Le goût de la télévision
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Le goût de la télévision
Casque bleu (1993)et Le 20 heures dans les camps(1995), deux films-courts de Chris Marker importants à mon sens - une réalisation qu’on pourrait considérer comme "scolaire", alors qu'il s'agit plutôt d'un regard sec - qui constituent une sorte d’appel à produire de la mémoire, de l’information (d’abord pour les réfugiés bosniaques concernant Le 20 heures dans les camps), "en essayant de n’être pas trop pervers", dit la présentatrice du programme bosniaque. Une télévision qui produirait une image lisible et favoriserait l'homme: "L’image se fait plus dense et quelque chose de cet homme nous est donné", comme l’idéalisait Bazin.
http://www.autourdu1ermai.fr/fiches/film/fiche-film-544.html
http://www.newmedia-art.org/cgi-bin/show-oeu.asp?ID=I0303077&lg=FRA
Il est curieux de retrouver Kassovitz sur un tel dispositif de mise en scène…
disponibles ici: http://inlandravioli.forumactif.org/room-42-f21/chris-marker-t24.htm
La première des choses qui m’a frappé c’est que les gens étaient enfermés non seulement à l’intérieur des murs mais enfermés aussi à l’intérieur d’eux-mêmes, et qu’ils n’avaient strictement aucune information qui venait de l’extérieur, et donc de là est née l’idée de faire un journal.
http://www.autourdu1ermai.fr/fiches/film/fiche-film-544.html
http://www.newmedia-art.org/cgi-bin/show-oeu.asp?ID=I0303077&lg=FRA
Il est curieux de retrouver Kassovitz sur un tel dispositif de mise en scène…
disponibles ici: http://inlandravioli.forumactif.org/room-42-f21/chris-marker-t24.htm
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Vu Casque bleu.
J'ai été surprit par la dimension que prenait les propos du casque bleu interviewé.
J'ai été surprit par la dimension que prenait les propos du casque bleu interviewé.
Re: Le goût de la télévision
Je suis souvent découragé par le nombre de liens qu'il faut télécharger. Quand on est pas "premium user", c'est super fastidieux :/
Re: Le goût de la télévision
C'est un document rare. C'est vraiment "bien" de le voir ressurgir. Bcp de personnes, sur Karagarga cherchent à l'avoir . Je vais le récupérer par le biais des liens Breaker et ensuite le disposer à nouveau en 2 ou 3 liens seulement. Don't be afraid
^x^- Messages : 609
Re: Le goût de la télévision
Peu d’infos sur ces films-là pour l’instant, peut-être cet atelier vidéo du camp de Roska s’apparente plus ou moins à l’expérience que Rouch et Godard avaient tentée au Mozambique. Pour autant, le film n’est pas une arme dit Marker, "juste une correspondance euphonique" ; à lire dans cet entretien plutôt rare: http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/article/la-seconde-vie-de-chris-marker/
Je peux vous faire passer un autre film de Marker, si ça vous intéresse:
http://www.film-documentaire.fr/Si_j_avais_4_dromadaires.html,film,3408
images moins bonnes, qualité vhs…
“La photo c’est la chasse. C’est l’instinct de la chasse sans l’envie de tuer.
C’est la chasse des anges. On traque, on vise, on tire, et puis clac,
au lieu d’un mort on fait un éternel.”
Je peux vous faire passer un autre film de Marker, si ça vous intéresse:
http://www.film-documentaire.fr/Si_j_avais_4_dromadaires.html,film,3408
images moins bonnes, qualité vhs…
“La photo c’est la chasse. C’est l’instinct de la chasse sans l’envie de tuer.
C’est la chasse des anges. On traque, on vise, on tire, et puis clac,
au lieu d’un mort on fait un éternel.”
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
je relance ce topic qui se veut digressif, sur la télé, et sans doute sur l'image aussi...
