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Le policier (N.Lapid)

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Le policier (N.Lapid) Empty Le policier (N.Lapid)

Message par Eyquem Ven 6 Avr 2012 - 22:44

Le policier (N.Lapid) Polici10


Je suis sorti du film plutôt mitigé. Déjà, parce que c'est jamais plaisant de passer deux heures devant un film rempli de fascistes (la description du milieu des flics est glaçante : en voilà qui ne se posent pas mille questions morales...) Ensuite, il me semblait que le film montrait surtout que les Israéliens étaient les premières victimes de la violence d'Etat. Mais il y a sans doute des choses plus intéressantes à penser de ce film.


J'ai lu quelques entretiens : dans celui-ci, Lapid en dit davantage, et plus clairement :

J’ai participé aux manifs de l’été 2011 et il m’est arrivé de voir des scènes qui, si je les avais vues dans une salle de cinéma, m’auraient fait dire que quelqu’un avait volé mon film. Plusieurs fois, des jeunes femmes (c’était elles qui menaient les manifs) ont crié dans des mégaphones des trucs du genre : « policiers, vous ne gagnez pas assez, rejoignez-nous ! » à des policiers qui, évidemment, ne le font pas. Il y a même eu des gens qui récitaient consciemment des passages du film. Mais quand j’ai commencé à écrire le scénario en 2006 je n’imaginais pas qu’un tel mouvement aurait lieu : si la veille de cette petite insurrection quelqu’un m’avait demandé si elle était possible, j’aurais répondu qu’assurément non. En Israël, il y a comme partout dans le monde des écarts sociaux qui s’élargissent ; mais à la différence des pays « normaux » comme la France, chez nous c’est interdit d’en parler. Le sujet apparaît à peine dans les médias et pas du tout au cinéma, car c’est quelque chose qui contredit le fondement même de l’existence d’Israël : la cohésion entre nous, les Juifs. Le pays a été fondé sur l’idée qu’on y serait « tous ensemble contre les autres ». Ce concept de base du pays est, avec les années, devenu de plus en plus faux : sous sa bannière, il y a eu comme partout des exploiteurs et des exploités. Mais chez nous, même les droits fondamentaux de celui qui gagne peu et dont on réduit encore le salaire n’existent pas. Parce que « allons, on est tous ensemble, et il y a la guerre en face de nous, il faut qu’on soit réunis ! ». Je n’étais pas le seul à ressentir cette hypocrisie. Mon privilège en tant que réalisateur, a contrario d’un chercheur ou d’un journaliste par exemple, a été de pouvoir dire plus que « ça ne va pas » et de m’imaginer ce qui se passerait si quelqu’un mettait en doute cette nature israélienne fondamentale. Cela ne veut pas dire que Le Policier est révolutionnaire. Je ne pense pas que lorsque tu sors du film, tu vas monter des barricades et lancer des cailloux sur les policiers. C’est plutôt une tentative, à travers la lutte des classes et la confrontation entre les gardiens de l’ordre et ceux qui essaient de le renverser, de se faire le tableau très détaillé de la société israélienne. Ce n’est pas le changement, mais l’immobilité que je montre.

D’où vient, selon vous, cette immobilité sociale que vous montrez ?

A priori, on veut tous plus ou moins la même chose : une société juste, où il n’y a pas des gens qui gagnent 15 millions de dollars et d’autres qui dorment dans la rue ; un accès égalitaire à l’éducation. Pourquoi n’y parvient-on pas ? Dans le film, Shira, la jeune révolutionnaire, hurle dans le mégaphone : « Policiers, vous n’êtes pas nos ennemis, vous aussi êtes exploités ». Le policier ne veut rien entendre, ne se sent pas exploité – et même s’il le sentait, il ne voudrait pas être sauvé par cette fille. Pourquoi ? Parce que chaque classe fonctionne en système clos et refuse tout pas au-dehors, même lorsqu’il s’agit de défendre des intérêts communs. De là vient la fin du film, les plans figés du policier et de la Shira qui se regardent, tous deux immobiles.

Le Policier est politique et engagé, mais pas partisan. Vous avez cherché à montrer l’humanité de chacun, à établir des parallèles entre les membres de chaque classe, au lieu de la rupture.

Oui. Durant l’été 2011, un cinéma en plein air a été créé par un groupe de révolutionnaires et une avant-première du Policier a eu lieu sur un toit plein à craquer de spectateurs. Ils n’avaient pas vu le film mais ils avaient été nourris par les médias qui prétendaient qu’il avait prédit la révolution. Après la projection, il y a eu un violent débat. Certaines personnes étaient vraiment ulcérées. Ils attendaient un film au milieu duquel ils pourraient hurler « à bas les capitalistes ». Ce n’est pas du tout ça, mon film. Je ne supporte pas les films pédagogiques qui te disent ce qui est correct ou non, ce qu’il faut faire ou ne pas faire, qui s’assurent que tu comprends bien… Ce sont des films mous, de bons élèves.

Diriez-vous que Le Policier est un film politique ?

