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Miyazaki : Polémique, guerre, cigarettes et lieux.

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Message par wootsuibrick Mar 23 Juil 2013 - 12:26



http://kotaku.com/hayao-miyazaki-called-anti-japanese-a-traitor-and-865643505

Online, there were those who agreed with Miyazaki. Others wondered about the timing. But online in Japan, a place that often can feel more conservative than the country itself, critics have been vocal.

"Why don't you pay the comfort woman with the profits from your movie?" asked one Yahoo! commenter. "Wouldn't it be good to ban the movie that this traitor created?" fired off another, among those saying that Kaze Tachinu was the work of a left-wing liberal. "That's it! Ghibli's finished," one went as far as to proclaim.

"Well, there goes my desire to see this movie," wrote one commenter. "I'm really disappointed in Miyazaki," added another. "I want him to stop saying political things," wrote yet another commenter. "I only wanted to see it free of any preconceptions..."

Even within all these attacks on the movie and Miyazaki, there were those who found the whole thing baffling: reactions ranged from "What the heck is Ghibli's PR department doing?" to "Since when did Yahoo! Japan become overrun with right-wing Imperial wrath?"

The Yahoo! Japan page is turning into a pile-on and currently has over two thousand comments, with people attacking perhaps the world's greatest living animator for saying what he thinks.


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Message par adeline Mar 23 Juil 2013 - 15:56

Woot, dis, quelle est la controverse ? Avec la BA sans sous-titres et le texte en anglais, j'ai du mal à comprendre…

adeline

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Message par Invité Mar 23 Juil 2013 - 16:08

Ce que j'ai compris c'est que le film lie le destin du créateur du Mitsubishi Zero (l'avion embarqué emblématique qui a permis au Japon de rencontrer des succès fulgurant dans le Pacifique avant 1943) avec celui "des femmes de réconforts", et que la droite nationaliste (qui est au gouvernement) et surtout une partie du public l'attaque en disant qu'il donne une mauvaise image du Japon et qu'il ne devrait pas mêler de politique et d'histoire. Cela n'a pas l'air d'être lié au film de Myazaki directement (quoiqu'on le censure ou lui demande de s'auticensurer) mais c'est lié au fait que les partis au pouvoirs ont un discours historique révisionniste qu'ils musclent, et qu'une partie du public les suit, cela rappelle les polémiques contre les films de Rachid Bouchareb qu'il y a eu en France issues de la droite dure (là aussi le concept de repentance est attaqué à travers les films, mais pas directement, et là où la repentance n'a jais été énnoncée), où ceux dont souffre Im Sang-soo en Corée.

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Message par Invité Mar 23 Juil 2013 - 16:16

Hier je regardais par hasard "la maison de la Dernière Cartouche" d'Alphonse de Neuville, un tableau patriotique sur une défaite de la guerre de 1870, près de Sedan, que je voyais chez ma grand-mère sur des objets comme des boîtes, des coffres à jouets, et le peintre n'était pas gêné de représenter un soldat colonial parmi les assiégés, en première ligne:

Miyazaki : Polémique, guerre, cigarettes et lieux.  Alphonse-Marie-Adolphe_de_Neuville_-_Les_derni%C3%A8res_cartouches_%281873%29

Je ne suis pas sûr que cela passerait si facilement aujourd'hui, la droite nationaliste de 2013 est encore plus bornée que celle de 1873

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Message par Dr. Apfelgluck Mar 23 Juil 2013 - 20:36

D'après ce que j'ai pu lire, Miyazaki n'a été attaqué que sur Internet via Yahoo! ou 2chan pour le moment. Apparement, cela viendrait plus de propos qu'il aurait tenu en interview à propos des "femmes de confort" quelques jours plutôt :

Miyazaki a écrit:“For the comfort woman issue, because it’s a question of each nation's pride, a proper apology should be given and suitable reparations should be paid.”

Hors c'est un thème ultra tabou pour la droite nationaliste japonaise, qui estime que le temps de la repentance est finit et qui fait, comme là dit Tony, dans le révisionnisme.
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Message par adeline Mer 24 Juil 2013 - 13:34

Thanks pour les réponses tous les deux… Autant de sujets que je ne soupçonnais pas.