Le goût de la télévision est ce livre de Thierry Jousse aux éditions Cahiers du cinéma, "une anthologie qui est l'histoire d'un regard des formes télévisuelles", dont la négativité de Pierre Bourdieu sur la télé est tournée en dérision par Serge Toubiana ; sur ces deux émissions réalisées par le Collège de France, Toubiana dira: "croyant faire de la bonne télévision, Bourdieu fait de la radio. Ou de la télé albanaise."
L'anthologie de Jousse paraît peu intéressée par la critique d'une télé qui organise la régression de l'intelligence dont parle Bourdieu: "la télévision abaisse le droit d'entrée dans un certain nombre de champs, philosophique, juridique, etc... D'autre part, elle est en mesure d'atteindre le plus grand nombre."
Découvert récemment(sur ce forum des Spectres) l'émission de Laure Adler avec Straub/Huillet et Paul Virilio notamment, "le destin des images", où Straub engueule Philippe QUEAU(philosophe de l'image) pendant toute l'émission.
http://boutique.ina.fr/video/economie-et-societe/vie-economique/I00009757/vif-desaccord-entre-jean-marie-straub-et-philippe-queau-sur-la-notion-de-progres.fr.html
Philippe Queau semble insidieusement pris dans le décor, qui forme derrière lui une sorte de croix, accentuant un peu plus absurdement son supplice!
Straub y parle de dissidence, du saut du tigre dans le passé, et à quel point tout ce monde d'images fabrique des invalides. Il rage contre la monstrueuse pornographie des images, "une image où il n'y a pas d'émotion est une chose monstrueuse, c'est la mort des images"
Danièle Huillet dans "non-réconciliés ou seule la violence aide où la violence règne"
Selon Bernard Stiegler(la télécratie contre la démocratie), les industries de programmes ont pris le contrôle du social dans la mesure où elles monopolisent les technologies relationnelles(d'information et de communication), "ce qui permet de canaliser les investissements relationnels qui concrétisent le désir vers les marchandises, mais au prix d'une élimination de la conscience". En ça, Paul Virilio parlait du narco-capitalisme des images comme danger de déréalisation de l'individu:
Le goût de la télévision est ce livre de Thierry Jousse aux éditions Cahiers du cinéma, "une anthologie qui est l'histoire d'un regard des formes télévisuelles", dont la négativité de Pierre Bourdieu sur la télé est tournée en dérision par Serge Toubiana ; sur ces deux émissions réalisées par le Collège de France, Toubiana dira: "croyant faire de la bonne télévision, Bourdieu fait de la radio. Ou de la télé albanaise."
L'anthologie de Jousse paraît peu intéressée par la critique d'une télé qui organise la régression de l'intelligence dont parle Bourdieu: "la télévision abaisse le droit d'entrée dans un certain nombre de champs, philosophique, juridique, etc... D'autre part, elle est en mesure d'atteindre le plus grand nombre."
Découvert récemment(sur ce forum des Spectres) l'émission de Laure Adler avec Straub/Huillet et Paul Virilio notamment, "le destin des images", où Straub engueule Philippe QUEAU(philosophe de l'image) pendant toute l'émission.
http://boutique.ina.fr/video/economie-et-societe/vie-economique/I00009757/vif-desaccord-entre-jean-marie-straub-et-philippe-queau-sur-la-notion-de-progres.fr.html
Philippe Queau semble insidieusement pris dans le décor, qui forme derrière lui une sorte de croix, accentuant un peu plus absurdement son supplice!
Straub y parle de dissidence, du saut du tigre dans le passé, et à quel point tout ce monde d'images fabrique des invalides. Il rage contre la monstrueuse pornographie des images, "une image où il n'y a pas d'émotion est une chose monstrueuse, c'est la mort des images"
Danièle Huillet dans "non-réconciliés ou seule la violence aide où la violence règne"
Selon Bernard Stiegler(la télécratie contre la démocratie), les industries de programmes ont pris le contrôle du social dans la mesure où elles monopolisent les technologies relationnelles(d'information et de communication), "ce qui permet de canaliser les investissements relationnels qui concrétisent le désir vers les marchandises, mais au prix d'une élimination de la conscience". En ça, Paul Virilio parlait du narco-capitalisme des images comme danger de déréalisation de l'individu:
Paul Virilio: -L'image est le fruit de l'optique, et l'optique c'est la science des images. Il faut considérer l'optique comme un art, et pas simplement une techno science.