Le Policier est un film ultra-politique ou pas politique du tout, comme on voudra. En politique, on distingue de manière artificielle ce qui est important et ce qui est marginal. Par exemple : on n’aime pas les expressions du visage de François Hollande, on a l’impression que ce type est étrange, mais on s’en fout parce c’est important de faire tomber Sarkozy, alors on va écouter son discours et l’aimer. Le cinéma est ce qui entre dix minutes avant le discours de François Hollande et dix minutes après. Il mélange le tout, parce que dans la réalité ce « tout » existe. Il ne distingue pas l’idée et la vie qui l’englobe. Quand Yaron, le policier, danse à moitié nu en face de sa femme, c’est un acte aussi politique que celui de Shira qui lit un manifeste, parce que ce faisant elle regarde le visage du jeune homme qu’elle désire et qui est couché sur ses genoux. La vie mêle indistinctement le personnel et le politique, le sexuel et l’idéologique, l’émotionnel, etc., a fortiori dans un pays comme Israël : lorsque tu vas à l’armée à l’âge de 18 ans, tu es rempli d’énergie sexuelle. Tu es au service d’une idéologie, de valeurs, mais également de certains désirs… tout se mélange d’une manière absolue. Comme ces soldats qui rentrent d’un week-end chez eux où ils ont fait la fête, ont rencontré une fille, ont couché avec quelqu’un… et continuent d’y penser alors qu’ils sont désormais au check-point pour y arrêter des Palestiniens. Les mélanges sont pervers, horribles souvent ; mais l’homogénéité est une simplification mensongère des choses.

Contrairement à ce que laisse attendre le titre, votre film n’a pas de héros, ni même plusieurs héros, car tous vos personnages ont quelque chose de décevant.

Je n’ai pas voulu qu’on s’identifie à eux. Pendant la première partie du film, les spectateurs ressentent pour Yaron, le policier, de l’affection parce qu’il est attachant ; mais en même temps il est violent, raciste, macho, etc. Et puis arrivent les jeunes révolutionnaires. Ils sont beaux, ils disent des choses auxquelles tout le monde croit… les spectateurs se disent : voilà les protagonistes auxquels on peut s’identifier ! Mais le film continue, et on se demande : pourquoi ne sont-ils pas plus mûrs, plus intelligents, pourquoi sont-ils enfantins, bourgeois, détachés de la réalité ? Je conçois ainsi mes personnages non seulement parce que c’est ainsi que les gens sont dans la réalité (ils ont des défauts) mais également parce que si on essaie de comprendre la société, on se rend compte que son immobilité vient des défauts et des gardiens de l’ordre, et de ceux qui le contestent. Ce n’est pas pour autant une raison de ne pas les aimer. C’est comme dans une relation amoureuse : la personne aimée devient plus humaine à mesure qu’on connaît ses faiblesses, qu’on traverse la rivière des défauts et des déceptions.

Les personnages, de classes sociales très différentes, ont tous en commun l’inconscience des réalités extérieures.

Je pense que cet état d’inconscience qui les caractérise est quelque chose de vrai, de très authentique. Pour Yaron, la seule manière de survivre d’un homme qui vit son existence (masser sa femme enceinte le jour et tuer des gens la nuit, un jour après l’autre, une année après l’autre) ne peut être que dans le défoulement – plus que ça, c’est n’être que dans le corps, ne jamais réfléchir. Tous les moments où il est seul, il se jette sur l’entraînement physique. L’ascenseur, pour lui, c’est dangereux : c’est vingt-cinq secondes avec lui-même, donc il se met à faire des tractions. Il parvient par cette inconscience à un certain idéal de vie : il est beau, génial à ce qu’il fait, il a de bons amis qui l’aiment et qu’il aime, il a une femme, il va être père… Les membres du groupe radical sont eux aussi ignorants du reste du monde : ils disent qu’il faut tuer les riches, mais ils le disent dans un salon luxueux, avec des fenêtres fermées qui bloquent tout son venu de l’extérieur. Cette ignorance est cependant ce qui leur permet de passer à l’action. Moi, j’ai plus ou moins partagé leurs opinions mais je n’aurais jamais fait quoi que ce soit parce que je suis soi-disant mûr, raisonnable, donc je sais que ça ne mènera à rien, que la « puissance du déroulement des choses », etc… Ce ne sont pas des gens comme moi qui font des révolutions, mais ceux qui précisément ont une forme d’autisme, de détachement, quelque chose d’enfantin qui leur donne la capacité de nier l’humanité d’une partie de la société, d’être froids, violents parfois, et de ne pas être trop complexes. Car la complexité est quelque chose qui paralyse.

C’est cette complexité du regard que vous portez sur les groupes sociaux qui a dû gêner les manifestants qui ont vu votre film : il faut pouvoir diaboliser l’adversaire pour entrer en lutte avec lui.

Oui. Je n’aime pas qu’on parle d’un personnage fictif comme s’il existait, mais j’imagine que Shira, la révolutionnaire du film, n’aurait pas aimé Le Policier. Elle vit dans une sorte de chemin rectiligne vers son but.

Le Policier met en présence les trois éléments de toute révolution : l’élite sociale d’un côté, ceux qui la contestent de l’autre, et entre les deux, les policiers, c’est-à-dire l’élément-clé. On l’a vu lors du printemps arabe : c’est lorsque les policiers rejoignent le camp de l’insurrection qu’a lieu le changement.


C’est en effet lorsque la distance entre les deux tombe que les régimes s’écroulent et que les choses changent. Et on sait que c’est chose rare dans les pays occidentaux (ou plus ou moins occidentaux, dans le cas d’Israël) parce que la classe modèle la manière de vivre, jusqu’aux détails les plus petits. Jusque dans la manière de masser sa femme, Yaron reste un policier d’élite. C’est pour cela que je voulais montrer un « assassin au nom du pays » dans sa vie quotidienne, à la manière dont il joue avec ses potes le dimanche… L’existence est une cellule et les gens sont incapables, ne serait-ce que pour une seconde, d’en sortir. La même limite se retrouve au sein du groupe révolutionnaire, emprisonné dans sa rhétorique, impeccable si tant est qu’on ne regarde pas à l’extérieur. Selon leur logique, ils ont à 200 % raison.

