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Twixt (Francis Ford Coppola) : brouillard sur le lac ou pas de brouillard sur le lac?

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Message par Borges Ven 20 Avr 2012 - 8:08



Le processus créatif est au cœur du récit : alors que Hall se lance dans l’écriture de son nouveau roman, son éditeur lui interdit d’utiliser la phrase : « Il y avait du brouillard sur le lac. » Pourquoi ?

Quand j’étais jeune, je travaillais pour la Warner Brothers. Jack Warner était très drôle, il me disait : « Souviens-toi, pas de brouillard sur le lac ! » Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire. En fait, certains réalisateurs prenaient du retard sur leur plan de tournage, car ils perdaient du temps à régler la machine à brouillard. Warner ne voulait pas que les réalisateurs gaspillent leur temps avec l’ambiance, il voulait qu’ils se concentrent sur l’histoire.
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Message par Borges Mer 25 Avr 2012 - 13:28



Le dernier film de Coppola n'est ni mauvais ni bon. On ne peut pas non plus dire qu'il soit moyen, ou en faire un truc du genre mineur, une bonne vieille série B, comme on en faisait dans le temps, comme lui-même en faisait du temps où il bossait avec l'amateur de Poe, le très surfait Roger Corman, dont, c'est pas un secret, personne n'a jamais vu le moindre film jusqu'au bout, ou alors par snobisme maso.

Cette histoire de série B relève de la blague promotionnelle sans grande originalité. "Twixt" n'a rien à voir avec la série B, pas du tout parce que c'est trop maîtrisé ou des choses dans le genre, non, pour des raisons beaucoup plus essentielles, voire existentielles, qu'un critique consciencieux n'aurait aucun mal à énumérer intégralement, mais qui m'épuisent rien qu'à l'idée d'y songer. Faut prendre très au sérieux cette fatigue qui vous saisit parfois à l'idée de causer d'un film, d'en écrire, sans la confondre avec celle qui s'emparait du pauvre Swann et qui lui fit manquer une survie artistique transcendantale.

En sortant du film, j'ai pensé que si je devais en dire quelque chose, c'était tout trouvé (c'est un film qui facilite la tâche au critique, suffit de suivre les pointillés). Fallait causer de l'âge du metteur en scène, le présenter comme un homme dont le vie se double de l'ombre de la mélancolie et qui va à la recherche de sa jeunesse, enfuie, morte avec la beauté du mal des jeunes filles en fleurs. Rien de plus facile, après si on veut dessiner une certaine tendance du cinéma américain, que de le rapprocher des deux autres amateurs de niaiseries qui avant lui ont tenté la même expérience (ne disons pas proustienne, même si Charles Swann rencontré un peu plus haut nous fait un clin d'œil) : Scorsese, rêvant de redevenir gosse et de faire un voyage dans la lune avec Méliès et Woody Allen rêvant d'être aussi magnifique à lui tout seul que toute la génération perdue.

C'est pas idiot comme approche téléphonée, comme on dit ; surtout si à partir de ces trois nostalgies on s'amuse à dériver, juste pour le plaisir de s'amuser, quelque chose de séduisant, de paradoxal, sur les conceptions que les trois cinéastes se font de l'historicité, de la vieillesse, de la temporalité cinématographique, des rapports du cinéma aux USA, à la France.

Ce beau pays n'est pas présent directement dans le Coppola, qui nous fait le coup de la petite ville américaine typiquement cinématographique, mais faut pas se creuser la tête trop longtemps pour le retrouver, dans Poe, bien entendu, mais plus simplement encore dans le poème de Baudelaire (traducteur du bostonien) que nous récite le chef des vampires, un jeune type fade et grotesque que personne ne peut confondre avec la caricature du Brando de "the wild one" jouant au colonel Kurtz.

Rien de neuf dans "Twixt", thématiquement, dans la mise en scène des obsessions. Coppola aime les mythes, les archétypes, les légendes, le fantastique. Il adore revenir aux origines, troubles, dark, inquiétantes; du moins dans les films que j'ai vus de lui. Chez Coppola, même s'il n'a rien de Nietzsche, les origines sont toujours un peu sales. Il faudrait le dire avec plus de précision. Je sais. Mais ce sera pour une autre fois. Là, je vais me satisfaire d'imprécisions, et de quelques souvenirs, pour m'aider dans la pensée de ce petit film.

