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The Act of Killing, Joshua Oppenheimer

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The Act of Killing, Joshua Oppenheimer Empty The Act of Killing (Joshua Oppenheimer - 2013)

Message par adeline Sam 27 Avr 2013 - 16:30

Quelqu'un a-t-il entendu parler de ce film, l'a-t-il vu ?
Il était à Berlin, puis est sorti en France il y a quelques semaines. Quelques liens :

Blog sur l'Indonésie du monde.fr :
http://warungkopi.blog.lemonde.fr/2013/02/17/la-banalite-du-mal-a-la-sauce-sumatranaise/

Site du film :
http://theactofkilling.com/

Article nul de Rue89 :
http://www.rue89.com/rue89-culture/2013/04/12/faut-voir-the-act-of-killing-film-choc-banalite-mal-241396)

Courrier international pour ce que ça vaut :
http://www.courrierinternational.com/article/2012/10/05/indonesie-un-film-ou-les-tueurs-mettent-en-scene-leurs-crimes

Je me demande si c'est une grosse horreur ou si c'est intelligemment fait, si ça peut aider, en miroir, à réfléchir sur le film de Rithy Panh S21 que je trouve raté ou sur Shoah…

Lorsque j'ai fait un stage dans une petite boîte de production à Jakarta, l'un des bons films de cette boîte que j'ai pu voir portait, d'une manière très différente, sur le même sujet. Une association pour la mémoire de ce génocide essayait d'obtenir l'autorisation d'ouvrir un charnier connu pour pouvoir identifier et enterrer les victimes. Elle se heurtait à de nombreuses difficultés, y compris l'incompréhension, voire des réactions violentes, de la part des riverains. Comme si un fossé gigantesque traversait encore la société indonésienne très profondément, sans qu'il n'y ait encore de solution pour commencer à le franchir…

(une notice sur le documentaire qui était passé au cinéma Nova à Bruxelles en 2004 : http://www.nova-cinema.org/spip.php?rubrique563

adeline

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Message par Invité Dim 23 Juin 2013 - 16:27

En 1965, les personnes suspectées d’être communistes ou sympathisantes ont été victimes d’un massacre de masse dans l’Indonésie de Sukarno. La plupart des estimations sur le nombre de victimes mentionnent un minimum de 500 000 personnes tuées.
 
Ce film pourrait être sous-titré « paroles de bourreaux », tout comme on a pu avoir « paroles de poilus ». Il est axé sur le « ressenti » subjectif d’un acteur historique, le bourreau donc, valorisé de manière paradoxale : on souligne à la fois la banalité de sa psychologie et le caractère historiquement décisif de l’évènement historique dans lequel il a joué un rôle, qui est montré comme traversé plutôt que créé. La restitution des faits n’est pas considérée comme centrale, ni même la mémoire d’une culture ou d’un univers disparu. Le film ne dit rien, ne pose aucunes questions sur le contexte idéologique et politique dans lesquels les bourreaux  (principalement Anwar Congo et Erman Koto, actifs dans la ville de Medan), ont agi tout au plus une ou deux phrases indiquent que ce massacre a comporté aussi une dimension de racisme anti-chinois et laissent également croire (apparemment à tort) qu’il a été une réponse à la Révolution Culturelle de 1966.
 