Le scénario du Policier est relativement simple : trois groupes, leur rencontre.

Oui, et on connaît d’emblée le résultat : c’est comme une fourmi qui se bat contre un éléphant. Rien d’étonnant ne se passera. Les radicaux aspirent à changer le cours de l’histoire humaine… peut-être parviendront-ils à changer la conscience d’une seule personne. C’est ce que le plan final laisse imaginer. Le film reste ouvert et ce n’est plus à moi de décider, mais à mon avis Yaron, à la fin, n’a pas vraiment compris ce que disaient les révolutionnaires. Il n’est pas en train de réfléchir aux manifestes marxistes et à la lutte des classes, pas du tout. Mais il s’est mis en « état de doute » et pour lui c’est gigantesque car toute son existence est fondée sur une série de rites – et ce qui caractérise les rites est que lorsqu’ils deviennent habituels, on n’a plus à réfléchir. Or là, quelque chose n’est pas clair, qui lui vient du visage de Shira, du fait qu’il n’a pas vu son visage avant, parce que sur la photo elle s’était cachée : pour la première fois, il regarde le visage de la personne qu’il vient de tuer. Je pense que c’est Lévinas qui a dit que le regard est le lien humain le plus basique… Dans ce regard de Yaron, il y a quelque chose que je ne peux pas préciser ; simplement, quelque chose le dérange dans ce visage-là. On peut dire : il était habitué à tuer des Palestiniens et là il tue une Juive, il était habitué à tuer des hommes, et là c’est une jeune femme, elle est belle, il va avoir une fille… on peut supposer beaucoup de choses…

En Israël, il arrive que des soldats donnent des conférences pour raconter comment, lors de leur service militaire, en territoire la plupart du temps, ils ont compris que quelque chose n’allait pas. Il s’agit d’habitude de soldats très engagés à l’origine, de bons soldats qui ont soudain pris conscience, et souvent par de petites choses. Le public est frustré alors. C’est un public persuadé d’emblée et qui veut entendre ces soldats dire « on a compris », etc. Mais eux – surtout au départ, avant d’être habitués à parler à un public – disent : « on est entrés dans cette maison comme on est entrés dans quinze mille autres et il y avait une personne assise sur le canapé, et il y avait quelque chose de bizarre dans cette personne… on ne savait pourquoi ça nous mettait mal à l’aise… » Alors les gens demandent : « mais vous avez compris qu’il s’agissait d’un Palestinien occupé ! » Et les soldats disent : « oui, peut-être… mais c’est plutôt le truc… Comment il était assis sur le canapé… » La réflexion commence par un malaise, qui peut être déclenchée par toutes sortes de choses. Quant à savoir ce que deviendra Yaron… j’imagine qu’il redeviendra policier. Il est trop ancré dans son existence, et ce doute est trop fort.

D’où est venue votre idée de scénario ? Est-ce que vous sentiez une ébullition sociale en 2006 ?

Non, je ne sentais rien de tel. En fait, le film a commencé à me trotter dans la tête en 2005, alors que j’étais aux Berlinales avec un court-métrage. J’ai eu une journée off et quelqu’un m’a recommandé une expo sur les aspects esthétiques de la terreur politique. C’était consacré à la Bande à Baader. Sur les murs étaient exposés des milliers de manifestes. Je me suis mis à les lire et à réfléchir à cette forme d’expression. Le manifeste est une forme très claire, basique et puissante. Je me suis demandé ce que les rédacteurs avaient pensé une seconde avant de déclarer ce manifeste : étaient-ils aussi sûrs dans leur vie que leurs mots ? Je me suis rendu compte ensuite qu’on aurait très bien pu remplacer la date et le lieu, de Berlin 1967 ou 68 à Tel Aviv 2005 (aujourd’hui, c’est même pire) et garder tels quels tous ces manifestes qui fustigeaient les inégalités. Et pourtant, rien n’était fait en Israël, parce que nous jouons ce jeu de masques de la cohésion israélienne, parce que la lutte de l’intérieur signifierait l’impossibilité d’Israël et que toute la violence est extériorisée. C’est alors que je me suis mis à écrire quelque chose sur le groupe révolutionnaire. Une fois fini, je me suis demandé : après qu’ils ont fait tout ça, viendra le policier. Alors je me suis mis à imaginer le policier, comment il était assis chez lui avec sa femme, à quoi ressemble son appartement… Il déjeune, son bipper sonne, il va là-bas, tue tout le monde et revient chez lui. Du coup, c’est lui qui s’est mis à m’intéresser le plus. Il était juste censé intervenir à un moment précis, mais je me suis dit que c’était lui, précisément, la clé. Ca fait des années que j’observe les policiers lors des manifestations parce que je trouve que c’est un mélange puissant, d’être à la fois une personne privée et l’ordre, le pays incarnés. En plus, cette histoire du policier m’a permis de faire le lien avec quelque chose qui me fascine depuis toujours : la virilité israélienne. Etre un homme. Etre un homme en Israël. Chez nous, on ne peut pas imaginer un homme israélien qui ne soit pas soldat. La virilité israélienne passe par le champ de bataille, et encore une fois ça produit ce mélange étrange, pervers mais très vrai pour nous entre idéologique, politique, corporel, sexuel…

