Animal Kingdom (David Michôd - 2010)
5 participants
Animal Kingdom (David Michôd - 2010)
Comme Largo et Eyquem l'ont vu tous les deux, je recopie-colle leurs deux avis dans un new topic tout beau :
Eyquem a écrit:Vu "Animal Kingdom" : en fait de règne animal, c'est moins la savane qu'une vitrine de muséum : des truands en milieu anaérobie, des plans taillés dans le plexiglas... C'est minuscule et ça pèse des tonnes. Complètement bidon.
Ras le bol de ce "nouveau tragique" défendu par toute la presse. Plus c'est poseur, plus c'est pesant, plus ça tient les discours les plus débiles sur la meute humaine, et plus ça correspond apparemment à l'idée que la critique se fait du grand cinéma.
Pitié : de l'air !
Largo a écrit:Animal Kingdom, polar australien brutal et classieux sur les derniers jours d'une famille de criminels un peu prolos.
Y'a un ou deux ralentis qui frisent le procès verbal pour attentat à la pudeur du spectateur bien éduqué mais il y a aussi un saissant portrait de matrone, la vieille tante veillant sur ses vilains rejetons, entre Ma Dalton et Lady Macbeth, tour à tour cruelle et affectueuse, généreuse et lâche, émouvante et irritante... Un sacré portrait de femme logé derrière le point de vue du personnage principal (le neveu, un jeu gars taciturne venu vivre chez eux suite à la mort de sa mère, qui se retrouve tiraillé entre le respect de la famille et la volonté de s'en tirer) .
La fin du film, relativement inattendue, car l'opacité du héros laisse peu filtrer ses intentions, est quelque chose comme un antidote à la morale de James "On-n'échappe-pas-à-sa-famille" Gray. Et ça n'est pas pour me déplaire !
adeline- Messages : 3000
Re: Animal Kingdom (David Michôd - 2010)
hello,
Le môme n'échappe pas à la famille : il prend la place du chef de horde.
C'est tout le contraire, à mon avis : c'est encore une de ces fictions dont parlait Borges, où, pour vaincre le mal, il s'agit de devenir comme lui.quelque chose comme un antidote à la morale de James "On-n'échappe-pas-à-sa-famille" Gray.
Le môme n'échappe pas à la famille : il prend la place du chef de horde.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Animal Kingdom (David Michôd - 2010)
Salut !
je l'ai vu il y a quelques temps, et le souvenir que j'en ai est assez lourd. Une histoire lourde, malgré tout, c'est-à-dire forte. Mais aussi une lourdeur de la mise en scène, des effets, et cette morale dont tu parles, Eyquem. Le film est étouffant. Ceci dit, j'ai été prise par l'histoire. Choquée par la violence de la BAC australienne, intéressée par le scénario qui construisait, avant la violence de la famille de malfrats, celle de la BAC, absolument hors la loi. Mais il ne me reste finalement que l'impression d'un film à scénario et indéfendable (ce truc du retournement de la fin ; je ne pense pas que le gamin échappe à sa famille, Largo, il est évident qu'il est au contraire englouti par elle ; par contre, je ne sais pas si l'idée est celle qu'on retrouve dans 30 jours de nuit, ou dans La colline a des yeux, par exemple. Dans ces deux cas, l'idée est que le bien doit s'armer des mêmes armes que le mal s'il veut le vaincre, devenir sauvage, barbare, vampire, tortionnaire pour vaincre les sauvages, barbares, vampires et tortionnaires. Là, c'est plutôt, comme dans Gray justement, comme à la fin de We Own the Night ; le fils rejoint la famille d'où il vient, qu'il n'aurait jamais dû vouloir quitter. La police, dans Gray. Les malfrats ici.) Mais c'est surtout que le film en fait des tonnes ; il est lourdaud, et cette manière de décrire le monde des hommes en le ramenant au règne animal, c'est puant.
