À ciel ouvert (Mariana Otero - 2014)
À ciel ouvert (Mariana Otero - 2014)
Je me demandais, Breaker, si tu as un jour l'occasion de voir ce film, ce que tu en penserais. Tu as beaucoup regardé de films qui se passent dans des institutions comme celle-ci, tu as beaucoup lu sur la folie et tu avais regardé la série à l'école de Mariana Otero. Ça m'intéresserait d'avoir ton avis.
C'est un film à propos duquel on ne peut que s'écrier qu'il est magnifique. C'est incroyable, à quel point il est fermé, n'ouvre aucune piste, de réflexion, de critique, rien. Les enfants sont tels qu'en eux-mêmes les enfants "fous", magnifiques et douloureux, hilarants et énigmatiques, incompréhensibles, fermés, ouverts. Le lieu qui les accueille est idéal (dans le film mais sans doute aussi dans la réalité). L'idée n'est pas que les enfants sont malades, qu'il leur manque quelque chose, mais qu'ils sont une énigme à comprendre et qu'ils peuvent trouver eux-mêmes les solutions à leur douleur. Une très belle idée qui se traduit par un travail de toutes les équipes, où les différents intervenants ne se différencient pas en fonction de leur étiquette professionnelle, au quotidien. Vivre avec les enfants tout le temps, les repas, les nuits, les activités, l'école. Agir avec eux, trouver les bons moyens, les bons jeux, les choses qui conviennent à leur douleur, très grande. Tout cet aspect est très beau.
Mais le film ressemble à tant d'autres films. On dirait Être et avoir mélangé à La Moindre des choses, on dirait les éducateurs de Elle s'appelle Sabine, d'autres films d'étudiants que j'ai vus. On dirait un regard obligé. Le genre semble être un passage obligé du documentariste.
Le pire, c'est d'entendre la réalisatrice parler de son film. "Au début, je voulais comprendre la folie". Comment peut-on ne serait-ce que se prendre au sérieux quand on prononce une phrase comme ça ? Qu'a-t-elle compris après son film ? D'autant qu'elle croit sincèrement que la caméra a aidé l'une des petites filles à faire des progrès, elle l'a sérieusement dit. Pffuu, l'incroyable pouvoir de la caméra…
Le montage est très gênant. Souvent, elle coupe le geste d'un enfant au moment précis où le rire pourra se déclencher. Elle joue ainsi avec le spectateur, construisant un regard de connivence, pas malsain, pas gênant, mais complètement décidé, fermé, construit.
C'est un film à propos duquel on ne peut que s'écrier qu'il est magnifique. C'est incroyable, à quel point il est fermé, n'ouvre aucune piste, de réflexion, de critique, rien. Les enfants sont tels qu'en eux-mêmes les enfants "fous", magnifiques et douloureux, hilarants et énigmatiques, incompréhensibles, fermés, ouverts. Le lieu qui les accueille est idéal (dans le film mais sans doute aussi dans la réalité). L'idée n'est pas que les enfants sont malades, qu'il leur manque quelque chose, mais qu'ils sont une énigme à comprendre et qu'ils peuvent trouver eux-mêmes les solutions à leur douleur. Une très belle idée qui se traduit par un travail de toutes les équipes, où les différents intervenants ne se différencient pas en fonction de leur étiquette professionnelle, au quotidien. Vivre avec les enfants tout le temps, les repas, les nuits, les activités, l'école. Agir avec eux, trouver les bons moyens, les bons jeux, les choses qui conviennent à leur douleur, très grande. Tout cet aspect est très beau.
Mais le film ressemble à tant d'autres films. On dirait Être et avoir mélangé à La Moindre des choses, on dirait les éducateurs de Elle s'appelle Sabine, d'autres films d'étudiants que j'ai vus. On dirait un regard obligé. Le genre semble être un passage obligé du documentariste.
Le pire, c'est d'entendre la réalisatrice parler de son film. "Au début, je voulais comprendre la folie". Comment peut-on ne serait-ce que se prendre au sérieux quand on prononce une phrase comme ça ? Qu'a-t-elle compris après son film ? D'autant qu'elle croit sincèrement que la caméra a aidé l'une des petites filles à faire des progrès, elle l'a sérieusement dit. Pffuu, l'incroyable pouvoir de la caméra…
Le montage est très gênant. Souvent, elle coupe le geste d'un enfant au moment précis où le rire pourra se déclencher. Elle joue ainsi avec le spectateur, construisant un regard de connivence, pas malsain, pas gênant, mais complètement décidé, fermé, construit.
adeline- Messages : 3000
in Otero
salut Adeline
C'est un début de réponse, je ne sais pas si ça te parle un peu.
il y a un excellent reportage sur la clinique de la Borde en 77: http://boutique.ina.fr/video/sciences-et-techniques/medecine-sante/CPA77052152/la-borde-ou-le-droit-a-la-folie.fr.html
oui, c'est le souvenir que j'en ai, des films d'Otero, un fond de "curaillerie" dirait sans doute Guattari, toujours la sainte culpabilité sans objet("je voulais comprendre la folie"), l'arrière-monde d'Oedipe.adeline a écrit:On dirait un regard obligé
c'est une belle machine panoptique, mine de rien. Cette visibilité permanente qui a valeur thérapeutique, faut voir où ça mène(pas certain que Marianne Otero se le demande). Selon Foucault("Le pouvoir psychiatrique", Cours au Collège de France 1973-1974), ça serait le deuxième âge de la psychiatrie, celui des sentiments d'humanité selon l'organisation du modèle familial, c'est-à-dire la constitution de ce qu'on pourrait appeler les profits d'anomalies, d'irrégularités...adeline a écrit:Vivre avec les enfants tout le temps, les repas, les nuits, les activités, l'école. Agir avec eux, trouver les bons moyens, les bons jeux, les choses qui conviennent à leur douleur, très grande. Tout cet aspect est très beau.
C'est un début de réponse, je ne sais pas si ça te parle un peu.
il y a un excellent reportage sur la clinique de la Borde en 77: http://boutique.ina.fr/video/sciences-et-techniques/medecine-sante/CPA77052152/la-borde-ou-le-droit-a-la-folie.fr.html
- qu'est-ce que vous avez l'impression que vous leur apportez, aux malades mentaux?
- ... l'important c'est de ne pas nuire, c'est pas de chercher tellement à apporter, c'est essayer de reproduire le moins possible les comportements aliénants extérieurs... c'est pas facile, parce qu'on les porte... il y a une sorte de pollution mentale... on reproduit le rapport soignant-soigné... et puis on reproduit toutes les attitudes de rassurance dans la hiérarchie, dans l'autorité, qui aboutissent à une passivité, finalement...
Invité- Invité
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