Notre musique

du fleetwood, une de mes favorites

magnifique :




joli




y a des choses bien dans les Wilcox Sessions, pas de quoi changer la musique, ni rien...

Juste avant d’abandonner la critique ciné, manny farber

(l’immense ; son texte sur « taxi driver » est un chef-d’œuvre d’une absolue beauté, pensante, bandante, à rendre jaloux, ou plutôt envieux, comme me le souffle mélanie klein, les plus doués d’entre nous ; mais il prenait son temps, le gars ; c’était pas de la critique en direct, du tweet... bon, il était très à droite, républicain, et tout le cinéma, mais ça ne se sent pas dans ses textes ; étrangement...)

manny farber, donc, disait ne rien imaginer de supérieur à la critique de cinéma, à la critique en général, qu’il y avait rien de plus beau sur terre, ou dans le ciel. C'est magnifique, entendre ça, le lire, chez un mec qui faisait de la critique supérieure ; hélas, je ne vois la puissance de cette affirmation, je ne la sens dans aucun texte critique actuel, ou pas même actuel, même passé, rangé, classique, intouchable, et tout ; il y avait de la foi chez bazin, mais pas une foi dans le cinéma, ou dans la critique, une fois dans le réel ; certainement pas chez daney, qui avait pas mal de ressentiment à l’égard de son travail, surtout à la fin ; l’ombre de la mélancolie sur une vie vécue un peu comme ratée ; après tout le mec voulait devenir proust ; loin du compte ; cette puissance, cette croyance dans la critique, disais-je, je ne la sens nulle part, pas même chez les amateurs, les gars qui tiennent des blogs, ou qui écrivent sur des forums ; alors pour me rassurer sur la valeur de la critique, je lis des critiques rock, ou jazz : lester bangs, en ce moment ; du temps retrouvé, et une espèce de revanche sur la rareté d'avant le Net ; ados je rêvais de lire LB, sans jamais rien trouver de lui ; je me foulais pas trop ; y a des choses comme ça, on se dit qu'il faut laisser le hasard provoquer la rencontre ; la bonne rencontre ; c’était bien avant le Net, et la mise à disposition du monde à la portée du premier venu ; alors, parfois je me dis, c’est quand même bien cette mise à disposition de tous, de tout ; une mise à disposition, dont le pauvre platon, dans son procès de l’écriture, ne pouvait rien imaginer, pas même dans le pire de ses cauchemars, ni heidegger d'ailleurs que la radio des années 1930 suffisait à effrayer ; il est vrai que depuis, rien n’a changé en nature, en essence ; c’est juste le même mouvement, de dévoilement ; où le « voilement » du dé-voilement a de moins en moins de place... Nous sommes dans le règne de la transparence, qui rend le visible de plus en plus invisible

(pensons au fameux film de je sais plus quel suisse sur les sans-papiers ; c'est l'astuce de Poe, dans la lettre volée, que les suisse recyclent : mettez les choses en évidence, personne n'y verra rien ; c'est pas le caché qui est difficile à voir, mais le visible, disait foucault)

mais revenons au rock




Qu’est-ce qui arrive donc à la musique, à l’art, à la vie, avec cette new wave ? Je suis pas le seul à me le demander. J’ai reçu des tonnes de lettres ces derniers mois de types comme vous se plaignant de l’état général de l’art : « Qu’est-ce que c’est que toute cette merde, Lester; on pensait que la new wave allait ouvrir de nouvelles avenues à l’expression du Moi supérieur, à une nouvelle forme de liberté créatrice et existentielle, qu’on allait inventer de nouvelles vies, nous redonner confiances dans les étoiles et dans l’innocence des fêtes dionysiaques ; quelle blague, à la place de l’accomplissement de nos rêves, au lieu de ces nouvelles vérités et de ces regards profonds sur la condition humaine, on a eu droit à de la merde. On s’est bien fait baiser en achetant ces nouvelles vagues de merde venue du froid, new wave, cold wave; c'est le cheval de troie de la mort qui s’est introduit dans le rock avec ces mecs. Putain, si au moins on avait pas dépensé des fortunes en disques et en concerts . »


Oui, les gars vous avez raison ; tous ces disques, c’est de la merde ; c’est comme si vous aviez mis le feu à vos précieux dollars ("closer" de joy divisions, à douze dollars, je me marre) ; mais le problème avec ces disques, c’est pas qu’ils sont mauvais, c’est qu’ils sont trop bons. Désastreusement trop bons. On peut être très bon, et ne rien valoir, sonner complètement faux. C'est même la règle général, guys. Voilà le problème : tous ces groupes, tous ces stupides crétins se sont mis à apprendre à jouer de leurs instruments ; c’était fatal ; ça devait arriver ; on y peut rien, ni vous ni moi ; c’est un processus vital inéluctable ; c’est comme la chute de l’empire romain, ou la décomposition des corps et des âmes, la fin de la tragédie. Je vous accorde toutes les images de la déception que vous avez en têtes, mêmes les plus idiotes ; quand on est aussi déçu on a tous les droits, même celui de mal dire ce qui fait si mal. Je suis pas là pour calmer le jobard ; on s’est fait baisé, c’est la loi du progrès, avec cette new wave. C’est foutu, quand de sombres idiots se mettent à apprendre la musique et à jouer de leurs instruments.

Quand ces mecs maîtrisaient à peine deux accords, ça allait; ils veulent rivaliser avec Al DiMeola. Le cauchemar.

Le seul espoir du rock, c’est les filles. Les couilles, voilà ce qui ruine tout : la politique, et les arts. Notre seul espoir c’est que le monde se féminise, que nous devenions tous des filles. Ce sont les filles qui jouent le meilleur rock du moment ; l’autre soir, j’ai vu Dieu, il avait la forme de « Au Pairs »; les Slits sont magnifiques; l'album des raincoats, meilleur que "london calling", ou n’importe quoi d'elvis costello ; Chrissie Hynde ne vaut rien, elle ne compte pas ; Joan Jett est bien meilleure. Lydia Lunch est la FRM des années 1980, en plus d'être l'une des meilleurs guitaristes du monde. (Patti revient)








(The Village Voice, January 28, 1981)

(même collaboration)

leur new album : 'A Different Kind Of Fix





son nouvel album : ‘Geidi Primes'




(fantasme de vie possible de dj cool et con à la fois)