Passe les nems
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librebelgique- Messages : 149
Re: Passe les nems
C'est moins loupé que ses derniers films, non ?
En même temps, quel morne manque d'inspiration en un sens : faire retour sur son unique tube, comme s'il y avait là une mine d'or. On dira que ça fait genre Truffaut, Paul Dedalus est le nouvel Antoine Doinel, oui, bon. En vieillissant, on finit par se lasser de ce type de démarche autofictive. Le précieux ego de l'auteur toujours au premier plan ; ses chers souvenirs d'enfance… Deleuze a une phrase assassine là-dessus dans l'Abécédaire, je crois : on n'écrit pas des livres avec ses souvenirs d'enfance, avec sa recherche du père ou son roman familial, quelque chose comme ça.
Les précieuses petites émotions de l'auteur, ses rapports conflictuels avec sa maman... ; l'oeuvre comme psychothérapie en acte, gracieusement offerte au public, qui meurt d'envie de contempler les névroses du grantartiste, ses petites souffrances intimes… celles-ci d'ailleurs enjolivées, magnifiées, débarrassées de toute la mesquinerie du personnage privé. On pourrait appeler ça le genre du mélodrame égoïste.
L'avait des problèmes avec sa maman… Ça c'est le souvenir numéro 1 ; il tient peu de place dans la durée du film. Etait-il réellement indispensable d'ancrer le récit dans cette histoire de problèmes avec manman ? Quelle incidence réelle cet élément de l'histoire a-t-elle sur le reste de l'intrigue ? A quoi ça sert ? C'est pas que ça choque, ni que ça paraît incohérent… Je sais pas, ça fait rengaine. On va dire que ça étoffe un peu le personnage.
Formellement, le film est bien séduisant. Un film d'adolescence, avec les soirées destroy, les premières cigarettes, les fringues ; tout l'attirail rebellitude – sauvage innocence, toute la quincaillerie rimbaldienne, on n'est pas sérieux quand on a dix sept ans, etc.
Les acteurs sont charmants. Il faut bien du métier pour aller dénicher un Amalric jeune aussi plausible et convaincant.
Desplechin se peint dans Dedalus jeune en une espèce de super-héros rimbaldien : si pur, si innocent, si vrai, si courageux, si cool... Dedalus jeune en soirée, ne boit pas d'alcool ni ne tire sur les joints, et explique qu'il n'en sent pas le besoin ; plus tard on voit Amalric siroter un whisky ; je me demande s'ils ont seulement remarqué l'incohérence.
Tout cela est vraiment charmant donc. Un super-héros de l'adolescence, couleurs et musiques sublimes. Une histoire aussi attendrissante qu'une portée de chatons.
Le souvenir numéro 2, c'est la politique. L'engagement du jeune Paul dans une juste cause, une fois en passant. Ça fait un peu cahier des charges de la bonne conscience de gauche. C'est sympa, allez. Une fois en passant, le héros a héroïquement apporté sa pierre à la juste cause. On évoque ce souvenir plus tard, encore une fois avec attendrissement. On pourrait râler, être fielleux, dire que la politique est cantonnée dans le film au rayon accessoires exotiques, vieux souvenirs touchants, peluches et doudous.
A quoi sert un film ? Ce film sert à faire macérer le spectateur dans un bain tiède d'émotions délicieuses. C'est romanesque, c'est chou, c'est exquis. Mais pour quelle sagesse, quelle morale, quelle vérité ? Où est l'élévation là-dedans, merde ? Le sens du réel ?
Je me demande à quoi tout ça peut bien servir.
Et puis donc, la grande histoire, le souvenir numéro 3, c'est l'histoire d'amour Paul – Esther. La comparaison entre Comment je me suis disputé et ce film serait surement passionnante à faire, puisque l'histoire est complètement transformée.
Dans Comment…, la relation durait dix ans, et ressemblait plutôt à une association sans passion de deux êtres, une association plan-plan de deux êtres faibles qui n'arrivent pas à en finir... enfin dans mon souvenir ; alors qu'ici ça devient une grande passion brutale et tragique.
En gros, et malgré tous les enjolivements possibles, c'est l'histoire d'un couple qui ne peut pas marcher, parce que la fille n'est pas assez chic pour le gars, pas assez intello. La coiffeuse et le philosophe ; il y avait un film sur le même sujet il y a pas longtemps. C'est un sujet assez gluant.
Passion ancillaire du jeune Dedalus, qui veut bien la fille mais certainement pas faire de sacrifices pour la garder. Et qui se justifie a posteriori en expliquant qu'il était trop pauvre pour pouvoir la garder. Et effectivement le film nous montre un Dedalus étudiant qui n'a pas de quoi se payer une chambre de bonne, et qui fait ses études d'anthropologie tout en étant stricto sensu un SDF. On le voit même se raser dans les toilettes de l'Université. Est-ce que cela n'est pas un peu choquant, un peu bidonné quelque part. Je me demande quel est le pourcentage exact de thésards en anthropologie qui sont en même temps SDF.
