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Tree of Life et le cinéma de T. Malick

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Message par adeline Sam 1 Sep 2012 - 19:32

Quelle lumière sur Nietzsche, Borges ! Merci…

Des personnages du ressentiment, il y en a presque dans chacun des films de Malick, non ?
Dans Badlands, Kit dit au début qu'il aimerait chanter comme je ne sais plus quel chanteur, et tout son trajet, sa fuite, ses meurtres, on peut les lire comme un refus haineux de sa situation.
Dans Days of Heaven, la scène d'ouverture, c'est la révolte de Bill contre le contremaître, et tout le film n'est qu'une histoire de jalousie, de ressentiment à l'égard du fermier. Et puis dans The New World, c'est John Smith le raté, celui qui ne peut pas vivre la joie, dans la joie, qui en fait d'ailleurs sortir Pocahontas, alors qu'elle vivait uniquement la joie avant son arrivée.

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Tree of Life et le cinéma de T. Malick  - Page 17 Empty Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick

Message par Borges Sam 1 Sep 2012 - 19:49

-Oui, c'est vrai; on peut dire que Toscanini-Brahms occupent un peu la Place de James Dean dans "badlands"; John Smith vit dans l'ombre de l'idéal du grand explorateur; il foire tout dans le film, passe à côté de Poca, ne trouve pas les Indes; le type de days of heaven veut être grand propriétaire...

(cela dit, il faut aussi faire place dans les films de Malick à un désir affirmatif de changement, il ne peut pas s'agir seulement d'accepter l'ordre du monde; dans l'entretien cité ici, Malick disait que Kitt épargne la seule personne qu'il aurait du tuer, en tant que pauvre : le riche; Kitt a intériorisé à la fois l'image hollywoodienne et l'ordre du monde, il est très conservateur... pourquoi se rend-t-il finalement? )

-Dans TTL, y a la scène à table, quand la mère dit que Jack a fait une super composition écrite, le père ne trouve rien de mieux à faire que l'humilier en lui montrant la pochette du disque de Brahms (là encore l'idéal sert à écraser, à rabaisser, humilier...)
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Tree of Life et le cinéma de T. Malick  - Page 17 Empty Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick

Message par Borges Sam 1 Sep 2012 - 19:51

Sur "un Nietzsche"; les Nietzsche varient évidemment selon...
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Message par Invité Sam 1 Sep 2012 - 20:50

ne sois pas modeste Borges, Adeline a raison.
Pour ma part je ne sais pas où replacer le nihilisme de Nietzsche dans tout cela.

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Tree of Life et le cinéma de T. Malick  - Page 17 Empty Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick

Message par Invité Sam 1 Sep 2012 - 21:15

Bon...

d'abord, il n'y a pas de question de l'injustice dans Tree of Life sur "la condition des Noirs, celle des handicapés, les criminels, le gosse brûlé dans l'incendie", ça c'est vraiment du foutage de gueule, ça pourrait être un regard qui prêche la compassion, mais y'a rien de sérieux qui s'articule autour de ces souffrances, c'est pas une question pour Malick, ils font très peu partie de l'arbre,

parce que :

Borges a écrit:Nous sommes des feuilles, disent souvent les personnages de Malick; le vent nous emporte. Nous venons, nous allons; rien ne reste, tout est transitoire.
Bioutifoul.

Spirit, come.
Spoiler:


Ce qui me paraît de plus en plus faire sens dans le cinéma de Malick,
c'est qu'il crée son arrière-monde, "une vapeur colorée devant les yeux d'un être divinement insatisfait" (Zarathoustra ; de ceux des arrière-mondes)
Au-delà de l'homme en vérité? Ah! mes frères, ce dieu que je créai fut ouvrage et délire d'homme, comme sont tous les dieux! ... C'est de ma propre cendre et de mon brasier que m'est venu ce spectre... C'est flamme plus lumineuse que me suis inventée.

