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2012, Roland Emmerich, l'Afrique

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Message par Invité Jeu 3 Déc 2009 - 9:23

Le comte a écrit:Vu quelques films ces deux derniers jours :

-Punishment park de Peter Watkins : Ou comment la puissance du faux peut se révéler plus efficace que "l'évidence du vrai". Dispositif et propos Intéressants, comme tout film de Watkins, mais cela ne va pas sans poser quelques problèmes...

-Chronique d'un été de Jean Rouch et Edgar Morin : bof bof. Il y a des films plus intéressant dans le cinéma vérité/direct (ainsi que dans la filmo de Rouch), et surtout moins prétentieux. Quand le Morin, à la fin du film, s'élève contre les remarques des gens qu'ils convie à la projection, il s'exclame "mais je vous apporte la vérité, une vérité sociale !". Hahaha ! Le gars, quand il filme le "noir", il ne se concentre pas sur son bonheur, ses rêves, ses petits soucis (comme pour les autres "blancs"), il lui demande quasi directement " vous vivez bien votre statut d'étranger" (un truc du genre). Puis, plus loin, une femme s'exaclame : "non, je ne me marierai jamais avec un noir!". Dans ce film, la seule vérité qu'ils apportent, à côté d'une certaine dignité rendue aux personnes, c'est la vérité-cliché, la vérité-romanesque de la classe moyenne française. Bref, ce n'est qu'un point de vue (tout documentaire l'est évidement), mais plus que jamais, un point de vue qui ne s'élève pas au-delà (à l'inverse d'autres cinéastes) (et l'ouvrier qui parle de ses "semblables"). De la bonne sociologie moisie, qui plaque ses idées reçues sur ses images, même si les personnes filmées sont, presque toutes, respectées.

-Basic Training de Frederik Wiseman : L'inverse du film cité ci-dessus. Du cinéma direct certes, mais qui met tout le monde sur le même pied d'égalité en tant que membre de l'institution décortiquée. Ces scènes, justement, dans lesquelles des soldats "noirs" débattent sur le sort sont magnifiques. Ici, on ressent une vérité de l'instant, de la prise de vue. Et puis, c'est un des films de Wiseman les plus "singularisés", comptant un nombre de gros plans peu courants dans ses films. Beaucoup de visages sont en effet présents à l'image, comme des masques qui, le temps d'un instant, exprime le désarroi d'être connecté à une grande machine avec laquelle ils doivent lutter, s'adapter.

-Bowling for Columbine : Même si Moore reste un cinéaste plutôt mauvais, il arrive à capter une certaine vérité des médias que j'avais oubliée lors de ma première et lointaine vision (la meilleure scène est peut-être celle dans laquelle il filme l'équipe de télévision lors du meurtre de la fillette de 6 ans) . Il se fait cependant prendre à son jeu, avec une naïveté incroyable. La scène où il va à la rencontre de Charlton Heston est édifiante. Pourquoi celui-ci lui ouvre la porte et accepte d'être filmé, tout en sachant qu'il sera humilié ? Parce qu'il sera visible. Ses propos recevront médiatiquement une plus grande portée s'ils se trouver diffusés dans le film de Moore. Car les "anti-moore" s'y retrouveront, etc. Il me semble que Moore tombe dans ce piège pour tout le film, et qu'au final, à part dénoncer preuve à la main, il ne met pas grand chose en œuvre.

-Paranormal activities : un film d'horreur en DV et vision subjective, sorti récemment. Un vraie nullité. Pourquoi ? Au début du film, le mec s'achète une caméra et décide de filmer son quotidien, soi-disant pour déceler la présence de fantômes. Immédiatement, sa femme lui dit "depuis que tu as ta caméra, tu crois voir des fantômes, tu t'imagines des trucs". On croit tenir là une idée géniale : tout un arsenal fictionnel serait ainsi révélé par la présence de la caméra, inventant, dans le quotidien, du "cinéma". Par là, cet acte se poserait clairement en opposition à la croyance directe en l'image (le simulacre selon VS, etc), et même comme un renversement. Mais, dès la seconde scène, la plus lourde vue depuis un bail, la femme s'entretient avec son psy de l'étrange au sujet des monstres qui hantaient son passé, et qui sont revenus. Bref, le cinéaste réaffirme cette croyance en l'au-delà, et donc la croyance au simulacre, et annule son idée géniale dont il aurait pu repartir. La fiction est donc réelle, et plus inventée par la caméra. On sombre dans l'absurde dès ce moment.

