Femmes du Caïre - Y. Nasrallah
Femmes du Caïre - Y. Nasrallah
Pas parfait mais vraiment pas mal, comme du Costa Gravas intelligent.
Un regard quasi-sirkien (ou plutôt ultra-sirkien) sur la révolution égyptienne (superbe générique qui cite et renouvelle celui de Imitation of Life), inattendu mais bizarrement cohérent et lucide politiquement.
Je n’arriverai pas à dire si le film est hyper-bourgeois (il représente sans la détruire la bonne conscience de celui qui ne fait que traduire l'aliénation, l'idée que dans la révolution la parole populaire est toujours octroyées) ou populiste (toutes les femmes que la présentatrice rencontrent viennent d'un milieu différent), mais à la limite cette indécision est une qualité (et puis les deux ne se contredisent pas forcément). Elle est sans doute liée que le film tord distraitement un système politique réel qui fonctionne par délégation, où la révolte populaire ne s'exprime que dans les contradictions de la classe sociale dirigeante, en un régime (irréel et symbolique, presque un conte) ou la bourgeoise n'est que la médiation de cette parole populaire (le talk-show qui devient le point de départ de courts-métrages quasi-autonomes - où jouent les meilleurs acteurs du films). Mais il faut recourir à l’artifice du conte pour limiter de l'intérieur ces prérogatives de la bourgeoisie.
Belle manière de filmer un appartement trop confortable, ce qui fait basculer l'héroïne, un rêve où elle comprend qu'il n'a pas de porte d'entrée, alors qu'au contraire le récit ultérieurs des trois sœurs pauvre qui ont tué leur employé qui justement leur aurait permis d'être libres ensemble n'est qu'une historie de portes ouvertes puis renfermées, dans tous les sens du termes.
La façon dont le film arrive à traduire toutes les nuances d'une atmosphère d'étouffement politique, accumulé sur des années, qui explose d'un coup, est d'autant plus remarquable que tous ses personnages sont en fait des symboles sociologiques.
Belle idée du film, c'est l'inexplicable mollesse et indécision de la journaliste qui est le personnage personnage du film (le seul personnage dont on ignore tout de d'origine, qui n'est identifié que par sa richesse matérielle) qui finalement lui donnent la latitude de passer outre les pressions politiques, qui se manifestent directement dans les plans de carrière et les intérêts de son entourage direct.
En France il y a beaucoup de critiques et de commentaires plus ou moins populistes sur tel ou tel couple médiatique (sur le mode "on vous cache tout on vous dit rien savez-vous les gens puissants couchent en fait ensemble....") , mais c'est en Egypte que ce phénomène devient l'objet d'un bon film, en étant intelligemment et efficacement traités plus comme une métaphores sur la fragilité du pouvoir et de la domination que comme la source de ce pouvoir et de cette domination.
Je l'ai vu bien après sa réalisation, je ne prétend pas que si je l'avais vu il y a deux ans j'aurais compris ce qui se passerait en Égypte était inéluctable, mais en le voyant maintenant j'avoue que je comprends que les révolutions arabes ont commencé bien plus tôt qu'en Noël dernier.
EDIT: en fait les personnages principaux sont un peu ratés, mais la manière dont l'histoire des personnages secondaires est écrite est excellente (le très beau personnage de la vendeuse du magasin de luxe, qui n'intervient que 40 secondes, mais montre que le basculement du kitsch télévisuel vers la vraie critique sociale est à la fois subi et conscient). Le film place aussi les ruptures de ton là où il faut (la scène de l'assassinat de "Saïd-le-Léger", qui méritait trop bien son sobriquet, est suffisamment réussie que pour en devenir irregardable)
Un regard quasi-sirkien (ou plutôt ultra-sirkien) sur la révolution égyptienne (superbe générique qui cite et renouvelle celui de Imitation of Life), inattendu mais bizarrement cohérent et lucide politiquement.
Je n’arriverai pas à dire si le film est hyper-bourgeois (il représente sans la détruire la bonne conscience de celui qui ne fait que traduire l'aliénation, l'idée que dans la révolution la parole populaire est toujours octroyées) ou populiste (toutes les femmes que la présentatrice rencontrent viennent d'un milieu différent), mais à la limite cette indécision est une qualité (et puis les deux ne se contredisent pas forcément). Elle est sans doute liée que le film tord distraitement un système politique réel qui fonctionne par délégation, où la révolte populaire ne s'exprime que dans les contradictions de la classe sociale dirigeante, en un régime (irréel et symbolique, presque un conte) ou la bourgeoise n'est que la médiation de cette parole populaire (le talk-show qui devient le point de départ de courts-métrages quasi-autonomes - où jouent les meilleurs acteurs du films). Mais il faut recourir à l’artifice du conte pour limiter de l'intérieur ces prérogatives de la bourgeoisie.
Belle manière de filmer un appartement trop confortable, ce qui fait basculer l'héroïne, un rêve où elle comprend qu'il n'a pas de porte d'entrée, alors qu'au contraire le récit ultérieurs des trois sœurs pauvre qui ont tué leur employé qui justement leur aurait permis d'être libres ensemble n'est qu'une historie de portes ouvertes puis renfermées, dans tous les sens du termes.
La façon dont le film arrive à traduire toutes les nuances d'une atmosphère d'étouffement politique, accumulé sur des années, qui explose d'un coup, est d'autant plus remarquable que tous ses personnages sont en fait des symboles sociologiques.
Belle idée du film, c'est l'inexplicable mollesse et indécision de la journaliste qui est le personnage personnage du film (le seul personnage dont on ignore tout de d'origine, qui n'est identifié que par sa richesse matérielle) qui finalement lui donnent la latitude de passer outre les pressions politiques, qui se manifestent directement dans les plans de carrière et les intérêts de son entourage direct.
En France il y a beaucoup de critiques et de commentaires plus ou moins populistes sur tel ou tel couple médiatique (sur le mode "on vous cache tout on vous dit rien savez-vous les gens puissants couchent en fait ensemble....") , mais c'est en Egypte que ce phénomène devient l'objet d'un bon film, en étant intelligemment et efficacement traités plus comme une métaphores sur la fragilité du pouvoir et de la domination que comme la source de ce pouvoir et de cette domination.
Je l'ai vu bien après sa réalisation, je ne prétend pas que si je l'avais vu il y a deux ans j'aurais compris ce qui se passerait en Égypte était inéluctable, mais en le voyant maintenant j'avoue que je comprends que les révolutions arabes ont commencé bien plus tôt qu'en Noël dernier.
EDIT: en fait les personnages principaux sont un peu ratés, mais la manière dont l'histoire des personnages secondaires est écrite est excellente (le très beau personnage de la vendeuse du magasin de luxe, qui n'intervient que 40 secondes, mais montre que le basculement du kitsch télévisuel vers la vraie critique sociale est à la fois subi et conscient). Le film place aussi les ruptures de ton là où il faut (la scène de l'assassinat de "Saïd-le-Léger", qui méritait trop bien son sobriquet, est suffisamment réussie que pour en devenir irregardable)
Dernière édition par Tony le Mort le Mer 8 Aoû 2012 - 16:43, édité 5 fois
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