Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
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Borges
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Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Ca me fais penser à "Wilt" de Tom Sharpe !Bidibule a écrit:
La philo, comme objet possible d'une transmission, ça n'existe pas dans le secondaire en Belgique. Et ce cours, par force de l'habitude, de générations d'habitude, qui subsiste comme choix alternatif au cours de Religion, est vécu (surtout dans le technique et professionnel, où on "apprend" à être horticulteur, ou à travailler dans le bâtiment) comme l'inutilité exposant 5. Un défouloir, pour décompresser des autres cours.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
salut Jerzy,
j'imagine bien que tu sois en vrac après 10 ans de chomage, et je trouve que t'as du cran d'accepter cette galère... J'espère que tu vas tenir, ça me paraît quand même un beau défi tout ça, comme le mec sans bras sans jambes qui traverse la Manche.
T'as déjà accompli le premier acte de sédition : t'as fumé un clope dans la cour de l'école.
Content de te lire en tout cas.
Juste une question: tu leur fais cours la nuit à tes élèves?!
j'imagine bien que tu sois en vrac après 10 ans de chomage, et je trouve que t'as du cran d'accepter cette galère... J'espère que tu vas tenir, ça me paraît quand même un beau défi tout ça, comme le mec sans bras sans jambes qui traverse la Manche.
T'as déjà accompli le premier acte de sédition : t'as fumé un clope dans la cour de l'école.
Content de te lire en tout cas.
Juste une question: tu leur fais cours la nuit à tes élèves?!
Invité- Invité
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Hello breaker,
on fume hors de l'école, sur le seuil, à la pause. Dans la cour, c'est pour être viré sur le champ.
Dans ce type d'école, secondaire sup. technique et professionnel, la moyenne d'âge des étudiants est de 18 à 20. 5èmes, 6èmes, 7èmes: les 3/4 sont des "triplants", expulsés du secondaire traditionnel.
Non, je ne me fais pas "cours" la nuit: j'ai écrit mes posts ce we, et le dernier ce dimanche à minuit. Y a pas école à ce moment là.
Bon, je file. Je commence à 13h30 le lundi. Bonne aprème.
on fume hors de l'école, sur le seuil, à la pause. Dans la cour, c'est pour être viré sur le champ.
Dans ce type d'école, secondaire sup. technique et professionnel, la moyenne d'âge des étudiants est de 18 à 20. 5èmes, 6èmes, 7èmes: les 3/4 sont des "triplants", expulsés du secondaire traditionnel.
Non, je ne me fais pas "cours" la nuit: j'ai écrit mes posts ce we, et le dernier ce dimanche à minuit. Y a pas école à ce moment là.
Bon, je file. Je commence à 13h30 le lundi. Bonne aprème.
Invité- Invité
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire le texte de jerzy sur son expérience de prof.
Ça ferait un film bien plus marrant qu'Entre les murs. Maintenant j'attends la suite.
On sent l'inspiration Goosensienne pour l'entrevue avec le dirlo.
Ça ferait un film bien plus marrant qu'Entre les murs. Maintenant j'attends la suite.
On sent l'inspiration Goosensienne pour l'entrevue avec le dirlo.
DB- Messages : 1528
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Pour sûr, il s'en est passé des choses, depuis mon dernier "compte-rendu".
Les passer en revue exigerait la rédaction d'un bottin, aussi je me limiterai ici à copicoller un "rapport disciplinaire", authentique, garanti sans contrefaçon, exigé par la direction d'un des 3 établissements (ORIGAMI). Rapport qui devait être "circonstancié", redire exactement "qui a dit quoi" ("j'ai dit à "x", "y m'a répondu", "je lui ai répondu", etc etc).
Par déontologie, les noms des établissements et personnes vivantes, décédées ou mortes-vivantes, ont été modifiés.
Moyenne d'âge des actants: 19 ans.
Examens, points, etc: conformes au règlement.
Informations supplémentaires: néant.
En manière de synthèse anticipée, je dirai que la fin est proche, à moins qu'elle soit encore lointaine. Dans les deux cas, c'est une catastrophe, Thérèse.
Les passer en revue exigerait la rédaction d'un bottin, aussi je me limiterai ici à copicoller un "rapport disciplinaire", authentique, garanti sans contrefaçon, exigé par la direction d'un des 3 établissements (ORIGAMI). Rapport qui devait être "circonstancié", redire exactement "qui a dit quoi" ("j'ai dit à "x", "y m'a répondu", "je lui ai répondu", etc etc).
Par déontologie, les noms des établissements et personnes vivantes, décédées ou mortes-vivantes, ont été modifiés.
Moyenne d'âge des actants: 19 ans.
Examens, points, etc: conformes au règlement.
Informations supplémentaires: néant.
En manière de synthèse anticipée, je dirai que la fin est proche, à moins qu'elle soit encore lointaine. Dans les deux cas, c'est une catastrophe, Thérèse.
- spoiler:
- Rapport disciplinaire:
Par ce rapport, je souhaite décrire les situations que j’ai vécues depuis mon arrivée, avec d’une part les 5èmes (PAF, PH, TQ) à qui je donne cours le vendredi de 11h à 12h40, et d’autre part les 6èmes (6A, 6B, 6D) et 7èmes (7B, 7P) à qui je donne cours le mercredi de 11h50 à 13h30. Situations qui ont débouché sur l’événement du mercredi 4 décembre avec les 6è et 7è (détaillé au point 4).
1) Contexte de mon arrivée (période, bilan) :
J’ai commencé mon remplacement le vendredi 8 nov. A ce jour, j’ai eu 3 cours avec les 5è (la grève de bus ayant rendu impossible ma présence le vendredi 29 nov), et 3 cours avec les 6èmes et 7èmes (une première grève des bus ayant rendu impossible ma présence le mercredi 8 novembre).