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Message par wootsuibrick Mer 24 Juil 2013 - 14:03

merci d'avoir répondu! j'étais plus devant mon ordi. désolé adeline.
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Message par wootsuibrick Mer 14 Aoû 2013 - 5:02

Revu Porco Rosso hier soir, impossible de ne pas penser aux images de la bande annonce de Kaze Tachinu... d'autant plus que les deux films semblent partager des similarités au-delà du choix de se focaliser sur l'aviation et une histoire d'amour qui court de l'enfance à l'âge adulte... intrigue concentrée sur les années 1920' pour Porco Rosso... à peu près pareil pour Kaze Tachinu qui semble beaucoup se dérouler dans les années 20 tout en s'étendant jusqu'au début de la guerre du pacifique. Italie fasciste qui se prépare à la guerre côté Porco Rosso /Empire du Japon qui s'y prépare aussi côté Kaze Tachinu. Leurs protagonistes sont cependant à opposer, Porco Rosso refuse de s'impliquer militairement dans l'Italie fasciste et déserte l'armée, tandis que le héros de Kaze Tachinu bien que non-militaire conçoit l'une des armes les plus emblématique du Japon durant la guerre du Pacifique.
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Message par wootsuibrick Mer 14 Aoû 2013 - 5:31

ça a l'air un peu flou comme assertation, et y a pas de sources... mais bon :
"Ironiquement, Miyazaki, qui défend une position anti-guerre et une vision pacifiste du monde dans la plupart de ses long-métrages, de Nausicaä au Château ambulant, a été accusé en Corée de faire l’apologie de la guerre dans son nouveau film."

http://www.slate.fr/story/76166/hayao-miyazaki-constitution-japon-pacifisme-seconde-guerre-mondiale
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Message par wootsuibrick Mer 14 Aoû 2013 - 6:41

Les spectateurs ont la mémoire courte, ils auraient pu tout autant polémiquer sur Porco Rosso... car il a un autre point commun avec Kaze Tachinu : "le tabac" : http://adala-news.fr/2013/08/le-film-animation-kaze-tachinu-du-studio-ghibli-promeut-le-tabac/

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Message par Invité Mer 14 Aoû 2013 - 18:40

Selon moi, le seul vrai sujet de polémique autour de Porco Rosso (supra), et de Miyazaki en général, c'est l'abominable laideur de son trait graphique. Les persos, je veux dire. Les environnements, ça va. On me dira ptêt: c'est une esthétique spécifique, qui appartient à toute une tradition. ça change rien au fait qu'en ce qui me concerne, c'est des chefs d’œuvre absolus de croûtasse.

Quant au contenu habituel de ses films, mélange d'écologie panthéiste et de contes ultra-emmerdifiants pour enfants (mais si intéressants à décoder par les adultes, etc), avec symbolisme et allégorisme qui pèsent cinq-dix tonnes, je peux pas non plus. La purge *.

Un chouette "débat" pour la mi-août.

Je sens qu'on va encore m'accuser de rendre les conversations stériles, alors que quasi-personne ne moufte plus ici depuis une semaine Laughing


(* ici, si qqun n'ajoute pas "c'est toi la purge", je serais étonné, surpris.)

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Message par wootsuibrick Jeu 15 Aoû 2013 - 6:12

Bidibule a écrit:On me dira ptêt: c'est une esthétique spécifique, qui appartient à toute une tradition. ça change rien au fait qu'en ce qui me concerne, c'est des chefs d’œuvre absolus de croûtasse.
mince, après ça dur de te répondre...

Mais enfin bref... on peut dire ce qu'on veut sur le "contenu" et le trait, si il y a bien une chose difficile à nier c'est la "profondeur" de l'espace dans ses films. L'organisation spacio-temporel y est souvent très dense et pas juste le fait de ce qu'on appelle une "bonne réalisation". L'exploration de la maison où aménagent les personnages dans les 20 premières minutes de Totoro et celle de la maison de bain de Yubaba dans Chihiro en sont de bons exemples. Ce qui fait que le "contenu" mignon est dépassé c'est le sens du détail, Miyazaki cherche d'abord à faire "habiter" un lieu. Et là je ne parle pas d'esthétique au sens de mise en forme, mais du fait que cet imaginaire archétypal là, que choisit Miyazaki, gagne en épaisseur par cette manière de faire. C'est un imaginaire qui habite, ce n'est pas de l'imagerie plate. Bien qu'on ne puisse pas dire que "le contenu narratif et symbolique" chez lui a la même place que dans Café lumière de Hou Hsiao-hsien... il ne s'agit pas d'un cinéma qui se passe d'une narration écrite pour se contenter de l'intensité d'une présence... Il ne s'agit pas non plus d'un cinéma qui se passe des émotions que peuvent provoquer le récit et la psychologie... mais l'a-narratif, ce qui accueille l'histoire, est vivant et dépasse la fonction de décor ou de lieu de l'action qui placerait les enjeux historiques et symboliques. Ce qui compose ce qu'on réduit habituellement à l'état de décor c'est aussi des "êtres", pour en revenir au panthéisme gnangnan.

