les artistes
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Body Double
Sur la piste du circuit de course de l'île de Man, deux motos avec side-car intégré s'apprêtent côte à côte à prendre le départ. Les conducteurs sont rivés au volant, les équipiers prêts à pousser de toutes leurs forces. Le départ est imminent, la détermination extrême.
Mais curieusement, les deux équipes courent en sens opposé ; elles semblent en outre s'ignorer mutuellement, toutes les deux exclusivement concentrées sur leurs déterminations individuelles.
Un même logo hélicoïdal, composé de trois jambes repliées, comme en course perpétuelle, est imprimé sur sur les combinaisons des coureurs et sur le carénage de leurs engins. Appartiendraient-elles à la même équipe ?
MATTHEW BARNEY Cremaster 4 1994
Invité- Invité
Re: les artistes
Le grand battement à la seconde, dos à la barre, qu'exécute la danseuse est à la fois impeccable et dérisoire. La jambe levée est parfaitement placée - hanche basse, on voit la semelle du chausson, la main de la couronne est au-dessus du front, celle à la barre légèrement appuyée.
Pourtant, le bas du dos tassé, compact, le visage et le regard fixes, davantage encore que les formes opulentes, donnent un sentiment de lourdeur et d'absence. La jupette devenue trop courte ainsi que les seins mal contenus dans la tunique évoquent davantage la nostalgie de l'enfance que le grotesque.
La danseuse à la barre dérange dans ce cadre central presque amateur. Sa performance représentée pour elle même, s'inscrit sur toute la toile apparemment sans art, et dans une sorte d'enflure dérisoire. Elle semble finalement se soustraire au spectateur comme à la danse.
La danse est en général habituellement synonyme de joie, d'exploit, de jeunesse et de jubilation dans la technique. La danseuse évoque ici une solitude stoïque.
La forme extérieure de ce qui suggère habituellement et quasi automatiquement la jeunesse et l'exploit est bien représentée : perfection et maîtrise de la technique, rose au front, mais l'effet est inverse. On assiste à une forme canonique et sans grâce.
Au final on perçoit chez la danseuse, mêlé à l'excès et à la performance, une part de tristesse, voire de désespoir. Elle condense ces deux états émotionnels.
FERNANDO BOTERO Danseuse à la barre 2001
Invité- Invité
Re: les artistes
salut slimfast,slimfast a écrit:
Sur la piste du circuit de course de l'île de Man, deux motos avec side-car intégré s'apprêtent côte à côte à prendre le départ. Les conducteurs sont rivés au volant, les équipiers prêts à pousser de toutes leurs forces. Le départ est imminent, la détermination extrême.
Mais curieusement, les deux équipes courent en sens opposé ; elles semblent en outre s'ignorer mutuellement, toutes les deux exclusivement concentrées sur leurs déterminations individuelles.
Un même logo hélicoïdal, composé de trois jambes repliées, comme en course perpétuelle, est imprimé sur sur les combinaisons des coureurs et sur le carénage de leurs engins. Appartiendraient-elles à la même équipe ?
MATTHEW BARNEY Cremaster 4 1994
j'ai vu des statuettes latino-américaines qui avaient la forme de ce logo à trois jambes. au centre il y avait un visage. aucune idée de leur signification.
Invité- Invité
Re: les artistes
salut Stephane : où tu as vu cà ? Des trucs Mayas ?
moi j'adore ces têtes olmèques qui semblent casquées. Le visage était l'essentiel de leur art.
J'en ai vu une à Barcelone dans une petite rue, derrière la vitrine d'une échoppe : c'est hyper volumineux et ça pèse des tonnes : je ne sais pas comment ils ont fait pour l'y entrer ....
moi j'adore ces têtes olmèques qui semblent casquées. Le visage était l'essentiel de leur art.
J'en ai vu une à Barcelone dans une petite rue, derrière la vitrine d'une échoppe : c'est hyper volumineux et ça pèse des tonnes : je ne sais pas comment ils ont fait pour l'y entrer ....
Invité- Invité
Re: les artistes
Je tentais quelques lignes sur Barney mais.
Je suis un fainéant. Ce soir encore plus.
http://entrelacs.revues.org/343
Le symbole renvoie au triquètre.