Je me sens hyper Israélien. Certaines années, j’essaie de m’enfuir d’Israël, en partant vivre à Paris ou ailleurs, et je me dis toujours qu’un jour je ne vivrai plus en Israël ; mais en même temps je me dis que je continuerai à y vivre tant que ce sera possible. Et j’essaie de comprendre qui sont ces Israéliens, quel est ce pays créé en plein désert par l’Occident, etc… selon moi, l’élément-clé de cette société est la virilité. Il y a beaucoup de femmes en Israël, et des femmes très importantes, mais elles sont toujours en état de réaction par rapport à ce phénomène de virilité, elles sont pour ou contre.

Le Policier évoque la question palestinienne pour tout de suite l’évacuer.

Je participe aux manifestations contre le mur de séparation. Toutes les une ou deux semaines, nous allons dans les villages palestiniens et manifestons avec les villageois. Nous sommes de « bons israéliens », ceux qui appartiennent aux milieux artistiques, intellectuels, qui mènent une existence cool à Tel Aviv. En face de nous, il y a les soldats., qui presque toujours appartiennent aux couches sociales les plus populaires d’Israël. Ils sont là pour servir ce projet affreux – un projet avant tout immobilier, car la construction du mur a été décidée aussi afin que des entrepreneurs israéliens confisquent des terrains palestiniens et s’enrichissent. Quand nous manifestons, parfois un type prend le mégaphone et dit aux soldats : « vous savez, quand vous aurez fini l’armée, vous ou vos amis travaillerez pour ces entrepreneurs-là et ils vous sous-paieront ». Mais ça ne mène à rien : celui qui parle est un intello tel-avivien, et les soldats ne veulent pas l’écouter. Clairement, la question palestinienne est une manière très efficace qu’utilise le gouvernement pour faire sortir la violence, surtout celle des gens qui ont le plus besoin de s’identifier au pays ou de progresser en son sein. Pour nous, c’est facile, nous sommes sophistiqués, nous pouvons cracher sur le pays puisque nous ne dépendons pas de lui. Le film évoque la question palestinienne un instant pour tout de suite la balayer, oui. C’est horrible mais ça représente l’état d’esprit des Israéliens. Depuis la France, on peut avoir l’impression que les gens en Israël passent leur temps à débattre de la question : pour ou contre un pays palestinien ? le méritent-ils ou pas ? Mon expérience de la société israélienne est que cette question palestinienne ennuie les gens. Ca fait des années qu’ils en entendent parler et ils s’en foutent. Ca les ennuie. Et puis comme dit le policier dans le film, les Palestiniens sont des « fils de pute », ils sont l’Ennemi, point. Un Palestinien, s’il n’est pas un terroriste, le deviendra sûrement dans un mois. Si ce n’est pas lui, c’est son frère, si ce n’est pas son frère, c’est son père. Pourquoi recommencer à plonger dans des détails ennuyeux ? Lorsque le policier dit en voyant la photo du terroriste « ce fils de pute n’est pas Palestinien ! », il condense en une phrase l’idéologie politique dominante : l’ennemi est Palestinien et ne peut qu’être Palestinien. Qu’il y en ait à l’intérieur est un étonnement. La question palestinienne est donc tout le temps à l’arrière-plan du film : les policiers mènent leur vie dans cette lutte mythologique, qui ne se terminera jamais, contre l’Ennemi, car il faut absolument en avoir un. Et l’Ennemi, ils le voient partout : il est ce type arabe qui en se garant risque de rayer leur voiture…

Comment avez-vous conçu le personnage du policier, Yaron ?

Pour préparer l’acteur principal au film, je l’ai envoyé faire de la boxe pendant trois ans pour qu’il fréquente des « mecs ». J’ai moi aussi rejoint pendant un temps ce club de boxe (aujourd’hui je n’arrive pas à croire que j’ai pu participer à ça pendant deux ans et demi…). Au départ de l’écriture du film, je ne voulais pas faire de recherches. Je voulais écrire sur cette figure mythique du policier assassin. Ca ne m’intéressait pas trop, le vrai. Mais après six ou huit mois de tournage, au club de boxe, nous avons rencontré un type qui est vraiment, vraiment Yaron. Membre de cette unité anti-terroriste, âgé de trente-sept ans, donc déjà un ancien, un héros légendaire de cette unité. Il venait d’avoir un bébé. Je ne veux pas m’imaginer combien de personnes il a tué dans sa vie. Au début, il était très méfiant. Peu à peu, je l’ai persuadé de guider le comédien principal. Je lui ai dit que si j’avais le choix entre l’accompagner à une opération secrète et être à un mariage de l’unité, je préfèrerais la cérémonie de mariage. Il n’avait pas une goutte de sens de l’humour et m’a dit : « c’est dommage, je me suis marié il y a un an ». Je lui ai demandé comment c’était. Il m’a répondu : « tu sais, le mariage, c’est bien, on s’amuse et c’est très rare que ça ne se termine pas par quelques blessés. On joue et ça se termine à l’hôpital. C’est bien ! ».

