lui aussi métaphorique. Quand quelqu’un se plaint d’être traité comme s’il était un extraterrestre, ou comme s’il venait d’une autre planète, que veut-il dire ? C’est la question qu’il faut poser ; est-ce à une simple mise en scène de cette expression que le film procède ? On voit alors l’importance de l’idée de Badiou, il n’y a qu’un monde ; tant que l’on croira, ou fera croire à la multiplicité des mondes, on traitera les autres comme s’ils étaient d’une autre planète, comme s’ils étaient des extraterrestres, avec toute l’ambivalence que cela suppose.
L’histoire de la merde est aussi une histoire de la puissance, de la puissance extrême ; là où ça sent la merde, on peut vomir, et on vomit pas mal dans ce film, mais on peut aussi sentir, comme disait Artaud, l’être. L’abjection se renverse, en puissance, secrète. Ces êtres, que l’on croit tarés, des sous-hommes, est-ce une simple propagande, se révèlent d’une intelligence supérieure, ils possèdent des savoirs, des techniques, dont les hommes rêvent de s’emparer.
L’appropriation, le vol, des qualités des dominés, c’est le fameux problème que posaient les blackface. Les extraterrestres occupent la place fantasmatique des Noirs dans l’univers de la culture US, pour les Blancs, comme pour les Noirs, les Nigérians. Tous deux cherchent à s’emparer de la technologie militaire extraterrestre. Marquons la différence ; dans le cas des « blackface », le Blanc, qui naturellement s’identifie au savoir, à la raison, à la culture, et à la civilisation, cherchait à s’emparer de la sauvagerie, de la liberté, de la spontanéité, de la puissance (sexuelle, souvent) du Noir, un Noir naturellement inventé, à la fois objet de désir, d’admiration et de dégoût.
En général la qualité à s’approprier chez les dominés, ou l’autre en général, est de l’ordre de la nature, d’une nature indemne, non contaminée ; ici, ce n’est pas le cas, ou plutôt la chose est moins simples ;la nature est inséparable de la technologie ; la nature est liée essentiellement à la culture. On ne peut utiliser les armes extraterrestres que si l’on est un extraterrestre ; leur science, leur technique, en quelque sorte n’est pas universelle. Le racisme ici n’est donc ni naturaliste, biologique, ni culturaliste. Les deux sont liés. Les Nigérians, échouent dans leur entreprise ; le monstre ne donne pas son secret, sa force, sa puissance, à ceux qui sont le plus proche de lui par leur situation dans le monde, leur exclusion, mais bien plutôt à ceux qui se trouvent au sommet, ou pour être plus précis au sommet du savoir humaniste ; car le sommet dans District 9 est divisé, partagé ; d’une part, il y a la puissance militaire, scientifique, politique, de l’autre le savoir morale, humaniste. Le sommet est en lutte, on le voit d’emblée, quand le héros s’oppose au soldat, quand il refuse l’usage des armes. C’est un vieux truc, qu’on retrouve dans des tas de westerns, par exemple les Cheyennes, où la gentille institutrice s’oppose à la politique des militaires ; l’altérité ne communique qu’avec le savoir humaniste, un savoir qui vise à l’humaniser ; si pour le soldat raciste, il n’y a de bon indien que l’indien mort, pour le savoir humaniste, l’instituteur, le pédagogue, il n’y a de bon indien que l’indien éduqué ; on n’a rien inventé avec les conneries autour de l’école républicaine et sa puissance (pour le moment en panne) d’intégration ; ce sont les cœurs qui gagnent les guerres contre l’altérité ; gagner les cœurs et les esprits dit-on ; horrible slogan. Naturellement, il n’y a aucune différence entre les deux ; le bon flic et le mauvais flic poursuivent la même fin ; de la mise en scène.
Abjection et puissance, Les extraterrestres sont montrés à la fois comme des êtres dégoutants, abjects ; on pense à toutes les images des camps, de réfugiés, aux ghettos, aux banlieues, à toutes les mises en scène éthique, au sens de Badiou, d’un sous-humanité victime, et monstre, car les deux sont inséparables ; ces êtres sont horriblement, laids, violents, sans morale ; ils vivent dans la crasse, la saleté ; ils bouffent de la nourriture pour animaux, se nourrissent de crasses, de saletés, font les poubelles ; on se souvient du film italien, « affreux, sales, et méchants » ; c’est un peu nos extraterrestres ; on ne peut même pas parler ici de métaphores, toutes les images du film sont immédiatement agencés à des images du monde, du réel ; si le réel (impossible) n’est pas lui aussi métaphorique. Quand quelqu’un se plaint d’être traité comme s’il était un extraterrestre, ou comme s’il venait d’une autre planète, que veut-il dire ? C’est la question qu’il faut poser ; est-ce à une simple mise en scène de cette expression que le film procède ? On voit alors l’importance de l’idée de Badiou, il n’y a qu’un monde ; tant que l’on croira, ou fera croire à la multiplicité des mondes, on traitera les autres comme s’ils étaient d’une autre planète, comme s’ils étaient des extraterrestres, avec toute l’ambivalence que cela suppose.
L’histoire de la merde est aussi une histoire de la puissance, de la puissance extrême ; là où ça sent la merde, on peut vomir, et on vomit pas mal dans ce film, mais on peut aussi sentir, comme disait Artaud, l’être. L’abjection se renverse, en puissance, secrète. Ces êtres, que l’on croit tarés, des sous-hommes, est-ce une simple propagande, se révèlent d’une intelligence supérieure, ils possèdent des savoirs, des techniques, dont les hommes rêvent de s’emparer.