(On pense au détournement du Bauhaus également)
https://www.google.fr/search?num=10&hl=fr&safe=off&site=&tbm=isch&source=hp&biw=1600&bih=756&q=triqu%C3%A8tre&oq=triqu%C3%A8tre&gs_l=img.12..0j0i24.1527.1527.0.2721.1.1.0.0.0.0.91.91.1.1.0.pchatac..0.0...1.2.8Kz12dniR94
Slimfast: quelle merveille Little Big planet (le 1) en effet. J'ai vu au début des années 2000 l'expo de Barney à Paris. Impressionnant. Je radote.
Maintenant, je vois ça comme un catalogue de quasi-héros d'une identité indifférenciée. Genesis P Orridge etc.
Je suis un fainéant. Ce soir encore plus.
http://entrelacs.revues.org/343
Le symbole renvoie au triquètre.
(On pense au détournement du Bauhaus également)
https://www.google.fr/search?num=10&hl=fr&safe=off&site=&tbm=isch&source=hp&biw=1600&bih=756&q=triqu%C3%A8tre&oq=triqu%C3%A8tre&gs_l=img.12..0j0i24.1527.1527.0.2721.1.1.0.0.0.0.91.91.1.1.0.pchatac..0.0...1.2.8Kz12dniR94
Slimfast: quelle merveille Little Big planet (le 1) en effet. J'ai vu au début des années 2000 l'expo de Barney à Paris. Impressionnant. Je radote.
Maintenant, je vois ça comme un catalogue de quasi-héros d'une identité indifférenciée. Genesis P Orridge etc.
- Spoiler:
Botero tjrs.
Dernière édition par careful le Jeu 20 Déc 2012 - 21:35, édité 1 fois
careful- Messages : 690
Re: les artistes
C'est une cage d'escalier traditionnelle dans un immeuble bourgeois. On gravit l'escalier bien ciré, distraitement attentif à ces murs soigneusement peints en trompe-l'oeil. On arrive sur un palier. Pas un bruit. Personne. Une porte close aux boutons de cuivre astiqués, au paillasson impeccable, est éclairée par la lumière de la fenêtre. On s'apprête à continuer l'ascension.
Mais un intrus est là et s'interpose : un serpent à la présence silencieuse nous dévisage. On ne peut plus continuer. Il vient d'en haut peut-être de là où l'on comptait se rendre.
La solitude jusqu'alors associée au calme devient angoissante : on est seul face à lui. La bête ne va pas reculer, on le voit bien. Seule la fuite est envisageable. Et après ? Revenir sera-t-il possible ?
Il faut désormais composer avec l'inquiétude engendrée par une impression d'insécurité existentielle.
Dernière édition par slimfast le Jeu 20 Déc 2012 - 21:52, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: les artistes
Crowley s'amusait avec ce symbolisme.
A l'expo de Barney, on pouvait lire des choses sur cet amuseur de A.Crowley d'ailleurs.
Slimfast, je te présente Buer.
Un des démons de Goetia. Un truc d'un traité de magie rituelle , Lemegeton.
"Les principaux manuscrits (Lemegeton) datent de la seconde moitié du xviie siècle et se trouvent à la British Library de Londres"
http://en.wikipedia.org/wiki/Goetia
A l'expo de Barney, on pouvait lire des choses sur cet amuseur de A.Crowley d'ailleurs.
Slimfast, je te présente Buer.
Un des démons de Goetia. Un truc d'un traité de magie rituelle , Lemegeton.
"Les principaux manuscrits (Lemegeton) datent de la seconde moitié du xviie siècle et se trouvent à la British Library de Londres"
http://en.wikipedia.org/wiki/Goetia
- Spoiler:
- Des types comme A.Jodorowsky (vu dans un de ses CM) ou des trous de balle comme MM ont continué sur cette lancée d'hommage cryptofolklo.
Dernière édition par careful le Jeu 20 Déc 2012 - 22:06, édité 4 fois
careful- Messages : 690
Re: les artistes
Le triquètre c'est aussi le drapeau de l'île de Man, tout simplement.
C'est aussi un symbole celte très courant associé je crois au soleil (qui se retrouve sans jambes en Bretagne).Il est largement utilisé dans le rock dès quelqu'un veut trouver un symbole néo (ou post) païen tout en affirmant un ancrage occidental, ce genre de connerie attrape-tout. A vrai dire personne ne sait à quoi il est associé précisément.