-2012 de Roland Emmerich : Je crois sincèrement que c'est un bon film. Je n'ai jamais vu un tel blockbuster. Les éclairages et les plans sont très beaux, et renvoient à un "cinéma perdu", comme s'il faisait revivre les codes de l'âge d'or sous nos yeux. J'ai l'impression qu'on pourrait en dire beaucoup, sur son "style", sur ce qu'il met en place. Je pense toujours (comme dans GI JOE, sauf qu'il est très mauvais, et infiniment moins bon que 2012), que 2012 reprend la forme essentielle d'un "théâtre de la communauté", proche de Marivaux, où l'on met en fiction une certaine idée du visible dominant. J'ai, de plus, pensé une nouvelle fois à Shymalan (qu'il copie), dans l'articulation des différents niveaux de sens. Il y a un humour assez étrange, qui se mêle à un regard tout aussi particulier sur le quotidien, sur certaines questions, etc. Je n'ai pas beaucoup de mots pour l'instant. Et puis, je n'ai jamais vu, dans un tel film, autant de "minorités" représentées à l'écran. Et je ne crois pas qu'il s'agisse d'hypocrisie, et que Emmerich est sincère dans la place qu'il attribue à chacun, à chacune des situations qu'il choisi de filmer. Bref, j'aime beaucoup. (enfin, il faut modérer, je dis ça comme ça, je n'élève pas au rang de "bon film", je vous partage simplement une impression. Ca reste 2012, avec cette doctrine de fond idiote, etc.) (bien sûr, on pourrait parler d'apologie du politiquement correct, etc. Mais, ne sachant pas ce que ça veut dire, tout comme cette histoire de "ode au foyer familial" qui est aussi une mauvaise chose donc, je ne me prononcerai pas).

Le Comte a écrit:(puis j'arrête)

Mais dans 2012, j'y pense seulement maintenant,dès la première scène, l'"afro-américain" se rend dans une station scientifique en Inde (!) dans laquelle on relève des données sismologiques. D'emblée donc, il occupe une position importante, position qu'il ne quittera plus. Le plus étonnant encore, c'est que lors du trajet qui le mène à la base, il lit les consolations de Boèce. Plus tard, on apprend que c'est un grand lecteur, etc.

Je ne suis pas sûr que de tels détails soient là pour soutenir un certain consensus mou sur la question raciale. Ils ne paraissent pas non plus hypocrites.

Salut Le_comte,

Je comprends pas ce besoin que tu sembles éprouver de tenter de sauver régulièrement tout et n'importe quel film (de préférence quelques bons gros blockbusters états-uniens) en racontant à peu près n'importe quoi. Franchement, ton dernier post, ça veut dire quoi ? Je suis gentil en disant que c'est n'importe quoi, parce que c'est même carrément gerbant quelque part cette histoire de "bon nègre civilisé". C'est d'autant plus effarant pris avec ce qui précède, ce que tu écris (et qui est peut-être pertinent, on en a déjà beaucoup discuté sur le forum des Cahiers à une époque) à propos du film de Rouch et Morin.

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Message par DB Jeu 3 Déc 2009 - 10:40

autant de "minorités" représentées à l'écran

Ca doit en faire une majorité alors.



Puis honnètement dans un même message dire que Moore est un cinéaste médiocre et Emmerich un super faiseur... C'est pas crédible Lecomte.

Que moore ne sache pas faire autre chose que ses discours un peu démagogiques, c'est comme quelqu'un qui a un grand sens du montage et de "l'effet" de montage. même quand c'est totalement artificiel et qui prouve qu'il réfléchit aussi à ce qu'il produit. Je pense à sa décision de ne pas imager les enregistrements téléphoniques des urgences.
Je reconnais qu'il se désamorce aussi vite qu'il s'amorce (ah ah).


