Re: HORS SATAN : la balade de Bruno ...

par py Jeu 3 Nov 2011 - 0:03

Largo a écrit:
La scène de l'exorcisme de la routarde est tout de même à la limite du soutenable, non ? On a l'habitude avec Dumont, mais je me souviens que ça m'avait plus choqué que d'habitude.

Oui enfin, ça reste une scène d'amour. Le massacre de Bambi par contre...

par Invité Jeu 3 Nov 2011 - 21:16

Eyquem a écrit :

C'est certain que Dumont reprend des plans de Kubrick ; ici, il y a au moins le gros plan sur la main armée d'une pierre ou d'un gourdin, qui s'élève dans le ciel au-dessus de la tête de la victime ; c'est une reprise évidente du plan au début de 2001 (la main empoignant l'os comme un outil, une arme).

C'est marrant mais il y a exactement le même geste - je n'en tire d'ailleurs aucune conclusion - à la fin de The shooting de Monte Hellman que j'ai découvert aujourd'hui.

Un bohneur n'arrivant jamais seul, dit-on, j'ai aussi vu aujourd'hui l'excellent A bout de course de Sidney Lumet que Jean Baptiste Thoret ne perd pas une occasion d'encenser.

Il y a des jours comme ça.

Mais je suppose que vous connaissez déjà ces films sur le bout des doigts.

par Borges Ven 4 Nov 2011 - 9:31

slimfast a écrit:comme le dit Jacques Rancière dans La fable cinématographique l'art des images mobiles renverse la vielle hiérarchie aristotélicienne qui privilégiait le muthos - la rationalité de l'intrigue - et dévalorisait l' opsis - l'effet sensible du spectacle.

Dumont va largement dans ce sens-là.

hello slimfast;
t'as lu le texte de rancière consacré à "l'Humanité", dans les CDC 540,et dans la petite anthologie "théories du cinéma"?

il y a bien chez BD, l'opération que tu décris (ici sur le modèle aristotélicien par excellence, le schéma de l'enquête policière) mais R ne semble pas trop apprécier ce cinéma de la compassion, du peuple "originaire", d'une humanité faite de bruits, de jouissance et de souffrance, que ne semble animer qu'un vouloir-vivre à la Schopenhauer, destructeur..."Depuis que l'art a mis le souffle de sa propre puissance au diapason de la misère du monde, il n' a cessé d'osciller entre trois manières : l'exhibition des plaies et symptômes de la misère à l"usage de ceux qui ignoraient ou ne voulaient pas voir; l'assimilation du bruit monotone de son insignifiance au non-sens glorieux de l'art; la conversion de ses traits et stigmates en signe d'un mystère plus essentiel. Il n'a cessé aussi d'être tenté par le cumul des effets. (...)"L'humanité" veut jouer sur tous les tableaux : l'exhibition aux regards ignorants d'un peuple tel qu'en lui-même et la splendeur picturale indifférente des grèves grises (...) A trop vouloir gagner, l'esthétisme dédaigneux de Dumont finit par consonner un peu trop fort avec son temps, celui qui à la politique substitue "l'humanitaire", et célèbre comme vertu ultime de la communauté cette "compassion" que le temps de Wagner et de Dostoievski réservait du moins à l'art ou à la religion"

(Rancière)

ce que vous dites du film me semble assez bien s'inscrire dans cette description...

par Invité Ven 4 Nov 2011 - 11:17

oui j'ai lu ce texte - mais pas relu - et franchement, à l'époque il m'avait particulièrement déplu, je trouvais qu'il adoptait une posture singulière, à contre courant, sans fondement - même chose pour la critique de selon Mathieu de Beauvois, bref je ne partage ses goûts en matière de cinéma, tout au plus si je peux dire.

Rancière phi. ok, critique il a du mal à passer auprès de moi.

par ailleurs son livre ( un peu abscons, pas toujours adroit ) la fable cinématographique me passionne ( et j'en profite pour redire que Badiou se livre dans cinema à une série d'exercices grandioses ).

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