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Gravity (A. Cuarón): Never Mind the Bullock/les fins des étoiles

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Message par gertrud04 Mar 5 Nov 2013 - 12:58

Eyquem a écrit:
Gravity (A. Cuarón): Never Mind the Bullock/les fins des étoiles - Page 2 Gravit10
Concernant les cheveux, c'est pas Kubrick qui aurait oublié un détail pareil.

Gravity (A. Cuarón): Never Mind the Bullock/les fins des étoiles - Page 2 Gbph


Sinon mea culpa : j'ai revu l'aventure du Poseidon. Qu'est-ce que c'est ridicule. En plus Hackman, il a une coupe de cheveux pas possible. Une fois de plus, je suis trahi par mes souvenirs.

Eyquem a écrit: c'est Ed Harris qui fait la voix off de Houston, à cause de Abyss je suppose, auquel le film rend aussi hommage -
C'est sûrement aussi à cause de son rôle dans l'étoffe des héros.
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Gravity (A. Cuarón): Never Mind the Bullock/les fins des étoiles - Page 2 Empty Re: Gravity (A. Cuarón): Never Mind the Bullock/les fins des étoiles

Message par Borges Mar 5 Nov 2013 - 14:00

Vallseur a écrit:Hello Buster,

Enfin vu (comme Griffe qui, d'un autre hémisphère, vous engage à ne pas perdre de temps avec des conneries pareilles).

Franchement d'accord avec vous sur (presque) tout. Le film est visuellement sidérant et d'une bêtise inouïe (le summum - à mon sens - quand Bullock rentre dans la première capsule, elle quitte sa combinaison, se déroule dans l'apesanteur, avant de se replier en position foetale - avec en fond, un appendice quelconque qui figure le cordon).

Une question de fond : pourquoi ces technologies hallucinantes qui font qu'on peut aujourd'hui tout filmer ne donnent le jour qu'à des films infantiles ou débiloïdes, des "prouesses techniques" et rien d'autre ? Si vous avez un contre-exemple, je suis preneur…

Et vos démêlés divers avec les Spectres m'ont fait découvrir Borges - ou en tout cas le lire quelques minutes avant de l'oublier à jamais. Mon Dieu, une telle créature est-elle possible ? C'est le Pingouin du Joker avec Homais et Mme Verdurin comme parents malheureux abandonnant leur enfant à la critique de cinéma. Il est vulgaire comme un pou (à côté, même Kaganski est raffiné) et sa pensée se déploie en volutes hémorroïdaires et oraculeuses (peut-il faire une phrase sans citer un grand esprit ? peut-il bander sans tuteur ?).

Bon, avec tout ça, je vais vomir...

4 novembre 2013 20:29
Vous avez fini de vomir ? C'est bien, je vous conseille maintenant de ne pas vous remettre à imiter le chien des écritures. Votre message n'a aucun intérêt, aucun contenu, fait entendre une tonalité d’extrême droite, je devrais vous laisser à vos vomis, deux ou trois choses pourtant :

- Laissez les poux en paix, je n'ai pas la sympathie aristo de Flaubert pour eux, mais ils n'y sont pour rien dans cette histoire...

- ne croyez pas savoir ce que bander veut dire, avec ou sans tuteur ; que l'on ne bande jamais sans tuteur, je pourrais facilement vous le montrer (mon enchaînement des raisons, et des signifiants serait "tuteur", "Loi" "Autre", "Castration", "phallus"...) On n'écrit jamais sans citer, invoquer, appeler un esprit, grand ou petit, tutélaire ou pas ; la lettre tue, l'appel à l'esprit vivifie...

- Plus important, "Homais et Mme Verdurin comme parents", une précision qui pourrait se révéler utile, et qui vous permettra certainement de briller en donnant le sentiment d'avoir lu Flaubert et Proust :  Homais est un type, une essence, si vous préférez ce mot, ce qui n'est pas le cas de Mme Verdurin, qui existe dans le temps ; elle est un devenir. Parler d'elle de manière absolue, absolument, n'a pas de sens, il faut préciser le moment, l'époque, le milieu, le monde où elle existe, les relations. L'image qu'en donne Proust au début de la Recherche est très loin de celle de la fin ; elle ne change pas seulement, ce que nous pensions d'elle se modifie rétrospectivement ; les êtres chez Proust ne se donnent jamais pleinement, une fois pour toutes, mais par esquisse, approche, approximation, modification ; ils sont tous comme Albertine, fugitifs, fuyants, des êtres de perspectives, qui se donnent diversement selon les rapports, les affects, les lieux... d'où les nombreux renversement de la Recherche, un tel que l'on prenait pour un con se révèle un génie, l'aristo simple, plein de morgue... la femme vulgaire une comtesse...L'être est temps ; personne n'est enfermé dans les limites d'un type, d'une essence, même si les êtres obéissent à des lois, du snobisme, de l'amour... Mme Verdurin n'est pas une, pas plus que les autres personnages du petit salon, qui nous étaient d'abord apparus comme de vulgaires petits bourgeois... Cottard, Elsir... Je pense aussi à Rachel, pute à quelques francs méprisée par le narrateur, adulée par Saint Loup, et dont la valeur de grande artiste se révèle contre le jeu daté de la Berma, dont on la croyait seulement jalouse... le temps, l'espace, les langages, voilà ce qui définit les êtres chez Proust, sortis de l'espace-temps de leur plus grande  densité ontologique, de la loi historico-transcendantale qui règle leur manifestation dans le monde, ils ne sont plus grand-chose. Les bourgeois, quelle que soit leur valeur, ne sont rien chez les Guermantes, et inversement, quand Swann et Charlus quittent le monde des Guermantes pour celui des Verdurin ; cette loi peut s'illustrer cinématographiquement, par un film de JG, si on veut : Gueule d'amour quittant Orange, ou plutôt son uniforme... Ma question alors est à quelle Mme Verdurin pensez-vous ? Ne répondez pas celle des débuts de la Recherche...


- Évitez de vous croire plus malin qu'un blockbuster américain ; loin est le temps où les critiques de cinéma étaient plus cultivés, intelligents... que les faiseurs de films hollywoodiens...

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Message par Borges Mar 5 Nov 2013 - 14:02

Camille Claudel (et pas Brunel) : je ne dis rien, de peur de toucher à la plaie vive de votre âme...
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Message par Borges Mar 5 Nov 2013 - 14:05

Buster, vous êtes souvent ballournatique mais on voit que vous savez vos lois de l'hospitalité, et que vous ne laissez pas vos hôtes, même ennemis,  se laisser insulter sans rien dire...
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Message par py Mar 5 Nov 2013 - 17:48

Faut te suivre Borges, on croirait entendre une demi conversation sur un téléphone portable... 
Ah, j'ai trouvé l'autre bout du fil finalement!

(Et qu'est-ce qu'il a ce rose, il fait forum de filles? C'est ça, "penser par soi-même"?)
py
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Message par Borges Mar 5 Nov 2013 - 19:19

py a écrit:Faut te suivre Borges, on croirait entendre une demi conversation sur un téléphone portable... 
Ah, j'ai trouvé l'autre bout du fil finalement!
Wink 
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Message par Invité Mer 19 Fév 2014 - 3:05

Vu cette nuit en strimaingue (ce qui règle le prob de la 3D, qui ne m'a d'ailleurs jamais intéressé). Trouvé ce film très beau, très prenant, et super émouvant. Étais littéralement cramponné à mon siège tout du long.  Very Happy

Mélodramatique? Certainement. Musique sur la fin assez "too much" (quoique pendant, travail de ouf sur le son), mais bon c'est compris dans le lot de ce genre d'histoire. Qui est avant tout, je l'ai ressenti ainsi, une histoire d'amour de la vie (plutôt que du "proche" ou du "chez soi", comme le suggère Borges). L'héroïne suit la recommandation de Kowalski : lâcher prise (sur l'enfant mort en elle), pour se cramponner à la vie. K qui, lui, lâche les prises au point de ne plus sembler être attaché à rien.Toute la tension du film est dans ce cramponnement tellement dérisoire (face à la puissance de désintégration des fragments de métal filant à 80.000 km à l'heure et déchiquetant tout sur leur passage). Et c'est Kowalski, qui l'obligea à se cramponner, la sauva d'un lâcher-prise qui était un suicide par abandon, qui détachera calmement la prise (un peu comme Haddock dans Tintin au Tibet, mais au dernier moment son canif lui glissait des mains). Ce qui est pas plus mal en un sens, parce que c'était un personnage rendu inintéressant par le fait, surtout, qu'il est joué avec les pieds (ptêt juste là pour le nom et la radio, en hommage au Sarafian), donc on est soulagé qu'il disparaisse assez vite... J'exagère un peu...  Laughing 

J'ai trouvé la deuxième partie plus prenante que la première. Une des nombreuses différences de perception avec Eyquem.

Ce n'est pas un film sur l'espace, bien sûr. Même si Cameron dit que c'est le meilleur film sur l'espace jamais tourné. C'est un film sur la mort, le vide froid qu'est la mort. Froideur au dehors, dans le vide sans oxygène, feu au dedans, dans les capsules et navettes. Bullock hait l'espace parce qu'il représente pour elle la mort, et ce qui, en elle, est mort, a renoncé à la vie. Elle est d'ailleurs partie dans l'espace parce qu'endeuillée, privée de vie, congelée.
Ce n'est pas un film d'action (j'appelle pas ça de l'action, du tout), ni de contemplation (à la 2001), ni de métaphysique (à la 2001), mais un film que je qualifierai d'immobile, presque, malgré l'agitation des météorites et la désintégration des capsules. L'immobilité y est intérieure. Le désastre, la dévastation, la désintégration y sont un drame intérieur, disons émotionnel, avant d'être des scènes extérieures, spatiales, spectaculaires. En tout cas perso, je les ai vécues essentiellement ainsi. Comme quelque chose de métaphorique avant tout. J'avais l'impression que c'était le corps, ou l'âme, qui se désintégraient, et que les satellites, capsules, météorites, l'espace lui-même, n'étaient que la métaphore de cette tragédie de solitude et d'effondrement...
C'est un film simple comme chou, sans chichi (et pas trop de blabla, quel plaisir, ou quand il y en a, celui de K, renvoyé à de la communication vide, justement, une fréquence sans émetteur ni récepteur).
C'est un film de solitude. Une histoire d'attente solitaire de la mort, une histoire d''arrêt de mort'. Attente qui est en même temps le refus ou l'impossibilité pour Bullock de mourir ('je sais que je vais mourir, on y passe tous, mais moi c'est aujourd'hui, je suis prête...' Et tout son corps dit le contraire). Pourrait-on en vouloir à ce personnage de ne pas vouloir mourir? Sandra Bullock, superbe. Magnifique moment: ce contact radio sans contact, relation sans relation avec la voix, l'aboiement, le chant, l'enfant. Eyquem a trouvé ça ridicule, moi je pleurais comme un veau.  Wink 
Et trouver que After earth était plus émouvant, sur un thème voisin, tu as dû être encore plus fatigué que moi en le regardant, Eyquem. lol.

Bref, si ce n'est sans nul doute pas le chef d’œuvre du siècle, c'est quand-même un très chouette 'petit film'. Du dimanche soir. Ou du lundi, voire du mardi.


Il me semble, en lisant enfin le topic, qu'on veut faire à tout prix ici de Cuaron une sorte de Spielberg ou de Shyamalan qu'il n'est pas. Ce n'est pas ce ciinéaste américano-centriste, et ni S. ni S., ni même Cameron, n'ont réalisé avec Naomi Klein une vidéo sur La stratégie du choc, me semble-t-il (Le film ayant été co-réalisé notamment par Cuaron, en plus de Michael Winterbottom, mais Klein désavoua le travail fourni par Winterbottom).
Spoiler:

J'ajoute, pour achever de me ruiner (ne m'en veux pas, Eyquem), que pour moi, Cuaron est un bien meilleur cinéaste que Cameron. Et ce film meilleur que Abyss et Avatar réunis, même si on les vidait du gras de leur discours assez pontifiant et de leur esthétique pompière. Soyons charitables: ne reprochons pas à ce film des facilités qu'on trouve en bien plus épaisses encore chez Cameron, mais auxquelles on trouvera par mansuétude des tas de qualités et d'excuses...
Et pour moi Abyss, c'est l'acmé du mélo imbitable. Une infâme bondieuserie dégoulinante sur la résurrection, etc (et que dire de la musique...). Non, n'insistez pas, je peux pas. Je touche une limite, au fond de la mer, avec des lettres lumineuses qui clignotent à côté d'un ET déguisé en calmar phosphorescent: 'love you wife'. Argh.
Spoiler:



C'est pas tant, selon moi, qu'à la fin elle revient 'à la maison', 'chez soi' (comme dans spielberg). Elle n'a plus de chez soi, plus de home. Cette question est clairement réglée en amont: rien, personne qui l'attende, nulle part en ce monde. L'histoire, qu'on trouvera neuneu, sans doute, mais qu'est émouvante (enfin, pour ceux que ça émeut, lol), c'est qu'elle renaît (revient - c'est une revenante, une re-née au monde, et son pas est mal assuré) à la vie, revenue de la zone, d'entre les morts, du 'pays' des morts.. (pour moi, c'est ça, l'espace, dans ce film, pour le redire).
Son seul 'chez soi', ce qu'elle 'retrouve', c'est cette glaise qu'elle cramponne doucement du bout des doigts: c'est l'amour de cette terre au sens nietzschéien, peut-être nietzschéien ou pas nietzschéien du tout, je ne sais pas trop, mais amour de la vie ici-bas, en gros. Pas de la vie dans l'au-delà, ou à 20.000 lieues sous les mers.
En tout cas, je ne vois pas que ce soit plus écologiquement neuneu que Avatar avec ses archétypes sur le féminin et la terre-mère, et je n'y vois pas du tout le leitmotiv du retour 'chez-soi' (éloge du proche et haine du lointain. Le seul 'proche' au sens de chaleureux, d'ailleurs, dans le film, est en même temps le plus étranger, le plus incompréhensible pour elle: la voix de l'ami, du chinois, mais aussi du chien et les balbutiements du bébé).