Souffrance et impuissance - voilà qui a créé tous arrière-mondes. Lassitude qui d'un seul saut tend à l'ultime, pauvre ignorante lassitude qui ne veut plus même vouloir : c'est elle qui créa tous dieux et arrière-mondes.



Ensuite, ta leçon sur la question du sens, si je te lis bien, t'en arrives à ça:

Borges a écrit:Ce qui arrive, il faut le vouloir


Borges a écrit:si la morale a un sens, c'est être digne de ce qui arrive


Borges a écrit:les choses valent ce que vaut la vie qui s'affirme en elle


et pourquoi pas? : "Just do it"

ça résume tout aussi bien la motivation de ce fatras philosophique.


Borges a écrit:La joie, le bonheur, c'est un mode de relation à soi qui s'éprouve dans l'action en tant qu'elle manifeste un certain degré de puissance, peut importe sa quantité : je suis bon, quand je cours, chante, peint... quoi que je fasse, dès que je manifeste ma puissance, que m'éprouve, joyeusement.
(pensons au scène de course dans Tree of life, aux jeux entre la mère et les gosses, au scène de danse; ça c'est de la joie comme expression d'un degré de puissance; on trouve souvent ce genre de scène dans Malick; la vie est saisie comme bonne, sur un plan d'immanence; l'image la plus souvent utilisée pour exprimer cela, c'est la nage, la composition harmonieuse d'un corps et d'un élément naturel

Moi pas d'accord, bwana.
Ces scènes sont toujours déclinées sur un mode quasi-religieux, avec une musique surchargée sur son thème rédempteur, l'Esprit, ou je ne sais quoi, elle est pittoresque psychologique,
chez Malick on ne court, danse, nage pas autrement, on est toujours dans les brumes de l'idéal,
Nietzche en avait des objections physiologiques contre cette musique qui ne donne ni cadence ni danse ni marche,
je crois qu'il rêvait d'une musique plus méchante.



ça répond un peu, ou pas du tout. Smile Je m'excuse bien d'y revenir comme ça, hein, mais comme on est toujours sur le ton de la leçon depuis le début (de la création des Spectres et avant).


Ch'ui open à toutes les évidences qui sont pour la joie.



slimfast a écrit:salut ô Borges, patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.
Slimfast, sans vouloir t'imposer, tu veux bien prolonger tes vacances dans les Pyrénées avec Baudouin...


adeline a écrit:Quelle lumière sur Nietzsche, Borges ! Merci…
hello Adeline!

pfffff.

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Tree of Life et le cinéma de T. Malick  - Page 17 Empty Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick

Message par Invité Sam 1 Sep 2012 - 23:29

breaker a écrit:Bon...

d'abord, il n'y a pas de question de l'injustice dans Tree of Life sur "la condition des Noirs, celle des handicapés, les criminels, le gosse brûlé dans l'incendie", ça c'est vraiment du foutage de gueule, ça pourrait être un regard qui prêche la compassion, mais y'a rien de sérieux qui s'articule autour de ces souffrances, c'est pas une question pour Malick, ils font très peu partie de l'arbre,

parce que :

Borges a écrit:Nous sommes des feuilles, disent souvent les personnages de Malick; le vent nous emporte. Nous venons, nous allons; rien ne reste, tout est transitoire.
Bioutifoul.

Spirit, come.
Spoiler:


Ce qui me paraît de plus en plus faire sens dans le cinéma de Malick,
c'est qu'il crée son arrière-monde, "une vapeur colorée devant les yeux d'un être divinement insatisfait" (Zarathoustra ; de ceux des arrière-mondes)
Au-delà de l'homme en vérité? Ah! mes frères, ce dieu que je créai fut ouvrage et délire d'homme, comme sont tous les dieux! ... C'est de ma propre cendre et de mon brasier que m'est venu ce spectre... C'est flamme plus lumineuse que me suis inventée.

