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The Wire

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Message par Invité Mar 3 Nov 2009 - 22:42

Salut,

J'ai regardé les deux premiers épisodes de la série. Pas vu grand chose de renversant pour l'instant, du mal à cerner quel regard portent les auteurs sur la société qu'ils filment réalisme au poing (naturalisme ?), peut-être encore trop tôt. Beaucoup de banalités, il me semble, la hiérarchie (et ses promotions familiales) des voyoux qui répond à celles de l'administration, les bavures, les camés indics, etc..

Dans le premier épisode deux flics des stups discutent du travaillent qu'ils font. L'un d'eux parle de "guerre à la drogue", l'autre répond "pas d'accord pour parler de "guerre", parce que nous, notre combat n'a pas de fin". Peut-être qu'on tient là le filon de la série, dès le premier épisode, je sais pas, faudra voir la suite.. j'espère que non parce que n variations sur le thème de la lutte contre la drogue, bof

Si on veut partir de Daney pour "The Wire", à mon avis il vaut mieux partir de ce qui est recopié en dessous que de la citation d'Erwan que je trouve sans aucun intérêt (on verra bien d'ailleurs que son clivage US/France est totalement creux), enfin bon je dis ça pour faire gagner un peu de temps :

"Le naturalisme, c'est le tour de passe-passe par lequel ceux qui étaient encore hier interdits au filmage, exclus de la communauté nationale - filmique, jamais vus sur les écrans (par exemple les jeunes, les immigrés, les paysans) sont soudain inclus dans la fiction (et une fiction traditionnelle) comme s'ils y avaient toujours été. Dans tous les sens du mot, ils sont naturalisés, reconnus par la loi, normés, rendus à la fois naturels et légaux, accédant à une sorte de "dignité iconique". Ce qui est alors escamoté (et cet escamotage est le fond même du naturalisme, sa raison d'être), c'est leur irruption (et le pourquoi de cette irruption) dans la fiction. Contre le naturalisme, c'est cette irruption que Godard filme en tant que telle ("les nouveaux acteurs sociaux" ; jeunes et immigrés) dans la scène finale de Tout va bien, où un supermarché se métamorphose en théâtre social. Echec (commercial) de Godard, succés du naturalisme : le premier films la ségrégation, le second la donne comme fantasmatiquement résorbée. Naturalisme/ségrégation : l'un ne va pas sans l'autre."
S. Daney, Naturalisme et typage, une certaine tendance du cinéma français.

Quand pourras-t-on enfin découvrir "My Crazy Life" de JP Gorin ?

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Message par Invité Mar 3 Nov 2009 - 22:47

Il y a aussi ailleurs dans le dossier d'où est tirée la citation de Daney une possible explication de l'intérêt que suscite cette série dans certains milieux. Il parle de "réserve".

Réserves : un stock mais aussi un enclos, un territoire. Question : qui vit dans les réserves de l'imaginaire bourgeois et petit-bourgeois un an après le 11 septembre 2001 ?

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Message par DB Mer 4 Nov 2009 - 9:25

Peut-être vas tu vite en besogne JM.... Regarde la saison dans son intégralité.

Le discours des flics sur "war on drugs" est un élement de la série que l'on retrouvera jusque dans la troisième saison qui prend un tournant opposé à la première...

C'est quelque chose auquel le co-créateur de la série David Simon, est très opposé, il l'explique longuement avec son compère Ed Burns dans leur bouquin The Corner; cette guerre ça n'est rien que du vent qui est bougé (c'est le sujet de la première saison), brassé...

Bref, wait and see.
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Message par Invité Mer 4 Nov 2009 - 9:53

Sans doute DB, mais disons que pour une entrée en matière tout ça sonne un peu comme un cliché dont pour l'instant je ne vois pas la sortie. Et effectivement on rentre là-dedans au premier épisode vraiment "la tête la première", on est bazardé au milieu des projects comme si tout cela était somme toute très familier au spectateur (la discussion, assis côte à côte, ami-ami, entre le flic et le mec en bubble goose). On se rend vite compte que le voeu de réalisme retombe très vite sur les quelques poncifs des quelques grosses productions hollywoodiennes qui se sont déjà aventurées de ce côté-là des USA.

