L'Enfer de Henri Georges Clouzot
4 participants
L'Enfer de Henri Georges Clouzot
L'Enfer de Henri Georges Clouzot m'a laissé perplexe sur un seul point (ou plutôt deux): Ces points s'intitulent Bérénice Béjo et Jacques Gamblin. Suis-je la seule à ne pas comprendre leur présence dans ce film?
Holy Hole- Messages : 10
Re: L'Enfer de Henri Georges Clouzot
On est deux.
C'est d'autant plus surprenant que le reste du documentaire est un pure travail de journaliste. Bromberg, c'est son truc du reste. Retrouver des archives, interroger les protagonistes etc.
On peut le remercier pour tout ce travail, mais alors c'est vrai que ces scènes mi-lues, mi-jouées, sans décor, c'est incompréhensible.
Le film vaut essentiellement pour le plaisir de découvrir (qui plus est sur grand écran) les plans magiques, fascinants etc que Clouzot a tourné avec Romy Schneider.
On retrouve cette même fascination pour l'actrice, la star et son visage que dans Les Hautes Solitudes de Garrel (avec Jean Seberg).
En pensant à ce film, je me disais que j'aurais aimé voir les rushs de Clouzot bruts, sans sons, sans rien, comme protégés dans leur écrin.
C'est d'autant plus surprenant que le reste du documentaire est un pure travail de journaliste. Bromberg, c'est son truc du reste. Retrouver des archives, interroger les protagonistes etc.
On peut le remercier pour tout ce travail, mais alors c'est vrai que ces scènes mi-lues, mi-jouées, sans décor, c'est incompréhensible.
Le film vaut essentiellement pour le plaisir de découvrir (qui plus est sur grand écran) les plans magiques, fascinants etc que Clouzot a tourné avec Romy Schneider.
On retrouve cette même fascination pour l'actrice, la star et son visage que dans Les Hautes Solitudes de Garrel (avec Jean Seberg).
En pensant à ce film, je me disais que j'aurais aimé voir les rushs de Clouzot bruts, sans sons, sans rien, comme protégés dans leur écrin.
Re: L'Enfer de Henri Georges Clouzot
Le réalisateur a-t-il donné quelconque explication quant à ce choix, à la presse? Je suis réellement intriguée... A aucun moment ne s'est-il dit que ces passages pouvaient empêcher l'immersion totale? Car c'est l'effet qu'ils ont eu sur moi: Un brusque retour à la réalité, or je pense que nous n'en avons pas vraiment besoin.
Holy Hole- Messages : 10
Re: L'Enfer de Henri Georges Clouzot
Ca vaut quand même le coup d'agrémenter ce topic de quelques illustrations, comme dirait Truffaut, pour le plaisir des yeux :
Re: L'Enfer de Henri Georges Clouzot
Tout comme le documentaire, d'une manière générale... S'il n'y avait pas ces maudits passages avec Bérénice Béjo et Jacques Gamblin..
Holy Hole- Messages : 10
Re: L'Enfer de Henri Georges Clouzot
Retrouvé dans le recueil de Truffaut, Le Plaisir des yeux, un texte sur Clouzot. Truffaut évoque Le Premier Spectateur, ouvrage de Michel Cournot dans lequel sont dépeintes les méthodes tyranniques de Clouzot, bien décrites dans le documentaire.
Morceaux choisis :
(s'en suit des critiques sur le travail de Clouzot avec ses acteurs...)
(en gras pour faire le lien avec le topic Avatar )
Morceaux choisis :
On sent très bien Cournot séduit, puis progressivement déçu par le cinéaste au travail dont il doit tracer le portrait. Ce livre est également le récit minutieux d'un abus de pouvoir. Clouzot, oubliant que son travail consiste essentiellement à animer, installer de la vie, va durant quatre-vingt-dix jours, paralyser toute une équipe en la terrorisant. Pendant trois mois, il donnera son "génie" en spectacle et devra porter seul sur ses épaules le poids d'un film qui s'en va à la dérive, chacun n pouvant donner que le minimum de soi-même.
Dès la première phrase, c'est la terreur : "Vingt-deux, l'patron dans l'ascenseur !"
(s'en suit des critiques sur le travail de Clouzot avec ses acteurs...)