Souffrance et impuissance - voilà qui a créé tous arrière-mondes. Lassitude qui d'un seul saut tend à l'ultime, pauvre ignorante lassitude qui ne veut plus même vouloir : c'est elle qui créa tous dieux et arrière-mondes.



Ensuite, ta leçon sur la question du sens, si je te lis bien, t'en arrives à ça:

Borges a écrit:Ce qui arrive, il faut le vouloir


Borges a écrit:si la morale a un sens, c'est être digne de ce qui arrive


Borges a écrit:les choses valent ce que vaut la vie qui s'affirme en elle


et pourquoi pas? : "Just do it"

ça résume tout aussi bien la motivation de ce fatras philosophique.


Borges a écrit:La joie, le bonheur, c'est un mode de relation à soi qui s'éprouve dans l'action en tant qu'elle manifeste un certain degré de puissance, peut importe sa quantité : je suis bon, quand je cours, chante, peint... quoi que je fasse, dès que je manifeste ma puissance, que m'éprouve, joyeusement.
(pensons au scène de course dans Tree of life, aux jeux entre la mère et les gosses, au scène de danse; ça c'est de la joie comme expression d'un degré de puissance; on trouve souvent ce genre de scène dans Malick; la vie est saisie comme bonne, sur un plan d'immanence; l'image la plus souvent utilisée pour exprimer cela, c'est la nage, la composition harmonieuse d'un corps et d'un élément naturel

Moi pas d'accord, bwana.
Ces scènes sont toujours déclinées sur un mode quasi-religieux, avec une musique surchargée sur son thème rédempteur, l'Esprit, ou je ne sais quoi, elle est pittoresque psychologique,
chez Malick on ne court, danse, nage pas autrement, on est toujours dans les brumes de l'idéal,
Nietzche en avait des objections physiologiques contre cette musique qui ne donne ni cadence ni danse ni marche,
je crois qu'il rêvait d'une musique plus méchante.


Borges a écrit:Dans le film, ce n'est pas le père qui occupe la position de Job, c'est la mère, c'est à elle qu'est imposée l'épreuve de la foi : comment continuer à croire à la voie de la grâce quand on perd un être que l'on aime, comment encore croire en Dieu, en sa bonté, comment continuer à l'aimer. Cette question bien entendu est portée à un niveau métaphysique, cosmique, social, politique.

Continuons d'affirmer. Smile
Le problème de l'existence pour Malick mène à ce phénomène religieux. Pris dans les rets de ces perspectives morales, la mère ne peut pas représenter la voie de la grâce, elle est forcément sur la même pente dépréciative que le père avec sa volonté de dominer, elle est aussi dénonciation de l'être au nom du négatif. Elle est une puissance féminine infernale pour son mari, négative et moralisante, la mère du bien et du mal, "c'est ta faute", ta faute si les enfants sont malheureux(elle bat son mari), c'est ta faute si notre fils meurt à la guerre, etc, la perpétuelle accusation... ça me semble absurde de la représenter comme la voie de la grâce, elle est une force de ressentiment parce qu'elle est dans une pieuse interprétation de l'existence.

Sinon je me donne le temps pour répondre davantage, on n'est pas à la guerre non plus. lol

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Message par Invité Dim 2 Sep 2012 - 7:27

wootsuibrick a écrit:Tu aimes être seul contre tous? t'es un putain de génie incompris?
Borges, ch'ui un putain de génie incompris ou bien???

A vous de parler, sinon.



oh-oho-oh-oohhhhhoo, et i sont où....


Bon dimanche.


Pichelin, tu comptes les points? c'est qui qui gagne?

slimfast a écrit:ne sois pas modeste Borges, Adeline a raison.
j'avais raté ça dans le thread. lol
j'aime bien jouer le jeu anglais, mais là c'est trop les tacles et la mauvaise foi dans l'écriture de Borges, je sais pas comment vous en arrivez dans vos vies à vos "ô Borges", et qui plus est vous la ramenez sans avoir vu les films.

