Re: Un Prophète

par ^x^ Sam 19 Sep 2009 - 18:31

Pardon pr le HS:

Spoiler:

par Invité Dim 20 Sep 2009 - 2:39

Careful a écrit:Pardon pr le HS:
Spoiler:

La construction de l'info par ceux favorables à la théorie du complot est aussi perverse que celle des médias mainstream ; il y a abondance qui soutient cette théorie et qui permet l'intoxication. Dans le bouquin de Lynch, Catching the big fish, il y a un chapitre sur la conscience ; Lynch écrit: "Si on possède une conscience de la taille d'une balle de golf, la compréhension qu'on aura du livre qu'on lit sera limitée à la taille d'une balle de golf ; la vision que l'on aura en regardant par la fenêtre sera rapportée à la taille d'une balle de golf ; en s'éveillant le matin, la fraîcheur d'esprit que l'on ressentira n'excédera pas la taille d'une balle de golf ; et au fil de la journée notre bonheur intérieur sera au maximum de la taille d'une balle de golf."

Un Prophète - Page 3 Le%20dormeur%20doit%20se%20r%C3%A9veiller

Un Prophète - Page 3 Le%20dormeur%20doit%20se%20r%C3%A9veiller

Le lien que tu m'as donné était parfait pour couper le flux:
http://www.conspiracywatch.info/Jerome-Quirant-Quelques-gouttes-d-eau-dans-un-ocean_a267.html

et bonne chance dans la vie!: http://www.conspiracywatch.info/Paranoia-Cola_a388.html

par lorinlouis Mar 22 Sep 2009 - 16:53

Je trouve que Abdel R.Dafri, en tout cas quand il en parle, a un regard plus lucide, plus distancié sur son personnage et sa trajectoire, que n'en donne Audiard dans son film. Cette manière insistante de créer un rapport affectif m'a plutôt exaspérée. J'ai l'impression qu'au final, Audiard et Drafi ne croient pas en un même prophète.

Sinon, si ce n'est pas un premier film, c'est tout au moins mon premier Audiard. Je ne connais pas le reste de sa filmographie.

par Borges Mar 22 Sep 2009 - 17:34

Revu, (j'avais essayé, il y a quelques années, sans succès) son premier (c'est bien son premier?) "Regarde les hommes tomber"; déjà tout le prophète d'Audiard était là. Qu'apprend-t-on dans un récit à la Audiard, demandait Eyquem : à tuer, pour un autre. Ce serait le côté Hitch. Idée de supplément, un type qui ne peut pas se lie à un autre qui peut, bouger, se déplacer... relation de servitude et de maîtrise; dans ce premier film le jeune est un vrai petit chien; il n'existe que par et dans une relation de servitude. Côté homosexuel, évidemment. Et grande importance du théâtre; dans ce film, on pense souvent à Beckett, celui de Godot. La scène des deux clochards qui font du stop, avec un côté "Epouvantail". En attendant Godot, il y a eu le prophète. Déjà dans ce premier film, un côté disons fantastique, mystique; un empire des signes à déchiffrer; là je retrouve mon Deleuze; qu'est-ce qu'un prophète? Un mec qui veut des signes. Un univers consistant. Un auteur? Dieu est mort, et l'auteur avec lui; alors de qui un prophète peut-il attendre des signes? De qui sont les signes? Ce fut d'une certaine manière la question d'Hamlet, quand un spectre lui apparaît et lui demander de tuer, pour lui. Cette question est affrontée directement, par Audiard, mais sans les angoisses d'Hamlet, dans "de battre mon coeur...", où un fils, qui cherche à se détacher de son père, de son monde criminel, doit le venger. C'est naturellement le motif du Parrain, comme j'avais dit, le héros de "un prophète" c'est plus Michael Corleone, que le personnage de DePalma. Quand il a provoqué la guerre des gangs, il se laisse enfermer, alors que les autres s'entretuent; c'est sa Sicile, cet enferment.

par Invité Mar 22 Sep 2009 - 17:57

L'ironie résidant dans le fait qu'Audiard qui serait attaché aux signes est fils de dialoguiste.

