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Safe (Haynes) : "I hate you / I love you"

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Message par Eyquem Mer 21 Mar 2012 - 16:00

Je mettrais ce film dans un top 100.

Par où commencer ?
Par quelques captures tiens : maintenant que je peux en faire en un clin d'oeil, je pourrais me contenter de mettre des images, au lieu d'en parler...

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Message par Eyquem Mer 21 Mar 2012 - 16:14

"I HATE YOU"

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"I LOVE YOU"

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Message par DB Mer 12 Sep 2012 - 14:06

Salut Sebastien, je viens de voir Safe qui n'est pas si facilement visible (comme d'autres de Haynes, curieusement).

Une chose à laquelle j'ai été très sensible au tout début du film, c'est le rapport à Mulholland Drive (qui se déroule aussi aux alentours de Los Angelesà. On suit une sorte de voiture tombeau grimper les routes sinueuses faites de virages très secs. Puis une musique synthétique très froide, très distante. On ne sent pas très bien.

C'est très oppressant comme film, parce qu'au fond le problème de Carol c'est qu'elle n'aime rien, qu'elle est incapable d'amour. J'ai trouvé ça terrifiant, on dirait que tout ce dont est capable Carol c'est le rien, tout sauf la vie.

L'affiche originale c'est ça :Safe (Haynes) : "I hate you / I love you" Safe1

On pourrait croire à une invasion extraterrestre ou à un film fantastique (un complot avec menace biologique) et parfois, à certains endroits du film, on est en droit de ressentir cela. je pense à la thérapie de groupe, les phobiques allongée sur l'herbe. Du point de vue de Carol, très lentement on entend des sons qui n'appartiennent pas à la scène, puis une sirène, le point de vue en hauteur sur Carol devient de biais, les femmes se lèvent les unes après les autres la provenance de ce son.
Contre-champs (enfin) mais toujours du point de vue de l'herbe, on est très loin de l'action qui produit le son toutefois le malaise est là.
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Message par Eyquem Mer 12 Sep 2012 - 22:27

Hello DB,
C'est très oppressant comme film, parce qu'au fond le problème de Carol c'est qu'elle n'aime rien, qu'elle est incapable d'amour. J'ai trouvé ça terrifiant, on dirait que tout ce dont est capable Carol c'est le rien, tout sauf la vie.
Tu fais bien de parler d'amour, car c'est en effet toute la question, si on en croit la dernière réplique du film : "I love you".

C'est un film qui passionnerait Breaker je pense : jamais le mot "love" n'a été autant infecté de ressentiment et de haine de la vie que dans cette réplique. lol

Haynes a fait ce film en réaction à ce qu'il avait pu lire sur le sida, dans les années 80 : il y avait notamment un bouquin qui racontait que si les gens s'aimaient eux-mêmes davantage, ils ne tomberaient pas malades.
[Haynes] says that one reason for making [Safe] was to attack a book by Louise Hay on AIDS written in the 1980s that, according to Haynes, "literally states that if we loved ourselves more we wouldn't get sick with this illness...That's scary."
C'est ce qui est à l'origine de toute la deuxième partie, au milieu de la secte, qui avait un peu dérouté à sa sortie.

Le mot "safe" a un sens bien particulier dans ce contexte : ça veut dire se protéger, éviter les conduites à risques, comme on dit.
Mais il a un sens plus large, et c'est toute la force du film d'explorer ce qu'on peut mettre sous ce terme ; "safe" condense à la fois l’idée de santé et de sécurité. Être "safe", c’est être hors de danger, à l’abri, en sûreté ; être protégé ; être sain.
Être "safe", c'est aussi tout bonnement "être en vie" au sens de "être sain et sauf", "safe and sound" - et c'est ce qui fait la tragique ironie de la dernière scène, quand Carol, pour être "safe and sound", s'enterre vivante dans son igloo.




