Le transfert culturel germanique vers Hollywood
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
La nouvelle vague aussi a subi cette inflence : Lang joue Lang chez Godard. Rohmer fait sa thèse sur la Faust de Murnau, indirectement Chabrol et Truffaut par leur ouvrages s'inspirent d'Hitchcock, lui même ayant subi l'influence germanique.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
En 59 Truffaut écrit : A revoir l'oeuvre de fritz Lang, on est frappé de ce qu'il y avait d'hollywood dans ses films allemands ( Les Espions, Metropolis, Le Testament du docteur Mabuse ) et de ce qu'il a voulu conserver de germanique dans son oeuvre américaine( les décors, certains éclairages, le goût des perspectives, des angles vifs etc...).
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Il continue : on comprend aisément ce qu'il put naguère y avoir d'irritant dans le départ de nos meilleurs cinéastes européens pour Hollywood, et la tentation puérile de voir, avec l'exil, disparaître le plus clair de leur génie ; mais le chauvinisme ne trouverait-il pas aussi bien son compte si nos critiques voulaient bien adopter le parti pris opposé et déclarer que le meilleur de la production américaine est d'inspiration européenne ( Hitchcock, Lang, Preminger, Renoir, etc ).
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
On reconnait le style de Truffaut toujours prêt à retourner l'argument sur lui même, marque de la nouvelle vague.
Dans les années 50 Lang figurent souvent dans les listes des meilleurs films des critiques des cahiers particulièrement dans celles de Rivette.
Dans les années 50 Lang figurent souvent dans les listes des meilleurs films des critiques des cahiers particulièrement dans celles de Rivette.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Godard dans le Mépris insiste sur les liens de filiation entre la culture grecque classique et la culture allemande ( comme Rohmer l'avait fait avant dans son éloge plus qu'appuyé de Tabou ) :non seulement Lang tourne une adaptation d'Homère, mais il cite Hölderlin et sa méditation sur le rapport entre l'homme et les dieux qu'il a crées.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
L'hybridation est décidément à l'oeuvre dans le film de Godard notamment par l'entrelacement particulièrement réussi des registres nationaux et linguistiques, quatre au total : allemand bien sur avec Lang, une espèce de type de " tous les grands artistes qui entrent dans la vieillesse ", type auquel Lang semble volontiers souscrire ; français avec godard ( l'assistant de Lang ) , le scénariste et sa femme ; italien avec le personnage de Francesca ( Giogia Moll ), les lieux de tournage, Rome et capri, l'hommage à Voyage en Italie de Rossellini ( qui forme avec Renoir la référence ultime de la NV ) ; américain enfin avec les hommages au cinéma hollywoodien et le personnage du producteur Jérémie Prokosch, le demi-dieu joué par jack Palance, dont le rôle est comme un hiatus hollywoodien dans le cinéma de godard.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Godard a cette formule singulière pour mettre un point final à ce qui n'est d'ailleurs pas un scénario : En somme ce qu'il s'agit de faire c'est de réussir un film d'Antonioni, c'est à dire de le tourner comme un film de hawks ou d'Hitchcock , reprenant au passage le fameux H/H.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Rivette lui, fait figurer J'ai le droit de vivre parmi les dix meilleurs films américains du parlant. IL rapproche aussi Lang et Murnau, ici L'aurore " exemple absolu de construction dialectique rigoureuse ". De là a voir dans cet éloge de Lang, une part d'autoportrait de Rivette, une préfiguration de ce que sera l'ambition de son cinéma.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Un autre trait apparente rivette à Lang : le goût de l'entrelacs, des conspirations et des intrigues implexes, du feuilletonesque etc.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
A y prêtrer attention, derrière Murnau et Lang deux autres figures du cinéma allemand émergent :Lubitsch, figure historique, Preminger, contemporaine.
Lubitsch a été " découvert " assez tard par les Cahiers et c'est paradoxalement Straub qui en fera " l'égal pour lui de Murnau et Lang ".