J'attends de la suite quelque chose dans la construction et la manière d'appréhender les espaces, c'est sans doute d'abord de ce côté-ci qu'il peut y avoir des choses intéressantes, au vu des deux premiers épisodes.

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Message par Borges Mer 4 Nov 2009 - 13:57

Je ne sais pas si l'opposition de Brecht (qui structure le passage de Daney, entre histoire et naturalisme, nature, naturalisation) vaut pour the Wire.
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Message par Invité Mer 4 Nov 2009 - 14:21

Borges a écrit:
Je ne sais pas si l'opposition de Brecht (qui structure le passage de Daney, entre histoire et naturalisme, nature, naturalisation) vaut pour the Wire.

à toi de voir ?! Wink

Je dis : oui.

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Message par Invité Jeu 5 Nov 2009 - 5:34

En fait quand je disais que la lutte contre la drogue, "sans fin", pouvait servir de fil conducteur à la série sur bien des saisons (ce qui n'est apparemment pas tout à fait le cas d'après DB), je me disais que ça pouvait fonctionner un peu comme la lutte contre le mal de la série Twin Peaks. Trouver un truc de fond qui puisse fonctionner dans la durée pour le scénar. Et si c'est un truc qui dure indéfiniment, effectivement on retombe toujours au début quand ça s'arrête, quand il faut arrêter, même si le lien avec Proust paraît un peu grossier ici..

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Message par Borges Jeu 5 Nov 2009 - 11:28

JM a écrit:
Borges a écrit:
Je ne sais pas si l'opposition de Brecht (qui structure le passage de Daney, entre histoire et naturalisme, nature, naturalisation) vaut pour the Wire.

à toi de voir ?! Wink

Je dis : oui.

Je suggère "non"; tant de choses ont changé depuis; ce serait "naturaliser" le passage cité que de croire à sa valeur "ahistorique".
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Message par Borges Jeu 5 Nov 2009 - 11:42

Oui, mais alors, il faut penser ce "sans fin", avec le "happy end", ce dont on parlait ailleurs avec Eyquem.





Y a un truc aussi assez particulier, propre aux séries; elles risquent de s'achever sans raison (propre, liée à leur loi interne de développement ) n'importe quand; un achèvement venu du dehors. La série s'arrête, faute de spectateurs, de succès, ça ne marche plus...


On aurait alors plusieurs concepts de "fin" dans la série



La fin des séries...


Fin de série, comme on dit dans le commerce...



Dans la fiction-cinéma-classique, tout se passe pour que le récit conduise le personnage à une fin, une relève, il passe à un autre degré d'existence, ou pas; c'est la fin heureuse, il a réussi, la suite est hors histoire; il vit heureux, etc. c'est la structure du conte de fées. Dans la série, c'est pas le cas; par exemple Columbo; il reste éternellement lieutenant, jamais il ne change; il résout toutes les enquêtes possibles, mais sa vie reste la même; on n'a pas l'impression d'une capitalisation; il ne change pas de statut; il ne peut pas...et nous ne voulons pas qu'il change, ni lui, ni de voiture, ni d'imper....il doit rester le même; étrange, et paradoxe... à développer.

Qu'advient-il quand les personnages changent, en terme de désir.
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Message par glj Jeu 5 Nov 2009 - 14:17

j'ai vu le premier épisode de la série est je suis d'accord avec ce que dis jm , bon si il faut voir l'intégral comme db pour mieux appréhender la série, j'avoue que cela ne me branche pas. Une chose tout de même il y a de la mise en scéne, de la bonne mise en scéne dans the wire qui fait que l'on s'accroche un peu, elle donne un état de suspense et de perspective à l'espace qui est assez rare dans le monde of serie. J'ai pas trop le temps d'approfondir mais je voir un deuxieme épisode pour creuser tout cela justement.

a suivre...