Pour moi, tout le film raconte l'histoire d'une femme qui essaie de se trouver, de s'approprier son "self", son soi propre. C'est l'objet même de la conversation des copines dans le vestiaire :
LA COPINE ASSISE : Finalement, cette remise en forme en 12 étapes, on finit par en devenir accro aussi.
LA COPINE DEBOUT : C’est exactement ce que dit ce livre.
LA COPINE ASSISE : Ah ?
LA COPINE DEBOUT : Oui : comment se réapproprier sa propre vie. Parce que, d’après ce qu’il dit, notre propre vie ne nous appartient plus ; on nous dit ce qu’on doit faire, ce qu’on doit penser, mais émotionnellement, ce n’est pas nous qui gérons réellement.
LA COPINE ASSISE : Moi je pense qu’avec un peu d’exercice, un bon régime, une nourriture saine…
LA COPINE DEBOUT : Je trouve qu’il dit des choses très justes sur certains points.
LA COPINE ASSISE : Vraiment ?
LA COPINE DEBOUT : Oh oui ; tu l’as lu Carol ?
CAROL : Non.
LA COPINE DEBOUT : Il dit vraiment des choses justes sur certains points : la maintenance émotionnelle, la gestion du stress… Mais dis-moi, Carol, tu ne transpires pas ?
LA COPINE ASSISE : Oh, je te déteste.
CAROL : Je sais, c’est vrai.
LA COPINE DEBOUT : Non, c’est super !
Safe (Haynes) : "I hate you / I love you" Safe_e10

En vo : "to own your own life"

Cette scène est au début du film et elle en donne la clé principale : qu'est-ce que c'est que ce "own", ce "propre" que ces filles cherchent à se réapproprier?

Faut bien dire qu’au début, on a envie d’éclater de rire en les écoutant. Ces bodies fluo sont vraiment pas possibles ; elles ont vraiment l'air de bécasses là-dedans, en parlant de ces bouquins sur la "maintenance émotionnelle" et la "gestion du stress".
("Safe" est terrifiant, mais ce n’est pas un film sans humour. On rit souvent, comme ici, ou quand on entend Carol White se plaindre d’une vie trop stressante, alors que sa seule préoccupation semble être de tailler les rosiers de son jardin et de choisir la bonne couleur pour son canapé, celle qui ira avec le reste du salon.)

Mais pour peu qu’on ait vu le film jusqu’au bout, on n’a plus trop envie de rire, sinon d’un rire inquiet. Les filles, dans le vestiaire, ont beau avoir l'air tarte, ça n’enlève rien au sérieux de la question qu’elles se posent : "comment se réapproprier sa vie ?". C’est une vraie question.
Mais dès cette scène de vestiaire, on sait que c'est mal parti puisque cette recherche du soi propre n'est pas l'effet d'un appel intérieur, d'une conscience qui se ressaisit, elle ne naît pas non plus d'un événement singulier, unique, qui forcerait à penser et à questionner son existence : c'est juste l'objet d'un bavardage de vestiaire, cela vient, lointainement, de mauvais livres lus par des tiers ; bref, Carol White se met à chercher son soi propre, à fuir l'impropre, le "on" impersonnel qui dit "ce qu'on doit faire, ce qu'on doit penser", sans voir que c'est justement cet "impropre" et ce "on" impersonnel qui lui suggère de le faire...

Ce qui rend le film tragique, c’est de voir Carol White s’enferrer dans des solutions désastreuses à partir d’un vrai problème, d'une vraie angoisse : l'aliénation, la souffrance de sentir qu'elle ne vit pas sa vie, mais une vie factice, inauthentique, télécommandée par la pub, la télé, et tous les conformismes imaginables, et, plus profondément, l'angoisse de ne se sentir nulle part chez elle, de ne pas se sentir de ce monde (d'où cette impression de "fantastique" dont tu parles : faudrait détailler certaines trouvailles de mise en scène ici, que je trouve géniales par leur simplicité et leur force). En gros, le film raconte ça : Carol White (quel nom aussi...) part à la recherche de son soi propre, tandis que le film démontre qu'il n'y a pas de soi propre. Plus elle cherche à se recentrer sur elle-même, plus elle se décentre, et s'effondre sur son propre néant, ce "rien" dont tu parles justement; plus elle cherche le plein d'une intériorité bien à elle, plus elle ouvre sous ses pieds un vide fondamental ; plus elle cherche la sécurité rassurante d'un dedans "safe", fermé et protégé, plus elle se perd dans le grand dehors. Jusqu'à ce face-à-face final, devant le miroir, que je trouve un sommet d'intensité et d'angoisse : Carol White regardant son propre reflet et, en même temps, la caméra : c'est comme un miroir placé devant un miroir, un vide réfléchissant le vide à l'infini.