L’appropriation, le vol, des qualités des dominés, c’est le fameux problème que posaient les blackface. Les extraterrestres occupent la place fantasmatique des Noirs dans l’univers de la culture US, pour les Blancs, comme pour les Noirs, les Nigérians. Tous deux cherchent à s’emparer de la technologie militaire extraterrestre. Marquons la différence ; dans le cas des « blackface », le Blanc, qui naturellement s’identifie au savoir, à la raison, à la culture, et à la civilisation, cherchait à s’emparer de la sauvagerie, de la liberté, de la spontanéité, de la puissance (sexuelle, souvent) du Noir, un Noir naturellement inventé, à la fois objet de désir, d’admiration et de dégoût.
En général la qualité à s’approprier chez les dominés, ou l’autre en général, est de l’ordre de la nature, d’une nature indemne, non contaminée ; ici, ce n’est pas le cas, ou plutôt la chose est moins simples ;la nature est inséparable de la technologie ; la nature est liée essentiellement à la culture. On ne peut utiliser les armes extraterrestres que si l’on est un extraterrestre ; leur science, leur technique, en quelque sorte n’est pas universelle. Le racisme ici n’est donc ni naturaliste, biologique, ni culturaliste. Les deux sont liés. Les Nigérians, échouent dans leur entreprise ; le monstre ne donne pas son secret, sa force, sa puissance, à ceux qui sont le plus proche de lui par leur situation dans le monde, leur exclusion, mais bien plutôt à ceux qui se trouvent au sommet, ou pour être plus précis au sommet du savoir humaniste ; car le sommet dans District 9 est divisé, partagé ; d’une part, il y a la puissance militaire, scientifique, politique, de l’autre le savoir morale, humaniste. Le sommet est en lutte, on le voit d’emblée, quand le héros s’oppose au soldat, quand il refuse l’usage des armes. C’est un vieux truc, qu’on retrouve dans des tas de westerns, par exemple les Cheyennes, où la gentille institutrice s’oppose à la politique des militaires ; l’altérité ne communique qu’avec le savoir humaniste, un savoir qui vise à l’humaniser ; si pour le soldat raciste, il n’y a de bon indien que l’indien mort, pour le savoir humaniste, l’instituteur, le pédagogue, il n’y a de bon indien que l’indien éduqué ; on n’a rien inventé avec les conneries autour de l’école républicaine et sa puissance (pour le moment en panne) d’intégration ; ce sont les cœurs qui gagnent les guerres contre l’altérité ; gagner les cœurs et les esprits dit-on ; horrible slogan. Naturellement, il n’y a aucune différence entre les deux ; le bon flic et le mauvais flic poursuivent la même fin ; de la mise en scène.
Borges- Messages : 6044
Re: DISTRICT 9
ps : david boring, ma remarque allait dans le sens de Borges. A savoir que le film reposait sur cette "morale humanitaire" que Badiou combattait. Dans ce cas, il y a bien un exposé brillant de ce qu'elle est, dans ses travers. C'était ironique donc.
Encore merci Borges pour toutes ces finesses.
6/0 6/0
Encore merci Borges pour toutes ces finesses.
6/0 6/0
Le_comte- Messages : 336
Re: DISTRICT 9
Je sais bien que cela risque de faire grincer des dents parce qu'il est parfois insupportable à certains de voir leur "film culte" attaqué, mais tout cela est à connecter aussi aux films type "Men in black".. je crois que j'en avais déjà touché deux mots quelque part mais je sais même plus où.
La première scène du film met immédiatement des aliens dans la peau de migrants mexicains qui viennent de passer la frontière. Personne, je crois, n'a fait attention aux métaphores envisageables qui pourraient se cacher derrière ce film assez dégoûtant avec lequel on est surtout censé rigoler un bon coup.
La première scène du film met immédiatement des aliens dans la peau de migrants mexicains qui viennent de passer la frontière. Personne, je crois, n'a fait attention aux métaphores envisageables qui pourraient se cacher derrière ce film assez dégoûtant avec lequel on est surtout censé rigoler un bon coup.
Invité- Invité
Re: DISTRICT 9
Oui, dans Men in Black, la scène d'ouverture est assez flagrante : on flingue des immigrés mexicains, que l'on assimile aux extra-terrestres, le tout avec un ton plutôt sérieux, sans pirouette style Verhoeven ou District 9 donc.
Maintenant, cette analogie entre les deux films (celui de Verhoeven et de Blomkamp), tient-elle toujours après ton texte Borges ? Le film du premier n'est-il pas bien plus réussi ?
Je suis un microbe par rapport à toi Borges, je pose donc des questions idiotes : mais que fais-tu de la satire du film ? Y crois-tu ? Est-ce ça rentre dans ton analyse ?Enfin, moi j'aime ce film pour cela, son côté pamphlet (que n'a pas Men in Black je crois), proche de Starship troopers (même si ce n'est pas le cas tout compte fait)
Bonne soirée
Maintenant, cette analogie entre les deux films (celui de Verhoeven et de Blomkamp), tient-elle toujours après ton texte Borges ? Le film du premier n'est-il pas bien plus réussi ?
Je suis un microbe par rapport à toi Borges, je pose donc des questions idiotes : mais que fais-tu de la satire du film ? Y crois-tu ? Est-ce ça rentre dans ton analyse ?Enfin, moi j'aime ce film pour cela, son côté pamphlet (que n'a pas Men in Black je crois), proche de Starship troopers (même si ce n'est pas le cas tout compte fait)
Bonne soirée
Le_comte- Messages : 336
Re: DISTRICT 9
Le_comte a écrit:Je suis un microbe par rapport à toi Borges, je pose donc des questions idiotes
Maintenant je sais à quel genre de soirée tu t'adonnes le samedi soir, Le comte
- Spoiler:
^x^- Messages : 609
Re: DISTRICT 9
Le_comte a écrit:
mais que fais-tu de la satire du film ? Y crois-tu ? Est-ce ça rentre dans ton analyse ?Enfin, moi j'aime ce film pour cela, son côté pamphlet (que n'a pas Men in Black je crois), proche de Starship troopers (même si ce n'est pas le cas tout compte fait)
Hello, hello; merci de discuter, Le_comte.