Il n 'y a pas vraiment de circuit de moto sur l'ile de Man, mais les routes de l'île sont utilisées par le Tourist Trophy, une course (ou plutôt une série de courses) assez mythique sur route (un circuit routier de 60km, ce qui est énorme de nos jours) qui compte parmi les plus dangereuses du monde (chaque années des tués, il faut dire que cela va plus vite que les courses sur circuit....). C'est un peu l'équivalent motocycliste des Mille Miglia italiennes (souvenez vous d'Amarcord Fellini les filme un peu), mais qui existerait encore. Et le logo du TT est aussi un triskelion...
Tout comme celui des sacs à vomi de la compagnie aérienne locale:
Et le motif des jetons des nombreux casino locaux car l'île semble être une zone franche défiscalisée pour ce genre de truc (norez le numéro de téléphone de Ray Davies)
http://www.whereyoucan.im/egaming
Le TT figurait au championnat du monde jusqu'au années 60 avant d'être retirée à cause de sa dangerosité. Depuis elle est un peu en marge des autres compétitions de moto.
C'est un peu un anachronisme, une surivance des courses mécaniques des années 1910-1950 (où on mourrait beaucoup, on sent que le sportif focalisait individuellement une perception publique de la mort qui se retrouvait dans le facisme: à la fois la morale du gladiateur et l'ouverture utopique sur une domestication de la technologie, perçue comme une puissance).
Peut-être que cela retient Barney
C'est aussi un symbole celte très courant associé je crois au soleil (qui se retrouve sans jambes en Bretagne).Il est largement utilisé dans le rock dès quelqu'un veut trouver un symbole néo (ou post) païen tout en affirmant un ancrage occidental, ce genre de connerie attrape-tout. A vrai dire personne ne sait à quoi il est associé précisément.
Il n 'y a pas vraiment de circuit de moto sur l'ile de Man, mais les routes de l'île sont utilisées par le Tourist Trophy, une course (ou plutôt une série de courses) assez mythique sur route (un circuit routier de 60km, ce qui est énorme de nos jours) qui compte parmi les plus dangereuses du monde (chaque années des tués, il faut dire que cela va plus vite que les courses sur circuit....). C'est un peu l'équivalent motocycliste des Mille Miglia italiennes (souvenez vous d'Amarcord Fellini les filme un peu), mais qui existerait encore. Et le logo du TT est aussi un triskelion...
Tout comme celui des sacs à vomi de la compagnie aérienne locale:
Et le motif des jetons des nombreux casino locaux car l'île semble être une zone franche défiscalisée pour ce genre de truc (norez le numéro de téléphone de Ray Davies)
http://www.whereyoucan.im/egaming
Le TT figurait au championnat du monde jusqu'au années 60 avant d'être retirée à cause de sa dangerosité. Depuis elle est un peu en marge des autres compétitions de moto.
C'est un peu un anachronisme, une surivance des courses mécaniques des années 1910-1950 (où on mourrait beaucoup, on sent que le sportif focalisait individuellement une perception publique de la mort qui se retrouvait dans le facisme: à la fois la morale du gladiateur et l'ouverture utopique sur une domestication de la technologie, perçue comme une puissance).
Peut-être que cela retient Barney
Dernière édition par Tony le Mort le Ven 21 Déc 2012 - 0:19, édité 7 fois
Invité- Invité
Re: les artistes
non c'est autre chose mais ces informations sur l'ïle de Man m'intéressent. merci.
Invité- Invité
Re: les artistes
La lumière de l'aurore qui irradie sur un ciel bleu et nuageux éclaire uniformément un paysage minéral composé de gros blocs de pierre épars sur un sable épais et terne. Quasi lunaire ou désertique, ce paysage dur et inhospitalier est adouci par la présence d'une petite étendue d'eau au premier plan.
La tête appuyée sur les rochers, quatre personnages diversement allongés dorment profondément au bord de l'eau. Leur présence conjointe est insolite en ce lieu. Les trois ouvriers encore dans leurs bleus de travail, leurs boîte à outils à proximité de main, se reposent d'une tâche technique ou minière, énigmatique dans ce paysage désertique. Le quatrième dormeur, un voyageur à la chevelure grisonnante et aux vêtements d'un autre temps, semble échappé d'une diligence ou d'un train à vapeur. La quiétude ou la profondeur de leur sommeil suggère que la journée de la veille a été fatigante.
Chacun paraît pris dans sa propre histoire, son propre rêve. Suspendu en l'air en position verticale, surpris tandis qu'il est en pleine ascension, un homme jeune aux vêtements mouillés et clairs jaillit de l'eau. Sa tête en hyperextension arrière, le haut du dos cambré ainsi que ses bras légèrement écartés font contraste avec la verticalité du bas de son corps. Sa position suggère l'ascension autant que la transe.