Ce qui est vraiment passionnant à suivre dans le film, c'est de voir tous les sens que le film donne à cette notion de "propre". Le dialogue dans le vestiaire en donne une idée très riche : la vie propre, ce serait sa vie à soi et rien qu’à soi, celle qu’on possède en propre, dont on serait le propriétaire, le patron (il faut gérer sa vie, ses émotions : "to be in charge"), en même temps que le médecin – "propre" a aussi un sens hygiénique : "une nourriture saine, de l’exercice", comme dit la fille assise.
La "folie" de Carol White, à partir de là, c'est de concevoir la vie elle-même, la vie tout entière, comme une altération et cette altération comme une maladie, ou mieux, une allergie (puisque c'est le mal dont elle souffre) : vivre, c'est s'altérer, mais pour elle, s'altérer, c'est tomber malade, souffrir d'une allergie, c'est soumettre ce qu'elle est à la contamination de ce qui est extérieur, autre, impropre. En partant en quête de cette vie propre, de son soi à elle, c'est de la vie même qu'elle cherche à guérir.

Etymologiquement, l'allergie, c'est la réaction à ce qui est autre, étranger. La force du film, c'est justement de mettre en question cette limite entre ce qui est soi et ce qui est autre. Ce n'est pas à ce qui est hors de sa maison, étranger à sa famille et à ses proches, que Carol devient allergique, mais précisément à ce qui lui est le plus proche : le canapé de son salon, le déodorant de son mari, le lait qu'elle boit tous les jours, etc. C'est à ce qu'elle possédait, à ce qui lui était propre, à ce qui la définissait comme telle, qu'elle devient étrangère : puisqu'elle y devient allergique, c'est qu'elle ne se confond pas elle-même avec ce qui faisait jusque là sa vie. Alors où est-il, son vrai soi ?

Safe (Haynes) : "I hate you / I love you" Safe210

Tout l'effort de Carol est de remonter à cet hypothétique être propre, originel, qui se situerait "hors-vie", en amont de tout contact avec l'extérieur. C'est cet espace "hors-vie" que figure à la fin le cabanon où elle s'enferme, qui tient autant de l'oeuf que du tombeau.









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Message par DB Jeu 13 Sep 2012 - 6:52

Salut sebastien, quelle réponse !

En te relisant, je me dis que je dis n'importe quoi sur cette question de l'amour et du coup ça me fait penser à ce qu'en anglais on parle aussi de "safe sex", en français on dirait protégé. Et le film commence d'ailleurs avec une scène de sexe assez plate où Carol compte les taches au plafond en attendant patiemment.

C'est terrifiant cette idée que ne pas s'aimer puisse être le déclencheur
Mais dans le même temps je ne peux pas m’empêcher de penser que si Carol réagit aussi violemment à plusieurs reprises c'est qu'elle se sent contaminée, envahie. C'est terrifiant ce "i love you, i really love you" à la fin mais ça sonne aussi comme une sorte de boucle, elle arrive à la fin d'un truc.

Pour revenir au vrai problème et à la vraie angoisse (je reprends tes mots) de Carol, ce qui me rendait profondément mal à l'aise c'est que personne ne prend vraiment au sérieux sa recherche ni ne l'écoute (sauf ce gourou en apparence). Elle passe alors forcément par tout le spectre des mauvais pas, et à chaque tentative malheureuse on a envie de la sortir de là non ?

La grande force de la mise en scène c'est d'avoir réussi à rendre ce personnage vivant, mouvant et émouvant alors qu'il s'agit d'une femme assez insipide, bourgeoise et recluse.

