La Ricotta (Pasolini - 1963) in Rogopag
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La Ricotta (Pasolini - 1963) in Rogopag
J'ai été épatée par ce court de Pasolini. On est toujours épaté par toute chose que fait Pasolini, c'est un principe de plus en plus vrai. C'est un petit court métrage, un petit film des débuts, mais c'est magnifique.
Un réalisateur italien puant (Welles) tourne un film sur la Passion du Christ. Stracci joue le troisième larron, crucifié à côté du Christ. Mais il a faim. Son panier repas, fourni par la production, est pour sa femme et ses enfants, qui lui rendent visitent à midi. Il court à perdre haleine, plus vite encore que ne le peuvent ses pieds, pour les retrouver dans ce terrain vague d'une banlieue perdue encombrée de nature. Sa faim ne passe pas par la grâce du Christ. Entre deux scènes, trois "actions" répétés à tout va par tout un chacun sur le plateau, entre de magnifiques gros plans des acteurs, des figurants, des passants et des reconstitutions de la descente de croix à vous faire perdre le souffle tellement elles sont à la fois destructrices de tout ce qu'est la religion et porteuses de toute son histoire, Stracci cherche à apaiser sa faim. Le deuxième panier repas, dérobé sous un déguisement grossier, est dévoré par le caniche de la star exaspérante. Il le vend à un journaliste idiot rembarré magistralement par Orson Welles, court d'une course folle, idiote et décalée, s'acheter de la ricotta, revient sur le plateau pour se faire crucifier. Au sens propre, le Christ et les larrons, entre deux scènes où les croix sont nécessaires, restent attachés sur ces piteuses poutres posées par terre. "Lasciateli addetti", "laissez-les attachés", crient-ils tous à nouveau. Et Stracci vit sa passion jusqu'au bout, pour un bout de pain et un peu de ricotta qu'il arrivera finalement à manger sous les regards hilares et ignobles du reste de l'équipe. Il en meurt.
Comment réussir à décrire tout ce que Pasolini arrive à mettre dans ces trente minutes ? Tous les niveaux, de la plus absurde bouffonnerie aux plans déchirants de Stracci mourant de faim, sa déconstruction absolue de la religion et son amour incroyable pour cette Passion et ce Christ souffrant, devenu un pauvre ouvrier au plus vrai des Evangiles, la manière dont il mêle noir et blanc et couleur des tableaux reconstitué, la dureté et la tendresse.
Un réalisateur italien puant (Welles) tourne un film sur la Passion du Christ. Stracci joue le troisième larron, crucifié à côté du Christ. Mais il a faim. Son panier repas, fourni par la production, est pour sa femme et ses enfants, qui lui rendent visitent à midi. Il court à perdre haleine, plus vite encore que ne le peuvent ses pieds, pour les retrouver dans ce terrain vague d'une banlieue perdue encombrée de nature. Sa faim ne passe pas par la grâce du Christ. Entre deux scènes, trois "actions" répétés à tout va par tout un chacun sur le plateau, entre de magnifiques gros plans des acteurs, des figurants, des passants et des reconstitutions de la descente de croix à vous faire perdre le souffle tellement elles sont à la fois destructrices de tout ce qu'est la religion et porteuses de toute son histoire, Stracci cherche à apaiser sa faim. Le deuxième panier repas, dérobé sous un déguisement grossier, est dévoré par le caniche de la star exaspérante. Il le vend à un journaliste idiot rembarré magistralement par Orson Welles, court d'une course folle, idiote et décalée, s'acheter de la ricotta, revient sur le plateau pour se faire crucifier. Au sens propre, le Christ et les larrons, entre deux scènes où les croix sont nécessaires, restent attachés sur ces piteuses poutres posées par terre. "Lasciateli addetti", "laissez-les attachés", crient-ils tous à nouveau. Et Stracci vit sa passion jusqu'au bout, pour un bout de pain et un peu de ricotta qu'il arrivera finalement à manger sous les regards hilares et ignobles du reste de l'équipe. Il en meurt.
