Oedipe Roi de Pasolini (1967)
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Oedipe Roi de Pasolini (1967)
Initialement je voulais voir un film avec Carmelo Bene, qui m’intrigue depuis que j’ai lu « Notre-Dame-des-Turcs » et un peu ce que Deleuze a écrit sur lui (pas facile de voir ses films d'ailleurs).
Il y joue le rôle de Créon. Première surprise, son jeu est en fait plutôt sobre, il est pratiquement le seul acteur avec une coiffure normale, il ressemble d’ailleurs beaucoup à Citti qui joue Oedipe, on n'est pas sûr de le voir à l'image quand il est là. Mais cette sobriété, cette manière d’annoncer à Œdipe que c’est lui qui est le meurtrier, pendant qu'Oedipe pense toujours être un roi juste et titer sa légitimité des luttes passées, comme un majordome zélé d’une pièce bourgeoise du XIXème siècle qui annoncerait au milieu d'un appartement à son maître qu’il se permet de dire que le télégramme qu’il lui porte lui paraît urgent, est vertigineuse, est à la fois au cœur de la vérité du film de Pasolini, tout en en signifiant les limites.
Beaucoup de choses à dire sur le film de Pasolini, sur sa modernité désormais un peu hermétique, sur ses mérites (présenter encore le mythe non comme un invariant anthropologique, mais comme l’élément que l’histoire doit répéter et modifier) et sur ses faiblesses, ce qu’il reste de préjugés idéologique dans sa démesure et son ouverture infinie.
Par exemple je crois que Pasolini a l’idée que la politique découle directement d’une position à la fois métaphysique et psychologique, sans médiation. Il possède également une représentation du monde où un comportement, décomposé et analysé devient soit une caricature soit l’effet d’une loi psychologique (idée par laquelle Pasolini rend compte du fait que même dans le fascisme, les affects continuent à écouter, que le mythe d’Œdipe restait neuf) ; tandis qu’un visage , la manière dont les yeux captent la lumière, dont une main posent sur une épaule , sont tour ce qu’il y a plus larges que ce comportement, sont tout ce qui résiste à cette réduction: penser finalement que le corps est la seule limite du positivisme dans le même moment que la révolution se pense comme objet d’une foi.
Ce film est au carrefour de l’ouvre de Pasolini, il relève à la fois du néoréalisme, de Médée (qui radicalise esthétiquement ce qui dans Œdipe est de l’ordre de la reconstitution réflexive), de Salo, et de Théorème, il y a aussi au lien avec son documentaire sur l’Afrique, pour sa capacité à rejouer un mythe (non plus Oedipe mais l'Orestie) dont l’issue est déjà connue, que Pasolini identifie peut-être un peu vite à l’innocence, au point de vue extérieur de la justice sur l'innocence.
Mais c’est quand-même un film superbe, qui touche finalement plus par son incongruité, et en même temps l’exemplarité avec laquelle il incarne quelque chose d’essentiel au cinéma (on a par exemple l’impression de voir un film d’Abel Gance ou King Vidor sur 1968, un monstre lucide,)que par son discours. Il est à la fois moderne et archaïque.
Très belles scènes avec l’enfant dans le prologue, où sans parole Pasolini parvient à prouver que celui-ci est le seul à comprendre dans le même temps le fascisme et le mystère symbolique d’Œdipe, à comprendre sans le dire et, seul, que ce que la mémoire refoule dans les deux cas n’est justement par du sens, mais l’enchaînement causal des situations, la part tragique du réel qui n'est pas encore le sens.
Plastiquement, les couleurs sont superbes, bien plus que dans Pierrot le Fou (même année je crois), c’est un film pensé à partir de la lumière et du flou comme seules parts du monde réelles, neutres ,invincible mais silencieuses, en face du Christ et de Freud.
Je vais essayer d’y revenir.
