What are you doing right now, Mr. Shyamalan ?

Van Stratten a écrit:Bonjour, D&D, et merci du précieux conseil : effectivement je vais télégratter prochainement The Village, et si ça va, j'irai jusqu'à Phenomènes

Bonsoir Van Stratten,

Vous voulez bien relire la deuxième partie de mon conseil, aussi ?

Sinon, bien content de voir que vous avez publié ici un long texte que j'ai hâte de lire

Careful a écrit:Hi Van Stratten,

Que sous entends tu par les codes du simulacre (chez Shyamalan) ?

Non ?
Ok.

Bonsoir Careful ,

Pas encore pu lire mais je suppose que c'est par là que ça se joue :

https://spectresducinema.1fr1.net/autres-sujets-de-conversations-f10/le-triomphe-du-simulacre-t217.htm

Ah!
Oui, effectivement c'est ici. Merci mon D&D d'aider des délabrés de mon genre.

"Shyalaman serait il suffisant ?" avait demandé un jour, un rédacteur de Rotten Tomatoes.com, lol...

&

(à délabré, délabré et demi, crois-moi )

J'ai revu "Incassable" l'autre jour et ça m'a moins emballé que la première fois où je l'avais vu..en fait c'est beaucoup plus manichéen (jusqu'aux couleurs de peau des acteurs) que ce dont je me souvenais, et puis tout ce gris, bof.. la séquence de gonflette est carrément lourdingue.. il reste quelques moments forts, comme ce plan où le fils braque le père, là le film prend une dimension plus grande, se propose comme "méditation" sur la famille.

En fait, comme disait un peu LP une fois sur le site des Cahiers à propos de la séquence des céréales dans "La jeune fille de l'eau", le film entier pourrait être vu comme une sorte de rêverie du gosse devant son verre de jus d'orange du petit-déjeuner dans le gris d'une cuisine avec la famille disloquée, le père "ordinaire" rêvé en super-héros dont la "kryptonite" est l'eau..

Dans le film, le Mal, le collectionneur de comics est une sorte de puriste, le mec tolère pas qu'on considère ses articles comme de vulgaires joujous, il essaye d'élever la BD au rang "aristocratique". On pourrait rapprocher cet esprit de sérieux de celui du critique de "La jeune fille de l'eau". on sait comment il termine.. Il y aurait comme ça une certaine méfiance répétée chez Shy pour la figure de l'"intellectuel". Faudrait voir avec "Phénomène", ce qu'il en est..

JM a écrit:
En fait, comme disait un peu LP une fois sur le site des Cahiers à propos de la séquence des céréales dans "La jeune fille de l'eau", le film entier pourrait être vu comme une sorte de rêverie du gosse devant son verre de jus d'orange du petit-déjeuner dans le gris d'une cuisine avec la famille disloquée, le père "ordinaire" rêvé en super-héros dont la "kryptonite" est l'eau..

malheureusement le plan que je décris, et qui existe bel et bien dans le film, commence avec une grosse brique de Tropicana en premier plan. Là-encore, mauvais goût absolu de la part du cinéaste qui pourrait voir illico son film se transformer en méga réclame publicitaire pour ledit produit.

Bon, je crois qu'il existe toute une interprétation sur l'élément liquide dans les films de Shy, je crois me souvenir d'un texte de Tesson là-dessus dans les Cahiers, dans sa critique de "Signes"..faudra que je retourne consulter ça à l'occas'..

Franchement, Incassable est manichéen mais cela m'étonne que tu ne l'aies pas vu la première fois. C'est je crois le nerf du film en fait, toutes les références aux comics golden age, l'esprit des comics de super héros qui anime le film...

Ce que tu dis sur les intellectuels est peut-être plus à rejoindre à ce que Shy à avec la figure de l'intellectuel, sa posture, son discours plutôt que l'intellectuel en tant que tel (ou en tant que champ pour ce que ça vaut).

Parce que si mon souvenir est bon, le prof de The Happening est très intello justement, pas dans la figure, dans sa façon d'être, de parler, il essaye de penser au lieu d'agir (y'a tout un truc avec la méthode scientifique).

David_Boring a écrit:Franchement, Incassable est manichéen mais cela m'étonne que tu ne l'aies pas vu la première fois. C'est je crois le nerf du film en fait, toutes les références aux comics golden age, l'esprit des comics de super héros qui anime le film...