Je comprends que l'on explique que ce film est le contraire de ceci ou cela. C'est l'inverse de 2001, d'accord, d'accord (même si..., ça pourrait aussi se discuter: que 2001 valorise les espaces infinis, le lointain, la transcendance...). Mise au point nécessaire par rapport au discours de la critique, que j'ai pas lue. Mais je le trouve bien moins médiocre que ce que l'on dit ici.
A découvrir ce topic, donc, et avec le recul de l'inactualité, j'y sens comme un acharnement... Mais est-ce contre le film, au juste, ou contre le discours ambiant qui a entouré le film, qui a engrammé le regard et incité à jeter l'enfant, la mère et tout l'baltringue avec l'eau du bain?

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Message par Borges Mer 19 Fév 2014 - 9:29

Hi;

réponse rapide; le film est assez loin (et mes tas de pages dessus pas encore finies)


Contre l'émotion, on ne peut rien dire, mais l'émotion seule ne dit pas grand-chose non plus; si quelqu'un vous dit qu'il est ému par telle ou telle chose, vous ne pouvez pas argumenter contre son émotion; elle est tout, et votre discours ne sera rien; autant essayer de convaincre Roméo que Juliette n'est pas une fille pour lui, et que ça finira mal entre eux. Donc, nous respectons toutes les émotions, et aucun discours sur un film, un objet esthétique,  comme on dit,   ne nous fera jamais sentir quoi que ce soit, sinon sa propre affectivité.

 Au début, y a toujours l'émotion, c'est elle qui met en mouvement la pensée, qui pousse ou ne pousse pas à écrire, à se taire,  c'est peut-être parce que je n'ai été touché à aucun moment par le film, que je l'ai trouvé ridicule. Comme dirait Deleuze, je n'ai pas entendu le cri qui rend sensible le concept, le cri qui le rend nécessaire. Le cri de Leibniz sous la question :" pourquoi y a-t-il de l’être plutôt que rien " celui de descartes,  un gars, très paumé, qui veut absolument arriver à la certitude qu'il est, qu'il ne délire pas, qu'il rêve pas, qu'il est pas manipulé par une puissance démoniaque,  et qui hurle..."ok, je ne sais rien de rien, tout est faux, illusion,   mais, putain de merde,  si je pense, faut bien que je sois". Hurlement de joie, de libération, après l'angoisse : "je pense, donc je suis"; là, on peut penser à la joie de James Stewart dans "la vie est belle"; oui, la vie est belle, surtout que dans les deux cas, nous avons dieu pour nous le prouver absolument.  

Tu as été ému, j'en doute pas; mais l'émotion ne fonde ni la certitude dans l'objet, de l'objet, ni la certitude du sujet; les émotions passent... Pourquoi j'ai pas été ému par ce truc;  les conditions bien entendu font beaucoup, pas seulement subjectives. Tu as vu le film sur un petit écran, sans la 3D, seul,  ce fut peut-être un avantage, pour l'expérience de la proximité à l'histoire, au personnage...Daney disait que certains films marchent mieux  à la télé qu'au cinéma; j'ai senti ça pour l’exorciste; sur grand écran, c'est parfaitement anodin.  Ton expérience du film est presque l'expérience d'un petit film intimiste. C'est une perception, le problème est que AC, ne croit pas  à cette histoire, sans quoi il ne nous aurait pas assommé de 3D, de son, de spectacle; la rhétorique du film détruit son contenu affectif, émotionnel, et donc la possibilité de sa pensée; on ne pense qu'ému, que sous la puissance d'un choc, comme disait l'autre, du moins quand le choc ne vous détruit pas; penser, c'est survivre à l'événement. Autrement dit :  film sur la solitude, la mort, le vide de l'espace, la volonté de vivre, de survivre;  je veux bien, mais pourquoi nous présenter ça sous la forme d'une mise en scène spectaculaire; rien n'interdisait à AC de nous raconter une histoire très simple, sans effet, dépouillée, silencieuse; intime, la proximité du plus lointain : une femme perd son gosse, elle erre, rencontre un mec qui veut l'aider à vivre, revivre, il meurt…puis une expérience de conversion. RR a fait ce film : "Europe 51".

(Cela pourrait être aussi "la vie est belle" de Capra...)


-comment peut-on craindre avec elle, pour elle, puisqu'on sait qu'elle ne risque rien; le personnage est protégé de la mort par le scénario, et l'homme par Dieu.


Il s'agit pas seulement de se cramponner à la vie, de l'amour de la vie, l'espace a été un long détours pour comprendre que de la mort y a rien à craindre; c'est un film religieux, chrétien; le trajet d'une conversion; ce qui vient à bout de la mort, du deuil, de la volonté de néant, c'est la foi, et non pas le seul amour de la vie; c'est l'inverse même de Nietzsche, pour qui la religion est haine de la vie, enfin une certaine religiosité. Le film, par contre, nous dit : sans la foi, sans dieu, la vie ne vaut pas la peine. Dieu contre le nihilisme.  Avant la reterritorialisation sur terre, y a la reterritorialisation en dieu, dans la foi, dans la religion.

Tu te demandes si on peut dire nietzschéenne la terre du film.  Je pense qu'il ne faut pas hésiter, elle n'a rien à voir avec la terre de Nietzsche; quand zarathoustra conjure les hommes de rester fidèles à la terre (tu le sais) c'est précisément contre les fuites dans les  au-delà, les arrières mondes. La terre, c'est le sensible, et pas seulement notre planète. Dans le film, le retour à la terre, comme on a dit, est un retour à Dieu, à la terre en tant qu'elle est la matière dont Dieu a façonné l'homme; aucun amour de la vie en tant que vie, dans le film, aucun vitalisme simple; aucun amour de la terre en tant que terre, c'est la terre comme origine divine, substance.  Prenez ceci est ce dont vous êtes issus...

-tu dis à la fois que c'est pas un film sur le chez-soi et un film sur le froid du dehors; comme je disais, je crois, dans les années 1970, on avait des gens qui fuyaient le dedans, le chez-soi, qui n'est pas seulement la maison, la famille, bien entendu, et qui traçaient leur ligne de fuite, prenaient le risque au dehors…

-comme je disais, ce n'est pas un film sur la mort, l'impossibilité de la mort, c'est un film sur le salut; tu ne mourras pas, parce que dieu existe…

-La fidélité à la terre; la terre chez Nietzsche est nommée la légère; elle n'est pas un fond, un fondement, comme dans le film, dont le titre même est on ne peut plus étranger à l'esprit nietzschéen, pour autant que quelque chose puisse lui être étranger ( Et lorsque je vis mon diable, je le trouvai grave, minutieux, profond, solennel ; c'était l'esprit de pesanteur — par lui toutes choses tombent.)

"Celui qui apprendra à voler aux hommes de l’avenir aura déplacé toutes les bornes ; pour lui les bornes mêmes s’envoleront dans l’air, il baptisera de nouveau la terre — il l’appellera « la légère ».

la terre du film, se nomme "la lourde"

Wink
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Message par Invité Mer 19 Fév 2014 - 10:15

Salut Borges,

je ne me contente pas de dire que je suis ému, j'explique aussi pourquoi.

-tu dis à la fois que c'est pas un film sur le chez-soi et un film sur le froid du dehors

Non, je dis que c'est un film sur l'amour de la vie, et non du chez soi (étant donné qu'il est clairement signifié dans le film qu'il n'y a plus de home, chez soi, etc); et un film qui fait de l'espace une métaphore de la mort (froide dans le dehors, feu au dedans des capsules).


-comment peut-on craindre avec elle, pour elle, puisqu'on sait qu'elle ne risque rien; le personnage est protégé de la mort par le scénario, et l'homme par Dieu.

J'ai sincèrement cru, moi, qu'elle allait mourir aussi. Qu'elle n'en sortirait pas non plus. J'ai été surpris qu'elle s'en sorte. J'ai pensé jusqu'au bout que le film irait dans quelque chose de tragique, sans recours.

Apparemment, toi, tu savais qu'elle ne risquerait rien, parce que nous sommes ici dans une théologie du salut par Dieu.

J'ai vu nulle part cette théologie du salut par Dieu. D'où la tires-tu? Du fait qu'elle touche de la terre, à la fin? Et que tu relies cette scène à la genèse: ''retour à la terre en tant qu'elle est la matière dont Dieu a façonné l'homme...''

Admettons...

Mais cette séquence étant la séquence de fin ultime du film, la dernière minute. Comment pouvais-tu savoir, dès le début, 'que Bullock ne risquait rien; que le personnage était protégé de la mort par le scénario, et l'homme par Dieu''?

Quels indices théologiques ai-je manqué tout au lieu de cette projection pour ne pas le saisir aussi? Ils étaient en 3d? lol


Mais qu'importe: j'accorde d'emblée tout cela: ok, c'est pas nietzchéien, c'est pas un retour nietscheien à la terre. Mais j'ai pas vu tout ce théologisme chrétien...


Il s'agit pas seulement de se cramponner à la vie, de l'amour de la vie, l'espace a été un long détours pour comprendre que de la mort y a rien à craindre; c'est un film religieux, chrétien; le trajet d'une conversion; ce qui vient à bout de la mort, du deuil, de la volonté de néant, c'est la foi, et non pas le seul amour de la vie; c'est l'inverse même de Nietzsche, pour qui la religion est haine de la vie, enfin une certaine religiosité. Le film, par contre, nous dit : sans la foi, sans dieu, la vie ne vaut pas la peine. Dieu contre le nihilisme.  Avant la reterritorialisation sur terre, y a la reterritorialisation en dieu, dans la foi, dans la religion.

Quelque chose a manqué à ma perception, donc: je n'ai rien capté de tout ça:

''long détour pour comprendre que de la mort il n'y a rien à craindre; film religieux, chrétien, trajet d'un conversion'':

cela, je le vois parfaitement dans Abyss, qui pour cela ne m'émeut pas du tout. Mais je ne le vois pas dans ce film.

Faudrait me donner des éléments plus précis de l'omniprésence du théologique dans ce film, parce que simplement tripoter un peu de glaise à la fin, c'est un peu maigre selon moi....

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Message par Borges Mer 19 Fév 2014 - 11:10


Hi,

bien entendu tu ne te contentes pas de dire que tu as été ému;

religion, donc :

AC , c'est tout de même l'auteur des fils de l'homme, film on ne peut plus chrétien;
on trouve sur le net de nombreuses lectures  religieuses de "Gravity"; AC, s'en étonne; moi, surtout de son étonnement.

par exemple :

http://www.christianitytoday.com/ct/2006/decemberweb-only/childrenofmen.html
http://www.catholicworldreport.com/Blog/2628/space_for_awe_and_gratitude_a_review_of_gravity.aspx#.UwSOoIWHZwc

sinon, on avait lors de la discussion beaucoup parlé des aspects théologiques du film; eyquem, notamment...à partir de cette image :

Gravity (A. Cuarón): Never Mind the Bullock/les fins des étoiles - Page 2 Stchristopher-237x300

http://www.patheos.com/blogs/filmchat/2013/10/gravity-and-prayers-for-those-who-travel-by-space.html


amour de la vie, je  veux bien, mais tu dis aussi que c'est un film qui nous présente le dehors comme une puissance de mort, froid...or le dehors, c'est le contraire du dedans, et le dedans (dans tous les sens du mot) c'est le chez-soi, que cela soit la terre, ou le chez-soi qu'on appelle "foyer"...