Il y joue le rôle de Créon. Première surprise, son jeu est en fait plutôt sobre, il est pratiquement le seul acteur avec une coiffure normale, il ressemble d’ailleurs beaucoup à Citti qui joue Oedipe, on n'est pas sûr de le voir à l'image quand il est là. Mais cette sobriété, cette manière d’annoncer à Œdipe que c’est lui qui est le meurtrier, pendant qu'Oedipe pense toujours être un roi juste et titer sa légitimité des luttes passées, comme un majordome zélé d’une pièce bourgeoise du XIXème siècle qui annoncerait au milieu d'un appartement à son maître qu’il se permet de dire que le télégramme qu’il lui porte lui paraît urgent, est vertigineuse, est à la fois au cœur de la vérité du film de Pasolini, tout en en signifiant les limites.
Beaucoup de choses à dire sur le film de Pasolini, sur sa modernité désormais un peu hermétique, sur ses mérites (présenter encore le mythe non comme un invariant anthropologique, mais comme l’élément que l’histoire doit répéter et modifier) et sur ses faiblesses, ce qu’il reste de préjugés idéologique dans sa démesure et son ouverture infinie.
Par exemple je crois que Pasolini a l’idée que la politique découle directement d’une position à la fois métaphysique et psychologique, sans médiation. Il possède également une représentation du monde où un comportement, décomposé et analysé devient soit une caricature soit l’effet d’une loi psychologique (idée par laquelle Pasolini rend compte du fait que même dans le fascisme, les affects continuent à écouter, que le mythe d’Œdipe restait neuf) ; tandis qu’un visage , la manière dont les yeux captent la lumière, dont une main posent sur une épaule , sont tour ce qu’il y a plus larges que ce comportement, sont tout ce qui résiste à cette réduction: penser finalement que le corps est la seule limite du positivisme dans le même moment que la révolution se pense comme objet d’une foi.
Ce film est au carrefour de l’ouvre de Pasolini, il relève à la fois du néoréalisme, de Médée (qui radicalise esthétiquement ce qui dans Œdipe est de l’ordre de la reconstitution réflexive), de Salo, et de Théorème, il y a aussi au lien avec son documentaire sur l’Afrique, pour sa capacité à rejouer un mythe (non plus Oedipe mais l'Orestie) dont l’issue est déjà connue, que Pasolini identifie peut-être un peu vite à l’innocence, au point de vue extérieur de la justice sur l'innocence.
Mais c’est quand-même un film superbe, qui touche finalement plus par son incongruité, et en même temps l’exemplarité avec laquelle il incarne quelque chose d’essentiel au cinéma (on a par exemple l’impression de voir un film d’Abel Gance ou King Vidor sur 1968, un monstre lucide,)que par son discours. Il est à la fois moderne et archaïque.
Très belles scènes avec l’enfant dans le prologue, où sans parole Pasolini parvient à prouver que celui-ci est le seul à comprendre dans le même temps le fascisme et le mystère symbolique d’Œdipe, à comprendre sans le dire et, seul, que ce que la mémoire refoule dans les deux cas n’est justement par du sens, mais l’enchaînement causal des situations, la part tragique du réel qui n'est pas encore le sens.
Plastiquement, les couleurs sont superbes, bien plus que dans Pierrot le Fou (même année je crois), c’est un film pensé à partir de la lumière et du flou comme seules parts du monde réelles, neutres ,invincible mais silencieuses, en face du Christ et de Freud.
Je vais essayer d’y revenir.
Dernière édition par Tony le Mort le Sam 30 Mar 2013 - 21:09, édité 5 fois
Invité- Invité
Re: Oedipe Roi de Pasolini (1967)
-La scène de 15 minutes où Franco Citti massacre les uns après les autres, en fuyant et au ralenti , tous les membres de l'escorte de Polybe est géniale, digne de Mad Max, Pasolini était potentiellement un grand cinéaste d'action
(à la minute 32)
-ambiguïté, la musique est créditée de Pier Paolo Pasolni sur la pochette du DVD, alors qu'il s'agît d'un mixage de musiques du monde (difficile d'en trouver l'origine, elle semble parfois plus klezmer que marocaine ou grecque) et de musique classique, simultanément diégétique, et commentant l'image . Cette musique est la traduction sonore de ce que Pasolini observe lucidement mais de façon idéologique: la civilisation humaine apparaît là où les conditions naturelles sont les plus âpres, et porte à la fois sa condition et sa limite dans les rituels d'initiation. Mais l'histoire Oedipe est justement le renversement de la logique d'initiation: une vérité sur l'origine qui implique comme préalable la rupture avec son propre pouvoir et a pour conséquence la solitude. Mais Pasolini doit encore la filmer comme une initiation, pour en faire d'Oedipe le cadre d'un discours sur la collectivité et le devenir-adulte en 1968. L'édition française du DVD se rattache sur ce redoublement du réel par l'idéologie pour introduire la signature d'un auteur, justement sur ce que l'interprétation ne peut pas créer.