Le fait que Le voyage de Chihiro ait inspiré la reconstitution de l'architecture, du lieu de l'action du film, qui suit (vidéo ci-dessous), peut un peu illustrer mon propos (On pourrait faire de même avec la maison de Mon voisin Totoro). Pourtant le film n'a pas été pensé à partir de logiciels en 3D, c'est juste que Miyazaki pense son scénario en mouvement dans un espace très déterminé, bien que habité par "la magie" et peuplé d'êtres illogiques et transformistes. Il y a un contraste entre un imaginaire qui habituellement prend place dans des rêves à la structure spaciale incohérente et la permanence et stabilité du lieu décrit. Stabilité qui permet de donner une "réalité sociale" au peuple de l'univers Miyazaki. Car le lieu fonctionne pendant que la narration se déroule, et sa fonction influe sur la vie des personnages et leurs choix déterminant la narration :



(Parcontre un peu de mal avec les deux derniers Miyazaki sortis en France Le chateau ambulant et Ponyo...)


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Message par Maya Lun 19 Aoû 2013 - 14:45

Merci woodtsuibrick pour l'info

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Message par Invité Mar 28 Jan 2014 - 18:04

Le vent se lève ne se dépare pas des mouvements et des contrastes que parcourent l’œuvre de Miyazaki;
il y a chez ses personnages une part automate, une part de programmation qui s'articule en pendant de l'animation, que l'on pense au magicien du château ambulant ou à l'ascendance fatale qui mène les enfants du château dans le ciel au bout d'un chaîne dont les anneaux naissent de la fusion de l'Histoire et du conte.
L'ingénieur Horikoshi Jirō emprunte constamment les moyens de circulation ferroviaire, sa route semble tracer sans que rarement il ne parvienne à emprunter de chemin de traverse, qui l'éloignerait de la course au progrès auquel il aspire, qui l'aspire;
il y a l'épisode du tremblement de terre au moment où il rencontre sa future femme; mais il disparait rapidement afin d'étudier et réaliser son rêve de créateur; une œuvre de l'esprit.
Il y a l'épisode des vacances où la part de rêve d'enfance prend la relève et fait lien avec ce que sa fragile et future femme donne de sensibilité artistique, à la vie.
Borges en parlait je crois ailleurs, et j'ai lu cela chez W Benjamin: "Sous sa forme la plus générale, le noyau poétique est l'unité synthétique de deux ordres, celui de l'esprit et celui de l'intuition sensible".
On pourrait dériver et dire que l'unité ne s'est pas concrétisée dans la vie de l'ingénieur, qui est l'objet du film de Miyazaki; sa femme dépérit et lui continue son œuvre malgré les avertissements de l'outre-monde, qui marrie les bombes aux audaces de Caproni.
Il n'a pas suivi dans un premier temps l'intuition sensible, aux tâches impressionnistes du tableau de Naoko succèdent les tâches de sang.
Alors qu'elle est alitée, mourante, il fume à ses côtés en traçant les courbes du zéro; la fumée est chez lui une menace, il ne manque jamais d'en montrer la semblance avec les nuages.
Sa sœur, quand elle se rend chez lui l'accuse d'avoir un cœur de pierre.
Au tout début Miyazaki lie cet aspect à un problème de vue, le rêve et le flou impressionniste synthétisent et donnent à voir la vérité et l'avenir tandis que quand il remet ses lunettes, il ne voit que le présent immédiat, un monde à explorer dans l'espace, dans la profondeur, mais pas dans le temps.
Après il faudrait parler du vent, de la déesse du soleil, de Valéry; mais je sais pas trop comment lol.

