Il était une fois l'Anatolie, de Nuri Bilge Ceylan
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Il était une fois l'Anatolie, de Nuri Bilge Ceylan
Je n'ai pas encore vu ce film, mais je dois dire que les critiques sont élogieuses.
" Voyage au bout de la nuit
La trame qui amorce le film est un mystère simple : un homme a été assassiné ; la police et la gendarmerie recherchent le corps enterré à l’aide du suspect principal. Seulement, le soir du crime, Kedan (Firat Tanis) avait bu, et si certains détails sur le lieu lui reviennent à l’esprit, ces derniers peuvent caractériser n’importe quelle zone des contrées d’Anatolie. Au crépuscule grandissant, ces hommes accompagnant les deux suspects, commissaire, gendarmes, policiers, procureur et médecin, n’imaginent pas que cette affaire va les conduire au bout de la nuit, et même au-delà. Pourtant, Il était une fois en Anatolie n’empruntera jamais les codes du thriller ; sa densité croit au fil des minutes, sans jamais trouver de halte. C’est un drame qui dresse plusieurs portraits, celui d’une région, et de son peuple, grâce à des personnages de différentes classes socioprofessionnelles.
D’emblée, ce long-métrage de 157 minutes fascine : la sublime photographie de Gökhan Tiryaki, associée aux plans fixes que favorise le cinéaste Nuri Bilge Ceylan, donne naissance à des séquences qui se savourent comme des tableaux de maître. La moitié du film se déroule de nuit, avec pour seules sources de lumière les phares d’une jeep et le clair de Lune, créant une atmosphère surnaturelle. Dans cette première partie qui prive le spectateur de repère et d’un protagoniste auprès de qui s’attacher, les êtres se dévoilent au fil des dialogues qui permettent de tuer le temps, comme figé par cette recherche interminable.
Parmi toutes les thématiques abordées au cours de cette laborieuse investigation, l’une des plus intéressantes est probablement celle du questionnement, de la remise en cause, que ce soit de soi-même ou bien des faits. En parallèle de la recherche du macchabée, il y a une conversation récurrente entre le procureur (Taner Birsel) et le médecin (Muhammet Uzuner), à propos du décès subite d’une femme magnifique, quelques jours après son accouchement, comme elle l’avait annoncé prophétiquement à son mari. Alors que le procureur accepte cette mort comme un phénomène inexplicable, le médecin, en bon homme de science, va explorer les circonstances entourant ce décès dans le but de mettre la vérité à jour. Plus tard, à la découverte du cadavre de l’homme assassiné, lorsque le procureur tient alors le rôle prépondérant dans la résolution de l’affaire, il se révélera comme un être frivole et dilettante, tirant des conclusions hâtives, en parfaite opposition avec la rigueur d’un militaire les assistant.
Autre figure se rangeant dans les personnages méprisables par la pauvreté de leur raisonnement : le commissaire (Yilmaz Erdogan), convaincu fermement de la culpabilité de Kedan, puisqu’il a avoué les faits, et qu’il doit ainsi être traité comme une bête. Ces éléments mèneront le récit à porter un regard désenchanté sur la notion de vérité, sa portée et même son intérêt.
D’aucuns trouveront le rythme du film rédhibitoire, rythme qui permet autant de se délecter des images que de se conduire à l’introspection, au voyage intérieur proposé par un long-métrage sans aucune bande originale. Seul l’environnement ambiant apporte une sonorité, une atmosphère musicale : un bruit électronique en provenance d’une voiture, le vent et le tonnerre, les aboiements de chiens errants. Bien que lourde, l’ambiance d’Il était une fois en Anatolie change parfois de ton grâce à l’humour noir. Un comique de situation, inhérent au drame, se retrouve à plusieurs reprises sur cet étrange cheminement aux nombreuses images anodines mais rémanentes : la chute d’une pomme dans un petit cours d’eau, l’apparition d’une sculpture effroyable dans la pierre, l’angélisme onirique du visage d’une jeune fille, éclairée à la lueur d’une bougie, etc. Tout comme son homologue américain Terrence Malick, Niru Bilge Ceylan parvient, grâce à une mise en scène et une direction d’acteur épatantes, à une puissance cinématographique rare, et ce, sans artifice. "
