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Les Amours Imaginaires (X. Dolan)

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Message par Largo Jeu 9 Sep 2010 - 20:06

Les Amours Imaginaires (X. Dolan) Xavier-dolan-revient-avec-amours-imaginaires-L-4

A la sortie de J'ai tué ma mère, j'avais été séduit et étonné par ce gamin de 19 ans qui mettait en scène sa relation conflictuelle avec sa mère, dans un style encore imparfait, dandy et narcissique en diable, mais déjà généreux et drôle, baroque et passionné.

Avec ce deuxième film, celui de la confirmation, Dolan continue à faire feu de tout bois et prend justement ce qui brûle le mieux : les amours de jeunesse. Dans Les Amours Imaginaires, il semble reprendre le même personnage, mais quelques années plus tard. Le lycéen en crise s'est mué en jeune étudiant oisif, tombé amoureux d'un angelot blond en même temps que sa meilleure amie. Tous deux vont s'escrimer à greffer sur son innocent visage l'image d'une âme soeur idéale, l'ami et l'amant, réunis en un même corps d'éphèbe décidément trop beau pour être honnête.

Enfin voilà, à l'aune du titre français, on se doute bien que nos deux camarades vont se consumer d'amour pour un jeune homme mystérieux que la réalité finira forcément par faire tomber de son piédestal à un moment ou à un autre. En fait, nos deux amis vont faire leur propre expérience du processus amoureux tel qu'il a été décrit par Proust dans La Recherche : on croit tomber amoureux d'une personne, mais on aime d'abord l'image qu'on s'en fait d'elle et qui n'est qu'une de ses multiples facettes possible. Et on aime d'autant plus l'image en question que la personne se présente comme une surface lisse et neutre, une surface parfaite de projection. De même que Marcel est torturé par l'homosexualité présumée d'Albertine, le personnage de Dolan découvrira effondré que son angelot n'éprouve aucune attirance envers le sexe masculin. Au final, le désenchantement des deux amis s'appuie sur l'idée suivant laquelle il est impossible de jamais connaître véritablement quelqu'un. Je ne résiste pas au plaisir de citer au moins un extrait de La Recherche, tant le film me paraît faire écho à l'oeuvre : « Une personne (...) est une ombre où nous ne pouvons jamais pénétrer, pour laquelle il n'existe pas de connaissance directe, au sujet de quoi nous nous faisons des croyances nombreuses à l'aide des paroles et même d'actions, lesquelles, les unes et les autres ne nous donnent que des renseignements insuffisants et d'ailleurs contradictoires, une ombre où nous pouvons tour à tour imaginer avec autant de vraisemblance que brillent la haine et l'amour. » (Le Côté de Guermantes).
Même le dernier plan du film fonctionne encore comme une réminiscence des idées proustiennes : en guise d'épilogue, dans une soirée, les deux amis aperçoivent Louis Garrel qui ressemble étonnamment à l'éphèbe qui les a préoccupés pendant tout le film. Les deux amis échangent un clin d'oeil complice indiquant que tout peut recommencer, qu'on aime toujours un certain type d'hommes ou de femmes dont chaque conquête n'est que la variante. Ceux qu'on aime sont une « projection renversée, un « négatif » de notre sensibilité ».

Mais qu'on se rassure, Les amours imaginaires ne se résume pas à cette seule trame propice aux extrapolations de proustophiles fanatiques. Partant de ce triangle amoureux bisexuel somme toute assez classique, Dolan était bien parti pour faire du Honoré. Sauf qu'en fait, non. Plutôt que d'enfermer ses personnages dans un cocon hanté par les fantômes de l'histoire du cinéma, Dolan a préféré ouvrir son récit à d'autres personnages, en entrecoupant son fil narratif de séquences périphériques qui proposent d'autres récits d'expériences amoureuses qui étendent les enjeux du film à toute une génération. Grand bien lui en a pris. Ce parti pris offre autant de respirations et de pauses dans le récit qui aèrent et dynamisent le petit jeu des références et du fétichisme cinéphile.

Une des originalités de son premier film résidait déjà dans les séquences de confessions face caméra du jeune homme qu'il interprétait. Désormais, le même dispositif (inspiré de la télé-réalité ?) est repris au service de témoignages d'autres jeunes gens, probablement ses proches, racontant leurs déboires amoureux comme s'ils lisaient leur journal intime, en une série d'échos démultipliés à l'histoire tumultueuse du triangle amoureux. A la limite, chaque nouveau témoignage aurait pu faire l'objet d'un autre film. Tout l'ensemble fonctionne ainsi, suivant une logique kaléidoscopique, comme un autoportrait de groupe, une étude fragmentée de la passion amoureuse.