Le film est très fier de son dispositif en 6 volets:
-         les bourreaux sont d’abord interrogés et conduits sur les lieux des exécutions (qui est à présent une boutique de sacs à mains). Ils expliquent et miment le dispositif technique du meurtre : un fil de fer enroulé autour du coup et lié à une planche de bois que l’on tire. On les interroge sur leur background sociologique, leur actes et habitudes de l’époque : ce sont deux déclassés qui étaient inspirés par la mythologie du film noir américain  et qui faisaient office de videurs dans des boîtes et des cinéma avant les tueries. L’un porte des habits dignes du Scarface de Palma, l’autre est un travelo flamboyant qui semble devenu une sorte d’histrion télévisuel un peu à la Kitano mais en con. Ils ont réinventé une étymologie mensongère du mot gangster, qu’ils expliquant dans des talk-show : gangster voudrait dire « free men ».    Le meurtre de masse était la continuation logique d’un dandysme provocateur, nombriliste et irréfléchi, il était la seule manière possible  d'être reconnu politiquement et de leur donner une visibilité sociale complète. Un ami m’a dit « c’étaient les SS ». Ce seraient plutôt les S.A, des damnées de Visconti, qui n’auraient pas été liquidés et serai resté associés au pouvoir, mais de façon latérales
-         on nous montre ensuite le milieu qui assurait le lien entre les tueurs et le pouvoir : c’étaient des intellectuels. L’interrogatoire étaient conduit au sein d’un journal, par un journaliste toujours en place et devenu rédacteur en chef, qui recueillait les aveux et faisait ensuite un travail d’intelligence et de dénonciations utilisé par les autorités.
-         le film montre ensuite l’importance des milices paramilitaires d’extrême-droite dans l’Indonésie actuelle. Les bourreaux de l’époque jouent un rôle de patriarche tutélaire pour ces milices. Ces milices enrôlent des jeunes sans doute très pauvres à qui elles donnent des uniformes flashy et des armes, et se financent par des activités mafieuses : «protection », c'est-à-dire racket de commerçants, en particuliers chinois,  jeux, braconnage. Elles organisent des meetings qui ressemblent à des mini-Nuremberg, et des campagnes électorales qui ressemblent à des concerts ou télé crochet. Il y a simultanément une misogynie affligeante (institutionnalisation du fantasme de viol) et un verni religieux, une nostalgie ouverte de la dictature, un discours économiste sur la croissance économique qui sert de façade rationnelle à leurs convictions. Le ministre de la jeunesse provient directement de la plus puissante d’entre elles. Les Indonésiens dans la rue, semblent au pire considérer les chefs de milices comme des stars télévisuelles, au mieux restent indifférents, à la fois intimidés et légèrement moqueurs , ce qui laisse supposer qu’elles ne représentent pas l’unique force politique indonésienne, mais le film montre cela de manière très furtive : il n’y aucun intérêt pour le contexte. Pourtant il n’y pas si longtemps les Indonésiens ont réussi par une révolution à chasser Suharto et à installer une démocratie. Cela fait penser à ce que Daney écrivait dans els années 1980 à propos d’un dossier de l’écran consacré à Pétain, les intervenants le présentant à la fois fois comme le stratège sidéral qui connaissait d'avance l’heure de la fin de la guerre et quels meubles valaient la peine d'être sauvés et l'emblème gâteux de la culpabilité nationale :  toujours les mêmes questions, les mêmes mots, répétés depuis 60 ans. Et justement, du fait de cette permanence, de l’idée de vouloir retrouver le passé dans le présent et le présent dans le passé, la perception des luttes de classe en France ignore ce qui la lie à une généalogie, un héritage, des crises, des oublis et des ruptures (je crois qu’il conceptualise aussi dans ce texte la différence entre amnésie et oubli).
-         ‘on’ propose aux anciens bourreaux de participer à un film en studio dans laquelle ils rejouent les interrogatoires et exécutions de l’époque, prenant à tour de rôle la place du tortionnaire et de la victime. Deux dispositifs de capture de leur parole existent ; l’un sur scène, où les bourreaux cherchent ‘pour la postérité’ à donner à leur jeu la plus grande vraisemblance psychologique possible, et l’autre dans les loges, où ils sont filmés par une caméra (faussement) dérobée alors qu’ils s’interrogent sur le fait qu’en participant à ce film, ils reconnaissent mécaniquement de manière de plus en plus explicite que la guerre qu’ils ont livrée aux communistes étaient barbare, que leurs ennemis avaient une idéologie cohérente par rapport à la situation sociale de la paysannerie et qu’ils étaient les agresseurs (« nous intimidions les gens que nous interrogions qu’ils appartenaient à une organisations illégale, mais précisément, avant 1965 elle était légale »). De plus ils assument de manière franche leur sadisme . Distinguo d’un des anciens bourreaux, un journaliste qui prétend par ailleurs n’avoir rien su de l’échelle des massacres auxquels collaboraient ses collègues : les communistes étaient cruels, aux étaient sadiques, sans cause mais en même temps cherchant à être justifiés. Ils n’ont à se repentir que du plaisir qu'ils ont pris à leurs crimes.
 La synthèse qui résout cette contradiction est énoncée par le ministre de la jeunesse venu assister au tournage: le film permettra de prouver que les bourreaux ont fait un massacre de masse en ayant le scrupule de donner à leur adversaires une mort rapide et propre, qui ne soit pas humiliante, et qu’ils y ont été contraint par des circonstances extérieures. De plus, ils ont gagné. Des vrais paysans, visiblement contraints, font office de figurant  dans les scènes de massacre de masse. Le film insiste de manière complaisante (à la Salo) sur une vieille femme qui semble avoir été gravement blessés à l’issue d’une de ces scènes et sur les gestes par lesquels les miliciens s’assurent qu’elle ne va pas mourir semblent très proches de ceux de la torture
-         Dans un cinquième temps, le film "de fiction" en train de se faire est montré au spectateur, puis aux bourreaux, qui le commentent. Anwar Kongo, le personnage (c’est le bon mot) central, veut montrer à ses petits-fils, une scène où il est lui-même étranglé. Il leur indique qu’il a ressenti lui-même la perte de dignité liée à la torture. Le metteur en scène intervient pour lui rappeler que lui était certain de s’en sortir vivant, ce qui n’était pas le cas de ses victimes
-         Le film est enfin troué de petits sketchs de comédie musicale, ou Anwar Kongo et Erman Koto paradent. Leurs fantasmes sont mis en scène de façon ‘littérale’ : Koto est un travelo qui dirige une revue de tiller girls en bord de mer, Answhar Kongo est filmé dans un rituel de purification au bord d’une cascade, vêtu comme un prêtre, les fantômes de ses victimes apparaissant pour le pardonner sous une chute d’eau et lui décernent une médaille, en une catharsis grotesque. Je crois que la scène a réellement pour but de souligner la pauvreté de l’imaginaire des bourreaux. Mais elle m’a rappelé (le film s’en inspire en fait beaucoup) le film d’Abderrhamane Sissako sur le procès de la mondialisation au Mali, dans lequel un faux western intervenait pour mettre en scène sous forme de fable (berchtienne, c’est un procédé de distanciation) la parenté entre la situation actuelle de l’Afrique dans la globalisation économique et l’esclavage et l’impérialisme colonial. Mais le procédé qui chez Sissako fonctionnait (car il était modeste et ironique) devient ici sensationnaliste, et appelle le spectateur a rire principalement du mauvais goûts des bourreaux (comme si seule la culture, qui leur manque, pouvait les rendait vraiment terrifiant)
 
Le film entend évacuer les faits historiques, se concentrer sur une analyse de la banalité du mal chez les bourreaux, mais pour autant, remplace la place qu’auraient pû tenir la compréhension de leur rôle historique et le jugement de leurs actes par une question portant sur la vraisemblance de leurs attitudes psychologiques, par le mimétisme de leur performance d'acteur par rapport au réel. Le manque par rapport au savoir historique est ainsi comblé par le jeu d'acteur: il représente un sens commun partagé par les bourreaux et le metteur en scène, une union par rapport à laquelle le peuple représente une minorité, et aussi un hors-champs. Le film opère le replacement de la question de la minorité politique des victimes par celle de la singularité psychologique des bourreaux au sein de l’ordre auxquels ils appartiennent, et ce remplacement délimite le visible, non pas un regard, mais ce qui est regardé.
Cette singularité psychologique individuelle devient paradoxalement l’explication d’une supposée continuité historique. Rien n’est dit sur ce que les bourreaux ont fait pendant les 47 ans qui nous séparent de 1965, aucune question ne leur est posée : on ne suspecte pas que leur attitude actuelle par laquelle ils assument leurs crimes tout en demandant la repentance puisse être l’effet d’un changement, de l’abandon  de certains intérêts politiques et de la conversion à de nouveaux. Il n’y pas de critique séparée de l’idéologie politique, du fonctionnement de pouvoir, et de la morale des coupables, mais une croyance partagée par le coupable et le bourreaux sur ce fait :  l’effacement de l’engagement politique (un des bourreaux dit « les morts pourraient revenir comme fantômes et se venger –la partie fiction du film montre d’ailleurs ce fantasme-, mais le communisme est devenu lui-même un fantôme) n’implique pas l’épuisement de la question du mal et son mystère. Mais c’est la seule vérité du film.
Herzog a apparemment aimé le film, pour lui cette ambiguïté est la vérité des situations, après tout Anshwar Knogo et Ermann ne sont pas si loin des soldats de « Lebenzeichnen » : ce sont des fous lucides, impuissants pour eux même, mais ayant la capacité d'évaluer la valeur et l’apathie de civilisation, de savoir la mort d'une culture à la place de cette culture. La catharsis est politiquement inaugurale, l’esthétique est ce qui la prépare, la politique ce qui l’absorbe, la psychologie est montré comme un ancêtre, une explication cryptique, la politique comme un signe ou une trace.
 
