"Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
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"Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
hello tout le monde,
"Flipped" m'a beaucoup plu aussi: non seulement l'histoire est belle, mais elle fait vraiment exister les deux petits personnages: c'est bien de sortir d'un film en se souvenant des personnages.
Sur Rob Reiner, il n'y a pas de quoi écrire une thèse sans doute, mais je serai plus enthousiaste que vous (sans avoir tout vu, j'en ai vu beaucoup, et, tenez-vous bien, en sachant toujours que c'était de lui, et même en allant les voir parce que c'était de lui). Même ses plus mauvais films ne sont pas détestables. C'est un cinéaste qui croit à l'héroïsme (le sujet même de Princess Bride), qui s'attache à des personnages idéalistes, et qui les observe tenir bon sur leurs principes. "Flipped" par exemple, c'est du Corneille, ou presque: c'est un film qui ne voit aucun dilemme entre l'amour et le devoir, qui croit au contraire que l'amour n'est pas séparable du sens de la justice. C'était déjà l'histoire du "Président et Miss Wade", une vraie croûte celui-là, mais où Miss Wade convainquait le président de ne pas transiger avec ses principes, de ne pas céder aux calculs mesquins.
Dans la foulée de "Flipped", j'ai revu "Des hommes d'honneur" (dont j'ai découvert, par la même occasion, que c'était le premier scénario d'Aaron Sorkin porté à l'écran). Tom Cruise y joue un avocat qui défend deux soldats accusés d'un meurtre: ils ont passé un savon au canard boiteux de leur section, sur ordre de leurs supérieurs, mais la séance de correction a mal tourné et le soldat martyrisé est mort. Les officiers, lors du procès, nous ressortent le couplet de la raison d'Etat: on ne peut pas défendre l'Amérique avec des principes, aussi beaux et justes soient-ils; il faut aussi la force, l'injustice, sans quoi ces fourbes de communistes cubains seraient déjà à Washington, etc. Mais le film ne transige pas et tous les officiers finissent en taule.
La film date de 1992: c'est pas si loin, mais quelle régression depuis! On imagine ce qu'un cinéaste (qui serait pas Rob Reiner) ferait sur un tel scénario aujourd'hui: on nous dirait à quel point la situation est complexe, à quel point ces officiers sont des personnages tragiques, à quel point la violence est nécessaire quand on doit affronter le mal, etc. Ce serait un film sombre et inquiet, un film gris dont on devrait sortir tout fébrile, alors qu'ici, c'est un film clair, lumineux, où il ne fait aucun doute que le colonel doit finir en taule. Le fait que le colonel soit, en plus, le chef de la base de Guantanamo, dont le scénario dit explicitement que tous les militaires là-bas sont "fanatisés", rend tout ça encore plus intéressant à revoir aujourd'hui.
Adeline a écrit:Je ne sais pas vous, mais il m'arrive souvent ce truc étrange. Je vois un film, qui me plaît ou non. Je vérifie le nom du réal, je vais sur wiki, et je me rends compte que le mec a fait d'autres films super connus que j'ai vus et dont je n'avais aucune idée du réalisateur. Souvent, ça fait le coup avec des films à succès public mais pas très bons (même s'il m'arrive de les adorer). Par exemple [...] Rob Reiner. Princess Bride ? C'est lui. Stand by me ? C'est lui. Quand Harry rencontre Sally ? Encore lui. Le Président et Miss Wade ? Des hommes d'honneur ? Tout ça et encore d'autres trucs. Dire que j'ai vu tous ces films serait mentir, même si j'ai bien vu Princess Bride à 13 ou 14 ans (pas aimé), et forcément j'ai dû voir dans ma vie des images de Quand Harry rencontre Sally en zappant. Le Président et Miss Wade j'avais vu aussi. Tous ces trucs nuls que je vois… Récemment, c'est la raison pour laquelle je me suis souvenu de son nom, j'ai regardé Flipped. Et ce film là, pour le coup, j'ai adoré. Un film profondément bon au sens de la bonté, qui m'a fait le même effet que me font les films de Leo McCarey.