Nous avions aussi évoqué les derniers mots du film, la boue dans la main , SB dit :  "thank you."


cela dit je n'ai strictement rien contre la religion en soi...(pas plus que Nietzsche, d'ailleurs)




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Message par Borges Mer 19 Fév 2014 - 11:24

Bidibule a écrit:

-comment peut-on craindre avec elle, pour elle, puisqu'on sait qu'elle ne risque rien; le personnage est protégé de la mort par le scénario, et l'homme par Dieu.
J'ai sincèrement cru, moi, qu'elle allait mourir aussi. Qu'elle n'en sortirait pas non plus. J'ai été surpris qu'elle s'en sorte. J'ai pensé jusqu'au bout que le film irait dans quelque chose de tragique, sans recours.

Apparemment, toi, tu savais qu'elle ne risquerait rien, parce que nous sommes ici dans une théologie du salut par Dieu.

-D'un point de vue théologique, elle accepte la mort du fils quand elle prend conscience que la mort n'est pas une fin, après le retour de je sais plus comment il s'appelle, elle prie... etc.

-Jamais je n'ai cru qu'elle allait mourir; c'est une impossibilité qui découle de la règle du film à grand spectacle, grand public...j'arrive même pas à imaginer ce que cela aurait pu être comme film si elle trouvait aussi la mort dans l'espace...

-Si les tables de la loi hollywoodiennes n'interdisent pas de faire des images, elles interdisent par contre de tuer (sans relève possible) les stars dans les films destinés à remplir les salles...








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Message par Invité Mer 19 Fév 2014 - 17:19

Si la mort ou la survie d'un personnage de film détermine tout le reste de l'appréciation portée sur un film ("je survis=pas bon= esthétique capitalisme hollywoodien" vs "je meurs=très bon=modestie minimaliste et sceptique de la lutte de terrain post-marxiste"), on arrive vite à des positions extrêmement binaires et manichéennes, aussi virulentes qu'inintéressantes.
Les arguments et raisonnements auxquels cette vision donne lieu sont complètement réversibles. Par exemple "Antonioni est petit-bourgeois: la preuve il refuse dans ses films de séparer la mort et l'évaporation, la mort est chez lui la conséquence logique d'un fantasme de disparition": sauf qu'avant d'en arriver à la représentation de la mort, d'autres choses nous ont déjà fait comprendre d'où parle Antonioni, ce jugement est tardif:  parfois exact mais toujours inutile. Certes, on pourra à cette occasion donner un exemple concret de l'irréductibilité existant entre l'esthétique petite-bourgeoise à la Antonioni et Hollywood. Mais cela sera obtenu par facilité, en ayant donné tort à tout le monde (et en s'étant donné raison à soi-même, au passage): Antonioni et Cuaron sont tous les deux des falsificateurs, tous les deux considérés comme relevant aussi du même patrimoine culturel de la même actualité.
Peu de films laissent un personnage entre la mort ou la vie (il y en a, comme "la Folie Almayer" d'Akerman, cette ambiguïté d'ailleurs trouve son inspiratio dans dans bien des personnages de Conrad d'ailleurs, de Nostromo à Marlowe, et suppose une représentation littérale de la folie, un développement intégral des raisons du fou, qui remplace peut-être la mort). Cette indécision est il est vrai chez lui une part d'une indécision plus générale que rejaillit sur le "politique", c'est à la fois un humaniste qui comprend que la colonisation détruit l'humanisme, mais il obtient cette vérité en faisant lui-même de la colonisation le cadre d'une épreuve initiatique individuelle, sacrée mais profane, où chacun n'a plus de relation qu'avec la vérité, et non ses prochains. Si je dis "j'ai vu des situations conradiennes en Afrique", la bonne question c'est "tu fais allusion à Conrad l'humaniste ou à Kurz?" et la réponse à cette bonne question n'est pas si facile.

et puis opposer la linéarité et la simplicité de "La vie est belle" (si j'ai bien compris) à l'imagerie actuelle du salut religieux individuel n'est pas tenable, c'est quand-même justement dans ce film qu'un ange se déguise en brave type genre représentant de commerce et repêche lui-même le suicidé.

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Gravity (A. Cuarón): Never Mind the Bullock/les fins des étoiles - Page 2 Empty Re: Gravity (A. Cuarón): Never Mind the Bullock/les fins des étoiles

Message par Invité Mer 19 Fév 2014 - 21:02

Hy Borges,


Borges a écrit:[film sur l’]amour de la vie, je  veux bien, mais tu dis aussi que c'est un film qui nous présente le dehors comme une puissance de mort, froid...or le dehors, c'est le contraire du dedans, et le dedans (dans tous les sens du mot) c'est le chez-soi, que cela soit la terre, ou le chez-soi qu'on appelle "foyer"...



Non, je ne dis pas ça, désolé. Je ne dis pas « le dehors ». Je n’oppose pas particulièrement « le dehors » et « le dedans ». C'est une retraduction orientée de mon propos, qui joue habilement sur les mots...
Je n’ai pas dit plus que ceci : qu’il n’y avait pas d’espace dans ce film (au sens donc des espaces infinis, lointains, qu’on explore...), que l’espace n’était là qu’une métaphore de la mort. Et que cet Espace/Mort, si on veut parler par analogie avec ce qui se passe dans le film, était froid au dehors (par le vide sans oxygène) et feu au dedans (dans les capsules).
Concède moi que je ne réactive pas dans ce propos ce style de partage entre « un dehors » , au sens d’une extériorité, au sens d’une altérité, et « un dedans » qui s'y opposerait comme le chez-soi, le foyer, l'identité, etc. Puisque, dans mon propos, qui essaie de coller à ce qui se passe dans le film, 'au dehors' et 'au dedans' ne sont que les faces réversibles d'un même espace qui serait la mort, et non 'le dehors' (extériorité/altérité) opposé à l'ipséité d'un dedans ('chez soi/foyer').
J'ai quand-même réfléchi un minimum aux mots que j'utilisais pour exprimer mes émotions. J'ai quand-même réfléchi un minimum avant de formuler ma phrase avec 'au dedans, au dehors' (comme face reverse d'un même 'espace' de dés-abri). Je suis instruit du fait que l'émotion seule ne dit rien. Je suis au courant du fait qu'une émotion sans concept est aveugle et un concept sans émotion vide. Je suis informé, aussi par l'expérience, qu'il ne suffit pas de crier pour faire de la philosophie. Je sais aussi que la pensée est parfois plus proche d’un animal qui meurt que d’un homme vivant, même démocrate. J'ai articulé, malgré mon émotion, malgré le chaos qui me menace constamment, ma pensée d'une certaine manière, avec le besoin d'y mettre un peu d'ordre: pour ne pas être accusé de tomber à pieds joints dans de grosses oppositions métaphysiques non-déconstruites. Ce n'est donc pas pour qu'on me les resserve en plat tiède... Quand-même... J'suis un grand émotif, mais j'suis pas plus con qu'un autre, comme disait Miller.  Wink 

La distinction entre 'un dehors' (l'espace vide inter-stellaire) et 'un dedans' (les abris constitués par les capsules) est, dans le film, littéralement pulvérisée par les projectiles météoriques: il n'y a plus d'abris, de home. Les seuls objets à cramponner qui restent sont, d'abord, les deux cosmonautes se cramponnant l'un à l'autre par cette corde, puis la femme seule, se cramponnant à tous les éléments qui, l'un après l'autre, se désintègrent.

Ainsi, si l’espace est ici, comme je prétends (mais je ne prétends pas que ma perception est nécessairement la bonne), l’espace de la mort, la distinction dedans/dehors n’a plus ici tellement raison d’être.
’dedans, dehors’ sont reliés à la forme ‘espace’ telle que Kant en parle (pour qu’on puisse dire qu’une chose est dedans, dehors, à côté de, etc, il faut nécessairement la forme de l’espace). Mais ce n’est pas non plus depuis ce sens de la notion Espace que je parlais, puisque je parlais, donc, d’une sorte d’équivalence dans le film entre l’espace et la mort. C’est ce même espace/mort, qu'il soit au dedans ou au dehors, qui immobilise tout, pulvérise et désintègre tout. Au point que les capsules ne représentent plus du tout un « dedans », un abri quelconque. Les météorites pulvérisent précisément cette mince frontière entre un 'dehors' (le vide sans oxygène) et un 'dedans' (dans la capsule). La même mort règne ici aussi bien dans le vide de l'espace inter-stellaire que dans l'espace clos des capsules. On ressent bien, cela, qu’il n’y a plus d’abri, de foyer, nulle part.
D’autre part, comme je le rappelle plus haut, le personnage principal, joué par Bullock, est lui-même présenté (du moins pendant tout un temps) comme étant plus du côté de la mort que de la vie : endeuillée, privée de vie, anesthésiée et comme glacée, et elle est partie dans l’espace pour cette raison-là, en un geste dépressif : se détacher de la vie, dans un lâcher-prise de la vie.
Quand Kowalski lui demande s’il n’y a pas quelqu’un, sur la terre, un proche, un ami, à qui elle souhaite laisser un message, elle répond que non. Là-encore, la désintégration de tout abri, dans cet espace-mort, renvoie aussi à la désintégration, ou absence de tout foyer, en Bullock-du côté de la mort.
C’est cela que j’essaie d’exprimer dans ce passage :

Ce n’est pas un film sur l'espace. C'est un film sur la mort, le vide froid qu'est la mort. Froideur au dehors, dans le vide sans oxygène, feu au dedans, dans les capsules et navettes. Bullock hait l'espace parce qu'il représente pour elle la mort, et ce qui, en elle, est mort, a renoncé à la vie. Elle est d'ailleurs partie dans l'espace parce qu'endeuillée, privée de vie, congelée.
Ce n'est pas un film d’action. [...] L'immobilité y est intérieure. Le désastre, la dévastation, la désintégration y sont un drame intérieur, disons émotionnel, avant d'être des scènes extérieures, spatiales, spectaculaires. En tout cas perso, je les ai vécues essentiellement ainsi. Comme quelque chose de métaphorique avant tout. J'avais l'impression que c'était le corps, ou l'âme, qui se désintégraient, et que les satellites, capsules, météorites, l'espace lui-même, n'étaient que la métaphore de cette tragédie de solitude et d'effondrement...

* * * *

Borges a écrit:D'un point de vue théologique, elle accepte la mort du fils quand elle prend conscience que la mort n'est pas une fin, après le retour de je sais plus comment il s'appelle, elle prie... etc.

Pour moi, dire qu’elle accepte la mort de sa fille (et non fils) quand elle prend conscience que la mort n’est pas une fin, c’est une interprétation qui ne trouve pas vraiment d’éléments dans le film pour se justifier.
Que le deuil impossible de sa fille équivaille ici, dans une logique psychanalytique, au refus d'accepter la mort de cette dernière, d'accord: quoique, ça se discute aussi. Elle l'avait acceptée, cette mort, au point de se sentir elle-même happée par la mort. C'est même ce qui faisait sa 'mélancholie'.
D'une part donc: où et quand a-t-elle, dans le film, 'accepté la mort de sa fille'?
Et, de l'autre, surtout: je ne vois nulle part que cette acceptation de la mort de sa fille (en admettant donc cette donnée, qui ne va pas de soi dans le film) équivaudrait à une prise de conscience que la mort n’est pas une fin.
On peut juste dire qu’elle refuse de mourir : mais refuser de mourir, ici, est-ce que cela équivaut à « prendre conscience que la mort n’est pas une fin » ? Je dirais que non, et que c’est même le contraire : elle était engourdie dans et par la mort, décramponnée de la vie. Le moment où elle accepte la toute puissance de la mort (cad aussi la mort de sa fille, en supposant que cette lecture psychanalytique innerve le film) n'est pas un moment où elle prendrait conscience d'un 'au delà' de la mort. Nulle part. Au contraire, dans la dernière 'station-capsule', elle s'abandonne d'abord à la mort comme issue imminente, inéluctable et sans relève (scène de la radio), puis décide ensuite (après hallucination de la visite de Clooney: où elle sort de son subconscient, via Clooney mort, l'idée d'appuyer sur le bouton 'atterrir' - 'atterrir, c'est décoller') de ne plus se laisser mourir, de ne pas s'abandonner à la mort, de se cramponner à la vie. Elle prenait, dans la capsule, conscience que la mort est au contraire une fin, LA fin, de tout, et sans relève (« on y passe tous, mais moi c’est aujourd’hui »). C'est aussi pour ça qu'à ce moment elle se met à aboyer, comme un chien... à la mort, ou à la lune comme on dit. En imitant le chien, à la radio, qui lui aboie peut-être à la mort, en regardant la lune...
Tout au long de cette scène, incluant le 'retour' de Clooney, on ne voit ni n'entend Bullock prier, en tout cas au sens de s'adresser à une entité transcendante: dieu, jésus. Sauf erreur de ma part, on n'entend à aucun moment dans ce film prononcés les mots 'dieu' ou 'jésus', ou 'bless' (à l'inverse de tant de films US de sf, catastrophe, survival).