Le film insiste sur l’anonymat des techniciens indonésiens, apparaissant porutant à l'image, qui ont peur des représailles : seuls les bourreaux indonésiens et les producteurs européens, ont un nom dans le générique de fin. Difficile de savoir qui est ce ‘on’ qui réalise le film dans le film: est-ce une idée que le réalisateur avait d’emblée ? Un stratagème qu’il a dû inventer pour les forcer aux témoignages? L’ambiguïté rappelle un peu celle "du Cauchemar de Darwin" : le film supposait qu’une trafic circulaire existait sur la partie tanzanienne du lac Victoria, les avions provenant d’ex-URSS débarquaient des armes nourrissaient les conflits régionaux, et repartaient avec du poisson issu d’une catastrophe écologique, mais le metteur en scène laissait dans l’ombre qui énonçait cette thèse, n’en recherchait que les traces et les preuves l’identification matérielle du coupable, le fait d’en recueillir la parole primait le fait d’en assumer le fait qu’elle puise être au moins partiellement vraie. L’intuition des situations était le moteur d’une enquête socio-politique qui ne la démentait ni ne la modifiait jamais. Dans ces deux films, le dispositif verrouille deux questions décisives : qu’il ya t-il politiquement après la reconnaissance de la vérité et le jugement des coupables, en quoi ce jugement ou ce savoir modifient une communauté ?  La Tanzanie et l’Indonésie sont filmés dans les deux films comme des cultures immuables, des explications, tandis que les systèmes et infrastructures politiques sont montrés comme des traces. La morale devient ce que l’histoire n’a jamais modifié, et fini par être ainsi séparée du discours sur le mal lui-même. A l’inverse, l’unique source de rupture historique, de discontinuité, de crise est la possibilité d’effectuer une réduction sociologique intégrale de l’origine du pouvoir. Les bourreaux de « the act of Killing » sont intelligents ; ils savent très bien analyser leur position sociale du point de vue sociologique, et déconstruire l’idéologie qu’ils ont servies : ils savent quant il le faut apporter des réponses sociologiques (par exemple lorsqu’ils justifient le racket) aux questions morales du film quant il essaye mollement d’adopter la position d’un procureur (« vous savez que la CPI de la Haye pourrait vous poursuivre ? »), pour s’assurer qu’il ne rencontrent jamais le fait, le document historique, même de manière accidentelle.
 
A un moment, lors du film dans le film, alors que les bourreaux s’interrogent sur la conduite des torture, un des membres de leur entourage (un chauffeur ou intendant) craque, et mentionne les circonstances dans lesquelles il a été témoin du meurtre de son beau père, chinois, a dû l’enterrer seul, et a par la suite été exclu de la possibilité d’étudier. Il doit jouer ensuite la victime torturée dans les reconstitutions filmée, uen corde au coup et en pleurs. Au début du film, le même  homme accompagne Anshwar Kongo sur la terrasse où les tortures réelles avaient eu lieu. Alors que Anshwar, flamboyant, en costume à pattes d’éléphant, esquisse des pas de danses pour signifier son insouciances dans les années 60 et 70, cet homme a un rire gêné, conscient d’être le vrai public du cabotinage de Anshwar, mais fixe ostensiblement la caméra en tournant le dos à Anshwar et donc à al ascène, pour regarder le public. Il y a sans doute un lien entre son refus de regarder ce que le film veut laisser voir à son début, lorsque celui-ci n’a pas encore créé son dispositif, et le courage  de rompre l’anonymat et de décrire au moins la personnalité et les paroles d’une des victimes.

Je crois en des dialectique historique, qu’une idée, une classe, une idéologie prennent conscience d’elle-même par ses contradictions, par la conscience de son inachèvement et le retour de ce que ses antagonistes doivent reprendre d’elle pour survivre; et cette conscience est un prisme possible pour comprendre une œuvre ou un discours. Ce qui les nie ou les absorbe est aussi ce qui en assume la diffusion et le partage. Elles peuvent être enfin critiquées par la conscience qu’elles ont d’elles-mêmes et ces critiques représentent des point de reprise ou des bifurcation possibles.
Dans ce film, il y a une fausse dialectique, qui concerne la place de l’esthétique par rapport au réel : elle se maintient comme synthèse (comme prétention d’achever et de clôturer un discours et une forme de conscience historique) par le fait de s’étonner à chaque fois que l’idéologie puisse médiatiser la mort, et cela d'une seule même manière, en franchissant toujours le même écart, chez les bourreaux, les victimes et les témoins. Le film croit à la fois en la mort de l’histoire, et en sa capacité à décider d’être une scénographie. Mais il faudrait sans doute au contraire postuler la survie d’un côté, et assumer l’impuissance de l’autre.


Dernière édition par Tony le Mort le Mar 25 Juin 2013 - 18:13, édité 8 fois

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Message par Borges Mar 25 Juin 2013 - 12:28

texte dense, complexe, et qui donne bien des choses à discuter.
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Message par Invité Mar 25 Juin 2013 - 17:42

Je me permetd de reformuler mon message initial:
Je n'ai pas aimé le film, mais il pose des questions auxquelles il faut répondre . S'il a gagné des prix dans des festivals organisé par Amnesty International, il faut donc croire qu'il comble une certaine attente auprès d 'un public plus sensibilisé que la moyenne aux questions de droits de l'homme.
Il ne livre rien sur les faits, sur les logiques politiques de ces crimes (apparemment parti d'une purge au sein de l'armée indonésienne). Ce qui m'a gêné ce n'est pas tant le fait qu'il demande aux bourreaux de rejouer leur crime, ou la mise en scène de culpabilité/leur fantasme d'être pardonné, même si ces dispositifs sont à eux seuls formellement et moralement très critiquable, mais que  derrière la représentation spectaculaire (et passablement compliquée) de l’abime psychologique des bourreau,le film demande en fait au spectateur de prendre confortablement et très simplement la place leur surmoi "moral" , et eux de leur côté n'attendent que cela, pour eux la mise en scène de leur culpabilité est un enjeu de reconnaissance; un achèvement.
 Cet aspect psychologiquement fonctionnel remplace un discours qui pourrait être politique . On m'a répondu: "mais ce n'est pas un film sur les massacres, tu n'as rien compris, tu es en train d 'expliquer comment le réalisateur aurait du faire son film, tu te trompes, ce n'est pas cela le sujet, c'est une sorte de portrait de la psychologie type du tortionnaire fasciste, sans complaisance...".
Mais le film n'a qu'un seul ressort, il joue sur l'ambiguïté de la notion de banalité du mal où la banalité de la psychologie des bourreaux. La mise en scène de leur mauvais goût (montré comme quelque chose de fascinant, lié à  un kitsch exotique, le film rappelle les problèmes que posaient l'Amin Dada de Schroeder il y a déjà 40 ans, c'est la même esthétique*) débouche sur l'idée (paradoxale, et sans doute liée à une mauvaise compréhension de que qu'Arendt a voulu dire) que ces deux traits concentrent l'aspect inexplicable de leurs crimes. Mais les bourreaux ont justement toujours une explication objective sur le massacre des communistes qu'ils répètent en boucle ("les gens que nous avons tué faisaient quelque chose qui était illégal, n'était pas Indonésien, le Communisme a perdu et donc nous nous inscrivions dans une logique historique"). Les faiblesses et la fausseté de cette explication ainsi que le fait que les bourreaux puissent justement avoir un rapport objectif à l'histoire et à la société, qui doit être démonté, sont laissés de côté.