Jean-Marie Straub: -Il faut travailler à ce que l'optique redevienne un oeil, et un oeil ça n'a d'intérêt que si c'est un regard.
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Pivot, c'est la grande classe, le goût des lettres, de toutes les lettres de A à Z, c'est celui qui fait la dictée... Il a le sens de l'apparition, c'est un aristocrate qui sait faire partager son savoir, et dieu sait combien il en est farci. Quel avenir pour l'homme?, ce programme(c'était en 1976) est d'abord présenté par une speakerine tout sourire, mais Pivot dans un moment télé d'anthologie intervient pour effacer son image, la femme ne fait pas partie de l'avenir de l'homme.
cette grande scène d'apparition/disparition est à voir ici:
http://boutique.ina.fr/video/art-et-culture/litterature/CPB76065074/quel-avenir-pour-l-homme.fr.html
Pivot a conçu certaines émissions qui pourraient passer dans le répertoir théâtral, en l'occurence celle avec Bukowski, dont le thème était "en marge de la société". Ce à quoi on assiste là aussi, c'est à l'effacement des marges par Pivot (et ses invités soit disant dans les marges) ; les marginaux ne font pas partie de l'avenir de l'homme.
J'aurais adoré que Bukowski avant de quitter le plateau dégueule sur Pivot, pisse sur le crâne du psychiatre qui a grillé Artaud, fourre ses mains de gros dégueulasse sous les jupes de la pimbêche, et pour finir qu'il mette un coup dans la gueule à Cavanna et l'autre pâteux dont j'ai oublié le nom.
voir l'intro, Pivot présente tout le monde: http://boutique.ina.fr/video/art-et-culture/litterature/CPB78051583/en-marge-de-la-societe.fr.html
cette grande scène d'apparition/disparition est à voir ici:
http://boutique.ina.fr/video/art-et-culture/litterature/CPB76065074/quel-avenir-pour-l-homme.fr.html
Pivot a conçu certaines émissions qui pourraient passer dans le répertoir théâtral, en l'occurence celle avec Bukowski, dont le thème était "en marge de la société". Ce à quoi on assiste là aussi, c'est à l'effacement des marges par Pivot (et ses invités soit disant dans les marges) ; les marginaux ne font pas partie de l'avenir de l'homme.
J'aurais adoré que Bukowski avant de quitter le plateau dégueule sur Pivot, pisse sur le crâne du psychiatre qui a grillé Artaud, fourre ses mains de gros dégueulasse sous les jupes de la pimbêche, et pour finir qu'il mette un coup dans la gueule à Cavanna et l'autre pâteux dont j'ai oublié le nom.
voir l'intro, Pivot présente tout le monde: http://boutique.ina.fr/video/art-et-culture/litterature/CPB78051583/en-marge-de-la-societe.fr.html
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Ce soir sur Fr 2 il y a cette nouvelle série "L'apocalypse, la Seconde Guerre mondiale", très attendue par les médias.
Ce qu'on peut en lire aujourd'hui dans les journaux laisse très perplexe.On apprend par exemple que les images d'archive ont toutes été colorisées, sauf celles de la Shoah...
Ce qu'on peut en lire aujourd'hui dans les journaux laisse très perplexe.On apprend par exemple que les images d'archive ont toutes été colorisées, sauf celles de la Shoah...
Leurtillois- Messages : 131
Re: Le goût de la télévision
est-ce que Kassovitz sait ce qu'il raconte?
première ligne du commentaire(écrit par Daniel Costelle): "ceci est la véritable histoire de la deuxième guerre mondiale pour que les générations se souviennent de l'Apocalypse."