On est aussi frappé chez Dolan par une vitalité, un souffle, une puissance formelle qui passe par une direction d'acteurs très physique, très sensuelle, au plus près de corps chaloupés, dont les moindres frémissements, dont les plus imperceptibles expressions sont filmés, décortiqués par les ralentis qui enveloppent les personnages. Ces ralentis qui permettent de scruter, de révéler, les moindres tics révélateurs, les moindres gestes qui, à chaque rencontre, trahissent les sentiments des uns et mettent en évidence le charme de l'autre qui opère sur les amoureux.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce lyrisme et cette lourdeur emphatique propre au ralenti, sont constamment désamorcés par l'humour du film et l'auto-dérision dont font preuve les protagonistes, jamais avares de commentaires acerbes et jamais dupes de leurs cruelles faiblesses. Sur ce point, la langue québécoise, son argot et son accent, fait des merveilles, mêlant anglais et français, langage désuet et expressions fleuries. Peut-être plus imagée et plus crue que le « français-bien-de-chez-nous », elle se prête particulièrement bien à l'art délicat, mais savoureux de la confidence.

Le style Dolan, c'est également un bouillonnement artistique réjouissant. Si on poussait un peu, juste pour provoquer ses détracteurs, on dirait de lui qu'il est, ou sera un jour, le Tarantino du cinéma d'auteur mondial. Du reste, on pense forcément à lui quand viennent à nos oreilles les premières notes d'une reprise de « Bang Bang », le standard de Nancy Sinatra figurant dans Kill Bill. Dolan emploie la Nouvelle Vague, Wong Kar Waï, Gus Van Sant & co un peu de la même manière que son aîné américain remixant les codes et les univers de la série B. C'est-à-dire que les références, les figures de style sont partout, omniprésentes à l'écran et pourtant, jamais écrasantes. Au final, le film ne ressemble qu'à une seule et unique personne : son auteur. Et ce travail de styliste vintage en forme de patchwork (les monochromes, les ralentis, les plans fixes « mitraillette » comme autant de natures mortes...), que certains ne manqueront pas de taxer de maniérisme boursouflé, il l'assume avec un panache, une décontraction, un plaisir de cinéma joyeux et absolument communicatif. Là, où n'importe quel apprenti cinéaste se rongerait les ongles en se disant « merde, si je fais un ralenti-là, on va me dire que j'ai pompé sur Wong Kar Waï... », Dolan, lui, pense : « j'ai envie de filmer mon amie au ralenti, j'y vais ! Et si je place dans ce mouvement de caméra toute l'affection que je lui porte, il n'y a pas de raison qu'elle ne soit pas aussi belle que Maggie Cheung. ».

Et vous savez quoi ? Ô miracle ! Ca marche.


Dernière édition par Largo le Ven 1 Oct 2010 - 14:16, édité 4 fois
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Message par Invité Jeu 9 Sep 2010 - 23:23

sérieux, tu as aimé son film ? Rien que la BA du film vue à la TV lors de Cannes m'a pas du tout donné envie de le voir. Par ailleurs le type m'a paru avoir des cuisses comme ça en l'entendant parler dans une émission qui lui était consacrée sur Arte (qu'apparemment tu as vu aussi car les extraits d'entretien sont les mêmes il me semble). Le genre de type "in" (comprendre pour Inrockuptible), bardé de ses références "modernes" (la NV) qui sont depuis devenus des classiques copiés et usés jusqu'à la corde par au moins trois générations (Scorsese-Jarmush-Tarantino).

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Message par Eyquem Ven 10 Sep 2010 - 14:14

Salut Raphaël, JM,

Je n'aime pas trop Xavier Dolan. J'avais vu "J'ai tué ma mère" et je n'ai pas saisi ce que ce film avait d'intéressant.

"Bang bang", je mettrais ma main au feu que c'est pas Tarantino ni Kill Bill : c'est Sheila et François Ozon, celui d' "Une robe d'été" :
https://www.youtube.com/watch?v=gG0y_yOrHy4
Ca colle davantage à son univers.

Largo a écrit:Une des originalités de son premier film résidait déjà dans les séquences de confessions face caméra du jeune homme qu'il interprétait.
Je suis pas d'accord. C'est un procédé qui remonte. A "Sexe, mensonges et vidéo" au moins. Y a eu une période où c'était même devenu un cliché.

Ma réation n'est pas très cool. Mais vraiment, je pensais que tu voulais écrire sur ce film pour en dire autant de mal que des Honoré, parce que pour moi, c'est du même tonneau.
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Message par Largo Ven 10 Sep 2010 - 14:55

Hello, hello,

Je ne suis qu'à moitié surpris par vos réactions. Par contre, je vous incite à aller vérifier par vous-même, surtout que la BA joue effectivement à fond sur le dandysme snob et léché du film qui passe pour racoleur. Faut passer outre cette apparence de poseur.

Pour ma part, je ne m'attendais pas du tout à être emballé. Vous savez comme j'aime Honoré, alors voilà sur le papier, j'aurais effectivement dû rejeter ce nouveau triangle de minets, le bonhomme a tout pour être insupportable, et pourtant.