Quant au tout début, préférez Vautier Wink
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Message par Le_comte Jeu 3 Déc 2009 - 10:50

Puis honnètement dans un même message dire que Moore est un cinéaste médiocre et Emmerich un super faiseur... C'est pas crédible Lecomte.

Oui, Moore maîtrise ses moyens, et bien sûr qu'il réfléchit beaucoup à ce qu'il produit (peut-être trop, pour tomber dans un manichéisme et une argumentation trop simpliste). Je pensais justement à l'affaire Kim de Gelder (le gars qui a tué dans la crêche en Belgique). Je me dis que le film de Moore a perdu une partie de sa crédibilité suite à cette affaire, entre autre. Emmerich super faiseur, je n'ai quand même pas dit ça lol. Je n'ai fait que prendre des images pour elles-mêmes et ce qu'elles tentent de dire et la manière dont elles le font.

De toute façon, le nouveau film de Moore sort bientôt. Cela reste tout de même un cinéaste drôle et ironique, même si ses films ne semblent pas très rigoureux d'un certain point de vue...

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Message par lorinlouis Jeu 3 Déc 2009 - 11:55

Une fascination pour toi, Le Comte, et pour la patience avec laquelle tu as regardé 2012. Davantage lorsque je lis ce que tu en as tiré. Je n'ai pas eu cette force, Le Comte, celle de rester dans la salle ni celle d'y trouver ce que tu arrives à y lire. 2012 a atteint mon tabou... Laughing

Maintenant, je trouve vraiment que, dans les strates de lectures que tu proposes, tu excèdes les intentions du film, ce qui n'est pas un mal en soi... Wink
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Message par Le_comte Jeu 3 Déc 2009 - 14:16

Oups !

j'essayais quelque chose avec mes pauvres mots (sans dire que j'aime, que ça en vaut la peine). Étonnamment, j'ai été pris dès les premières secondes. D'habitude, c'est très ennuyeux, un blockbuster, et très mal fait. Ici, c'est un peu mieux fichu. Il s'inscrit bien dans le courant de pas mal de films US récents.

J'excède les intentions ? Je ne sais pas, je ne crois pas que j'interprète. J'en suis resté à un simple relevé de données, de ce que j'ai vu à l'écran, de la place qu'occupent les personnages et le situations par rapport à leur emploi habituel. Si j'avais interprété, j'aurais dit : "voilà comment Emmerich filme la fin du monde, et le pouvoir en place, composé par les noir, les indiens, et les sud-américains, ne changera pas la donne ! Attention, leur laisser le pouvoir n'est pas la solution, vaut mieux revenir à l'armée, au Blanc américain tout puissant..."

Tu as peut-être raison. On en reparle sur IR un de ses quatre Smile (même s'il y a mieux comme sujet de conversation lol)

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Message par DB Jeu 3 Déc 2009 - 14:55

Je vois pas à quoi tu fais référence en fait avec le mec en belgique.

Chronique d'un été, ce serait pas mal d'avoir l'avis d'adeline qui avait dit pas mal de choses intéressantes dans le sujet que montrait JM.
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Message par lorinlouis Jeu 3 Déc 2009 - 17:50

Le_comte a écrit:
Tu as peut-être raison. On en reparle sur IR un de ses quatre Smile (même s'il y a mieux comme sujet de conversation lol)

Hé hé... Wink

Je ne dis pas que c'est ennuyeux comme sujet de discussion, bien au contraire. Mais à propos de 2012, j'ai du mal à y voir quelque chose d'original. Emmerich, habitué à ce râtelier, reprend à l'unisson tous les poncifs du film de genre. Et cette histoire de minorités également, lieu commun de tous les films dans lesquels les catastrophes revêtent un caractère universel, démesuré. D'ailleurs, cette inversion minorités/majorités avec laquelle plaisantait DB n'est pas si impertinente si on se rappelle la vague d'immigration inversée dans un des précédents films du réal, The Day After Tomorrow que j'avais trouvée très drôle, en l'occurrence.