Quand 'Clooney' lui parle, elle est dans les vaps et aligne une suite de mots sans queue ni tête. Les mots qu'elle prononce véritablement, sont en fait à l'intérieur de sa tête, ceux qu'elle prête au fantôme de clooney: histoires de vodka, de fond de batterie, de panne d'essence, d'appuyer sur le bouton atterrir, etc.

Je ne vois donc, perso, l’invocation de ressources théologiques à aucun moment avant, pendant ou après cette scène, et pas spécialement non plus sur l'ensemble du film. La fin du film, comme dit supra, relève plutôt de l'habituelle tambouille éco-new-ageuse, terre-femme-mère, etc, comme dans Avatar, avec le côté féministe bon teint (qui retrouve les vieux clichés phallocrates archaïques sur la femme-utérus branchée aux ondes de la terre), la petite caution écolo-al-goresque, etc. C'est sans doute théologique, d'accord, bien sûr. Mais c'est pas spécialement signifiant, pour moi. C'est juste l’acquiescement à un cliché désormais rebattu dans le cinéma hollywoodien; une façon de conclure (qui pour moi n'était pas la plus heureuse, pour le redire). Mais je vois pas dans tout ça l'idée que la mort n'est pas une fin...


* * * *

Dans les films SF à vocation ou signification théologique, et ça fait 8/10è des films de SF hollywoodiens, la prise de conscience ou l’épreuve de la mort en face, est en effet le moment où on prend conscience que la mort n’est pas une fin, qu’il y a un au-delà de la mort : divin, extra-terrestre, transcendant. Mais pas ici.

Avec leurs différences (abyssales ou non): 2001, Star wars (jamais, mais alors jamais été captivé: vu le premier au cinéma, vers 12 ans. Me faisant assez bien chier. La fantazy, ça ne fut et ne sera jamais pour moi. Ni le pif, paf, pouf: implication perso et émotionnelle = zéro. Pourtant, je m'intéressais déjà à la sf.), Close encounters (celui-là, je compris instantanément que c'était une parabole biblique, chrétienne et évangélique. Et j'ai tout de suite trouvé Dreyfus à baffer avec son air con, sa barbe à papa, sa purée, ses yeux d'enfant-émerveillé-tintin-coeur pur. Et le vaisseau, énorme gâteau d'anniversaire à bougies... J'ai ricané dès sa première vision); ET (L'Horreur: rencontres du 3è type en 10 fois plus con encore: si, c'était possible, comme à la sncf), Blade runner (rhzz), Matrix, Cloud Atlas (lourd, lourd...), Prometheus (grotesque), Hunger games (bwof), Brainstorm (de D. - sfx 2001 - Trumbull. Bwoaf), Cocoon (beurk), Stargate (pas vu), Waterworld, Sphère, Contact (pas vus), etc, etc. Abyss (beurk).
Dans Abyss, disais-je, oui, je vois bien l’invocation d’une ressource théologique, je vois bien que le type, au moment où il accepte la mort de sa femme, découvre la résurrection de cette dernière. Ce n’est pas difficile de bien voir que ce film est pétri de théologie chrétienne, d’autant que c’est signifié en permanence à gros coups de gyrophares, d’ET iconiques, de lettres phosphorescentes, de chromos grotesques, de chœurs d’église, de partitions à la John Williams imitant Gustav Holst, etc.
C'est surtout ça qui me gêne. Pas le religieux ou le théologique en soi. Car je n'ai rien non plus contre les religions, faut-il le dire. Pourquoi le religieux et le théologique doivent-ils absolument s'annoncer dans ces films de sf de façon aussi péniblement kitsch? C'est à croire que le religieux, ou le théologique, doivent absolument rimer avec mélodrame dégoulinant, symbolisme de grand-bazar soldé, épiphanisme d'attraction foraine, anthropomorphisme de type Santa Claus à grande barbe lactée scintillante, ou sapin de pâque illuminé à guirlandes clignotantes, régression infantile, musak pour les proms recyclant 250 fois de suite 'Pomp and Circumstance'. ça me tue, ça.

Je vois Gravity comme un film de série B, à bien des égards plus proche de Alien que de 2001. Encore que dans Alien, subsiste de la transcendance, un mystère immémorial, fascinant, d'un 'site' extra-terrestre qui n'est plus que Ruines. C'est un spectacle sacré. Mais dans Alien comme dans Gravity, l'espace, au dehors (le vide inter-stellaire) comme au dedans (vaisseau) sont un espace de mort, irrespirable. On y meurt seul et personne ne vous y entend crier, etc.

* * * *


Borges a écrit:[la mort du personnage principal,] c'est une impossibilité qui découle de la règle du film à grand spectacle, grand public...j'arrive même pas à imaginer ce que cela aurait pu être comme film si elle trouvait aussi la mort dans l'espace...

-Si les tables de la loi hollywoodiennes n'interdisent pas de faire des images, elles interdisent par contre de tuer (sans relève possible) les stars dans les films destinés à remplir les salles...


Je le redis, j’ai vraiment cru qu’elle allait mourir : ça me semblait tout à fait plausible dans l’économie particulière de ce film :
1. qui est un film sans doute à gros budget mais de type série B, genre où cette sacro-sainte règle est très souvent transgressée.
2. C’était plausible aussi par le fait que ce n’était plus acquis que Bullock soit, comme tu dis, la Star destinée à remplir les salles. La star qui potentiellement pouvait remplir les salles, c'était Clooney: mais il meurt assez rapidement. Bullock, nous le savons un peu, est plutôt une actrice en perte de vitesse, déclinante, quand elle fait ce film. Star, elle ne l’a jamais été, plutôt une « petite star » de petites comédies romantiques formatées et transparentes, du cinéma du samedi soir. Elle n'a jamais été considérée comme une grande actrice de super-class-A.
3. Et enfin, cette mort, la possibilité du traitement tragique, me paraissait surtout plausible dans la dramaturgie de ce film de série B (comme on peut dire que les films de Cameron sont des films de série B, ce n’est pas du tout péjoratif, bien sûr. Les uns réussis, les autres ratés, c’est un autre problème).

Même, pour tout dire, j’étais un peu déçu qu’elle ne meure pas à la fin. J’aurais trouvé ça plus émouvant encore, plus fort, audacieux, et ça aurait été pour moi un grand film tragique *.

Dans Titanic, qui est quand-même LE parangon du grand film hollywoodien à grand spectacle, à gros budget, grand public et ayant pulvérisé le box-office, la star/héros meurt à la fin. L'interdiction de faire mourir les stars dans les films destinés à remplir les salles n'est donc pas un interdit inscrit dans les tables de la loi hollywoodiennes.
Dans Gladiator, la star/héros meurt à la fin. Dans Departed, la star/héros meurt à la fin. Di Caprio, une star, sans nul doute, meurt assez bien à la fin de ses films.
Dans Dead Man, le héros/star meurt à la fin. Johnny dies at the end. Ce qui a fait bcp pour sa popularité d'acteur.
Dans Le secret de BrockeBack mountain, celui qui reste ne meurt pas (si mon souvenir ne me trahit pas), mais on ne peut pas dire que ce n’est pas un film intensément tragique et qu’il y aurait une ‘relève’...  
Il y a quand-même pas mal des films ‘hollywoodiens’ mainstream où les stars meurent à la fin. (Sans parler ici des films des 70s, du ‘nouvel hollywood’ : macadam cow-boy, bonnie & clyde, jusqu'à Cutter's way: la liste serait interminable. )

En poussant le bouchon dans le sens inverse, je pourrais même risquer cette formule: 'toutes les Stars veulent mourir à la fin'. Les Stars sont particulièrement aimées à ce moment 'privilégié', si je puis dire. Une Star mourant à la fin d'un film et faisant pleurer tout le monde fait exploser sa fan-base: il n'y a rien de mieux pour tisser un lien émotionnel indéfectible entre la Star et son public.

'Toutes les Stars se lèvent, non pour Danette, mais pour mourir à la fin'Very Happy 

* Et je pense que si Bullock était morte à la fin, ça aurait donné un impact émotionnel bien plus fort, qui l'aurait pour le coup propulsée au rang des Grandes Stars. Mourant à la toute-fin, de la façon la plus tragiquement dérisoire qui soit: prisonnière dans sa capsule envahie par l'eau, ne parvenant pas à se décramponner de sa capsule, noyée. Ce qui semblait d'ailleurs s'annoncer (pour moi). Capsule qui sombre lentement dans l'Abysse... Waouuw. Et on aurait eu une tout autre musique de fin. ça aurait été énorme, pas ridicule si mis en scène avec finesse... Au contraire, hyper-traumatique, tout simplement sublime: on en parlerait encore dans 25 ans... Ici, alors que la capsule s'enfonce inexorablement sous la mer, et qu'elle a été refoulée vers la cloison par la pression du flot d'eau envahissant l'habitacle, elle parvient à en sortir et à remonter, depuis une distance gigantesque, à la surface. Sans que ses poumons explosent... C'est pas tellement crédible. Des choses non-crédibles, y en a des tas, comme dans tout film de sf, et on s'en cague assez. Mais pour cette fin , avec ce qui lui arrive , non, ça passe pas trop, pour moi...
Je pense ne pas me tromper sur la force d'une fin alternative, tragique: certainement moins ridicule, à tout le moins, que le 'rebirth-retour' avec la démarche de je ne sais quel pélican ou albatros... Et ça aurait donné un grand film funèbre, bouleversant et marquant les mémoires au fer rouge. Funèbre n'étant pas à mon sens synonyme de mortifère ou morbide, ou l'inverse d'un message d'amour de la vie, bien sûr. Un film sans happy end, où le héros meurt, n'est pas automatiquement un film exprimant un dégoût de la vie. Je dis ça juste pour ceux qui, dès qu'il y a de la mort, du négatif non 'relevé' (au sens hégélien de 'sursumé' - je dis ça pour ceux qui ne connaissant pas le mot 'relève' en ce sens) dans un film, hurlent à cette dernière en disant: 'haine de la vie! Fascisme!', etc.

Cuaron n'a pas osé, trop frileux, la jouant petit bras hollywoodien. Cameron avait osé. D'autres, aussi. Tant pis. (Ou alors c'était une alternate-ending scene qu'on servira en bonus sur le dvd/bluray? Chi lo sa...)

Car on ne fait mourir - à la toute fin, je précise - que les Grandes Stars, en exagérant un peu là aussi. Mourir à la toute fin d'un film est ce qui fait entrer un comédien reconnu dans la Légende: ce sont en général des films qui marquent plus que les autres. C'est un privilège, et la consécration d'un talent de comédien, que de pouvoir mourir à la fin. Toute Star potentielle attend sa grande scène shakespearienne de mort. Comme Cranston. lol. Ou avant la fin, comme la team Stark dans GOT (capital sympathie: énorme).

Delon, qui est l'archétype de l'acteur con, avait au moins compris ça.

Généralement, on commence à tenir en haute estime un acteur, jusque là cantonné dans des rôles secondaires, quand il meurt à la fin. C'est le classique des classiques: jusque là, on trouvait que untelle ou untel étaient de gentils 'entertainers'. Mais du jour où ils meurent à l'écran après y être resté plus longtemps que d'habitude: ça devient de grandes comédiennes, de grands comédiens, cad de grands 'tragédiens' dit-on. Avant ça on les prend pas 'au sérieux'. Carrey dans Man on the moon. Etc.

http://www.topito.com/top-15-des-acteurs-qui-meurent-le-plus-au-cine-la-stat-insolite
http://justcinema.net/les-acteurs-qui-meurent-le-plus-au-cin%C3%A9ma

Pourtant, mourir au cinéma, cela n'est guère trop difficile. Suffit de mourir, oserais-je dire, en en faisant le moins possible. Moins l'acteur en fait au moment de mourir, cad plus il meurt discrètement, plus sa mort est bouleversante. Et plus on trouve que c'est un grand 'tragédien'. Suffit d'écrire pour un acteur, pas spécialement génial ou quoi ou qu'est-ce, ayant l'air tout à fait quelconque, un beau rôle dans une histoire forte où il meurt, à la fois discrètement et de façon inattendue, à la fin: ça en fera un grand acteur. Quasi garanti sur facture et faites moi confiance, foi de Séraphin Lampion. Tout simplement parce que c'est le seul fait qu'il meure qui nous bouleverse, et non ce qu'on nomme sa 'prestation'...