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Message par Borges Dim 2 Sep 2012 - 10:02

-Pourquoi je discute Nietzsche avec quelqu'un qui vient de le découvrir, et qui n'en pas lu cent pages, et qui de Nietzsche met toujours en évidence, le côté dur, la méchanceté (oui, on sait faut être méchant, détruire...mais faut pas tout confondre, y a encore au moins deux manières de détruire, celle des créateurs et celle des malheureux; toujours penser en terme de qualité; non pas quoi, mais qui; politique aristocratique de l'auteur; une chose ne vaut que ce que vaut son auteur, c'est-à-dire la force de vie qui s'y "exprime". Tout le monde n'est pas capable de la méchanceté créatrice; du regard méchant qui va au-delà des valeurs; un casseur n'est pas un créateur ).

"L'aspiration à la destruction, au changement, au devenir peut être l'expression de la force surabondante, grosse d'avenir (mon terminus pour la désigner est, comme on le sait, le terme de « dionysiaque»), mais ce peut être aussi la haine du raté, de l'indigent, du déshérité qui détruit, doit détruire, parce que ce qui subsiste, voire tout subsister, tout être même, le révolte et l'irrite - que l'on considère nos anarchistes de près pour comprendre cet affect. La volonté d'éterniser exige de même une double interprétation. Elle peut d'une part provenir de la reconnaissance et de l'amour : un art ayant cette origine sera toujours un art d'apothéose, dithyrambique peut-être avec Rubens, railleur par béatitude avec Hafiz, clair et aimable avec Goethe, et répandant sur toutes choses un éclat homérique de lumière et de gloire. Mais elle peut aussi être la volonté tyrannique d'un être souffrant profondément, luttant, torturé, qui voudrait encore frapper ce qu'il a de plus personnel, de plus singulier, de plus intime, l'idiosyncrasie propre de sa souffrance, du sceau qui en ferait une loi ayant force d'obligation et une contrainte, et qui se venge en quelque sorte de toutes choses en leur imprimant, en leur incorporant de force, en leur gravant au fer rouge son image, l'image de sa torture."


Nietzsche, rêver de musique méchante : je ris de le voir si déformé en ce miroir.

Pour la musique, tout le monde sait que Nietzsche a aimé à la folie, en admirateur absolu, Wagner, à l' époque de la naissance de la tragédie (Wagner, l'opéra, comme renaissance de la tragédie) avant de s'en détacher, pour bien des raisons, d'amitié aussi, le trouvant trop religieux, romantique, allemand, décadent, manque de clarté, de mesure...)

Les musiciens aimés de Nietzsche, ce sont les italiens, Bizet ("chaque fois que j'ai entendu Carmen, il m'a semblé que j'étais plus philosophe, un meilleur philosophe qu'en temps ordinaires: je devenais si indulgent, si heureux, si hindou, si rassis ... Être assis pendant cinq heures: première étape vers la sainteté!") Beethoven, Chopin (pour qui il donnerait presque toute la musique), Rossini (malgré sa vulgarité, car, innocente) Gasti, Mozart; c'est quoi Mozart? la trace du " bon vieux temps", le temps d'avant la révolution française (le 17ème siècle français est l'un des siècles favoris de Nietzsche; Nietzsche a des goûts classiques, un gout classique) qui pour Nietzsche marque le triomphe des idées de Rousseau qu'il déteste. En Mozart se fait encore entendre le "chant du cygne du bon vieux temps" : "quel bonheur pour nous que son rococo nous parle encore, que sa « bonne société», son exaltation tendre, le plaisir enfantin qu'il prend à la chinoiserie et au contourné, sa politesse du coeur, son aspiration à ce qui est gracieux, amoureux, dansant, heureux jusqu'aux larmes, sa foi dans le Sud puissent encore trouver un écho auprès de quelque vestige demeuré en nous..."

"l'esprit de Mozart, l'esprit de belle humeur, exalté, délicat..."