( remarque judicieuse de borges sur la fin d'une série : en comparaison de la fin d'un film )
glj
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Message par Borges Jeu 5 Nov 2009 - 15:56

glj a écrit:j'ai vu le premier épisode de la série est je suis d'accord avec ce que dis jm , bon si il faut voir l'intégral comme db pour mieux appréhender la série, j'avoue que cela ne me branche pas.

Hello;

C'est pas sérieux, glj, t'oserais pas dire la même chose d'un film; une série, c'est une autre temporalité, une autre durée; tu vas pas dire la même chose de la Recherche du temps perdu, ou de la comédie humaine, ou de tas d'autres trucs...faut-il voir tout Léonard de Vinci; ses oeuvres sont-elles séparées, liées... ou tout Godard...(ses périodes...)? c'est là que les questions intéressantes se posent...

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Message par glj Jeu 5 Nov 2009 - 19:56

evidement borges,

ce que je dis c'est que le premier épisode de the wire ne me donne qu'une vague envie d'aller y revoir de plus prés
glj
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Message par Invité Dim 8 Nov 2009 - 13:29

Borges a écrit:
JM a écrit:
Borges a écrit:
Je ne sais pas si l'opposition de Brecht (qui structure le passage de Daney, entre histoire et naturalisme, nature, naturalisation) vaut pour the Wire.

à toi de voir ?! Wink

Je dis : oui.

Je suggère "non"; tant de choses ont changé depuis; ce serait "naturaliser" le passage cité que de croire à sa valeur "ahistorique".

Salut,
Je sais pas c'est quoi qui a changé depuis ?

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Message par Invité Mar 10 Nov 2009 - 22:36

Dans la série, les dealers appellent les flics "Five-o", expression argotique empruntée à la "série" (je ne sais pas si vous appelez ça comme ça?) des années 70 "Hawaii, five-O", plus connue en France sous le nom de "Hawaï, police d'état". Je sais pas si les dialoguistes ont pensé à ce retour d'une autre ancienne série dans la leur via une authentique expression argotique. Il y a ici une sorte d'échange prolongé de "fond de court" entre la réalité et la fiction.

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Message par Invité Sam 14 Nov 2009 - 13:15

JM a écrit:Beaucoup de banalités, il me semble, la hiérarchie (et ses promotions familiales) des voyoux qui répond à celles de l'administration, les bavures, les camés indics, etc..

On retrouve ça très nettement dès l'épisode trois avec la métaphore du jeu d'échec explicitée par l'un des dealers : deux camps, l'un contre l'autre, même système hiérarchique, les petits en bas s'agitant pour défendre les gros qui ont le cul bien posé sur leur trône.

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Message par ^x^ Sam 14 Nov 2009 - 14:11

Spoiler:
Salut JM,

Je ne pige pas; un cliché ? Une réalité ? Tu le ressens vraiment comme un cliché qu'il aurait fallu éviter, cette représentation... ?

Scène "formidable".
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Message par Invité Sam 14 Nov 2009 - 14:34

Hello Careful,

Oui, dans une certaine mesure c'est un poncif de pas mal de films de gangsters hollywoodiens il me semble, de rechercher cette équivalence-là entre flics et voyous. Ou c'est peut-être pas exactement comme ça que ça fonctionne, mais presque dans un sens, prendre tous les films de mafia où on dépeint les gangsters comme une société (ou structure familiale) fonctionnant avec des codes finalement identiques à ceux de la société qu'elle rejette.

http://www.abcdrduson.com/articles/154-hip-hop-chess-and-life-strategies.html

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Message par Borges Sam 14 Nov 2009 - 16:05



Je suis loin de partager ton indifférence pour cette série JM, dont je n'ai vu que deux numéros, les deux premièrs; bien entendu cette image est un "cliché", mais elle peut aussi permettre de penser des choses; tout dépend de ce à quoi on agence une image, un mot, ou je sais pas; ceci : pour ce qui est du contenu, du sens; sinon, si un tel partage est permis, je trouve "la mise en scène" très étonnante; quelque chose de théâtral...