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Message par Borges Mar 28 Jan 2014 - 18:21

beau message erwan Wink
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Message par wootsuibrick Mer 29 Jan 2014 - 9:29

assez rare... le dernier miyazaki nommé parmi les pires films par le magazine eiga geijutsu (le premier du top des pires films est le remake de Voyage à Tokyo par Yamada Yoji :

http://www.filmbiz.asia/news/eiga-geijutsu-names-pecoross-best-film

EIGA GEIJUTSU WORST TEN 2013
1. Tokyo Family
2. The Wind Rises
3. Why Don't You Play in Hell?
4. The Human Trust 人類資金
5. R100 R100
5. Like Father, Like Son
7. A Boy Called H 少年H
8. The Kiyosu Conference 清須会議
9. Shield of Straw 藁の楯
10. Gatchaman ガッチャマン
10. The Devil's Path
10. A Woman and War

Le dernier Kiyoshi Kurosawa, Real (avec la laiteuse Ayase Haruka, elle m'évoque une vache déguisée en femme ultra sexy), est septième de la liste des meilleurs films,
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Message par Invité Sam 1 Fév 2014 - 23:45

Paradoxalement, le premier film de Myazaki que je vois (je n'en avais encore jamais vu) sera sans doute son dernier, et qui semble en rupture avec sa manière habituelle.

J'ai vraiment trouvé "le Vent se Lève" très intéressant. Le sujet "visible", une biographie à la fois documentée et onirique (avec des vrais flashes psychédélique) de la vie d'un ingénieur de la firme Mitsubishi (d'ailleurs productrice du film, ce qui n'est pas innocent*) qui a fait la transition entre l'âge des pionniers de l'aviation et celui de la modernité technologique, qui a permis le le nationalisme et le fascisme, m'intéressait déjà beaucoup et j'ai apprécie l'angle du film, qui oscille entre la fascination pour la beauté des avions, et la représentation d'une culpabilité pour la guerre d'agression du Japon, effectuée au moyen de ces mêmes avions.
De manière juste, le film ne représente pas cette culpabilité politique comme un discours évident et manifeste, mais au contraire comme quelque chose de sous-jacent, qui est véhiculé par des lapsus, des confessions confuses entre amis et des visions, et est finalement encore plus inaccessible, souterraine et détournée que les rêves et les hallucinations de l'ingénieur (d'ailleurs vraisemblablement psychotique, Myazaki est assez fin en montrant cela). sur ces questions, le dessin animé permet de représenter et rendre palpable une vérité historique et morale qu'un film aurait plus de mal à cerner (il verserait dans l'illustration, alors que le dession animé représente au contraire le contexte politique et international comme une sorte de vision).

Derrière ce sujet visible, le sujet profond du film est en fait une fresque sur le Japon de 1918 à 1941. tout y passe: l'intégration dans la mondialisation économique vers la première guerre mondiale, le tremblement de terre de 1923 (passage superbe), le nationalisme et l'alliance avec les fascismes européens, puis enfin Pearl Harbour et 1945, qui sont montré concaténes dans une ellipse cauchemardesque, courte mais marquante.

C'est très intellectuel (peut-être un peu trop): le titre est emprunté à Paul Valéry, c'est sans doute parmi les films jamais tournés, celui où son nom est prononcé le plus de fois, et le personnage est bien une sorte de M. Teste finalement.
Le milieu du film est carrément consacré pendant 45 minutes à une dérive où Myazaki imagine ce que penserat Hans Carstop, le personnages de "la Montagne Magique" de Thomas Mann s il avait vécu 20 ans plus tard, pendant la montée du fascisme (Hans Carstorp est un personnage du film). Myazaki s'en sort plutôt bien, utilise le médium du dessin animé pour convertir un discours culturel en vision sensible, en paysage. On n'est pas si loin d'un film comme "le Conformiste" de Bertulocci, mais c'est en même temps complètement différent.


Politiquement, c'est discutable mais hyper-intéressant, même si les accusations de complaisance envers le nationalisme japonais sont injustes et moralisatrices comme sont ridicules les commentaires choqués par la scène de la cigarette, alors que c'est justement cette scène qui marque le moment où Myazaki va s'aloigner dans le film de son personnage, cesser d'en faire un double pour le juger....c'est en fait très beau.