Encore un exemple, parmi tant d'autres: on s'est soudain rendu compte que Sam Rockwell était un grand acteur lorsqu'il a tourné Moon. Il y meurt non pas une fois, mais au strict minimum deux fois. Ce qui le rendit deux fois plus émouvant, deux fois plus sympathique, deux fois plus épatant.

Tout ceci me ramène en mémoire un Columbo, où les assassins étaient un couple de comédiens britanniques - d'indécrottables cabotins. ça se passait à Londres. Y avait une scène poilante, où il mouraient tous deux sur une scène de théâtre. Ni le mari ni son épouse ne semblaient d'accord pour laisser son partenaire mourir après soi. Ce qui donnait des derniers 'soubresauts' à répétition et à pisser de rire. La gloire de Shakespeare irait à celui ou celle qui mourrait le dernier, marquant ainsi à jamais les mémoires...

(Mais les prestations d'acteurs et actrices vers lesquelles, quand on y pense, va le plus notre sympathie, ce sont souvent celles où ils meurent prématurément, bien avant la fin, parfois à la moitié: ce sont les Poulidor de la mort au cinéma, les éternels seconds. On attend l'heure glorieuse où il pourront enfin, à leur tour, mourir à la toute-fin, en tête de liste, la A list comme disait le ravi de la crèche Kaganski. Pour les récompenser de toutes ces morts injustement secondaires, qui, pour cette raison même, nous ont tant ému...).

Allez, quoi... (lol)
Dans Je suis une légende, la star meurt à la fin.
Dans Thelma & Louise, les deux héroïnes meurent à la fin.
Dans Elephant man, le héros meurt à la fin. Le seul grand succès commercial, et hollywoodien, de Lynch.
Dans Le patient anglais, le héros meurt du début à la fin.
Dans Harvey Milk (film très hollywoodien de GVS), le héros, interprété par une star, meurt à la fin.
Dans Le 6è sens, la star était déjà morte du début à la fin. Dans l'armée des 12 singes, cette star mourrait également à la fin.
L’impasse, Philadelphia, Braveheart (pas vu), Heat, La guerre des Rose, American Beauty, Bienvenue à Gattaca, Retour à Cold Mountain, Runaway train, Donnie Darko, The Fly, The box, TWBB, Two lovers, Les noces rebelles (je ne sais plus si l’un des deux meurt dans ces deux films, mais ce sont des films funèbres et sans relève), Synecdoche NY, Funny Games US (ok, ça compte pas, même s'il y a une star bankable dedans), 3 :10 for Yuma (Russell Crowe aussi aime assez bien mourir à la fin de ses films). Et plein d'autres qui ne me reviennent pas tout de suite en mémoire... (Si on faisait une liste?)


Les cinéastes de cette ‘nouvelle vague’ (qui est déjà retombée) hispanico-mexicaine ne craignent pas le tragique, pour le meilleur ou pour le pire.
Dans Le labyrinthe de Pan, la petite héroïne est d'autant plus émouvante qu'elle meurt à la fin, de la plus triste des façons...

Dans le film précédent de Cuaron, Les fils de l’homme, le héros meurt à la fin (même s’il y a une relève par la naissance du dernier Baby). Je ne trouve pas non plus que Les fils de l’homme soit un film interprétable de pied en cap ou purement en termes de théologie. Même si les motifs théologiques sont indubitablement présents, convoqués. Qu’il joue sur ces motifs, qu'il joue sur des symboles, c’est évident aussi... Cuaron n'est pas un idiot. Il a étudié la philo. Il ne pense pas que les films qu'il fait tombent en dehors du champ d'une 'herméneutique' généralisée, si on peut parler ainsi...
D'ailleurs, un Zizek (ça vaut ce que ça vaut) a proposé une lecture de Children of men, qui selon lui serait un modèle de totale subversion matérialiste d'un matériau réactionnaire, en l'occurrence la nouvelle dont le film est tiré, parabole chrétienne transparente.

http://the-zizek-site.blogspot.be/2007/01/zizek-review-of-children-of-men.html
Spoiler:

* * * *

AC , c'est tout de même l'auteur des fils de l'homme, film on ne peut plus chrétien;
on trouve sur le net de nombreuses lectures religieuses de ''Gravity''; AC, s'en étonne; moi, surtout de son étonnement.


On ne peut plus chrétien, ça peut donc éventuellement se discuter, cf supra. Tu me diras peut-être que Zizek, en tant que lacanien, est un chrétien lui-même: et c'est vrai. lol.

Mais que 'Les fils de l'homme' soit aussitôt ressaisi comme on ne peut plus chrétien par telle ou telle sphère chrétienne, ou matérialiste par un lacano-spiritualiste qui se prétend marxiste, ça ne signifie pas nécessairement qu'il l'est - chrétien. Ou matérialiste. Qu'est-il? Je ne sais pas trop, en ce qui me concerne.
Il faut évidemment tenir compte des conditions de réceptivité d'un film, d'un discours, dans un espace donné. Il faut aussi tenir compte, pour essayer de se repérer, provisoirement, parmi tous les échos contradictoires, d'infos diverses sur les conditions de l'émission : quel sont les lieux, paradigmes, valeurs politiques de ce Cuaron? D'où parle-t-il, comme on dit? Est-il aussi centre-droit bon teint que son pote Inarritu, ou aussi à gauche qu'on veut nous faire croire qu'un Cameron l'est? C'est pour ça que j'ai posté la vidéo sur La stratégie du choc: juste indiquer que ce n'est pas si simple. Apparemment, Cuaron est attaché à une certaine gauche anti-américaine, anti-chrétienne, et choisi par elle pour faire passer certaines idées. Peut-être que c'est bidon. Peut être que N. Klein, c'est une fausse gauche américaine.
Je dis simplement ce que je dis depuis toujours, banalement: on voit les films avant même de les voir, on a engrammé des tas d'infos qui font que souvent, on n'a vu que ce qu'on 'savait' déjà... Donc, en effet, l'émotion ne suffit pas. Je suis le premier à le dire. Je vois les films sans rien savoir dessus avant. Ce qui ne m'empêche pas de réfléchir pendant, tout en tombant de ma chaise d'émotion (je plaisante: je surjoue toujours mon émotion, à dessein, quand j'ai envie de défendre un film. Pour faire passer un enthousiasme qui régulièrement irrite, lol), puis de me renseigner après, à droite à gauche...

[ Dans les conditions de réception, ajoutons bien sûr: vu en salles, vu chez soi. La taille de l'écran ne joue pas tellement, pour moi. Je ne sais même plus ce qu'est un écran de cinéma. Je ne vais plus au cinéma depuis 15 ans environ, et nulle envie d'y retourner. Avant cela, j'y allais... tous les 3 ans. Et chaque séance fut une torture, pour plein de raison maintes fois commentées.
Par contre, je crois que, oui, la 3D, en salles, c'est une condition supplémentaire empêchant de se concentrer sur l'unité-film, de recevoir cette unité-film. Là dessus je reste très attaché à la platitude artéfactuelle de l'écran. Au refus d'une certaine production de mimésis naturaliste perceptive, qui n'a d'ailleurs rien de naturelle, et qui n'a pas davantage à voir avec 'plus de perception', une perception 'augmentée' de ceci ou cela... La 3D au cinéma ne m'intéresse pas plus que l'écran géant du cinéma.
C'est pareil pour les écrans tactiles. Rien que l'idée m'ennuie. J'ai pas envie de promener mes doigts aristocratiques et néanmoins suants sur un écran, en mimant une porte que j'ouvre ou que je ferme. Je vois pas l'intérêt. Moi, mes écrans, je les veux propres, sans tâches de doigt, et fixes. J'ai pas envie de me balader avec un écran dans la poche.. ça m'hallucine, l'interface UI de windows 8 (bon sang: quand je tape 'tuut huit', ça crée un lien automatique). Quelle horreur pure, comme c'est anti-intuitif en se voulant plus intuitif... Tout ça pour obliger les gens à dépenser, encore et encore. Je sais, je dis que des truismes. lol ]


Et c'est sûr qu'on trouvera sur le net des tas de lectures, religieuses, chrétiennes, de Gravity. On y trouvera même un jésuite suggérant que Cuaron retourne ou renverse point par point 2001 . Avec en intro une citation de C.S. Lewis, apologiste chrétien, pote de Tolkien et auteur de Narnia...

http://www.ibosj.ca/2013/11/alfonso-cuarons-gravity-and-evolution.html

... ça a l'air assez délirant à première vue, ce que raconte ce jésuite... Néanmoins, ça me semble plutôt intéressant, comme lecture ou hypothèse du film... Non?

Si le film est réellement une 'antithèse' de 2001, si ce jésuite a raison sur ce point (tout en voulant dé-nietzschiser complètement gravity, ce qui est son problème à lui), ça amène aussi à se poser, par rebond, la question du 'Nietzsche' de Kubrick & Clarke: est-ce vraiment un Nietzsche athée ? Quel 'Nietzsche' parlent-ils?


... Dans la scène où Bullock se replie sur elle-même dans la position du foetus (c'est le moment qui a failli me faire sortir du film: j'ai horreur, mais alors horreur, de ce genre de scènes signifiantes-symboliques lourdingues), on voit, à l'arrière plan, une statuette de Bouddha ... ça veut pas dire grand chose, sans doute. Ou si? Par rapport à la mort (qui ne serait pas une fin, ou bien si) ... ça veut ptêt juste dire que Cuaron est assez œcuménique pour ne froisser personne... lol.



* * * *


Mon but n'est absolument pas de prétendre démontrer ici que Gravity est plus proche de Zarathoustra que du christianisme. Je n'en ai pas les moyens et tu te doutes bien que c'est le cadet de mes soucis.
Ma lecture ci-dessus, très axée sur la mort et la finitude, n'est évidemment pas 'nietzschéenne' pour un kopeck...


Juste ceci:


m'opposer la 'lourdeur' (gravity) à la 'légèreté' dansante du rapport nietzschéen à la terre, pour dire que l'amour de la vie ou le sens de la terre n'ont rien ici de nietzschéen ... je veux bien ... mais c'est un peu un jeu habile sur les mots, là aussi, me semble-t-il, pour congédier l'affaire ...
... La gravité, la pesanteur ... en tant force d'attraction de la terre ... n'a pas à être opposée à la 'légèreté' dont N. parle...
Ce n'est ni le même plan sémantique ni le même plan de réalité ... On peut danser avec légèreté sur la terre, au sens que N. donne à ces termes, autant qu'on voudra ou qu'on pourra ... ça n'empêche en rien la gravité ... comme phénomène physique, d'exister ... Et cette gravité n'entre pas en contradiction avec la légèreté dont parle N ... Donc je ne vois pas trop ... lol ... Quand-même ...

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Message par Borges Jeu 20 Fév 2014 - 15:15

Bidibule a écrit:
Et c'est sûr qu'on trouvera sur le net des tas de lectures, religieuses, chrétiennes, de Gravity. On y trouvera même un jésuite suggérant que Cuaron retourne ou renverse point par point 2001 . Avec en intro une citation de C.S. Lewis, apologiste chrétien, pote de Tolkien et auteur de Narnia...

http://www.ibosj.ca/2013/11/alfonso-cuarons-gravity-and-evolution.html

... ça a l'air assez délirant à première vue, ce que raconte ce jésuite... Néanmoins, ça me semble plutôt intéressant, comme lecture ou hypothèse du film... Non?

Si le film est réellement une 'antithèse' de 2001, si ce jésuite a raison sur ce point (tout en voulant dé-nietzschiser complètement gravity, ce qui est son problème à lui), ça amène aussi à se poser, par rebond, la question du 'Nietzsche' de Kubrick & Clarke: est-ce vraiment un Nietzsche athée ? Quel 'Nietzsche' parlent-ils?


... Dans la scène où Bullock se replie sur elle-même dans la position du foetus (c'est le moment qui a failli me faire sortir du film: j'ai horreur, mais alors horreur, de ce genre de scènes signifiantes-symboliques lourdingues), on voit, à l'arrière plan, une statuette de Bouddha ... ça veut pas dire grand chose, sans doute. Ou si? Par rapport à la mort (qui ne serait pas une fin, ou bien si) ... ça veut ptêt juste dire que Cuaron est assez œcuménique pour ne froisser personne... lol.



* * * *


Mon but n'est absolument pas de prétendre démontrer ici que Gravity est plus proche de Zarathoustra que du christianisme. Je n'en ai pas les moyens et tu te doutes bien que c'est le cadet de mes soucis.
Ma lecture ci-dessus, très axée sur la mort et la finitude, n'est évidemment pas 'nietzschéenne' pour un kopeck...


