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autour du Che

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Message par DB Jeu 12 Mar 2009 - 11:46

Je ne sais pour le travail d'historien, je serais tenté de dire que non.

Pour la simple et bonne raison que je ne vois pas en quoi SS nous contextualise son sujet, son objet. Quand bien même celui-ci serait cinématographique.

Sur un autre plan, je ne trouve pas sa démonstration convaicante - je n'ai pas vu le second, pas eu envie; mais du premier je n'en ai retenu que le début (les 20 premières minutes environ; dont la carte) et le passage final "je veux apporter la révolution".

Je ne vois pas bien ce que tu décris comme une erreur de la part de SS mais c'est certainement faute d'avoir vu le film.
DB
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Message par Invité Jeu 12 Mar 2009 - 15:33

Adeline et DB, je pense que vous n'aimerez pas non plus le second volet. Il faut l'avouer, le début du film est encore plus décontextualisé que le premier film. On voit le Che quelques plans avec sa famille, et puis d'un seul coup, tac il est en Bolivie pour lancer la révolution là-bas, mais on a l'impression que ça le prend vraiment "comme une envie de chier", passer moi l'expression. Mais en même temps, il faut recadrer avec la fin de l'épisode précédent où il annonce à Castro que son but, s'il se lance, est d'apporter la révolution" partout en Amérique du Sud. Si au début on ne comprend rien de ce que fait le Che là-bas, pourquoi il réuni quelques hommes (on a au début l'impression de potes qui se retrouvent dans la forêt pour taper le carton), c'est petit à petit que l'on découvre, dans les propos des personnages entre autre, la situation du pays, situation qui se révèlera être finalement un véritable étau pour le Che et ses hommes.

Le fait que tu trouves cela chiant Adeline, c'est peut-être lié au fait que SS ne fait pas du Che, je trouve assez intelligemment, une sorte d'idéaliste qui part comme ça la fleur au fusil tuer du milicien et se confronter directement avec ses hommes à l'ennemi, ce qui donnerai certes un bon gros film bourré d'action. Il n'en fait pas non plus un type qui va parlementer outre mesure avec eux, c'est plutôt le rôle de Castro dans le premier film, rôle qui va forcément manquer dans le second. En une séquence, SS résume assez bien le fossé qui sépare la révolution socialiste achevée de Cuba sous Castro et la lutte que mène encore le Che en Bolivie. On voit Castro dans une réception mondaine, avec le gratin du pays en tenue de soirée, comme revenu à l'état bourgeois où il était en début du premier film, avant la révolution, il explique aux invités comment on fait un plat, ou un cocktail, je ne me souviens plus. Cette scène est bien sûr à rapprocher, non seulement de la situation du Che en Bolivie au même moment, mais aussi de la scène du premier film à NY où l'on voit le Che éviter de se servir dans le buffet de petits fours lors d'une réception.

Toute la question est de savoir si c'est une erreur ou pas de la part de SS, ce dont je parle DB. Adeline me dirait sans doute que ça n'en est pas une, puisqu'elle a eu l'impression que lors de l'attaque finale du premier film elle ne trouvait nulle part où se positionner. Toutefois je serais plus nuancé, je pense que ce changement de point de vue, qui met une fois du côté des mitraillettes des miliciens, une fois dans la peau du Che est lié esthétiquement à des réflexes de mise en scène hollywoodiens pour faire monter le suspens. Ca passe très mal ici, c'est extrêmement maladroit, mais je crois que le camp de SS est assez clair tout le long du film, cette fin en caméra subjective est assez puissante, ça n'est pas rien comme choix de la part de SS, tirer sur le Che, s'est tirer sur les spectateurs qui sont restés là 4 heures à le suivre. C'est quelque part la multitude du corps du révolutionnaire qui continue, mais cette fois le corps accueille les millions de "corps" des spectateurs qui vont se disséminer à la sortie de la séance, ressuscitant par là même pourquoi pas une idée, un combat par delà la mort finale de l'homme auquel le film était consacré.

Par "bon travail d'historien", j'entends qui reste il me semble proche des intentions de l'homme dont il fait un biopic. La formule n'est peut-être pas très heureuse.

Je trouve qu'il y a un truc intéressant, je le disais déjà au-dessus, c'est que SS différencie assez nettement la lutte de la guérilla avec les actions de ses ennemis. Les erreurs, les égarements, les "bavures" sont sans arrêt corrigées, sanctionnées par le Che ou un de ses hommes, tandis que dans l'autre camp, on pille, on saccage, on ment, on intimide sans vergogne le peuple. Il y a véritablement une éthique de la révolution qui est en jeu. Ca n'est pas comme ce nomade dans "Un homme sans l'Occident" de Depardon qui reconnait à ses ennemis soldats dirigés par les colons, qui viennent de décimer toute sa troupe et l'encercler pour l'affamer, qu'il aurait fait pareil si c'était lui qui était à leur place. On peut trouver cela "cliché", perso je trouve cela plutôt bien vu.