Informé par l’administration que je devais impérativement faire les bilans pour le cours de morale la dernière semaine de novembre, j’ai préparé ces derniers dès mon 3è cours avec les 5 (vendredi 15 nov) et dès mon premier cours (lors de la prise de contact) avec les 6è et 7è (sans avoir le temps d’établir le contact comme je le souhaitais).
Sur la base de leur matière vue avec mme Casimir, j’ai reconstruit ces bilans, les simplifiant sans sacrifier le contenu. Elle même m’invitait à modifier les questions si je le souhaitais, dans un mail me communiquant les cotes de période et les bilans (sans celui des 6è). Les questions rédigées sur ses bilans étaient trop nombreuses, longues et complexes (portant en outre majoritairement sur une matière qu’elle n’avait pas eu le temps de voir), et leur compréhension posait problème aux élèves. Je ne disposais pas non plus du cahier de matière. Cette construction des bilans fut faite en concertation avec les élèves, et chaque fois approuvée par eux (consistant en 4 questions du cours de morale, révisées lors de la préparation, et appelant chacune le développement d’un avis personnel argumenté). Toutes les sections connaissaient ainsi leurs questions une semaine avant.
Le bilan des 6è et 7è a eu lieu ce mercredi 27 novembre et celui des 5è a lieu à 11h ce vendredi 6 déc (il avait été reporté à aujourd’hui, en raison de la grève de bus du 29 novembre).
2) Premiers cours et préparations du bilan avec les 5è :
Dès mon entrée en fonction, il me fut assez difficile de parvenir à me faire simplement entendre. J’ai été constamment interrompu par une minorité de la classe, résolue à empêcher que le cours puisse se donner, la majorité accordant au contraire son intérêt et de son attention. J’ai reçu quantité de moqueries spontanées, quolibets, etc.
Trois élèves en particulier ont suscité et encouragé un chahut permanent.
-1) Britney Althusser a dès le second cours fait abstraction du cours et de ma personne : parlant constamment très fort, avec sa voisine ou tout autre élève situé au bout de la classe. Les interpellant, plaisantant, ou - quand elle était calme -annotant d’autres cours, tapant ses sms, etc. Je lui ai à plusieurs reprises demandé respectueusement de changer de place. Elle a répondu : « non ». Je lui ai demandé respectueusement de ranger sa tablette : elle a refusé. Je lui ai demandé respectueusement de ne plus parler constamment à tel élève : elle parlait alors à un autre. Lorsque je lui demandais d’arrêter, elle répondait sur un ton moqueur : « vous m’avez dit de ne plus parler à A, alors je parle à B ! Alors, je ne sais plus ce que je dois faire, moi ! ». Rires, etc.
Au troisième cours, elle a maintenu cette ligne de conduite, et je l’ai informée, toujours respectueusement, que si elle persistait dans cette attitude, je serais contraint de lui donner une retenue. Elle a répondu en haussant les épaules : « allez-y, faites-le, aucun problème ! ». Je ne l’ai pas fait.
- 2) Jean Hyppolite, qui fait figure de « leader » dans la classe, n’a cessé dès le premier cours de m’interrompre constamment à tout propos - ravi des effets comiques obtenus : tantôt en s’exclamant « c’est chiant ! Parlons d’autre chose ! », tantôt en relevant des détails sur mon physique : « vous avez les lunettes d’Harry Potter ! », « vous avez une mèche de travers sur le crâne ! », etc. Par ses remarques, il en encourageait d’autres, qui ponctuaient le cours de « je m’ennuie ! », etc.
-3) Bernard Groethuysen a suivi le comportement de Jean. Quittant par exemple sa place, s’emparant de ma montre, l’examinant et demandant à d’autres: « on fait les mêmes pour hommes ? ». Etc.
3) Premier cours avec les 6è et 7è (préparation du bilan)
Dès son entrée en classe, Joseph Proudhon s’est signalé par une attitude agressive et provocatrice : arrivant en retard, il s’assied et sort aussitôt de son sac sa tablette pour se plonger dans sa consultation. Je lui demande de la mettre de côté, il exprime aussitôt son exaspération, et dit : « chié, merde, j’me casse ! ». Je lui réponds calmement : « eh bien va-t’en. ». Il me répond : « j’y réfléchis ». Je réponds : "ne réfléchis pas trop longtemps, sinon je pourrais réfléchir à ta place ». A la suite de cet échange, ses voisins se mettent à parler entre eux pendant plusieurs minutes. Je me tais, désemparé.
Joseph Proudhon ne cessera par la suite de manifester son exaspération par de brusques mouvements d’humeur, ponctuant le moment de la pause par un tonitruant : « ah, la pause, enfin, la pause ! Qu’est-ce qu’on se fait chier ici ! ».
Lors de cette pause, j’essaie d’aller lui parler entre ses allées et venues, et lui dis : « tu sais, il n’y a rien de personnel dans ma remarque ». Il me répond : « ça me fait chier ! ça me fait chier d’être ici » et s’éloigne. Après la pause, je poursuis l’explication de la matière du bilan, et j’obtiens écoute et participation de tout le monde.
4) Bilan du mercredi 27 novembre avec les 6è et 7è :
il se déroule très bien. Chacun s’applique sur sa copie. Je fournis des aides ponctuelles à ceux qui me le demandent. Joseph Proudhon rend sa copie en me disant : « voilà ! Si avec ça, t’es pas content mon p’tit père, c’est dans tes dents ! ». Je lui réponds en souriant : « merci, cher ami », et lui tends la main (me disant que c’était l’occasion de nouer une entente cordiale) : il me serre la main avec conviction, puis prend congé.
