Gideon's Day de Ford en 1958
Gideon's Day de Ford en 1958
C'est pas un jour sans fin, mais un jour seul, qui se répète sans doute, en esprit pour l'inspecteur Gideon, qui reprend du service à Scotland Yard après quelques passes d'armes dans le livre des juges de la tradition hébraïque.
Du levé au couché du soleil, sans le repos promis aux braves.
Multiplicité des personnages, des lieux, des histoires et tissage maîtrisé par Ford qui lie la lutte de l'imposture face à la vérité.
La narration tend à la révélation de l'être contre le mirage d'une vie autre, imaginée, volée, traquée, truquée.
A Gideon, qu'il cadre dans le vestibule familiale du côté du mur dédié aux photos de familles, cadres d'une communauté dont il porte les valeurs, la conservation, oppose la figure du sociopathe, du criminel sexuel, du type qui a fuit les piliers de l'institution, l’hôpital psychiatrique.
Le pavillon de banlieue peinard de Gideon et son reflet sordide dans le miroir, une pension étroite, sans lumière, d'un quartier oublié où croupissait le criminel avant d'être interné.
Et bien entendu, la fille de Gideon_ actrice qui se fera assassinée chez Hitch, qui a dû voir ce film, qui a dû le déconstruire, jeune personne pleine de vivacité et de pétulance et son ombre de misère, fille lasse montant péniblement les marches jusqu'à l'étage où elle trouvera la mort hors champ.
La révélation, c'est qu'enfin quelqu'un lui dise qui il est, quel est son nom, il se lave le visage et se regarde dans le miroir, comme une image qui jaillit du noir argentique, et il demande au policier venu l'arrêter, dans un cinéma (comme dans le film de Landis ? lol), dans ce surgissement de la fatalité, du déterminisme, ce mouvement implacable qui fixe le regard, de le ramener chez lui, à sa place, à l’hôpital, ... dans sa réserve.
Bon, c'est pourtant un film assez marrant, mordant. Ford s'amuse des contradictions d'une société anglaise pointilleuse sur les règles, les fonctions, les prestiges, mais hypocrite dans la hiérarchie de leurs mises en pratique, de leurs valeurs fluctuantes.
En un sens Gideon porte en lui, aussi, des contradictions (les personnages de Ford sont toujours hantés), des frustrations : son usage systématique de la pipe lol, qu'il allume toutes les trente secondes, qu'il tape contre toutes les surfaces du décor pour en expurger les cendres, le reliquat du présent, du désir. Belles scènes dans la cuisine familiale, lieu de convivialité non exempt de symbolique substitutive au désir, lieu de la théâtralité du non-dit dans le couple.
La pipe, c'est aussi le tabac qui se consume dans le foyer; et devient cendre et fumée. Ce sont peut être les cendres de l'âge, la fumée qui dissipe le présent et convie à l'introspection, à la mémoire des disparus; ainsi le début de Liberty Valance: le shérif de la ville vient au devant du sénateur joué par Stewart une pipe à la main.
A Scotland Yard, il y a à nouveau cette image du couloir chère à Ford, dans lequel la marche est déterminée et solitaire, vers le fond ou le devant du plan ; contrairement à la travée centrale dans l'église qui est ouverte de chaque côté aux bancs des fidèles, à la communion. Je me demandais s'il y avait une mise en rapport des deux.
Du levé au couché du soleil, sans le repos promis aux braves.
Multiplicité des personnages, des lieux, des histoires et tissage maîtrisé par Ford qui lie la lutte de l'imposture face à la vérité.
La narration tend à la révélation de l'être contre le mirage d'une vie autre, imaginée, volée, traquée, truquée.
A Gideon, qu'il cadre dans le vestibule familiale du côté du mur dédié aux photos de familles, cadres d'une communauté dont il porte les valeurs, la conservation, oppose la figure du sociopathe, du criminel sexuel, du type qui a fuit les piliers de l'institution, l’hôpital psychiatrique.
Le pavillon de banlieue peinard de Gideon et son reflet sordide dans le miroir, une pension étroite, sans lumière, d'un quartier oublié où croupissait le criminel avant d'être interné.
Et bien entendu, la fille de Gideon_ actrice qui se fera assassinée chez Hitch, qui a dû voir ce film, qui a dû le déconstruire, jeune personne pleine de vivacité et de pétulance et son ombre de misère, fille lasse montant péniblement les marches jusqu'à l'étage où elle trouvera la mort hors champ.
La révélation, c'est qu'enfin quelqu'un lui dise qui il est, quel est son nom, il se lave le visage et se regarde dans le miroir, comme une image qui jaillit du noir argentique, et il demande au policier venu l'arrêter, dans un cinéma (comme dans le film de Landis ? lol), dans ce surgissement de la fatalité, du déterminisme, ce mouvement implacable qui fixe le regard, de le ramener chez lui, à sa place, à l’hôpital, ... dans sa réserve.
Bon, c'est pourtant un film assez marrant, mordant. Ford s'amuse des contradictions d'une société anglaise pointilleuse sur les règles, les fonctions, les prestiges, mais hypocrite dans la hiérarchie de leurs mises en pratique, de leurs valeurs fluctuantes.
En un sens Gideon porte en lui, aussi, des contradictions (les personnages de Ford sont toujours hantés), des frustrations : son usage systématique de la pipe lol, qu'il allume toutes les trente secondes, qu'il tape contre toutes les surfaces du décor pour en expurger les cendres, le reliquat du présent, du désir. Belles scènes dans la cuisine familiale, lieu de convivialité non exempt de symbolique substitutive au désir, lieu de la théâtralité du non-dit dans le couple.
La pipe, c'est aussi le tabac qui se consume dans le foyer; et devient cendre et fumée. Ce sont peut être les cendres de l'âge, la fumée qui dissipe le présent et convie à l'introspection, à la mémoire des disparus; ainsi le début de Liberty Valance: le shérif de la ville vient au devant du sénateur joué par Stewart une pipe à la main.
A Scotland Yard, il y a à nouveau cette image du couloir chère à Ford, dans lequel la marche est déterminée et solitaire, vers le fond ou le devant du plan ; contrairement à la travée centrale dans l'église qui est ouverte de chaque côté aux bancs des fidèles, à la communion. Je me demandais s'il y avait une mise en rapport des deux.
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