Jerzy a écrit:Je témoigne de ce même phénomène, dans le positif comme le négatif. Ici, c'est dans le sens négatif ("bon sang, mais alors il est aussi mauvais là que là"). [...] Rob Reiner. Je serai juste un peu moins tiède. Je ne prise point les films que tu cites, mais j'adore Misery, que tu ne cites pas: super-efficace, ambiance géniale, et un duo d'acteurs absolument épatants.
Je ressors des posts d'il y a deux ans, puisque je viens de voir "Flipped". Je suis content de parler de Reiner, parce que vous en aviez dit tellement de mal que j'en avais perdu le sommeil depuis. En tout cas, vos remarques donnent raison à ce critique, qui commençait son article comme ça: I personally don't know anyone who doesn't love a Rob Reiner film.Borges a écrit:flipped; un des plus beaux films du monde sur l'enfance
"Flipped" m'a beaucoup plu aussi: non seulement l'histoire est belle, mais elle fait vraiment exister les deux petits personnages: c'est bien de sortir d'un film en se souvenant des personnages.
Sur Rob Reiner, il n'y a pas de quoi écrire une thèse sans doute, mais je serai plus enthousiaste que vous (sans avoir tout vu, j'en ai vu beaucoup, et, tenez-vous bien, en sachant toujours que c'était de lui, et même en allant les voir parce que c'était de lui). Même ses plus mauvais films ne sont pas détestables. C'est un cinéaste qui croit à l'héroïsme (le sujet même de Princess Bride), qui s'attache à des personnages idéalistes, et qui les observe tenir bon sur leurs principes. "Flipped" par exemple, c'est du Corneille, ou presque: c'est un film qui ne voit aucun dilemme entre l'amour et le devoir, qui croit au contraire que l'amour n'est pas séparable du sens de la justice. C'était déjà l'histoire du "Président et Miss Wade", une vraie croûte celui-là, mais où Miss Wade convainquait le président de ne pas transiger avec ses principes, de ne pas céder aux calculs mesquins.
Dans la foulée de "Flipped", j'ai revu "Des hommes d'honneur" (dont j'ai découvert, par la même occasion, que c'était le premier scénario d'Aaron Sorkin porté à l'écran). Tom Cruise y joue un avocat qui défend deux soldats accusés d'un meurtre: ils ont passé un savon au canard boiteux de leur section, sur ordre de leurs supérieurs, mais la séance de correction a mal tourné et le soldat martyrisé est mort. Les officiers, lors du procès, nous ressortent le couplet de la raison d'Etat: on ne peut pas défendre l'Amérique avec des principes, aussi beaux et justes soient-ils; il faut aussi la force, l'injustice, sans quoi ces fourbes de communistes cubains seraient déjà à Washington, etc. Mais le film ne transige pas et tous les officiers finissent en taule.
La film date de 1992: c'est pas si loin, mais quelle régression depuis! On imagine ce qu'un cinéaste (qui serait pas Rob Reiner) ferait sur un tel scénario aujourd'hui: on nous dirait à quel point la situation est complexe, à quel point ces officiers sont des personnages tragiques, à quel point la violence est nécessaire quand on doit affronter le mal, etc. Ce serait un film sombre et inquiet, un film gris dont on devrait sortir tout fébrile, alors qu'ici, c'est un film clair, lumineux, où il ne fait aucun doute que le colonel doit finir en taule. Le fait que le colonel soit, en plus, le chef de la base de Guantanamo, dont le scénario dit explicitement que tous les militaires là-bas sont "fanatisés", rend tout ça encore plus intéressant à revoir aujourd'hui.
Eyquem- Messages : 3126
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
Je constate que je n'ai pas dit du mal de Rob Reiner.
J'ai toujours loué son Misery, une des meilleures adaptations de S. King. Son Spinal tap est une référence incontournable dans le genre "faux documentaire hilarant".
Son Stand by me se laisse regarder sans trop de déplaisir, même si l'imagerie kingienne "souvenirs d'enfance des 50s" m'agace avec sa patine rétro assez pavlovienne et son sentimentalisme cuculapraloche simili-spielbergien. Quand Harry rencontre Sally, vu une fois d'un œil distrait, c'est pas ma cup of tea , même si c'est sans doute bien (le couple Billy Cristal/Meg Ryan fonctionne à merveille, comme on dit).