par Invité Jeu 24 Sep 2009 - 9:25

Eyquem a écrit:
JM a écrit:
"Tout cela n'est pas nul, loin d'être génial [...], plutôt mieux que l'horrible Sur mes lèvres. Tout est un peu moyen, un peu lourd.[...] On a beau trouvé ce cinéma honnête, on n'est pas obligé d'aimer ça. Parce qu'on y sent une vraie misogynie, et surtout une fascination pour les "vrais" mecs... Fascination rance pour les beaufs à l'ancienne qui aurait légèrement tendance à me donner envie de gerber."
JB Morain
JBMorain, on ne peut pas trop lui faire confiance : il trouve que le dernier Honoré, c'est un chef d'oeuvre : sans l'avoir vu, je suis sûr que c'est un gros mensonge.

Le film d'Audiard, je ne sais pas trop quoi en faire, mais je ne dirais pas qu'il est fasciné par les beaufs à l'ancienne. D'où il sort un truc pareil ?
Et puis, question style, ça manque de... style : c'est "honnête" ou ça donne "envie de gerber" ? Faudrait savoir.

Je ne voudrais pas être trop avec Morain qui a osé être gentil avec Honoré, mais franchement il y a toujours dans son dernier film cette idée de fascination entre le vieux maître (César, qui représente le vieux monde de l'empire du crime, de la mafia "lourde" et lente à l'ancienne, les casinos et tout le bazar) et le jeune élève (Malek, futur caïd du nouveau business léger et fast du hash). Entre le "père" monstrueux et le "fils" qu'il engendre.

Je suis pas vraiment d'accord avec vous quand vous dites qu'il n'y a pas de différence entre l'intérieur de la prison et l'extérieur, je n'ai pas l'impression qu'Audiard fasse particulièrement ce choix, du moins pas vraiment dans l'intention de suggérer que c'est la même chose. J'ai plutôt l'impression qu'il a pas le temps de s'intéresser à autre chose qu'à l'avancement de son histoire. Qu'il est tout de suite rattrapé par elle, le film fait quand même déjà presque 2 heures et demi (avec certaines longueurs incroyable) et j'ai l'impression que dès qu'il commence à partir dans quelques chose de plus ouvert, qui suggère la liberté lorsque Malek sort de prison pour des sorties quand même très brèves, il ne prend simplement pas le temps de laisser souffler le film et son personnage principal, mais il y a pas mal d'amorces dans ce sens (les oiseaux qui chantent en se réveillant à l'aube, les paysages qui défilent par la fenêtre de la voiture et le vent qui souffle sur le visage de Malek, le choix du lieu idyllique dans le sud..).

Le film échoue sur tout un tas de points, mais comme le suggère Borges avec ses différents textes, l'idée du prophète est plutôt bien pensée.

Je rêve ou Malek fait passer (à la demande de César) la mort du mec qu'il tue pour un suicide ?

par Borges Jeu 24 Sep 2009 - 11:47

Je suis pas vraiment d'accord avec vous quand vous dites qu'il n'y a pas de différence entre l'intérieur de la prison et l'extérieur

Oui, mais on peut comparer aux autres films d'Audiard, et on verra que c'est un auteur de l'enferment, par les espaces, les cadres, les relations humaines... relation au passé.... cinéaste de la servitude, dans toutes ses formes. Il était logique qu'il en arrive à ce film de prison, et à cette confrontation avec un jeune gars d'origine ou pas musulmane; longtemps, on sait le mot "islam", "musulman", a été traduit pas "esclave"; faussement, idéologiquement. Hegel disait la même chose du judaïsme, religion d'esclaves. Etc. Là on devrait parler du vaste problème de l'hétéronomie....et de la liberté; être libre, est-ce faire ce que l'on veut, doit, servir...

par Invité Sam 17 Oct 2009 - 18:33

Borges a écrit:Hello à tous;

Nouvel Obs.- Le film est-il, de manière paradoxale, l'histoire d'une libération ?
J. Audiard. - Une libération impossible, alors, en ceci que Malik aura toujours quelqu'un à servir. J'aurais aimé d'ailleurs trouver un équivalent français au titre de la chanson de Dylan «Gotta Serve Somebody»,

Notons que ce titre appartient à la période fondamentaliste chrétienne de Dylan, et que la chanson ne dit pas l'impossibilité de la libération, mais la nécessité du service; nous servons tous, d'une manière ou d'une autre; la vie humaine n'a de sens que dans le service; et le seul service qui vaille naturellement, c'est celui de Dieu. A l'époque Dylan délirait pas mal, et disait pas mal d'horreurs.