Contrairement aux autre personnages, il ne dort pas ; il paraît comme emporté par un phénomène surnaturel qui le dépasse. L'éclairage bilatéral qui l'enveloppe est sans rapport avec la lumière qui baigne le reste de la scène : ce jeu de lumière évoque un éclairage de plateau de théâtre.
Le sujet de l'ascension ainsi éclairé semble de ce fait être une source de lumière. Le choix des couleurs ainsi que la forte valence symbolique des objets et des personnages évoquent une certaine pureté originelle et une intervention surnaturelle.
Le traitement plastique différent des personnages qui dorment et de celui qui s'élève souligne que ce dernier participe à une expérience à laquelle les autres n'ont pas accès ou du moins pas consciemment.
Cette expérience mystique se distingue de celle des croyants, quelle que soit leur foi, dans la mesure où ces dernières s'inscrivent dans le cadre d'une religion, c'est à dire étymologiquement, dans ce qui relie. Ici tout sépare.
BILL VIOLA Sortie au jour, "Première Lumière", 2002
Dernière édition par slimfast le Ven 21 Déc 2012 - 19:33, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: les artistes
Le photocollage nous installe au volant d'une voiture de sport et de standing. Nous sommes à la place du conducteur. Le tableau de bord qui nous fait face semble reconstitué. Les détails les plus significatifs s'imposent sans équivoque dans notre champ visuel et l'on complète instinctivement les parties manquantes ou improbables afin d'établir l'unité de l'image et du lieu.
C'est le cas tout d'abord du volant qui, bien que tronqué, paraît prêt à être saisi. Derrière lui, les compteurs ronds et rassurants de la Mercedes évoque autant la vitesse que la fiabilité : l'engin est sous contrôle, on peut continuer à vive allure. Cette impression est accentuée par la tache lumineuse qui zèbre le volant et éclaire son pourtour : il fait beau, la route est libre et on va vite !
Aucune précaution particulière ne semble nécessaire. Le pied gauche plaqué au sol participe curieusement à l'impression de vitesse. Sous le compteur circulaire dans l'encadrement du volant, une disposition invraisemblable d'instruments, à la signalétique aussi familière qu'incompréhensible, s'agence autour d'une sorte de batterie à ailes si incongrue, qu'elle en devient décorative.
Sur la gauche la poignée de porte scintille. Fugitivement on s'interroge : pourrait-on l'ouvrir si nécessaire ? Le rétroviseur au-dessus rappelle de façon anecdotique que nous ne sommes pas seuls sur la route. Il apparaît détaché de la voiture, inaccessible, inutile au conducteur qui semble pouvoir s'en passer.
Mais au fait, où va-t-il si vite ? Les deux photos de la route, presque parfaitement ajustées représentent, bien plus loin que ne le voudrait la perspective, une autoroute qui serpente paisiblement dans le désert d'Arizona.
Simplement voila, la voiture n'est plus sur la route, mais déjà sur le bas-côté : le panneau indicateur du Grand Canyon semble avoir curieusement davantage attiré le conducteur que la route qui peut y conduire.
DAVID HOCKNEY Le volant, octobre 1982
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Re: les artistes
Cette claire silhouette de femme, se détachant à peine d'un ciel incertain, apparaît comme si nous étions couchés dans l'herbe et que nous la découvrions à son insu. Elle semble absolument seule dans cette nature immense qui l'absorbe entièrement.
Dans l'ombre, son bras droit, celui qui tient l'ombrelle, contraste avec l'ensemble du tableau tout en touches lumineuses. Seul point sombre de l'oeuvre il maintient le personnage prêt à se fondre dans la nature en un tout immatériel ou bien à s'évanouir comme un rêve.
L'apparition dont on ne devine pas même le visage derrière un voile léger, est à l'unisson avec le paysage qui l'entoure. Rêveuse au coeur du rêve ses pensées vagabondent comme des nuages au vent.
Et c'est précisément son absence, qui nous la rend plus présente. L'expérience intérieure qu'elle vit semble la blesser autant qu'elle affirme sa présence.