je l'ai vu il y a quelques temps, et le souvenir que j'en ai est assez lourd. Une histoire lourde, malgré tout, c'est-à-dire forte. Mais aussi une lourdeur de la mise en scène, des effets, et cette morale dont tu parles, Eyquem. Le film est étouffant. Ceci dit, j'ai été prise par l'histoire. Choquée par la violence de la BAC australienne, intéressée par le scénario qui construisait, avant la violence de la famille de malfrats, celle de la BAC, absolument hors la loi. Mais il ne me reste finalement que l'impression d'un film à scénario et indéfendable (ce truc du retournement de la fin ; je ne pense pas que le gamin échappe à sa famille, Largo, il est évident qu'il est au contraire englouti par elle ; par contre, je ne sais pas si l'idée est celle qu'on retrouve dans 30 jours de nuit, ou dans La colline a des yeux, par exemple. Dans ces deux cas, l'idée est que le bien doit s'armer des mêmes armes que le mal s'il veut le vaincre, devenir sauvage, barbare, vampire, tortionnaire pour vaincre les sauvages, barbares, vampires et tortionnaires. Là, c'est plutôt, comme dans Gray justement, comme à la fin de We Own the Night ; le fils rejoint la famille d'où il vient, qu'il n'aurait jamais dû vouloir quitter. La police, dans Gray. Les malfrats ici.) Mais c'est surtout que le film en fait des tonnes ; il est lourdaud, et cette manière de décrire le monde des hommes en le ramenant au règne animal, c'est puant.
adeline- Messages : 3000
Re: Animal Kingdom (David Michôd - 2010)
le fils rejoint la famille d'où il vient, qu'il n'aurait jamais dû vouloir quitter.
Oui, quand je repense à la fin, le retour à la famille, au matriarcat, est évident mais disons que chez Gray, dans mon souvenir, ce retour se joue sur le mode de la résignation, le personnage reste dans sa famille à l'insu de son plein gré. Dans AK, on a l'impression qu'il s'agit d'un choix délibéré. Tout le suspens repose du reste sur son indécision et l'impossibilité de savoir de quel côté il se range. Les personnages de Gray eux, sont constamment accablés par les coups de force de la providence.
Re: Animal Kingdom (David Michôd - 2010)
entre les deux univers, les deux esthétiques, y a pas grand chose : gray bosse dans les profondeurs pseudo profondes du mythe (l'ordre de la nuit, et celui du jour; le principe de plaisir, ou celui de la loi, de l'ordre, de la famille); ici, on est dans le naturalisme le plus darwinien, y a aucune idéalisation de cette existence de gangsters; rien, elle est réduite au vide, à la peur, à la nécessité d'une violence sans métaphysique; l'essence de l'homme est dans son animalité; ce que dit aussi essential killing (cf les critiques de badiou, qui ne laisse pas de place à l'immortel en l'homme); c'est une représentation du crime, de son monde, sans la moindre grandeur; rien à voir avec "le parrain", ou même "un prophète" ; la figure de la mère peut peut-être se situe dans la tradition de "l'enfer est à lui"; mais là, il y avait l'horizon de la psychanalyse; ici, nous avons une horde, sans véritable inconscient; j'ai pas vu le truc sur les "gitans", mais ça me semble comparable, côté naturalisme; je pense aussi à WB, que je trouve assez médiocre, contrairement à certains (eyquem par exemple)....
Borges- Messages : 6044
Re: Animal Kingdom (David Michôd - 2010)
A quel film tu penses ?Borges a écrit:j'ai pas vu le truc sur les "gitans", mais ça me semble comparable, côté naturalisme
Eyquem- Messages : 3126
Re: Animal Kingdom (David Michôd - 2010)
je suppose aussi :
WB, c'est winter's bone
WB, c'est winter's bone
Borges- Messages : 6044
Fabriquer à grand coup de pelle
Je me permet de vous montrer le commentaire que j'ai fait paraitre sur Allociné : c'est bien celui en tête de page signé de mon pseudo : flognarde
http://www.allocine.fr/film/critiquepublic_gen_cfilm=140140.html?page=14
http://www.allocine.fr/film/critiquepublic_gen_cfilm=140140.html?page=14
flognarde- Messages : 2
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