Preminger contemporain est interviewé. Il est loué pour son objectivité, son goût quasi abstrait de la mise en scène, en gros pour des qualités qui l'apparentent à Lang.
C'est chez Godard et Rivette que les affinités avec Preminger apparaissent le plus clairement, tandis que Truffaut en pince pout lubitsch et l'utilisera abondamment dans ses films.
Lubitsch a été " découvert " assez tard par les Cahiers et c'est paradoxalement Straub qui en fera " l'égal pour lui de Murnau et Lang ".
Preminger contemporain est interviewé. Il est loué pour son objectivité, son goût quasi abstrait de la mise en scène, en gros pour des qualités qui l'apparentent à Lang.
C'est chez Godard et Rivette que les affinités avec Preminger apparaissent le plus clairement, tandis que Truffaut en pince pout lubitsch et l'utilisera abondamment dans ses films.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Godard fait un véritable dithyrambe du temps d'aimer et du temps de mourir de Sirk : "Et pour ma part je n'ai jamais cru autant à une jeune Allemande, dans le Troisième Reich qui s'effondre, qu'en voyant cette Zurichoise - Liselotte Pulver - tressauter nerveusement à chaque recadrage. Allons plus loin je n'ai jamais cru autant à l'Allemagne en guerre qu'en voyant ce film américain".
Dans l'ensemble consacré par les cahiers à Sirk il est à noter qu'à le différence de Lubitsch où l'on ne trouvait que les signatures des cinéastes de la nouvelle vague, ici le relais est assuré par des signatures de critiques de la génération postérieure comme Comolli et Daney.
Dans l'ensemble consacré par les cahiers à Sirk il est à noter qu'à le différence de Lubitsch où l'on ne trouvait que les signatures des cinéastes de la nouvelle vague, ici le relais est assuré par des signatures de critiques de la génération postérieure comme Comolli et Daney.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Tout autre est le cas d'Ophuls qui prendra rang, mais seulement après sa mort, parmi les cinéastes de référence de la NV.
A la différence des Allemands d'Amérique Ophuls est vu moins comme un cinéaste "germanique" que comme un cinéaste français : il adapte Maupassant, Louise de Vimorin, il lit Balzac, Musset.
En fait les admirateurs d'Ophuls se démarquent des critiques chauvins qui reprochent au cinéaste ses excès décoratifs, l'église baroque du Plaisir , bien épinglée par Bazin, le baroque de Lola Montes - que personnellement je déteste - en les attribuant à ses origines prétendument viennoises ou bavaroises.
Ophuls lui même raconte cette anecdote : un jour il suggère à quelqu'un que les européens devraient faire des films musicaux par exemple sur la musique d'Offenbach et le type de répondre : "Mais Offenbach n'est pas français !"
Ophuls prend la mouche, se renfrogne, il est exactement dans le même cas :" c'est monstrueux ".
A la différence des Allemands d'Amérique Ophuls est vu moins comme un cinéaste "germanique" que comme un cinéaste français : il adapte Maupassant, Louise de Vimorin, il lit Balzac, Musset.
En fait les admirateurs d'Ophuls se démarquent des critiques chauvins qui reprochent au cinéaste ses excès décoratifs, l'église baroque du Plaisir , bien épinglée par Bazin, le baroque de Lola Montes - que personnellement je déteste - en les attribuant à ses origines prétendument viennoises ou bavaroises.
Ophuls lui même raconte cette anecdote : un jour il suggère à quelqu'un que les européens devraient faire des films musicaux par exemple sur la musique d'Offenbach et le type de répondre : "Mais Offenbach n'est pas français !"
Ophuls prend la mouche, se renfrogne, il est exactement dans le même cas :" c'est monstrueux ".
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Il faudrait aussi citer Wilder, Stroheim, Sternberg, Dreyer ....