Juste ceci:


m'opposer la 'lourdeur' (gravity) à la 'légèreté' dansante du rapport nietzschéen à la terre, pour dire que l'amour de la vie ou le sens de la terre n'ont rien ici de nietzschéen ... je veux bien ... mais c'est un peu un jeu habile sur les mots, là aussi, me semble-t-il, pour congédier l'affaire ...
... La gravité, la pesanteur ... en tant force d'attraction de la terre ... n'a pas à être opposée à la 'légèreté' dont N. parle...
Ce n'est ni le même plan sémantique ni le même plan de réalité ... On peut danser avec légèreté sur la terre, au sens que N. donne à ces termes, autant qu'on voudra ou qu'on pourra ... ça n'empêche en rien la gravité ... comme phénomène physique, d'exister ... Et cette gravité n'entre pas en contradiction avec la légèreté dont parle N ... Donc je ne vois pas trop ... lol ... Quand-même ...


ah, tu as édité ton message, je l'avais copié-collé pour répondre, plus tranquillement; tu avais d'abord écrit...

Bidibule a écrit:
° On y trouvera aussi des lectures 'nietzschéiennes' du film, pas plus sérieuses ou crédibles que les lectures chrétiennes mais tout aussi intéressantes (si on veut), fondées sur l'idée que Cuaron retourne ou renverse point par point 2001 pour restituer un autre sens de Nietzsche moins spiritualiste, plus... immanentiste :

Tu sais que j'aime Nietzsche, et que je le connais un peu. Donc après avoir lu ton long message, pour commencer à répondre, je suis allé à cette lecture jésuite de Gravity, que tu avais d'abord qualifiée de nietzschéenne. Je dois dire que je suis épaté par ta référence : la discussion tourne, gravite, essentiellement autour de la lecture chrétienne, religieuse de Gravity. Tu t'y opposes, tu dis que l'on peut faire une lecture nietzschéenne (la terre, l'amour de la vie), enfin tu ne vas pas si loin tu hésites juste à qualifier la fidélité ou le retour à la terre dans film de nietzschéen. Je dis que ça ne tient absolument pas. Après l'avoir admis, tu changes d'avis, et trouves ce que je dis n’être que des mots. Pas grave, comme on dit; ce que je pige pas par contre c'est ta référence à cette lecture, ton lien. Je sais pas si tu as lu le texte, mais il fait simplement une lecture chrétienne du film : 2001, plus grand film en terme de cinéma, serait trop nietzschéen, du point de vue du contenu, du message, de la vision du monde, entièrement dominé par la volonté de puissance, et une vision techno-scientifique de l'évolution humaine; l'homme est son propre créateur; il se passe de dieu, de transcendance, il s'auto-produit... la transformation en enfant-étoile est technologique; film trop humaniste-matérialiste. Dans Gravity, au contraire, la renaissance (rebirth) de SB, est l'effet d'un sacrifice, celui de GC, que le jésuite qualifie bien entendu de christique, de la prière, ensuite, et de l'abandon à la transcendance, et finalement, sur terre, nouvelle prière : le thank you...


Que tu veuilles montrer que Gravity est un film sur la finitude, je veux bien, mais pourquoi me citer ce texte...

le jésuite a écrit:
"Okay, ready. But before we go, let’s set the record straight. I’ve worked my ass off to get this far, but I guess that’s neither here nor there. I’m about to re-enter Earth and I may survive in one piece or I might be blown to smithereens. I’ll do whatever I have to do and you do whatever you have to do and there will be no hard feelings, okay? … Life is good."



Clearly, she is speaking to someone—and though she might not name that Someone so, it can be none other than God. She places her trust in Him. With this second prayer, Ryan shows that she has become interested primarily neither in survival nor in despair, but in living well in the moment she is in. Such a way of living does not consist in extending her own power, but simply doing what she is able to do and trusting in a higher power for the rest.

Le jésuite a écrit:

The Emergence of the New Man
In the final scene of the film, after the pod has touched down in a lake, Ryan emerges from the water onto dry land. To be precise, she half crawls, half claws her way onto the beach before slowly and painfully standing up on dry land. The sequence is reminiscent of the primordial emergence of life from the ocean. It signifies, I think, the fact that Ryan has evolved. Through her experiences of rebirth, of prayer and of abandonment, she has been transformed into new and more complete person. And it is at this point that the contrast with the vision of 2001 becomes most striking. In 2001, man stands up on solid ground at the very beginning of the film with the discovery of technology and its power to subjugate enemies; in Gravity, it is only after man has a spiritual rebirth that he can evolve to the point where he can rise to stand on his feet.

Le jésuite a écrit:
As the Russian escape pod goes on its way, she notices an icon of St. Christopher on the control panel; later, in the Chinese pod, there is a tiny statue of the Buddha. There are heavenly intercessors guiding her. In contrast to the Nietzschean vision that the complete man is self-sufficient and autonomous, becoming human in Gravity requires reaching out to the transcendent.



je cite aussi ce passage dans le script :

Gravity-script a écrit:
RYAN (CONT’D)
No one will mourn me. No one will pray for my soul. Will you mourn me,
Aningang? Is it too late to say a prayer? I’d say one for myself, but I
have never prayed in my life... no one ever taught me how...
The tune is lyrical and soothing, tinged with a touch of
melancholy.
RYAN (CONT’D)
No one ever taught me how...



-Je reviendrai sur le reste, mais d'emblée je signale que dedans-dehors sont relatifs l'un à l'autre; tu ne l'évoques ce partage que dans "l'espace", hors de la terre, pour dire qu'il n'y tient pas; le dehors et le dedans des cabines, capsules... ou je sais pas; or, dans ce que je dis, le chez-soi, c'est la terre, le dedans, c'est la terre, et le dehors, c'est l'espace, que tu dis métaphore de la mort; ce qui, je le redis, confirme le fait que c'est un film sur le chez-soi, de l'humanité...

-pourquoi l'espace est-il métaphore de la mort, lié à la mort, n'est-ce pas un énoncé métaphysique ? n'est-ce pas parce que l'espace est d'abord, originairement, être-hors-de soi avant de se nier, relever (le point, la ligne, la surface... et finalement temps) , comme le dit Derrida commentant Hegel : "L'espace est cet être-hors-de-soi, cette nature en tant qu'elle est elle-même hors d'elle-même, c'est-à-dire en tant qu'elle ne se rapporte pas encore à elle-même, en tant qu'elle n'est pas pour-soi. L'espace est l'universalité abstraite de cet être-hors-de-soi."

-On peut aussi dire depuis Bergson que l'espace est essentiellement lié à la métaphore, comme mauvaise spatialisation de la pensée, de la durée, de la vie... la métaphore morte, la métaphore comme mort...


Gravity a écrit:

"Okay, ready. But before we go, let’s set the record straight. I’ve worked my ass off to get this far, but I guess that’s neither here nor there. I’m about to re-enter Earth and I may survive in one piece or I might be blown to smithereens. I’ll do whatever I have to do and you do whatever you have to do and there will be no hard feelings, okay? … Life is good."


Le jésuite dit qu'elle s'adresse à dieu, on n'est pas forcé de le croire, par contre le "life is good" est sans doute une allusion à dieu voyant sa création et la trouvant bonne... la mort de son enfant, sa fille, l'a amenée à douter de cette bonté, que la vie soit bonne; vie qu'elle ne mesure désormais plus à la seule mesure de son bonheur, de ses biens, de son bien; on retrouve là bien entendu la thématique essentielle de TOL, qui est aussi l'histoire d'un deuil, d'une colère contre dieu, et d'une réconciliation... la vie est bonne, seul le diable (le malheur) peut nous inciter à penser le contraire, disent les croyants...


http://adevotion.org/archive/life_is_good.htm


film sur la mort, sur l'amour de la vie, tu dis, sans contradiction, qui aurait pu, dû se terminer sur la mort de SB; film sur le renaissance disent pratiquement tous les commentateurs, dont AC, lui- même...


http://io9.com/gravitys-ending-holds-a-deeper-meaning-says-alfonso-c-1442690788

des banalités, comme on dit, où l'on mêle tout et son contraire... j'ignorais que le rebirth était une technique de respiration

wiki a écrit:"Le rebirth (traduction littérale « renaissance») (ou Rebirthing et Rebirthing Breathwork), parfois appelée « respiration consciente », est une méthode de développement personnel mise au point dans les années 1960 aux États-Unis par Leonard Orr, dans la contreculture de l'époque et reprise par la mouvance New Age."


ça expliquerait d'une certaine manière cette insistance sur le souffle (âme)


la suite, après...
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Message par Borges Jeu 20 Fév 2014 - 19:15

Bidibule a écrit:

Borges a écrit:[film sur l’]amour de la vie, je  veux bien, mais tu dis aussi que c'est un film qui nous présente le dehors comme une puissance de mort, froid...or le dehors, c'est le contraire du dedans, et le dedans (dans tous les sens du mot) c'est le chez-soi, que cela soit la terre, ou le chez-soi qu'on appelle "foyer"...



Non, je ne dis pas ça, désolé. Je ne dis pas « le dehors ». Je n’oppose pas particulièrement « le dehors » et « le dedans ». C'est une retraduction orientée de mon propos, qui joue habilement sur les mots...
Je n’ai pas dit plus que ceci : qu’il n’y avait pas d’espace dans ce film (au sens donc des espaces infinis, lointains, qu’on explore...), que l’espace n’était là qu’une métaphore de la mort. Et que cet Espace/Mort, si on veut parler par analogie avec ce qui se passe dans le film, était froid au dehors (par le vide sans oxygène) et feu au dedans (dans les capsules).
Concède moi que je ne réactive pas dans ce propos ce style de partage entre « un dehors » , au sens d’une extériorité, au sens d’une altérité, et « un dedans » qui s'y opposerait comme le chez-soi, le foyer, l'identité, etc. Puisque, dans mon propos, qui essaie de coller à ce qui se passe dans le film, 'au dehors' et 'au dedans' ne sont que les faces réversibles d'un même espace qui serait la mort, et non 'le dehors' (extériorité/altérité) opposé à l'ipséité d'un dedans ('chez soi/foyer').
J'ai quand-même réfléchi un minimum aux mots que j'utilisais pour exprimer mes émotions. J'ai quand-même réfléchi un minimum avant de formuler ma phrase avec 'au dedans, au dehors' (comme face reverse d'un même 'espace' de dés-abri). Je suis instruit du fait que l'émotion seule ne dit rien. Je suis au courant du fait qu'une émotion sans concept est aveugle et un concept sans émotion vide. Je suis informé, aussi par l'expérience, qu'il ne suffit pas de crier pour faire de la philosophie. Je sais aussi que la pensée est parfois plus proche d’un animal qui meurt que d’un homme vivant, même démocrate. J'ai articulé, malgré mon émotion, malgré le chaos qui me menace constamment, ma pensée d'une certaine manière, avec le besoin d'y mettre un peu d'ordre: pour ne pas être accusé de tomber à pieds joints dans de grosses oppositions métaphysiques non-déconstruites. Ce n'est donc pas pour qu'on me les resserve en plat tiède... Quand-même... J'suis un grand émotif, mais j'suis pas plus con qu'un autre, comme disait Miller.  Wink 

La distinction entre 'un dehors' (l'espace vide inter-stellaire) et 'un dedans' (les abris constitués par les capsules) est, dans le film, littéralement pulvérisée par les projectiles météoriques: il n'y a plus d'abris, de home. Les seuls objets à cramponner qui restent sont, d'abord, les deux cosmonautes se cramponnant l'un à l'autre par cette corde, puis la femme seule, se cramponnant à tous les éléments qui, l'un après l'autre, se désintègrent.