Pour Bang, Bang, c'est un standard chanté par Cher et Nancy Sinatra la même année en 66... Ca a été repris un paquet de fois, et c'est manifestement très connoté "culture queer".

(qu'apparemment tu as vu aussi car les extraits d'entretien sont les mêmes il me semble).

Heu, non, ça me dit rien en fait. Quels extraits d'entretien ?

avoir des cuisses comme ça

...Ca change des chevilles ! Very Happy
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Message par Eyquem Sam 11 Sep 2010 - 12:22

Je ne crois pas que j'irai voir ce film pour vérifier, vu que tu aimais déjà "J'ai tué ma mère", qui ne m'a pas plu.

Pour revenir à ton texte, je ne crois pas que Proust soit pertinent ici. Le gamin blond, c'est un cliché apparemment, un poster de midinette, le cliché du "beau gosse", avec ses jolies boucles. Je suis d'accord que chez Proust, on tombe amoureux d'une image, et pas de la personne, mais la personne n'est jamais au départ "un espace neutre de projection", comme tu le dis : au contraire, c'est toujours un ensemble de singularités, une figure tout sauf neutre, dont on tombe amoureux parce qu'elle a tel geste, tel regard, telle façon de parler, parce qu'il fait tel temps, parce que la rencontre s'inscrit dans tel paysage, etc. On tombe pas amoureux d'une personne parce qu'elle correspond au cliché du type ou de la femme idéal qu'on a dans la tête, mais au contraire, parce que la personne n'y correspond pas du tout et nous dévoile un monde qui nous est totalement inconnu, et que nous voulons connaître et conquérir en raison même de son étrangeté, en raison même du fait qu'il nous exclut.
Si bien que la projection dont tu parles, elle marche plutôt dans l'autre sens : c'est pas tant l'amoureux qui projette que l'aimé(e), qui ne cesse de projeter des signes étranges, indéchiffrables, dont se nourrit un amour jaloux.
Je suis à peu près sûr que chez Dolan, le gamin blond reste un cliché, qu'il n'existe pas par ses singularités, mais qu'il reste tout du long un profil de médaillon, qui ne change jamais et n'exprime rien. Juste un support neutre à fantasmes, et pas un monde inconnu à lui tout seul. Et ça, c'est pas du tout proustien.


Ce qui me gêne le plus, c'est pas encore ça. Les raisons que tu donnes pour défendre le film, je trouve que ce sont des raisons pour ne pas le prendre au sérieux. Tu dis que Dolan prend des risques, parce qu'il n'hésite pas à refaire des trucs que tout le monde a déjà faits (Wong Kar-wai, la Nouvelle Vague, etc). Ca me paraît le contraire d'une prise de risque : c'est une manière de gagner sur les deux tableaux : "1/ je filme des clichés ; 2/ je fais comprendre au spectateur que je n'en suis pas dupe". C'est trop facile.
Je veux bien que ce soit d'une superficialité assumée pas déplaisante, si on est d'humeur à badiner et à prendre du plaisir à un jeu de connivences culturelles qui demande pas trop d'efforts, mais je crois qu'il ne faut pas trop se laisser aller à ce sentiment, ni se laisser séduire trop vite. Ou alors il faut dire que c'est rien de plus que ça - et du coup, l'envie de le défendre perd un peu de sa nécessité.
Faire des films superficiels, c'est ce qu'il y a de difficile ; et c'est pas en se jouant ironiquement de clichés que Dolan y parviendra.


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Message par Invité Dim 12 Sep 2010 - 1:52

(qu'apparemment tu as vu aussi car les extraits d'entretien sont les mêmes il me semble).

Heu, non, ça me dit rien en fait. Quels extraits d'entretien ?

Hello,

Il disait grosso-modo la même chose que ceci :

"merde, si je fais un ralenti-là, on va me dire que j'ai pompé sur Wong Kar Waï... », Dolan, lui, pense : « j'ai envie de filmer mon amie au ralenti, j'y vais ! Et si je place dans ce mouvement de caméra toute l'affection que je lui porte, il n'y a pas de raison qu'elle ne soit pas aussi belle que Maggie Cheung. ».

Je crois me souvenir m'être dit qu'il arrivait même pas à avoir une coupe de cheveux originale (Lynch+Jarmush)

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Message par Largo Ven 1 Oct 2010 - 14:23

Balthazar Claës a écrit :


Dans Libé et dans le Monde d’aujourd’hui, ils en ont fait chacun une pleine page d’éloges, toutefois légèrement plus nuancés. C'est dire si nous voilà plongés profond dans la contre-culture...
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Message par Largo Ven 1 Oct 2010 - 14:26

Ouais, bah, je pensais pas que l'accueil serait si enthousiaste hors-Inrocks. Faudrait du reste que je revoies le film et peut-être réévaluer mon jugement.

