des papys bien peu résistants
des papys bien peu résistants
Je reposte ici ce que j'avais écrit à propos du dernier Tavernier sur le forum des Cahiers il y a quelques temps :
Pourquoi reposter ce truc, parce que hier j'ai regardé le dernier S. Lumet, "7h58 ce samedi-là", et je serais tenté de reprendre grosso-modo les arguments que j'avais émis contre le Tavernier (qui prendrait sûrement pour un compliment d'être comparé à Lumet, "invité" récent de son Institut Lumière lyonnais). Ce cinéma-là paraît tellement vieillot, daté, malgré tout ce que ces cinéastes semblent tenter pour dépoussiérer leurs vieux réflexes. Ici le puzzle temporel qui se veut jeune ou ces espèces d'arrêt sur image zoomés absolument immondes à certains moments, traduisant surtout l'incapacité de Lumet à gérer la psychologie de ses personnage dans laquelle il s'enfonce pourtant jusqu'au coup. Cinéma sur les traces des thèmes eastwoodiens par excellence, dans le Lumet on pense à Mystic River, à ce qui ne fonctionne pas très bien, comme le jeu grimaçant de Sean Penn comme argument psychologique.. cinéma qui croit trop tenir le scénario en or quand il s'agit seulement d'un nième polar de société, qui se satisfait de la petitesse de ses personnages...
C'est pas que j'aime pas les parties de Cluedo endiablées, mais bon, faut à chaque fois souffler sur la boîte avant de jouer pour enlever la poussière et ça fait tousser.. tu me diras, c'est pas pire que Bonitzer qui recycle Agatha Christie...
sinon que dire à part ce qui est dit à chaque film de Tavernier : sans rythme (sans doute ici sous le prétexte qu'on est dans le Sud, après tout les frères Coen procèdent bien comme ça), qui se regarde filmer, les bonnes intentions ne font pas les bons films, propension à faire dans le plan-carte postale, et ici de gros clin d'oeil lourds aux spectateurs (imiter les imitateurs)...
Le pire est qu'on sent bien que Tavernier tente sans y parvenir, tant il est enchainé à de vieux préceptes de qualité, de sortir de son cinéma de papa en s'essayant à quelques trucs vaguement modernes : les quelques plans documentaires sur la ville dévastée par la tempête (filmés sans doute vite fait en voiture avant de partir), le film dans le film.. tout ça sonne comme élément ajouté au cahier des charges du réalisateur.
bref je crois que c'est ce qu'ont pensé la majorité des spectateurs dont j'ai lu les avis sur le net, à part sans doute Frodon le parvenu.
Pourquoi reposter ce truc, parce que hier j'ai regardé le dernier S. Lumet, "7h58 ce samedi-là", et je serais tenté de reprendre grosso-modo les arguments que j'avais émis contre le Tavernier (qui prendrait sûrement pour un compliment d'être comparé à Lumet, "invité" récent de son Institut Lumière lyonnais). Ce cinéma-là paraît tellement vieillot, daté, malgré tout ce que ces cinéastes semblent tenter pour dépoussiérer leurs vieux réflexes. Ici le puzzle temporel qui se veut jeune ou ces espèces d'arrêt sur image zoomés absolument immondes à certains moments, traduisant surtout l'incapacité de Lumet à gérer la psychologie de ses personnage dans laquelle il s'enfonce pourtant jusqu'au coup. Cinéma sur les traces des thèmes eastwoodiens par excellence, dans le Lumet on pense à Mystic River, à ce qui ne fonctionne pas très bien, comme le jeu grimaçant de Sean Penn comme argument psychologique.. cinéma qui croit trop tenir le scénario en or quand il s'agit seulement d'un nième polar de société, qui se satisfait de la petitesse de ses personnages...
Invité- Invité
Re: des papys bien peu résistants
Coucou JM
Pas vu le Lumet, mais pour en revenir à Tavernier c'est pas un réalisateur que j'apprécie particulièrement, très quelconque même. Du coup j'ai trouvé qu'en s'inscrivant (de manière assez paresseuse, mais on va dire que c'est l'environnement qui veut ça) dans un genre et ses codes (sans compter qu'il s'agit d'une adaptation de roman) il gagnait une structure solide et carrée. Ce qui fait de Dans la brume électrique un film qui se tient et qui se laisse suivre.
Après, c'est comme Eastwood (puisque tu le cites), ça a beau être propre c'est un cinéma qui ne m'intéresse absolument pas.