Parler de satire, c’est rien dire, ou pas grand-chose ; Le Pen, c’est juste un nom, faisait de la satire, comme, en font les Guignols. Tout le monde rit, parce que chacun croit que c’est de l’autre que l’on se moque.
Pour parler de satire, il faut d’abord s’interroger sur son être et son être possible ; se demander à quelles conditions elle est possible, vivante, visible et lisible. Par satire, on entend quelque chose comme une critique, une ironie, une certaine forme de rire ; tout cela n’est possible que depuis une position d’extériorité. Qui fait de la satire, s’y essaye, cherche à se situer en dehors de son époque, de ses errances, de ses erreurs. La satire exige une certaine position morale, moralisante ou moralisatrice.
Mais allons plus lentement, prenons modèle sur Hegel. La satire suppose un idéal, une norme, esthétiquement, l'adéquation de la forme et du contenu, dont elle exprime la dégradation, historique, spirituelle, humaine, culturelle.
Le cinéma classique exprimait ou exprime une adéquation de la forme et de l’idée, de l’artiste et du public, de l’économique et de l’artistique… il suppose l’unité d’un idéal d’existence commun ; ce qu’on a appelé le rêve américain ; il y a un récit, un espace, un héros, des valeurs, une fin (heureuse, équilibrée) qui englobe tout cela, et l’ouvre sur une certaine idée de la transcendance, des normes auxquelles les héros obéissent, sans les créer. Cette idéalité classique se définit stylistiquement par l’absence de style ; quand le style se manifeste, alors l’idée est mise en question ; pas seulement celle que doit rendre visible le film, mais aussi celle qui le rend concrètement possible, par son appartenance à un moment, à une société, à un genre. Dès que se produit un écart entre cette forme, et l’idée qui la commande, nous entrons dans ce qu’on peut appeler le cinéma moderne, et après postmoderne. La forme et l’idée se séparent, par exemple, dans le western italien ; un esprit étranger s’empare d’une forme et d’un contenu fini. Dans la série B en général; par ses circuits, de distributions, de circulation, économiques, ses auteurs, ses destinataires, on est déjà dans la satire, dans la critique. Les marges ne croient jamais à l'idéalité classique; toujours majoritaire, dominante. De la forme B, on dit souvent que l’imagination (des formes) y est plus libre, et que des messages moins « majoritaires » peuvent s’y montre.
Dès que l’idéal est mis en danger, la satire devient possible, dans la forme et dans le contenu, comme rire du contenu et de la forme ; la forme et le contenu rient, et l’on rie d’eux ; ce qui peut s’entendre de bien des manière, et entraîner bien des réactions, comme le dégoût, ce qui est tout à fait logique, la satire qui a son origine dans le dégoût, provoque le dégoût ; au niveau le plus élémentaire, comme dans « District 9 », quand elle nous montre un homme mangeant de la nourriture pour chat. Quel sens donner à ce dégoût ; notre dégoût va-t-il à cet homme, ou à l’époque qui l’oblige à vivre comme un animal ? Et méprisons-nous les bêtes qui bouffent de la nourriture pour bêtes. Je me souviens d’une émission sur le thon ; on voit des consommateurs dans une grande surface ; ils prennent des boites de thon ; on les interroge sur les raisons de leur choix, s’ils aiment, si c’est le prix, si c’est toujours la même, s’ils sont sensible à la mort des dauphins… et arrive une dame assez bourgeoise, âgée, elle prend ses boites de thon ; on lui demande si c’est bon, si elle aime : « Oh, mais je sais pas, c’est pour mon chat ».
La satire est une forme de transition ; « La transition, dit Hegel, c’est la manifestation de l’esprit comme pénétré du sentiment de sa liberté et de son indépendance. Il s’agit de représenter les efforts que fait l’esprit pour prévaloir sur une forme vieillie et, en général, sur un monde qui ne lui convient plus ».
L’idée se sépare de la forme, et le sujet du monde, de la société, qui ne lui convient plus. L’esprit se retire hors du monde, en lui-même, dans une position morale, et moralisatrice ; c’est depuis cette position que le monde peut apparaître, et se montrer comme n’étant pas à la mesure de l’idée, du bien, du beau, du vrai, de ce qui fut tenu pour tel, ou de ce qui doit être tenu pour tel. Que dit le satiriste ? Rien, il dénonce l’absence de tautologie (l’être égale à l’être ; une femme n’est pas une femme) souvent réactionnaire : les hommes, les institutions, les œuvres, les corps, les nations … ne sont pas à la mesure de leur idée, de leur devoir-être. Le satiriste, naturellement s’excepte de cet écart ; c’est le monde qui déconne, pas lui. Qu’il soit du monde qu’il croit pouvoir critiquer, cela il le refuse.
« District 9 », au fond ne dit rien du monde, sinon ce que le monde dit du monde ; il est tautologique, en ce sens ; il obéit au principe d’identité, parce que l’identité est son principe, malgré son semblant d’éclatement. L’auteur croit qu’il suffit de montrer le monde tel qu’il est pour le mettre sous la lumière d’une idée, pour le dévoiler selon une vérité neuve. Ce que le film dit, le monde le dit, et ne cesse de le dire. Le film ne dit rien; il répète, de manière grotesque.
