est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
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Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
slimfast a écrit:l'infini me fait l'effet de telle lassitude ...
c'est pourquoi il faut continuer, la lassitude même est une expérience de l'infini (dirait peut-être Blanchot), sinon plus héroïquement badiou nous dirait "nous savons, nous modernes, qu’il y a un infini de la multiplicité. L’infini est partout, il n’y a rien de plus commun que l’infini. Pour cette raison on associe volontiers la finitude à la fin de la transcendance. Je propose un renversement de la connexion spontanée entre mort des dieux et finitude. Il faut assurer « il y a de l’Un », mais également « il y a de l’infini ». La finitude est une sorte de modestie morose. C’est une culture de la peur. J’ai été frappé de cela au cours des semaines précédentes. Ce n’est guère un progrès que
d’avoir peur du monde et ne plus avoir peur de l’enfer ; il n’y a plus de pari possible, on abouti à une peur généralisée. Si le monde est infini il n’y a pas d’« harmonie aimable » à attendre, il faut faire des « coupures », comme le disent les mathématiciens. La coupure suppose qu’on soit dans une pensée de l’infini qui ne vous donne pas la norme de la situation. Il faut donc une théorie de la localisation qui soit sans exception et doit embrasser l’infini. Il est essentiel qu’il y ait un opérateur qui fonctionne dans l’infini. L’union infinie d’ouverts reste un ouvert. C’est philosophiquement essentiel.
Au fond, la peur c’est quand on pense qu’on ne peut pas décider. Ce n’est pas le fait qu’il y ait un péril. La clause de finitude est à mes yeux une restriction de la capacité de décision. On est paralysé par l’idée « si vous changez les choses, si vous coupez, tout va s’effondrer. » Il faut restaurer un minimum de courage. Dans cette peur du monde qu’est le conservatisme, on va tenter de garder ce qu’il y a, qui est fini. Il y a ainsi des situation où le conservatisme est partout, d’un côté de façon paroxystique, de l’autre moins. Il s’agit avant tout de conserver, de garder"
Borges- Messages : 6044
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
pourquoi opposer l'un à l'autre ? fini, infini ... la peur est bien plutôt là ! au contraire ne pas trancher, ne pas couper, ne pas lancer des mots jaloux comme le jet des filets sur sa récolte de cerises.
Invité- Invité
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
si Hitch est le premier auteur logo, il n'est tout de même pas que cela...
loin de la...
loin de la...
glj- Messages : 518
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
les films ne vieillissent pas selon moi mais la cinéphilie n'est plus ce qu'elle était, si ?
Invité- Invité
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
slimfast a écrit:les films ne vieillissent pas selon moi mais la cinéphilie n'est plus ce qu'elle était, si ?
sans jouer sur les mots, je crois que la cinéphilie n'a jamais été ce qu'elle a été; elle est toujours ce qu'elle est (entre l'avoir-été, et l'avenir; tradition et promesse); daney dit que la cinéphilie fut pour lui la bande-annonce de la vie, une vie par procuration; c'est pas le truc le plus malin du monde à dire; car, tout art promet quelque chose, le bonheur; c'est même la définition de la beauté, selon Stendhal, nietzsche... la question est de savoir ce que le cinéma promet maintenant de la vie, à la vie; s'il peut encore promettre le bonheur, s'il l'a jamais promis; là, faut que je reprenne le topic sur la cinéphilie, comme amour du mouvement, donc de la vie, kinesis tou biou, "mouvement de la vie" comme dit heidegger dans son extraordinaire relecture, durant les années 1920 d'aristote.