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Message par wootsuibrick Dim 2 Sep 2012 - 10:32

breaker a écrit:et qui plus est vous la ramenez sans avoir vu les films.

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Message par Borges Dim 2 Sep 2012 - 10:33

breaker a écrit:

Borges a écrit:Ce qui arrive, il faut le vouloir


Borges a écrit:si la morale a un sens, c'est être digne de ce qui arrive


Borges a écrit:les choses valent ce que vaut la vie qui s'affirme en elle


et pourquoi pas? : "Just do it"

Là, encore une fois, il y a deux possibilités de lecture, celle qui élève et s'élève, et puis celle qui abaisse et se rabaisse. Ce n'est pas borges qui a écrit, mais Deleuze lisant (avec Nietzsche et Spinoza) Joe Bousquet, c'est dans "logique du sens", et dans les cours, aussi, sur le Net.

J'avais beaucoup écrit sur ça sur le forum des Cahiers, à propos de la notion d'événement. Joe Bousquet a été blessé lors de la guerre 14/18, par un obus; il a vécu le reste de sa vie, dans son lit, paralysé, écrivant, pensant. L'événement pour JB, c'est cette blessure, bien entendu. Comment être digne de cette blessure, la vouloir, et la voulant dépasser la passivité, la transfigurer en sa part de vérité éternelle, c'est le problème.

Je reviens pas sur le lien entre le corps, l'événement à incarner, sa part d'éternité... je cite juste ce passage d'un cours de Deleuze, parce qu'il peut être lié à TTL : "Vous sentez bien qu’il y a des gens qui sont indignes de l’événement aussi bien en bonheur qu'en malheur. Être digne d’un événement si petit qu’il soit, c’est une morale très concrète, ça ne veut pas dire être grave, sûrement pas, ce n’est pas ça. Il y a des gens qui font notre souffrance, pourquoi ? Parce que, en quelque sorte, ils médiocrisent tout, et le bien qui leur arrive, et le mal qui leur arrive. Vous sentez bien qu’il y a une certaine manière de vivre l’événement en étant digne de ce qui nous arrive en bien ou en mal. Je dirais que ça c’est l’aspect par lequel tout événement s’adresse a mon âme. Qu’est-ce qui rend les gémissant tellement durs à fréquenter ? Ils ne sont pas dignes de ce qu’il leur arrive …J’en dis trop déjà en disant que les gémissants ne sont pas dignes de ce qui leur arrive, car il y a des gémissants qui ont du génie... il y a des gémissants qui sont dignes de ce qui arrive, c’est même ceux-là qu’on appelle des prophètes. Il y en a qui portent le gémissement à un tel niveau de poésie, d’élégie, élégie ça veut dire la plainte…il y en a qui se plaignent avec une telle noblesse, pensez à Job, la plainte de Job est digne de l’événement. " (Deleuze)

-"Ce qui arrive faut le vouloir", c'est une allusion à l'amor fati :

"Ma formule pour désigner la grandeur dans l'homme, c'est l'amor fati : que personne ne veuille rien autrement, ni en avant, ni en arrière, ni dans les siècles des siècles. Ne pas seulement supporter la nécessité, encore moins se la dissimuler, mais l'aimer ..."

"Je me suis souvent demandé si je n'étais pas beaucoup plus redevable aux années difficiles de ma vie qu'à n'importe quelles autres. Ainsi que me l'enseigne ma nature très personnelle, tout inéluctable, vu de haut et au sens d'une économie générale, se confond avec l'utile en soi, - on ne doit pas seulement le porter, on doit aussi l'aimer ... Amor fati : c'est ma nature très personnelle. "


«Je veux apprendre toujours plus à voir dans la nécessité des choses le beau : je serai ainsi l'un de ceux qui embellissent les choses. Amor fati : que ce soit dorénavant mon amour! Je ne veux pas faire la guerre au laid. Je ne veux pas
accuser, je ne veux même pas accuser les accusateurs. Que regarder ailleurs soit mon unique négation! Et somme toute, en grand: je veux même, en toutes circonstances, n'être plus qu'un homme qui dit oui! »



(Nietzsche)"

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Message par Borges Dim 2 Sep 2012 - 11:05

Toutes ces citations pour débutant en Nietzsche, ça ne me fait même pas rire... m'opposer ce dont je parle (l'impuissance, les arrière-mondes) c'est tout de même plus que drôle...

