Auteurisme bicéphale chez des garçons du cinéma bis français
Auteurisme bicéphale chez des garçons du cinéma bis français
Silent Hill est un film de Christophe Gans, scénarisé par Roger Avary (Pulp Fiction) sorti en 2006.
Martyrs un film de Pascal Laugier (ancien assistant de Gans et ami d'Avary), qui date de 2008.
J'ai vu ces deux films successivement en DVD et c'est frappant, ils racontent la même histoire :
- un couple de soeurs-amies séparées puis ressoudées
- une secte millénariste de tortionnaires chapeautée par une comtesse Báthory
- l'aristocratie occulte crucifiant sa pythie pour expier ses propres délires (la sorcière/la martyr)
- l'enfance battue, maltraitée et sacrifiée
- le purgatoire des limbes (la ville brumeuse / le rez de chaussé de la villa)
- ... et les enfers (la ville de nuit / le sous-sol de la villa)
- un passé déconstruit à reconquérir... et la douleur comme seul modalité d'accès à cette mémoire
Je suis sûr qu'en creusant on trouva encore bien d'autres points commun. Ces films sont de faux jumeaux de naissance et les deux racontent une histoire de gémellité. Je trouve ce genre de cross-filming assez amusant, comme s'ils avaient partagé le même script mais pas du tout à la même échelle de production.
Le film de Gans m'a plût, bien qu'il soit trop premier degré au regard du mille-feuille sensoriel qu'est le jeu vidéo. Ils s'en sortent bien et sont parvenus à restituer cet univers tout en inventant des choses plutôt belles, comme la scène de fin du lit barbelé qui nous rappelle le meilleur de Clive Barker.
Et pourtant, malgré un épilogue ouvert, ils n'arrivent pas à atteindre la mise en abyme que crée les jeux (surtout le deuxième). Les jeux ont un rythme lent, concassé, irrégulier, quasiment tarkovskien. L'horreur est très pondérée, la fuite souvent préférable. Les rencontres humaines sont toutes marquées par la tristesse, l'ennui, la déchéance, la perdition. Alors dans le film de Gans, on est plus dans le lissé d'un jeu d'action ou d'aventure.
Martyrs est pour moi totalement raté et très confu dans son propos : la fin donne en fait raison aux gens qu'elle prétend dénoncer. Le film est beaucoup trop long, il ne se passe quasiment rien. On s'écharpe en haut pendant 40 minutes, on s'écorche en bas pendant 40 autres... Les interludes philiosphoco-historiques sont indigents et ça se termine comme un manuscrit refusé par Fleuve Noir.
Bon, comme il y a toujours à sauver dans un film, il y a au moins une scène qui m'aura émue : le suicide raté au couteau de la baigneuse casquée que l'héroïne essaie de sauver... Et c'est dommage car le début me donnait très envie, disons, les cinq premières minutes nous plonge dans cette horreur provinciale qui irrigue beaucoup d'un certain cinéma français. Mais après c'est juste un scénario de court-métrage étiré sur 1h30.
Dernière édition par Mangeclous le Ven 22 Fév 2013 - 22:22, édité 2 fois
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Re: Auteurisme bicéphale chez des garçons du cinéma bis français
Silent Hill / Jean Tinguely
Dernière édition par Mangeclous le Ven 22 Fév 2013 - 18:23, édité 2 fois
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Re: Auteurisme bicéphale chez des garçons du cinéma bis français
Ne poste pas trop d'images ou tu vas voir débarquer les Hells Angels. Moi cela dit, j'aime bien.
Il y a aussi Dead Ringers de Cronenberg à propos duquel Tesson a écrit sa critique préférée, Voyage au bout de l'envers qu'Alain Ehrenberg a repris dans la conclusion de son livre La fatigue d'être soi.
Il y a aussi Dead Ringers de Cronenberg à propos duquel Tesson a écrit sa critique préférée, Voyage au bout de l'envers qu'Alain Ehrenberg a repris dans la conclusion de son livre La fatigue d'être soi.
Invité- Invité
Re: Auteurisme bicéphale chez des garçons du cinéma bis français
slimfast a écrit:Ne poste pas trop d'images ou tu vas voir débarquer les Hells Angels. Moi cela dit, j'aime bien.
Il y a aussi Dead Ringers de Cronenberg à propos duquel Tesson a écrit sa critique préférée, Voyage au bout de l'envers qu'Alain Ehrenberg a repris dans la conclusion de son livre La fatigue d'être soi.
Oui beau film. Mais je préfère "Hellraiser" qui raconte peu ou prou la même histoire différemment.
Tandis que c'est dans "The Brood" qu'il fixe ce style et ce regard si tenu, précis et singulier qu'il ne va plus quitter.
Rage ou Shivers avant sont encore brouillon. Mais dans "The Brood", tout est là formellement, entre Dreyer et Bergman.
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Re: Auteurisme bicéphale chez des garçons du cinéma bis français
Vidéodrome est un de mes préférés.
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Re: Auteurisme bicéphale chez des garçons du cinéma bis français
Pyramid Head - Silent Hill / Samouraï - Jean Tinguely
La statue de Tinguely en mouvement est vraiment effrayante, c'est son immobilité qui la rend ridicule.
Elle évoque bien l'univers rouillé de métal crissant du film.
Le malaise vient de ce que ce sont des mouvements mécaniques... mais pas naturel.
Pas dans la nature des mécaniques qu'on connait, un peu comme la démarche de ce croquemitaine.
Invité- Invité
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