J'ai pas vu les autres. Mais je me laisserai tenter à l'occasion par ce Flipped, dont j'aime déjà le titre.
J'ai toujours loué son Misery, une des meilleures adaptations de S. King. Son Spinal tap est une référence incontournable dans le genre "faux documentaire hilarant".
Son Stand by me se laisse regarder sans trop de déplaisir, même si l'imagerie kingienne "souvenirs d'enfance des 50s" m'agace avec sa patine rétro assez pavlovienne et son sentimentalisme cuculapraloche simili-spielbergien. Quand Harry rencontre Sally, vu une fois d'un œil distrait, c'est pas ma cup of tea , même si c'est sans doute bien (le couple Billy Cristal/Meg Ryan fonctionne à merveille, comme on dit).
J'ai pas vu les autres. Mais je me laisserai tenter à l'occasion par ce Flipped, dont j'aime déjà le titre.
Invité- Invité
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
Ah Eyquem, tu as vu Flipped ! Magnifique, n'est-ce pas !
Quand je pense qu'il n'est jamais sorti en salle en France, on se demande parfois quand même ce que font les distributeurs… Il existe un dvd ? Je l'avais téléchargé après sa sortie aux États-Unis.
J'en garde un beau souvenir, très beau. La gamine est comme tu le dis une vraie héroïne, on a envie de lui ressembler, on aimerait tenir sur les principes aussi fort qu'elle tient. Puis Reiner a une vraie fois en la possibilité de s'amender, de progresser. Tout le chemin du petit garçon, guidé par son grand-père, ça donne fois en la vie.
Quand je pense qu'il n'est jamais sorti en salle en France, on se demande parfois quand même ce que font les distributeurs… Il existe un dvd ? Je l'avais téléchargé après sa sortie aux États-Unis.
J'en garde un beau souvenir, très beau. La gamine est comme tu le dis une vraie héroïne, on a envie de lui ressembler, on aimerait tenir sur les principes aussi fort qu'elle tient. Puis Reiner a une vraie fois en la possibilité de s'amender, de progresser. Tout le chemin du petit garçon, guidé par son grand-père, ça donne fois en la vie.
adeline- Messages : 3000
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
Je mettrais pas ma main au feu que ça va te plaire. Mais, y a des poules dedans qui jouent un rôle central, donc pourquoi pas.Jerzy a écrit:Mais je me laisserai tenter à l'occasion par ce Flipped, dont j'aime déjà le titre.
Je comprends que tu puisses le voir comme ça, mais, sous la nostalgie un peu empesée, il y a un fond de tristesse que je trouve très touchant. C'est un film endeuillé, mais justement pas larmoyant ni cuculapraloche, grâce au personnage de River Phoenix, qui sauve la mise de son pote. Vu le portrait qui est fait des parents des mômes, je ne trouve pas ça "spielberguien": il n’y a aucune idéalisation de la famille en tant que telle ; au contraire, ce qui domine dans les foyers, c’est la violence, la compétition, le ressentiment. Ce qui sauve les mômes, c’est plutôt de prendre la tangente et de se choisir de vrais amis.Jerzy a écrit:Son Stand by me se laisse regarder sans trop de déplaisir, même si l'imagerie kingienne "souvenirs d'enfance des 50s" m'agace avec sa patine rétro assez pavlovienne et son sentimentalisme cuculapraloche simili-spielbergien
(on retrouve ça dans Flipped, où le père du gamin rappelle Brad Pitt dans Tree of life : il a beau avoir une belle maison, un beau jardin, ressembler à une pub des années 50, il y a quelque chose de « pourri » en lui, comme dit la gamine)
C’est ça : c’est un film qui rend meilleur, qui donne envie de l’être.Adeline a écrit:La gamine est comme tu le dis une vraie héroïne, on a envie de lui ressembler, on aimerait tenir sur les principes aussi fort qu'elle tient. Puis Reiner a une vraie foi en la possibilité de s'amender, de progresser
La question de la foi, de la croyance, est tout le temps importante dans ses récits. Déjà, parce que très souvent, ça commence par des gens qui racontent des histoires : un grand-père qui ouvre un livre de contes pour son petit-fils (Princess Bride), un romancier (Stand By Me, La Magie de Belle-Isle, Misery), des couples qui racontent comment ils se sont rencontrés et jamais quittés (Harry & Sally). Chaque fois, ce sont des contes, des histoires de princesses, des légendes de l’ouest, des histoires d’amour-toujours, le genre de récits dont on se dit que tout ça, ce sont des histoires, des mensonges, de beaux rêves. Et dans presque tous ces films, l’enjeu est de nous faire croire à ces histoires, non pas au monde merveilleux qu’ils peuvent dépeindre, mais aux valeurs qu’ils transmettent. L’amour-toujours, l’amitié, la justice, ce sont les histoires auxquelles il faut croire.