Comme Yaron et ses amis qui se retrouvent le dimanche pour se jeter les uns contre les autres dans le jardin…

Oui ! J’ai eu peur qu’il n’aime pas l’image des policiers que donnait le film. Et en fait, pour lui, le film était génial. A ses yeux, c’est un film sur les policiers. Bon, il aurait aimé qu’il y ait plus de scènes de violences, des scènes en moto, il trouvait ça un peu lent ; mais les policiers du film utilisaient les bonnes armes et c’était important (il était obsédé par cette question). Et puis ça finit comme il veut… Et les policiers ne parlent pas trop, il trouvait ça bien : il ne faut pas trop parler… Il n’était pas du tout idiot, mais il était automatique.

Un jour, on était assis à un café. D’habitude il était seul la journée, et tout à coup il a reçu l’annonce qu’il devait se rendre quelque part. Pendant quelques secondes, son visage s’est illuminé. Un peu comme Yaron qui reçoit le coup de fil de ses amis et lève sa mère en l’air. Il m’a dit « il faut que je me casse » en souriant, il a jeté un regard dragueur à la serveuse… il était rempli d’énergie. Je peux le comprendre : j’ai grandi dans une famille intello, artiste, on m’a pleinement inculqué la conscience de l’horreur de ce qui se passe, et cependant mon plus grand rêve était qu’il y ait une guerre. Je voulais être un héros. A l’armée, il y a des moments où tu passes trois à quatre heures, chaque jour, dans un poste de garde, et on te dit : « en face de toi, il y a la route. Tant que les voitures vont tout droit, c’est bon. Dès lors qu’une voiture tourne dans ta direction, c’est une voiture explosive. Alors tu dis : arrêtez ; arrêtez ou je tire ; et tu tires. » Très rapidement, tu en arrives au moment où tu vois une voiture et où tu te dis : « ah, pourvu qu’elle tourne, pourvu qu’elle tourne ! ». L’ennui te bouffe l’âme, tu as envie que quelque chose se passe ; et puis on t’a appris à tirer, alors pourquoi tirer seulement sur des images en carton ? C’est comme apprendre pendant des années comment faire des films et ne jamais tenir une caméra. Les gens ne peuvent pas résister à des systèmes si efficaces. Lorsqu’une sirène retentit au milieu de la nuit, qu’on se rue à l’extérieur et qu’on se met à tirer, ce sont des moments… extatiques. Le sentiment le plus proche doit être de marquer un but dans un match important de foot.

Diriez-vous que votre film est pacifiste ?

Dans le film, les groupes sont très différents mais ils ont quelque chose en commun : l’admiration de la violence. Policiers et révolutionnaires ont le même fétichisme des armes. Et les deux obéissent à des rituels, à une mise en scène. Les radicaux ne font pas vraiment une révolution, mais une mise en scène de révolution. Ils essaient d’en recréer l’image classique. De même qu’au mariage, il y a une scène de photos de famille, après la prise d’otage l’obsession du chef des révolutionnaires est de préparer le groupe à l’arrivée des photographes : toi tu seras ici, toi ici… On a l’impression qu’ils ont vu des photos d’Al Qaida et essaient de faire la même chose.

On peut dire que mon film dénonce ce fétichisme de la violence, mais je ne pense pas qu’il soit pacifiste pour autant. La violence ne s’arrête pas aux armes. La vie est violente, jusque pour le violoniste dans la rue qui en subit l’agression quotidienne. En Israël, on m’a demandé comment je me sentirais si quelqu’un enlevait un milliardaire après avoir vu mon film. Je ne savais pas quoi répondre. Je saurai le jour où ça aura lieu, j’imagine. Je ne suis pas pour cette violence, mais en même temps il y a des gens qui méritent d’être kidnappés. On ne sait pas si ça sert à quelque chose, mais…

Quel est votre prochain projet ?

J’ai plus ou moins terminé le scénario de mon prochain film. Ca s’appellera The Kindergarden Teacher (« la maîtresse d’école »). La relation d’une maîtresse et d’un enfant de cinq ans... Thématiquement, ce sera sur la place de la poésie dans le monde, c’est-à-dire : est-ce que la poésie a encore une place dans notre univers, peut-elle exister dans un monde qui ne respecte plus les poètes, ne les écoute plus, ne les aime plus. Je pense avoir terminé l’écriture, et nous commençons le financement dans un mois. J’espère que ce sera simple grâce au succès du Policier. Je voudrais tourner fin août à Tel Aviv.

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Message par Eyquem Ven 6 Avr 2012 - 23:28

Non mais Critikat, des fois, on se demande avec quoi ils saupoudrent leur pop-corn:

Yaron est en effet membre d’un groupe de policiers d’élite qui appartient à une unité anti-terroriste israélienne. Alors qu’il pourrait devenir père d’une seconde à l’autre, une mission l’amène à rencontrer un groupuscule politique singulier, extrêmement jeune et radical, dirigé d’une main de fer par la jeune Shira.

Ces deux personnages suivent des trajectoires bien distinctes qui révèlent deux types de rapports à la violence. L’un tente de la pacifier, l’autre emploie toute son énergie à l’imposer.
La lutte anti-terroriste, une oeuvre de pacification ?
lol
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Message par Invité Sam 7 Avr 2012 - 7:59

j'ai envie d'aller le voir et à la fois quelque chose me retient : existe-t'il une bonne raison pour le faire ?

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Message par Eyquem Sam 7 Avr 2012 - 11:25

Une bonne raison ? Je dirais que c'est un film intéressant, même si je le sens moyen, sur le fond.