CLAUDE MONET Essai de figure en plein air : femme tournée vers la gauche 1886
connu aussi sous le nom de : La femme à l'ombrelle
Invité- Invité
Re: les artistes
Le ciel immense, lieu mouvant de constellations en suspension, emplit immédiatement notre champ visuel. Ces constellations foisonnent, tourbillonnent et investissent l'espace de leur présence lumineuse.
Plus bas, le village blotti dans la campagne s'est assoupi dans la pénombre. Au premier plan la masse sombre d'un cyprès-torche fait communiquer les deux univers parallèles que sont la terre et le ciel, et nous invite à participer, témoins privilégiés, à l'extraordinaire danse du monde.
Une fois l'étonnement passé, on peut détailler les courbes des nuées prises dans la pâte épaisse de la peinture, l'étonnant soleil lunaire et le flot de lumière qui épouse la silhouette des montagnes à l'horizon.
Ce mélange de familier et de surnaturel témoigne d'une expérience hallucinatoire.
VINCENT van GOGH Nuit étoilée 1989
Il vit alors à l'asile de Saint-Rémy. Moins d'un an plus tard il se tire une balle dans la poitrine.
Invité- Invité
Re: les artistes
Le regard est irrésistiblement attiré vers un point de fuite situé sur la droite de la gravure en direction duquel converge, comme aspirée, une multitude hétéroclite. Seul un scarabée, au premier plan, est immédiatement identifiable parce qu'il est plus gros que les autres.
Un examen minutieux de la composition de ce vaste champ d'épandage révèle en vrac, des tôles, un hélicoptère, un corps de chasse, une seringue, un domino, des corps d'ommes ou d'animaux à la dérive ...
Les objets sont ici mêlés sans hiérarchie ; dévitalisés, ils s'amoncellent comme des déchets d'un monde pléthorique qui ne parviendrait pas à les éliminer. Le dessin est d'un minutie extrême ; les objets insaisissables dans leur globalité, s'imposent dans un rapport mélancolique à la mort, dénué de toute transcendance, impression renforcée par la technique du burin utilisée par l'artiste.
JEAN-PIERRE VELLY Un point c'est tout 1978
Invité- Invité
Re: les artistes
Sur un fond sable ou coquille d'oeuf, un écorché, comme échoué se recroqueville sur lui-même. Derrière la barrière fragile de ses bras, son corps est l'objet d'une transformation insidieuse mais déjà manifeste. Son bassin s'alourdit, son buste s'étire et progressivement ses bras se désarticulent tandis que s'atrophient ses jambes ; toute résitance est impossible.
Seule la tête blanche comme momifiée, semble préservée de ce bouleversement. La vie pourtant habite cet écorché. La densité animale de ses masses musculaires contractées n'évoque en effet pas la mort.
Un fin liseré entoure le dessin anatomique du personnage et donne à voir ce qui se passe à l'intérieur de lui, comme si l'on pouvait radiographier la souffrance. Nous accédons ainsi presque malgré nous, à un espace aux confins de la naissance et de la mort, espace originel habituellement interdit au regard. Au premier réflexe de recul, consécutif à ce dévoilement, fait immédiatement suite l'empathie que l'on ressent à l'égard du personnage allongé. En prise avec ces deux mouvements affectifs qui s'imposent avec une force égale, notre regard, presque gêné, hésite et s'inquiète devant cette masse sombre, tout à la fois foetus et agonisant, animal et humanoïde.
KIKI SMITH Sueño 1992
Invité- Invité
Re: les artistes
Les trente deux personnages mis en scène par Katarina Fritsch semblent identiques et perdus dans leurs pensées. Immobiles, mains posées sur la table, dos légèrement voûté, regard baissé, ils sont comme absorbés en dedans d'eux-mêmes. Le blanc de leur chair et le noir de leurs cheveux et de leurs chemises évoquent l'uniforme, la propreté autant que l'absence.
En contraste apparent, la nappe aux motifs rouges, donne, un instant, une illusion de fantaisie. Mais on est bientôt gagné avec la similitude dans la reproduction fractale des motifs géométriques et des personnages aux poses en miroir par la perspective vertigineuse.
L'expression des visages, la position des mains et des corps suggère une pensée à l'oeuvre. Mais la similitude et la fixité des poses laisse imaginer que cette pensée est faite, elle, aussi de répétitions.
Pour cette compagnie à table, la pensée en boucle imperméable aux sollicitations extérieures semble constituer une lutte contre des idées de mort dans un monde prévisiblement sans espérance.
KATHARINA FRITSCH Compagnie à table 1988
Invité- Invité
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