4) Cours sur le bilan, du mercredi 4 décembre avec les 6è et 7è :
Pour les 6è et 7è ORIGAMI, comme pour les deux autres établissements (PAPYMOUGEOT et VANDEMOERTEL), les résultats des bilans furent majoritairement très bons, avec une moyenne entre 14 et 18. Car j’ai toujours pondéré au mieux, compte tenu du contexte (remplacement en période de bilan, bilan sur une matière que je n’ai pas enseignée, etc). Les rares cotes basses ne descendant pas en en dessous de 10.
Je prépare le cours du mercredi 4 déc. en suivant la même ligne suivie avec fruit lundi et mardi à PAPYMOUGEOT: assurer un feedback sur les copies, procéder si nécessaire à des remédiations permettant de relever quelques cotes basses, le tout donnant l’occasion d’un éclairage supplémentaire sur la matière (discussion sur les « situations », notions, définitions, etc).
La matière du bilan des 6è et 7è (différente de celle des 6èmes) fut donc construite avec eux une semaine avant le bilan
Chaque question était connue. La page de bilan distribuée reprécisait chaque consigne (expliquée, comprise et approuvée par les élèves lors de la construction du bilan). Pour les 7è, sur le thème principal vu avec Madame Casimir : « l’auto-louange » (une technique consistant à s’exercer à faire son portrait en se complimentant et en laissant les critiques de côté...).
4 questions, et pour chacune une consigne, expliquée en classe. Par exemple : « donne une définition claire et argumentée de l’auto-louange, sur la base de ce que tu as retenu du cours » ; « développe une situation concrète dans laquelle une personne pourrait avoir besoin de recourir à l’auto-louange. Explique ensuite par quelle pratique, méthode, elle pourrait s’y prendre. Suggestion : tu peux puiser dans ton expérience personnelle, dans l’observation, ou inventer une situation imaginaire. ». Avec en outre une précision sur le nombre de lignes minimum attendues par réponse.
Margarethe Von Trotta (7PH) a très bien intégré ces consignes et a livré un bilan remarquable (17/20).
Karlheinz Stockhausen (7è PH) conteste vivement son 11/20.
(Déjà lors du bilan, alors qu’il me prévenait qu’il avait terminé, j’avais consulté sa copie et tenté de l’encourager à développer davantage, en lui donnant des indications pour reformuler ce qui n’allait pas. Sa copie consistait en quelques phrases lapidaires, non construites, verbes à l’infinitif suivis de généralités vagues, de plus inexactes et souvent incompréhensibles dans leur formulation. Il avait alors rapidement ajouté une phrase ou deux, confondant à l’occasion plusieurs questions, ajoutant à la confusion de sa copie.
J’avais encore insisté pour qu’il se relise, et sur le fait qu’il ne développait aucune situation concrète, comme demandé. Je souhaitais l’éclairer sur les lacunes que j’avais relevées. Mais il était catégorique, estimait que sa copie exprimait clairement le contenu de la matière: « Non, j’ai écrit la bonne réponse. C’est le cours de mme Casimir. C’est comme ça qu’elle veut qu’on réponde : précis, carré, ». Il ne souhaitait plus rien ajouter sur sa copie, invoquant les « critères de Mme Casimir ».
Extraits de sa copie.
Définition : « s’auto-évalué, connaître ses qualitées comme ses défaut pour affronté les difficultés de la vie qui permet de savoir la ou peut on faire l’effort ».
Développe une situation concrète : « Se prendre en question de nos lacunes pour se permettre d’aquérire ou demander à quelqu’un comment elle nous voit. Ex : s’apliquer, conpatanant ( ?), courage des exemples à prendre en compte pour évoluer Si le patron vous trouve imcompétant par rapport au tâche accompli sur le faite des arrivées tardive ». etc.)
J’essaie donc, mercredi 4 décembre, d’attirer son attention ce qui ne va pas dans sa copie (avec comme objectif une remédiation permettant de relever sa note). Je souligne aussi le fait que sur le même questionnaire, sa voisine, Margarethe Von Trotta (17/20), a développé des réponses pertinentes. Karlheinz Stockhausen coupe court de façon cassante et ombrageuse : « laissez tomber, de toute façon. Vous avez votre opinion, j’ai la mienne. Moi j’ai répondu selon les critères de Mme Casimir. J’ai toujours eu d’excellents points avec Mme Casimir. Vous voulez me mettre 11 ? Ok, mettez moi 11. Je m’en fous, je ne discute pas avec vous. Passez à un autre.
Je réponds : « mais laisse moi au moins essayer de t’expliquer... »
« Je m’en fous. J’en parlerai avec Mme Casimir, pas avec vous. ».
« Et bien soit, d’accord, tu expliqueras à Mme Casimir puisque tu ne veux pas me laisser t’expliquer...»
« Non non : on s’expliquera dehors... »
« C’est une menace ? ».
Silence en guise de réponse.
Joseph Proudhon est quant à lui fort agité pendant ce dialogue, qu’il interrompt sans cesse. Il se promène de long en large entre les bancs et me donne des directives :
« mais bordel, les points, à la fin ! On s’en fout de vos explications ! Donnez-nous les points, le reste on s’en branle. Non mais attend eh, le mec, si on le laisse parler, il va nous pondre un bouquin de 500 pages pour chaque question ! Mes points ! Je veux savoir mes points ! ».