Après, contre-culture ou pas, là n'est pas la question je crois.
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Message par balthazar claes Ven 1 Oct 2010 - 14:47

rhaa je viens de perdre le post que j'étais en train d'écrire quand le topic a été supprimé de la partie publique... Pourquoi l'avoir enlevé ?!?

ça disait à peu près :

JM : "sérieux, tu as aimé son film ? Rien que la BA du film vue à la TV lors de Cannes m'a pas du tout donné envie de le voir."


IL a parfaitement le droit d'aimer ce film, n'importe qui peut aimer ou détester ce film, ou n'importe quel autre... je veux dire l'aimer à raison, l'aimer en vertu de son amabilité même, aussi discutable puisse être-celle ci dans le registre de l'opinion, ou ailleurs.

Il est entendu d'autre part que nous avons ici le droit d'exprimer nos opinions, aussi inintéressants soient les échanges d'opinions en général. On n'a pas le choix ; impossible d'en sortir complètement, malgré les tentatives d'adhérer à un surmoi de groupe de la taille du Nebraska.

Ce que je voulais pointer, ce n'est pas un désaccord d'opinion avec Largo, qui écrit un texte pour nous communiquer son enthousiasme sur ce film, enthousiasme respectable, et communication bienvenue. C'est que son texte verse un peu trop dans le publireportage. Y a pas le début du commencement d'une critique, c'est une suite de commentaires enchantés. Et le fait que cette opinion coïncide avec l'avis majoritaire imprimé dans la presse nous laisse avec l'accablement de nous sentir situés en plein coeur du consensus, alors même qu'on hésite pas à se donner des airs, sinon de contestataires, du moins de francs-tireurs. Ce qui fait que le schmilblick ne bouge pas. Je dis ça, je dis rien (c'est mon opinion).

Ce que l’opinion propose, c’est un certain rapport entre une perception extérieure comme état d’un sujet et une affection intérieure comme passage d’un état à un autre (exo et endo-référence). Nous dégageons une qualité supposée commune à plusieurs objets que nous percevons, et une affection supposée commune à plusieurs sujets qui l’éprouvent et saisissent avec nous cette qualité. L’opinion est la règle de correspondance de l’une à l’autre, c’est une fonction ou une proposition dont les arguments sont des perceptions et des affections, en ce sens fonction du vécu. Par exemple, nous saisissons une qualité perceptive commune aux chats, ou aux chiens, et un certain sentiment qui nous fait aimer, ou haïr, les uns, ou les autres : pour un groupe d’objets, on peut extraire beaucoup de qualités diverses, et former beaucoup de groupes de sujets très différents, attractifs ou répulsifs (« société » de ceux qui aiment les chats, ou de ceux qui les détestent...), si bien que les opinions sont essentiellement l’objet d’une lutte ou d’un échange. C’est la conception populaire démocratique occidentale de la philosophie, où celle-ci se propose de fournir d’agréables ou agressives conversations de dîner chez M. Rorthy. Des opinions rivalisent à la table du banquet, n’est-ce pas l’Athènes éternelle, notre manière d’être encore des Grecs ? Les trois caractères sous lesquels on rapportait la philosophie à la cité grecque, c’étaient précisément la société des amis, la table d’immanence et les opinions qui s’affrontent. On objectera que les philosophes grecs n’ont cessé de dénoncer la doxa, et d’y opposer une épistémé comme savoir seul adéquat à la philosophie. Mais c’est une affaire embrouillée, et les philosophes, n’étant que des amis et non pas des sages, ont bien de la peine à quitter la doxa.

La doxa est un type de proposition qui se présente de la façon suivante : étant donné une situation vécue perceptive-affective (par exemple, on apporte du fromage à la table du banquet), quelqu’un en extrait une qualité pure (par exemple, odeur puante) ; mais en même temps qu’il abstrait la qualité, il s’identifie lui-même à un sujet générique éprouvant une affection commune (la société de ceux qui détestent le fromage - rivalisant à ce titre avec ceux qui l’aiment, le plus souvent en fonction d’une autre qualité). La « discussion » porte donc sur le choix de la qualité perceptive abstraite, et sur la puissance du sujet générique affecté. Par exemple, détester le fromage, est-ce se priver d’être un bon vivant ? Mais, « bon vivant », est-ce une affection génériquement enviable ? Ne faut-il pas dire que ceux qui aiment le fromage, et tous les bons vivants, puent eux-mêmes ? A moins que ce ne soient les ennemis du fromage qui puent. C’est comme l’histoire que racontait Hegel, la marchande à qui l’on a dit : « Vos veufs sont pourris, la vieille », et qui répond : « Pourri vous-même, et votre mère, et votre grand-mère » : l’opinion est une pensée abstraite, et l’injure joue un rôle efficace dans cette abstraction, parce que l’opinion exprime les fonctions générales d’états particuliers [1]. Elle tire de la perception une qualité abstraite et de l’affection une puissance générale : toute opinion est déjà politique en ce sens. C’est pourquoi tant de discussions peuvent s’énoncer ainsi : « moi en tant qu’homme, j’estime que toutes les femmes sont infidèles », « moi en tant que femme je pense que les hommes sont des menteurs ».

