Child's Pose - Pozitia Copilului (Calin Peter Netzer - 2013)

C'est un beau film, mais comme souvent pour les Ours d'or, pas beaucoup plus que ça. Mais je ne regrette pas du tout de l'avoir vu.
Le titre français, "Mère et fils" semble emmener le film sur la seule voie de la relation de cette mère riche, bourgeoise, puante avec son fils pas beaucoup plus sympa, qui la rejette, alors que le titre roumain est plus large, "La position de l'enfant". Car il est plutôt question de filiation. On a donc une mère rejetée par son fils. Celui-ci est responsable, dans un accident de voiture, de la mort d'un gamin de 14 ans. La mère décide de tout prendre en main, fait jouer ses relations, pousse son fils à falsifier sa déclaration à la police, corrompt le témoin principal. Elle semble pouvoir enfin reprendre la main sur ce garçon qui la rejette et vit avec une femme qu'elle déteste. Mais son fils refuse l'aide de cette mère, ne se soumet que de mauvaise grâce à ce qu'elle met en place pour lui éviter la prison. La belle-fille, ancienne ennemie, devient une alliée au moment où elle apprend à Cornelia (c'est le nom de cette femme) que son fils est un lâche, qui dit désirer un enfant d'elle en exigeant des textes médicaux hygiénistes délirant et en n'allant, dès lors que tout est mis en place pour que l'enfant puisse être conçu, plus jamais au bout de l'acte sexuel sans jamais parler de ce refus contradictoire.
C'est surtout la fin du film qui est mémorable. La mère et la belle-fille traînent le fils, presque contre son gré, chez la famille du défunt gamin, la veille de l'enterrement. Face à la mère dévastée, Cornelia décrit son amour pour son fils, tout ce qu'elle a fait pour lui, tout ce que son fils a de bon. La scène est insoutenable tellement on ne sait pas ce qui l'emporte, la sincérité de cette mère qui veut éviter la prison à son enfant ou sa manipulation dégueulasse face à ces gens, pauvres, en deuil.
C'est un film à sujet social, je ne sais pas comment l'exprimer, qui semble ne pas avoir les moyens de sortir du cadre qu'il a posé a priori. La caméra cherche à se faire "documentaire", elle bouge dans tous les sens, mais jamais elle n'est surprise par ce qui se joue devant elle, ses mouvements ne correspondent pas à la pulsation de la vie qu'elle filme. Impression étriquée, malgré la vraie force des scènes de fin.

Ca fait super du bien d'entendre parler film, cinéma.  

Il y a quelque chose dans les films roumains de l'ordre de l'analyse grammaticale ou syntaxique, en tout cas c'est toujours très analytique. Dans "Policier, adjectif", on avait beaucoup parlé du jeu grammatical du titre, à quoi il pouvait s'appliquer. Dans "12 h 08 à l'est de Bucarest", il était question de savoir, géographiquement cette fois-ci, qui était où à quelle heure. Et là, le titre nous le dit : il faut définir la bonne position du fils. Disparu ou pas encore né, trop aimé, pas assez aimé. Ce qui relie les choses, les mots, les personnes à d'autres personnes, à des lieux, à des événements.