Ce que tu dis sur les intellectuels est peut-être plus à rejoindre à ce que Shy à avec la figure de l'intellectuel, sa posture, son discours plutôt que l'intellectuel en tant que tel (ou en tant que champ pour ce que ça vaut).

Parce que si mon souvenir est bon, le prof de The Happening est très intello justement, pas dans la figure, dans sa façon d'être, de parler, il essaye de penser au lieu d'agir (y'a tout un truc avec la méthode scientifique).

Hello DB,

En fait, en général au début avec Shy je me laisse assez bien porter par la mise en scène sans chercher à entrer précisément dans le film d'une manière trop réfléchie, on va dire. Je pense que c'est aussi comme ça qu'il souhaite que l'on reçoive ses films, cinéma de la croyance et tout ça... j'avais le souvenir que le film imbriquait le bien et le mal d'une façon plus subtile mais en réalité c'est très simpliste (sans doute en hommage comme tu dis aux "comics golden age"), le coup du mal qui va chercher le bien pour qu'il l'éradique (au passage, politiquement, ça justifie à peu près tout et le film étant sorti en 2000, ça permet de se rendre compte comme le soi-disant cinéma "post-11septembre" étatsunien implique en somme des "thématiques" bien plus anciennes). Le film deviendrait peut-être plus intéressant si il commençait là où il se termine, car après la poignée de main avec l'homme de verre révélatrice pour le personnage de Bruce Willis nul ne sait comment les deux vont évoluer (cohabitation ou opposition éternelle comme le suggère le travelling arrière final ?). On sait que Tarantino reproche à Shy de ne pas vouloir faire une suite à ce film (entretien aux Cahiers à la sortie de "Deathproof"), peut-être que c'est justement ça qui l'intéresse, cette tension naissante entre les deux personnages et plus largement entre le bien et le mal ??


Pour le reste, c'est pas très clair, il faudrait que je revois "Phénomène". Je pensais effectivement aux rôles des profs à propos de ce film, mais il s'agit de science et plus de ("critique" de) l'art, on est dans quelque chose de beaucoup plus "rationnel"..

Justement, je me demande bien comment son dernier film s'en sortira, si finalement Shy ne commencerait pas à se tourner totalement vers le spectaculaire (je trouve pas que ses précédents soient complètement tournés vers ça).

Golden age c'est juste un nom qui est donné à une certaine époque de comics américains, très manichéen et auquel Incassable ne cesse de faire référence. Je crois me souvenir que Shy disait justement que pour lui personne n'était méchant ou n'incarnait le mal dans le film (mais que penser du tueur qui séquestre la famille ?).

EN y repensant, je trouve que la fin est complètement ratée, ou plutôt qu'elle tombe comme un cheveu sur la soupe avec la volonté (un peu forcée) de trouver une pirouette finale pour faire tenir le film debout alors qu'il n'en avait pas foncièrement besoin.

Eyquem a écrit:
(pourtant, Collateral, ça m'avait impressionné ; je m'étais dit que c'était quelque chose. Mais au fond, c'est rien : c'est pas de la mise en scène, c'est juste du design. )

Je n'ai jamais compris l'intérêt que l'on accordait à Michael Mann, avant Collateral et Miami Vice... Je crois que chez lui la caméra fait 80% du travail. Les textures d'espaces qui nous auraient semblé totalement dans le cliché semblent revivre rien que par le fait que la caméra hd ne restitue pas le réel de la même manière que l'image hollywoodienne "classique". Le plus incroyable est que Michael Mann malgré ses structures du récit, et les psychologies figées de ses personnages semble avoir compris sur Miami Vice, et Collateral le potentiel du rendu visuel HD. Il contemple beaucoup trop, beaucoup plus que la norme du blockbuster hollywoodien... et ça crée un décalage, qui fait prendre une étrange distance au récit, mais peut rapprocher des éléments, de la matérialité des objets, des lieux.
C'est ce qui est à mon goût fascinant là dedans. Et je pense que c'est plus que du design... c'est un retour à quelque chose d'essentiel, je ne suis pas sûr que ce soit quelque chose de lisse, et ce malgré les voitures et les avions brillants, qui d'ailleurs dans leur état réel sont tout autant clinquants... la matérialité de ses objets, ne concerne donc pas apriori le fond de l'image qui les capture.