« tu as 15 et demi, c’est un bon bilan. Ce que j’ai apprécié dans tes réponses, c’est que... »
« (d’un ton sardonique, et de plus en plus exaspéré) hah ! 15 et demi ! Et pourquoi pas 16 ? Attends, le mec tu lui dis que tu veux 16 tu vas voir qu’il va te mettre 16. 15 et demi, pff ! »
Je lui demande s’il lui est possible de s’asseoir. Il me répond : « non, j'suis un hyperactif, moi, j’ai besoin de bouger tout le temps ».
Je continue, dans un « chambard » à présent général, en passant d’autres copies des 6è en revue : Thomas Bernhard(16,5) : je le félicite pour son exemple pour telle question. Marie Curie (18). La majorité des bilans des 6èmes étant bien réussis, particulièrement pour la question consistant à développer son avis personnel sur l’existence ou l’inexistence de dieu. Ceux à qui je n’ai pas pu mettre plus que 10 ou 12 le prennent paradoxalement bien. Ce sont les plus calmes. Ils expriment leur accord avec l’évaluation.
Mais d’autres me crient, d’un peu partout : « les points ! Merde ! Chié à la fin ! », etc.
J’aborde la copie de Virginia Woolf. « Mes points ! » ; « tu as 13 ».
Elle soupire et lève les yeux au ciel depuis déjà 15 minutes. Elle me crie soudain : « mais je m’en fous, moi, de dieu, j’y crois pas ! »
« Justement, si tu permets, ce que je voudrais dire... »
« Laissez tomber ! J’ai pas envie de vous écouter ! Passez aussi à un autre ! 13, ok, 13 ! Au suivant ! Mais alleeez (exaspérée) !
Je passe au suivant. Virginia Woolf m’interrompt de façon méprisante :
« montrez moi ma copie ! ».
Je lui donne sa copie. Toujours énervée : « J’aimerais que vous m’expliquiez pourquoi... »
Je réponds : « excuse-moi, tu viens de me dire à l’instant de laisser tomber et de passer à un autre... ».
Elle continue à crier d’un ton exaspéré, quelque chose que je n’ai pas entendu dans le vacarme qui règne. A ce moment précis, je suis à bout, excédé. Sort littéralement de ma bouche, de mon ventre même, un hurlement : « mais ta gueule, alors, ferme ta gueeeeeeeule !! ».
Virginia Woolf se lève et quitte la classe. Suivie par Marie Curie, solidaire (et c’est bien normal). Joseph Proudhon, qui attendait visiblement impatiemment ce « moment », se précipite dehors lui aussi. Thomas Bernhard se lève, et en colère (justifiée), me dit : « vous n’avez pas le droit de dire ta gueule à un élève ! C’est absolument interdit. Vous êtes un fou ! ».
La moitié de la classe se retrouve dehors. Je sors aussi, et me dirige vers le local de Mme Yourcenar, pour l’informer de mes paroles, de la situation. Elle n’est plus là. Je reviens vers le local. Tous les élèves, moins Virginia, Marie et Joseph, sont là, et calmes. Thomas Bernhard me fusille du regard : « vous avez vraiment une psychologie compulsive, vous ! Vivement que Mme Casimir revienne ! ». Je dis, en regardant le sol : « bien, nous n’avions pas eu le temps de faire connaissance, je crois qu’à présent on peut dire que nous avons fait connaissance... Désolé, je ne suis pas une machine, je suis moi aussi un être humain. J’apprends. Voilà. »
Jean Piaget ponctue : « vous savez, monsieur. Tout le monde apprend. Tous les jours. On n’a jamais fini d’apprendre. »
Puis nous regagnons le local.
S’ensuit une discussion sereine dans le local, pendant que deux ou trois dessinent au tableau. Je ne dis plus rien. Je suis KO. Immanuel Kant, qui depuis le premier cours participe au cours de façon très constructive, dit aux autres, avec bcp de maturité et de sagesse : « les mecs, soyez honnêtes, vous savez bien comment ça se passe, chaque fois qu’il y a un nouveau, un remplaçant. On essaie systématiquement de le pousser à bout, de le faire craquer. »
Invité- Invité
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Ben putain.
Ca m'a exténué rien qu'à lire.
Ca m'a exténué rien qu'à lire.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Pfiou, pareillement.
Je crois que j'en aurais déjà giflé à tour de bras...ou revisionné des passages de la saison 4 de The Wire, ah ah ah.
Je crois que j'en aurais déjà giflé à tour de bras...ou revisionné des passages de la saison 4 de The Wire, ah ah ah.
careful- Messages : 690
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Bon, avec tout ça, épuisement pis chopage de microbe... Rhino-pharyngite avec broncho-spasme gratiné. Consigné par le doc 5 jours à demeure, de lundi à vendredi inclus.
Jamais de ma vie je n'ai été aussi heureux de tomber malade. C'est hallucinant.
Alors même que l'asthme me vrillait les bronches, je ressentis en sortant du cabinet médical une immense joie de vivre. Comme si on venait en une fraction de seconde de déboucher tous mes canaux. Je me suis senti "moi-même" à nouveau.
Hélas, un voile menaçant altère un chouïa ce bien être retrouvé: reprise lundi 16. Mais ooh grâce, ooh divine extase, vendredi 20 à 17h ce sera les vacances de Noël.
Jamais de ma vie je n'ai été aussi heureux de tomber malade. C'est hallucinant.
Alors même que l'asthme me vrillait les bronches, je ressentis en sortant du cabinet médical une immense joie de vivre. Comme si on venait en une fraction de seconde de déboucher tous mes canaux. Je me suis senti "moi-même" à nouveau.
Hélas, un voile menaçant altère un chouïa ce bien être retrouvé: reprise lundi 16. Mais ooh grâce, ooh divine extase, vendredi 20 à 17h ce sera les vacances de Noël.
Invité- Invité
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Et c'est d'un intérêt considérable pour le forum ?