" Deux films qui ont en commun de se présenter comme des contes orientaux, avec des fortunes diverses. Le grand réalisateur turc Nuri BILGE CEYLAN, l'auteur des CLIMATS et des TROIS SINGES, prouve une fois encore avec IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE qu'il est un immense cinéaste, fils caché de Michelangelo ANTONIONI et d'Abbas KARIOSTAMI. On pense d'ailleurs beaucoup au réalisateur iranien dans ce film, qui nous emmène pendant 2h30 sur les routes et dans les villages de l'Anatolie, cette région centrale de la Turquie composée de steppes désolées et monotones. On y suit les tribulations d'un procureur, un médecin légiste, une escouade de policiers et deux prisonniers à la recherche du cadavre que ces derniers ont enterré. Sauf que, loin du polar, le film s'intéresse aux à-côtés, ce qui se dit pendant les trajets, pendant les pauses, tous ces moments faibles d'ordinaire évacués au nom de l'efficacité narrative. Et c'est passionnant ! Car si le film est long et lent, il mérite qu'on s'y embarque, ne serait-ce que pour son scénario d'une ampleur romanesque inouïe, même s'il se déroule sur moins de vingt-quatre heures, et qui amène le spectateur à une émotion aussi intense qu'inattendue. Le tout superbement photographié et mis en scène, mais ça, on en a pris l'habitude avec Nuri BILGE CEYLAN. "
" Voyage au bout de la nuit
La trame qui amorce le film est un mystère simple : un homme a été assassiné ; la police et la gendarmerie recherchent le corps enterré à l’aide du suspect principal. Seulement, le soir du crime, Kedan (Firat Tanis) avait bu, et si certains détails sur le lieu lui reviennent à l’esprit, ces derniers peuvent caractériser n’importe quelle zone des contrées d’Anatolie. Au crépuscule grandissant, ces hommes accompagnant les deux suspects, commissaire, gendarmes, policiers, procureur et médecin, n’imaginent pas que cette affaire va les conduire au bout de la nuit, et même au-delà. Pourtant, Il était une fois en Anatolie n’empruntera jamais les codes du thriller ; sa densité croit au fil des minutes, sans jamais trouver de halte. C’est un drame qui dresse plusieurs portraits, celui d’une région, et de son peuple, grâce à des personnages de différentes classes socioprofessionnelles.
D’emblée, ce long-métrage de 157 minutes fascine : la sublime photographie de Gökhan Tiryaki, associée aux plans fixes que favorise le cinéaste Nuri Bilge Ceylan, donne naissance à des séquences qui se savourent comme des tableaux de maître. La moitié du film se déroule de nuit, avec pour seules sources de lumière les phares d’une jeep et le clair de Lune, créant une atmosphère surnaturelle. Dans cette première partie qui prive le spectateur de repère et d’un protagoniste auprès de qui s’attacher, les êtres se dévoilent au fil des dialogues qui permettent de tuer le temps, comme figé par cette recherche interminable.
Parmi toutes les thématiques abordées au cours de cette laborieuse investigation, l’une des plus intéressantes est probablement celle du questionnement, de la remise en cause, que ce soit de soi-même ou bien des faits. En parallèle de la recherche du macchabée, il y a une conversation récurrente entre le procureur (Taner Birsel) et le médecin (Muhammet Uzuner), à propos du décès subite d’une femme magnifique, quelques jours après son accouchement, comme elle l’avait annoncé prophétiquement à son mari. Alors que le procureur accepte cette mort comme un phénomène inexplicable, le médecin, en bon homme de science, va explorer les circonstances entourant ce décès dans le but de mettre la vérité à jour. Plus tard, à la découverte du cadavre de l’homme assassiné, lorsque le procureur tient alors le rôle prépondérant dans la résolution de l’affaire, il se révélera comme un être frivole et dilettante, tirant des conclusions hâtives, en parfaite opposition avec la rigueur d’un militaire les assistant.
Autre figure se rangeant dans les personnages méprisables par la pauvreté de leur raisonnement : le commissaire (Yilmaz Erdogan), convaincu fermement de la culpabilité de Kedan, puisqu’il a avoué les faits, et qu’il doit ainsi être traité comme une bête. Ces éléments mèneront le récit à porter un regard désenchanté sur la notion de vérité, sa portée et même son intérêt.