Le prophète pas un prophète.
Quelques secondes plus tard, le récit de Costelle enchaîne sur "le viol des Allemandes par les Russes en 1945" ; inouï!
Deux ou trois secondes plus loin: "Tout bascule en 1933, Hitler et ses milices armées font main basse sur l'Allemagne, par l'intimidation, la démagogie, l'exploitation de l'amertume des anciens combattants."
Exit la question du réarmement de l'Allemagne, plan Dawes et plan Young connais pas... C'est pourtant sur cette base de capitaux américains qu'Hitler allait construire toute sa machinerie de guerre. Quand Straub disait que l'Allemagne nazie était sortie des cartels, des grands trusts, c'est pas tout à fait le même sens historique.
Quant à savoir s'il fallait coloriser ou non les images d'archives de la Shoah, je me poserai cette question toute ma vie.
première ligne du commentaire(écrit par Daniel Costelle): "ceci est la véritable histoire de la deuxième guerre mondiale pour que les générations se souviennent de l'Apocalypse."
Le prophète pas un prophète.
Quelques secondes plus tard, le récit de Costelle enchaîne sur "le viol des Allemandes par les Russes en 1945" ; inouï!
Deux ou trois secondes plus loin: "Tout bascule en 1933, Hitler et ses milices armées font main basse sur l'Allemagne, par l'intimidation, la démagogie, l'exploitation de l'amertume des anciens combattants."
Exit la question du réarmement de l'Allemagne, plan Dawes et plan Young connais pas... C'est pourtant sur cette base de capitaux américains qu'Hitler allait construire toute sa machinerie de guerre. Quand Straub disait que l'Allemagne nazie était sortie des cartels, des grands trusts, c'est pas tout à fait le même sens historique.
Quant à savoir s'il fallait coloriser ou non les images d'archives de la Shoah, je me poserai cette question toute ma vie.
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
(Le goût de la télévision, je ne l'ai jamais trop eu ; le goût de la radio, si, mais ce matin, France Culture me l'a fait passer.
Il y avait l'impertinent Marc Voinchet qui aidait le timide Alain Finkielkraut à vaincre sa pudeur à nous parler de lui-même et de son dernier livre, pendant une heure et demie : "Un coeur intelligent" que ça s'appelle, et c'est déjà sur la préliste du prix Médicis Essai, rendez-vous compte ! - tout auditeur a eu l'exquis privilège d'entendre Alain Finkielkraut en rosir d'embarras : quel homme délicat, quelle tendresse des chairs sous le cuir du bretteur infatigable.
Alain Finkielkraut n'a pas eu la grossièreté de parler trop profondément de son nouveau livre, mais sachez qu'il y est question de littérature, seulement de littérature. A en juger par la liste des romans qu'il y évoque (littérature de l'ex bloc soviétique - Kundera, Grossman -, de l'Allemagne de Weimar et des premières années du nazisme - Haffner -, de l'Amérique au temps de l'antiracisme - Roth -, de la France au temps de l'Algérie française - Camus -, à quoi se mêle encore le roman d'un homme hanté par une lâcheté de sa jeunesse et devenu protecteur des peuples - "Lord Jim"), on croit deviner quel chemin pionnier notre courageux explorateur va frayer à coups de machette dans la jungle de la littérature mondiale. Un événement de la rentrée littéraire, à coup sûr, qui mérite bien un entretien d'une heure et demie et une corbeille de prix.
Ce pur privilège d'entendre un grand ouvrir son coeur et laisser voir ses failles intimes, ne fut certes pas gâché par une chronique d'Alexandre Adler, en direct de son salon, où il venait d'enfiler ses pantoufles, lesquelles ont depuis la nuit des temps la vertu magique de lui inspirer chaque matin quelque oracle sur l'état du monde contemporain. Non plus qu'il le fut par la courageuse intervention d'Olivier Duhamel, alertant le citoyen ensommeillé égaré sur les ondes de la radio publique que monsieur Berlusconi venait de franchir toutes les bornes de l'intolérable en s'en prenant à la presse libre de son pays, dernier bastion d'une démocratie qui fait pourtant jeter en prison par des milices citoyennes les rescapés de l'île de Lampedusa, sans que les intervenants de France Culture s'en émeuvent outre mesure.