-Une fois de plus, faut rappeler que Nietzsche n'est pas contre les dieux, le divin, mais contre ce qui s'exprime dans telle ou telle chose, telle ou telle institution; ce qu'il reproche au christianisme, c'est son origine dans l'impuissance...quand il annonce la mort de Dieu (des idéaux transcendants qui ont fait l'occident), c'est un constat, d'abord, il dit juste : "on y croit plus, cela a fait son temps, ce ne sont plus des valeurs capables de porter l'homme au-delà de la médiocrité d'une existence sans idéaux...", dans ce cas, il faut aller au-delà, créer autre chose, ce qui n'interdit pas les dieux, bien entendu, comme dit Heidegger, c'est seulement une "pensée essoufflée" qui verra dans cette volonté de dé-divinisation de l'étant une volonté d'athéisme", ou comme dit Nietzsche lui-même : "Et combien de nouveaux dieux sont encore possibles... moi-même, moi en qui l'instinct religieux, c'est-à-dire créateur de dieux cherche parfois à revivre : avec quelle diversité, quelle variété, le divin s'est à chaque fois révélé à moi. Tant de choses étranges sont passées près de moi en ces instants hors du temps qui nous tombent dans la vie comme de la lune..."


Nietzsche pour débutant, c'est bien, parce qu'il faut bien commencer, mais faut pas en rester là; et surtout toujours penser en terme de généalogie : quelle force de vie ai-je là, en face de moi? Autre règle, toujours avoir en tête que Nietzsche est un penseur de la joie, de la vie, de l'innocence, de l'intensité; ce qu'il déteste, c'est ce qui la diminue... A partir de là, tout est évident; en esthétique : juger une oeuvre à partir des affects qu'elle procure, donne; elle doit intensifier la vie, sans rien ignorer du terrible, qu'elle transfigure...





-

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Message par adeline Dim 2 Sep 2012 - 11:23

breaker a écrit:j'avais raté ça dans le thread. lol
j'aime bien jouer le jeu anglais, mais là c'est trop les tacles et la mauvaise foi dans l'écriture de Borges, je sais pas comment vous en arrivez dans vos vies à vos "ô Borges", et qui plus est vous la ramenez sans avoir vu les films.

Breaker pour le coup, j'ai vu deux fois Badlands, deux fois Days of Heaven, trois fois La Ligne rouge, deux fois Le Nouveau monde et trois fois Three of Life. Donc, je sais ce dont parle Borges, ce dont tu parles, et si je retrouve les films dans ce qu'écrit Borges et non dans ce que tu écris, ça n'est ni "pour" Borges, ni "contre" toi. Prière donc de ne plus médire en disant que je n'ai pas vu les films dont je parle Wink


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Message par Eyquem Dim 2 Sep 2012 - 11:38

breaker a écrit:la mère ne peut pas représenter la voie de la grâce, elle est forcément sur la même pente dépréciative que le père avec sa volonté de dominer, elle est aussi dénonciation de l'être au nom du négatif. Elle est une puissance féminine infernale pour son mari, négative et moralisante, la mère du bien et du mal, "c'est ta faute", ta faute si les enfants sont malheureux(elle bat son mari), c'est ta faute si notre fils meurt à la guerre, etc, la perpétuelle accusation...
La mère, puissance infernale, perpétuelle accusatrice ?
C'est vraiment le contraire de ce que montre le film : elle se dore au soleil, elle s'émerveille, elle danse dans les airs, elle joue. C'est justement ça que lui reproche le père, quand il parle aux enfants : "Votre mère est trop naïve. Pour réussir dans ce monde, faut pas être trop gentil. Quand on est gentil, on se fait avoir."