La filiation germanique apparaît encore en filigrane chez Renoir par exemple, qui à maintes reprises a reconnu sa dette envers le naturalisme des Rapaces de Stroheim. Il a tenté de maintenir cette esthétique vivante dans son adaptation de Nana ( dont Godard reconnait l'importance dans Vivre sa Vie ) mais aussi La Chienne, et evidemment en donnant à Stroheim l'occasion d'endosser et étoffer le personnage de Rauffenstein dans la Grande Illusion.
La filiation germanique apparaît encore en filigrane chez Renoir par exemple, qui à maintes reprises a reconnu sa dette envers le naturalisme des Rapaces de Stroheim. Il a tenté de maintenir cette esthétique vivante dans son adaptation de Nana ( dont Godard reconnait l'importance dans Vivre sa Vie ) mais aussi La Chienne, et evidemment en donnant à Stroheim l'occasion d'endosser et étoffer le personnage de Rauffenstein dans la Grande Illusion.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Le cas d'Hichcock présente davantage de difficultés : d'abord parce que son oeuvre comporte deux périodes, anglaise et hollywoodienne ; ensuite parce qu'Hitchcock apparaît en même temps et contradictoirement comme un formaliste obsessionnel toujours gagné par l'ambition de toucher le plus grand public possible ; enfin parce que ses films entretiennent des rapports etroits et complexes avec ceux de Lang.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Selon Godard les Allemands de Hollywood seraient, à l'instar d'Hitch., des "mystiques" mais qui visent à "l'iniversel, ce qui expliquerait qu'ils se soient épanouis dans le cadre " très fortement international " que leur offrait hollywood.
En d'autres termes, Hitch. comme " les cinéastes allemands de Hollywood " sont des auteurs qui avancent masqués dans un cinéma de genres populaires, qu'ils n'ont de toute façon pas la possibilité de ne pas choisir.
Hollywood tient les rênes.
En d'autres termes, Hitch. comme " les cinéastes allemands de Hollywood " sont des auteurs qui avancent masqués dans un cinéma de genres populaires, qu'ils n'ont de toute façon pas la possibilité de ne pas choisir.
Hollywood tient les rênes.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
je suis tombé par hasard sur Le temps d'aimer et le temps de mourir . Avec Godard lol je pense que c'est un des meilleurs Sirk, rapide, épidermique, inéluctable, serré dans le cadrage, aux lignes claires et épurées, sans clinquant, réduit non pas à l'essentiel mais au meilleur des possibles.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Truffaut au fond n'a été imprégné que très superficiellement par les films d'Hitchcock - La mariée était en noir et La sirène du mississipi par exemple qui ne sont ni ses meilleurs films ni ses plus personnels.
En revanche la référence est plus probante et clairement affichée dans une partie non négligeable des films de Chabrol : par exemple personne ne peut ignorer que Merci pour le chocolat est un ( très bon ) film hitchcockien ! Ne serait-ce que la descente en voiture, sur la route en lacets vers le lac qui rappelle au moins deux ou trois séquences de films d'Hitch.
En revanche la référence est plus probante et clairement affichée dans une partie non négligeable des films de Chabrol : par exemple personne ne peut ignorer que Merci pour le chocolat est un ( très bon ) film hitchcockien ! Ne serait-ce que la descente en voiture, sur la route en lacets vers le lac qui rappelle au moins deux ou trois séquences de films d'Hitch.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Cette influence germanique, on la trouvait également dans la peinture américaine du 19ième siècle. Des peintres tel que Bierstadt ou Bingham, qui ont popularisés le mythe de la Frontière et de l'Ouest Sauvage en peignant le Yosemite Park ou la vie des trappeurs, furent très influencés par l'école dite de Düsseldorf. D'ailleurs quand Bingham se rend en Europe c'est avec des peintres allemands, et uniquement allemands, qu'il veut converser.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Albert Bierstadt a d'ailleurs vécu les 29 premières années de sa vie en Allemagne (il est né à Solingen).