Myazaki à je crois tendance à tomber dans une doxa (qui se retrouve aussi en Europe) faisant du fascisme italien un recours et une anti-thèse du nazisme. Cela apparaît via via la figure de Caproni, qui apapraît en rêve comme le surmoi de l'ingénieur, qui le guide de l'enfance à l'âge adulte, et réapparait après le voyage en Allemagne dans la firme Junker pour tracer le bilan moral de ce que l'ingénieut a vu : "Veux-tu un monde avec pyramide, ou sans pyramide: moi j''ai chosi un monde avec des pramides, même si je n'oublie pas qu'elle sont issues de la souffrance".
De même Myazaki n'élude pas la question de l'alliance (qu'il représente comme objective mais lointaine) entre le Japon et l'Allemagne hitlérienne qui est exactement redoublée par la question de l'articulation entre le fascisme et le progré technologie: les deux ordres de relations ont la même configuration. Mais singulièrement il la déplace: la critique du nazisme est uniquement axée sur celle du racisme entre alliés, ce qui est un prisme singulier. Et la figure de l'ingénieur, dans ce débat est justifée moralement, le personnage trouvé en même temps un maître technique et moral: le chef de l'usine Junker, ingénrieur génial mais invisible montre par des signes qu'il perçoit le racisme latent derrière l'idée que les Japonais cherchent à copier techniquement l'Europe: il est moralement plus haut que sa création industrielle, limite l'ensemble de sa praxis politique à cette création.
En ce moment je suis en train de lire beaucoup DH Lawrence ("Femme Amoureuse", et des bouts de l'"Arc en Ciel" que je vais essayer de lire entièrement nsuite) qui est il me semble assez proche de Myazaki intellectuellement et politiquement. D.H. Lawrence est il me semble assez proche de Myazaki intellectuellement et politiquement. On trouve chez ces deux artistes le même type d'oscillations, sur le féminisme (chez Lawrence où il y aller et un retour entre des passages superbes, où la subjectivité des personnages féminin est souverainement lucide et combative; puis d'autres qui théorise une vision cosmologique complètement phallocenriques) ou sur la lutte des classes (Lawrence -fils de mineur lui-même- est très incisif sur l'hypocrisie d'un patronat paternaliste, qui se berce de ses propres vélléités philantropiques pour cacher des rapports de force nus, mais d'un autre côté la souffrance de la classe ouvrière est montrée comme la conversion d'un déterminisme social en déterminisle biologique et l'effet d'une damnation quasi-biblique, le prolongement transcendant et inexpiable de la bêtise humaine). Dans ce Myazaki, il y a aussi un même type d'oscillation entre compassion et distance hautaine, comme dans la scène de la prise d'assaut de la banque, et surtout dans celle du gâteau que le personnage de l'ingénieur n'arrivé pas à donner à des enfants en guenille: il leur reproche en fait de ne pas mendier, comme pourraient le faire Gerald Crinch ou Rupert Birkin dans "Femmes Amoureuses".
Mais les recours politiques sont opposés. Chez Lawrence, il y a l'idée qu'une table rase radicale de la modernité, du matérialisme, et une rupture avec l'Angleterre pour une expérience de déracinement cosmopolite sont des échappatoires. Chez Myazaki au contraire de la table rase, il ya l'idéalisation d'une sorte de point d'équilibre utopique, sirué après le moment où la colectivité acquiert sa maturité technologiqiue, devient une puissance pouvant se faire respecter, non de ses citoyens, mais des autres puissances (l'altérité existe, mais ne connote que les rapports entre groupes), et avant celui où cette puissance acquise se converti en fascisme. Ce moment-charnière semble pour Myazaki le seul moment où un discours moral puisse prendre place, ainsi que le seul où le jugement politique de la collectivité est possible. Seul ce qui est achevé tout en n'étant pas été confrotné à sa propre chute, à sa propre discussion, peut faire l'objet d'un jugemennt et d'une critique politique. La fiction est alors moins la mise en scène d'un imaginaire (qui est là, foisonnant, mais immédiat), qu'une mise en scène expliquant les limites et la délimitation exacte de ce moment charnière, l'enfermant sur lui-même.


