Le transfert culturel germanique vers Hollywood
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Le transfert culturel germanique vers Hollywood
la musique de Webern et Schönberg a répercuté le cri de Munch à travers des timbres agressifs et cassés ; cela s'applique à la partition de Bernard Herrmann pour Psychose. Hermann révérait Schönberg et sa polytonalité. Les "pizzicati" imaginés pour la scène de douche s'en inspirent. C'est lui Hermann qui persuada Hitchcock, pas très féru de musique, d'en utiliser pour la scène de douche. Avec l'accompagnement musical elle est très impresionnante, beaucoup plus que sans, avec des bruits d'ambiance comme le voulait Hitchcock au départ, et elle révèle le filigrane expressionniste d'Hitchcock.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Beaucoup voient dans la version de 1893 du Cri d'Edward Munch, le début de l'expressionnisme pictural.
Il est amusant de penser que ce visage blafard est déformé est peut être devenu familier à une génération entière de spectateurs de cinéma à travers l'utilisation qu'en a fait Wes Craven dans la trilogie des Scream, dont les racines hitchcokiennes sont évidentes.
Ce visage blafard et déformé par le cri, en gros plan, est d'ailleurs l'une des images les plus obsessionnelles du cinéma d'Hitch. depuis l'origine, ne serait-ce que que dans Les Oiseaux.
Il est amusant de penser que ce visage blafard est déformé est peut être devenu familier à une génération entière de spectateurs de cinéma à travers l'utilisation qu'en a fait Wes Craven dans la trilogie des Scream, dont les racines hitchcokiennes sont évidentes.
Ce visage blafard et déformé par le cri, en gros plan, est d'ailleurs l'une des images les plus obsessionnelles du cinéma d'Hitch. depuis l'origine, ne serait-ce que que dans Les Oiseaux.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
http://start.funmoods.com/results.php?s=scream&category=images&a=tuto&f=4&start=1
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Hitch. n'aimait pas beaucoup avouer des influences ou même seulement des sympathies. Il devait penser qu'elles affecteraient l'image de "maître" qu'il s'est acharné à se composer ...
Donc sur son apprentissage en Allemagne il ne révèle pas grand chose ( l'Allemagne est dans ces années là la première nation de cinéma ). Il est d'abord assistant à Berlin où Murnau tourne sur le plateau d'à côté Le Dernier des Hommes. Il fait son premier film à Munich en 1925, The Pleasure Garden, et l'année suivante The Mountain Eagle , en Autriche. Deux films coproduits par une filiale de la UFA.
Dans ses entretiens Truffaut lui lance des perches pour savoir ce qu'il pense de Lang ou Murnau. La seule chose qu'il qu'Hich. laisse échapper, mais non des moindres, est qu'il a recherché jusque dans son style photographique l'équivalent de ce que faisait Murnau.
Donc sur son apprentissage en Allemagne il ne révèle pas grand chose ( l'Allemagne est dans ces années là la première nation de cinéma ). Il est d'abord assistant à Berlin où Murnau tourne sur le plateau d'à côté Le Dernier des Hommes. Il fait son premier film à Munich en 1925, The Pleasure Garden, et l'année suivante The Mountain Eagle , en Autriche. Deux films coproduits par une filiale de la UFA.
Dans ses entretiens Truffaut lui lance des perches pour savoir ce qu'il pense de Lang ou Murnau. La seule chose qu'il qu'Hich. laisse échapper, mais non des moindres, est qu'il a recherché jusque dans son style photographique l'équivalent de ce que faisait Murnau.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Hitch. préfère sans doute qu'on traque les marques de germanisme dans ses films, les films étant pour lui les plus généreux des aveux.
L'expressionnisme cinématographique n'a été qu'une manifestation tardive d'un mouvement ayant démarré dès la fin du XIXeme, dans la peinture, la littérature et au théâtre. Et c'est en référence à ces formes de l'art expressionniste qu'il s'est ensuite développé au cinéma.
Ce "parasitisme" des autres arts a fait que les grandes oeuvres du cinéma expressionniste existent indépendamment du cinéma d'auteur. c'est pour le plus connu Robert Wiene et Le Cabinet du Docteur Caligari.
Lang, Murnau, empruntent souvent beaucoup mais sans jamais sacrifier totalement au style "à la mode".
Au fond, Hitch. à leur exemple a fait pareil.
L'expressionnisme cinématographique n'a été qu'une manifestation tardive d'un mouvement ayant démarré dès la fin du XIXeme, dans la peinture, la littérature et au théâtre. Et c'est en référence à ces formes de l'art expressionniste qu'il s'est ensuite développé au cinéma.
Ce "parasitisme" des autres arts a fait que les grandes oeuvres du cinéma expressionniste existent indépendamment du cinéma d'auteur. c'est pour le plus connu Robert Wiene et Le Cabinet du Docteur Caligari.
Lang, Murnau, empruntent souvent beaucoup mais sans jamais sacrifier totalement au style "à la mode".