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Message par DB Jeu 12 Mar 2009 - 16:35

Merci pour les précisions JM.
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Message par Invité Jeu 19 Mar 2009 - 20:34

"Le Grand Bleu" et "Le Dernier Empereur" ne sont-ils pas, dans ces conditions, les pseudo-récits non du héros comme individu mais de l'individu comme héros, c'est-à-dire ayant à rendre des comptes aux questions du sujet (désir et mort, alliance et filiation) et à constituer un spectacle ? Et ce spectacle ne nous reconduit-il pas loin en arrière, vers le thème de l'élection ?

Moi c'est moi/Pourquoi moi ? Je vois déjà pointer le "débat" sur le film de Scorsese, sur le prophétisme et sur la double nature du Christ, héros et individu. Mais il faut que la clôture de l'individu sur lui-même soit légitimée par une opération mythologique ayant eu lieu en amont et touchant à la "tautologisation" même.

Le champion du monde de plongée en apnée d'une part, l'empereur de Chine de l'autre ont ceci en commun : ils sont à une place unique, où il y a de la place pour un. Ce sont, en fait, de possibles héros mais tout le travail du film va consister à monter qu'ils n'y peuvent rien et qu'ils se contentent d'occuper cette place. La vieille place en or de "Rio Lobo" ! Héros sans héroïsme parce que cela ne dépend pas d'eux mais de leur définition mythique : à mi-chemin entre les hommes et les bêtes, les hommes et les dieux.

L'individu est généré par une limite qui ne vaut que pour lui, une frontière où il monte la garde. D'où l'infinie patience, bonne volonté, paresse qui le caractérise. Pas de prosélytisme possible puisque ce qui vaut pour l'un ne vaut pas pour l'autre. Pas besoin de comprendre l'Histoire ou l'histoire, l'autre-femme ou homme.
A quoi ressemble les spectacles de la mythologie de l'individu ? A de grandes boucles publicitaires si tant est que la publicité est l'exorcisme du temps et de la dégradation. Cela expliquerait l'esthétique de ces films, l'emploi du story-board comme chez Spielberg & Co.

Le public peut être très nombreux à assister à la passion singulière d'un ou deux individus exceptionnels qui ne sont plus des héros parce qu'ils n'ont rien de prométhéen. Mais cette "passion" est subie, comme dans la littérature midinette sur les rois et les reines revue par Frédéric Mitterrand. Mais ce public des classes moyennes est celui qui a appris à consommer ce qui l'individualise, à choisir "à la carte".

"L'individualisme n'a pas produit beaucoup d'individus", dit Musil quelque part. Il produit plutôt des singularités à la recherche de corps porteurs. "C'est/c'est pas mon/ton/son truc" pourrait être la définition de ces singularités.

S. Daney, L'exercice a été profitable, Monsieur, pp.135-136.

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Message par Invité Sam 28 Mar 2009 - 15:55

Vu la première heure de "Carnets de voyage" hier soir, aucun désir d'aller jusqu'au bout du voyage. Un film tout à fait déplaisant car complaisant dans la manière extrêmement consensuelle dont il aborde son sujet. Un Che dans lequel tout le monde peut se retrouver, mais l'"invitation" ne prend pas la même forme qu'à la fin du film de SS (caméra en vue subjective). Il y a une certaine forme de "travail" avec le spectateur dans le film de SS qui n'a pas lieu dans le film de Sales, pur divertissement "découverte du monde". Un film qui a dû faire rêver toute une génération d'étudiants Erasmus. Il me semble que c'est dans ce film-là que se trouve un aspect "(futurs) révolutionnaires qui font du tourisme" plutôt que dans le film de SS comme je l'ai lu ici ou là ; avec cartes postales de paysages, folklore local et cascades à moto répétées intégrés. Dans le film de SS, la nature joue un rôle assez simple, dans une opposition jungle/paysage urbain. Dans le deuxième épisode, la jungle est ce lieu où les soldats semblent tourner en rond, se perdent, paraissent revenir sans arrêt au même point (campement). Elle est bien filmée comme le terrain des opérations, guérilleros au centre, en début de film, l'impression que les soldats vont "au bout du monde" pour lancer leur révolution, se retirer loin de tout avant de revenir en terrain urbain par la force : victorieux. La révolution comme allez-retour.

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