Rien ne dit que le fils meurt à la guerre. On ne sait pas comment il est mort.
Où vois-tu qu'elle accuse son mari de cette mort? Elle dit juste qu'elle veut mourir, être avec lui.
Quand elle s'adresse à Dieu, elle n'accuse pas, ne maudit pas, elle ne s'affale pas dans un tas de fumier, comme Job, pour adorer le mal que Dieu lui envoie. Elle erre dans la forêt, elle questionne : "T'ai-je fait défaut ? Seigneur. Pourquoi? Où étais-tu?" ; et ses questions sont formulées de telle façon qu'elles puissent s'adresser à Dieu, au fils (t'ai-je fait défaut?) ou à elle-même (où étais-tu?).

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Message par adeline Dim 2 Sep 2012 - 11:42

Le fils se suicide à Madrid, à 19 ans. Le mec qui apporte le télégramme est un agent de Fedex ou DHL, pas un soldat.

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Message par Borges Dim 2 Sep 2012 - 11:42


Souffrance et impuissance - voilà qui a créé tous arrière-mondes. Lassitude qui d'un seul saut tend à l'ultime, pauvre ignorante lassitude qui ne veut plus même vouloir : c'est elle qui créa tous dieux et arrière-mondes.


Il faut comprendre ce que l'on cite, et faire le bon agencement : les films de malick, c'est même ce qu'on leur reproche souvent, ne méprisent pas le sensible, l'ici, ne le rejettent pas, ne le condamnent pas au nom d'un au-delà, ils le magnifient : tout est gloire...repensons encore à l'image de l'oiseau...

Terrifiant, cette incapacité à saisir

ne pas lire un énoncé, sans l'inscrire dans le tout, même s'il est seulement une idée, de l'oeuvre, même fragmentée, surtout fragmentée; quand Zarathoustra dit "tous les dieux ont leur origine dans l'impuissance", faut pas le prendre au sérieux, parce que c'est faux, dans Nietzsche, pour les dieux grecs, pensons aussi à son admiration pour l'Islam...
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Message par Borges Dim 2 Sep 2012 - 11:46

Rien ne dit que le fils meurt à la guerre. On ne sait pas comment il est mort.

hi

on le sait, dans un accident de bagnole; ce qu'annonce le télégramme, si je me trompe pas...

mais cela peut être n'importe quelle mort, c'est peut-être cela l'intéressant, qu'on ne puisse pas savoir...(car c'est bien entendu aussi une allusion au suicide...)

une fois de plus le cinéma de malick ne condamne rien, c'est même cela qui est terrible en lui, nietzschéen, si on veut ;
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Message par Borges Dim 2 Sep 2012 - 11:46

adeline a écrit:Le fils se suicide à Madrid, à 19 ans. Le mec qui apporte le télégramme est un agent de Fedex ou DHL, pas un soldat.

oui, si on lit biographiquement,
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Message par Eyquem Dim 2 Sep 2012 - 12:08

Borges a écrit:ce qu'annonce le télégramme, si je me trompe pas...
Tu as réussi à le lire ? J'ai tenté un arrêt sur image, mais c'est trop flou.
Ou alors, tu as trouvé le script du film ?
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Message par Invité Dim 2 Sep 2012 - 12:26

Borges a écrit:
breaker a écrit:Souffrance et impuissance - voilà qui a créé tous arrière-mondes. Lassitude qui d'un seul saut tend à l'ultime, pauvre ignorante lassitude qui ne veut plus même vouloir : c'est elle qui créa tous dieux et arrière-mondes.
Il faut comprendre ce que l'on cite, et faire le bon agencement : les films de malick, c'est même ce qu'on leur reproche souvent, ne méprisent pas le sensible, l'ici, ne le rejettent pas, ne le condamnent pas au nom d'un au-delà, ils le magnifient : tout est gloire...