Ainsi, si l’espace est ici, comme je prétends (mais je ne prétends pas que ma perception est nécessairement la bonne), l’espace de la mort, la distinction dedans/dehors n’a plus ici tellement raison d’être.
’dedans, dehors’ sont reliés à la forme ‘espace’ telle que Kant en parle (pour qu’on puisse dire qu’une chose est dedans, dehors, à côté de, etc, il faut nécessairement la forme de l’espace). Mais ce n’est pas non plus depuis ce sens de la notion Espace que je parlais, puisque je parlais, donc, d’une sorte d’équivalence dans le film entre l’espace et la mort. C’est ce même espace/mort, qu'il soit au dedans ou au dehors, qui immobilise tout, pulvérise et désintègre tout. Au point que les capsules ne représentent plus du tout un « dedans », un abri quelconque. Les météorites pulvérisent précisément cette mince frontière entre un 'dehors' (le vide sans oxygène) et un 'dedans' (dans la capsule). La même mort règne ici aussi bien dans le vide de l'espace inter-stellaire que dans l'espace clos des capsules. On ressent bien, cela, qu’il n’y a plus d’abri, de foyer, nulle part.
D’autre part, comme je le rappelle plus haut, le personnage principal, joué par Bullock, est lui-même présenté (du moins pendant tout un temps) comme étant plus du côté de la mort que de la vie : endeuillée, privée de vie, anesthésiée et comme glacée, et elle est partie dans l’espace pour cette raison-là, en un geste dépressif : se détacher de la vie, dans un lâcher-prise de la vie.
Quand Kowalski lui demande s’il n’y a pas quelqu’un, sur la terre, un proche, un ami, à qui elle souhaite laisser un message, elle répond que non. Là-encore, la désintégration de tout abri, dans cet espace-mort, renvoie aussi à la désintégration, ou absence de tout foyer, en Bullock-du côté de la mort.
C’est cela que j’essaie d’exprimer dans ce passage :

Ce n’est pas un film sur l'espace. C'est un film sur la mort, le vide froid qu'est la mort. Froideur au dehors, dans le vide sans oxygène, feu au dedans, dans les capsules et navettes. Bullock hait l'espace parce qu'il représente pour elle la mort, et ce qui, en elle, est mort, a renoncé à la vie. Elle est d'ailleurs partie dans l'espace parce qu'endeuillée, privée de vie, congelée.
Ce n'est pas un film d’action. [...] L'immobilité y est intérieure. Le désastre, la dévastation, la désintégration y sont un drame intérieur, disons émotionnel, avant d'être des scènes extérieures, spatiales, spectaculaires. En tout cas perso, je les ai vécues essentiellement ainsi. Comme quelque chose de métaphorique avant tout. J'avais l'impression que c'était le corps, ou l'âme, qui se désintégraient, et que les satellites, capsules, météorites, l'espace lui-même, n'étaient que la métaphore de cette tragédie de solitude et d'effondrement...





D'accord tu n'opposes pas le dedans et le dehors, le chez-soi et l'étranger, mais il ne s'agit pas de ce que tu fais, mais de ce qui se fait, sans nous, en dehors de nous, que nous le voulions ou pas, que nous le sachions, le pensions ou pas. Nous pensons dans des mots, les mots pensent en nous, en idées, concepts, affects, en jugements de valeur, en style et perception de vie. Nous pensons par opposition, nous pensons structurellement, nous pensons dialectiquement. Pas plus qu'il n'y a de haut sans bas, de gauche sans droite, de bien sans mal, il n'existe de terme sans son contraire, son contraste. Pas de même sans son autre; c'est même parce que ces oppositions existent qu'on peut les renverser, déconstruire, valoriser différemment, en jouer… Autrement si tu dis que le film pense le dehors, l'espace, comme mort, comme espace de mort, la question de sa relation au-dedans se pose. Si je valorise une chose, et bien je prends aussi position par rapport à son autre, à son contraire, de manière affirmée, implicite, lourde ou légère. Si j'aime le proche, j'aime sans doute moins le lointain, et les lointains.


Le film est organisé dans sa mise en scène, sa mise en espace, par une opposition simple, un partage sensible, comme disait l'autre : la terre, la planète, et le sol sur lequel on se tient, marche, qui nous porte, nous sert de fond, et de fondement, et l'espace situé au-delà de la terre, dans tous ses sens et ses valeurs, dont le plus important est sans doute l'opposition vie-mort; la terre, c'est la vie, l'espace c'est la mort; aimer la vie, c'est aimer la terre, comme lieu de la vie.  

La terre est valorisée (dois-je citer les images de sa beauté vu de loin, du lointain; la beauté du Gange, notamment, fleuve sacré). Si l'espace est lieu de mort, lieu de l'expérience de la mort et de la renaissance, la terre est le sens du désir, le lieu de la vie, le lieu que l'on veut regagner. Revenez à moi dit la terre, à sa fille, à la mère; je suis belle, je suis bonne, ne me fuyez pas dans les étendues sans vie, sans souffle… si on accepte ce partage : espace comme dehors (froid et mort, tu dis même), alors la terre est le dedans, le chez-soi, la maison de l'homme, je ne vois pas comment on pourrait nier que le film, étant entendu que la terre en tous les sens du mots, est le chez-soi de l'homme, de l'humanité, son origine, son berceau, le lieu où il peut vivre, sans artifice, sans supplément techno-scientifique, valorise le chez-soi… La terre est le lieu naturel de la vie humaine, en un sens biologique, d'abord, et puis ensuite dans tous les sens du terme. La terre est le fondement; le fond. Tu dis ne pas aimer les lourdeurs symboliques, c'est un film d'une lourdeur métaphorique absolue, rien n'a de sens en soi, l'image est toujours habitée par sa valeur signifiante, symbolique, existentielle, spirituelle, new agiste; le retour sur terre dans l'eau, et pas dans le désert, c'est une vraie soupe symbolique, où l'on peut tout trouver et son contraire, l'évolutionnisme, et Dieu.

-Que le film valorise le chez-soi, l'origine, la terre, cela peut se montrer aussi simplement par comparaison avec "Mission to Mars", par exemple ou "2001", malgré sa structure de retour, sa forme-odyssée, et avec des centaines d'autres films. L'opposition dedans-dehors, chez soi-étranger, comme espace de mort, de danger... Comme le dit AC lui-même, la structure du voyage (sortie de chez soi, mouvement vers le dehors, extériorisation, aliénation du soi...) qu'il comprend comme voyage essentiel, comme voyage essentialiste, comme voyage métaphorique, symbolique, de transformation spirituelle, de renaissance habite, anime des millions de récit. On sort de chez soi, on affronte des dangers, et on revient chez soi, ou pas, ce n'est pas l'essentiel, l'essentiel, c'est une manière d'appropriation de soi, et du monde, à travers une expérience dialectique de l'altérité, que l'on intériorise... Ici, on a la structure la plus étrangère au dehors, la structure du retour, la structure odyssée. Y a Abraham, et Ulysse disait Levinas, qui survalorisait un peu trop idéologiquement Abraham et sa ligne de fuite, sa déterritorialisation, comme si l'expérience juive du monde, de l'histoire n'était pas aussi habitée par le retour. Dans les deux cas, c'est home sweet home. L'expérience de l'esprit est toujours une odyssée. L'épreuve de l'étranger et le retour chez soi, en soi. Le dehors est dangereux, mais il faut s'y risquer, et le dompter; comme on dit aux enfants ne va pas dehors, tu vas te faire écraser, y a des méchants… et pourtant, paradoxalement, on ne devient un homme que si l'on quitte le dedans, se sépare de sa maman, s'en va sur la route... dé-cramponnement de la maman; honte au gosse qui reste attaché à ses jupes; dans le cinéma us, il tourne  mal : il devient psychopathe, pédé... ou je sais pas... il faut se risquer au dehors, mais pour le changer en dedans, le faire sien, le conquérir. Comme disait Hegel, l'esprit n'est pas au début chez soi, il doit affronter le risque du dehors, se perdre, s'aliéner. L'auto-appropriation de soi par soi passe par l'appropriation de l'autre, son assimilation. Esprit conquérant, colon.

Au dehors approprié, appropriable, s'oppose le dehors sans dedans possible, un dehors dont le dedans est complètement détraqué, maison hanté, cabane dans la forêt, habitée par des dingues cannibales, des dégénérés, c'est le dehors du survival hard...

A coté de ces films majoritaires, dominant, y  a quelques films qui positivent le dehors, où le dedans est une prison, au sens propre ou pas (école, famille, armée, petite ville pourrie, sans horizon pour la subjectivité, mariage...); ce sont les film d'évasion, d'aventures, où l'on ne revient pas chez soi, film d'une errance sans repos, sans sol, sans fondement...


Le dedans n'est pas un lieu absolu, mais  relatif, qui ne se pense que par opposition à son autre.


Gravity-script a écrit:Ryan is almost sound asleep.
RYAN
What?
Ryan is asleep.
MATT
It's time to go home.
Borges
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Message par Borges Jeu 20 Fév 2014 - 19:34

Bidibule a écrit:


Mon but n'est absolument pas de prétendre démontrer ici que Gravity est plus proche de Zarathoustra que du christianisme. Je n'en ai pas les moyens et tu te doutes bien que c'est le cadet de mes soucis.
Ma lecture ci-dessus, très axée sur la mort et la finitude, n'est évidemment pas 'nietzschéenne' pour un kopeck...


Juste ceci:


m'opposer la 'lourdeur' (gravity) à la 'légèreté' dansante du rapport nietzschéen à la terre, pour dire que l'amour de la vie ou le sens de la terre n'ont rien ici de nietzschéen ... je veux bien ... mais c'est un peu un jeu habile sur les mots, là aussi, me semble-t-il, pour congédier l'affaire ...
... La gravité, la pesanteur ... en tant force d'attraction de la terre ... n'a pas à être opposée à la 'légèreté' dont N. parle...
Ce n'est ni le même plan sémantique ni le même plan de réalité ... On peut danser avec légèreté sur la terre, au sens que N. donne à ces termes, autant qu'on voudra ou qu'on pourra ... ça n'empêche en rien la gravité ... comme phénomène physique, d'exister ... Et cette gravité n'entre pas en contradiction avec la légèreté dont parle N ... Donc je ne vois pas trop ... lol ... Quand-même ...


oui, on peut danser, et on doit danser avec légèreté sur terre; mais le problème n'est pas là, le problème est que la terre est déterminée dans le film non pas par la légèreté, si tu veux, mais au contraire comme le fond, comme fondement; suffit de lire le script du film; ce que la terre donne à SB, c'est un sol pour les pieds, du poids, de la lourdeur, après son expérience d'insoutenable légèreté...

Gravity script a écrit:She pushes her face against the ground, enjoying the sense of weight, and- She PLANTS HER PALMS against the ground and-
With an effort, she pushes herself up.

SHE FEELS HER WEIGHT, and manages to rise to her hands and knees like a four-legged mammal.
And she STANDS UP.

ONE FOOT FALLS heavily on the ground. It sinks into the mud and
then- ANOTHER FOOT.

Ryan’s FEET are solidly planted on the mud.
RYAN (CONT’D)
Ahhhhh!!!
One foot moves forward and lands on more solid ground, unstable,
coping with the weight. ...



-la terre comme fond, sol, fondement, fondation, qui porte, si on veut aller du côté de la philosophie, c'est Husserl, Heidegger (origine de l'œuvre d'art);
-nommer la terre la légère, c'est une autre idée de la terre, de l'homme, des frontières; la lutte contre le nain, on en avait parlé dans le topic consacré à TOL, est une lutte contre l'esprit de pesanteur... or, c'est la pesanteur, la gravité que cherche le film...


Nietzsche a écrit:Nourri de choses innocentes et frugales, prêt à voler et impatient de m’envoler — c’est ainsi que je me plais à être ; comment ne serais-je pas un peu comme un oiseau !

Et c’est surtout parce que je suis l’ennemi de l’esprit de lourdeur, que je suis comme un oiseau : ennemi à mort en vérité, ennemi juré, ennemi né ! Où donc mon inimitié ne s’est-elle pas déjà envolée et égarée ?

la lourdeur, le poids, c'est sur quoi insiste au contraire le film, ce qu'il valorise...


2001, film nietzschéen, est fameux pour le moment où le singe-homme s'arrache à la terre, à sa pesanteur, et s'envole... désir d'envol, contre désir de gravité...


(bien entendu on peut montrer par ailleurs, et autrement, autre chose encore...)
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Message par Borges Jeu 20 Fév 2014 - 19:38

la mort des étoiles, et tout ça, après...
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Message par wootsuibrick Sam 22 Fév 2014 - 7:53

borges a écrit:On sort de chez soi, on affronte des dangers, et on revient chez soi, ou pas, ce n'est pas l'essentiel, l'essentiel, c'est une manière d'appropriation de soi, et du monde, à travers une expérience dialectique de l'altérité, que l'on intériorise... Ici, on a la structure la plus étrangère au dehors, la structure du retour, la structure odyssée. Y a Abraham, et Ulysse disait Levinas, qui survalorisait un peu trop idéologiquement Abraham et sa ligne de fuite, sa déterritorialisation, comme si l'expérience juive du monde, de l'histoire n'était pas aussi habitée par le retour. Dans les deux cas, c'est home sweet home. L'expérience de l'esprit est toujours une odyssée. L'épreuve de l'étranger et le retour chez soi, en soi. Le dehors est dangereux, mais il faut s'y risquer, et le dompter; comme on dit aux enfants ne va pas dehors, tu vas te faire écraser, y a des méchants… et pourtant, paradoxalement, on ne devient un homme que si l'on quitte le dedans, se sépare de sa maman, s'en va sur la route... dé-cramponnement de la maman; honte au gosse qui reste attaché à ses jupes; dans le cinéma us, il tourne  mal : il devient psychopathe, pédé... ou je sais pas... il faut se risquer au dehors, mais pour le changer en dedans, le faire sien, le conquérir. Comme disait Hegel, l'esprit n'est pas au début chez soi, il doit affronter le risque du dehors, se perdre, s'aliéner. L'auto-appropriation de soi par soi passe par l'appropriation de l'autre, son assimilation. Esprit conquérant, colon.
(...)