Hello Borges,

J'ai longtemps cherché cette discussion autour de Dylan, j'ai d'abord cherché aux endroits où on parlait du dernier Ang Lee, je sais pas pourquoi..

Je ne connais pas du tout Dylan, ou presque pas, mais ceci n'est-il pas à lier avec le transcendantalisme ?

par Borges Dim 18 Oct 2009 - 12:19

Hello JM; ça va? je comprends pas ta question; tu peux préciser?

Wink

par Invité Dim 18 Oct 2009 - 12:43

Hello Borges,

Je ne sais pas, Dylan n'était-il pas à cette époque sous l'influence, entre autre, de la prose transcendantaliste étatsunienne du XIXème ? Je sais pas pourquoi je pense ça, sans doute l'époque, les années 60.. Je lis un peu Emerson actuellement et je pense que d'une certaine façon ses textes peuvent conduire aux délires religieux que tu évoques à propos de Dylan. Je pense aussi à ta brève remarque à propos du fait que tu penses que les hippies qui étaient à Woodstock n'étaient peut-être pas forcément "les progressists que l'on croit".

Il y a des passages curieux chez Emerson, une forme de culte des grands hommes d'autant plus suspecte qu'elle semble vouer un mépris important au commun des mortels.. c'est plus compliqué que cela, il y a une rhétorique du "coup de foudre" sur le lecteur, mais..

j'ai hâte de lire le petit texte sur les liens avec Niezsche qui figure en fin de l'édition du livre que je lis actuellement.

par Borges Dim 18 Oct 2009 - 12:54

Je te conseille aussi les textes de Cavell, qui discute beaucoup les questions que tu te poses, à propos d'Emerson : l'élitisme, la démocratie, relation avec Nietzsche...les grands hommes... il tente de penser toutes ces questions comme "perfectionnisme"; c'est l'un de ses grands thèmes, sa morale et sa politique même... je sais pas si t'a jeté un oeil sur son livre sur les "comédies de remariages", qui sont toutes selon lui sous le signe de Emerson.

("oser dire je", J'avais causé de tout ça, dans le topic sur Tarantino, sur le forum des Cahiers.)

Je vois pas de lien direct entre Emerson et le fondamentalisme chrétien de Dylan de la fin des années 1970 (slow train coming)....

par Invité Dim 18 Oct 2009 - 13:08

Borges a écrit:
je sais pas si t'a jeté un oeil sur son livre sur les "comédies de remariages", qui sont toutes selon lui sous le signe de Emerson.

Oui, j'en avais lu un bout il y a un moment mais j'avais laissé tombé car je connaissais pas un film dont parlait Cavell. Ces comédies qui semblaient n'avoir aucun secret pour lui, m'apparaissaient comme un univers totalement étranger.

Je vois pas de lien direct entre Emerson et le fondamentalisme chrétien
de Dylan de la fin des années 1970 (slow train coming)....

Au temps pour moi! Wink

par Invité Mar 20 Oct 2009 - 13:33

Borges a écrit:

Je te conseille aussi les textes de Cavell, qui discute beaucoup les questions que tu te poses, à propos d'Emerson : l'élitisme, la démocratie, relation avec Nietzsche...les grands hommes... il tente de penser toutes ces questions comme "perfectionnisme"; c'est l'un de ses grands thèmes, sa morale et sa politique même... je sais pas si t'a jeté un oeil sur son livre sur les "comédies de remariages", qui sont toutes selon lui sous le signe de Emerson.

A propos de Niezsche et des "grands hommes", il y a des passages assez gratinés dans "Le crépuscule des idôles".. on pense à notre temps, à "nôtre" grand homme de l'Elysée.

par Contenu sponsorisé