Carol White me fiat penser à Walter White, un autre grand malade qui lui se trouve bien être contaminé et condamné qui décide de contaminer les autred 'une certaine manière.

Une dernière chose par rapport à la contamination, même si elle n'est pas aussi bien pensée que le reste du film; il y a ce diner de famille où le gamin raconte sa dissertation sur les ghettos de los angeles et débite toute une série d'inanités et de clichés immondes (violence, underclass, saleté....) Le père hoche la tête en disant que c'est très bien comme ça, Carol, elle, se plaint du langage du môme et cherche à changer la discussion.

La contamination de la banlieue riche et blanche par les noirs du ghetto pauvre mais il y a quelque chose de très réussi dans ce moment.C'est un peu lourd dit comme ça mais relié à ton paragraphe sur l'allergie, ça prend un autre sens, une autre direction. Ce qui est étranger à la banlieue riche c'est la proximité de la misère, de l'autre;

Cet igloo blanc et froid empêche alors l'intrusion et apporte vraisemblablement quelque chose de réel, de tangible à Carol. Avant ça, elle ne ressent pas grand chose sinon ses crises et autres attaques physiologiques/somatiques. Ça rejoint un peu ce penchant pour le fantastique qui m'a marqué dans le film.
On pourrait presque dire (pour rire aussi un peu) que safe c'est un walden horrifique nan ?

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Message par Eyquem Jeu 13 Sep 2012 - 21:11

'soir DB,
Pour revenir au vrai problème et à la vraie angoisse (je reprends tes mots) de Carol, ce qui me rendait profondément mal à l'aise c'est que personne ne prend vraiment au sérieux sa recherche ni ne l'écoute (sauf ce gourou en apparence). Elle passe alors forcément par tout le spectre des mauvais pas, et à chaque tentative malheureuse on a envie de la sortir de là non ?
Ca ne me paraît pas aussi tranché : le mari est assez pitoyable dans son genre (il s'impatiente très vite avec elle, il veut juste que tout continue comme avant). Mais il ne fait pas rien, il essaie de trouver des solutions, même s'il ne pense qu'à des réponses médicalisées (consulter un psy, l'inscrire dans cette secte où elle est censée guérir).
Les amies aussi proposent des trucs, des cures de fruits, ou je ne sais trop quoi.
Ce n'est pas tellement qu'ils ne la prennent pas au sérieux : c'est plutôt que ce milieu se fonde sur le refoulement de tout ce qu'exprime l'angoisse de Carol. On a l'impression que son angoisse à elle dépasse totalement les limites de leur compréhension, qu'ils ne comprennent pas pourquoi elle va si mal.
(Ca me fait penser à un running gag de "On connaît la chanson" : le mari qui ne sait jamais que répondre aux angoisses de sa femme, et qui confond ces crises avec de l'hypoglycémie. Tout ce qu'il lui propose alors, c'est : "Prends donc un petit sucre, ma chérie")
Tout ce que les proches savent faire, c'est de la "maintenance émotionnelle" et de la "gestion de stress" : ça, ça reste dans leurs cordes ; ça fait partie de leur univers. Mais Carol est sur une ligne de pente beaucoup plus inquiétante, beaucoup plus radicale que ces petits problèmes de stress qui font l'ordinaire de leur préoccupation existentielle.