Quelle est l’idée du film ? Elle est très visible ; et raciste. Quelle est l’action que mène le héros, lui-même grotesque, mais qui d’une certaine manière le rachète : il aide des étrangers, des migrants à rentrer chez eux. Tout est là, dans cet esprit ; chacun chez soi. Le Pen, et ses héritiers, ne feraient pas autre chose. Ne pas oublier que les Nazis furent favorables à la création d’un Etat juif ; ils avaient d’abord pensé à une politique de déportation. Quelle est la calamité que subit ce mec ? Devenir autre, changer au contact de l’autre ; cela nous est montré comme une terrifiante épreuve ; ici, aucune forme de valorisation de l’expérimentation de nouvelles formes de vie, comme dans « la Mouche » ; rien de la pensée d’un Kafka ; rien de la richesse du « devenir-juif » de Monsieur Klein. Devenir-autre est horrible, terrifiant. Devenir-autre, devenir, en un mot, c’est se dégrader, être contaminé ; c’est la catastrophe ; toute cette pseudo satire, comme la satire même est animée par un idéal d’identité, identitaire ; on est bien chez soi, on n’est bien que chez soi ; on n’est bien qu’en étant soi, on n’est qu’en étant soi ; être, c’est être soi. C’est ce que racontait, on s’en souvient ET ; « ET, maison » ; à l’époque, cela avait donné naissance, à la fameuse blague raciste. « C’est quoi l’avantage d’E.T. sur les Arabes ? Tu ne trouves pas ? Au moins, E.T., il veut rentrer chez lui ». Les gens sentent toujours, même si cela n’est pas évident, même dans les formes de cinéma divertissant, la politique des images, la politique du récit.
Dans "District 9". Quel est le malheur du héros, être séparé de soi, aliéné, comme on dit, de son corps, de sa femme, de sa vie bourgeoise ; désapproprié. C’est de cela que l’on rit ; l’idéal étant alors l’appropriation de soi par soi. Là, on irait vers Heidegger, et Derrida. Etre, c’est être propre.
A l'heure où des millions de personnes se battent pour vivre là où ils sont, pour le droit de passer les frontières, et pas seulement géographiques, "District 9", nous montre des gens qui se battent pour rentrer là d'où ils viennent. C'est pas très progressistes; une telle satire.
Pour Starship Troopers, nous en avions beaucoup parlé sur le forum des Cahiers.
Borges- Messages : 6044
Re: DISTRICT 9
C'est une vision nouvelle de l'alien au cinéma. C'est un trait intéressant à analyser. En particulier l'inconscience totale des "civiles" par rapport à la technologie alien, potentiellement dangereuse pour nous. Dans la réalité on a "Area 51" où tout ce qui concerne les aliens est ultra-top-secret. Et dans ce film le nombre des aliens ne permet pas de les cacher à l'opinion public. Et apparemement en 20 ans de proximité avec les aliens ils ne se méfient plus de leurs armes, de leur technologie, ce qui conduit le héro à être bêtement contaminé. Dans E.T. où toute la maison d'Elliot est mise sous plastique pour isolé l'alien et l'enfant contaminé.Borges a écrit:"à l’autre bout, on a les extraterrestres de « Rencontre du troisième type ». "District 9", naturellement fait allusion à ces deux films ; dès le départ, une des voix off, féminine, nous dit que l’on s’attendait en entrant dans le vaisseau à voir des anges, des lumières divines, et à la place des êtres laids, affamés, dégoûtant, nombreux (c'est important); pas dangereux ; pas effrayants ; juste dégoûtants.
Le monstre, l’extraterrestre, ici, c’est l’autre, dans le régime médiatico-humanitaire, sans oublier, la science, et les militaires. Le monstre, dans la victime, ou la victime comme monstre. L'extraterrestre ici n' est ni dangereux, séduisant, fascinant, comme dans Alien, un modèle d'organisme parfait, ni un être angélique, comme chez Spielberg, l'homme en mieux, la destination de l'homme, son aspiration... son désir...même si "District 9", obéit à la morale de ET : "chacun chez soi; la morale de l'apartheid."
Pourquoi est-ce qu'il n'y a aucune précaution dans ce film, aucun secret militaire?
La nouveauté du film c'est de présenter les aliens à la fois comme une civilisation supérieure (puisqu'ils ont construit un vaisseau capable de venir jusqu'à la Terre) mais sans l'invinscibilité surnaturelle habituellement associée à l'alien de SF, qui voudrait qu'une civilisation supérieure ne peut pas se laisser attraper si facilement.Borges a écrit:Ces êtres, que l’on croit tarés, des sous-hommes, est-ce une simple propagande, se révèlent d’une intelligence supérieure, ils possèdent des savoirs, des techniques, dont les hommes rêvent de s’emparer.
Mais est-ce une lacune du scénario ou bien un nouveau paradigme narratif?
Le scénario ne dit rien sur la raison de la panne du vaisseau, sur le but du voyage, sur qui sont ces êtres dominés qui se laissent emprisonner sans résister alors qu'ils possèdent des armes fabuleuses qui pourraient nous anéantir.
Mais en tout cas, ce nouveau rapport à la nature alien est intéressante. C'est un nouveau rapport au visiteur intergalactique, vulnérable, dépendent, dominés, faillible. Il ne nous envahit pas pour nous dévorer, il fait la manche pour de la nourriture pour chat.
Dernière édition par HarryTuttle le Jeu 24 Sep 2009 - 22:36, édité 1 fois
Re: DISTRICT 9
JM a écrit:et sa futur adaptation de Halo
Hello Careful,
Connaissant un peu le jeu (en gros du dégommage d'aliens), j'ai du mal à imaginer ce que peut signifier une "adaptation" de Halo, surtout du mal à voir à quoi ça rime ?!
Pas sûr qu'ils aient vraiment abandonné l'idée tant D9 ressemble parfois à une partie de Halo ! Je pense aux véhicules, aux guns et évidemment aux aliens...
Re: DISTRICT 9
Le texte de Nicole Stamp est intéressant, mais en croyant éviter un piège elle tombe dedans. Le caractère raciste envers les Nigérians est dégoutant en effet, mais c'est du premier degré. C'est le degré métaphorique qui est bien plus dérangeant.
Soit dit en passant, "alien" signifie "émigré" an Anglais, pas juste "extra-terrestre". Et ce n'est pas un hasard, ça explique tout le contenu de la métaphore. Dans la langue du film, il y a une association immédiate, littérale entre des envahisseurs venus de l'espace, et des intrus venus de l'extérieur du pays.