Mais, à part les performances visuelles et numériques, rien de neuf sous le soleil du blockbuster catastrophique... Wink
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Message par Invité Jeu 3 Déc 2009 - 18:01

[quote="lorinlouis"]
Le_comte a écrit:
D'ailleurs, cette inversion minorités/majorités avec laquelle plaisantait DB n'est pas si impertinente si on se rappelle la vague d'immigration inversée dans un des précédents films du réal, The Day After Tomorrow que j'avais trouvée très drôle, en l'occurrence.

Je me souvenais qu'il y avait un truc comme ça dans "The Day after tomorrow" mais je me souviens plus trop. Tu peux me rafraichir un peu la mémoire lOlO ?

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Message par lorinlouis Jeu 3 Déc 2009 - 18:24

Ben si je me rappelle bien, toute l'Amérique du nord se transforme en ice cube géant, ce qui provoque des flux migratoires vers les pays du sud. Je crois qu'à un moment du film, on voit même un camp de réfugiés (étatsuniens) au Mexique, ce qui déclenche une certaine résonance tragicomique...

Faudrait vérifier mais après 2012, je me vois mal revoir Day after Tomorrow... tongue
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Message par Invité Jeu 3 Déc 2009 - 18:44

lorinlouis a écrit:Ben si je me rappelle bien, toute l'Amérique du nord se transforme en ice cube géant, ce qui provoque des flux migratoires vers les pays du sud. Je crois qu'à un moment du film, on voit même un camp de réfugiés (étatsuniens) au Mexique, ce qui déclenche une certaine résonance tragicomique...

Faudrait vérifier mais après 2012, je me vois mal revoir Day after Tomorrow... tongue

ah, voilà, c'est ça. Oui ça m'avait bien fait sourire à l'époque. Le film jouait aussi sur la terreur de devenir SDF suite à la catastrophe, je crois sous couvert d'un vernis humaniste.

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Message par Eyquem Jeu 3 Déc 2009 - 19:54

C'est pareil, dans 2012 : à la fin, les rescapés mettent le cap sur l'Afrique, seul continent qui soit encore en un seul morceau, après que l'Himalaya a surfé sur 2000 km et la Californie coulé à pic comme le Titanic.

On voit pas pourquoi d'ailleurs, géologiquement parlant. Si mes souvenirs sont bons, l'Afrique aussi a de bien belles failles, pleines de promesses cataclysmiques.
Mais Roland Emmerich semblait y tenir, à son image satellite finale, sur l'Afrique vue de l'espace : ça lui permet de pas la filmer du tout pendant le film.
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Message par lorinlouis Jeu 3 Déc 2009 - 20:14

Eyquem a écrit:C'est pareil, dans 2012 : à la fin, les rescapés mettent le cap sur l'Afrique, seul continent qui soit encore en un seul morceau, après que l'Himalaya a surfé sur 2000 km et la Californie coulé à pic comme le Titanic.

On voit pas pourquoi d'ailleurs, géologiquement parlant. Si mes souvenirs sont bons, l'Afrique aussi a de bien belles failles, pleines de promesses cataclysmiques.
Mais Roland Emmerich semblait y tenir, à son image satellite finale, sur l'Afrique vue de l'espace : ça lui permet de pas la filmer du tout pendant le film.

Comme d'habitude, Eyquem, tu as vu plus loin que moi. Au propre comme au figuré.

Je ne savais pas qu'ils finissaient en territoire africain, mon dernier souvenir étant Hawaï en flammes. Et oui, le continent africain étant sur une des plaques tectoniques les plus actives, il n'y aurait guère de raisons de s'y perdre.