D’aucuns trouveront le rythme du film rédhibitoire, rythme qui permet autant de se délecter des images que de se conduire à l’introspection, au voyage intérieur proposé par un long-métrage sans aucune bande originale. Seul l’environnement ambiant apporte une sonorité, une atmosphère musicale : un bruit électronique en provenance d’une voiture, le vent et le tonnerre, les aboiements de chiens errants. Bien que lourde, l’ambiance d’Il était une fois en Anatolie change parfois de ton grâce à l’humour noir. Un comique de situation, inhérent au drame, se retrouve à plusieurs reprises sur cet étrange cheminement aux nombreuses images anodines mais rémanentes : la chute d’une pomme dans un petit cours d’eau, l’apparition d’une sculpture effroyable dans la pierre, l’angélisme onirique du visage d’une jeune fille, éclairée à la lueur d’une bougie, etc. Tout comme son homologue américain Terrence Malick, Niru Bilge Ceylan parvient, grâce à une mise en scène et une direction d’acteur épatantes, à une puissance cinématographique rare, et ce, sans artifice. "
" Deux films qui ont en commun de se présenter comme des contes orientaux, avec des fortunes diverses. Le grand réalisateur turc Nuri BILGE CEYLAN, l'auteur des CLIMATS et des TROIS SINGES, prouve une fois encore avec IL ETAIT UNE FOIS EN ANATOLIE qu'il est un immense cinéaste, fils caché de Michelangelo ANTONIONI et d'Abbas KARIOSTAMI. On pense d'ailleurs beaucoup au réalisateur iranien dans ce film, qui nous emmène pendant 2h30 sur les routes et dans les villages de l'Anatolie, cette région centrale de la Turquie composée de steppes désolées et monotones. On y suit les tribulations d'un procureur, un médecin légiste, une escouade de policiers et deux prisonniers à la recherche du cadavre que ces derniers ont enterré. Sauf que, loin du polar, le film s'intéresse aux à-côtés, ce qui se dit pendant les trajets, pendant les pauses, tous ces moments faibles d'ordinaire évacués au nom de l'efficacité narrative. Et c'est passionnant ! Car si le film est long et lent, il mérite qu'on s'y embarque, ne serait-ce que pour son scénario d'une ampleur romanesque inouïe, même s'il se déroule sur moins de vingt-quatre heures, et qui amène le spectateur à une émotion aussi intense qu'inattendue. Le tout superbement photographié et mis en scène, mais ça, on en a pris l'habitude avec Nuri BILGE CEYLAN. "
Joel- Messages : 31
Re: Il était une fois l'Anatolie, de Nuri Bilge Ceylan
Je l'ai vu.
Pour un film qui s'intitule "Il était une fois...", je le trouve déserté par le merveilleux, la croyance.
Le dialogue oppose deux visions, celle du procureur et celle du médecin, celui qui croit que la raison ne peut pas tout expliquer, et celui pour qui la raison vient à bout de tous les mystères. Mais le débat paraît résolu d'avance, tellement le film ne croit pas aux mystères.
(ah si, le seul mystère du film, c'est la femme, l'éternel mystère féminin : une jeune fille, muette, qui sert le thé, dans le clair obscur étudié d'un éclairage à la bougie. Pff, c'est chiant)
Faut donc se taper des tunnels de dialogues sur le sens ou le non sens de l'existence. On verra des hommes chercher dans la nuit quelque chose qui fasse sens, on verra une pomme dévaler une pente selon les lois de la gravité, et on devra conclure à l'équivalence des deux, à l'insignifiance de toutes choses.
Tout ça n'est pas très stimulant.
A part ça, le numérique, les plans tableaux du film, ça ne m'a absolument pas stupéfié ou fasciné ni rien. Les plans ont une brillance, une netteté, que je trouve rédhibitoires. C'est comme si c'était du dessin, et plus de la lumière ou de la couleur ; c'est comme si toutes les formes étaient cernées d'un contour au crayon. J'aime pas du tout l'effet produit.
Pour un film qui s'intitule "Il était une fois...", je le trouve déserté par le merveilleux, la croyance.
Le dialogue oppose deux visions, celle du procureur et celle du médecin, celui qui croit que la raison ne peut pas tout expliquer, et celui pour qui la raison vient à bout de tous les mystères. Mais le débat paraît résolu d'avance, tellement le film ne croit pas aux mystères.
(ah si, le seul mystère du film, c'est la femme, l'éternel mystère féminin : une jeune fille, muette, qui sert le thé, dans le clair obscur étudié d'un éclairage à la bougie. Pff, c'est chiant)
Faut donc se taper des tunnels de dialogues sur le sens ou le non sens de l'existence. On verra des hommes chercher dans la nuit quelque chose qui fasse sens, on verra une pomme dévaler une pente selon les lois de la gravité, et on devra conclure à l'équivalence des deux, à l'insignifiance de toutes choses.
Tout ça n'est pas très stimulant.
A part ça, le numérique, les plans tableaux du film, ça ne m'a absolument pas stupéfié ou fasciné ni rien. Les plans ont une brillance, une netteté, que je trouve rédhibitoires. C'est comme si c'était du dessin, et plus de la lumière ou de la couleur ; c'est comme si toutes les formes étaient cernées d'un contour au crayon. J'aime pas du tout l'effet produit.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Il était une fois l'Anatolie, de Nuri Bilge Ceylan
Oui, déjà Les Climats, ça m'avait vacciné, cet espèce d'écrin lumineux qui étouffe tout, c'était insupportable.
Son Anatolie, j'avais pas très envie de la visiter.
Son Anatolie, j'avais pas très envie de la visiter.
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