(à la minute 32)
-ambiguïté, la musique est créditée de Pier Paolo Pasolni sur la pochette du DVD, alors qu'il s'agît d'un mixage de musiques du monde (difficile d'en trouver l'origine, elle semble parfois plus klezmer que marocaine ou grecque) et de musique classique, simultanément diégétique, et commentant l'image . Cette musique est la traduction sonore de ce que Pasolini observe lucidement mais de façon idéologique: la civilisation humaine apparaît là où les conditions naturelles sont les plus âpres, et porte à la fois sa condition et sa limite dans les rituels d'initiation. Mais l'histoire Oedipe est justement le renversement de la logique d'initiation: une vérité sur l'origine qui implique comme préalable la rupture avec son propre pouvoir et a pour conséquence la solitude. Mais Pasolini doit encore la filmer comme une initiation, pour en faire d'Oedipe le cadre d'un discours sur la collectivité et le devenir-adulte en 1968. L'édition française du DVD se rattache sur ce redoublement du réel par l'idéologie pour introduire la signature d'un auteur, justement sur ce que l'interprétation ne peut pas créer.
Dernière édition par Tony le Mort le Sam 30 Mar 2013 - 21:08, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Oedipe Roi de Pasolini (1967)
Vu il y a très longtemps, j'avais énormément aimé. De tous les pasolini, oedipe reste dans mon souvenir, le plus beau...
glj- Messages : 518
Re: Oedipe Roi de Pasolini (1967)
Oui en effet, en fait j'ai lu quelques textes de Pasolini (mais pas sa poétique) et vu des pièces qui m'ont fait impression (même si tout ne me semble pas recevable dans ce qu'il dit) mais ne connais pas si bien ses films. J'ai vu il y a très longtemps le Décaméron, les 1001 Nuits qui m'avaient plus, puis Salo et Théorème (qui m'a pas trop touché, je comprends pourquoi Daney se moque du film), Médée qui m'avais semblé bien mais too much, limite heroïc fantasy chic, mais je connais pas l'évangile selon Saint Matthieu, les Contes de Canterbury et ses films plus néoréalistes. Oedipe est celui qui me semble le plus beau, le plus singulier, le plus profond.
Il m'a fait beaucoup penser à 2001 de Kubrick, même beauté visuelle inédite et sophistiquée (mais en même temps qui se rattache au cinéma muet à la Griffith, à la fois assez naïf et puissant pour envisager comme sujet toute l'histoire, toute la culture et toute la humanité, de l’origine à la fin, comme un seul personnage ), même structure en 3 parties , mis à part le fait que Pasolini met l'époque contemporaine, ou plutôt le fascisme mussolinien, là où Kubrick met la préhistoire. Même manière de faire de la question métaphysique, de l'opposition entre ontologie et psychologie un enjeu de reconnaissance dramatique aristotélicien, puis une transfiguration du personnage principal qui achève cette reconnaissance dans le récit principal. Franco Citti avec son armure et son chapeau est filmé un peu comme Keir Dullea avec soi scaphandre dans le vaisseau puis dans l'espace avec une sorte de steadycam, et des caméras classiques disposées partout dans le décors (c'est historiquement l'inverse, Kubick copie peut-être Pasolini), et le sphinx parle un peu comme HAL.
Le seul élément humain, familier, terrien, incarné et rassurant du film c'est Ninetto Davoli et son t-shirt cool avec la cravate dessinée.
Peut-être que 2001 répond à ce film , et est l'histoire d'un complexe d'Oedipe raté, que l’ordinateur essaye en vain d'avoir pour échapper à son statut de chose créée?