Par certains côtés, le film fait penser à "Mystic River" :
- la femme du flic y joue le même rôle que la femme de Sean Penn dans le Eastwood : c'est elle qui coupe court à toute interrogation, qui décide qui doit être sacrifié pour que tout demeure comme avant, à sa place.
(faut savoir en plus qu'elle délivre ses arrêts de vie et de mort, affalée sur le canapé du salon, tandis que son mari est en train de lui masser les cuisses : ça rend la scène d'autant plus terrifiante. Déjà dans Mystic River, la scène où la femme de Sean Penn le couronnait roi de la ville, ça se passait dans l'intimité de la chambre conjugale, sur le lit, au milieu des caresses.)

- dans les deux, la politique se comprend comme une affaire de famille. Les lieux de décision et de pouvoir (chefs de la police et de l'Etat) sont totalement absents du film, si bien qu'on a l'impression que les flics travaillent pour leur compte et tuent des terroristes seulement pour protéger leur maison : quand ils s'y retrouvent le week-end, avec leurs femmes et leurs enfants, pour faire des barbecues, la maison de famille a tout d'un camp retranché, d'un camp militaire ; entre deux orangeades, on se bat entre hommes, pour tenir la forme, se mesurer les uns aux autres, sous le regard des femmes.
(Les Palestiniens comptent pour rien aux yeux des flics justement parce qu'ils sont des sans-famille : ils n'ont pas de père, rien qui les rattache à rien; à chaque fois que les flics parlent d'eux, ils disent "ces fils de pute de Palestiniens")

Tout obéit à une logique de corps, au sens concret et au sens abstrait du mot:
- le corps, c'est l'arme principale des flics : ils passent leur temps à faire du sport ; il faut être le plus fort, le plus beau ; et même, c'est la force qui les rend beaux (comme le suggère la scène de bagarre dont je parle au-dessus, ou bien une scène de rentre-dedans au bar, où le flic drague une mineure, en montrant ses gros bras et son flingue).
- le corps, c'est aussi le groupe soudé que forment les flics et leur famille : il fonctionne organiquement, chacun doit se soumettre à sa cohésion vitale, donner des preuves constantes de sa sujétion. C'est ce que montrent toutes les scènes avec le flic malade. Parce qu'il est condamné par un cancer, le groupe en profite pour le charger de toutes les saloperies qu'ils ont commises ensemble (il est notamment question de deux Palestiniens, un vieil homme et un enfant, abattus lors d'une opération "antiterroriste" : pour que les flics ne soient pas inquiétés, ils décident collectivement que c'est le flic malade qui assumera la responsabilité de cette "bavure" : le flic malade devient ainsi le bouc-émissaire qu'on sacrifie, pour maintenir la santé et l'unité du reste du corps.)

La recherche et l'élimination du bouc-émissaire, c'était déjà le sujet de Mystic River : là aussi, il s'agissait de trouver et d'expulser celui qui hantait le groupe, celui qui tenait une position intermédiaire dans le groupe, à moitié dedans, à moitié dehors - et la santé du groupe consistait à remettre le dedans dedans et le dehors dehors en se débarrassant de Dave, l'enfant coupable-innocent, le mi-vivant mi-mort, le fantôme du groupe.

Là-dessus, une scène glaçante dans Le Policier, c'est celle sur la plage : on voit les flics faire une blague au flic malade ; ils le prennent par les bras et par les pieds et le foutent à l'eau, comme on fait quand on est gosse. Sauf qu'une fois à la mer, Yaron (le flic qui tient le premier rôle) enfonce la tête de son collègue sous l'eau à plusieurs reprises ; on se demande si l'autre, déjà très faible, ne va pas mourir sur place. Ca commence comme une scène de jeu, et ça se termine sur l'expression d'un désir de mort : c'est une scène de jeu filmée comme une scène de meurtre: le malade est "en trop" : lui tenir la tête sous l'eau, c'est moins le signe qu'il fait encore partie de l'équipe qu'un moyen de le remettre à sa place, de le soumettre, pour lui rappeler que sa vie et sa mort ne lui appartiennent pas mais qu'elles leur appartiennent, à eux, les forts.

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Le policier (N.Lapid) Empty Re: Le policier (N.Lapid)

Message par Eyquem Sam 7 Avr 2012 - 12:37

salut Independencia,
Independencia : La coupure entre les deux segments s’opère sans transition. Comment s’est t-elle organisée dans l’écriture et le montage ?

N.L. : Le scénario était écrit tel qu’il est agencé dans le film. Ma décision a été instinctive. Faire un montage parallèle aurait focalisé le choix sur la narration. La rencontre des deux groupes est la chose la plus naturelle : le rôle du policier est de réprimer ce qui est contraire à la loi, et c’est le sort du révolutionnaire d’affronter à un moment ou un autre le policier. La tragédie est qu’ils ne font pas un chemin l’un vers l’autre. Je pensais que rien ne pouvait les rassembler, surtout pas le montage parallèle. Même le système avide ne peut les réunir. Il ne leur permet pas de sortir de cette cellule et d’aller l’un vers l’autre. C’est dans ce sens-là que le montage parallèle aurait été artificiel et peu intéressant. La construction par cette dialectique met l’accent sur un blocage : chacun est emprisonné dans sa partie de cinéma avec ses gestes et son existence.

http://www.independencia.fr/revue/spip.php?article528
certes, le système est avide ; mais à mon avis, Lapid parlait plutôt du système AVID, le logiciel de montage que connaissent même ceux qui n'y connaissent rien en logiciel de montage...
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Message par Largo Sam 7 Avr 2012 - 14:14

Yep, vu le film aussi. "glaçant" est vraiment l'adjectif le plus juste pour le qualifier.