Foucault utilise parfois la métaphore du jeu d'échec, des cases.

Seule une fiction peut faire croire que les lois sont faites pour être respectées, la police et les tribunaux, destinés à les faire respecter. Seule une fiction théorique peut faire croire que nous avons souscrit une fois pour toutes aux lois de la société à laquelle nous appartenons. Tout le monde sait aussi que les lois sont faites par les uns et imposées aux autres. Mais il semble que l'on peut faire un pas de plus. L'illégalisme n'est pas un accident, une imperfection plus ou moins inévitable. C'est un élément absolument positif du fonctionnement social, dont le rôle est prévu dans la stratégie générale de la société. Tout dispositif législatif a ménagé des espaces protégés et profitables où la loi peut être violée, d'autres où elle peut être ignorée, d'autres, enfin, où les infractions sont sanctionnées. À la limite, je dirais volontiers que la loi n'est pas faite pour empêcher tel ou tel type de comportement, mais pour différencier les manières de tourner la loi elle-même. Par exemple, les lois sur la drogue. Depuis les accords États-Unis-Turquie sur les bases militaires (qui sont liés pour une part à l'autorisation de cultiver l'opium) jusqu'au quadrillage policier rue Saint-André-des-Arts, le trafic de drogue se déploie sur une sorte d'échiquier, avec cases contrôlées et cases libres, cases interdites et cases tolérées, cases permises aux uns, défendues aux autres. Seuls les petits pions sont placés et maintenus sur les cases dangereuses. Pour les gros profits, la voie est libre (...) Ces énormes masses d'argent remontent jusqu'au moment où elles arrivent aux grandes entreprises financières et politiques de la bourgeoisie. En somme, on maintient un échiquier où il y a des cases dangereuses, et d'autres, sûres. Sur les dangereuses se trouvent toujours les délinquants.
.


(Dits et écrits II)
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Message par ^x^ Sam 14 Nov 2009 - 17:23

Impressionné. (Dits et écrits II, je note)
Merci pr cette citation que je ne connaissais pas du tout.
Et bien maintenant je suis persuadé que Simon a lu Foucault, puisque j'ai vu une vidéo sur you tube ou D.Simon faisait référence à cette métaphore de l'échiquier pr décrire, présenter les flux de tensions de la société américaine et les enjeux de la troisième saison. La plus grande d'après les commentaires de ci de là.
Je me débrouille pr revoir cette scène d'échec en sous titré Fr,JM, et on en reparle car je ne suis pas sur que l'on fasse référence à la hiérarchie entre la police et les vilains délinquants (voyous) ici. Cela vient bien au delà de ce clivage.

ps: je trouve cela curieux que tu es pu apprécier les 2 premiers episodes, Borges; j'ai eu bcp de mal avec les maladresses de mise en scène, le ton donné...jusqu'au 8 ou 9 ème ep. Je reste confiant, et vraiment "heureux" qu'au moins une personne, ici, ait pu "apprécier" quelque chose ds cette "série" même sur une durée si minime qu'elle soit. Mais le contraire est tout aussi intéressant (presque); ceux qui ont trouvé tellement de clichés et d'ennuis en quelques "phrases".
Teguia il te résume la rencontre en un plan séquence, point.
Simon il passe par un médiant casse gueule.
ça passe par l'autre voix(e); le temps ici est sur une échelle si...c'est un autre organisme tout simplement. Je trouve.
Cette vielle école du "théâtre" fait encore des merveilles. J'en parlais avec un prof de théatre italiens l'autre jour...certes elle a conditionnée tellement de sc...Bref;Billy Wilder en parle très bien.


Erwan en parle aussi tellement bien si vous saviez...(aspects positifs, négatifs, les beautés de The Wire etc) il est rendu à la fin de la S2...Pardon de te citer comme cela E... Embarassed