Monsieur Finkielkraut, à peine remis de son émotion à l'idée de se voir remettre par ses pairs le suprême colifichet de l'Essai 2009, n'écoutant que son courage politique, n'attendit pas que monsieur Voinchet lui tende une de ces perches dont il s'est fait une spécialité et pourfendit une berlusconisation flagrante et générale de la culture, en se réclamant du haut patronage de madame Arendt - ce qui laissa à monsieur Voinchet assez de temps pour repeigner une mèche qui menaçait de rébellion - car en monsieur Voinchet, rien n'est rebelle, pas même la mèche.
Avec les matins de France Culture, la terre tourne plus rond que jamais, et c'est rassurant, à l'heure de tartiner les biscottes, de ne pas tomber dans des angoisses trop métaphysiques.
Voilà pour la parenthèse radiophonique. Vous pouvez rallumer le poste de télévision et reprendre une activité normale.)
Il y avait l'impertinent Marc Voinchet qui aidait le timide Alain Finkielkraut à vaincre sa pudeur à nous parler de lui-même et de son dernier livre, pendant une heure et demie : "Un coeur intelligent" que ça s'appelle, et c'est déjà sur la préliste du prix Médicis Essai, rendez-vous compte ! - tout auditeur a eu l'exquis privilège d'entendre Alain Finkielkraut en rosir d'embarras : quel homme délicat, quelle tendresse des chairs sous le cuir du bretteur infatigable.
Alain Finkielkraut n'a pas eu la grossièreté de parler trop profondément de son nouveau livre, mais sachez qu'il y est question de littérature, seulement de littérature. A en juger par la liste des romans qu'il y évoque (littérature de l'ex bloc soviétique - Kundera, Grossman -, de l'Allemagne de Weimar et des premières années du nazisme - Haffner -, de l'Amérique au temps de l'antiracisme - Roth -, de la France au temps de l'Algérie française - Camus -, à quoi se mêle encore le roman d'un homme hanté par une lâcheté de sa jeunesse et devenu protecteur des peuples - "Lord Jim"), on croit deviner quel chemin pionnier notre courageux explorateur va frayer à coups de machette dans la jungle de la littérature mondiale. Un événement de la rentrée littéraire, à coup sûr, qui mérite bien un entretien d'une heure et demie et une corbeille de prix.
Ce pur privilège d'entendre un grand ouvrir son coeur et laisser voir ses failles intimes, ne fut certes pas gâché par une chronique d'Alexandre Adler, en direct de son salon, où il venait d'enfiler ses pantoufles, lesquelles ont depuis la nuit des temps la vertu magique de lui inspirer chaque matin quelque oracle sur l'état du monde contemporain. Non plus qu'il le fut par la courageuse intervention d'Olivier Duhamel, alertant le citoyen ensommeillé égaré sur les ondes de la radio publique que monsieur Berlusconi venait de franchir toutes les bornes de l'intolérable en s'en prenant à la presse libre de son pays, dernier bastion d'une démocratie qui fait pourtant jeter en prison par des milices citoyennes les rescapés de l'île de Lampedusa, sans que les intervenants de France Culture s'en émeuvent outre mesure.
Monsieur Finkielkraut, à peine remis de son émotion à l'idée de se voir remettre par ses pairs le suprême colifichet de l'Essai 2009, n'écoutant que son courage politique, n'attendit pas que monsieur Voinchet lui tende une de ces perches dont il s'est fait une spécialité et pourfendit une berlusconisation flagrante et générale de la culture, en se réclamant du haut patronage de madame Arendt - ce qui laissa à monsieur Voinchet assez de temps pour repeigner une mèche qui menaçait de rébellion - car en monsieur Voinchet, rien n'est rebelle, pas même la mèche.