M'est d'avis qu'Emmerich ne dévoile pas tout... Laughing
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Message par Eyquem Jeu 3 Déc 2009 - 21:09

Le type est pas trop regardant sur ce genre de détails. Mais il peut pas tout faire : potasser sa tectonique du Rift et aller au Gymnase Club.**

(**l'anecdote biographique est bien sûr authentique. Arte, la chaîne culturelle, a diffusé pour la sortie de 2012 un documentaire de 30 minutes sur Roland, persönlich (enfin, "documentaire", au sens large : disons post-Rancièrien).
On voyait le grand cinéaste porter les cheveux très courts et des T-Shirts moulants. Il expliquait, au journaliste passionné par la moindre manie du grand homme, que chaque matin, il buvait un petit café, mangeait quelques fruits, puis filait au Gymnase Club, parce que c'était bon pour garder la forme. Puis il rentrait chez lui, prenait une douche, et partait au Studio, en décapotable allemande, natürlich, fin prêt à plonger l'humanité dans le chaos et à trouver la musique adéquate pour accompagner efficacement les cris des gugus qui courent dans tous les sens, entre les buildings effondrés, pour un résultat incertain, vu que c'est la fin du monde.

Le documentaire ne disait pas si Roland gardait la forme, histoire de traverser comme les héros de ses films les 1000 m2 de sa villa jusqu'au jardin, le jour du Big One. C'était pourtant une question importante, mais l'immortel auteur de "Stargate" était déjà passé à des sujets plus sérieux, comme sa collection de phallus thaïlandais et l'art de bien faire flamber les bananes au Schnapps.

Je dis pas qu'on a appris un tas de choses : c'était juste émouvant de voir le grand homme au naturel, à un moment où il était moins torturé que d'habitude par ses visions apocalyptiques, et semblait mener tout benoîtement sa vie de businessman californien, comme tout un chacun.)
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Message par Le_comte Jeu 3 Déc 2009 - 22:11

Oui, bon, si j'ai parlé de ce film, c'était pour rebondir sur certains classiques des spectres : la présence des noirs dans Mémoire de nos pères, le texte de JM sur les minorités mexicaines dans les films US, ... Donc, comment comprenez-vous ce film dans cette optique ? Que faites-vous d'un afro-américain qui lit Boèce ? Est-ce si courant dans un film US ? Ou bien y voyez-vous seulement (et vous avez raison) une espèce de fable sur la bonne conscience d'un mec qui n'en a rien à foutre, qui fait ça pour le consensus, etc. (tout en pensant, bien sûr, que les grosses productions US ne comptent pas beaucoup de cas semblable). Mon intervention ne portait que sur ça, et il ne faut pas aller chercher plus loin sur notre ami Emmerich, qui reste un réalisateur de machine à fric, ultra capitaliste, exploitant le marché, réduisant les conflits politiques à la bonne conscience populiste (les deux fins de 2012 et The day after tommorow sont complètement ridicules et hypocrites) ,...

Oui, il y a toujours beaucoup d'humour chez Emmerich, et dans 2012 plus que dans les autres, qui affiche un goût de la caricature assez évident. Mais je ne sais pas où s'arrête justement le comique, le tragicomique dont tu parles Lorin. Ce 2012 a plutôt tendance à se diriger vers la grande farce ironique, moqueuse de son propre concept d'apocalypse, qui réduirait à néant les "efforts de représentations effectués".

Bref, vous aurez compris où je veux en venir, ainsi que l'"intérêt" que je peux porter pour ce film.

(j'aime la nuance lol)

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Message par Invité Jeu 3 Déc 2009 - 22:28

Eyquem a écrit:
(**l'anecdote biographique est bien sûr authentique. Arte, la chaîne culturelle, a diffusé pour la sortie de 2012 un documentaire de 30 minutes sur Roland, persönlich (enfin, "documentaire", au sens large : disons post-Rancièrien).

Salut Eyquem,

A propos de Rancière, il avait pas trop apprécié "Independance Day", je crois (c'est dans "Chronique des temps consensuels", justement). Comme tout le monde ?

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Message par Eyquem Jeu 3 Déc 2009 - 22:42

'soir JM,

Exact : j'avais oublié.

Le Comte a écrit:Bref, vous aurez compris où je veux en venir
Non, pas du tout. Ca me paraît vraiment impossible de prendre ce film au sérieux, même 1/24e de seconde.
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Message par gertrud04 Jeu 3 Déc 2009 - 23:09

A défaut de pouvoir sauver le film et son réalisateur (c'est vrai que 2012, c'est un film catastrophe catastrophique), on peut peut-être tenter de sauver le citoyen Roland.