Ses tableaux de nature sauvage ont eu un impact tel aux USA qu'on l'a nommé à la National Academy Of Design de New York et des sites du Colorado ont été baptisés en son honneur (The Lake Bierstadt, Mount Bierstadt). Son tableau "The Last Of The Buffalo" a également été utilisé comme timbre par la poste US.
Ses vues du Yosemite ont, évidemment, influencées par la suite des réalisateurs comme Mann, Ford etc... pour la construction de leurs westerns.
Un de ses tableaux, comme l'avait fait remarquer Borges, apparait également dans "Badlands", dans la maison familiale.
Ses tableaux de nature sauvage ont eu un impact tel aux USA qu'on l'a nommé à la National Academy Of Design de New York et des sites du Colorado ont été baptisés en son honneur (The Lake Bierstadt, Mount Bierstadt). Son tableau "The Last Of The Buffalo" a également été utilisé comme timbre par la poste US.
Ses vues du Yosemite ont, évidemment, influencées par la suite des réalisateurs comme Mann, Ford etc... pour la construction de leurs westerns.
Un de ses tableaux, comme l'avait fait remarquer Borges, apparait également dans "Badlands", dans la maison familiale.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
On n'avait pas parlé à un moment de l'influence d'une bd allemande, qui mettait en scène un guerrier indien, sur l'imaginaire indien à Hollywood ? Ou alors je mélange tout…
adeline- Messages : 3000
Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Adeline ma mémoire est une passoire et je n'ai pas souvenir de cette bd ... ?
Dr. ce dernier tableau est tout à fait remarquable dans sa manière de jouer avec le cadre, la disposition des bêtes, de l'homme et la profondeur de champ. Il a aussi une grande puissance d'évocation.
Tu es très perspicace.
Dr. ce dernier tableau est tout à fait remarquable dans sa manière de jouer avec le cadre, la disposition des bêtes, de l'homme et la profondeur de champ. Il a aussi une grande puissance d'évocation.
Tu es très perspicace.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Oui c'est vraiment un tableau remarquable qui mérite de de symboliser les states sur un timbre.
Quelle consécration pour ce peintre d'origine allemande.
Mais pourquoi vient il aux USA mi 19 eme, m'a t'il semblé voir ?
Quelle consécration pour ce peintre d'origine allemande.
Mais pourquoi vient il aux USA mi 19 eme, m'a t'il semblé voir ?
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Disons que l'inspiration d'Hitch. est avant tout visuelle ( Fenêtre sur cour et bien d'autres films ). Celle de Truffaut est d'une tout autre nature : elle est fidèle à ses sources littéraires. D'ailleurs on a dit que la problématique au coeur de l'oeuvre de Truffaut était celle de l'adaptation : ce qu'il avait vilipendé avant comme critique, il l'a révolutionné après comme cinéaste. On doit lui faire crédit de cette cohérence dans sa filmographie. Le dernier métro est une forme très élaborée et singulière d'adaptation, ici d'une pièce, qui pourrait avoir un rapport à Bergman si jamais Truffaut, comme parfois, n'y avait pas mis trop de baume au coeur.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
slimfast a écrit:Oui c'est vraiment un tableau remarquable qui mérite de de symboliser les states sur un timbre.
Quelle consécration pour ce peintre d'origine allemande.
Mais pourquoi vient il aux USA mi 19 eme, m'a t'il semblé voir ?
Je ne peux pas répondre à cette question. Quand il arrive aux USA, il suit les expéditions de Frederick W. Lander, créateur de la route du même nom, jusque dans le Wyoming et l'Oregon. C'est là qu'il peint ses tableaux les plus connues. Il retournera dans l'Ouest par la suite pour s'y exiler pendant la guerre de Sécession. C'est drôle, car le succès de Bierstadt a été quasiment instantané aux USA. Autre anecdote intéressante, en 1882 son atelier prend mystérieusement feu et une grande quantité de toiles finissent en cendres.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
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