*D'ailleurs à un moment du film un patron de milice compare Anwar Kongo à Amin Dada (qu'il situe à tort en Tanzanie, on s'en sort pas décidément), de manière ambigüe (il lui rend un "hommage", et indique l'argument qu'il peut avancer quand il faut prendre ses distances avec lui au moment qui lui convient le mieux) et on a l'impression qu'il a lui aussi vu -et compris - le film de Schroeder, pour faire cette comparaison à ce moment là; pour pointer à la fois de l'extérieur la folie de son ami politique et de l'intérieur leur connivence morale, il est fâcheux que cela soit lui qui mène à bien le travail de replier le film sur ses propres références.

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Message par Invité Mer 26 Juin 2013 - 23:38

Dense. Très dense. Très complexe, et qui donne non seulement matière à discuter, mais encore à méditer, longuement, très longuement. Je parle du message initial, pas de sa reformulation, que je n'ai pas encore eu le temps de consulter.

Par exemple, j'aime bcp ce passage ci-dessous. Je n'en saisis pas véritablement le sens, mais d'allure, ça me semble profond (et exigeant: faut être en forme); ça me donne fort envie de méditer longuement, très longuement. Une forme de méditation que je n'hésiterais pas (si, en fait j'hésite) à qualifier de transcendantale. En tout cas, c'est du style "philosophique". Je veux dire, c'est du lourd. Et sans concessions. On voit clairement que l'auteur (optionnel) ne va pas nous mâcher la besogne. On fait pas dans la "tarte à la crème", here. On vise des cimes altitudinaires où l'air est dur à respirer, parce que vif, presque trop vif. C'est pas pour les chochottes, comme dirait René Char commentant la philosophie à coups de marteau sans maitre, et même sans marteau, dirait Lichtenberg. On a par moments le sentiment que le sens des énoncés est comme une poule sur un mur, sur le bout de notre langue, qui picote, picoti-picota, puis, l'instant d'après, pffft, ça s'échappe comme un papillon farouche, lève la patte et puis s'en va; et faut tout recommencer. C'est bcp de boulot, c'est... dialectique. Et in progress: dans une première mouture, l'auteur (optionnel) avait écrit qu'il se considérait d'une certaine manière comme un hégélien.

Ce passage, d'une nature comique puissamment dialectique, a pourtant été retiré de l'édition définitive, et commence donc plus abruptement par les mots suivants, plus énigmatiques, plus questionnants, de l'ordre d'une croyance, de la foi, mais d'une foi qui doute au sujet de son hégélianité, ou hegélianisme. La refonte du passage est heureuse, car fort hégélienne en son esprit véritable. La formule saisissante et célèbre, en effet, de Miguel de Unamuno; "une foi qui ne doute pas est une foi morte" (piquée en réalité à Anton Bruckner, qui avait paraphé sa sublime 9è symphonie inachevée - dédiée "au bon dieu": "une foi de charbonnier qui ne doute pas est une foi carbonisée"), résume farpaitement la dialectique hégélienne, du moins dans la perspective d'une dialectique ouvrante: en tant que sursomption, dans l'approche pas si mauvaise de Gwendoline Jarczyk et Père Pierre-Jean Labarrière.
auteur (optionnel) a écrit:

Je crois en des dialectique historique, qu’une idée, une classe, une idéologie prennent conscience d’elle-même par ses contradictions, par la conscience de son inachèvement et le retour de ce que ses antagonistes doivent reprendre d’elle pour survivre; et cette conscience est un prisme possible pour comprendre une œuvre ou un discours. Ce qui les nie ou les absorbe est aussi ce qui en assume la diffusion et le partage. Elles peuvent être enfin critiquées par la conscience qu’elles ont d’elles-mêmes et ces critiques représentent des point de reprise ou des bifurcation possibles.


whaaa


cad, en homersimpsonien: oh pinèse.

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Message par Invité Jeu 27 Juin 2013 - 12:45

J'ai l'impression que tu te considères comme le propriétaire de quelque chose qu'on t'a volé un jour, ce serait bien que tu précises de quoi au juste...

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Message par Invité Jeu 27 Juin 2013 - 13:19

Non, c'est le contraire, cf à côté.

Je ne suis le propriétaire de rien du tout. Je me considère tout au plus ici comme un lecteur en présence de scripteurs qui visiblement ne se sentent jamais tenus de clarifier des propos inintelligibles, sous prétexte qu'ils renvoient à des corpus faisant autorité et référence, et s'estimant sans doute suffisamment propriétaires de leur "pensée" pour s'exonérer de tout effort de clarté, d'exposition. L'effort devant alors être fourni par le lecteur, qui doit se casser les yeux et se torturer les méninges dans l'espoir de capter quelque lumière l'instruisant dans cet amphigouri.


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Jeu 27 Juin 2013 - 13:22, édité 1 fois

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Message par Invité Jeu 27 Juin 2013 - 13:21

Si le problème de clareté est réel, et/ou s'il t' importe réellement au lecteur de le dissiper ou de le signaler, tu peux très bien poser une question ou discuter, ça ne coûte pas plus cher. Sinon c'est toujours une pose qui reproche à un autre discours d'être une pose, et la moquerie est sans doute un signe d'avarice intellectuelle.

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Message par Invité Jeu 27 Juin 2013 - 13:24

auteur (Optionnel) a écrit:
Si le problème de clareté est réel, et/ou s'il t' importe réellement au lecteur de le dissiper ou de le signaler, tu peux très bien poser une question ou discuter, ça ne coûte pas plus cher.

C'est ce qu'il fit. Des années durant. Et pour ne point trop s'ennuyer, il le fait désormais en recourant à la dérision. (La forme "il" correspondut à ta formulation initiale, mais je visse que tu la changeusses entretemps). Forme que ne semblent guère apprécier plus que de raison les scripteurs qui s'estiment à bon droit propriétaires de leurs développements hiéroglyphiques réclamant le dévouement et la dévotion de quelque Champollion bonne pâte.