Voici ce qu'on peut lire sur Wikipedia à son propos : En juin 2009, Roland Emmerich a officiellement apporté son soutien, y compris financièrement par 5000 $, à la progressiste Sénatrice Démocrate Californienne Barbara Boxer dans la course à la gouvernance de l'Etat de Californie pour 2010. On retrouve dans les opinions politiques de cette féministe convaincue beaucoup de combat du réalisateur allemand comme la lutte pour le mariage homosexuel mais aussi la protection de l'environnement, le contrôle des armes à feu ou encore les droits des minorités.
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Message par Invité Ven 4 Déc 2009 - 10:50

salut,

gertrud04 a écrit:
Voici ce qu'on peut lire sur Wikipedia à son propos : En juin 2009, Roland Emmerich a officiellement apporté son soutien, y compris financièrement par 5000 $, à la progressiste Sénatrice Démocrate Californienne Barbara Boxer dans la course à la gouvernance de l'Etat de Californie pour 2010.

Seulement 5000 ! En plus il est radin le mec.

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Message par Largo Ven 4 Déc 2009 - 11:02

J'ai pensé la même chose Laughing
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http://www.raphaelclairefond.com/

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Message par Le_comte Ven 4 Déc 2009 - 11:55

2 notes sur mon post initial :

-J'ai lu d'assez bons textes sur le film de Rouch dans Positif, textes qui datent des années 60. Connaissez-vous cette période de la revue ? J'avais lu l'autre jour que Positif, à ses débuts, était une revue politique. Or, dans certains livres (comme l'histoire du cinéma français moderne de Frodon par exemple), la revue est réduite à un "amour cinéphilique aveugle".

-Sur ma critique de Paranormal activities, j'ai beaucoup pensé à Blair Witch. Dans ce dernier, si mes souvenirs sont bons, il n'y a pas de fantômes ou de monstres ou je ne sais quoi, toute la peur naît de la caméra qui invente, crée une fiction avec les matériaux de l'environnement (qui n'est pas fantastique). Tout ce que ne fait pas Paranormal, qui se coupe les jambes en posant immédiatement, à l'aide du passé "trouble" de la fille, la présence de fantômes. Blair Witch contiendrait donc une forme de critique de la caméra DV.


Bon, pour 2012. Au temps de Gran Torino, on m'avait dit "arrête d'interpréter, d'aller voir dans l'invisible, tout est là". L'idéologie n'a rien a voir avec les interprétations, donc Eastwood est raciste. L'assemblage des plans, le discours distillé au sein des images, les choix de mise en scène, idéologiquement parlant, créent du racisme. OK. Je reprends donc cette méthode, exactement, et je me pose sur ce seuil idéologique. Voilà ce que j'y ai vu. J'ai vu, et je n'ai essayer de lire, en bon Godardien. J'ai essayer de voir dans 2012. Mais apparemment, ce n'est pas encore ça. Apparemment il faut lire ici, et donner raison à la lecture et à l'interprétation, au côté hypocrite du film, à sa grande farce bien pensante et peu sérieuse. Il n'empêche que les images sont là, elles restent. On y voit telles représentations.

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Message par gertrud04 Ven 4 Déc 2009 - 11:59

JM a écrit:salut,

gertrud04 a écrit:
Voici ce qu'on peut lire sur Wikipedia à son propos : En juin 2009, Roland Emmerich a officiellement apporté son soutien, y compris financièrement par 5000 $, à la progressiste Sénatrice Démocrate Californienne Barbara Boxer dans la course à la gouvernance de l'Etat de Californie pour 2010.

Seulement 5000 ! En plus il est radin le mec.