(Princess Bride, en ce sens, c’est un peu son Life of Pi, et pose la même question que le Ang Lee : qu’est-ce qui vaut mieux : une vie sans croyances, ou une vie où on croit ? qu’est-ce qui fera de vous quelqu’un de meilleur ?)
"Misery", vu ainsi, c’est intéressant, parce que Reiner l’a tourné après "Princess Bride" et "Harry & Sally", des films qui nous disent de croire aux contes de fées. Or Misery, la folle dingue qui kidnappe ce pauvre écrivain et qui lui casse les pieds pour qu’il continue à écrire ses romans à l’eau de rose, c’est justement une lectrice qui croit dur comme fer à ces histoires d’amour-toujours : on peut pas dire que ça ait fait d’elle quelqu’un de meilleur. Alors, où est la limite ? Il faut croire à ces histoires, mais pas totalement ; que la croyance demeure croyance ; c’est pour ça que ces contes se gardent derrière un voile d’ironie joyeuse, qui fait le charme d’un film comme Princess Bride par exemple.
Enfin voilà : Rob Reiner, cinéaste sympathique. Fallait que je le dise.
Eyquem- Messages : 3126
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
Une question : comment vous l'avez-vu ? J'ai regardé dans le catalogue des bibliothèques de paris : ils ne l'ont pas. Sur internet, il y a un dvd sur amazon mais sans sous-titres a priori.
gertrud04- Messages : 241
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
Il y a quelque chose quelque part qui s'appelle Flipped.2010.LiMiTED.720p.BluRay.x264-DEPRAViTY
GM- Messages : 95
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
Merci GM mais ton sourire me fait craindre une proposition malhonnête
gertrud04- Messages : 241
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
salut Gertrud,
Je me suis contenté d'un streaming en vf, faute de mieux.gertrud04 a écrit:Une question : comment vous l'avez-vu ? J'ai regardé dans le catalogue des bibliothèques de paris : ils ne l'ont pas. Sur internet, il y a un dvd sur amazon mais sans sous-titres a priori.
Eyquem- Messages : 3126
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
GM a écrit:Il y a quelque chose quelque part qui s'appelle Flipped.2010.LiMiTED.720p.BluRay.x264-DEPRAViTY
Avant de me lancer: y a des sous-titres fr dispos là-dessus, gm?
Invité- Invité
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
Oui, il suffit de les prendre ici : http://uplea.com/dl/A951F79D6F294F5
Si tu es familier avec VLC, ça va aller tout seul.
Si tu es familier avec VLC, ça va aller tout seul.
GM- Messages : 95
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
OK, merci !
(ça marche parfaitement)
(ça marche parfaitement)
Dernière édition par syndic des dockers le Jeu 19 Juin 2014 - 14:33, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
(je l'ai hébergé en vostfr sur mon compte G.Drive -donc dl rapide- pour ceux qui souhaitent voir ce beau film, en effet, de Rainer)
https://spectresducinema.1fr1.net/t1850-flipped-rob-reiner-2010#46445
https://spectresducinema.1fr1.net/t1850-flipped-rob-reiner-2010#46445
careful- Messages : 690
Re: "Flipped" & autres histoires de Rob Reiner
Oui, c'était un joli petit film très émouvant.
Dans les mains d'un autre, ça aurait facilement pu être un épisode de La petite maison dans la prairie. Mais là, non, ça touche juste.
Je fais court.
Dans les mains d'un autre, ça aurait facilement pu être un épisode de La petite maison dans la prairie. Mais là, non, ça touche juste.
Je fais court.
Invité- Invité
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