-Quant au trait, je l'ai trouvé très beau pour les paysages, les avions, les machines, les ville. Ce que j'ai compris en voyant le film, c'est que l'europanéisation des traits physiques des personnages du manga n'est ici pas un moyen de trouver une forme graphique consensuelle et exportable internationalement (soit une logique où le spectateur est apppelé à se reconnnaîte dans le contexte du film), mais au contraire l'expression d'une logique de séparation. C'est frappant dans la scène du tramblement de terre: dans le train, les personnages centraux sont dessinés de manières européennes, mais le reste des passagers, les autres réfugiés, sont représentés avec des traits physiques asiatiques. Ce qui fait croire à une logique de reconnaissance dans les autres dessins animés, c'est peut-être qu'il ne mettent pas en scène le peuple.

-C'est vrai qu'il y a peut-êttre quelque chose d'assez froid, une sorte de psychédélisme didactique, dans certains mangas animé. Dans "le vent se Lève" ce qui est dessiné, habité et parle, ce sont des grandes idées, des complexes politiques collectifs et leur développement. Ses personnages ce sont la nation, la modernité, la technique la culture allemande, la culture italienne, l'Europe, la littérature, la disparition du formalisme symboliste dans l'idée politique, le Japon des années 1930 dont Myazaki parvient très bien à faire comprendre qu'il était à la fois impérialites et complexés par des préjugés racistes. Mais ce ne sont pas dls humains. Cette froideur, de manière un peu différente, m'avait frappé dans Jin-Roh: la réprésentation de la ville, du régime politique dans une histoire parallèle où le fascisme aurait survécu à la défaite, étaient fascinantes, mais je n'arivait pas à croire aux personnages qui étaient des pures idées, et encore moins incarnés que le contexte qui les situait. Je n'éprouvais absolument rien quand le personnage de la jeune fille martyrisée se révélait être une agent double dont la mort était programmée dès le début, mais la souffrances des silhouette d'une foule normale, à la fois complètement achevée et furitive, était le signe d'une souffrance difficile à oublier.



* je ne sais pas dans quelle mesure cela correspond à la vérité historique ou pas, mais dans le dessin-animé de Myazaki, les cadres de l'usine Mitsubishi sont présentés de manière plutôt flatteuse comme ayant eu des vélléités de résistance contre le régime de Hiro-Hito, au point d'avoir des tracasseries avec la police politique. Dans le film, plus on monte dans la hiérachie de l'entreprise, plus le personnel de la firme travaille et développe ses projets d'armement sous contrainte policière. Le peuple est montré comme le ressort du fascisme, mais l'autorité au sein des rapports de production comme ce qui essaye vainement de s'en exonérer.

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Message par Invité Dim 2 Fév 2014 - 23:13

C'est quand-même marrant ce dessin animé: il prolonge  le débat des années 1970 sur le cinéma "rétro", à la fois consensuel et nostalgique  envers le fascisme, qui se posait aux Cahiers , mais le fait sous une forme inattendue, à vrai dire assez intéressante. Le point de vue politique et historique est en fait plus complexe que celui d'un film comme "1900". On dirait aussi une fresque façon "Il Etait une Fois en Amérique" pour le Japon, mais où le rôle des mafieux est tenu par des ingénieurs polytechniciens.

Je me demande comment il "passe" sur des enfants. Je ne leur reprocherais pas de hurler après 15 minutes en sentant diffusément que leur parents ont entrepris une programmation neuronale larvée visant à les faires intégrer une khagne littéraire pour qu'ils racontent des choses intéressantes dans les futurs repas de famille.
D'ailleurs dans le cinéma où je l'ai vu le Pathé de Besançon", c'était marqué "avertissement" (alors qu'il y a pas une milliseconde de sexe dans ce film de 2H20).
A six ans, les vers de Paul Valéry et une heure représentant une sorte de postface à "la Montagne Magique", c'est un peu lourd. J'ai été touché par la représentation du deuxième sanatorium. A côté de ça, "Siloé" de Paul Gadenne, cela semble le fête du slip. Peut-être que les enfants se raccrocheront à l’atmosphère des passages oniriques avec Caproni, et suporteront el film en inversant complètement le sens de l'histoire en pensant que c'est la femme qui est un fantôme et l'ingénieur une figure fraternelle.


Dernière édition par Tony le Mort le Lun 3 Fév 2014 - 19:30, édité 5 fois

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Message par Invité Dim 2 Fév 2014 - 23:21

ça fait plaisir de te voir revenir en forme après une petite retraite salutaire:
Spoiler:

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