Borges- Messages : 6044
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
je ne pensais pas à la cinéphilie en terme de promesse mais bien plutôt en terme d'étiolement et d'amenuisement des possibles.
en voyant Low life je me suis un peu laissé gagner par l'idée que la marge des possibles, les plans du films compte tenu de ce qu'il veut montrer, est assez mince. Le sentiment d'étouffement n'est pas alors fictionnel mais mécanique : les combinaisons de plans sont limitées et "le genre" les limite plus encore.
j'ai été frappé par la lecture de Chabrol sur le film noir où il affirme qu'il est devenu moribond après avoir épuisé les situations qui choquent ou surprennent.
si j'ai un reproche à faire à Low life c'est de ne pas avoir su trouver souvent de tels moment qui surprennent.
en voyant Low life je me suis un peu laissé gagner par l'idée que la marge des possibles, les plans du films compte tenu de ce qu'il veut montrer, est assez mince. Le sentiment d'étouffement n'est pas alors fictionnel mais mécanique : les combinaisons de plans sont limitées et "le genre" les limite plus encore.
j'ai été frappé par la lecture de Chabrol sur le film noir où il affirme qu'il est devenu moribond après avoir épuisé les situations qui choquent ou surprennent.
si j'ai un reproche à faire à Low life c'est de ne pas avoir su trouver souvent de tels moment qui surprennent.
Invité- Invité
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
slimfast a écrit:je ne pensais pas à la cinéphilie en terme de promesse mais bien plutôt en terme d'étiolement et d'amenuisement des possibles.
en voyant Low life je me suis un peu laissé gagner par l'idée que la marge des possibles, les plans du films compte tenu de ce qu'il veut montrer, est assez mince. Le sentiment d'étouffement n'est pas alors fictionnel mais mécanique : les combinaisons de plans sont limitées et "le genre" les limite plus encore.
j'ai été frappé par la lecture de Chabrol sur le film noir où il affirme qu'il est devenu moribond après avoir épuisé les situations qui choquent ou surprennent.
si j'ai un reproche à faire à Low life c'est de ne pas avoir su trouver souvent de tels moment qui surprennent.
oui, mais en même temps, on ne peut pas séparer la promesse du possible, et même de l'impossible; pour en rester au possible, aux liens du cinéma et du possible, liens qui remontent loin, puisque c'est aristote qui a lié l'art et le possible
mais le possible c'est aussi "la définition" même de l'homme (cf heidegger)
le" Du possible, sinon j'étouffe!", de Kierkegaard, peut s'écrire "du cinéma, de l'art, de l'événement, sinon j'étouffe..."
mais le possible c'est aussi "la définition" même de l'homme (cf heidegger)
le" Du possible, sinon j'étouffe!", de Kierkegaard, peut s'écrire "du cinéma, de l'art, de l'événement, sinon j'étouffe..."
Borges- Messages : 6044
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
Borges a écrit :
le" Du possible, sinon j'étouffe!", de Kierkegaard, peut s'écrire "du cinéma, de l'art, de l'événement, sinon j'étouffe..."
non les deux formules ne sont pas identiques, il y a une homothétie qui réduit la portée quand on passe de la première à la seconde.
s'il me faut du possible, ok, après tout je peux me passer du cinéma !
pas de la vie en tous cas pas du possible si je veux vivre.
Invité- Invité
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
slimfast a écrit:Borges a écrit :
le" Du possible, sinon j'étouffe!", de Kierkegaard, peut s'écrire "du cinéma, de l'art, de l'événement, sinon j'étouffe..."
non les deux formules ne sont pas identiques, il y a une homothétie qui réduit la portée quand on passe de la première à la seconde.
s'il me faut du possible, ok, après tout je peux me passer du cinéma !
pas de la vie en tous cas pas du possible si je veux vivre.
c'est pas aussi simple que ça
Borges- Messages : 6044
Re: est-il vrai de dire que le seul destin des films soit de vieillir, demanda Badiou à Jerzy?
c'est le sujet du film uruguayen La vida 'util : la fermeture de la cinémathèque de montévideo ( la bien nommée ! ) et ce que fera de sa cinéphilie un personnage qui y a travaillé toute sa vie.
Invité- Invité
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