Dans Tree of life, la spiritualisation du sensible est rattachée à la morale de troupeau qui veut l'englober. C'est cette prétention d'une morale pour tous(ton credo philosophique) jusqu'à l'amplification finale sur la plage. Tree of life n'est pas la pensée affirmative, la pensée qui affirme la vie et la volonté dans la vie, il ne croit pas du tout à l'innocence de l'avenir et du passé, le sens de l'extériorité est anéanti. Le "tout est gloire" du cinéma de Malick s'accentue vers un ascétisme chrétien, ça en devient une telle aberration, même le geste du dinosaure se sent coupable d'exister. L'agonie d'un des dinosaures du film semble reproduire la séquence de la Ligne rouge où Witt accompagne l'agonie du soldat qui se fait exploser avec sa grenade, il pose une patte de compassion sur celui qui va mourir, t'inquiète pas dit le dinosaure, tes frères ne t'oublieront pas, ceci est à voir nettement dans la version de 6 heures du film. Il y a aussi cet autre qui meurt sur une plage, toujours à la gloire de Dieu ; l'élément morbide touche au grotesque. Aussi Malick donne ici une interprétation de l'extinction des dinosaures, qui sont morts de leur idéal chrétien.


Borges a écrit:tout est gloire...repensons encore à l'image de l'oiseau...

Les oiseaux sont doués mais ils ne peuvent pas parler.


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Message par Invité Dim 2 Sep 2012 - 20:05


Le trouble du philosophe, Chirico, 1926Tree of Life et le cinéma de T. Malick  - Page 17 Museo-del-novecento-incontro-con-la-pittura-m-L-7rszI_

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Message par Invité Dim 2 Sep 2012 - 21:33

De toute manière Nietzsche, c'est un truc d'instituteurs ou d'universitaires laïcs qui lisent Michel Onfray à présent. C'est bien connu...rien ne sert de le nier.


Quand on a sorti cela sur Malek Bensmail (sans plus d'arguments), j'ai compris que si la réflexion pouvait être un long fleuve puissant, le snobisme était un océan...

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Message par Borges Lun 3 Sep 2012 - 7:43

Pour "to the wonder", Malick a demandé à ses acteurs et actrices de lire Dostoïevski (l'idiot, les frères karamazov) Tolstoï (AK) et Fitzgerald
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Message par Borges Lun 3 Sep 2012 - 10:58

Eyquem a écrit:
Borges a écrit:ce qu'annonce le télégramme, si je me trompe pas...
Tu as réussi à le lire ? J'ai tenté un arrêt sur image, mais c'est trop flou.
Ou alors, tu as trouvé le script du film ?

Hi, sorry pour le retard; j'ai recherché ma source, pas retrouvée; un arrêt sur image, sur je ne sais plus quel site; one big soul? mais j'ai pas retrouvé.

Je crois n'avoir pas rêvé.
Borges
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Message par Invité Lun 3 Sep 2012 - 14:31

http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Venise-2012-To-the-Wonder-le-dernier-Malick-oscille-entre-ridicule-et-ravissement-3477178

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Message par Invité Lun 3 Sep 2012 - 15:32

Borges a écrit:
Eyquem a écrit:
Borges a écrit:ce qu'annonce le télégramme, si je me trompe pas...
Tu as réussi à le lire ? J'ai tenté un arrêt sur image, mais c'est trop flou.
Ou alors, tu as trouvé le script du film ?

Hi, sorry pour le retard; j'ai recherché ma source, pas retrouvée; un arrêt sur image, sur je ne sais plus quel site; one big soul? mais j'ai pas retrouvé.

Je crois n'avoir pas rêvé.
sur le télégramme de la western union, on peut déchiffrer quelques mots, au début " the american embassy(?) in Mexico" ..."death of" ... "mexican" ... à la fin "in an auto accident" je crois. Le reste est difficilement lisible.

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