Au fond, Hitch. à leur exemple a fait pareil.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
De très beaux tableaux expressionnistes :
http://www.eternels-eclairs.fr/die-brucke-tableaux-heckel-schmidt-rottluff-nolde-pechstein.php
http://www.eternels-eclairs.fr/die-brucke-tableaux-heckel-schmidt-rottluff-nolde-pechstein.php
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Dans ce tableau de Karl Schmidt-Rottluff l'étrangeté et le caractère monumental des figures humaines évoquent les statues de l'île de Pâques.
La confrontation de l'humain au monumental est assez obsessionnelle chez Hitch. également.
Dans le final de Cinquième colonne ( saboteur ) sur la statue de la Liberté, la main gigantesque du monument devient un promontoire dérisoire d'où le héros va tendre sa main minuscule au méchant.
Dans le mort aux trousses au sommet des monts Rushmore, là c'est le méchant qui refuse de tendre la main à Cary Grant.
Cette confrontation du petit et du grand, chez Hitch. est bien proche de l'intégration, de la fusion.
Le caractère massif des visages des présidents, le grain de la matière reconstituée en studio évoque aussi des statues de lîle de Pâques.
La confrontation de l'humain au monumental est assez obsessionnelle chez Hitch. également.
Dans le final de Cinquième colonne ( saboteur ) sur la statue de la Liberté, la main gigantesque du monument devient un promontoire dérisoire d'où le héros va tendre sa main minuscule au méchant.
Dans le mort aux trousses au sommet des monts Rushmore, là c'est le méchant qui refuse de tendre la main à Cary Grant.
Cette confrontation du petit et du grand, chez Hitch. est bien proche de l'intégration, de la fusion.
Le caractère massif des visages des présidents, le grain de la matière reconstituée en studio évoque aussi des statues de lîle de Pâques.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Vers 1924 la peinture expressionniste connait un ultime avatar, chez George Grosz, Ottot Dix ou Max Beckmann, c'est le réalisme grimaçant et caricatural. Il s'exerce chez les peintres allemands - mais chez Pabst aussi, comme dans La Rue sans Joie - aux dépens de la bourgeoisie en place ou de l'ordre établi.
L'univers d'Hitch., lui même soucieux de reconnaissance voire de revanche sociales, présente un conformisme de surface indéniable.
Pourtant sans faire beaucoup d'efforts on peut trouver dans ses films des détails agressifs, vifs et brefs, décochés aux mêmes cibles bourgeoises et qui semblent lacérer la lisse esthétique hitchcockienne.
L'univers d'Hitch., lui même soucieux de reconnaissance voire de revanche sociales, présente un conformisme de surface indéniable.
Pourtant sans faire beaucoup d'efforts on peut trouver dans ses films des détails agressifs, vifs et brefs, décochés aux mêmes cibles bourgeoises et qui semblent lacérer la lisse esthétique hitchcockienne.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
C'est la vulgarité de l'opulente, physiquement et financièrement, Florence Bates dans Rebecca. Elle est "épinglée" fugitivement mais de façon profonde dans le geste qu'elle a pour éteindre sa cigarette dans un pot de crème fraîche !
Ce détail sera repris en couleur pour le personnage de Jessie Royce Landis qui éteint une cigarette dans le jaune d'un oeuf au plat lors d'un petit déjeuner dans La Main au Collet.
Ce détail sera repris en couleur pour le personnage de Jessie Royce Landis qui éteint une cigarette dans le jaune d'un oeuf au plat lors d'un petit déjeuner dans La Main au Collet.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
C'est à la même source d'inspiration, plus noire encore, qu'appartient la vision de Leopoldine Konstantin/I. Bergman, visage dur et cheveux dénoués en bataille, comme une sorcière, après la bringue de la veille, allumant une cigarette avec une vulgarité aussi consommée, qu'insoupçonnée dans Les Enchaînés.
Il y a aussi la badaude obèse qui croque un pomme avec vulgarité, près de l'assassin, dans la foule, au moment de l'arrestation de Père Logan/Montgomery Clift dans la Loi du Silence.
Il y a aussi la badaude obèse qui croque un pomme avec vulgarité, près de l'assassin, dans la foule, au moment de l'arrestation de Père Logan/Montgomery Clift dans la Loi du Silence.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
On peu citer encore la romancière sans doute lesbienne de Soupçons ou encore l'homme d'affaires au chapeau de cow-boy qui agite avec ostentation des billets de banques d'origine douteuse au début de psychose - l'exhibition des billets de banque était un des leitmotive des cinémas expressionniste et réalistes.
A ces détails on pourrait en ajouter bien d'autres. Par exemple ceux d'un des derniers films, Frenzy.
A ces détails on pourrait en ajouter bien d'autres. Par exemple ceux d'un des derniers films, Frenzy.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Dans Frenzy le goût prononcé de la laideur - cheveux roux teints et cravate mauve de l'assassin, cheveux couleur carotte de la mère - les détails crus - le gros plan de la femme étranglée aux yeux exorbités et à la langue pendant de côté, obscène - le décor - le marché de Covent Garden - et la palette chromatique - les motifs floraux des papiers peints - renvoient très directement à l'inspiration picturale de Grosz ou de Dix.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Bonjour Slimfast.