Tous ces films sur les extra-terrestres usent de bien-pensance pour cacher le racisme ordinaire. En transposant la haine de l'Autre, sur un être d'une autre planète, les films se dédouanent des pensées racistes communes envers l'étranger humain.
C'est comme si dans la SF, mépriser un Alien, ça passe mieux parce qu'il est "plus" différent de nous, et qu'il n'a rien en commun avec nous, et surtout qu'on ne lui doit rien. Ce qui est exactement la base du discours raciste. C'est le slogan "you're either with us or against us", nous contre eux.
Donc avec les aliens, le "nous" ça devrait être les terriens, dans leur ensemble, blancs et noirs, et le "eux" ça devrait être les envahisseurs, les non-nous. Mais comme l'ont déjà remarqué certains, Stamp et Borges en particulier, le "nous" c'est surtout l'homme blanc dans ce film, même si il se déroule en Afrique du Sud. Ce sont les blancs qui ont des rôles décisionnaires dans le scénario. Les noirs sont soit des émeutiers, soit des gangsters. Et le rôle du remplaçant de Wikus (qu'on voit interviewé en uniforme de prisonnier au début, avant le flash back, condamné pour avoir démasqué les fraudes du MNU), noir, n'est pas plus valorisant.
Mais je crois que c'est grâce à ça que le film sauve un peu les meubles. A la base, c'est l'histoire d'un chef blanc raciste qui est "contaminé" (car l'exposition à la race étrangère est comme un virus) par l'Autre et qui se prend de sympathie pour un alien père et son fils (empathie anthropomorphique assez grossière) et finalement se sacrifie pour les sauver en mettant de côté son intérêt personnel. A la fin, tout le monde est pourri, les aliens en réchappent, et le héros est condamné à vivre dans la peau d'un alien. Donc en surface, le film veut convertir les racistes. C'est un bon message.
Au sujet de la satire: tout le début du film est cynique. Il expose toute la mentalité raciste avec le personnage de Wikus qui est légèrement demeuré et affiche sans scrupule son mépris pour des être inférieurs. Là c'est la culture nazi ouvertement raciste, l'Apartheid, qui est caricaturée (à peine) et moquée.
Mais comme dans toute les blagues racistes au second degré pour se moquer des racistes, il y a toujours un rire premier degré qui satisfait un racisme latent dédouanné du tabou moral. C'est le même rire qui se moque d'une caricature du raciste poussée à l'extrême, et en même temps se moque (du moins inconsciemment) de la victime du racisme.
Le film se délecte avec l'argot de "Prawn" qui rappelle le mot tabou (Nigger) qu'on ne peut prononcer aux USA. Là, comme ce sont des aliens, on ne se gène pas pour les dénigrer avec un surnom raciste. Et les interviewés de dire : "c'est vrai qu'ils ressemblent à des crevettes"... qui est transposé directement du discours raciste "c'est vrai que les noirs ressemblent à des singes".
Voire le "motion capture" que les animateurs ont décidés d'utiliser pour donner vie à ces êtres inconnus : long bras qui touchent le sol, la tête rentrée dans les épaules, ils se déplacent comme des gorilles, ils fouillent les poubelles d'un bidonville et mangent des boites pour chat. Y'a même une scène où ils grognent exactement comme des singes (à la 2001 odyssée de l'espace).
Là le cynisme est plus douteux. Transposer l'histoire de l'Apartheid sur un envahisseur extra-terrestre, pour s'en moquer plus librement, c'est une bonne intention. Mais de cacher des comparaisons typiques attribuées aux noirs dans le discours raciste, dans la création du caractère de ces extra-terrestres c'est moyen. Ces aliens aurait pu être insultés par les personnages racistes anti-alien de n'importe quelle façon, qui n'aient rien à voir avec l'Apartheid, pour que la critique reste sur le plan symbolique. La métaphore purement symbolique de l'émigré extra-terrestre suffit à faire l'association abstraite avec l'émigré terrestre. Ils auraient pu développer un univers vraiment étrange pour ce personnage de fiction (non-anthropomorphique), sans en profiter pour bien se marrer en caricaturant des singes en aliens.
Soit dit en passant, "alien" signifie "émigré" an Anglais, pas juste "extra-terrestre". Et ce n'est pas un hasard, ça explique tout le contenu de la métaphore. Dans la langue du film, il y a une association immédiate, littérale entre des envahisseurs venus de l'espace, et des intrus venus de l'extérieur du pays.
Tous ces films sur les extra-terrestres usent de bien-pensance pour cacher le racisme ordinaire. En transposant la haine de l'Autre, sur un être d'une autre planète, les films se dédouanent des pensées racistes communes envers l'étranger humain.
C'est comme si dans la SF, mépriser un Alien, ça passe mieux parce qu'il est "plus" différent de nous, et qu'il n'a rien en commun avec nous, et surtout qu'on ne lui doit rien. Ce qui est exactement la base du discours raciste. C'est le slogan "you're either with us or against us", nous contre eux.
Donc avec les aliens, le "nous" ça devrait être les terriens, dans leur ensemble, blancs et noirs, et le "eux" ça devrait être les envahisseurs, les non-nous. Mais comme l'ont déjà remarqué certains, Stamp et Borges en particulier, le "nous" c'est surtout l'homme blanc dans ce film, même si il se déroule en Afrique du Sud. Ce sont les blancs qui ont des rôles décisionnaires dans le scénario. Les noirs sont soit des émeutiers, soit des gangsters. Et le rôle du remplaçant de Wikus (qu'on voit interviewé en uniforme de prisonnier au début, avant le flash back, condamné pour avoir démasqué les fraudes du MNU), noir, n'est pas plus valorisant.
Mais je crois que c'est grâce à ça que le film sauve un peu les meubles. A la base, c'est l'histoire d'un chef blanc raciste qui est "contaminé" (car l'exposition à la race étrangère est comme un virus) par l'Autre et qui se prend de sympathie pour un alien père et son fils (empathie anthropomorphique assez grossière) et finalement se sacrifie pour les sauver en mettant de côté son intérêt personnel. A la fin, tout le monde est pourri, les aliens en réchappent, et le héros est condamné à vivre dans la peau d'un alien. Donc en surface, le film veut convertir les racistes. C'est un bon message.