Un cinéma de papys, mais qui résistent, il me semble ^^
L'autre tentative de sortir du cinéma de papa et du thriller classique, c'est l'intrusion du fantastique. Ratée elle aussi, pour d'autres raisons : j'ai l'impression que Tavernier aborde son fantastique l'air de ne pas vouloir s'y mouiller (c'est sale le fantastique). D'ailleurs la plupart des éléments du film (je pense par exemple à la photo, pas moche mais très réaliste) vont dans le sens contraire de ce fantastique.
Finalement le résultat est un peu le même qu'avec les images de Katrina : ça ne s'intègre pas dans le film et fait figure de touches folkoriques un peu prétexte.
PS : qu'entends-tu pas "film dans le film" ? Je ne m'en souviens absolument pas, ne me dis pas que j'ai dormi.
Pas vu le Lumet, mais pour en revenir à Tavernier c'est pas un réalisateur que j'apprécie particulièrement, très quelconque même. Du coup j'ai trouvé qu'en s'inscrivant (de manière assez paresseuse, mais on va dire que c'est l'environnement qui veut ça) dans un genre et ses codes (sans compter qu'il s'agit d'une adaptation de roman) il gagnait une structure solide et carrée. Ce qui fait de Dans la brume électrique un film qui se tient et qui se laisse suivre.
Après, c'est comme Eastwood (puisque tu le cites), ça a beau être propre c'est un cinéma qui ne m'intéresse absolument pas.
Un cinéma de papys, mais qui résistent, il me semble ^^
Plans tout à fait inutiles d'ailleurs. Ou plutôt mal utilisés, puisque ne faisant jamais corps avec le reste du film. Voire même assez détestables (le mot est un peu fort) dans leur intention : "v'voyez, je suis concerné moi, je fais du cinéma qui s'intéresse aux problèmes de société" et autre bullshit.les quelques plans documentaires sur la ville dévastée par la tempête (filmés sans doute vite fait en voiture avant de partir)
L'autre tentative de sortir du cinéma de papa et du thriller classique, c'est l'intrusion du fantastique. Ratée elle aussi, pour d'autres raisons : j'ai l'impression que Tavernier aborde son fantastique l'air de ne pas vouloir s'y mouiller (c'est sale le fantastique). D'ailleurs la plupart des éléments du film (je pense par exemple à la photo, pas moche mais très réaliste) vont dans le sens contraire de ce fantastique.
Finalement le résultat est un peu le même qu'avec les images de Katrina : ça ne s'intègre pas dans le film et fait figure de touches folkoriques un peu prétexte.
PS : qu'entends-tu pas "film dans le film" ? Je ne m'en souviens absolument pas, ne me dis pas que j'ai dormi.
Re: des papys bien peu résistants
coucou les deux,
je ne vois pas où est votre problème, faites comme moi, ne voyez que des Straub et des Godard, lol, ... et un Almodovar pour le fun et bien sûr Haneke pour son cinéma imperméable à la critique, qui trace son chemin, noir et grinçant.
Tavernier ? Lumet ? ne valent même pas la peine qu'on en parle.
Une fois à la semaine des cahiers, sur le trottoir d'en face, sournois, rageur dans son imper verdâtre, seul contre tous, lol, se tenait Tavernier, figure du mal. Ce jour là j'ai décidé de ne plus jamais m'intéresser de près ou de loin à son cinéma. Grand bien m'a fait.
Comme disait Douchet : la critique c'est l'art d'aimer et le premier acte critique c'est le choix du film qu'on va voir, non ?
je reconnais avoir été, être encore parfois très influencée par les cahiers.
je ne vois pas où est votre problème, faites comme moi, ne voyez que des Straub et des Godard, lol, ... et un Almodovar pour le fun et bien sûr Haneke pour son cinéma imperméable à la critique, qui trace son chemin, noir et grinçant.
Tavernier ? Lumet ? ne valent même pas la peine qu'on en parle.
Une fois à la semaine des cahiers, sur le trottoir d'en face, sournois, rageur dans son imper verdâtre, seul contre tous, lol, se tenait Tavernier, figure du mal. Ce jour là j'ai décidé de ne plus jamais m'intéresser de près ou de loin à son cinéma. Grand bien m'a fait.
Comme disait Douchet : la critique c'est l'art d'aimer et le premier acte critique c'est le choix du film qu'on va voir, non ?
je reconnais avoir été, être encore parfois très influencée par les cahiers.
Invité- Invité
Re: des papys bien peu résistants
Je regarde jamais les Straub, ça manque de monstres tentaculaires d'outre-espace qui violent des préadoléscentes en faisant de grands sploutch sploutch.