Concernant les influences artistiques de Hitch, je suis tombé là dessus. Je ne sais pas si cela peut t'intéresser :
http://www.cineclubdecaen.com/peinture/expositions/hitchcocketlart.htm
Comme tu l'as écris, Hitch semblait être de très mauvaise foi concernant ses influences. Il avait souvent dit, il me semble, qu'il n'était quasiment jamais allé au cinéma de sa vie (on y croit...) et que de ce fait il n'a pas pu être influencé par quelques films ou réal que ce soit. Il aimait se réfugié dans ce personnage de "génie inné".
Concernant les influences artistiques de Hitch, je suis tombé là dessus. Je ne sais pas si cela peut t'intéresser :
http://www.cineclubdecaen.com/peinture/expositions/hitchcocketlart.htm
Comme tu l'as écris, Hitch semblait être de très mauvaise foi concernant ses influences. Il avait souvent dit, il me semble, qu'il n'était quasiment jamais allé au cinéma de sa vie (on y croit...) et que de ce fait il n'a pas pu être influencé par quelques films ou réal que ce soit. Il aimait se réfugié dans ce personnage de "génie inné".
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Merci Dr.
cet ouvrage cité Hitch. et l'art , sous la direction de Dominique Païni a l'air particulièrement intéressant.
Merci encore.
cet ouvrage cité Hitch. et l'art , sous la direction de Dominique Païni a l'air particulièrement intéressant.
Merci encore.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Il y a encore dans une lithographie de Max Beckmann d'une série consacrée à la ville et que je n'ai pas retrouvée sur internet, un meurtre représenté au loin, à travers le cadre d'une fenêtre et dont à l'instar de celui de Fenêtre sur Cour le spectateur devient voyeur.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Un certain air de ressemblance
Dernière édition par slimfast le Sam 28 Juil 2012 - 12:12, édité 1 fois
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Je reviens à Hitch. mais c'est vrai que ces peintres expressionnistes allemands des années 10 et 20 me fascinent. Les croquis des Gueules cassées de la grande guerre par Otto Dix sont ... expressionnistes ! En plus c'est très moderne et il ont réussi à infiltrer tous les arts.
Un des recoupements les plus évidents qu'on peut faire entre Hitch. et l'expressionnisme allemand est d'ordre thématique. Dans toutes ses formes l'expressionnisme était fasciné par la représentation de la mort et les titres de certains titres des peintures de Kokoschka par exemple évoquent des images morbides qui pourraient provenir de certains films d'Hitch. comme les teléfilms que je n'ai pas vu mais qui semblent avoir été pour lui par leur brièveté un champ d'action expérimental : c'est Femme avec enfant et mort, La femme marche sur la civière où git le cadavre du mari, L'homme sort la tête de la tombe sur laquelle la femme est assise.C'est Hitch. tout craché !
Un des recoupements les plus évidents qu'on peut faire entre Hitch. et l'expressionnisme allemand est d'ordre thématique. Dans toutes ses formes l'expressionnisme était fasciné par la représentation de la mort et les titres de certains titres des peintures de Kokoschka par exemple évoquent des images morbides qui pourraient provenir de certains films d'Hitch. comme les teléfilms que je n'ai pas vu mais qui semblent avoir été pour lui par leur brièveté un champ d'action expérimental : c'est Femme avec enfant et mort, La femme marche sur la civière où git le cadavre du mari, L'homme sort la tête de la tombe sur laquelle la femme est assise.C'est Hitch. tout craché !
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Par ailleurs, Alfred Kubin, peintre et écrivain tourmenté, était obsédé dans sa jeunesse par les cadavres qui avaient été repêchés dans un plan d'eau situé près de chez lui, et il tenta même de se suicider sur la tombe de sa mère.
C'est un premier jet inconscient, mais la coïncidence est troublante, du personnage de Norman Bates de Psychose qui va se débarrasser des cadavres encombrants en les immergeant dans le marais le plus proche et qui sera aussi l'assassin probable de sa propre mère.
C'est un premier jet inconscient, mais la coïncidence est troublante, du personnage de Norman Bates de Psychose qui va se débarrasser des cadavres encombrants en les immergeant dans le marais le plus proche et qui sera aussi l'assassin probable de sa propre mère.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Le conflit pére- fils est au coeur de nombreux films allemands des années 20 ( père et fils amoureux d'une même femme chez Pabst ; parricide dans Les Mains d'Orlac de Robert Wiene.
De même il est au coeur de quelques films d'Hitch., souvent de manière allusive et plus frontalement dans L'Inconnu du Nord-Expess ou Psychose.
De même il est au coeur de quelques films d'Hitch., souvent de manière allusive et plus frontalement dans L'Inconnu du Nord-Expess ou Psychose.
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Re: Le transfert culturel germanique vers Hollywood
Evidemment la Vienne s'engouffrant comme un seul homme vers Hollywood, est le Mozart d'Amadeus, que la voix de Salieri, son concurrent malheureux rachète et érige en héros très moderne.
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