Avant d'aller chercher la paille dans mon oeil enlève donc la grosse poutre qui est dans le tien.
Avant d'aller chercher la paille dans mon oeil enlève donc la grosse poutre qui est dans le tien.
pm- Messages : 43
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Bidibule a écrit:Pour sûr, il s'en est passé des choses, depuis mon dernier "compte-rendu".
Les passer en revue exigerait la rédaction d'un bottin, aussi je me limiterai ici à copicoller un "rapport disciplinaire", authentique, garanti sans contrefaçon, exigé par la direction d'un des 3 établissements (ORIGAMI). Rapport qui devait être "circonstancié", redire exactement "qui a dit quoi" ("j'ai dit à "x", "y m'a répondu", "je lui ai répondu", etc etc).
Par déontologie, les noms des établissements et personnes vivantes, décédées ou mortes-vivantes, ont été modifiés.
Moyenne d'âge des actants: 19 ans.
Examens, points, etc: conformes au règlement.
Informations supplémentaires: néant.
En manière de synthèse anticipée, je dirai que la fin est proche, à moins qu'elle soit encore lointaine. Dans les deux cas, c'est une catastrophe, Thérèse.
- spoiler:
Rapport disciplinaire:
Par ce rapport, je souhaite décrire les situations que j’ai vécues depuis mon arrivée, avec d’une part les 5èmes (PAF, PH, TQ) à qui je donne cours le vendredi de 11h à 12h40, et d’autre part les 6èmes (6A, 6B, 6D) et 7èmes (7B, 7P) à qui je donne cours le mercredi de 11h50 à 13h30. Situations qui ont débouché sur l’événement du mercredi 4 décembre avec les 6è et 7è (détaillé au point 4).
1) Contexte de mon arrivée (période, bilan) :
J’ai commencé mon remplacement le vendredi 8 nov. A ce jour, j’ai eu 3 cours avec les 5è (la grève de bus ayant rendu impossible ma présence le vendredi 29 nov), et 3 cours avec les 6èmes et 7èmes (une première grève des bus ayant rendu impossible ma présence le mercredi 8 novembre).
Informé par l’administration que je devais impérativement faire les bilans pour le cours de morale la dernière semaine de novembre, j’ai préparé ces derniers dès mon 3è cours avec les 5 (vendredi 15 nov) et dès mon premier cours (lors de la prise de contact) avec les 6è et 7è (sans avoir le temps d’établir le contact comme je le souhaitais).
Sur la base de leur matière vue avec mme Casimir, j’ai reconstruit ces bilans, les simplifiant sans sacrifier le contenu. Elle même m’invitait à modifier les questions si je le souhaitais, dans un mail me communiquant les cotes de période et les bilans (sans celui des 6è). Les questions rédigées sur ses bilans étaient trop nombreuses, longues et complexes (portant en outre majoritairement sur une matière qu’elle n’avait pas eu le temps de voir), et leur compréhension posait problème aux élèves. Je ne disposais pas non plus du cahier de matière. Cette construction des bilans fut faite en concertation avec les élèves, et chaque fois approuvée par eux (consistant en 4 questions du cours de morale, révisées lors de la préparation, et appelant chacune le développement d’un avis personnel argumenté). Toutes les sections connaissaient ainsi leurs questions une semaine avant.
Le bilan des 6è et 7è a eu lieu ce mercredi 27 novembre et celui des 5è a lieu à 11h ce vendredi 6 déc (il avait été reporté à aujourd’hui, en raison de la grève de bus du 29 novembre).
2) Premiers cours et préparations du bilan avec les 5è :
Dès mon entrée en fonction, il me fut assez difficile de parvenir à me faire simplement entendre. J’ai été constamment interrompu par une minorité de la classe, résolue à empêcher que le cours puisse se donner, la majorité accordant au contraire son intérêt et de son attention. J’ai reçu quantité de moqueries spontanées, quolibets, etc.
Trois élèves en particulier ont suscité et encouragé un chahut permanent.
-1) Britney Althusser a dès le second cours fait abstraction du cours et de ma personne : parlant constamment très fort, avec sa voisine ou tout autre élève situé au bout de la classe. Les interpellant, plaisantant, ou - quand elle était calme -annotant d’autres cours, tapant ses sms, etc. Je lui ai à plusieurs reprises demandé respectueusement de changer de place. Elle a répondu : « non ». Je lui ai demandé respectueusement de ranger sa tablette : elle a refusé. Je lui ai demandé respectueusement de ne plus parler constamment à tel élève : elle parlait alors à un autre. Lorsque je lui demandais d’arrêter, elle répondait sur un ton moqueur : « vous m’avez dit de ne plus parler à A, alors je parle à B ! Alors, je ne sais plus ce que je dois faire, moi ! ». Rires, etc.
Au troisième cours, elle a maintenu cette ligne de conduite, et je l’ai informée, toujours respectueusement, que si elle persistait dans cette attitude, je serais contraint de lui donner une retenue. Elle a répondu en haussant les épaules : « allez-y, faites-le, aucun problème ! ». Je ne l’ai pas fait.
- 2) Jean Hyppolite, qui fait figure de « leader » dans la classe, n’a cessé dès le premier cours de m’interrompre constamment à tout propos - ravi des effets comiques obtenus : tantôt en s’exclamant « c’est chiant ! Parlons d’autre chose ! », tantôt en relevant des détails sur mon physique : « vous avez les lunettes d’Harry Potter ! », « vous avez une mèche de travers sur le crâne ! », etc. Par ses remarques, il en encourageait d’autres, qui ponctuaient le cours de « je m’ennuie ! », etc.