L’opinion est une pensée qui se moule étroitement sur la forme de la recognition : recognition d’une qualité dans la perception (contemplation), recognition d’un groupe dans l’affection (réflexion), recognition d’un rival dans la possibilité d’autres groupes et d’autres qualités (communication). Elle donne à la recognition du vrai une extension et des critères qui sont par nature ceux d’une « orthodoxie » : sera vraie une opinion qui coïncide avec celle du groupe auquel on appartiendra en la disant. On le voit bien dans certains concours : vous devez dire votre opinion, mais vous « gagnez » (vous avez dit vrai) si vous avez dit la même chose que la majorité de ceux qui participent au concours. L’opinion dans son essence est volonté de majorité, et parle déjà au nom d’une majorité. Même l’homme du « paradoxe » ne s’exprime avec tant de clins d’œil, et de sottise sûre de soi, que parce qu’il prétend exprimer l’opinion secrète de tout le monde, et être le porte-parole de ce que les autres n’osent pas dire. Encore n’est-ce que le premier pas du règne de l’opinion : celle-ci triomphe quand la qualité retenue cesse d’être la condition de constitution d’un groupe, mais n’est plus que l’image ou la « marque » du groupe constitué qui détermine lui-même le modèle perceptif et affectif, la qualité et l’affection que chacun doit acquérir. Alors le marketing apparaît comme le concept même : « nous, les concepteurs... ». Nous sommes à l’âge de la communication, mais toute âme bien née fuit et rampe au loin chaque fois qu’on lui propose une petite discussion, un colloque, une simple conversation, Dans toute conversation, c’est toujours le sort de la philosophie qui s’agite, et beaucoup de discussions philosophiques en tant que telles ne dépassent pas celle sur le fromage, injures comprises et affrontement de conceptions du monde. La philosophie de la communication s’épuise dans la recherche d’une opinion universelle libérale comme consensus, sous lequel on retrouve les perceptions et affections cyniques du capitaliste en personne.

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Message par Largo Ven 1 Oct 2010 - 15:01

Eyquem a écrit:Pour revenir à ton texte, je ne crois pas que Proust soit pertinent ici.


Hum, je sais pas, dans le film les deux amis tombent amoureux de l'angelot sur un ou deux détails, sa manière de fumer, son sourire, dans une situation particulière, et puis ils apprennent qu'il étudie la littérature (si mes souvenirs sont bons) et c'est à partir de là qu'ils projettent leur sensibilité de dandys sur lui, ils voient en lui une sorte d'alter ego. Passé ces premières impressions, l'angelot n'évolue plus, ne change plus dans son attitude, il reste effectivement figé à l'état de cliché et ne révèle jamais les autres facettes de sa personnalité. La machine à fantasme fonctionne d'autant mieux que "l'aimant" n'entrevoit que la surface immergée de l'iceberg. Et si les deux amis ne vont jamais plus loin, qu'ils n'ont devant eux qu'un médaillon, comme tu dis, c'est en raison de la totale indifférence du type à leur égard.

Après, "la projection", c'est une image, on peut tout et rien mettre dedans, s'il y a "projection" à partir du moment où X émet des signaux (volontaires ou pas) à Y qui les reçoit et en émet d'autres en retour...

Ce qui me gêne le plus, c'est pas encore ça. Les raisons que tu donnes pour défendre le film, je trouve que ce sont des raisons pour ne pas le prendre au sérieux. Tu dis que Dolan prend des risques, parce qu'il n'hésite pas à refaire des trucs que tout le monde a déjà faits (Wong Kar-wai, la Nouvelle Vague, etc). Ca me paraît le contraire d'une prise de risque : c'est une manière de gagner sur les deux tableaux : "1/ je filme des clichés ; 2/ je fais comprendre au spectateur que je n'en suis pas dupe". C'est trop facile.
Je veux bien que ce soit d'une superficialité assumée pas déplaisante, si on est d'humeur à badiner et à prendre du plaisir à un jeu de connivences culturelles qui demande pas trop d'efforts, mais je crois qu'il ne faut pas trop se laisser aller à ce sentiment, ni se laisser séduire trop vite. Ou alors il faut dire que c'est rien de plus que ça - et du coup, l'envie de le défendre perd un peu de sa nécessité.
Faire des films superficiels, c'est ce qu'il y a de difficile ; et c'est pas en se jouant ironiquement de clichés que Dolan y parviendra.

Là-dessus, je suis pas d'accord. Peut-être qu'à la revoyure je serai moins emballé, moins séduit, mais j'ai jamais dit que Dolan prenait des risques, j'ai dit qu'il assumait ce choix avec un plaisir de cinéma, une envie que je trouvais assez réjouissante.