Enfin bref j'ai trouvé ça pas mal...
En même temps, quel morne manque d'inspiration en un sens : faire retour sur son unique tube, comme s'il y avait là une mine d'or. On dira que ça fait genre Truffaut, Paul Dedalus est le nouvel Antoine Doinel, oui, bon. En vieillissant, on finit par se lasser de ce type de démarche autofictive. Le précieux ego de l'auteur toujours au premier plan ; ses chers souvenirs d'enfance… Deleuze a une phrase assassine là-dessus dans l'Abécédaire, je crois : on n'écrit pas des livres avec ses souvenirs d'enfance, avec sa recherche du père ou son roman familial, quelque chose comme ça.
Les précieuses petites émotions de l'auteur, ses rapports conflictuels avec sa maman... ; l'oeuvre comme psychothérapie en acte, gracieusement offerte au public, qui meurt d'envie de contempler les névroses du grantartiste, ses petites souffrances intimes… celles-ci d'ailleurs enjolivées, magnifiées, débarrassées de toute la mesquinerie du personnage privé. On pourrait appeler ça le genre du mélodrame égoïste.
L'avait des problèmes avec sa maman… Ça c'est le souvenir numéro 1 ; il tient peu de place dans la durée du film. Etait-il réellement indispensable d'ancrer le récit dans cette histoire de problèmes avec manman ? Quelle incidence réelle cet élément de l'histoire a-t-elle sur le reste de l'intrigue ? A quoi ça sert ? C'est pas que ça choque, ni que ça paraît incohérent… Je sais pas, ça fait rengaine. On va dire que ça étoffe un peu le personnage.
Formellement, le film est bien séduisant. Un film d'adolescence, avec les soirées destroy, les premières cigarettes, les fringues ; tout l'attirail rebellitude – sauvage innocence, toute la quincaillerie rimbaldienne, on n'est pas sérieux quand on a dix sept ans, etc.
Les acteurs sont charmants. Il faut bien du métier pour aller dénicher un Amalric jeune aussi plausible et convaincant.
Desplechin se peint dans Dedalus jeune en une espèce de super-héros rimbaldien : si pur, si innocent, si vrai, si courageux, si cool... Dedalus jeune en soirée, ne boit pas d'alcool ni ne tire sur les joints, et explique qu'il n'en sent pas le besoin ; plus tard on voit Amalric siroter un whisky ; je me demande s'ils ont seulement remarqué l'incohérence.
Tout cela est vraiment charmant donc. Un super-héros de l'adolescence, couleurs et musiques sublimes. Une histoire aussi attendrissante qu'une portée de chatons.
Le souvenir numéro 2, c'est la politique. L'engagement du jeune Paul dans une juste cause, une fois en passant. Ça fait un peu cahier des charges de la bonne conscience de gauche. C'est sympa, allez. Une fois en passant, le héros a héroïquement apporté sa pierre à la juste cause. On évoque ce souvenir plus tard, encore une fois avec attendrissement. On pourrait râler, être fielleux, dire que la politique est cantonnée dans le film au rayon accessoires exotiques, vieux souvenirs touchants, peluches et doudous.
A quoi sert un film ? Ce film sert à faire macérer le spectateur dans un bain tiède d'émotions délicieuses. C'est romanesque, c'est chou, c'est exquis. Mais pour quelle sagesse, quelle morale, quelle vérité ? Où est l'élévation là-dedans, merde ? Le sens du réel ?
Je me demande à quoi tout ça peut bien servir.
Et puis donc, la grande histoire, le souvenir numéro 3, c'est l'histoire d'amour Paul – Esther. La comparaison entre Comment je me suis disputé et ce film serait surement passionnante à faire, puisque l'histoire est complètement transformée.
Dans Comment…, la relation durait dix ans, et ressemblait plutôt à une association sans passion de deux êtres, une association plan-plan de deux êtres faibles qui n'arrivent pas à en finir... enfin dans mon souvenir ; alors qu'ici ça devient une grande passion brutale et tragique.
En gros, et malgré tous les enjolivements possibles, c'est l'histoire d'un couple qui ne peut pas marcher, parce que la fille n'est pas assez chic pour le gars, pas assez intello. La coiffeuse et le philosophe ; il y avait un film sur le même sujet il y a pas longtemps. C'est un sujet assez gluant.
Passion ancillaire du jeune Dedalus, qui veut bien la fille mais certainement pas faire de sacrifices pour la garder. Et qui se justifie a posteriori en expliquant qu'il était trop pauvre pour pouvoir la garder. Et effectivement le film nous montre un Dedalus étudiant qui n'a pas de quoi se payer une chambre de bonne, et qui fait ses études d'anthropologie tout en étant stricto sensu un SDF. On le voit même se raser dans les toilettes de l'Université. Est-ce que cela n'est pas un peu choquant, un peu bidonné quelque part. Je me demande quel est le pourcentage exact de thésards en anthropologie qui sont en même temps SDF.
Enfin bref j'ai trouvé ça pas mal...
balthazar claes- Messages : 1009
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