Là, je dois m'arrêter un moment pour m'étonner de perdre un peu de mon temps en écrivant sur un cinéaste qui a depuis longtemps renoncé à faire appel à mes services pour actualiser son monde, et à qui je n'ai pas grand chose à dire. Même s'il faut être d'une sacrée mauvaise foi, ou un sacré metteur en scène à la Straub, pour lui retirer tout mérite, pour ne pas admettre qu'il a été grand. La série des "Parrain", "Apocalypse now", "conversation secrète", dont la scène des toilettes qui débordent de sang a sans doute donné par mal d'idées à Kubrick, c'est pas rien. Ah, j'allais oublié "Outsiders", "Rusty James", deux films qui pourraient nous aider, si on en avait besoin, à nous faire une idée de l'évolution de l'imagerie de la jeunesse, pas seulement chez Coppola. Pourquoi tant d'ados rêvent de vampires? Pourquoi est-ce tellement glamour? De quand date la rupture avec l'imagerie gothique à la Hammer? Autant de questions qui resteront sans réponse.

Je continue? Le dois-je?

Il y a une scène très drôle dans le film, un pur moment de liberté, ou plus précisément de nostalgie de la liberté comme puissance de commencement. Je laisse de côté Kant, Arendt, qui me viennent à l'esprit.

Hall dans sa petite chambre d'hôtel vient de discuter un nouveau contrat avec son éditeur, poussé par sa femme. Il lui soumet l'idée du shérif, le titre de son prochain livre, demande une avance. L'idée plaît à l'éditeur, mais il lui faut une fin, et surtout pas de "brouillard sur le lac". Content d'avoir obtenu cette avance, Hall s'organise; il pose minutieusement son mac sur la table, différents objets, une montre, de quoi écrire, des feuilles, une bouteille de whisky, se met en condition.

Il y a là quelque chose de réellement émouvant; la mise en scène d'un désir de nouveau départ, d'un nouveau matin. L'image d'un rite qui devrait annuler le temps, le passé, les échecs, et nous ramener à zéro, au pur instant, à la source pure de la création.

On sent la nostalgie de la première phrase qui va libérer l'écriture.

On se dit, mon dieu il suffit d'une table bien ordonnée, d'ordre, de précision, de volonté, pour écrire, bien écrire. Ca ne peut pas échouer. Il va pondre le meilleur des livres. On le croit, on le veut.

Hélas, tout cela n'a rien à voir avec l'écriture, c'est une mise en scène, la mise en scène de l'écrivain imaginaire américain que la bouteille aide à produire des chefs d'œuvres. Avant même d'avoir écrit son premier mot, avant même d'avoir écrit sa phrase obsessionnelle, celle qu'un étrange mécanisme de répétition ramène sans cesse, le type est dans le cliché. Le problème comme dit Deleuze, c'est qu'il y a pas de page blanche. La page, comme nos têtes, nos cerveaux, nos perceptions, est pleine de clichés. Qui croit écrire sans avoir nettoyé la page, de ses fantômes, de ses fantasmes, de ses traumas, de ses souvenirs, est condamné à ne jamais écrire, à ne jamais échapper à "la brume sur le lac", cette phrase ensorcelée que le démon, puissance de répétition, comme dit Rancière à propos des films de Béla Tarr, vous fait écrire sans fin, comme le pauvre Jack Torrance.
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Message par Invité Mer 25 Avr 2012 - 15:46

un brouillard est aussi une écriture provisoire que sera modifiée, validée plus tard ( comme un scénario qui attend d'être passé à la mise en scène ).

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Message par Invité Mer 25 Avr 2012 - 15:49

pas de brouillard sur le lac veut donc aussi dire, on a un scénario béton, il va être tourné : plus de place pour l'improvisation !