Au sujet de la satire: tout le début du film est cynique. Il expose toute la mentalité raciste avec le personnage de Wikus qui est légèrement demeuré et affiche sans scrupule son mépris pour des être inférieurs. Là c'est la culture nazi ouvertement raciste, l'Apartheid, qui est caricaturée (à peine) et moquée.
Mais comme dans toute les blagues racistes au second degré pour se moquer des racistes, il y a toujours un rire premier degré qui satisfait un racisme latent dédouanné du tabou moral. C'est le même rire qui se moque d'une caricature du raciste poussée à l'extrême, et en même temps se moque (du moins inconsciemment) de la victime du racisme.
Le film se délecte avec l'argot de "Prawn" qui rappelle le mot tabou (Nigger) qu'on ne peut prononcer aux USA. Là, comme ce sont des aliens, on ne se gène pas pour les dénigrer avec un surnom raciste. Et les interviewés de dire : "c'est vrai qu'ils ressemblent à des crevettes"... qui est transposé directement du discours raciste "c'est vrai que les noirs ressemblent à des singes".
Voire le "motion capture" que les animateurs ont décidés d'utiliser pour donner vie à ces êtres inconnus : long bras qui touchent le sol, la tête rentrée dans les épaules, ils se déplacent comme des gorilles, ils fouillent les poubelles d'un bidonville et mangent des boites pour chat. Y'a même une scène où ils grognent exactement comme des singes (à la 2001 odyssée de l'espace).
Là le cynisme est plus douteux. Transposer l'histoire de l'Apartheid sur un envahisseur extra-terrestre, pour s'en moquer plus librement, c'est une bonne intention. Mais de cacher des comparaisons typiques attribuées aux noirs dans le discours raciste, dans la création du caractère de ces extra-terrestres c'est moyen. Ces aliens aurait pu être insultés par les personnages racistes anti-alien de n'importe quelle façon, qui n'aient rien à voir avec l'Apartheid, pour que la critique reste sur le plan symbolique. La métaphore purement symbolique de l'émigré extra-terrestre suffit à faire l'association abstraite avec l'émigré terrestre. Ils auraient pu développer un univers vraiment étrange pour ce personnage de fiction (non-anthropomorphique), sans en profiter pour bien se marrer en caricaturant des singes en aliens.
Dernière édition par HarryTuttle le Jeu 24 Sep 2009 - 23:52, édité 2 fois
Re: DISTRICT 9
Là y'a une analyse comparée intéressante à approfondir, entre "La Métamorphose" de Kafka, et Wikus de D9.Borges a écrit:Quelle est la calamité que subit ce mec ? Devenir autre, changer au contact de l’autre ; cela nous est montré comme une terrifiante épreuve ; ici, aucune forme de valorisation de l’expérimentation de nouvelles formes de vie, comme dans « la Mouche » ; rien de la pensée d’un Kafka ; rien de la richesse du « devenir-juif » de Monsieur Klein. Devenir-autre est horrible, terrifiant. Devenir-autre, devenir, en un mot, c’est se dégrader, être contaminé ; c’est la catastrophe ; toute cette pseudo satire, comme la satire même est animée par un idéal d’identité, identitaire
Mais c'est moins la xénophobie que la perte de soi qui importe ici.
On peut faire un rapport métaphorique de l'alien avec devenir un noir (comédie Américaines), ou devenir juif... mais c'est tiré par les cheveux.
Devenir un extra-terrestre est une expérience traumatisante, même avec toute la bonne volonté éthique. Ce n'est pas nécessairement xénophobe de vouloir rester humain.
Pourquoi devenir l'autre après tout? Est-ce que la philoxénie passe nécessairement par l'appropriation du corps de l'autre? Non. L'acceptation de l'autre est d'autant plus puissante que l'on mesure la différence qui existe. Accepter un autre à qui on ressemble ne présente à priori aucun courage moral. Il n'y à même plus d'autre, de fossé, de barrière, si on se fond dans la masse. (d'ailleurs c'est intéressant que Wikus semble être un des seuls à comprendre la langue de ces aliens)
Ça serait tout aussi prétentieux de penser que l'Homme puisse devenir non-Homme. Comme si le passage ne posait aucun problème, philosophique ou biologique. C'est un peu littéral que de penser "je dois devenir l'autre" pour apprendre la tolérance.
Je crois que la fin ouverte du film, sans dénouement (appelant un sequel sans doute), est assez courageuse. Le héros devient alien (sans confirmation parce qu'il disparait parmi les aliens et ne parle plus anglais à la caméra) son sort étant laissé en suspend, sans happy ending qui effacerait la mutation (retour à la case départ sans séquelles) comme il était prévu. Le film nous laisse avec un héros humain abandonné dans un corps inconnu, dépossédé de son humanité. C'est un concept très violent et courageux narrativement. En général, la confrontation aux aliens à besoin d'une fin où l'humanité triomphe sur l'envahisseur, grâce à notre intelligence, notre solidarité, notre technologie, notre ruse, ou une grosse explosion... Mais ici, rien de tout ça. Le héros est happé, digéré, absorbé par cet ADN alien.
C'est l'absence d'explications, de conclusions qui me séduit le plus dans cet original blockbuster qui prend les règles commerciales à rebours, même si c'est pas complètement dénué de racisme.
Re: DISTRICT 9
Harry, je crois que tu fais toi aussi une interprétation un peu littérale de ce que dis Borges. Il dit pas qu'il faut devenir l'autre pour le comprendre, pour apprécier une altérité qui de ce fait s'annule. Ca a plutôt à voir avec le devenir-autre (avec le tiret), le ET si cher à Deleuze, il me semble. Enfin, je dis ça comme ça mais l'intéressé saura répondre mieux que moi à tes remarques, je n'en doute pas.