Le travail de Clouzot est soumis constamment à l'idée que celui-ci se fait du public. L'acteur Sardou demande si on lui laissera porter plusieurs costumes. Clouzot lui répond "Un seul Sardou. Dans mes films, les acteurs gardent le même costume. Je n'aime pas les changements. Ca déroute les spectateurs, ils ne reconnaissent plus les personnages tout de suite, ils ne comprennent plus rien" (p29) et plus loin : "Encore un coup comme ça, et votre Turbeau, je le fous en l'air. S'il croit qu'on trompe les spectateurs sur une table de clinique !" (p39); enfin : "Racine il avait trois mille spectateurs ! Il m'en faut quatre-vingts millions...Les trois quarts des spectateurs ne comprennent pas tout..." (p66). Si Clouzot raffine sur la médiocrité, le sordide, c'est pour mettre le public à l'aise. En faisant de Séty un idiot, il pense que l'on s'identifiera à lui : "Je suis le premier spectateur...Et là je ne ris plus parce que Séty me ressemble, un peu minable, un peu nerveux...il ne comprend plus qui lui arrive..." (p207). Or il est bien connu que le spectateur s'identifie toujours "en mieux" et plus volontiers à un héros handicapé physiquement, corporellement (cf. les films d'Hitchcock) qu'à un abruti qui accumule les gaffes (cf. Laurel et Hardy). De plus, pour le public, un médecin est un personnage situé socialement plus haut que la moyenne et forcément prestigieux. Je peux affirmer à Clouzot que son médecin n'est pas vraisemblable, non plus que le décor de la clinique. Le mot clinique évoque, que Clouzot le veuille ou non, des murs blancs, des couloirs feutrés, univers plus kafkaïen à coup sûr que celui recrée par lui, qui procède du même esprit que le collège des Diaboliques.
(en gras pour faire le lien avec le topic Avatar )
Nous laisserons le soin de conclure à l'exquis William Sivel, spirituel, joyeux, intelligent, la révélation du livre de Courno, ingénieur du son, poète qui, par sa bonne humeur et son aplomb, se trouve être le seul sur le plateau des films de Clouzot à échapper au régime de la terreur : "Et voilà ! dit Sivel, fini de vivre ! L'esclavage pour trois mois !... Parce que Monsieur du fric, maintenant ! Monsieur donne des ordres ! Monsieur se prend au sérieux ! Si vous l'aviez vu dans son premier film les enfants ! C'était : L'Assassin habite au 21... Il est arrivé vert de peur ! Petit Georges, va !..." (p78)
Re: L'Enfer de Henri Georges Clouzot
Connerie de Truffaut, jamais on ne s'identifie à un handicapé physique chez Hitch; cela fait parti des clichés bien pensants sur le cinéma du maître de l'univers, cinéma de l'homme ordinaire dans des situations extraordinaires; c'est confondre deux choses, que démêle bien jlcomolli; plus largement, Hitch (gros handicapé physique lui-même)a avait pour les handicapés la même politique que les nazis...."la corde" étant à peine la dénégation de cette politique...j'ai rien pour ou contre clouzot, mais toute la politique critique de la nouvelle vague dans biens des cas dans ses attaques contre la qualité française (pas assez idéalisant, d'un point de vue éthico-politique) visait à montrer que la grandeur morale est américaine... les autres font mieux..sous ce aspect ils appartiennent à l'héritage de Vichy; à ce que Badiou appelle le transcendantal pétainiste... ressentiment et esthétique comme morale; voyez le petit soldat de Godard...et ses âneries sur la grandeur des peuples mesurée à leur production "culturelle", "j'aime pas les arabes, dit le héros, si je me souviens bien, ils n'ont rien crée..." je cite de mémoire...
Dernière édition par Borges le Mer 23 Déc 2009 - 14:33, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: L'Enfer de Henri Georges Clouzot
y a la formule fameuse de je sais plus qui des Cahiers à propos de Clouzot et Kafka ; "Clouzot a fait kafka dans sa culotte"
Borges- Messages : 6044
Re: L'Enfer de Henri Georges Clouzot
Borges a écrit:y a la formule fameuse de je sais plus qui des Cahiers à propos de Clouzot et Kafka ; "Clouzot a fait kafka dans sa culotte"
Phrase de Jeanson, cité par Truffaut dans son article.
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