Malick ne m'intéresse pas trop, mais je me demande si ses films ne lui doivent pas aussi beaucoup (le montage ultra rapide du prologue d'Oedipe, quasi muet, pour souligner l'aspect élémentaire et massif de la nature et des affects qui reste présente comme cadre du fascisme, mais séparé de lui)
Il m'a fait beaucoup penser à 2001 de Kubrick, même beauté visuelle inédite et sophistiquée (mais en même temps qui se rattache au cinéma muet à la Griffith, à la fois assez naïf et puissant pour envisager comme sujet toute l'histoire, toute la culture et toute la humanité, de l’origine à la fin, comme un seul personnage ), même structure en 3 parties , mis à part le fait que Pasolini met l'époque contemporaine, ou plutôt le fascisme mussolinien, là où Kubrick met la préhistoire. Même manière de faire de la question métaphysique, de l'opposition entre ontologie et psychologie un enjeu de reconnaissance dramatique aristotélicien, puis une transfiguration du personnage principal qui achève cette reconnaissance dans le récit principal. Franco Citti avec son armure et son chapeau est filmé un peu comme Keir Dullea avec soi scaphandre dans le vaisseau puis dans l'espace avec une sorte de steadycam, et des caméras classiques disposées partout dans le décors (c'est historiquement l'inverse, Kubick copie peut-être Pasolini), et le sphinx parle un peu comme HAL.
Le seul élément humain, familier, terrien, incarné et rassurant du film c'est Ninetto Davoli et son t-shirt cool avec la cravate dessinée.
Peut-être que 2001 répond à ce film , et est l'histoire d'un complexe d'Oedipe raté, que l’ordinateur essaye en vain d'avoir pour échapper à son statut de chose créée?
Malick ne m'intéresse pas trop, mais je me demande si ses films ne lui doivent pas aussi beaucoup (le montage ultra rapide du prologue d'Oedipe, quasi muet, pour souligner l'aspect élémentaire et massif de la nature et des affects qui reste présente comme cadre du fascisme, mais séparé de lui)
Dernière édition par Tony le Mort le Dim 31 Mar 2013 - 13:39, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Oedipe Roi de Pasolini (1967)
Hi, Tony, je me suis permis d'aérer un peu tes réflexions, et de corriger quelques "fautes"...
Borges- Messages : 6044
Re: Oedipe Roi de Pasolini (1967)
Ha merci, mais j'ai réédité en parallèle (je ne sais jamais combien de "l" à Malick).
Sinon les Carmelo Bene me semblent aussi intéressants pour faire l'objet d'un intérêt spécifique, on en trouve quelques-uns sur YouTube.
Sinon les Carmelo Bene me semblent aussi intéressants pour faire l'objet d'un intérêt spécifique, on en trouve quelques-uns sur YouTube.
Invité- Invité
Re: Oedipe Roi de Pasolini (1967)
Ton rapprochement malick/pasolini est curieux; autant l'un me semble le metteur en scène de la colère (si on veut prophétique) de la sécheresse, du désert, autant l'autre, malgré badlands, est le cinéaste de la fluidité, d'un rapport au monde, qui est plutôt de l'ordre du "oui"; deux conceptions du christianisme, si on veut la grande image de malick, c'est la rivière (The River That Never Runs Dry; symbole du christ, si je me trompe); c'est la rivière qui est aussi au principe de son montage... je ne sais pas si Pasolini connaissait Hölderlin, et ses lectures-traduction de la tragédie (Oedipe et antigone)... dans un bel entretien PLL dit des choses assez passionnantes :
http://labyrinthe.revues.org/1484?lang=en
Philippe Lacoue-Labarthe – On peut le dire. La formule, qui vient de Hölderlin, désigne le destin d’Œdipe. L’impensable tient peut-être dans cette question: pourquoi ne suis-je pas proprement moi-même? Ce qui est le cas d’Œdipe par excellence.
Labyrinthe – Chez Pasolini, par exemple, on trouve ce concept de rage qui détermine tous les éléments de la tragédie pour une expérience moderne: la sainteté irréligieuse, l’accouplement de la brutalité et de la beauté, etc. Mais à quelle réalité appartient ce concept, s’il n’est ni religieux ni politique?