Comment réussir à décrire tout ce que Pasolini arrive à mettre dans ces trente minutes ? Tous les niveaux, de la plus absurde bouffonnerie aux plans déchirants de Stracci mourant de faim, sa déconstruction absolue de la religion et son amour incroyable pour cette Passion et ce Christ souffrant, devenu un pauvre ouvrier au plus vrai des Evangiles, la manière dont il mêle noir et blanc et couleur des tableaux reconstitué, la dureté et la tendresse.
Dernière édition par adeline le Sam 30 Nov 2013 - 12:36, édité 1 fois
adeline- Messages : 3000
Re: La Ricotta (Pasolini - 1963) in Rogopag
Salut Adeline.
Ah tiens... C'est avec ce sketch que j'avais découvert Pasolini, à la télé, il y a bien longtemps. J'avais trouvé ça formidable, et aujourd'hui encore je le préfère à bien d'autres films de Pasolini. L'autre film de P. que j'adore, c'est "les mille et une nuits". Pas très fan du reste (je ne peux développer... Manque de temps).
Ah tiens... C'est avec ce sketch que j'avais découvert Pasolini, à la télé, il y a bien longtemps. J'avais trouvé ça formidable, et aujourd'hui encore je le préfère à bien d'autres films de Pasolini. L'autre film de P. que j'adore, c'est "les mille et une nuits". Pas très fan du reste (je ne peux développer... Manque de temps).
Invité- Invité
Re: La Ricotta (Pasolini - 1963) in Rogopag
pas si puant que ça!, moi j'aime bien sa charge d'enragé sur l'homme moyen...adeline a écrit:
Un réalisateur italien puant (Welles) tourne un film sur la Passion du Christ...
Invité- Invité
Re: La Ricotta (Pasolini - 1963) in Rogopag
Moi aussi j'avais bien aimé ce film de Pasolini. Il me semble qu'il y avait un jeu entre ce qui était en dessous de la surface, l'antre de Stracci et ce qui était à la surface, le lieu du tournage, au milieu de ces immeubles récents, de l'urbanisation.
Et puis le symbolisme de ce fromage blanc ...
Et puis le symbolisme de ce fromage blanc ...
Invité- Invité
Re: La Ricotta (Pasolini - 1963) in Rogopag
hi tous;
le rôle de welles dans le film est tout de même complexe : il est welles, pasolini, et leur ironie, ou parodie, dans l’interview pas exemple; il est aussi par le travail d'analogies, le jeux des correspondances, le pouvoir, pas seulement de mise en scène...
j'aime bien, mais pas plus que ça;
le rôle de welles dans le film est tout de même complexe : il est welles, pasolini, et leur ironie, ou parodie, dans l’interview pas exemple; il est aussi par le travail d'analogies, le jeux des correspondances, le pouvoir, pas seulement de mise en scène...
j'aime bien, mais pas plus que ça;
Borges- Messages : 6044
Re: La Ricotta (Pasolini - 1963) in Rogopag
Hello Breaker, oui, c'est comme tu le dis et le dit Borges, plus complexe. Mais c'est juste car de manière presque directe, Stracci meurt de ce tournage. Les conditions de tournage, le comportement de l'équipe, les ordres du réalisateur… Mon texte n'est pas très complexe, c'était juste pour partager le fait que j'ai été enthousiasmée.breaker a écrit:pas si puant que ça!, moi j'aime bien sa charge d'enragé sur l'homme moyen...adeline a écrit:
Un réalisateur italien puant (Welles) tourne un film sur la Passion du Christ...
Je n'ai pas vu "Les Mille et Une Nuits", Jerzy, mais La Ricotta me fait penser aux films de Pasolini que j'aime vraiment, ceux qui restent fort en moi : Accatone, Repérages en Palestine pour L'Évangile selon saint Matthieu & Carnet de notes pour une Orestie africaine. J'ai vu peu de ses autres films, ou il y a très longtemps, ou il y a encore plus longtemps et en cours de latin
adeline- Messages : 3000
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