Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
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Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
http://www.slate.fr/story/83653/experience-blocher-jean-stephane-bron
Borges- Messages : 6044
Re: Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
La bande-annonce est au moins aussi infâme que le texte de Frodon.
GM- Messages : 95
Re: Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
GM a écrit:La bande-annonce est au moins aussi infâme que le texte de Frodon.
oui, le titre de ce topic est beaucoup trop indulgent avec JMF.
Borges- Messages : 6044
Re: Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
Le sujet me rappelle le film sur Georges Freche, homme politique populiste, raciste, corrompu. L'accord d'Yves Jeuland avec Freche c'était : "donnez-moi une liberté totale de filmer, et je ne vous trahirai pas".
C'est un film très étrange en cela, parce qu'il n'y a rien à trahir, tout est dévasté. On voit Freche et son équipe politique qui sont ancrés à dire la nullité du peuple, de l'électeur, Yves Jeuland capte ça de façon hallucinante, mais ça ne compte pas tant pour le cinéaste qui veut plutôt croire lui en un Freche rabelaisien, attachant, fascinant, complexe. Le film d'Yves Jeuland et Jean-Stéphane Bron, ça me paraît une même fiction autour de l'homme politique qui aurait une vie puissante au-delà de leur haine extrême. Vaste plaisanterie...
Je me souviens de cette phrase de René Char dans Moulin premier : Je ne plaisante pas avec les porcs.
http://www.languedoc-roussillon-cinema.fr/sites/default/files/documents/le-president-2010-dp.pdf
C'est un film très étrange en cela, parce qu'il n'y a rien à trahir, tout est dévasté. On voit Freche et son équipe politique qui sont ancrés à dire la nullité du peuple, de l'électeur, Yves Jeuland capte ça de façon hallucinante, mais ça ne compte pas tant pour le cinéaste qui veut plutôt croire lui en un Freche rabelaisien, attachant, fascinant, complexe. Le film d'Yves Jeuland et Jean-Stéphane Bron, ça me paraît une même fiction autour de l'homme politique qui aurait une vie puissante au-delà de leur haine extrême. Vaste plaisanterie...
Je me souviens de cette phrase de René Char dans Moulin premier : Je ne plaisante pas avec les porcs.
http://www.languedoc-roussillon-cinema.fr/sites/default/files/documents/le-president-2010-dp.pdf
Invité- Invité
Re: Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
le texte de Brunel :
http://www.independencia.fr/revue/spip.php?article882
ce passage brillant :
je trouve ça bien, comme idée; séparer l'homme et ses idées; Hitler avait des idées horribles, mais l'homme finalement, il était complexe...Avant on nous disait faut pas confondre les électeurs de l’extrême droite, des gens déboussolés, malheureux, sans idées, justement, et les membres du FN, on a droit à une nouvelle subtilité : faut pas confondre les idées des dirigeants de l’extrême droite avec leur intimité, leur existence privée. les idées...on rêve; ils ont des idées à l’extrême droite, maintenant... mais, putain, d'où ils sortent ces critiques?
Cette idées de la séparation de l'homme et des idées a bien entendu son équivalent quand l'homme a des idées généreuses, voire idéalistes, là, il s'agira au contraire de montrer que le mec n'est pas à la hauteur de ses idées, dans ses relations avec ses amis, ses femmes, ses enfants, ses chiens...
http://www.independencia.fr/revue/spip.php?article882
ce passage brillant :
C Brunel a écrit:De façon très pédagogique, Bron amène le spectateur à rechercher tout ce qu’il a pu tenter d’insérer de personnel sans choquer la supervision de Blocher. Ce qu’il faut, explique Bron, c’est séparer les sentiments que l’on éprouve envers l’homme de ceux que l’on éprouve pour ses idées ; c’est séparer l’intime et le politique, justement ; c’est faire ce que l’extrême-droite ne fait pas
je trouve ça bien, comme idée; séparer l'homme et ses idées; Hitler avait des idées horribles, mais l'homme finalement, il était complexe...Avant on nous disait faut pas confondre les électeurs de l’extrême droite, des gens déboussolés, malheureux, sans idées, justement, et les membres du FN, on a droit à une nouvelle subtilité : faut pas confondre les idées des dirigeants de l’extrême droite avec leur intimité, leur existence privée. les idées...on rêve; ils ont des idées à l’extrême droite, maintenant... mais, putain, d'où ils sortent ces critiques?
Cette idées de la séparation de l'homme et des idées a bien entendu son équivalent quand l'homme a des idées généreuses, voire idéalistes, là, il s'agira au contraire de montrer que le mec n'est pas à la hauteur de ses idées, dans ses relations avec ses amis, ses femmes, ses enfants, ses chiens...
Borges- Messages : 6044
Re: Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
je ne sais pas, question stupide il me semble, l'honnêteté que l'on doit à celui qu'on filme qui est une grosse merde d'extrême droite, parce que si on n'était pas honnête donc, on participerait du même esprit que l'extrême droite, et bla-bla-bla... c'est quoi au juste, de la morale chrétienne?!, devoirs de charité, et rendre le bien pour le mal?Brunel a écrit:Comment se mélangent l’honnêteté que l’on doit au public, et celle que l’on doit à celui que l’on filme ?