Avec les matins de France Culture, la terre tourne plus rond que jamais, et c'est rassurant, à l'heure de tartiner les biscottes, de ne pas tomber dans des angoisses trop métaphysiques.
Voilà pour la parenthèse radiophonique. Vous pouvez rallumer le poste de télévision et reprendre une activité normale.)
Dernière édition par Eyquem le Mer 9 Sep 2009 - 10:37, édité 2 fois
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le goût de la télévision
breaker a écrit:
Quant à savoir s'il fallait coloriser ou non les images d'archives de la Shoah, je me poserai cette question toute ma vie.
Hello breaker,
La question se pose d'autant plus qu'il existe aussi des films couleur des camps, notamment les bobines enregistrées par G. Stevens à la libération.
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Les images de Stevens :
https://www.dailymotion.com/video/x3j9e6_liberation-of-dachau-in-color_people
Rien que le titre, "Apocalypse", est particulièrement dissuasif.
https://www.dailymotion.com/video/x3j9e6_liberation-of-dachau-in-color_people
Rien que le titre, "Apocalypse", est particulièrement dissuasif.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le goût de la télévision
salut messieurs,JM a écrit:
La question se pose d'autant plus qu'il existe aussi des films couleur des camps, notamment les bobines enregistrées par G. Stevens à la libération.
avant de poser cette question des films couleur des camps, qui est peut-être intéressante je ne sais pas, il y a ce commentaire de "la véritable histoire" qui raconte que Hitler a hypnotisé le peuple allemand, comme Garcimore hypnotisait les petits lapins. Ce qui n'est pas dit, et qui ne sera sans doute jamais dit à la télé des maquereaux, je vais donc me répéter ici: c'est que le nazisme est sorti de la finance internationale, des milieux bancaires et industriels américains(la General Motors, les usines Ford..), des cartels tels que I.G. Farben contrôlé par Rothschild, du Traité de Versailles bien sûr(à peine évoqué), des rivalités entre la France et l'Angleterre(avec qui Hitler espérait une alliance)... Bref, je ne suis pas assez historien pour être suffisamment précis, mais pour dire rapport à ce documentaire que "l'information" n'existe que sous forme de propagande, au moins égale ou pire que le système envisagé par Goebbels. Pour revenir à Straub il disait que sans la mémoire du passé on ne peut pas inventer l'utopie du futur, si le passé est refoulé et piétiné.
La putain qui a mis Hitler au monde toujours en rut...
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Oui et on oublie aussi que adolf hitler a été élu.
Ian Kershaw, dans ses thèses sur la propagation de ce qu'il appelle le "mythe hitler" et sur la façon dont le régime nazi a utilisé la propagande pour servir ses fins montre bien qu'il n'existe
Tout comme l'image de ce Reich ultrapuissant, on sait bien depuis un bon moment que l'empire du 3ème reich c'était avant tout une guerre pour le pouvoir de petits chefs, les uns, les autres se tirant dans les pattes...
Puis évidemment, je vais radoter, il y a tout ce qu'a écrit Enzo Traverso et qui ne fait que renforcer ce que tu dis breaker, même si il y aurait pas mal à nuancer et préciser.
En ce moment, entre la propagande ecotartuffée à la Home et la réutilisation de la guerre de 39-45...
Pourquoi cette référence religieuse : "apocalypse" ?
Ian Kershaw, dans ses thèses sur la propagation de ce qu'il appelle le "mythe hitler" et sur la façon dont le régime nazi a utilisé la propagande pour servir ses fins montre bien qu'il n'existe
Tout comme l'image de ce Reich ultrapuissant, on sait bien depuis un bon moment que l'empire du 3ème reich c'était avant tout une guerre pour le pouvoir de petits chefs, les uns, les autres se tirant dans les pattes...