Sinon, des précisions sur le Nigéria, les nigérians et leurs problèmes d'image :
http://blog.mondediplo.net/2009-09-23-Les-Nigerians-abonnes-aux-mauvais-roles
Sinon, des précisions sur le Nigéria, les nigérians et leurs problèmes d'image :
http://blog.mondediplo.net/2009-09-23-Les-Nigerians-abonnes-aux-mauvais-roles
Re: DISTRICT 9
Les rues de Lagos ont leur explication. « Ce ne sont pas les Nigérians qui ont un problème d’image, mais leur gouvernement », a-t-on ainsi l’habitude d’entendre dans la capitale économique. « La vaste majorité des Nigérians ne jouit certes pas de la reconnaissance internationale qu’elle mériterait venant d’un pays réputé pour ses écrivains, musiciens, footballeurs et athlètes, note sur son blog Matthew Tostevin, responsable du bureau Afrique de l’agence Reuters. Mais comment le Nigeria pourrait-il améliorer son image alors qu’il ne peut toujours pas éclairer les maisons d’une majorité de sa population, en dépit de ses ressources énergétiques et malgré les milliards de dollars investis ? » (« Nigeria’s image problem », 21 septembre 2009).
« Le gouvernement nigérian n’a aucun droit de mettre en cause les jugements portés à l’encontre de notre Nation », confie Jahman Anikulapo, rédacteur en chef de l’édition dominicale du Guardian, principal quotidien national basé à Lagos. « Depuis près de cinquante ans, celui-ci n’a en effet cessé de pousser le pays vers le précipice, au profit de ses propres intérêts et au détriment de la majorité de la population. Je suis sûr que District 9, tout choquant qu’il soit lorsqu’on le regarde d’un point de vue strictement patriotique, renforcera plutôt les critiques que portent les Nigérians eux-mêmes sur leur propre pays. L’une des grandes qualités des Nigérians est en effet l’incroyable énergie qu’ils mettent à s’autocritiquer et s’autoflageller. N’oublions pas que, de la littérature au théâtre en passant par les arts visuels, notre scène culturelle a toujours été fermement engagée contre ce système qui rend impossible toute entreprise honnête et entrave toute ambition de contribuer au développement national. »
Pour parfaire l’hyper-réalisme de ses scènes « nigérianes », Neil Blomkamp utilise brièvement une hyène dans l’un des plans de District 9. Elle semble sortie du livre que le jeune photographe afrikaner Pieter Hugo avait consacré en 2006 au petit monde nigérian des montreurs d’animaux. Entre documentaire et fiction, son nouvel ouvrage témoigne avec plus d’acuité encore du rapport ambivalent et complexe qu’entretiennent les Nigérians avec leur image sulfureuse. Publié aux éditions Prestel, il est consacré à Nollywood, industrie du cinéma nigériane dont le succès panafricain a aussi largement contribué, depuis le début des années 2000, à populariser une certaine image du pays : entre violence urbaine et « ultravaudou », femmes trahies et faciles, parrains et hommes de Dieu, banditisme et corruption.
J'ai visionné pas mal de ces dvd pirates Nollywoodiens vendus ds une petite boutique à Nantes. Boutique tenue par des Nigériens justement.
Je puis vous assurer que le coté puant de District9 c'est 1/1000 de ces 60 minutes numérisées à la chaine. Et ces divers feuilletons sont vendus quasiment uniquement pr un public d'origine nigérienne d'après le vendeur (un ami)
"violence urbaine et ultravaudou, femmes trahies et faciles, parrains et hommes de Dieu, banditisme et corruption" mais pas que, condensés en 60 min. Un mur de 4m de large sur 2 de dvds regroupant cette production.lol
Et là, ceux ne sont pas des " blancs" qui dirigent ce marché.
Je veux dire par là, que je retrouve bcp de clivages, de rigidités ds certains propos plus haut. Les choses sont plus nuancées, non ?
QT finira bien un jour par recycler tout ça.
Un cinéma riche aussi; de bonnes choses parfois.
ps: c'est la forme et non le fond que je reproche à Stamp.
NOLLYWOOD BOULEVARD ; L'INDUSTRIE DU CINÉMA AU NIGERIA
On connaissait Hollywood en Californie, Bollywood à Bombay, voici Nollywood au Nigeria. Une industrie hyperprolifique capable de produire près de 1200 films par an. A Lagos, les polars ultraviolents et les comédies romantiques sont tournés à la va-vite avec des budgets dérisoires. Et le public africain s'en arrache les cassettes dans le monde entier. Le photographe Ludovic Carème a rencontré dans ce pays très religieux les plus grandes stars de Nollywood, des femmes qui ont trouvé dans le cinéma le moyen de leur libération.
Environ 1200 longs-métrages tournés chaque année. Des dizaines de stars au service d'une industrie qui emploie plus de 300000 personnes et génère plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. Mais les visages de ces acteurs ne sont connus que du seul public africain. Ils viennent du Nigéria, de Nollywood (contraction de Nigeria et de Hollywood). Ici, c'est l'envers de Bollywood, l'usine indienne du cinéma mondial: pas de gros budgets, ni de salles de cinéma d'ailleurs, pour cause d'insécurité chronique et de crise économique. En revanche, 67% des Nigé-rians possèdent des magnétoscopes. Car, à Nollywood, tout est filmé en caméra vidéo et commercialisé en K7 sur les marchés nigérians.
Surgies du pays le plus peuplé d'Afrique -120 millions d'habitants -, ces fantasques productions rayonnent sur tout le continent et au-delà grâce à la plus importante diaspora noire du monde. Produire une home-vidéo ne coûte que 222 euros la minute, soit 50 fois moins que pour un film réalisé au Burkina Faso. A Lagos, capitale économique du Nigeria et deuxième ville la plus peuplée d'Afrique, moins de deux semaines suffisent pour tourner un film et moins d'un mois pour le retrouver dans les boutiques du monde entier.