Et encore une fois, si le film se réduisait à ce petit jeu des références, ce serait effectivement du même tonneau qu'Honoré avec la NV et ses minets parisiens. Je comprends très bien que ça énerve, qu'on trouve ça très limité et désinvolte comme exercice etc. Sauf que ce que tout le monde occulte et qui m'a vraiment emballé dans ce film-là, c'est l'humour et l'auto-dérision des personnages ainsi que des "témoignages", il y a une lucidité un peu masochiste dans les récits qui se font écho. Et j'ai retrouvé des états de faiblesse, des détails, que j'ai pas souvent vu ou entendu dans le cinéma récent.

J'ai réalisé avec ce film que c'était aussi l'esprit de sérieux indécrottable, le manque de recul qui me déplaisaient tant dans le romantisme suranné d'Honoré.

PS : Sorry BC !
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Message par balthazar claes Ven 1 Oct 2010 - 15:11

Sorry de quoi ? d'avoir effacé le topic ?

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Message par Largo Ven 1 Oct 2010 - 15:23

Bah ouais, suite à la remarque de JM, j'ai tâché de basculer tous les messages dans le premier topic en fait.

Sinon, tu peux prendre mon texte pour ce qu'il est : une opinion.

D'où vient le texte que tu cites, du reste ?

Je n'ai cherché ici qu'à expliquer ce qui avait pu susciter mon adhésion au film, sachant d'avance que nombreux sont ceux qui en resteront aux apparences et à la réputation du bonhomme. Il y a peut-être consensus dans la presse, mais pas dans le public.
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Message par Eyquem Ven 1 Oct 2010 - 15:47

Salut Raphaël,
Largo a écrit:et puis ils apprennent qu'il étudie la littérature (si mes souvenirs sont bons) et c'est à partir de là qu'ils projettent leur sensibilité de dandys sur lui, ils voient en lui une sorte d'alter ego
Mais chez Proust, dès que le narrateur entend parler la même langue que lui, dès qu'il sent que la personne vient du même monde, fréquente les mêmes gens que lui, dès qu'il a le pressentiment d'un possible alter ego, il s'ennuie sec et cette ressemblance tue tout désir.

Passé ces premières impressions, l'angelot n'évolue plus, ne change plus dans son attitude, il reste effectivement figé à l'état de cliché et ne révèle jamais les autres facettes de sa personnalité. La machine à fantasme fonctionne d'autant mieux que "l'aimant" n'entrevoit que la surface immergée de l'iceberg. Et si les deux amis ne vont jamais plus loin, qu'ils n'ont devant eux qu'un médaillon, comme tu dis, c'est en raison de la totale indifférence du type à leur égard.
OK, mais alors ça me dit de moins en moins, ce genre d'histoire et de personnages.
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Message par Largo Ven 1 Oct 2010 - 15:58

Eyquem a écrit:Salut Raphaël,
Largo a écrit:et puis ils apprennent qu'il étudie la littérature (si mes souvenirs sont bons) et c'est à partir de là qu'ils projettent leur sensibilité de dandys sur lui, ils voient en lui une sorte d'alter ego
Mais chez Proust, dès que le narrateur entend parler la même langue que lui, dès qu'il sent que la personne vient du même monde, fréquente les mêmes gens que lui, dès qu'il a le pressentiment d'un possible alter ego, il s'ennuie sec et cette ressemblance tue tout désir.

C'est vrai, c'est vrai, La Recherche, c'est si vaste. Je me suis seulement (et peut-être un peu vite, par réflexe) focalisé sur le fossé qui sépare la perception du narrateur des femmes qu'il aime, le fait qu'on ne connaît qu'une facette d'une personnalité aux contours multiples et mouvants.

Du reste, j'ai lu dans interview qu'il cite plus volontiers Racine et Musset que Proust, lol.
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Message par Borges Ven 1 Oct 2010 - 16:28

il y a pas que l'amour du narrateur dans la recherche, il y a celui de swann et odette, de charlus et morel, de saint loup et rachel... la règle, c'est toujours le déséquilibre, l'un aime l'autre pas, la rencontre de mondes et de styles différents, celui qui aime, le plus cultivé, riche, souffrant toujours des comportements de celui qui n'aime pas, moins cultivé, riche... et puis, comme le dit deleuze, il y a une dialectique, de l'amour, trois formes d'amour; l'amour est une affaire d'apprentissage, et de déchiffrement (d'où la jalousie toujours nécessaire; sans inquiétude pas d'amour) des signes, et des mondes qu'enveloppe l'aimé; la morale c'est qu'il y a pas d'amour, et que la communication des êtres ne se fait que par la création; l'amour des signes...

je connais rien de ce film, mais le jeune homme blond fait penser à un autre blond, lié à proust, celui de "mort à venise",



Dernière édition par Borges le Ven 1 Oct 2010 - 16:30, édité 1 fois
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Message par balthazar claes Ven 1 Oct 2010 - 16:30

Je voudrais pas en faire une croisade personnelle, mais ça m'amuse. Donc, consensus de la presse mais dissensus du public ? Qu'est-ce que ça donne sur allociné ?
Note globale de la presse : 3,71/5
Note globale des internautes : 3,7/5

Mais c'est de mauvaise foi et sans intérêt, ce que je fais là. Je ne résiste pas cependant à reproduire le chapelet d'éloges qu'on trouve dans la presse, du Point à Télérama, du Figaroscope à Libé. C'est quand même pas rien.