Eyquem, ta lecture de "l'esprit de corps" est très juste. Enfin bon, as usual. J'ai pas grand chose à rajouter, si ce n'est qu'on retrouve cette vigilance à l'égard du corps faible/malade du côté des jeunes. Ils sont prêts à éliminer l'un de leurs membres au moindre doute sur sa loyauté, sa capacité à aller jusqu'au bout.

Sinon, Critikat est à côté de la plaque aussi là-dessus : "dirigé d’une main de fer par la jeune Shira."

Faut quand même pas avoir un master en théorie du cinéma pour voir que la jeune Shira n'est pas le chef du groupe. Au contraire, elle vit dans la fascination amoureuse et le respect du mannequin Hugo Boss qui leur sert de leader.

Le jeu d'écho entre les deux groupes (policiers/révolutionnaires) est très bien construit je trouve. La première scène de la deuxième partie, quand les révolutionnaires tirent sur l'arbre, on s'imagine vraiment qu'il s'agit de flics.

On pourrait comparer la jeunesse engagée de Low Life à celle du Policier. Klotz/Perceval s'inscrivent dans la tradition garrelienne d'une jeunesse dandy qui entremêle art/amour/politique. L'art est complètement évacué dans Le Policier. Il y a cette scène, quand Shira écrit le discours, le chef lui dit "c'est bien mais c'est encore trop poétique".
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Message par Eyquem Sam 7 Avr 2012 - 16:04

salut Largo,
L'art est complètement évacué dans Le Policier. Il y a cette scène, quand Shira écrit le discours, le chef lui dit "c'est bien mais c'est encore trop poétique".
Tu oublies la scène où le jeune type joue du violon dans la rue.

L'art est évacué sans doute mais pas au sens où il est absent, ignoré. Le portrait qui est fait des jeunes révolutionnaires, c'est justement celui de jeunes artistes qui ne se satisfont plus de l'art, de sa prétendue inutilité, inefficacité, de son incapacité à changer la vie. S'ils passent à l'action, écrivent des discours radicaux, c'est parce qu'ils ont été touchés par l'art, par la poésie.
De là la scène de rue, avec le violoniste. Ou la scène que tu cites, où ils essaient d'écrire leur discours en refoulant la poésie, qui pourtant les a inspirés.
Ou encore la scène de la boîte de nuit : la jeune fille rembarre le type qui essaie de la draguer, au motif que c'est un beau parleur, un poète, et elle une femme d'action, avec un flingue dans son sac à main. En arrière plan, il y a un chanteur qui psalmodie : "Les Israéliennes vont sur Mars, pour s'amuser", quelque chose dans ce genre. Je me suis dit que Shira aurait dû suivre son conseil. lol
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Message par Largo Sam 7 Avr 2012 - 16:08

Ah oui exact. J'avais oublié la scène du violon. Celle de la boîte avec ce chanteur déglingué est vraiment très bizarre. Elle détonne pas mal au milieu du film, j'ai pas trop aimé...
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Message par Invité Sam 7 Avr 2012 - 16:45

c'est toujours indécidé - c'est mon problème !!

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Message par Eyquem Sam 7 Avr 2012 - 20:12

Largo a écrit:Ah oui exact. J'avais oublié la scène du violon.
Elle met mal à l'aise.
Voilà ce que le cinéaste en dit :

Independencia : Une scène est cruelle et ambigüe à la fois : un des membres du groupe terroriste emprunte un violon à un homme qui fait la manche pour jouer une musique accordée et juste. Finalement, ils ont eux aussi une idée personnelle du beau et de la lutte des classes.

N.L. : Ils sont coupés des prolétaires dont ils parlent. Ils lisent le manifeste dans un endroit luxueux et moderne, isolé de tout derrière une grande baie vitrée. La présentation du collectif se situe dans un paysage désertique typiquement israélien, où ils tirent des coups de feu sur un arbre. Ce décor est un peu l’image que les israéliens perçoivent de leur pays : un arbre au milieu du désert. Leur détachement de la réalité leur permet de provoquer le concept israélien de la fausse cohésion, mais pas d’influencer la réalité. Même s’ils ont beau hurler aux policiers qu’ils ne sont pas leurs ennemis. La scène du violoniste tente de faire vivre la complexité des relations entre les révolutionnaires bourgeois qui veulent sauver les exploités, et les exploités qui ne voudraient pas forcément être sauvés, du moins peut-être pas par eux. Les passants se moquent du violoniste, sauf eux, qui y sont sensibles. Ils voient l’humiliation de celui à qui on jette de temps en temps un regard ou une pièce. Ils « révolutionnent » la situation. Mais comment ? Ils prennent le violon et jouent à sa place, mieux que lui. Ils désarment donc cet homme de son seul outil de travail. Que va t-il pouvoir faire ensuite ? Ces relations sont remplies de malentendus, de fausses démarches entre les révolutionnaires de la bourgeoisie et le prolétariat.
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Message par Largo Lun 9 Avr 2012 - 10:13

Hello Eyquem,

Thomas Fioretti qui a fait l'entretien pour Independencia voulait réagir à un point de l'entretien que tu cites mais apparemment il arrivait pas à s'inscrire (bizarre) :

Donc c'était sur ce point : "seul le système avidE peut les réunir."