Sur tous les tons et à toute vitesse, Nollywood mixe la culture de la mondialisation et la post-modernité nigériane: vaudou, pétrodollars et insécurité. Après l'horreur et l'ultraviolence, la mode est aujourd'hui aux comédies romantiques et aux sagas évangéliques produites pour l'une des nations les plus pratiquantes du monde.
Dans cette industrie de l'urgence, à l'image du pire et du meilleur de l'Afrique urbaine, les femmes nigérianes ont trouvé un nouveau moyen de s'affranchir.
Qu'elles soient costumières, productrices ou actrices, les histoires de ces femmes sont autant de scénarios. A Nollywood, on trouve d'ex-étudiantes en droit enchaînant une dizaine de tournages par an, d'anciennes danseuses de musique traditionnelle fuji osant dévoiler leurs courbes malgré la pression religieuse des églises pentecôtistes, des doyennes de comédie yoruba passées par les pièces de Wole Soyinka, ou des starlettes spécialisées dans des rôles de bad girls qui leur collent à la peau. Mais aussi des musulmanes haoussa enfreignant, pour la passion du ciné-ma, la charia régulant le nord du Nigeria. Et évidemment des stars installées dans les quartiers très chics de Lekki, le Beverly Hills de la mégalopole nigériane. La plus grande de ces stars, Genevieve Nnaji, touche 17000 euros par film. Elle en a gagné plus de 150000 en 2004. Derrière elle, Rita Dominic, Ste-phanie Okereke, Bukky Wright, Shan George, Stella Damasus-Aboderin, Bimbo Akintola, l'explosive Cossy Orjiakor ou la nouvelle Grace Everly sont les autres têtes d'affiche les plus lucratives du moment.
Que dire de cette ... campagne de pub. Beaucoup plus significative ds cette dimension figée, illustrative.
Curieux, je ne vois pas le logo "MNU". Sur certaines oui, d'autres non. Où se trouve donc l'intention ?
- Spoiler:
^x^- Messages : 609
Re: DISTRICT 9
J'irais également dans le sens d'Harry Tuttle, dont je partage les arguments d'"opposition", qui, il me semble, permettent (comme tu le dis) de sauver les meubles. Tout en étant toujours d'accord avec Borges.
Peut-être faut-il être moins rigide avec ce film, dont l'originalité n'est pas si fréquente aujourd'hui. De plus, les précisions qu'apporte Careful me paraissent édifiantes. C'est tout un système de représentation (sur les nigériens) qui se trouve en réalité couronné dans District 9. On pourrait même dire qu'il s'agit là du problème du cinéma africain en général (s'enfermer dans des clichés, les vaudous, les gangs, la violence...)
Comme je commence à vous connaître, je sais que Borges ne quittera pas cette position (qui est du même ordre que celle adoptée sur Gran Torino, dans lequel certaines nuances auraient pu être apportées). Avec cette bête question : toutes les images se valent-elles ? Par exemple, District 9 développe-t-il le même racisme que Men in Black, dont parlait JM ?
Donc, pour toi, un fascisme assumé, objet de la satire, (style le début du film) équivaut au "vrai" fascisme ? Tu n'as pas tort la-dessus, surtout si on compare avec la "méthode Le Pen", qui fonctionne aussi par des énoncés provocateurs dignes d'une campagne de sensibilisation. (C'est un long débat dont vous avez déjà parlé)
Et puis, il y a cette métamorphose. Elle est originale. N'est-ce quand même pas le symbole d'une particularité des devenirs américains (HT cite à raison le devenir-noir etc), qui savent s'ouvrir à quelque chose ? Bien sûr, c'est sur le dégôut, tu le montres bien. Mais peut-on s'y limiter ? N'y-a-t-il que ça ?
Je demande ici des précisions, car ton analyse, Borges, révèle encore une fois toute la nature profonde de l'entreprise, son racisme, sa morale du chacun chez soi, l'enfermement dans les clichés, paradoxalement son immobilité, son refus de faire du monde une Jungle.
Peut-être faut-il être moins rigide avec ce film, dont l'originalité n'est pas si fréquente aujourd'hui. De plus, les précisions qu'apporte Careful me paraissent édifiantes. C'est tout un système de représentation (sur les nigériens) qui se trouve en réalité couronné dans District 9. On pourrait même dire qu'il s'agit là du problème du cinéma africain en général (s'enfermer dans des clichés, les vaudous, les gangs, la violence...)
Comme je commence à vous connaître, je sais que Borges ne quittera pas cette position (qui est du même ordre que celle adoptée sur Gran Torino, dans lequel certaines nuances auraient pu être apportées). Avec cette bête question : toutes les images se valent-elles ? Par exemple, District 9 développe-t-il le même racisme que Men in Black, dont parlait JM ?
Donc, pour toi, un fascisme assumé, objet de la satire, (style le début du film) équivaut au "vrai" fascisme ? Tu n'as pas tort la-dessus, surtout si on compare avec la "méthode Le Pen", qui fonctionne aussi par des énoncés provocateurs dignes d'une campagne de sensibilisation. (C'est un long débat dont vous avez déjà parlé)
Et puis, il y a cette métamorphose. Elle est originale. N'est-ce quand même pas le symbole d'une particularité des devenirs américains (HT cite à raison le devenir-noir etc), qui savent s'ouvrir à quelque chose ? Bien sûr, c'est sur le dégôut, tu le montres bien. Mais peut-on s'y limiter ? N'y-a-t-il que ça ?
Je demande ici des précisions, car ton analyse, Borges, révèle encore une fois toute la nature profonde de l'entreprise, son racisme, sa morale du chacun chez soi, l'enfermement dans les clichés, paradoxalement son immobilité, son refus de faire du monde une Jungle.
Le_comte- Messages : 336
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