A coté de ces films majoritaires, dominant, y a quelques films qui positivent le dehors, où le dedans est une prison, au sens propre ou pas (école, famille, armée, petite ville pourrie, sans horizon pour la subjectivité, mariage...); ce sont les film d'évasion, d'aventures, où l'on ne revient pas chez soi, film d'une errance sans repos, sans sol, sans fondement...

ça me fait penser au postulat de ce projet de colonisation de mars, en aller simple :
Le projet lancé par Mars One a de quoi faire frémir. Et pourtant, plus de 200 000 personnes ont répondu à l’annonce lancée par la fondation néerlandaise qui prévoit d’envoyer, après sélection, 24 personnes sur la Planète rouge à partir de 2024. Sans billet de retour.
http://www.jolpress.com/mars-one-colonisation-ambassadeurs-candidats-article-823810.html
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http://mondesducinema.blogspot.com/

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Message par Borges Sam 22 Fév 2014 - 12:26

Hi, woot; les hollandais, toujours prêts pour les grands voyages d'exploration, à jouer les hollandais volants; colons un jour, colons toujours; je rêve de voir débarquer des  ET venus coloniser notre bonne vieille planète...

Hi Jerzy, tout va?  tu ne discutes plus?

Wink
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Message par Borges Mer 26 Fév 2014 - 9:04

"When  you can’t find your way home that ‘s when it is worth making a film.  I want to really analyze love and track love and the lack of it."

(John Cassavetes)

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Message par Invité Mer 26 Fév 2014 - 16:22

Borges, merci de m'instruire. Tu me racontes des trucs que je sais déjà, intégrés depuis longtemps, et tu continues à gloser, depuis un travestissement, par tes soins, d'un sens qu'il n'y avait pas dans mon développement.

Ce n'est pas une ''déconstuction'' de mon propos (ce qui supposerait que tu mettes à jour dans ce dernier des oppositions que je n'aurais pas préalablement interrogées). Non, c'est un déplacement de mon propos, toujours sans rapport avec ce dernier, en jouant sur les mots et faisant intervenir de grosses ficelles sophistiques.

Pas inintéressant en soi, pour qui ignorerait toutes ces choses, et que ça peut instruire. Mais qui n'a pas de rapport avec mon développement.

Donc, en effet, je ne discute plus.

Je ne vais donc pas poursuivre un dial de sourd de cet ordre. ça ne servirait à rien, sauf à dilapider en vain, une fois de plus, mon énergie car je soupçonne que le but est encore ici de me rabaisser mon caquet en me faisant passer pour un semi-idiot (me ramener à mes justes limites, peut-être, et faire justice de tel ou tel mauvais traitement supposé à l'égard de x ou y).

Je pourrais répondre, à l'infini: ça ne changera rien et je suis un peu habitué à cette manière: tu m'accuseras, d'un côté (en disant, 'hélas, comme je suis déçu') de me perdre dans l'explication de l'explication, le 'commentaire du commentaire' (au lieu de ''tracer''), et de l'autre tu démontreras n'importe quelle idée susceptible d'établir que la mienne est naïve ou fausse, en brassant des textes, des liens, des tas d'éléments externes, de pièces rapportées, de considérations générales qui feront oublier que tu ne traites pas du tout du film, mais de signifiances qui souvent ne s'y trouvent pas. Et bien sûr, tu ne doutes jamais. Tu as toujours raison. je ne t'ai jamais connu qu'ayant raison. Maitre indiscutable, même lorsque tu énonces des calembredaines. Et des calembredaines, comme tout un chacun tu en écris, et de plus en plus ces temps-ci: ça en devient même inquiétant. A tel point que ça m'a amené à douter de plus en plus de ton infaillibilité, je veux dire par là celle que je t'ai longtemps attribuée et à laquelle je me suis longtemps soumis, comme à la parole d'un père-dieu omniscient et omnipotent... Mais de plus en plus, je vois tes trucs et tes ficelles. Je peux même les prédire à l'avance. Et ne me dis pas que tu es surpris de ton côté. Tu as parfaitement prémédité ton petit effet, dont je ne fais ici que confirmer la bonne réception.  Very Happy 

C'est étonnant d'ailleurs que, par mansuétude ou diplomatie, tu salues sans formuler de critiques des textes, "analyses", autrement plus truffés de paralogismes en tous genres et de raisonnements parfaitement absurdes ou contradictoires, ou même simplement incompréhensibles et incohérents (dans le genre gros comme le nez au milieu du visage).

Ce que j'en retire, pour mon propre compte: plus guère l'envie de poster sur ce forum. Déjà, je ne partage pas 90% des opinions qui y sont exprimées.
Et pour parler des 'critiques' qui sont postées sur le site des spectres, comme si elles énonçaient des évidences en phase avec je ne sais quel esprit "spectral', je suis frappé depuis longtemps par la nullité de la grande majorité d'entre-elles. Qui reconstruisent les films en fonction de grilles de lectures dogmatiques et pré-formatées, et qui pour la plupart imitent la 'méthode Borges'. Le dernier exemple en date étant le petit texte sur Gravity, qui est un concentré facile de formules creuses, poncifs paresseux et tout apprêtés, etc, bref tout ce qu'on se fait fort de critiquer dans la critique d'establishment. Et pour l'ensemble de ces textes, ça n'engage que moi, ils sont véritablement mauvais. J'en dirais pas plus. Ainsi, la montagne accoucha d'une souris. Un peu de réflexivité critique, en lieu et place de la self-indulgence qui désormais fait force de loi, suffirait pour s'en rendre compte.



En conséquence, je me sens de moins en moins lié au projet Spectres, qui ne ressemble plus à rien. Je m'y sens de moins en moins lié au point de ne plus vouloir en faire partie. Je tire pour moi-même les conséquences de ce jugement personnel. C'est donc ici que nos chemins se séparent.

Je suggérerais de réintégrer slimfast (pour qu'il anime ce forum de plus en plus asphyxié), dont je n'ai pas réclamé, en le pensant sérieusement, même en interne, le bannissement définitif. Même si c'était essentiellement sous la forme d'une dispute ou éristique sans fin et sans queue ni tête, Slimfast est le forumeur avec lequel j'ai le plus échangé cette dernière année. C'est simple: on était tous les deux quasiment les seuls à être en ligne une bonne partie du soir et de la nuit...
Les autres forumeurs se sont fait tellement rares qu'on est en droit de se demander parfois si le forum n'est pas déjà mort. De temps à autre, on a droit à une petite carte postale de untel ou untel. Mais jamais je ne me suis senti aussi seul, ces deux années passées, que sur ce forum.

Les règles ont changé, paraît-il. ça aussi, c'est un changement que je remarque, lié à la pratique du forum. Graduellement, le forum est devenu de moins en moins un forum, mais un espace clos. Le lieu de la remise à l'ordre, un lieu de dogmes et de sanction (voilée, par le discours, ou techniquement opératoire), l'imposition d'un ton (qui est une tyrannie douce qui ne dit pas son nom). Une forme de secte, je le ressens ainsi. Les spectres ne sont rien ni personne: ça fait un certain temps que je ne crois plus en cette belle idée.

Je me considère comme un spectre, mais vraiment, je ne suis plus des vôtres. Je ne crois plus non plus que tenter d'écrire soit nécessairement inscrit dans un agencement collectif d'énonciation. Parce que, tout simplement, il n'existe plus d'agencement collectif d'énonciation depuis bien longtemps. Écrire ici, pour moi, cela fait déjà bien longtemps que c'est un exercice solitaire. Je n'y reçois pas plus de feedback (lorsque je sors de l'usage réglementé de ce qui peut s'écrire en forum) que si j'étais tout seul devant mon écran. Autant poursuivre l'aventure dans une totale solitude, dès lors.

J'ai apprécié de participer à ce forum. Je redis donc merci aux Spectres de m'avoir invité à faire partie de leur collectif.
Je ne déléterai pas mon profil (plus sûr moyen d'être tenté de s'en refaire un pour aller lire) ni ne supprimerai mes post. Je placerai sur mon blog, en prenant le temps pour ça, quelques textes que j'aimerais retravailler de ci de là. Mais je ne participerai plus aux 'conversations'.

J'ai souvent dit que je souhaitais m'en aller. Cette fois-ci c'est la bonne. Aucun chantage, aucune espèce de volonté de partir en créant de la mauvaise conscience: une critique sévère, un ras-le bol de ma part. On ne pourra pas dire que je fais du chantage à la sympathie...

Bye.

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Message par Borges Mer 26 Fév 2014 - 17:36

Hi;

Je ne cherche ni à t'instruire ni à te diminuer, comme tu le penses depuis je ne sais pas combien de temps, et ne cesses de le répéter; ton savoir a ses limites, qui ne sont pas les miennes...

-j'ai pas besoin d'avoir raison à propos de ce film pour avoir raison; tu opposes le dedans et le dehors, dans l'espace... je te dis que le dedans et le dehors, c'est l'espace et la terre (la terre comme maison)... je vois absolument pas qui pourrait montrer le contraire, à moins de nous prouver que le vrai est faux, et les évidences contraires à ce qu'elles sont...

-je dis que c'est un film religieux, chrétien, ce que tout le monde dit, une histoire de renaissance, de conversion...(mon enfant est un ange, on ne m'a pas appris à prier...)

-tu me cites un lien qui donne une lecture religieuse, en me disant y trouver Nietzsche ou je sais pas quoi...

-quand j'aurai un peu de temps, et le désir, je parlerai de la mort des étoiles...

Sinon :  que je comprenne rien à ce que tu écris, penses, c'est pas un problème; je vais pas en rougir, me sentir idiot; c'est la loi universelle, on le sait : depuis le temps que tu expliques à tout le monde, dès qu'il y a différend, différences dans les perceptions,  les jugements... que personne ne comprend rien à ce que tu dis, écris,  que tu te fais le commentateur de tes messages, textes, dont le sens échappe à tout le monde; tu sembles le seul à te comprendre... mouvement d'auto-appropriation de soi par soi, sans pertes, sans restes, sans monde, sans dehors, sans altérité...

Tenter l'aventure en solitaire, c'est une noble décision; mais comment polémiquer alors, où trouver les slimfast, les badlanders, les pichelin, les tonylemort, les borges, les BC, les breakers... tous ces amis-ennemis à qui tu n'as cessé d'expliquer qu'ils ne te comprenaient pas et qu'ils n'écrivaient jamais que des absurdités...





Dernière édition par Borges le Mer 26 Fév 2014 - 19:38, édité 3 fois
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Message par Invité Mer 26 Fév 2014 - 18:20

simplement une impression de tristesse Jerzy; personnellement j'écris moins qu'à une époque (c'est peut être pas plus mal lol);
On est chacun à sa manière avec une impression de solitude, fondamentale, avec ses travers et ses difficultés.
Loin de moi l'idée d'émettre l'hypothèse que cette solitude soit peut être ce qui nous rattachent les uns aux autres lol
Ou l'impression d'un désenchantement; le cinéma, par exemple, sera t il suffisant? avec les discours qui nous aveuglent
et qui l'enchaînent au mouvement forcé de notre monde.
Donc ouais tristesse parce que ton écriture offre une résistance à cela et nous aide
(enfin moi, un misérable parmi d'autres, ça m'aide de te lire, pas toujours, mais souvent),
tout comme celle des autres spectres, ces anonymes; parfois; souvent.
Je parle pas de vos divergences avec Borges,
je crois que c'est une histoire qui vous appartient et dont je ne me sens pas le droit de me mêler.
j'ai de l'amitié pour vous deux, lointaine, et sans doute très impressionniste lol
vaya con dios si merde, tu reviens pas.
de toute les manières, le blog est au bout du bras, à agripper maladroitement et à lire, et à téter, avec amour  lol

Mais ici, il reste du travail, je crois? tant que le monde est prison; si seulement un peu de courage Smile


Dernière édition par erwan le Jeu 27 Fév 2014 - 18:17, édité 1 fois

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Message par Borges Mer 26 Fév 2014 - 18:48

Hi, Erwan;
faut pas pleurer. Tu sais, chaque fois que je vois quelqu'un pleurer près de moi je ne peux pas m'empêcher de doucement lui chanter




moi, j'ai toujours trouvé triste que tu n'écrives pas plus souvent, que tu n'écrives plus autant que par le passé;







Wink

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Message par dreampeace Jeu 27 Fév 2014 - 11:46

Hello,

C'est bien dommage tout ça. Moi qui m'apprêtais à transférer une conversation que tu as eue, Jerzy, sur un autre forum, pour pouvoir en discuter ici... L'herbe est coupée sous mon pied.
Quoiqu'il en soit, m'étant toujours foutu d'être un abruti à tes yeux, je te souhaite bonne continuation; un peu de tristesse aussi...
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