Thomas Fioretti a dit :

en fait, contrairement à ce qu'il pense je sais ce qu'est le logiciel Avid (j'ai été assistant monteur). Mais je trouvais la coquille jolie

alors j'ai laissé l'ambiguité
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Message par Borges Lun 9 Avr 2012 - 11:40

il fallait bien rétablir la vérité; on voit où le mec place son petit narcissisme, son petit égo : il sait ce qu'est Avid, tout le reste, il peut l'ignorer, l'honneur critique est sauf

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Message par Invité Lun 9 Avr 2012 - 20:31

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ça n'a pas l'air quand même très sympathique !

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Message par Invité Mar 17 Avr 2012 - 23:24

mais que veut dire ce film à part ce qu'il montre : la violence réprimée par la violence. merci on a la même à la maison.
et s'il faut passer, pour théâtraliser un peu les sentiments mélangés des "bébés tueurs ", par les emprunts au cinéma de Godard où de Fassbinder, merci on a les originaux.

le plan le plus bête : quand le chef "fascinant" des jeunes terroristes après avoir reçu dans le couloir l'hommage de la fille, d'une froideur fassbindérienne justement, entre à nouveau sur le théâtre des opérations il se rajuste et prend sa respiration pour entrer en scène. Le mannequin "Hugo Boss" comme disait fort justement Largo. Médusant.

A force de resserrer ce qu'il y a à dire le film finit par n'avoir qu'un discours creux. C'est un nouvelle sur bande auditive de 30' gonflée (pas tellement) à deux heures.

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Message par Invité Mar 17 Avr 2012 - 23:30

en revanche beaucoup à dire notamment sur la forme du film, ce qui prouve qu'il n'y a guère à en dire d'intéressant.

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Message par Invité Mar 17 Avr 2012 - 23:34

encore une question : où est passée la sexualité ?
doit on comprendre qu'un film israélien la rejette hors champ ?

parce que ça a l'air l'être un film israélien pour les israélien dont je déduis que ce qui n'est pas montré est tabou

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Message par Invité Mar 17 Avr 2012 - 23:37

un moment donné je crois la fille " froide " dit la sexualité ça n'est pas subversif. Qu'est-ce qui est subversif ? le suicide romantique auquel leur a promis "Hogo Boss" ( qui entre nous soit dit est une ordure au moins aussi pire que le flic ).

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Message par Invité Mar 17 Avr 2012 - 23:44

la où le film a sérieusement commencer à me déplaire c'est à la scène de mariage quand il a falu faire appel à toute la bimbeloterie du cinéma, mettre dans le champ le photographe de plateau plus un caméraman. Je me suis dit il a recours au moyens du cinéma qu'il met dans le champ il ne sait pas faire. pas raté.
Quand ensuite il amène dans la cuisine minable du palace ( ben oui il faut que le lieu soit pauvre ) une partie des invités en une espèce de "farandole" désordonnée en ombre chinoise devant les baies vitrées à la Godard. Là je me suis suis dit on ira pas plus bas.

mais si on a été plus bas : l'assaut !

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Message par Invité Mar 17 Avr 2012 - 23:47

ah il y a aussi celle qui veut lire son texte et qui s'en protège le visage comme le petit soldat.

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Message par Invité Mar 17 Avr 2012 - 23:49

de toutes façons mon avis et que les deux parties auraient du être inversées cela aurait évité ce retour in extremis détestable du hors champ
( les policiers ).

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Message par Invité Mer 18 Avr 2012 - 0:02

pour un film politique, c'est plutôt genre roman feuilleton !

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Message par Invité Jeu 19 Avr 2012 - 11:01

je trouve que Lapid crée une tension maîtrisée sur la première partie mais que tout se relâche dans la deuxième.

Il a déroulé dans un premier temps une forme qui colle à son sujet.
je ne retiens de la deuxième partie que des effets, sans liant ni fil directeur.

c'était sans doute plus difficile et l'on sent la caméra tournoyer sans bien comprendre toujours où elle se pose, ici plutôt que là alors que la première partie est filmée résolument frontalement.

on lui en sait gré d'où une certaine interrogation sur l'opportunité du diptyque : pourquoi ce parti-pris de rendre compte des deux groupes de façon opposée et puis l'invalider par une fin qui gomme la différence entre eux ?

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Message par Invité Jeu 19 Avr 2012 - 11:33

le sujet du film semble être qui dans un groupe ( policiers, terroristes ) peut porter par son charisme la violence alors que la paternité biologique fait contrepoint.

j'ai un peu le sentiment d'Eyquem c'est à moitié réussi et à moitié raté.

en Israël je ne sais pas comment il a été accueilli.

la chaleur est aussi un thème capital du film.

le personnage de la jeune fille est glaçant - mais au fond elle ressemble au chef des flics.

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Message par Largo Jeu 19 Avr 2012 - 13:19

Il y a un papier des Cahiers sur l'accueil du film en Israël. Wink
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Message par Invité Jeu 19 Avr 2012 - 19:05

le réalisateur semble se plaindre de l'accueil public ... oui mais ...
après coup je prends conscience que le film est construit comme Les palmiers sauvages de Faulkner, comme deux nouvelles accolées un peu arbitrairement mais qui aboutissent au même constat, à travers cette idée terrible que le policier pourrait être le père putatif de la fille cashère, et que finalement il sont pareils.

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