Le charme opère du début à la fin, on en redemande. (Filmsactu)

(...) des audaces et un style bluffant (...) avec des surprises à chaque plan, une voix singulière et une gravité propre à la confusion des sentiments. (La Croix)

Un film emballant pour ceux, bien sûr, qui n'ont pas oublié leurs 20 ans, mais qui agacera les autres par son insolente jeunesse. (Figaroscope)

Le film est une irrésistible mosaïque de couleurs et de mélodies (le track-listing de la BO est impeccable) qui exacerbent tous les sens, une superbe étoffe soyeuse et chamarrée. (Les Inrocks)

un Jules et Jim d'aujourd'hui (...) Son film, déjà son deuxième, est une bombe qui explose de partout en éparpillant les moments de grâce visuelle, auditive aussi, sur fond de Bang-Bang, chanté en italien par Dalida. (Le Point)

L'étude des rapport entre les deux copains (...) étonne par son intelligence et sa maturité. (20 minutes)

POUR: On n'est jamais dans le drame, mais plutôt dans la douceur douloureuse de ces passions adolescentes qui font souffrir en silence. (Elle)

Un ravissant bijou pop qui se consomme avec un plaisir gourmand et accrédite l'idée que Dolan aurait les moyens de ses ambitions. (Le Monde)

Les amours imaginaires, c'est un peu Un amour de Swann plongé dans le Red bull-vodka. (Libé)

D'une grande beauté formelle, Les amours imaginaires séduit par sa vigueur et son romantisme échevelé. (Métro)

Dolan brûle d'un feu adolescent, d'une effronterie qui semble constamment nous mettre au défi de le détester. (...) Il filme en poète, et il y a dans son cinéma, une urgence, un aplomb, une fraîcheur (...) qui en font un objet volatil, aussi fragile que précieux. Ce cinéma-là n'est pas jeune : il EST la jeunesse. (Première)

Ralentis chics à la Wong Kar-wai, acteurs filmés de dos comme chez Gus Van Sant, couleurs almodovariennes : Xavier Dolan réussit l'alchimie de ces emprunts revendiqués en imposant un style bien à lui, désinvolte et sophistiqué. (Télérama)


Thème classique de l’illusion amoureuse auquel Dolan insuffle une fraîcheur inédite. (nouvel Obs)

Le réalisateur joue habilement du cliché pour mieux tourner en tendre dérision les obsessions sentimentales de ses deux personnages principaux. (Critikat)

[...] le prodige québécois confirme son talent d'acteur et de metteur en scène. maîtrisé, stylisé et fort de son empreinte visuelle avec ses gros plans et ses ralentis à la Wong Kar-wai [...] (Le Journal du Dimanche)

l'on déguste, attendri, ce bonbon de film doux et acide. (Marianne)

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Message par Invité Sam 2 Oct 2010 - 1:48

Borges a écrit: la morale c'est qu'il y a pas d'amour, et que la communication des êtres ne se fait que par la création; l'amour des signes...

Hello,

Ca me semble un peu expéditif quand même, ne peut-on pas évoquer, à propos de Proust, cette ancienne idée d'"impureté" de l'amour, que ce que l'on aime, c'est toujours une image venue l'imagination prenant sa source dans l'objet d'amour. Pourquoi faudrait-il aussi promptement faire haro sur le sentiment amoureux quand c'est sa "cible" qui est en question ?!

C'est marrant, je me suis remis dans "La recherche.." il y a quelques jours et depuis nous ne cessons pas d'en parler par ici ! Wink

J'aimerais revoir "Mort à Venise" (ou lire le bouquin, tiens), très forte impression lors de la première vision. Peut-être que je trouverais là, dans le rapport entre l'enfant et Gustav, comment "régler" cette espèce de monstruosité qui me frappe de l'enfant-vieillard narrateur qui semble penser comme un adulte revenu de tout (du moins avec leurs mots, leur expérience) dans le corps d'un enfant.

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Message par Eyquem Sam 2 Oct 2010 - 10:25

En lisant le florilège de BC, je me dis que la critique devrait avoir pour règle de ne jamais écrire dans ses textes une formule qui puisse être reprise sur l'affiche : "Un ravissant bijou-pop", "Un Jules et Jim d'aujourd'hui", ce genre.
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Message par Largo Sam 2 Oct 2010 - 10:30

Oui, ça pour la critique, ça fait longtemps qu'on le dit.