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Message par Invité Lun 1 Juil 2013 - 11:46

Je vais faire l'effort de te répondre, malgré le ton de moquerie, de complexe d'infésupériorité et de dénigrement hystérique de la sollicitation (que j'ai vraiment de plus en plus de mal à digérer, si c'est encore possible...).
Je crois qu’il est légitime de recourir à l’idée de dialectique (au sens de contradiction résorbée dans un discours historique univoque) et de parler de « mauvaise » dialectique pour penser ce film, et cela à deux niveaux :
- le réalisateur part du fait que ces massacres sont un tabou dans la société indonésienne (ce qui est apparemment vrai), et il entend assumer la conscience historique des évènements de manière en quelque sorte solitaire : dire ce que la société civile ne dit pas, et ce que les bourreaux ne comprennent pas, mais j’ai l’impression d’un forçage, peut-être pas malhonnête : il suppose que le silence de la société civile équivaut à une inconscience et un refoulement, ce qui n’est peut-être pas le cas. On est aussi dans une idée qui me paraît hégélienne : avant d’être confronté à son antithèse, un phénomène ou un peuple « manque » de la conscience de sa propre identité. Le film apporte à la fois une négativité: les bourreaux parlent seuls et jouent le rôle des victimes, et une synthèse: le réalisateur finît par juger les bourreaux, à la place du procès qu'ils n'auront jamais
-il y a un deuxième niveau qui me paraît encore plus contestable : sous-entendre que finalement les seuls qui ont la mémoire et malgré tout une forme d'approche historique des massacres de communistes : ce sont les bourreaux. De fait le film met en place une catharsis qui porte exclusivement sur eux (via l’idée de les faire  rejouer sur le mode parodique leurs crimes). La figurants qui sont doute sociologiquement proches des victimes de l'époque sont physiquement molestés, la seule personne qui parle explicitement d'une victime craque et est de facto réduite au silence, le film montre complaisamment sa crise de larme lors de la simulation. Pour Oppenheimer, cette inégalité dans la distribution de la parole est la vérité de la situation historique elle-même. A voir.

Mais à la limite ce n’est pas cela le problème. Il y a peut-être deux versants dans le cinéma documentaire, un premier, qui tiendrait de Marker ou Wiseman, où la caméra s’insère dans une situation réelle, et prend le temps d’attendre (possède la patience suffisante) que la personne filmée profite de cette spontanéité apparente pour exprimer son opinion. Le malade de Titicut Follies qui prend conscience que les préjugés sociaux des psychiatres conduisent directement à des erreurs méthodologiques, ou bien Marker qui n’illustre pas directement le stalinisme, mais se pose plutôt indirectement la question : que pouvait penser Medvedkine du système dans lequel il tournait ses films, que penserait-il de Jirinovski : il finit par ne filmer que les traces d’une opinion potentielle, mais qui en disent finalement beaucoup plus qu’une thèse.
Le deuxième versant peut être lié aux films Marcel Ophuls, où le documentaire assume à la place du "peuple" (la prison de Titicut Follies est aussi un peuple) qu’il filme une vision historique que celui-ci ne déploie pas. Cela est méritoire et nécessaire mais converti peut-être trop vite des questions politiques et judiciaires en enjeu mémoriel. Le film d’Oppenheimer finalement radicalise l’esthétique et la position de ce deuxième versant. Il faudrait creuser mais il me semble en cela emblématique d’une dépolitisation des enjeux historiques (il em semble que Badiou et Daney ont écrit sur Ophuls à ce sujet), même si les œuvres peuvent être légitimes (le chagrin et la Pitié, ou S21). Mais pour moi the Act of Killing ne l'est pas, il tombe dans une sorte de cinéma sensationnaliste (confronter des vrais coupables, des vrais décideurs à l'expérience de Milgram et feindre de s'étonner de leurs résistance) qui donne à trop bon compte bonne conscience au spectateur

Sinon à titre personnel, je crois (je ne peux pas te le prouver, qui le peut?) qu’il y a des dialectiques historiques, qu’une époque possède un esprit qui est unique, qui est à la fois déterminé par les opinions et les actes des contemporains, mais irréductible à eux, et que la négativité le révèle à lui-même (cela vient peut-être plus d'Adorno ou Bloch que d'Hegel). Je ne pense pas que cet esprit obéit à une téléologie, mais il  peut se caractériser, s'analyser comme une rationalité. Il y a plusieurs attitude possible à partir de cette opinion. Je lis en ce moment un bon livre sur la première guerre mondiale,  « Clavel Soldat » de Werth , qui a par exemple pour unique sujet la volonté de comprendre cet esprit, pour le dépasser (son journal fait la même chose à propos de la seconde guerre mondiale: c'est le seul livre qui soit vraiment un acte de résistance que j'ai jamais lu). Un livre comme les Voyages du condottiere de Suarès, partant d'un background culturel peut-être pas si lointain de Werth, entend plutôt au contraire incarner lui-même et approfondir cet esprit, quitte à reprendre consciemment pour les justifier les préjugés culturels de l’époque en les décontextualisant dans l’Italie éternelle.

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Message par Invité Lun 1 Juil 2013 - 15:11

Wink 


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Message par adeline Jeu 8 Aoû 2013 - 18:14

Echange de TLM et Eluent sur le film dans un autre topic :


Eluent
Tony le Mort a écrit:Mais un moment ce qui m'a frappé, je ne sais plus à quelque occasion (la sortie du film de Rony Brauman et Eyal Siyan sur Eichmann) elle a énoncé dans les mêmes termes que ceux de Baldanders le fait que le témoignage était insatisfaisant pour comprendre la Shoah (mais aussi je crois elle sous-entendait que cela valait plus largement pour les situations d'oppressions et d'annihilation, cela aurait été intéressant de creuser explicitement cela), et que la confiance au témoignage délimitait une époque qui était en train de s'achever.
   Je ne comprends pas cette idée. En quoi le témoignage déterminerait une époque, ou même serait la médiation de quelque chose d’à la fois historique et inauthentique? Il est lui-même la possibilité première de décrire le réel, ou les effets réels d'une politique qu'il permet, et donc une des rares formes de discours qui ne soit pas une médiation du réel justement. Pour moi en pensant que l'insuffisance du témoignage le disqualifie de manière interne et en fait une étape historique, on reconfigure une idée du crime politique (par racisme ou domination de classe) dans quelque chose de toujours nouveau, par rapport auquel la parole vient toujours trop tard, mais comme s'il s'agissait à la fois d'une forme et de quelque chose qui en doit pas être explicité.
Je ne sais si tu as vu, ni ne sais s'il y eut un topic sur The Act of Killing (le moteur de recherche ne donne rien). Je pense que ce docu d'un nouveau genre répondrait à ta question : curieusement ce qui semble plus marcher ce n'est pas de donner la parole et la mise en scène aux victimes, mais aux bourreaux. Le mouvement était déjà engagé dans S21 de Rythy Pahn, dans L'acte de tuer s'ouvre à mon avis une nouvelle étape sur ce genre d'entreprise. Si pas de sujet il faudrait en faire un, mais c'est beaucoup de responsabilités et tout un espace narratif nouveau à décrire et présenter, c'est du lourd.