C'est terrifiant ce "i love you, i really love you" à la fin mais ça sonne aussi comme une sorte de boucle, elle arrive à la fin d'un truc.
...
Une dernière chose par rapport à la contamination, même si elle n'est pas aussi bien pensée que le reste du film; il y a ce diner de famille où le gamin raconte sa dissertation sur les ghettos de los angeles et débite toute une série d'inanités et de clichés immondes (violence, underclass, saleté....) Le père hoche la tête en disant que c'est très bien comme ça, Carol, elle, se plaint du langage du môme et cherche à changer la discussion.
La contamination de la banlieue riche et blanche par les noirs du ghetto pauvre mais il y a quelque chose de très réussi dans ce moment.C'est un peu lourd dit comme ça mais relié à ton paragraphe sur l'allergie, ça prend un autre sens, une autre direction. Ce qui est étranger à la banlieue riche c'est la proximité de la misère, de l'autre
C'est juste ; à ce titre, le film a quelque chose d'une descente aux enfers : le monde de Carol s'organise comme un ensemble de cercles concentriques, et elle descend de cercle en cercle : au loin, il y aurait ces banlieues pauvres, puis plus près son petit milieu WASP, puis ses proches, puis sa famille, etc... en cercles de plus en plus resserrés. A chaque fois, elle voit le cercle de ce qui lui appartient en propre, de ce qui ne lui est pas étranger, se rétrécir, se resserrer autour d'elle, et à chaque fois elle doit réduire le diamètre de son "territoire", de ce qui lui est apparenté et familier. Et elle descend toujours plus loin, toujours plus profond, tout au fond de l'entonnoir, où à la fin, il n'y a plus qu'elle face à elle-même, face à son rien, à ce "rien qu'elle-même" qu'elle essaie d'apprivoiser dans le miroir.
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Message par Eyquem Jeu 13 Sep 2012 - 21:36

DB a écrit:Une chose à laquelle j'ai été très sensible au tout début du film, c'est le rapport à Mulholland Drive (qui se déroule aussi aux alentours de Los Angelesà. On suit une sorte de voiture tombeau grimper les routes sinueuses faites de virages très secs. Puis une musique synthétique très froide, très distante. On ne sent pas très bien.
Ah oui, effectivement :






Mais je ne saurais pas quoi faire de cette ressemblance.
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Message par glj Jeu 13 Sep 2012 - 21:59

Il y a dans les deux films plusieurs chose qui se melangent et qui les rapprochent : une sourde violence, une hypocrisie sociale et une frustration sexuelle. Tout ceci provoque un malaise, une tristesse et un sentiment d'impuissance inguerissable. Deux films sur l'echec de devenir autre chose que ce que l'on est, deux films qui ont presque valeur de fable ou de conte moral sur l'irreversibilite du caractere a l'endroit meme du "tout est possible " americain. Deux films de terreurs ou la tristesse prend le dessus à la fin de la projection. Deux films qui tracent le sillon d'un parcourt personnel dans les routes sinueuse de L.A. à la nuit tombée.
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Message par Invité Lun 11 Fév 2013 - 20:11

j'ai vu le début là c'est effrayant ces histoires de pouffes mal baisées. on sent bien que ça lorgne du côté de kubrick de l'ordre et du désordre. mais les plans sont tellement trop grands pour les personnage qu'on touche l'infinitésimal de l'intérêt. quel prétention ce mec. en plus cette pâle imitation de sk est tellement mal faite que l'actrice chez elle est toujours bord cadre surchargé de trucs, des lampes, des tableaux qui se répètent, avec par dessus le marché des miroirs d'un goût atroce qui démultiplient l'image jusqu'au dégoût de sa redondance. on a envie de faire comme elle, gerber !

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Message par glj Lun 11 Fév 2013 - 23:11

Gerbant ? N'importe quoi.
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Message par Invité Mar 12 Fév 2013 - 7:03

glj a écrit:Il y a dans les deux films plusieurs chose qui se melangent et qui les rapprochent : une sourde violence, une hypocrisie sociale et une frustration sexuelle. Tout ceci provoque un malaise, une tristesse et un sentiment d'impuissance inguerissable. Deux films sur l'echec de devenir autre chose que ce que l'on est, deux films qui ont presque valeur de fable ou de conte moral sur l'irreversibilite du caractere a l'endroit meme du "tout est possible " americain. Deux films de terreurs ou la tristesse prend le dessus à la fin de la projection. Deux films qui tracent le sillon d'un parcourt personnel dans les routes sinueuse de L.A. à la nuit tombée.

ça ressemble quand même un peu à la description d'un mauvais film français, le pathos, la solitude, le destin ...