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Message par Borges Mer 25 Avr 2012 - 16:04

hi, slimfast;

t'as aimé le film?

oui, c'est possible, même si dans le contexte du film, qui bien entendu n'est pas absolument normatif, c'est une phrase à éliminer...
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Message par Invité Mer 25 Avr 2012 - 16:22

je ne l'ai pas encre vu.

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Message par Borges Jeu 26 Avr 2012 - 13:54

slimfast a écrit:je ne l'ai pas encre vu.

Embarassed

tu joues bien le gars désolé Wink
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Twixt (Francis Ford Coppola) : brouillard sur le lac ou pas de brouillard sur le lac? Empty un autre Poe

Message par Borges Jeu 26 Avr 2012 - 14:03

un autre truc avec Poe, par James McTeigue :

Twixt (Francis Ford Coppola) : brouillard sur le lac ou pas de brouillard sur le lac? 220px-The_Raven_Poster

When a madman begins committing horrific murders inspired by Edgar Allan Poe's works, a young Baltimore detective joins forces with Poe to stop him from making his stories a reality.



Dernière édition par Borges le Jeu 26 Avr 2012 - 14:53, édité 1 fois
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Twixt (Francis Ford Coppola) : brouillard sur le lac ou pas de brouillard sur le lac? Empty Ecrire, effacer ses traces

Message par Borges Jeu 26 Avr 2012 - 14:52

La référence à jack torrance est évidente. Elle est elle-même un cliché, dans ma tête, dans celle de FFC. Vous prenez une chambre d'hôtel, un type qui tape sur une machine à écrire ou sur le clavier de son ordi, et jack Torrance se pointe, avec sa hache et sa batte. C'est ainsi, c'est comme ça, c'est inévitable. Derrière tout écrivain se cache un bucheron, un boucher, un massacreur. L'agencement est automatique, comme ceux fabriqués par Hitch; dès que vous voyez un rideau de douche, vous attendez les coups de couteau. Un moulin est toujours sur le point de tourner dans le mauvais sens. C'est ça la grammatisation des consciences. C'est pas le pire des drames, je vous le concède; surtout si on le sait, et si on en joue comme le fait Coppola dans "Twixt", même si à son âge, et dans son état d'humeur, entre la mélancolie et une forme curieuse de nihilisme narcissique parodique, c'est moins marrant que quand c'est un enfant de salaud comme Tarantino, qui s'y colle. La raison est simple : Tarantino ne fait pas encore le point; il va de l'avant, en conquérant. Il est encore jeune. Je me demande comment il vieillira, comment va résonner dans son esprit, dans sa vie, dans son cinéma le fameux "nevermore" : à la Ford, à la Godard, à la Coppola...?

On me dira que c'est son problème, et qu'il ne doit pas me faire oublier le mien, qui est ici de vous causer de cette fameuse scène d'écriture, la meilleure selon moi de "Twixt". Donc hall est là, il écrit, la phrase clichée que lui interdit son éditeur, celle dont il veut le protéger, pour ses raisons à lui, se pointe. Il l'efface, une autre arrive, qui en est une variation, la remplace, il l'efface aussi; ainsi de suite un long moment rythmé par les verres de whisky. Il écrit, efface, réécrit, mais tout ce qu'il tente tourne autour du lac, du brouillard ,quand ça ne ressemble pas à un pastiche involontaire des pires âneries poético-romantiques de la littérature d'horreur, un truc dont nous a débarrassé stephen King. A jamais.

Là, c'est le moment de la réflexion, c'est bien beau décrire ce que l'on voit sur l'écran, c'est pas si facile, mais tenter de le penser c'est mieux. Le plus amusant, c'est quand la pensée agence quelque chose à quelque chose; il s'agit pas de comparer, mais de libérer l'image, de créer l'écart, d'altérer l'idée, la présence. Je sais pas si c'est clair, ce que je dis, mais la suite sera plus évidente.

Si vous pensez à jack torrance, comme tous les types un peu sensibles qui s'essayent à écrire, vous ne pouvez pas avoir oublié son tas de feuilles, des millions de fois la même phrase, ou presque, nous avons prouvé y a des années qu'elle était variée, qu'elle subissait des transformations, très signifiantes, révélatrices, mais restons en à la surface, à ce que l'on retient en général du calvaire du type : un mec qui écrit la même phrase pendent des nuits et des nuits.