Tony le Mort
Je l'ai vu, cela ne m'a pas trop plu (je vois pas le film comme une réponse, peut-être l'essai de trouver un ton moins tragique, mais aussi moins rigoureux pour parler de cela).

Je pense pas que la forme soit si nouvelle que cela, bizarrement "Act of Killing" m'a beaucoup rappelé "L'Authentique Procès de Carl-Emmanuel Jung" de Marcel Hanoun (logique de comparution-catharsis fictive représentation de l'espace et de la parole assez proche).
Donner la parole aux bourreaux, c'est déjà aussi à l'œuvre dans "le Chagrin et la Pitié", et même de façon mois esthétique mais plus profonde, dans les documentaires (souvent rediffusés) sur la guerre que Daniel Costelle faisaient à la télé dans les années 1970-80.
J'ai l’impression qu'il serait aussi intéressant de voir "Notre Nazi" de Robert Kramer pour comprendre ce qui s'engage dans ces films.
Eluent
Oui je vais essayer de relancer le thread, probablement en vain, mais l'approche dialectique hégelienne (si j'ai bien compris) ne convient probablement pas (pour The Act of Killing en tout cas). Une autre manière de l'approcher, si tu as besoin d'une approche philo, Nietzsche et son "Derrière le masque, toujours un autre masque" (pas sûr que la citation soit exacte au mot près mais ça résume assez bien le propos). Fin de la dérive.


Dernière édition par adeline le Ven 9 Aoû 2013 - 22:29, édité 1 fois

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Message par Eluent Jeu 8 Aoû 2013 - 18:17

Ah. Eh. Merci, j'essaye de pondre une analyse, une réponse je ne sais encore quoi, ce film fait peur.
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Message par adeline Jeu 8 Aoû 2013 - 18:57

Ton texte est dense et intéressant TLM. Mais maintenant, je me dis que je n'ai guère envie de regarder ce film, dont pourtant je me disais qu'il aurait fallu le voir pour pouvoir en discuter.

Eluent, quand tu dis "curieusement ce qui semble plus marcher ce n'est pas de donner la parole et la mise en scène aux victimes, mais aux bourreaux", je ne suis pas d'accord, en tout cas en partie. Qu'entends-tu par "marcher" ? Veux-tu dire que les films sont bons ? Qu'ils trouvent un public ? Se vendent ? Sont des films nécessaires ? J'ai l'impression que c'est l'inverse, et que ces films-là, ne peuvent pas "marcher", peut-être car justement, ce que le bourreaux a fait est au-delà des possibilités de représentation du documentaire. C'est une vraie question.

Je n'ai pas aimé "S21", on a eu une longue discussion avec breaker à ce sujet, houleuse Wink Je n'ai pas aimé le film, tout en reconnaissant l'immense travail de Rithy Panh, son bienfondé et son immense nécessité. Mais je trouve que le film "S 21" échoue à rendre compte de ce dont il veut rendre compte. Et je commence à me dire que mettre en scène les bourreaux, c'est un truc. Une idée qui "pourrait marcher", mais qui n'est jamais bonne dès qu'on entre dans une mise en scène commune. Celui qui est alors exclu de la mise en scène semble être toujours la victime. (Le peintre dans "S 21", qui est à distance, dont on ne sait pas comment il arrive à vivre cette remise en scène des situation du camp). C'est aussi ce que dit TLM sur "The Act of Killing", les victimes en sont exclues, et laissent la place à une étrange connivence entre réalisateur, bourreaux et spectateurs.
Lanzmann aussi a filmé un bourreau, en tout cas une personne complice, dans "Un vivant qui passe". Pas de remise en scène, de retour sur les lieux, ce qu'il fait sinon pour tous les autres personnages de "Shoah", mais juste un léger zoom qui enferme le personnage comme il s'enferme et s'enferre dans ses mensonges. C'est peut-être une solution.
Rithy Panh vient de réaliser "L'Image manquante". Je pense que ce film pourra aussi nous aider à avancer dans cette discussion.

adeline

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Message par Eluent Jeu 8 Aoû 2013 - 20:02

adeline a écrit:Eluent, quand tu dis "curieusement ce qui semble plus marcher ce n'est pas de donner la parole et la mise en scène aux victimes, mais aux bourreaux", je ne suis pas d'accord, en tout cas en partie. Qu'entends-tu par "marcher" ? Veux-tu dire que les films sont bons ? Qu'ils trouvent un public ? Se vendent ? Sont des films nécessaires ? J'ai l'impression que c'est l'inverse, et que ces films-là, ne peuvent pas "marcher", peut-être car justement, ce que le bourreaux a fait est au-delà des possibilités de représentation du documentaire.
Évidemment je ne parle pas des entrées, le succès d'estime est là et je n'imagine pas ce film ne pas marquer l'histoire, ça me paraîtrait trop grave. Je suis attristé que ce thread débute par une réception négative de ce film important, comme disait l'autre "Seules les critiques positives comptent.", dommage de rater ça à cause de la réception de TLM qui j'imagine a voulu et espérait quelque chose que justement ce film ne cherchait pas à donner, il n'a pas vraiment accueilli le film du coup. J'y reviendrais (pas sur TLM, sur le décalage entre ce qu'on peut attendre d'un thème qu'on s'imagine génocidaire au sens classique et ce que ce projet entreprend).

adeline a écrit:C'est aussi ce que dit TLM sur "The Act of Killing", les victimes en sont exclues, et laissent la place à une étrange connivence entre réalisateur, bourreaux et spectateurs.
Oui c'est justement ce genre de problème que j'ai avec certaines réceptions, critiques, ici ou ailleurs, on demande au film de faire autre chose que ce qu'il entreprend. De quel droit ? Ce film ne fait pas le café, et il ne donne même pas la parole aux suppliciés, aux survivants. De plus si tu voyais le film tu te dirais peut-être qu'il y a de bonnes raisons si les victimes sont exclues (par exemple qu'elles n'oseraient même pas s'exprimer, il faudrait alors faire un tout autre film, faire parler à visages et voix masquées, faire parler des expatriés sans famille sur place, ce serait un tout autre projet, il serait peut-être vital bien que n'ayant rien d'original). Si tu voyais le film tu verrais que malgré tout le dispositif permet une certaine voix de victime (indirecte) de s'exprimer, qui sait peut-être trouverais-tu alors comme moi qu'il n'y manque rien de ce qu'un témoignage classique aurait pu donné.