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Message par Invité Mar 12 Fév 2013 - 21:28

DB a écrit:

En te relisant, je me dis que je dis n'importe quoi sur cette question de l'amour et du coup ça me fait penser à ce qu'en anglais on parle aussi de "safe sex", en français on dirait protégé. Et le film commence d'ailleurs avec une scène de sexe assez plate où Carol compte les taches au plafond en attendant patiemment


sauf qu'au plafond c'est nous puisque la caméra est en surplomb, nous sommes pris à partie voyeur de son malaise sur le dos de son mec au dessus duquel nous sommes. D'emblée j'ai detesté cette caméra qui ne montre pas mais qui induit déjà des torts ... et ça a duré jusqu'à ce que je m'endorme sans regret.

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Message par DB Mer 13 Fév 2013 - 9:16

Salut GLJ,

Je suis d'accord avec toi ce sont deux films sur la terreur. Toutefois je suis pas sur que Mulholland Dr ne parle que de frustration sexuelle. C'est certainement quelque chose d'important pour la deuxième partie du film mais dans la première, il y aussi tout une facette du sexe liée à la fascination, à la découverte... que l'on ne retrouve absolument pas dans safe.

A chauqe fois que je pense au film, je pense à son titre. "Safe" : "safe sex" / "be safe" / "safety" un peu comme des mots d'ordre.

Une terreur liée à l'ordre qu'on retrouve dans les affiches du film que j'avais posté à l'époque.










slimfast a écrit:
DB a écrit:

En te relisant, je me dis que je dis n'importe quoi sur cette question de l'amour et du coup ça me fait penser à ce qu'en anglais on parle aussi de "safe sex", en français on dirait protégé. Et le film commence d'ailleurs avec une scène de sexe assez plate où Carol compte les taches au plafond en attendant patiemment


sauf qu'au plafond c'est nous puisque la caméra est en surplomb, nous sommes pris à partie voyeur de son malaise sur le dos de son mec au dessus duquel nous sommes. D'emblée j'ai detesté cette caméra qui ne montre pas mais qui induit déjà des torts ... et ça a duré jusqu'à ce que je m'endorme sans regret.

Regarde le film.

Simple question de mise en scène : pour filmer une scène comme celle ci, un plan en plongée, statique ça permet de voir le personnage dans tout le cadre, d'être de son point de vue. D'ailleurs on dirait qu'elle va s’endormir aussi, ça vous fait un point commun avec le personnage, c'est bien de pouvoir s'identifier aux personnages.

TU te contredis en deux phrases, d'abord cette caméra en surplomb nous montre trop puisque nous sommes pris à parti mais ensuite elle ne "montre pas". Faudrait savoir.

"induit déjà des torts" ? Si on entend induire comme "en conséquence de", je ne saisis pas ton raisonnement. De quels torts parles tu ? De quels torts s'agit il ? pour qui ? Je comprends pas plus ce "déjà", déjà quoi ?
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Message par Invité Mer 13 Fév 2013 - 9:44

c'est pourtant facile de tous les choix de mise en scène haynes fait toujours le mauvais parce que c'est un cinéaste de merde. cqfd. ce premier plan est un plan d'amateur pour un court métrage de sortie d'école. aucun cinéaste digne de ce nom ne commencerait bille en tête par ce constat accablant de banalité : "regardez comme mon héroïne s'emmerde sous les coups de boutoirs de son mari" et évidemment rien aucune ligne de fuite pour penser autre chose. c'est anti-renoirien (les personnages, tous les personnages etc ...). Et tout le reste est à l'avenant. mon opinion s'est faite dans ce premier plan, intransigeante. la logique, enfin ta logique n'est d'aucun recours car quand on est devant un cinéaste de merde il fait le dire.
Lynch est aussi un cinéaste de femme, il vivre leur personnages. Lui, Haynes au contraire fait des plaidoyers-pro féminins pour mieux étouffer les femmes. pour le coup il y a chez lui quelque chose de vampirique (cf son pastiche nul de Sirk).
J'ai l'impression qu'un peu d'esbroufe venue d'amérique et hop vous voilà embarqués. Non, il faut discerner le bon grain de l'ivraie.

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