Oui vous avez raison. Mettons qu'il était encore sous le coup du semi-échec public de son précédent fillm l'iné(nanar)rable 10000 et que sa générosité progressera avec le carton interplanétaire de 2012. Wink
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Message par adeline Ven 4 Déc 2009 - 12:42

Oh là là Eyquem, j'avais vu quelques instants du début de ce fascinant documentaire sur Emmerich. D'ailleurs, c'est du cointreau, en français dans le texte, qu'il faut pour les bananes flambées, pas du schnapps, au cas où certains aimeraient se spécialiser dans les bananes flambées façon fin du monde.
On y apprenait aussi qu'Emmerich cherche toujours à réaliser des images qui n'existent pas. N'importe qui peut faire des images de bases, raconte-t-il, c'est d'un commun. Mais réaliser une image qui n'avait encore jamais été faite, ça c'est un challenge à la hauteur du bonhomme, qui a un don, une chance extraordinaire, un truc hors du commun, qui justifie à lui tout seul le salaire, le mode de vie, la maison à Hollywood, c'est son imagination. Il a une grande imagination, et c'est cela qui lui permet de faire des films aussi délirants que 2012, où il a eu l'idée géniale de mettre toutes, je dis bien toutes, les catastrophes possibles et imaginables. Il s'est demandé s'il fallait détruire la maison blanche. C'est pas un truc anodin, il faut avoir beaucoup d'imagination pour oser cela. Finalement, avec son co-scénariste, ils ont décidé de la détruire, emportés par un argument choc de chez choc : s'ils ne le faisaient pas, on risquerait de leur demander pourquoi justement la maison blanche n'avait pas été détruite. Comme Roland aime beaucoup Kennedy, il est même fasciné par lui, et qu'il lisait une biographie au moment d'écrire le scénario, il a décidé que ça serait marrant de nommer Kennedy le porte-avion qui vient s'abattre sur la maison blanche, porté par une vague géante. Ah ah ah, Kennedy qui revient à la maison blanche, quelle façon imaginative de faire un pied-de-nez à l'histoire ! Quelle imagination!

Puis je me suis arrêtée, le documentaire était vraiment puant.

À propos de l'Afrique, je ne sais pas si c'est une raison, mais il me semble que c'est le continent que tout le monde va s'arracher pour des raisons économiques, géo-stratégiques etc., dans les décennies qui viennent, non ? Déjà on sait les investissements indiens et chinois démesurés qui y sont faits, pas la peine de revenir sur les entreprises européennes et américaines. Politiquement, que l'Afrique soit le seul continent qui reste après la fin du monde, le seul à investire, où l'on puisse investir, ça n'est pas un truc qui tombe de nulle part. Et puis, le fait que le président américain est "d'origine" africaine n'a peut-être pas rien à voir là-dedans. On peut aussi dire que c'est le continent qui est toujours présenté, positivement ou négativement, comme le creuset, l'origine du monde, de l'humanité. Si je me souviens bien, dans Children of Men, la nouvelle Eve était africaine non ? L'Eve africaine... Bon, je dis ça, je dis rien, c'est juste que l'Afrique comme origine et renouveau, ça traîne dans l'air du temps.

adeline

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Message par Invité Ven 4 Déc 2009 - 13:47

Hello Adeline,

Apparemment le mec s'amuse comme un petit fou en préparant ses films catastrophe, mais c'est pas si simple qu'on pourrait croire :

Il était aussi important de dévaster des lieux de culte pour montrer que la prière ne sauvera pas l'humanité. On a eu grand plaisir à détruire le Vatican en un petit clin d'oeil à 'Anges et démons'. Nous avons d'ailleurs fait appel à la même compagnie d'effets spéciaux que Ron Howard parce qu'ils avaient déjà construit les bâtiments. La seule chose que nous n'avons pas osé faire, c'est de détruire La Mecque, de peur de nous prendre une fatwa sur la tête.

http://www.evene.fr/cinema/actualite/roland-emmerich-2012-jour-apres-film-catastrophe-2366.php?p=2

Je suis toujours partant pour détruire un maximum de symboles religieux parce que cela correspond à ce que je pense des religions organisées. J'estime qu'elles ne sont pas bonnes pour le monde et qu'il est temps de dépasser ces croyances rétrogrades qui causent tant de morts inutiles. J'ai du mal à comprendre le processus intellectuel du fanatisme religieux. C'est l'une des choses qui me fait le plus peur au monde car ce phénomène semble empirer d'année en année de façon incontrôlable.

