Notre musique

Un peu d'electro-rock qui dépote :

En marge des discussions sur le fantastique, exemple assez intéressant de psychédélisme à la française (souvent plus impressionnant dans la musique de film que le rock) la musique d'Alain Goraguer pour la Planète Sauvage de Laloux/Topor.
Bon d'accord ça fait penser un peu à la musique d'il était une fois l'homme.

Complètement oublié aujourd'hui: Igor Wakhévitch une sorte d'easy listening expérimental



Sinon je l'ai déjà posté ici ça a l'air aussi apparemment culte aux USA (200 000 vues sur YouTube) et oublié chez nous, cette B.O. d'un film érotique soft avec des acteurs danois signée par le réalisateur:

Ca ressemble (en moins exigeant et inspiré) à ce que faisait Nino Ferrer dans les mêmes années...

Sinon je me demandais pourquoi YouTube avait moins d'emmerde que MegaUpload alors qu'il contribue sans doute bien plus au siphonnage des droits d'auteur mais j'avais oublié que cela appartenait à Google.
Des services comme ça et GoogleDocs sont beaucoup plus effrayants que le fait que Microsoft forçait l'installation d'IE dans Windows qui étaient à la source de tout un pataquès il y a 15 ans

" C'est frais et ça mange pas de pain "


J'ai découvert ce groupe sur le tard, mais j'en reste pour le moins surpris par le caractère onirique de leurs ( très ) douces mélodie. Ces messieurs suédois, dont la musique pourrait parfois s'apparenter à celle de John Fahey, fabriquent à travers méandres électroniques, saturations électriques, crissements de cordes des paysages sonores complexes et fluides. Idéal pour une méditation zen

Luminarium ( 2009 ) et Revelationes ( 2011 ) culminent:

couverture du dernier wire

La playlist complète de Barack Obama, février 2012:
“Different People” – No Doubt
“Got to Get You Into My Life” – Earth, Wind & Fire
“Green Onions” – Booker T & The MG’s
“I Got You” – Wilco
“Keep on Pushing” – The Impressions
“Keep Reachin’ Up” – Nicole Willis & the Soul Investigators
“Love You I Do?” – Jennifer Hudson
“No Nostalgia” – AgesAndAges
“Raise Up” – Ledisi
“Stand Up” – Sugarland
“This” – Darius Rucker
“We Used To Wait” – Arcade Fire
“You’ve Got the Love” – Florence and the Machine
“Your Smiling Face” – James Taylor
“Roll with the Changes” – REO Speedwagon
“Everyday America” – Sugarland
“Learn to Live” – Darius Rucker
“Let’s Stay Together” – Al Green
“Mr. Blue Sky” – Electric Light Orchestra
“My Town” – Montgomery Gentry
“The Best Thing about Me Is You” – Ricky Martin, featuring Joss Stone
“You are the Best Thing” – Ray Lamontagne
“Keep Marchin’” – Raphael Saadiq
“Tonight’s The Kind of Night” – Noah and the Whale
“We Take Care of Our Own” – Bruce Springsteen
“Keep Me In Mind” – Zac Brown Band
“The Weight” – Aretha Franklin
“Even Better Than The Real Thing” – U2
“Home” – Dierks Bentley.

(très bien Django Django, j'avais pas encore écouté tiens)

En ce moment j'écoute beaucoup Fela Kuti.

Shuffering and Shmilling, morceau d'une douceur inhabituelle chez lui et avec une mélodie que je trouve très belle, une description amère du cycle des jours et du travail, de l'embrigadement religieux qui fait passer la pilule (Dieu, aussi accaparant qu'un patron, et les religieux qui ont une mentalité de contremaitre), qui commence comme une prière et se retourne en comptine joyeuse et enfantine.
Malheureusement on ne le trouve pas en entier sur YouTube, les superbe solos de saxophone et d'orgue sont coupés



Des inflexions rappellent parfois le Miles Davis d' "In a Silent Way" dans les morceaux que Kuti faisait à la fin des années 70 et au début des années 80.

C'était aussi un excellent producteur, du calibre d'un Brian Eno ("Africa Centre of the world"), j'ai écouté des morceaux qu'il a fait avec Bill Laswell et Bernie Worrell, sur le papier cela promettait beaucoup, mais la production est complètement aseptisée, on sort de la fusion réussie entre jazz, Funk et Highlife des morceux qu'il produisait lui-même pour entrer dans la "world music" en tant que genre avec des sonorités affreuses de synthés new ageuses qui ont mal vieillies.