-3) Bernard Groethuysen a suivi le comportement de Jean. Quittant par exemple sa place, s’emparant de ma montre, l’examinant et demandant à d’autres: « on fait les mêmes pour hommes ? ». Etc.
3) Premier cours avec les 6è et 7è (préparation du bilan)
Dès son entrée en classe, Joseph Proudhon s’est signalé par une attitude agressive et provocatrice : arrivant en retard, il s’assied et sort aussitôt de son sac sa tablette pour se plonger dans sa consultation. Je lui demande de la mettre de côté, il exprime aussitôt son exaspération, et dit : « chié, merde, j’me casse ! ». Je lui réponds calmement : « eh bien va-t’en. ». Il me répond : « j’y réfléchis ». Je réponds : "ne réfléchis pas trop longtemps, sinon je pourrais réfléchir à ta place ». A la suite de cet échange, ses voisins se mettent à parler entre eux pendant plusieurs minutes. Je me tais, désemparé.
Joseph Proudhon ne cessera par la suite de manifester son exaspération par de brusques mouvements d’humeur, ponctuant le moment de la pause par un tonitruant : « ah, la pause, enfin, la pause ! Qu’est-ce qu’on se fait chier ici ! ».
Lors de cette pause, j’essaie d’aller lui parler entre ses allées et venues, et lui dis : « tu sais, il n’y a rien de personnel dans ma remarque ». Il me répond : « ça me fait chier ! ça me fait chier d’être ici » et s’éloigne. Après la pause, je poursuis l’explication de la matière du bilan, et j’obtiens écoute et participation de tout le monde.
4) Bilan du mercredi 27 novembre avec les 6è et 7è :
il se déroule très bien. Chacun s’applique sur sa copie. Je fournis des aides ponctuelles à ceux qui me le demandent. Joseph Proudhon rend sa copie en me disant : « voilà ! Si avec ça, t’es pas content mon p’tit père, c’est dans tes dents ! ». Je lui réponds en souriant : « merci, cher ami », et lui tends la main (me disant que c’était l’occasion de nouer une entente cordiale) : il me serre la main avec conviction, puis prend congé.
4) Cours sur le bilan, du mercredi 4 décembre avec les 6è et 7è :
Pour les 6è et 7è ORIGAMI, comme pour les deux autres établissements (PAPYMOUGEOT et VANDEMOERTEL), les résultats des bilans furent majoritairement très bons, avec une moyenne entre 14 et 18. Car j’ai toujours pondéré au mieux, compte tenu du contexte (remplacement en période de bilan, bilan sur une matière que je n’ai pas enseignée, etc). Les rares cotes basses ne descendant pas en en dessous de 10.
Je prépare le cours du mercredi 4 déc. en suivant la même ligne suivie avec fruit lundi et mardi à PAPYMOUGEOT: assurer un feedback sur les copies, procéder si nécessaire à des remédiations permettant de relever quelques cotes basses, le tout donnant l’occasion d’un éclairage supplémentaire sur la matière (discussion sur les « situations », notions, définitions, etc).
La matière du bilan des 6è et 7è (différente de celle des 6èmes) fut donc construite avec eux une semaine avant le bilan
Chaque question était connue. La page de bilan distribuée reprécisait chaque consigne (expliquée, comprise et approuvée par les élèves lors de la construction du bilan). Pour les 7è, sur le thème principal vu avec Madame Casimir : « l’auto-louange » (une technique consistant à s’exercer à faire son portrait en se complimentant et en laissant les critiques de côté...).
4 questions, et pour chacune une consigne, expliquée en classe. Par exemple : « donne une définition claire et argumentée de l’auto-louange, sur la base de ce que tu as retenu du cours » ; « développe une situation concrète dans laquelle une personne pourrait avoir besoin de recourir à l’auto-louange. Explique ensuite par quelle pratique, méthode, elle pourrait s’y prendre. Suggestion : tu peux puiser dans ton expérience personnelle, dans l’observation, ou inventer une situation imaginaire. ». Avec en outre une précision sur le nombre de lignes minimum attendues par réponse.
Margarethe Von Trotta (7PH) a très bien intégré ces consignes et a livré un bilan remarquable (17/20).
Karlheinz Stockhausen (7è PH) conteste vivement son 11/20.
(Déjà lors du bilan, alors qu’il me prévenait qu’il avait terminé, j’avais consulté sa copie et tenté de l’encourager à développer davantage, en lui donnant des indications pour reformuler ce qui n’allait pas. Sa copie consistait en quelques phrases lapidaires, non construites, verbes à l’infinitif suivis de généralités vagues, de plus inexactes et souvent incompréhensibles dans leur formulation. Il avait alors rapidement ajouté une phrase ou deux, confondant à l’occasion plusieurs questions, ajoutant à la confusion de sa copie.
J’avais encore insisté pour qu’il se relise, et sur le fait qu’il ne développait aucune situation concrète, comme demandé. Je souhaitais l’éclairer sur les lacunes que j’avais relevées. Mais il était catégorique, estimait que sa copie exprimait clairement le contenu de la matière: « Non, j’ai écrit la bonne réponse. C’est le cours de mme Casimir. C’est comme ça qu’elle veut qu’on réponde : précis, carré, ». Il ne souhaitait plus rien ajouter sur sa copie, invoquant les « critères de Mme Casimir ».
Extraits de sa copie.
Définition : « s’auto-évalué, connaître ses qualitées comme ses défaut pour affronté les difficultés de la vie qui permet de savoir la ou peut on faire l’effort ».
Développe une situation concrète : « Se prendre en question de nos lacunes pour se permettre d’aquérire ou demander à quelqu’un comment elle nous voit. Ex : s’apliquer, conpatanant ( ?), courage des exemples à prendre en compte pour évoluer Si le patron vous trouve imcompétant par rapport au tâche accompli sur le faite des arrivées tardive ». etc.)