Philippe Lacoue-Labarthe – C’est encore un concept religieux: la colère. Chez Pasolini, un des rares artistes presque authentiquement chrétiens de ce siècle, c’est évident. Sa force lui vient d’une dernière vie primitive chrétienne, une colère contre ce monde, contre l’injustice, au nom d’un amour de l’humanité. De même, ce qui anime Marx, enfant de la Réforme marqué par le piétisme radical que j’évoquais tout à l’heure, c’est la colère. Une colère de l’Ancien Testament, comme celle des prophètes, quand ils voient l’état où se trouve Israël. Cette colère définit une sainteté, qui est l’attitude prophétique. À l’origine de cette idée, on trouve les textes du grand prédicateur Oettinger, qui a eu tant d’influence sur Schiller, Schelling, Hölderlin. Oettinger est une figure majeure du piétisme, qui est un mouvement politique, puisque son mot d’ordre est révolutionnaire. Depuis Jakob Böhme, on exigeait une Réforme généralisée. Mais pour les piétistes, la Réforme a été seulement partielle, et fut par conséquent un échec. De même, plus tard, le communisme apparaîtra comme un échec, car l’établir dans un seul pays, cela ne veut rien dire. Il fallait donc généraliser la Réforme. Or, ce mot d’ordre a été celui des jeunes républicains souabes élevés dans la théologie, dont Marx dérive en droite ligne. Il y a là une Stimmung proprement vétéro-testamentaire, comme disent les théologiens, celle de la colère. Ou bien le Dieu d’Israël est un Dieu qui se met en colère et celle-ci devient sa manifestation même; ou bien les prophètes arrivent comme des personnages étranges, non pas pour dire l’avenir, mais pour s’adresser au peuple, et, dans la colère, l’accuser. Comme Moïse, comme Jérémie se mettent en colère. La Stimmung de la sainteté, c’est la colère et donc l’amour, c’est la colère.
http://labyrinthe.revues.org/1484?lang=en
Borges- Messages : 6044
Re: Oedipe Roi de Pasolini (1967)
Oedipe de Pasolini finît sur une situation de réconciliation justement (tirée d'Oedipe à Colonne), il revient dans un clairière qu'il ne voit pas, et dont Davoli lui décrit la beauté. C'est d'ailleurs à la fois une clairière située en 1967, dans le présent du film, et la même que celle des jeux d'enfant sous le fascisme au début du film. Je ne sais pas si Pasolini est univoquement un cinéaste de la colère, les 1001 Nuits figurent quand-même un éden, d'un certain côté Théorème croit encore à l'efficacité d'une conversion-révélation, et la scène du volcan est une situation de rupture sans colère (et peut être une citation d'Empédocle d'Hölderlin d'ailleurs).
Les nouvelles des "Anges Distraits" sont plus sur une situation d'éveil et de reconstruction liée à la sorite du fascisme, que de colère.
J'ai l’impression que la colère vient plus tard, comme accentuation "biblique" de sa position à la fois face au marasme de la démocratie chrétienne, et à la crise de la gauche italienne des années 70 (en apparence une lutte armée efficace, mais de facto une situation où tout ce qui est à gauche du PCI devient clandestin, soit consciemment, soit par manipulation), mais elle s'exprime dans les formes d'un échange entre père et fils qui n'est pas forcément là au début de son oeuvre. Elle explose dans la pièce "Affabulation" (1973)
Sinon je crois que Pasolini connaissait bien la littérature allemande (Auerbach a eu une grande influence sur lui), et a apparemment lu l'Hyperion d'Hölderlin assez jeune, à 18 ans (on trouve une lettre de 1940 qui l'indique:
http://books.google.be/books?id=spffW9hdje0C&pg=PA99&lpg=PA99&dq=pasolini+holderlin&source=bl&ots=eqTcm9Gb7B&sig=nezOzrdTjFQT24_68Qu5FfC3YK0&hl=fr&sa=X&ei=QmdYUbTkMaWx0AWJloCgDQ&ved=0CF4Q6AEwCA#v=onepage&q=pasolini%20holderlin&f=false
Les nouvelles des "Anges Distraits" sont plus sur une situation d'éveil et de reconstruction liée à la sorite du fascisme, que de colère.