Quand à la déclaration de Douchet... si choisir le film qu'on va voir c'est choisir un film qui va être "bon", rien de tel pour s'enfermer dans sa petite routine et ni se remettre en question, ni s'ouvrir à d'autre chose. A la rigueur ça peut être un acte de spectateur mais surtout pas de critique (ou des cahiers du cinéma).
Quand à la déclaration de Douchet... si choisir le film qu'on va voir c'est choisir un film qui va être "bon", rien de tel pour s'enfermer dans sa petite routine et ni se remettre en question, ni s'ouvrir à d'autre chose. A la rigueur ça peut être un acte de spectateur mais surtout pas de critique (ou des cahiers du cinéma).
Re: des papys bien peu résistants
ouais voila c'est ça tu as trouvé : la routine, oauis la routine.
Invité- Invité
Re: des papys bien peu résistants
Salut Epikt,
Oui, le film dans le film, c'est dans la séquence sur le plateau de tournage du cinéaste, quand le flic enquête..
La partie fantastique est carrément lourdingue, on est dans l'illustration pure et simple, il y a une espèce de lourdeur comme ça qui n'a absolument rien de spectrale, mais c'est quelque chose de récurrent chez Tavernier..
Dans les deux film il y a un passage où je me suis dit, c'est pas possible, comment on peut garder ça dans le film. Pour le BT, c'est la séquence de dédicace du cinéaste, c'est d'un mauvais goût mais absolu quoi ! Dans le SL, c'est le passage où les deux braqueurs arrivent en voiture devant la banque. L'utilisation de la musique, un coup de la musique violente du poste quand on est dans la voiture, un coup la musique d'ambiance dramatique à l'extérieur, c'est complètement raté, ça fait un nappage sonore, comme si le départ du braquage devait être complètement recouvert de musique, qu'elle devait accompagner sans arrêt l'action...
Oui, le film dans le film, c'est dans la séquence sur le plateau de tournage du cinéaste, quand le flic enquête..
La partie fantastique est carrément lourdingue, on est dans l'illustration pure et simple, il y a une espèce de lourdeur comme ça qui n'a absolument rien de spectrale, mais c'est quelque chose de récurrent chez Tavernier..
Dans les deux film il y a un passage où je me suis dit, c'est pas possible, comment on peut garder ça dans le film. Pour le BT, c'est la séquence de dédicace du cinéaste, c'est d'un mauvais goût mais absolu quoi ! Dans le SL, c'est le passage où les deux braqueurs arrivent en voiture devant la banque. L'utilisation de la musique, un coup de la musique violente du poste quand on est dans la voiture, un coup la musique d'ambiance dramatique à l'extérieur, c'est complètement raté, ça fait un nappage sonore, comme si le départ du braquage devait être complètement recouvert de musique, qu'elle devait accompagner sans arrêt l'action...
Invité- Invité
Re: des papys bien peu résistants
Ah oui, j'avais oublié ça.JM a écrit:Oui, le film dans le film, c'est dans la séquence sur le plateau de tournage du cinéaste, quand le flic enquête..
Je ne l'ai pas vraiment vu comme un gimmick "(post?) moderne", juste comme... euh... un peu rien en fait. Y a toujours un coté complaisant quand un film montre le cinéma ou un tournage, notamment son coté fabrique de rêve, mais ici ça n'apporte pas plus au film que si cela avait été une fête foraine ; c'est plus un "film pendant l'histoire dans le film" qu'un "film dans le film".
Je crois d'ailleurs que ça vient du bouquin (idem du fantastique, le seul ajout de Tarvernier c'est justement Katrina, le bouquin se passant dans les 90s).
Je ne me souviens plus vraiment de la dédicace. Quand la femme de Tommy Lee Jones lui apporte des affiches à signer ?
(c'est un acteur, non ?)
(c'est horrible la mémoire en mousse que j'ai)
Au sujet du fantastique, une lourdeur, oui. Je crois même que c'est voulu, ces fantômes qui sont tout sauf spectraux - reste à savoir si c'est une bonne option ^^
Mais ce que j'ai ressenti c'est surtout de la gène. Il a peut-être aimé l'idée en lisant le bouquin, mais à l'heure de devoir la mettre en scène il s'est retrouvé comme un homophobe à qui on demande d'embrasser un mec.
Tavernier a plus de bonheur avec le coté structurant du genre policer qu'avec celui transgressif du fantastique.