Je vais pas m'aventurer de ce côté, mais juste noter la grosse différence entre Hall (l'ordinateur de "2001", à une lettre) et Jack : Hall efface ses phrases, il ne se laisse pas entraîner dans le brouillard sur le lac, par la puissance démoniaque de la répétition.


Ecrire ne va jamais sans effacer, sans la possibilité d'effacer. L'écriture, c'est pas seulement ce qui reste, c'est aussi ce qui peut s'effacer, pour le pire et pour le meilleur.

Qui n'efface pas ne peut pas écrire : ce serait la vérité , ce que nous révélerait la confrontation de Hall et de Jack; l'un parvient à échapper à l'emprise de la répétition en effaçant, l'autre pas. Que cette incapacité à effacer soit essentielle dans le film, dans shining, qu'elle soit liée à la perte de jack, qu'elle soit la source de son malheur, son origine, je pourrais le montrer par différents moyens, arguments, selon divers chemins, ou voies, le plus évident c'est précisément la voie du chemin. On se souvient : jack poursuit son fils dans le labyrinthe, il court derrière lui, il va le rattraper, mais à un moment le gosse a une idée de génie, il revient sur ses traces, dans ses propres pas, comme un petit indien, et ensuite il efface ses pas, les traces de son passage, de sa course. Jack est alors perdu; il ne sait plus ou aller, le chemin ne mène plus nulle part. Cette neige sans trace à quoi il se trouve confronté, c'est "le vide papier que la blancheur défend", pour parler "mallarmé", un vide, une blancheur qu'il ne pouvait pas supporter sur la page, qu'il remplissait sans fin.

Perdu, il se met à hurler comme une bête, révélant qu'il l'était déjà, en un sens, dans son incapacité à effacer la trace, les traces, ce qui distinguerait si on en croit lacan (contesté par derrida, bien entendu) l'homme de l'animal.

All work and no play makes Jack a dull boy.

" le jeu chez l’enfant : un « appareil » producteur d’images, qui fonctionne en tissant et en effaçant, en faisant apparaître et disparaître en particulier sa propre image, tout en suivant une lecture qui implique une certaine logique d’effacement de traces et de réinscription ailleurs : incarner une image, la lire, la figurer, l’effacer. Selon Jacques Lacan : « Un être qui peut lire sa trace, cela suffit à ce qu’il puisse la réinscrire ailleurs que là d’où il l’a portée. Cette réinscription, c’est là le lien qui le fait dès lors dépendant d’un Autre dont la structure ne dépend pas de lui. Tout s’ouvre à ce qui est du registre du sujet défini comme celui qui efface ses traces. »"

http://recherchespsychanalyse.revues.org/3311

jack homme du ressentiment n'en finit avec rien, ne peut rien finir.

L'autre malheur de Jack est peut-être qu'il est trop formaliste. Il doit penser comme certains idiots que la forme fait tout; le contenu, le sens, l'idée ne font rien, ne servent à rien; il pense qu'il lui suffit de varier l'apparence sensible de la phrase pour en réduire la force démoniaque, échapper au mécanisme, à la mort.

Enfin, c'est ce que je me dis, pour tenter de m'expliquer l'emprise du cliché sur son esprit, et son corps.

On pense à la scène dans je sais plus quel Molière, avec la leçon de poésie structuraliste.

cela dit les deux mecs, l'un sous une forme comique, l'autre tragique, connaissent le même destin.

L'alcool, loin d'aider Hall à dépasser les lieux communs, va lui faire subir une série de métamorphoses, essentiellement verbales, un délire d'imitations, on reconnaît brando, au passage, un joueur de basket noir, et d'autres figures, qui relèvent toutes de l'imagerie, du cliché; c'est sur le corps que s'opère la transformation, pas sur la feuille.

alors, maintenant, que dire du dernier coppola?

Le dernier film de Coppola n'est ni bon, ni mauvais, il a tout simplement beaucoup de mal à être.