J’essaie donc, mercredi 4 décembre, d’attirer son attention ce qui ne va pas dans sa copie (avec comme objectif une remédiation permettant de relever sa note). Je souligne aussi le fait que sur le même questionnaire, sa voisine, Margarethe Von Trotta (17/20), a développé des réponses pertinentes. Karlheinz Stockhausen coupe court de façon cassante et ombrageuse : « laissez tomber, de toute façon. Vous avez votre opinion, j’ai la mienne. Moi j’ai répondu selon les critères de Mme Casimir. J’ai toujours eu d’excellents points avec Mme Casimir. Vous voulez me mettre 11 ? Ok, mettez moi 11. Je m’en fous, je ne discute pas avec vous. Passez à un autre.
Je réponds : « mais laisse moi au moins essayer de t’expliquer... »
« Je m’en fous. J’en parlerai avec Mme Casimir, pas avec vous. ».
« Et bien soit, d’accord, tu expliqueras à Mme Casimir puisque tu ne veux pas me laisser t’expliquer...»
« Non non : on s’expliquera dehors... »
« C’est une menace ? ».
Silence en guise de réponse.
Joseph Proudhon est quant à lui fort agité pendant ce dialogue, qu’il interrompt sans cesse. Il se promène de long en large entre les bancs et me donne des directives :
« mais bordel, les points, à la fin ! On s’en fout de vos explications ! Donnez-nous les points, le reste on s’en branle. Non mais attend eh, le mec, si on le laisse parler, il va nous pondre un bouquin de 500 pages pour chaque question ! Mes points ! Je veux savoir mes points ! ».
« tu as 15 et demi, c’est un bon bilan. Ce que j’ai apprécié dans tes réponses, c’est que... »
« (d’un ton sardonique, et de plus en plus exaspéré) hah ! 15 et demi ! Et pourquoi pas 16 ? Attends, le mec tu lui dis que tu veux 16 tu vas voir qu’il va te mettre 16. 15 et demi, pff ! »
Je lui demande s’il lui est possible de s’asseoir. Il me répond : « non, j'suis un hyperactif, moi, j’ai besoin de bouger tout le temps ».
Je continue, dans un « chambard » à présent général, en passant d’autres copies des 6è en revue : Thomas Bernhard(16,5) : je le félicite pour son exemple pour telle question. Marie Curie (18). La majorité des bilans des 6èmes étant bien réussis, particulièrement pour la question consistant à développer son avis personnel sur l’existence ou l’inexistence de dieu. Ceux à qui je n’ai pas pu mettre plus que 10 ou 12 le prennent paradoxalement bien. Ce sont les plus calmes. Ils expriment leur accord avec l’évaluation.
Mais d’autres me crient, d’un peu partout : « les points ! Merde ! Chié à la fin ! », etc.
J’aborde la copie de Virginia Woolf. « Mes points ! » ; « tu as 13 ».
Elle soupire et lève les yeux au ciel depuis déjà 15 minutes. Elle me crie soudain : « mais je m’en fous, moi, de dieu, j’y crois pas ! »
« Justement, si tu permets, ce que je voudrais dire... »
« Laissez tomber ! J’ai pas envie de vous écouter ! Passez aussi à un autre ! 13, ok, 13 ! Au suivant ! Mais alleeez (exaspérée) !
Je passe au suivant. Virginia Woolf m’interrompt de façon méprisante :
« montrez moi ma copie ! ».
Je lui donne sa copie. Toujours énervée : « J’aimerais que vous m’expliquiez pourquoi... »
Je réponds : « excuse-moi, tu viens de me dire à l’instant de laisser tomber et de passer à un autre... ».
Elle continue à crier d’un ton exaspéré, quelque chose que je n’ai pas entendu dans le vacarme qui règne. A ce moment précis, je suis à bout, excédé. Sort littéralement de ma bouche, de mon ventre même, un hurlement : « mais ta gueule, alors, ferme ta gueeeeeeeule !! ».
Virginia Woolf se lève et quitte la classe. Suivie par Marie Curie, solidaire (et c’est bien normal). Joseph Proudhon, qui attendait visiblement impatiemment ce « moment », se précipite dehors lui aussi. Thomas Bernhard se lève, et en colère (justifiée), me dit : « vous n’avez pas le droit de dire ta gueule à un élève ! C’est absolument interdit. Vous êtes un fou ! ».
La moitié de la classe se retrouve dehors. Je sors aussi, et me dirige vers le local de Mme Yourcenar, pour l’informer de mes paroles, de la situation. Elle n’est plus là. Je reviens vers le local. Tous les élèves, moins Virginia, Marie et Joseph, sont là, et calmes. Thomas Bernhard me fusille du regard : « vous avez vraiment une psychologie compulsive, vous ! Vivement que Mme Casimir revienne ! ». Je dis, en regardant le sol : « bien, nous n’avions pas eu le temps de faire connaissance, je crois qu’à présent on peut dire que nous avons fait connaissance... Désolé, je ne suis pas une machine, je suis moi aussi un être humain. J’apprends. Voilà. »
Jean Piaget ponctue : « vous savez, monsieur. Tout le monde apprend. Tous les jours. On n’a jamais fini d’apprendre. »
Puis nous regagnons le local.