Puis évidemment, je vais radoter, il y a tout ce qu'a écrit Enzo Traverso et qui ne fait que renforcer ce que tu dis breaker, même si il y aurait pas mal à nuancer et préciser.
En ce moment, entre la propagande ecotartuffée à la Home et la réutilisation de la guerre de 39-45...
Pourquoi cette référence religieuse : "apocalypse" ?
DB- Messages : 1528
Re: Le goût de la télévision
breaker a écrit:
salut messieurs,
avant de poser cette question des films couleur des camps, qui est peut-être intéressante je ne sais pas, il y a ce commentaire de "la véritable histoire" qui raconte que Hitler a hypnotisé le peuple allemand, comme Garcimore hypnotisait les petits lapins.
L'émission que tu as regardé hier à la TV évoque-t-elle cela ? C'est pas un truc très sérieux mais pour qui se penche sur le personnage d'Hitler peut être amené à étudier d'un peu près cette question-là. J'avais parlé de cela dans le sujet du film de Tarantino. J'ai vu depuis "Invincible" d'Herzog, dont ne parle pas Bellour dans son livre je crois quoiqu'il évoque Herzog, mais qui est évoqué par JLG dans le film de Fleischer. Il ne s'agit pas de parler d'hypnotisme de tout le peuple allemand, bien entendu, contrairement à ce que Borges voulait me faire dire alors, mais la chose ne me paraît pas complètement inintéressante à étudier. Le film de Herzog évoque plutôt l'hypnose dans un mélange de fascination et d'arnaque, de fascination pour l'arnaque.
Il est aussi beaucoup question de "réversibilité" dans ce film, c'est même son sujet principal, on pense à la scène des cartes dans le film de QT. Il me semble que c'est un film plus sérieux que "Inglorious Basterds".
En ce qui concerne les fondements capitalistes du nazisme, il me semble que ce sont des choses qui se savent pas mal aujourd'hui, mais je comprends que tu puisses être choqué que l'émission que tu as regardé hier soir (et qui a l'air particulièrement nulle) n'en parle pas. Cependant je peux te certifier que j'ai déjà vu des émissions sur Arte qui évoquaient cela, qui mettaient en cause de gigantesques entreprises qui ont collaboré avec les nazi pendant la guerre comme Coca-Cola (voire par exemple l'histoire de leur sous-marque "Fanta").
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Oui, rappelons aussi que l'aide (politique, économique...) au nazisme visait aussi à créer une puissance capable de démolir les Bolcheviques; comme on le voit dans le film de Tarantino, et le voyait mieux encore dans celui de PV; les nazis vaincus s'allient aux alliés pour lutter contre les Bolcheviques.
Borges- Messages : 6044
Re: Le goût de la télévision
Pourquoi "Apocalypse"?
Qu'est devenu le "now"?
Quoi maintenant de l'apocalypse?
Qu'est devenu le "now"?
Quoi maintenant de l'apocalypse?
Borges- Messages : 6044
Re: Le goût de la télévision
J'avais oublié; bien avant Coppola, Minnelli avait lié la guerre, et cette fois la seconde mondiale à l'apocalypse (faisant subir un étrange traitement de colorisation aux images d'archive) : The 4 Horsemen of the Apocalypse.
Borges- Messages : 6044
Re: Le goût de la télévision
exact, il faudrait que je revois ce Minnelli à l'occasion d'ailleurs, je ne me souviens pas de cette histoire d'images colorisées de la guerre mais pour l'instant je suis plutôt avec Mankiewicz.
On trouve pas mal ces deux thèmes liés en peinture, je crois ?
N'oublions pas la première partie de "Notre Musique" aussi, ça commence comme la genèse et puis..
On trouve pas mal ces deux thèmes liés en peinture, je crois ?
N'oublions pas la première partie de "Notre Musique" aussi, ça commence comme la genèse et puis..
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Oui JM mais la façon de monter les images d'archives par JLG c'est autre chose que la chose de FR2.