Les paroles de Shuffering & Shmilling sont remarquables.
Dans le titre de Kuti, la première partie est le déploiement d’une musique que l’on pourrait qualifier presque d’atmosphère tant elle est douce, technique, sans parole, avec une basse chaude et répétitive.
Puis tout à coup Kuti chante et déploie tout l’espace de l’Afrique, une immensité qu’il doit
déployer entièrement pour critiquer le bigotisme, faire de la foi elle-même un objet extérieur
“I want you all to please take your minds
Out of this musical construction
And put your minds into any goddamn church
Any goddamn mosque
Any goddamn Celestical
Including Seraphoom and Cheruboom”


La religion n’est pas présentée comme absurde à cause de la disposition psychologique à la superstition qu’elle induit, mais parce qu’elle est un impératif paradoxal, une autorité impuissante face à l’ordre réel, un simulacre qui invoque Rome, la Mecque mais Londres qui ne change rien à l’ordre vécu par le prolétariait en Afrique, celui du sommeil dans des bidonvilles, du travail épuisant, de l’absence d’infrastructure, de la corruption qui permet un contrôle des déplacements, la religion est presque une fiction mais un fiction qui a des effets en segmentant artificiellement un rapport d’exploitation réel, qui ne s’épuise pas dans la psychologie et ne se particularise pas localement. D’une certaine manière Kuti comprend qu’il doit se situer à la fois avant une idéologie et une praxis, il ne peut que décrire ce qu’il rejette, s'agissant du sacré :

A la fin du morceau, le mouvement inverse de l’ouverture se reproduit, le repli de cet espace est mis en scène , la technicité et la légèreté de la musique, l’esthétique presque easy listening de la musique lui permet de faire part de la souffrance d’un prolétariat africain comme si elle était un secret
“We now have to carry our minds
Out of those goddamn places
Back into this musical construction
Right opposite you
Now we are back here

This is what happens to we Africans every day
Now wetin I want tell you now
a secret o
a confidential matter
Don't tell anybody outside
Na between me and you
Now listen”

« Every day my people do inside bus
Every day my people do inside bus
Forty-nine sitting, ninety-nine standing
Them go pack themselves in like sardine
Them dey faint, them dey wake like cock
Them go reach house, water no dey
Them go reach bed, power no dey
Them go reach road, go-slow go come
Them go reach road, police go slap
Them go reach road, army go whip
Them go look pocket, money no dey
Them go reach work, query ready

Every day na the same thing
Every day na the same thing
Every day na the same thing
Every day na the same thing »

En exergue, Kuti dit qu’il chante à la fois pour les Africains et les non africains, et est conscient que la même musique sera perçue à travers des intérêts opposé :
« You Africans, please listen to me as Africans
And you non-Africans, listen to me with open mind”

Un morceau très fort, il faut à Kuti à la fois poser et replier une image de l’Afrique comme totalité pour traiter comme un sujet la ressemblance de la souffrance en Afrique avec une fiction, et l’envers de cette ressemblance: ce qui fait qu’elle est déterminée par des idéologies globales. Il substitue l'unique question de l’identité de cette idéologie (qui est à la fois un reste de l’empire colonial, et son absorption) à celle de la démarcation réciproque des dentités africaines ou occidentales. C’est une des rares chansons dans laquelle Kuti ne revendique rien, et il échappe à la revendication par la mise en scène d’un continent de l’extérieur et de manière totale.

Dans les morceaux qui me font pleurer: le dernier morceaux de Technodelic de YMO. Pourtant c'est un titre idiot, un peu pompeux et enfantin, avec un rythme de marche solennel et grandiloquent mais juste un peu spectral.
Les sonneries de vieux téléphones à cadrans fusionnés sur la flûte et l'harmonium de
Megaherz de Kraftwerk aussi, mais ce titre est extraordinaire. J'ai l'impression que des morts vont appeler juste pour demander "comment ça va", très doucement comme Proust qui rêve de sa grand-mère, même si une telle image est ridicule vu la sévérité clinique avec laquelle Kraftwerk défend son ambition de lisser la musique d'avant garde sans la trahir dans ce titre.

Sinon découvert par hasard (en croyant emprunter un disque de Zappa à la médiathèque) le travail de Hector Zazou/Bony Bikayé/Cy1 chez les Belges de Crammed (ainsi que Fred Firth et les musiciens des Honeymoon Killers/Aksak Maboul beaucoup plus intéressants ici que dans les albums studio de ces groupes)

Cela a un peu vieilli (surtout le texte -et le dessin- de la pochette, façon "l'Afrique rencontre Eno grâce à nous", le rapport d'inspiration et de transmission réel est quelque peu inversé pour flatter l'auditeur blanc) mais c'est encore bon.

Très bon.

Ah oui, aksak maboul.

Le morceau d'eux que je préfère (très zappien période "uncle meat"), et sur lequel j'invente une danse nouvelle chaque fois que je l'entends (style sampa: pieds joints et immobiles, et tout le reste du corps agité de façons diverses):

Joli hommage au plus beau générique de Godard, sur la plus belle musique de Duhamel:

D'une pierre deux coups :



- la chanson reste dans le thème : Eric Burdon chante qu'il t'achètera une Cadillac, ou une Ford Mustang, si juste tu lui donnes un peu d'amour.

- c'est un hommage au style "sampa" dont Jerzy restera pour toujours l'étoile, sans aucun doute, mais il faut bien avouer que Grégoire Colin s'y débrouille pas mal, en y ajoutant de gracieux pas chassés (entre autres).