Il y a donc alternance des deux musiques : A B A B A B ? (j'ai toujours pas vu le film, tu penses bien ^^)le passage où les deux braqueurs arrivent en voiture devant la banque. L'utilisation de la musique, un coup de la musique violente du poste quand on est dans la voiture, un coup la musique d'ambiance dramatique à l'extérieur
C'est un truc qui devrait pouvoir marcher dans certains cas, donnant un coté pop et/ou pulp (je vois bien Tarantino utiliser ce genre de truc), même si décrit comme ça le mélange musique violente / musique d'ambiance dramatique semble de mauvais goût.
D'une manière générale j'ai un problème avec la musique, lorsque je l'entends démarrer ou s'arrêter (surtout s'arrêter d'ailleurs). Les passages avec musique je trouve ça souvent chouette (c'est un peu racoleur comme procédé mais je suis pas contre) mais cette rupture me donne toujours l'impression d'un "on a finit le passage clippé, on retourne au film". J'ai l'impression que plutôt que d'être pensée de façon globale sur la longueur du film la bande son est faite scène par scène, c'est agaçant - mais c'est loin d'être le problème du seul 7h58...
Re: des papys bien peu résistants
Salut,
Je ne me souviens plus trop non plus mais je crois que le passage du tournage arrive sans qu'on s'en doute, non, et puis d'un seul coup on voit le réalisateur qui gueule un ordre ? Un truc un peu en mise en abîme comme chez De Palma quoi.. à vérifier.
Ouais, c'est la femme du flic qui fait signer des autographes sur des affiches pour les victimes de l'ouragan je crois, ça sent tellement les bons sentiments mielleux (Tavernier c'est cette gauche-là cela dit).. et c'est de très mauvais goût quand on connait les manquements politiques sérieux qui se sont produits derrière la catastrophe et qui ne sont surtout pas évoqués.
A propos du Lumet, oui, c'est une courte séquence dans laquelle alterne point de vue hors de la voiture, point de vue dans la voiture avec les deux braqueurs. Dans la voiture les deux écoutent un morceau de hard, je sais pas trop ce que c'est, peut-être Marilyn Manson, bref. Hors de la voiture, on est dans le champ dramatique, on a une musique hollywoodienne classique pour faire peser sur les spectateurs la tragédie qui est en train de se jouer (effet au passage complètement annulé étant donné qu'on sait déjà ce qui va se passer puisque la séquence rejoue le drame d'un autre point de vue déjà découvert en début de film). Et la musique ainsi que les deux points de vue alternent comme ça, étouffant le spectateur, enlevant toute place pour le réel. Quand l'un des braqueurs sort de la voiture pour aller braquer la bijouterie, l'autre, plus doux (c'est son caractère, car l'autre qui avait mis la musique braillarde était vraiment une crapule) met son disque de pop...c'est tellement maladroit tout ça..
Je ne me souviens plus trop non plus mais je crois que le passage du tournage arrive sans qu'on s'en doute, non, et puis d'un seul coup on voit le réalisateur qui gueule un ordre ? Un truc un peu en mise en abîme comme chez De Palma quoi.. à vérifier.
Ouais, c'est la femme du flic qui fait signer des autographes sur des affiches pour les victimes de l'ouragan je crois, ça sent tellement les bons sentiments mielleux (Tavernier c'est cette gauche-là cela dit).. et c'est de très mauvais goût quand on connait les manquements politiques sérieux qui se sont produits derrière la catastrophe et qui ne sont surtout pas évoqués.
A propos du Lumet, oui, c'est une courte séquence dans laquelle alterne point de vue hors de la voiture, point de vue dans la voiture avec les deux braqueurs. Dans la voiture les deux écoutent un morceau de hard, je sais pas trop ce que c'est, peut-être Marilyn Manson, bref. Hors de la voiture, on est dans le champ dramatique, on a une musique hollywoodienne classique pour faire peser sur les spectateurs la tragédie qui est en train de se jouer (effet au passage complètement annulé étant donné qu'on sait déjà ce qui va se passer puisque la séquence rejoue le drame d'un autre point de vue déjà découvert en début de film). Et la musique ainsi que les deux points de vue alternent comme ça, étouffant le spectateur, enlevant toute place pour le réel. Quand l'un des braqueurs sort de la voiture pour aller braquer la bijouterie, l'autre, plus doux (c'est son caractère, car l'autre qui avait mis la musique braillarde était vraiment une crapule) met son disque de pop...c'est tellement maladroit tout ça..
Invité- Invité
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