En attendant de développer (j'y travaille)..
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Message par adeline Jeu 8 Aoû 2013 - 21:53

Mmmh, tu sais, je ne suis pas sûre que "si je voyais le film" je penserais tout ce que tu penses. De ce que j'en ai lu, ici et ailleurs, entendu, de ce que je connais des films que le festival d'Amnesty International récompense, je pense que je n'aimerai pas du tout, et lui reprocherai encore plus de faire ce qu'il fait Wink

Plus sérieusement, j'imagine très bien ce film ne pas marquer l'histoire. Le festival d'Amnesty International en est plein, de films qu'un certain public "n'imagine pas ne pas marquer l'histoire parce que ça serait trop grave". Qu'est-ce qu'on veut dire par là ? Qu'est-ce qu'un film qui marque "l'histoire" ? Quelle histoire ? La tienne ? La mienne ? Celle du réalisateur ? Celle des bourreaux ? Des victimes ? De l'Indonésie ? Du monde ? Du cinéma ? Je ne sais même pas si ça peut être un film important… Est-ce d'ailleurs la volonté du réalisateur, de marquer l'histoire ? Mais on parle d'un film, pas du sujet dont il traite. Un film peut-il marquer une autre histoire que l'histoire du cinéma ? (C'est une vraie question). Ou que l'histoire de ses spectateurs dans leur relation individuelle au film ?
Une chose me gêne. Tu dis que faire un film sur les victimes de ces massacres serait un "tout autre projet, il serait peut-être vital bien que n'ayant rien d'original". Est-ce ce que le réalisateur cherche alors, l'originalité ? Mmmhh…

Mais je ne vais pas trop continuer à discuter, comme je n'ai pas vu le film c'est pas top. J'attends ce que tu peux en dire pour sa défense.


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Message par Eluent Jeu 8 Aoû 2013 - 22:20

Adeline à lire ton dernier post je me décourage. Je reviendrais quand j'aurais oublié le sentiment désagréable pris à sa lecture.
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Message par Invité Ven 9 Aoû 2013 - 8:33

Oppenheimer sort de la Rogue School d'Herzog?, il a été bouncer dans les sex clubs? Je découvre la bande-annonce, et rien à voir avec Rithy Panh qui bannit complètement ce genre de mise en scène plus ou moins sulfureuse, et qu'il est même incapable d'imaginer à vrai dire. La proposition du film d'Oppenheimer me fait penser à la dernière séquence de Full Metal Jacket qui devait être une partie de foot avec la tête de la vietcong abattue, ce qui nous amène pas tellement à penser l'histoire. Dommage de ne pas mentionner Duch le Maître des forges de l'enfer qui est loin d'être insignifiant, mais beaucoup moins fun que filmer les bourreaux en train de danser ou dans des scènes de travestis. Pour autant, je ne jette pas de discrédit sur The act of killing, qui est tout de même classé dans la catégorie des "films dérangeants qui interroge la notion d'humanité" par Télérama...

"ces pas de danse, qui renvoient à la célébration d'un génocide, qui semblent être le symptôme de l'impunité du bourreau et de son absence de remords sont en réalité le symptôme de son humanité."
http://www.telerama.fr/cinema/the-act-of-killing-trois-extraits-commentes-par-son-realisateur-joshua-oppenheimer,96089.php
et quelle rhétorique émotionnelle et morale!
c'est peut-être davantage le symptôme de la crise de la culture, non?, concept d'Arendt qui me paraît mieux convenir ici que "la banalité du mal".

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Message par Invité Ven 9 Aoû 2013 - 11:19

Excusez-moi de m'auto-commenter, mais je ne crois pas avoir une "approche hégélienne" du film, j'ai juste développé et justifié cela parce que je savais que la discussion ne prendrait pas directement, et que le message  serait tournée en ridicule. Je ne suis pas hegelien, je me sens plus proche de la sensibilité d'Adorno ou Kracauer sur ce genre de questions (que je connais mal), je sais que c'est une approché datée, qui risque de paraître complètement hermétique dans 30 ans et restera rattachée aux XXème siècle, mais après tout elle a déterminé le contexte dans lequel nous avons maturé, et a beaucoup influencé le discours sur le cinéma. J'ai pas attaqué le film pour réhabiliter indirectement Hegel par rapport à Nietzsche.

je ne vois pas non pus pourquoi "seules les réceptions positives comptent", d'une part je ne suis pas Gilles Deleuze (et cela va être difficile de discuter avec lui sur Internet), d'autre part je dirais l'inverse: seuls les films qui prêtent le flanc au négatif comptent

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Message par adeline Ven 9 Aoû 2013 - 14:10

Eluent, reviens Wink J'étais un peu bêtement ironique, c'est dommage que ça t'ait découragé. Il faut défendre ce film si tu penses qu'il est important. Peu importe que tu ne me persuades pas, ce qu'il faut c'est en discuter.

Oui, Breaker, Oppenheimer n'a pas l'air de vivre dans le même monde que Rithy Panh…

adeline

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Message par Invité Ven 9 Aoû 2013 - 14:27

La différence c'est que pour le génocide cambodgien, il y a peu de survivants en dehors de ceux qui étaient impliqués dans la mise en place des camps (et parfois liquidés à leur tour), ce que Rithy Panh peut difficilement contourner alors que "the Act of Killing" contient le témoignage de la victime pour le diluer, même si je comprends qu'on puisse le défendre en parlant de "témoignage indirect", mais alors il faut réfléchir ce qui rend nécessaire ce détour (pas trouvé d'interviews du réalisateurs qui en parle, mais pas beaucoup cherché non plus).


Dernière édition par Tony le Mort le Ven 9 Aoû 2013 - 14:53, édité 1 fois

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Message par Invité Ven 9 Aoû 2013 - 14:51

Il faut aussi dénouer l’expression utlisée par Eluent: est-ce que l'on parle de la voix de la victime indirecte, ou de la voix indirecte de la victime? Le film brouille les deux justement, ce n'est pas juste de la casuistique.

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Message par Invité Ven 9 Aoû 2013 - 18:41

A la limite ce qui est intéressant dans le film d'Oppenheimer (et concerne le premier tiers), et où ce que j'ai écrit est maladroit, c'est qu'il n'exploite pas le déclassement social des deux bourreaux pour les attaquer tout en le décrivant (on sent que l'intégration dans une machine de mort était pour eux un enjeu de reconnaissance, et pour tous, pas seulement la base), donc il échappe à une explication qui soit uniquement sociologique (ce qui permet de montrer que les bourreaux avaient des professions, emplois et statuts très variés, c'était clairement un processus d'intégration socialement vertical, depuis le ministre jusqu'au criminel aux postures de "dandy"), mais il tombe dans le travers opposé à mon sens: interrogation sur le mystère psychologique de la banalité du mal, sur l'individualité des bourreaux, sur l'idée que le témoignage est forcément une catharsis (quelque chose qui rentre dans une logique de compensation et d'épuisement rapide).
Les scènes où les bourreaux continuent à racketer aujourd’hui les commerçants chinois (tout en faisant en même temps des campagnes électorales, sur le mode de la star qui s'engage en politique pour défaire la politique) sont par exemple terribles, il est probable que le réalisateur devait inventer un dispositif impliquant une certaine connivence avec eux pour les tourner, mais elles ne restent pas en tête, elles sont diluées par le système du studio, les parties de comédies musicales qui viennent ensuite. C'est aussi très conforme à la représentation occidentale de la corruption dans les pays en développement (qui n'emploie pas toujours ces mécanismes, et qui ne circule pas que de manière interne devant un occident spectateur).