DB- Messages : 1528
Re: Le goût de la télévision
JM a écrit:N'oublions pas la première partie de "Notre Musique" aussi, ça commence comme la genèse et puis..
Qu'est-ce qui commence comme la genèse dans la première partie de "Notre musique" ?
Leurtillois- Messages : 131
Re: Le goût de la télévision
d'après les auteurs eux-mêmes: http://jcdurbant.wordpress.com/2009/09/09/television-hitler-apparaissait-comme-le-cavalier-de-l%E2%80%99apocalypse-if-you-want-peace-you-need-to-know-about-war/David_Boring a écrit:
Pourquoi cette référence religieuse : "apocalypse" ?
Sinon, merci pour la référence Enzo Traverso.
http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=28&idMot=64
http://www.vacarme.org/article434.html-Dans un article récent consacré aux rapports entre mémoire et écriture de l’histoire, vous écrivez que la mémoire des vaincus a été éclipsée au profit de celle des victimes. C’est, selon vous, ce qui caractériserait l’époque...
-Les victimes font l’objet de compassion, mais ne sont généralement pas perçues comme des sujets de l’histoire. Essentiellement passives, elles jouent un rôle d’écran sur lequel nous projetons notre « humanitarisme ». Alors que les vaincus ont tenté de prendre en main leur destin, même s’ils ont perdu la bataille... La mémoire des vaincus se dérobe souvent à une politique institutionnelle du deuil. L’obsession actuelle de la mémoire se traduit dans une politique de commémoration séparée de toute réflexion critique sur le présent. On n’a jamais tant commémoré la Shoah, mais on se garde bien de la penser dans le présent. Dans ces conditions, dire que, si on tire des leçons de la Shoah, on ne peut pas accepter la politique israélienne dans les territoires palestiniens - non pas parce que les deux seraient analogues, mais parce qu’il est inadmissible qu’un État juif utilise la mémoire du génocide pour justifier sa politique d’oppression contre un autre peuple -, c’est proférer un blasphème qui risque parfois de trouver son épilogue dans une salle de tribunal (comme a pu récemment le constater un journaliste de France-Inter).
http://www.republique-des-lettres.fr/307-enzo-traverso.phpon ne peut pas démoniser l'Allemagne d'une façon unilatérale. Il serait absurde à mon avis de raisonner avec des catégories nazies en présentant l'Allemagne comme l'incarnation du mal au même titre que les nazis pouvaient eux-mêmes considérer les juifs comme l'incarnation du mal.
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Leurtillois a écrit:JM a écrit:N'oublions pas la première partie de "Notre Musique" aussi, ça commence comme la genèse et puis..
Qu'est-ce qui commence comme la genèse dans la première partie de "Notre musique" ?
salut Leurtillois,
Les plans d'animaux qui sortent de l'eau, puis les hommes, j'en avais un peu parlé déjà ici... la leçon de Godard dans la seconde partie est aussi traversée par la genèse, il me semble, ce partage de la nuit et de la lumière, tout cela est à préciser naturellement en se penchant plus sur le film et le texte..
http://www.lirelabible.net/LSG/html_5/Genese_1.htm
Invité- Invité
Re: Le goût de la télévision
Très bon, Eyquem sur Finkielkraut. J'ai écouté aussi cette charmante liposucée de vieille cervelle déconfite. Beaucoup aimé le passage du maître-philosophe, cet homme plein d'amour pour son prochain (proportionnellement au pouvoir qu'il détient) et qui a vertement fustigé l'humour cynique qui nous envahit et qui parasite les sains débats en autorisant tout le monde (et surtout n'importe qui, hein, parce que c'est surtout ça la démocratie) à faire gicler sa bile populiste sur nos pauvres gentlemens gouvernants, fort injustement accablés quand bien même ils furent tout à fait démocratiquement élus. Bref, le monde moderne va à veau-l'eau, c'est la gabegie, mon bon monsieur, mais où-va-t-on ? Je me permets de vous poser la question !
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