J'avais filmé Pierre Carles en 2010 après la projection de Fin de concession, et il avait un petit discours très précis quant à filmer l'ennemi. Je ne dis pas que c'est transcendant, mais sa réponse me convient déjà mieux...
Invité- Invité
Re: Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
La bande-annonce est infame, c'est incroyable. Il faudrait la décortiquer pour montrer comment elle fonctionne.
J'ai vu le film il y a quelque temps, en voyant la bande-annonce je me dis qu'elle révèle ce que le film contient de manière dilatée.
Par exemple au début : deux cartons "un homme admiré", puis "un homme détesté". Pour le premier, l'illustration montre un homme qui parle calmement, filmé en plan assez proche, disant de Blocher qu'il est sans doute le meilleur citoyen que Bern ait connu ou un truc du genre. Pour le deuxième, l'illustration est composée de deux plans de manifestations anti-UDC: gens qui crient, ambiance d'agression. La caméra, le montage, tout est du côté de Blocher, du côté d'une vision positive de Blocher.
Qu'en aurait-il été si le premier carton avait été illustré par des gens lors d'un meeting, criant et hurlant, et le deuxième par une personne parlant calmement, disant que l'homme est dangereux pour telle ou telle raison ?
Le début : musique de thriller, forêt à la Shining, visage dans l'ombre à la Al Capone, et puis : il ouvre sa vitre, bonhomme, salue tranquillement. L'aspect dangereux est mis en scène, la "réalité" c'est que le gars est sympa. On voit le couple qui travaille. Puis l'histoire de la stratégie : un homme qui parce qu'il travaille a bien réussi, poursuivant un but depuis son enfance. Carton suivant "L'histoire d'un homme avec un pays" : on est avec Blocher, il a eu une histoire avec un pays. On n'est pas du côté de la Suisse. L'expérience Blocher, c'est l'expérience de Blocher. Ce n'est pas l'expérience du réalisateur ou l'expérience du pays. Pas un mot dans la bande-annonce ne peut laisser supposer à quelqu'un qui ne sait pas qui est Blocher quel type d'homme politique c'est, hormis "populisme" à un moment. Mais c'est suivi par un plan de sa femme qui pleure, la pauvre.
Le film ne fonctionne pas ainsi de manière aussi évidente. Mais, cette bande-annonce semble dire "voici ce qu'il reste du film si on en garde l'essentiel". Tout le reste, les hésitations du réalisateur, ses questionnements, etc., c'est du vent. Il filme aux côtés de Blocher. Il ne peut rien faire d'autre qu'un film du côté de Blocher.
J'ai vu le film il y a quelque temps, en voyant la bande-annonce je me dis qu'elle révèle ce que le film contient de manière dilatée.
Par exemple au début : deux cartons "un homme admiré", puis "un homme détesté". Pour le premier, l'illustration montre un homme qui parle calmement, filmé en plan assez proche, disant de Blocher qu'il est sans doute le meilleur citoyen que Bern ait connu ou un truc du genre. Pour le deuxième, l'illustration est composée de deux plans de manifestations anti-UDC: gens qui crient, ambiance d'agression. La caméra, le montage, tout est du côté de Blocher, du côté d'une vision positive de Blocher.
Qu'en aurait-il été si le premier carton avait été illustré par des gens lors d'un meeting, criant et hurlant, et le deuxième par une personne parlant calmement, disant que l'homme est dangereux pour telle ou telle raison ?
Le début : musique de thriller, forêt à la Shining, visage dans l'ombre à la Al Capone, et puis : il ouvre sa vitre, bonhomme, salue tranquillement. L'aspect dangereux est mis en scène, la "réalité" c'est que le gars est sympa. On voit le couple qui travaille. Puis l'histoire de la stratégie : un homme qui parce qu'il travaille a bien réussi, poursuivant un but depuis son enfance. Carton suivant "L'histoire d'un homme avec un pays" : on est avec Blocher, il a eu une histoire avec un pays. On n'est pas du côté de la Suisse. L'expérience Blocher, c'est l'expérience de Blocher. Ce n'est pas l'expérience du réalisateur ou l'expérience du pays. Pas un mot dans la bande-annonce ne peut laisser supposer à quelqu'un qui ne sait pas qui est Blocher quel type d'homme politique c'est, hormis "populisme" à un moment. Mais c'est suivi par un plan de sa femme qui pleure, la pauvre.
Le film ne fonctionne pas ainsi de manière aussi évidente. Mais, cette bande-annonce semble dire "voici ce qu'il reste du film si on en garde l'essentiel". Tout le reste, les hésitations du réalisateur, ses questionnements, etc., c'est du vent. Il filme aux côtés de Blocher. Il ne peut rien faire d'autre qu'un film du côté de Blocher.
adeline- Messages : 3000
Re: Jean-Michel Frodon : filmer l'ennemi/écrire des sottises.
Du même côté :
http://www.liberation.fr/culture/2014/02/21/dialoguez-avec-le-realisateur-de-l-experience-blocher_981984
http://www.liberation.fr/culture/2014/02/21/dialoguez-avec-le-realisateur-de-l-experience-blocher_981984
adeline- Messages : 3000
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