Ces histoires de passage, cette idée d"entre", de contraste, il les avait mieux rendues, plus simplement, en artiste énergique, parce que pas encore habité par la nostalgie, la mélancolie, le sentiment de la perte, dans les trois "parrain", une série, grandiose, entièrement dominée par des contrastes évidents, archétypiques, entre la vie et la mort, le dedans et le dehors, les ténèbres et la lumière, le présent et le passé, un passé qui remonte très loin, plus loin que le monde de Poe, à la crucifixion. La perte de la pureté, saisie dans twixt dans l'assassinat des gosses, dans la mort de la fille de l'écrivain avait là une ampleur cosmique, théologique.

Dans le parrain, Il suffisait à Coppola de volets clos, de pénombre, pour donner le sentiment d'un outre-monde, pour en suggérer la présence, la hantise. Le parrain était déjà un film de vampires, le lieu d'un affrontement entre la lumière et les ténèbres. Suffit de lire ce qu'en disait pauline Kael, à sa sortie, pour en être convaincu : "le film fait des allers-retours entre ce monde nocturne et clandestin, et la lumière du soleil que les hommes partagent avec leurs femmes et leurs enfants. La tension se concentre dans cet outre-monde obscur où se retrouvent les hommes...".

Le mot important, si on pense à Twixt, c'est bien entendu "allers-retours"; plus loin, elle marque la distance entre ces hommes soumis et notre désir romantique qui nous montre dans les bandits une forme d'existence libérée des contraintes du monde, rien de tel, dit-elle dans le film de coppola; cette société est encore plus soumise à la loi, de la mort, que la société du jour; c'est un monde de soumission, sans liberté, où la mort est le maître absolu; tous risquent de la donner ou recevoir. On ne peut pas plus aimer ces hommes, ces assassins, que l'on ne peut aimer "les blanches canines d'un requin".

Voilà qui est fort, quand on sait l'importance que prendront les dents blanches dans le cinéma de Coppola.



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Message par Invité Sam 28 Avr 2012 - 20:43

j'ai rien à ajouter tu as tout dit.
je ne peux pas dire que j'ai aimé, ni détesté non plus. il y a des trouvailles visuelles mais elles sont sans effets, elles ne se rapportent pas à un objet/film dont elles contribueraient à construire l'unité ; elle sont sans suite.
quant au fond j'ai souffert de ce prisme à travers lequel sont vues les souffrances de l'artiste au final c'est pathétique.

quand même la petite V. elle vaut Carrie, non ?

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Message par Borges Ven 4 Mai 2012 - 16:40

slimfast a écrit:

quand même la petite V. elle vaut Carrie, non ?

j'ai plutôt le sentiment que FFC a tenté de retrouver la poésie à la Poe de "Picnic at Hanging Rock"; sans succès : a dream within a dream

Take this kiss upon the brow!
And, in parting from you now,
Thus much let me avow—
You are not wrong, who deem
That my days have been a dream;
Yet if hope has flown away
In a night, or in a day,
In a vision, or in none,
Is it therefore the less gone?
All that we see or seem
Is but a dream within a dream.

I stand amid the roar
Of a surf-tormented shore,
And I hold within my hand
Grains of the golden sand—
How few! yet how they creep
Through my fingers to the deep,
While I weep—while I weep!
O God! can I not grasp
Them with a tighter clasp?
O God! can I not save
One from the pitiless wave?
Is all that we see or seem
But a dream within a dream?





quelques photos du temps de sa splendeur mafieuse :

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Message par Invité Ven 4 Mai 2012 - 18:57

je n'ai pas le discernement requis pour apprécier la visée lâche de Coppola entre fantastique et trivialité.

Sans doute une image mentale, pétrie, remodelée, syncopée, apocopée et au reste émouvante comme toujours chez lui.

Le contraire d'un cinéma velléitaire qui se soit trouvé.

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Twixt (Francis Ford Coppola) : brouillard sur le lac ou pas de brouillard sur le lac? Empty Re: Twixt (Francis Ford Coppola) : brouillard sur le lac ou pas de brouillard sur le lac?

Message par Invité Ven 4 Mai 2012 - 19:13

Toujours mettre l'ouvrage sur le chantier est une attitude sympathique à défaut de "produire".

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