Mourir comme un homme - Joao Pedro Rodrigues (2010)

Les actrices transexuelles de "Mourir comme un homme" agressées

29/04/2010

Alors qu'elles étaient à Paris pour faire la promo de Mourir comme un homme, les deux actrices transexuelles du film ont été agressées. Le distributeur raconte cette scène "surréaliste".
Par
Aurore Lartigue


Mardi après-midi, dernier jour de promo française pour l’équipe de Mourir comme un homme. Jenny Larrue et Cindy Scrash, les deux actrices transexuelles du film, font un saut au parc de Belleville, accompagnée de João Pedro Rodrigues, le réalisateur, de son bras droit et du distributeur du film, Daniel Chabannes.


"Je voulais leur montrer la vue de Paris, raconte-t-il. Mais à peine arrivés dans le parc, trois jeunes ont commencé à nous agresser. A crier : Les trans' sont interdits dans le quartier. A me traiter de pédé. Puis ils se sont mis à jeter des cailloux sur les filles. Un, puis deux, puis trois. Puis une bouteille de coca."



"J'ai pilé, je suis sorti, mais trois autres jeunes sont arrivés"


Ils se réfugient dans la voiture du distributeur. "J’ai démarré, mais ils ont continué à mettre des coups de pieds dans la voiture, ils ont explosé le rétro. J’ai pilé net et je suis sorti. Mais là, trois autres jeunes sont arrivés. Ils ont continué de casser la voiture. L’un d’eux m’a sauté dessus et m’a volé mon portable. C'était surréaliste. "


L’équipe du film regagne le domicile de Daniel Chabannes. "Les comédiennes étaient un peu traumatisées", explique-t-il, lui-même "un peu déboussolé". "Le pire, c’est qu’on était à côté d’une terrasse de café bondée, et que personne n’a bougé. Heureusement que personne n'a été blessé."



"Les homos plus acceptés que les trans'"



Daniel Chabannes a déposé plainte pour homophobie au commissariat le lendemain.

Il envisage de témoigner auprès de SOS Homophobie et de saisir la Halde : "Plus on parle de ce genre de chose, plus ça peut faire avancer les mentalités. Je pense qu’aujourd’hui, les homos sont plus acceptés que les transexuels." Le centre Lesbien, Bi, Gai et Trans de Paris a publié un communiqué.



Après l'agression, les comédiennes ont repris l’avion pour le Portugal, comme prévu. "C'était la première fois qu'elles venaient en France. J’ai honte de l’image qu’elles vont avoir du pays. Elles viennent du Portugal, un pays assez conservateur. Et là-bas, elles n’ont jamais eu de problème."