Le mec a du mal à comprendre certains trucs au niveau du "processus intellectuel" on dirait, pourtant si il se relisait un peu, si il pensait un peu .. bonjour les amalgames en tout cas, même cette âne de Fillon sait qu'il faut pas tout mélanger, il l'a rappelé tout à l'heure je sais plus où. En attendant si il aime pas trop les religions, son truc ça serait plutôt les petits hommes verts et le paranormal :

C'est un peu ce que j'ai fait avec 'Independence Day' où nous nous sommes très librement inspirés des rumeurs sur la Zone 51 et Roswell ainsi que pour '2012' où nous sommes partis d'une légende maya. Rien ne compte davantage que l'implication du spectateur, et le fait de se baser sur des croyances préexistantes donne un vernis de réalisme à l'ensemble.

Je vais y réfléchir ... pour la banane.

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Message par Borges Ven 4 Déc 2009 - 16:24

5000 dollars, c'est bien; c'est dans la moyenne; faut pas croire que les gens donnent des centaines de millions; pour les dernières présidentielles; à Obama :

Judd Apatow, 2.300 dollars;
K Bacon, 2.200;
bon jovi, 4600;
spike lee, 2300; (et après çà, ça joue au militant, pfffff)
michael moore, 2300;
paul newman, 4600;

le plus, en moyenne, c'est dans les 30.000; lucas, 33100; spielberg, 33000;


si je me trompe pas : le record, c'est barry manilow, 40000


Moby, c'est 5000

et mon joueur de basket favori de tous les temps, magic johnson : 27000




marrant obama avait donné 2300 à H Clinton.




étonnant, jon voight a donné à mcCain; je le pensais sans savoir pq "démocrate"; alors que Randy Newman que je croyais plutôt républicain a donné à Obama :4600



j'ai la liste (des dons de toutes ces célébrités), si ça vous intéresse...




Borges
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Message par lorinlouis Ven 4 Déc 2009 - 17:46

Le_comte a écrit:
-Sur ma critique de Paranormal activities, j'ai beaucoup pensé à Blair Witch. Dans ce dernier, si mes souvenirs sont bons, il n'y a pas de fantômes ou de monstres ou je ne sais quoi, toute la peur naît de la caméra qui invente, crée une fiction avec les matériaux de l'environnement (qui n'est pas fantastique). Tout ce que ne fait pas Paranormal, qui se coupe les jambes en posant immédiatement, à l'aide du passé "trouble" de la fille, la présence de fantômes. Blair Witch contiendrait donc une forme de critique de la caméra DV.

Oui, Le Comte -et bonjour à toi, Wink -je crois également que malgré les similitudes, les deux films diffèrent totalement quant aux propos que chacun tient au sujet de la DV. D'ailleurs, le spectateur n'est pas appelé à s'y investir de la même manière. Il y a une myopie dans Paranormal Activity, une sorte de jeu de patience dans lequel le spectateur doit user ses yeux et ses nerfs à scruter de micro-évènements censés provoquer une méga-frousse. Ou un méga ennui.


Le_comte a écrit:Bon, pour 2012. Au temps de Gran Torino, on m'avait dit "arrête d'interpréter, d'aller voir dans l'invisible, tout est là". L'idéologie n'a rien a voir avec les interprétations, donc Eastwood est raciste. L'assemblage des plans, le discours distillé au sein des images, les choix de mise en scène, idéologiquement parlant, créent du racisme. OK. Je reprends donc cette méthode, exactement, et je me pose sur ce seuil idéologique. Voilà ce que j'y ai vu. J'ai vu, et je n'ai essayer de lire, en bon Godardien. J'ai essayer de voir dans 2012. Mais apparemment, ce n'est pas encore ça. Apparemment il faut lire ici, et donner raison à la lecture et à l'interprétation, au côté hypocrite du film, à sa grande farce bien pensante et peu sérieuse. Il n'empêche que les images sont là, elles restent. On y voit telles représentations.

Je ne sais pas mais calquer une méthode de compréhension, d'appréciation, voire de lecture entre ces deux réalisations semble relever de la gageure.

Et sinon...

2012, Roland Emmerich, l'Afrique 67940bananes

Bon appétit !! Wink


Dernière édition par lorinlouis le Sam 5 Déc 2009 - 8:00, édité 1 fois
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