Les poèmes au cinéma
Les poèmes au cinéma
'Nous célébrions comme une révélation
Chaque seconde de nos rencontres.
Nous étions seuls au monde.
Plus hardie et plus légère qu'aile d'oiseau
Dans l'escalier comme un vertige
Tu dévalais les marches deux à deux
Et à travers les ruisselants lilas
M'emmenais dans ton royaume
De l'autre côté du verre miroir.
Et quand la nuit advint
Me fut octroyée la grâce,
Les portes de l'autel s'ouvrirent,
Et dans la pénombre s'allumant,
Lentement ta nudité me salua.
"Sois bénie... ", murmurai-je
À l'éveil, sachant bien téméraire
Ma parole. Car tu dormais
Et le lilas sur la table tâchait
À poser l'azur du ciel sur ta paupière,
Et ta paupière d'azur touchée
Était sérénité, ta main était tiédeur.
Dans le cristal le pouls des fleuves,
L'envol des monts, la houle des mers.
Endormie sur le trône, tu gardais
La sphère lucide au creux de la main.
Et - Juste Dieu! - Tu fus à moi.
Tu t'éveillais, transfigurant
Le quotidien vocabulaire d'homme,
D'accents pleins et forts ta voix
S'emplit et le mot "toi" livra
Son nouveau sens et signifia "le roi".
Métamorphosé, le monde, jusqu'aux
Objets rustiques, - cuvette, broc,
Quand entre nous s'interposa
une eau veinée et dure, en sentinelle.
Alors nous fûmes emportés je ne sais où,
Comme mirages s'écartèrent devant nous
Des cités bâties par miracle.
La menthe venait en tapis sous le pied,
Les oiseaux se plaisaient à nous suivre,
Les poissons remontaient les cours d'eau
Et le ciel bascula dans l'instant
Où le Sort nous emboîtait le pas,
Tel le fou qui empoigne un rasoir.'
Arseni Tarkovski
Chaque seconde de nos rencontres.
Nous étions seuls au monde.
Plus hardie et plus légère qu'aile d'oiseau
Dans l'escalier comme un vertige
Tu dévalais les marches deux à deux
Et à travers les ruisselants lilas
M'emmenais dans ton royaume
De l'autre côté du verre miroir.
Et quand la nuit advint
Me fut octroyée la grâce,
Les portes de l'autel s'ouvrirent,
Et dans la pénombre s'allumant,
Lentement ta nudité me salua.
"Sois bénie... ", murmurai-je
À l'éveil, sachant bien téméraire
Ma parole. Car tu dormais
Et le lilas sur la table tâchait
À poser l'azur du ciel sur ta paupière,
Et ta paupière d'azur touchée
Était sérénité, ta main était tiédeur.
Dans le cristal le pouls des fleuves,
L'envol des monts, la houle des mers.
Endormie sur le trône, tu gardais
La sphère lucide au creux de la main.
Et - Juste Dieu! - Tu fus à moi.
Tu t'éveillais, transfigurant
Le quotidien vocabulaire d'homme,
D'accents pleins et forts ta voix
S'emplit et le mot "toi" livra
Son nouveau sens et signifia "le roi".
Métamorphosé, le monde, jusqu'aux
Objets rustiques, - cuvette, broc,
Quand entre nous s'interposa
une eau veinée et dure, en sentinelle.
Alors nous fûmes emportés je ne sais où,
Comme mirages s'écartèrent devant nous
Des cités bâties par miracle.
La menthe venait en tapis sous le pied,
Les oiseaux se plaisaient à nous suivre,
Les poissons remontaient les cours d'eau
Et le ciel bascula dans l'instant
Où le Sort nous emboîtait le pas,
Tel le fou qui empoigne un rasoir.'
Arseni Tarkovski
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