S’ensuit une discussion sereine dans le local, pendant que deux ou trois dessinent au tableau. Je ne dis plus rien. Je suis KO. Immanuel Kant, qui depuis le premier cours participe au cours de façon très constructive, dit aux autres, avec bcp de maturité et de sagesse : « les mecs, soyez honnêtes, vous savez bien comment ça se passe, chaque fois qu’il y a un nouveau, un remplaçant. On essaie systématiquement de le pousser à bout, de le faire craquer. »
C'est ton journal ? C'est pas drôle et tout le monde s'en fiche.
pm- Messages : 43
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Tu en penses ce que tu veux, l'ennuyeux prosateur qui rarement me fait rire. Au moins je respecte le topic: c'est une dérive, une digression, et surtout c'est hors-jeu. Je n'ai pas créé un topic pour ça.
Aucun rapport donc avec ce que tu fais: à savoir ouvrir un topic quand ça te chante, pour dire qu'une phrase écrite par untel est lénifiante, etc.
Fail, l'arrosé jamais arrosant.
Aucun rapport donc avec ce que tu fais: à savoir ouvrir un topic quand ça te chante, pour dire qu'une phrase écrite par untel est lénifiante, etc.
Fail, l'arrosé jamais arrosant.
Invité- Invité
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Cesse de nous abreuver de nouvelles personnelles qui incommodent le forum ... et son "lectorat".
J'ai bon, Messire ?
J'ai bon, Messire ?
pm- Messages : 43
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Ce sont des nouvelles qui sont des narrations, et qui visent une sorte d'impersonnalité au delà de ma petite personne. ça s'appelle raconter une histoire.
Et tu n'es pas le "lectorat" à toi tout seul. Bien que tu te fantasmes comme une incarnation du forum, son proprio en quelque sorte. Autre exemple, cf. à côté: t'écris des mp aux admins pour qu'on me supprime. Mais lol, quoi. Pourquoi ne pas m'adresser directement cette demande, vu que je suis un admin? Rhô.
Et tu nous (enfin, me) régales de notules qui n'incommodent guère mais m'incitent à bâiller, un peu comme des déclarations fiscales ou des notices pharmaceutiques. Quand je repasse par ici, je me dis: "mince, slimP(ou)B(elle) a encore pondu sa crotte - du matin, du midi, et du soir. Rhzz". Alors, j'y accroche quelques guirlandes, pour mettre un peu de vie à ce gris-souris si fonctionnel et fonctionnaire...
Méga fail, l'incommodant toujours incommodé.
Et çuilà, tu l'as vu?
Et tu n'es pas le "lectorat" à toi tout seul. Bien que tu te fantasmes comme une incarnation du forum, son proprio en quelque sorte. Autre exemple, cf. à côté: t'écris des mp aux admins pour qu'on me supprime. Mais lol, quoi. Pourquoi ne pas m'adresser directement cette demande, vu que je suis un admin? Rhô.
Et tu nous (enfin, me) régales de notules qui n'incommodent guère mais m'incitent à bâiller, un peu comme des déclarations fiscales ou des notices pharmaceutiques. Quand je repasse par ici, je me dis: "mince, slimP(ou)B(elle) a encore pondu sa crotte - du matin, du midi, et du soir. Rhzz". Alors, j'y accroche quelques guirlandes, pour mettre un peu de vie à ce gris-souris si fonctionnel et fonctionnaire...
Méga fail, l'incommodant toujours incommodé.
Et çuilà, tu l'as vu?
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Invité- Invité
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
En fait t'es comme Baldanders, t'as l'dégoût.
pm- Messages : 43
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Quel dégoût?
Au contraire, un de mes défauts est l'enthousiasme.
Arrête de troller, là. Je peux pas répondre à tout. ça m'amuse, mais je crois/crains que ça n'amuse pas d'autres.
Au contraire, un de mes défauts est l'enthousiasme.
Arrête de troller, là. Je peux pas répondre à tout. ça m'amuse, mais je crois/crains que ça n'amuse pas d'autres.
Invité- Invité
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Juste pour le gag, j'attire votre attention sur le bref passage vers 2'.
Y parait que c'est un 'film à venir', et qui n'en finit pas de venir. A moins qu'il soit fini avant de commencer...
- Spoiler:
C'est une honte. Tout ça pour ça... Du vide pur.
Y parait que c'est un 'film à venir', et qui n'en finit pas de venir. A moins qu'il soit fini avant de commencer...
Invité- Invité
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
Ca fera un super "film du dimanche".
- Spoiler:
Dernière édition par Eyquem le Ven 14 Fév 2014 - 0:23, édité 1 fois
Eyquem- Messages : 3126
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
J'ai pas regardé à fond, je t'avoue. Les gros plans sur les statues, le temple grec, c'est un peu chiant.
Par contre, j'aime bien à 9': il termine son laïus sur la fin de l'histoire, et après, il se tire une bonne taffe sur sa clope. C'est smart.
Par contre, j'aime bien à 9': il termine son laïus sur la fin de l'histoire, et après, il se tire une bonne taffe sur sa clope. C'est smart.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Dérives, digressions et hors-jeux et topiques
J'ai pas regardé à fond, je t'avoue. Les gros plans sur les statues, le temple grec, c'est un peu chiant.
Je plussoie (comme y disent) d'autant plus qu'on ne peut pas regarder à fond vu qu'il n'y a rien à voir ni à entendre.
Par contre, j'aime bien à 9': il termine son laïus sur la fin de l'histoire, et après, il se tire une bonne taffe sur sa clope. C'est smart.
Ouaip, il a l'air assez content, et il se récompense, pour avoir énoncé un truc profond.
Et c'est le spécialiste international de Kojève... Je pense qu'il va faire toute sa carrière là-dessus en égrenant la biblio complète de Queneau. Ce qui est smart aussi.
Les deux premiers étant:
- Le philosophe du dimanche
- Kojève mon ami
Attendons-nous bientôt à:
- Loin de Kojève
- Kojève dans le métro
- Les enfants de Kojève
Invité- Invité
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