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Message par Eluent Ven 9 Aoû 2013 - 21:25

Soit l'approche documentaire selon l'axe de la révélation (je parle de l'accès à la vérité qu'il se donne comme méthode).
Il y aurait plusieurs niveaux sur cet axe :

Niveau 0 : Propagande. Fahrenheit 9/11. Palme d'or.

Niveau 1 : Témoignage. Shoah. Monument.

Niveau 2 : Bas les masques ! Grizzly Man. Malin.

Niveau 3 : Derrière le masque toujours un masque. L'acte de tuer. Révolutionnaire.

Je dis révolution, car si on essaye d'imaginer un avenir dans lequel le niveau 3 devient la norme, si on essaye de penser une nouvelle donne du documentaire selon la méthode de The Act of Killing on a le vertige : on ne peut se dire que c'est impossible puisque ça l'est dans ce film, mais on ne peut pas plus se représenter un monde pareil.

Bien sûr c plus compliqué que ça, des tas de films (pas forcément documentaires) utilisent différents niveaux, évoluent entre deux, et des objets étranges comme Sans Soleil semblent y échapper ou bien déjà être sur un niveau supérieur et transcendant par la poésie..

Dans le cas de l'Acte de tuer, en fait c'est en tant qu'il fait la percée la plus significative que j'ai pu voir sur le niveau 3 que je l'y place.
En fait à peu près tous les modes y sont utilisés, je n'ai pas chronométré,  le niveau 0 n'y est à mon sens pas assez présent pour qu'on puisse en parler, par contre le niveau 1 est très présent, ce n'est pas un docu voué entièrement à une méthode, ce n'est pas un film qui met en avant l'expérimentation. Le niveau 2 ne me semble quasiment pas tenté par Opp.,  ou plutôt cela apparaît très peu dans le montage final, et seulement à des moments qui paraissent un peu incongrus, un peu forcés, on sent que le gars a essayé, mais que la situation très particulière de la Malaisie interdit son succès et mène à l'échappée du niveau 2 : le gangster y est célébré, y compris ses crimes les plus terribles.

En Malaisie Gangster signifie Free Men, et c'est formidable d'être libre, d'avoir son style de vie à soi et d'en décider tout seul sans limite sans restriction, c la liberté ! Ils n'arrêtent pas avec ça, c le mot d'ordre du status quo, la culture en est à ce point imprégné que l'on ne peut même plus placer ça au niveau de la propagande, on est plutôt dans l'illusion, ou même dans le décor, ça fait partie du décor, personne ne semble entendre l'abomination, pas même ceux qui l'énoncent. Le principe libertaire-individualiste made in USA trouve là son aboutissement le plus effarant et le plus spectaculaire, comme un immonde greffon américain greffé trop vite, trop mal sur un corps social si étranger que son inanité ressort dans un fracas inaudible.

The Act of Killing, Joshua Oppenheimer Aok610

On est en plein dans les spectres du cinéma, fantômes des massacrés, imaginaire cinématographique des bourreaux, et plus concrètement, motifs de l'enrôlement dans les massacres dus à l'économie du cinéma (les communistes censuraient le ciné US et gênaient les gangsters dont les cinémas constituaient une rentrée d'argent essentielle) et méthodes des tortures et assassinats repris du cinéma US.

The Act of Killing, Joshua Oppenheimer Aok310

Ce qu'il y a par rapport à S21, c'est que le film par moment ne fait pas semblant de faire rejouer les scènes des massacres tels qu'ils sont (il le fait aussi, les deux méthodes sont présentes). En prenant alors ces scènes pour ce qu'elles sont, de la mise en scène, en n'interdisant pas la possibilité que la mise en scène ne soit malgré tout que mascarade et spectacle on passe dans un autre niveau, une autre approche, une toute autre philosophie. Et cela s'applique au film lui-même, la mise en abîme des mises en scènes des gangsters renvoient à une mise en abîme du docu en question, puis du cinéma, du regard.. (ça ne s'arrête pas facilement ces bêtes là).

D'où il me semble là seule option qui tienne, ou en tout cas à laquelle on peut se rattacher : derrière le masque toujours un masque. Ce n'est pas du relativisme, c'est le réel qu'on nous propose, un réel de société du spectacle version cauchemardesque. "Il n'y a pas d'identité du bourreau à aller chercher !" me semble crier le dispositif. Ce n'est pas ce que crie Oppenheimer. Opp. estime que les bourreaux révèlent leurs douleurs, je trouve que le film dépasse son projet, ça échoue superbement, l'auteur est dépassé par son projet et c'est très bien dans un cas pareil, sur un sujet aussi grave. Par exemple les images des bourreaux regardant sur un écran les scènes où ils jouent eux-même voudraient présenter du remord, de la peine, mais il ne s'agit que d'une présentation au mobile bien visible, les visages les attitudes ne donnent aucune assurance (je donne quelques images à l'appui), on est encore dans le spectacle, spectacle soi de moi tenant absolument à plaquer sur ces visages les sentiments que l'éthique impose d'y trouver, ou bien spectacle du bourreau sachant bien ce qu'on attend de lui l'acteur filmé se regardant jouer le bourreau.

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C terrible car ça éloigne le monstre, s'il n'y a pas d'identité du bourreau, pas plus de monstre à trouver, démasquer et exposer, on ne peut plus assigner d'arrière-monde monstrueux, on n'a pas comme dans une morale classique et une méthode documentaire itou ce refuge, cette créature désignée comme à éliminer au dessous de l'animal, en dehors du règne du vivant, qu'aucune éthique, aucune morale ne peut défendre et surtout que par là-même on peut se permettre d'haïr avec passion.
On n'a plus ce confort, et on est renvoyé à la suporcherie de notre mascarade propre, comme à chaque fois que l'idée du visage réel vrai de vrai qui serais à démasquer se donne comme une mascarade.

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The Act of Killing, Joshua Oppenheimer Aok710

C'est à cela que renvoie je pense certaines des mauvaises réceptions de l'acte de tuer (très bien reçu dans l'ensemble y compris une flopée de prix).
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Message par adeline Ven 9 Aoû 2013 - 22:30

(J'ai juste fusionné les deux sujets sur le film pour qu'on ne se perde pas. Tout est cependant conservé dans le bon ordre.)

adeline

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