On va pas épiloguer mais pour les spectateurs, je pensais aux 25% qui ont mis une étoile. Ceux qui n'aiment pas, rejettent franchement le film.
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Message par Le_comte Sam 2 Oct 2010 - 19:46

J'ai vu aussi le film, et je le trouve moins pire que le premier. Moins pire certes, mais toujours aussi stupidement maniéré, pseudo-cinéphilique et pseudo-branché. Pas du tout intéressé par ce machin.

Louis Garrel sera dans le troisième épisode lol.

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Message par Flavien Lun 4 Oct 2010 - 16:49

Je voudrais venir en aide à Largo. Mais avant, il faut que je revois le film.

Entre temps, j'ai découvert J'ai tué ma mère, film d'ado (le scénario écrit à 15-16 ans) avec la maitrise d'un Claude Jutra (notamment pour la façon dont le ciel apparaît, assez pittoresque, très composé et en même pas trop défleuri de sa propre nature).

Je me demande si le comparatif Tarantino / Dolan ne permettrait pas de voir plus clair dans le jeu du québécois. Je pense à ça pas seulement par ce que l'un et l'autre utilisent dans leur film "Bang Bang" (THE chanson du crépuscule romantique) mais parce que l'un comme l'autre dansent un rock toujours borderline avec la cinéphilie. Quand Q.T. embrasse carrément l'attitude post-moderne (faisons du cinéma de fiction sur le cinéma de fiction), Dolan est moins radical dans sa mise en scène (faisons du cinéma de fiction avec les moyens reconnus du grand cinéma de fiction mais porté sur mon expérience personnelle -qui ne change pas de celle de la moyenne des jeunes "occidentaux").

Ce que tu dis Le_comte, par pseudo-cinéphilique, c'est parce qu'en voyant Les amours imaginaires, tu t'ai dit je pense (et je me le suis dit aussi) : "Tiens Wong Kar-wai !..." "Tiens Almodovar !..." "Tiens Bergman !..." "Tiens Honoré !... euh... Louis Garrel !". Bien sûr, Dolan n'invente rien. Il minore tout ce qu'il pioche. Il minore parce qu'il emprunte ses effets aux plus grands en les désenflant. Alors bien sûr, il reste un chouya d'emphase (normal quand on traite de son quotidien avec les moyens de ceux qui abordent des sujets plus profonds). Mais il reste aussi l'image d'un jeune qui se rêve en beau sujet de cinéma. Bien sûr, en bon situationniste, on devrait le mener au bûcher. En spectateur un peu avide de fraicheur, on y trouve un goût revigoré du cinéma. Dolan, s'il a son intérêt (et je lui en trouve un de taille), c'est qu'il représente avec justesse comment nous nous voyons la jeunesse à l'heure de Facebook/Twitter/Secret Story... C'est peut-être ça qui déplait, de voir cette jeunesse fantasmée en images de pub.

(autre jeunesse, bien que raccordée à celle sur laquelle tu as écris Largo).

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Message par Largo Lun 4 Oct 2010 - 19:11

Merci, Flavien, j'en ai bien besoin. Very Happy

c'est qu'il représente avec justesse comment nous nous voyons la jeunesse à l'heure de Facebook/Twitter/Secret Story...

C'est aussi ce qui m'a intéressé.

Et faut, aussi, que je revoie le film.
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Message par Invité Mar 5 Oct 2010 - 0:52

Hello,

Voir à côté sur les cinéastes et le narcissisme, comparer avec Tarantino qui se met en scène dans ses propres films :

Les Amours Imaginaires (X. Dolan) Artimage_321516_2967979_201010044020425

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Message par Flavien Mar 5 Oct 2010 - 12:03

Ouais, le comparatif est pas glorieux pour le vieux Q.T.

C'est qu'il est déjà un vieux briscard (vieux de son expérience de tout le cinéma qu'il a digéré) tandis que Dolan est encore dans une incertitude, dans une fascination pour le cinéma, comparable aux premiers jours d'une passion amoureuse, avec aveuglement et tâtonnement.

Pas de vieux os dans les premiers films de Dolan (sauf, exception, les adultes masculins dans J'ai tué ma mère) alors qu'il y a déjà des vétérans dans les premiers Q.T. (cf. Edward Bunker).

Quand Q.T. s'est mis au cinéma (même si ça a été un peu à la volée, pour remplacer au pied levée Monte Hellman), il était déjà maître du cinéma qu'il avait dans la tête.
Dolan pas encore, y a des indécisions dans son dialogue avec le cinéma (parfois pétri d'ambition formelle) mais sincère dans la façon dont il essaie.

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Message par Flavien Mer 6 Oct 2010 - 14:01

Ce qu'on en dit sur Independencia

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