J'ai l’impression que la colère vient plus tard, comme accentuation "biblique" de sa position à la fois face au marasme de la démocratie chrétienne, et à la crise de la gauche italienne des années 70 (en apparence une lutte armée efficace, mais de facto une situation où tout ce qui est à gauche du PCI devient clandestin, soit consciemment, soit par manipulation), mais elle s'exprime dans les formes d'un échange entre père et fils qui n'est pas forcément là au début de son oeuvre. Elle explose dans la pièce "Affabulation" (1973)
Sinon je crois que Pasolini connaissait bien la littérature allemande (Auerbach a eu une grande influence sur lui), et a apparemment lu l'Hyperion d'Hölderlin assez jeune, à 18 ans (on trouve une lettre de 1940 qui l'indique:
http://books.google.be/books?id=spffW9hdje0C&pg=PA99&lpg=PA99&dq=pasolini+holderlin&source=bl&ots=eqTcm9Gb7B&sig=nezOzrdTjFQT24_68Qu5FfC3YK0&hl=fr&sa=X&ei=QmdYUbTkMaWx0AWJloCgDQ&ved=0CF4Q6AEwCA#v=onepage&q=pasolini%20holderlin&f=false
Invité- Invité
Re: Oedipe Roi de Pasolini (1967)
Chez Pasolini, il semble que le travail du négatif (les conséquences du développment de la raison qui en contredisent les prémisses, et indiquent aussi unpoint de décision possible dans l'histoire) soit toujours l'objet d'un aveu et d'une confession, pas exposé directement dans une situation. Pour cela une psychanlayse de l'action politique est possible, mais elle épuise aussi complètement le sens et la portée.
- la culpabiltié et la politique délimitent le domaine où un évènement peut avoir lieu (la plus belle scène d'Oedipe, c'est celle que l'on ne voit pas, le rêve qu'ai fait Oedipe qui lui indique qu'il n'est pas celui qu'il croit être, qui joue un peu le même rôle de révélateur obscur que Terence Stamp dans Théorème), le reste, comme les corps, la lumière, et plutôt dans le domaine de ce qui ne change pas, ou se reproduit de lui-mmême. Un theme qui relie le début et la fin de l'ouvre de Théorème, plus que la colère, c'est sans doute la fascination sur le fait que la pureté et le "mal", disons plutôt la violence politique, relèvent de deux formes voisines d'absence à soi-même: il parle des anges distraits sur le même mode qu'il parle des Iraniens qui portent des cheveux longs et du ragazzo qui lui a piqué son portefeuille: ils sont plus conscients de leur abandon qu'ils ne le paraissent, et singent la pureté par la conscience. En revanche il apprécie la pub sur le Christ qui vend des jeans parce qu'elle se pense un basphème sans l'être vraiment.
- la culpabiltié et la politique délimitent le domaine où un évènement peut avoir lieu (la plus belle scène d'Oedipe, c'est celle que l'on ne voit pas, le rêve qu'ai fait Oedipe qui lui indique qu'il n'est pas celui qu'il croit être, qui joue un peu le même rôle de révélateur obscur que Terence Stamp dans Théorème), le reste, comme les corps, la lumière, et plutôt dans le domaine de ce qui ne change pas, ou se reproduit de lui-mmême. Un theme qui relie le début et la fin de l'ouvre de Théorème, plus que la colère, c'est sans doute la fascination sur le fait que la pureté et le "mal", disons plutôt la violence politique, relèvent de deux formes voisines d'absence à soi-même: il parle des anges distraits sur le même mode qu'il parle des Iraniens qui portent des cheveux longs et du ragazzo qui lui a piqué son portefeuille: ils sont plus conscients de leur abandon qu'ils ne le paraissent, et singent la pureté par la conscience. En revanche il apprécie la pub sur le Christ qui vend des jeans parce qu'elle se pense un basphème sans l'être vraiment.
Invité- Invité
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