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Morning glory et les petits indépendants : que je me dresse de l'aube à l'aube

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Message par Borges Lun 16 Mai 2011 - 7:56

ai vu la fameuse comédie, la très oasis, morning glory; l'histoire d'un vieux journaliste autrefois star joué par HF et d'une jeune fille; un remake du dernier tango à paris, mais pour enfant; au début il bande plus, à la fin oui.



ça ne vaut pas grand chose, au mieux : 4.5/12

comme je me méfie de mon jugement, après ça, bien entendu, je me suis promené sur le net, pour voir ce que ça inspire comme commentaire;

les plus débiles, une fois de plus, c'est les indépendants; les mecs ont laissé carte blanche à antoine thirion.

http://independencia.fr/indp/7.3_MORNING_GLORY_MICHELL.html


Qu'en dire?


Les indépendants ont une chance folle.


A l’heure où il ne semble plus possible d’entrer dans une salle obscure sans connaître sur le bout des doigts la totalité de l’histoire de la philosophie, ils comptent dans leur équipe au moins trois ontocinématographothéologues :

-renzi le redoutable dialecticien spécialiste de hegel, qu’on ne présente plus,

-macé, le spécialiste d’un peu tout, des arbres catholiques immanentistes et transcendantaux aux conneries pas possibles,

-et ce tout nouveau, qui arrive et veut se faire une place dans le ciel des idées, un terrain où on ne l’attendait pas : antoine thirion, qui se lance dans la lecture cavellienne des comédies héritières de la grande tradition screwballesque, avec ou sans remariage.

C'est que le mec ne veut plus se contenter de jouer à l'artiste de la bande, faire du dessin commercialisé sur de superbes t-shirts, des films; il sait que pour exister dans la pensée du cinéma, il faut être à la mode philosophique,

A la lecture de son texte sur morning glory, on doit se résoudre à lui prédire un grand avenir dans la critique pensante, et contemporaine de son propre temps ; car penser ne suffit pas il faut penser en contemporain le contemporain.

Des indépendants, c’est la règle la plus impérative, la plus inconditionnelle, une manière de point de réel plus que rimbaldien ; il faut être résolument contemporain, ne rien négliger, ne rien mépriser, ne plus ériger le passé en norme, la nostalgie en principe, et se confronter aux produits des temps présents, et les juger selon les goûts contemporains.

La voix privée du critique doit se mêler à la voix publique, la voix du génie à celle du gars ordinaire quelconque qui va au cinéma ; c’est ce que nous expliquent selon les moyens de leur génie propre, tous les gars de cette revue.

Comparez le texte d’Eugénio sur le dernier Straub à celui de son ami Antoine, vous verrez que la règle morale, politique et esthétique de ces jeune gars, peut se résumer en : « nous sommes des jeunes gars de notre temps ; il faut en finir avec les internationales ringardes, et ronflantes, pour vivre l’esprit du temps; une ouverture d’esprit transcendantale démocratique au langage du quotidien contemporain nous interdit de le mépriser.

La critique que nous fait thirion de ce film s’inscrit dans un horizon général. son portrait du vieux journaliste joué par indiana jones (indy) d’abord hautain et méprisant, mais qui finalement se décide de renoncer à son image idéalisée pour jouer au chef cuistot, n’est pas éloigné de celui que fait renzi de straub et des ses fidèles obséquieux ; ils vivent dans le passé, refusent le contemporain.

( la critique de quelques critiques dont nous sommes hélas les contemporains consiste à ramener la politique et la philosophie au fameux comptoir;

cette politique critique ressemble à la politique politique qui nous raconte qu’il ne faut plus mépriser les voix du bon peuple, trop longtemps méconnues, méprisées ; il faut descendre à son niveau, arrêter de se la jouer et de se croire plus malin, pour l’ écouter, converser, et penser aussi bas que lui quand c’est nécessaire ;


Les indépendants ont des comptes à régler avec leur surmoi et Camille leur promet que ce ne sera bientôt plus un problème ; les nouvelles technologies du cinéma vont nous en débarrasser : faut se décomplexer.)


mais revenons au texte du jeune thirion (à entendre comme « jeune marx », « jeune hegel ») ;

ça commence fort, par des raisons, des arguments, il ne veut pas seulement faire de la critique, il veut nous convaincre d’aller voir des films ;

Deux raisons de voir Morning Glory s'affichent partout : il est écrit par la jeune Aline Brosh McKenna et réalisé par le vieux Roger Michell, deux locomotives de la comédie anglo-saxonne respectivement responsables du scénario du Diable s'habille en Prada et de la réalisation de Coup de foudre à Notting Hill.

Exemples parmi d'autres d'un genre auquel tout le monde devrait s'adonner de bon coeur
- aucune raison d'aimer The Philadelphia Story et de ne pas prêter l'oreille à ceux qui en héritent.

la troisième raison est qu'il est produit par Bad Robot, société de J.J. Abrams qu'on n'attend pas sur ce terrain. Mais voyez plutôt.


C’est pas très clair, ce que dit le mec ; il dit deux, et en donne trois, et on ne sait pas très bien quelle est la deuxième de ses raisons ; on fera comme si on comprenait tout, et comme si tout ça c’était simple, au risque de simplifier l’ordre des raisons du discours.

La première des raisons, donc ; à moins que ce ne soit deux raisons en une ; une pour la scénariste, la deuxième pour le metteur en scène :

"il est écrit par la jeune Aline Brosh McKenna et réalisé par le vieux Roger Michell"

comme ils ne sont pas très connus, AT nous rappelle leurs œuvres les plus fameuses, le scénario du diable s’habille en prada, et le coup de foudre à notting hill ; une jolie carte de visite, deux arguments de poids ; on ne peut qu’être convaincu ; mais c’est pas ces titres qui sont décisifs, en tous les cas, le critique indépendant n’en fait rien ; ce qui compte à ses yeux, c’est les adjectifs, « jeune », et « vieux », et les sexes.

La différence sexuelle et la relativité du temps, comme dirait renzi, qui nous apprend que GVS est un spécialiste d’einstein plus encore que de darwin ; un spécialiste des lieux communs pour t-shirt donc.

» Jeune » et » vieux « , doivent donc s’entendre ici de manière absolument relative ; la jeune scénariste n’est pas si jeune que ça, et le vieux réalisateur, pas si vieux que ça, beaucoup moins que oliveira, par exemple;

relativité du temps assez banale, mais audace de la construction de la phrase.

je ne sais pas si vous y êtes sensibles : la jeunesse vient avant la vieillesse, la femme avant le mec, et côté cinéma, le scénario avant la mise en scène.

On pourrait mettre cette distribution sur le compte d’une bonne éducation. Ce serait une erreur. Une grosse connerie. C’est un parti pris esthétique, critique, qui remet en cause la distribution, le partage ordinaire, et presque policier, des fonctions, des divisions du travail cinématographique.

D’ordinaire si on est un critique pur du cinéma pur, on ne fait pas l’éloge du scénario, du scénariste, on ne sait même pas qu’il existe. Les indépendants, le font ; et c’est bien. Lisez leurs textes, et vous verrez leur indépendance à l’égard de la politique de l’auteur; il faut pas mal de courage pour revenir sur les acquis de la débile politique des auteurs, qui avait pour ennemi principal le scénario, le modèle littéraire. Je dis « débile », parce que ça a provoqué pas mal de ravage ; surtout en France où les gens prennent au sérieux les idées, sans chercher à dégager leurs valeurs stratégiques, pragmatiques, leurs raisons.


Cette politique a vidé le cinéma dit français de tout contenu, de toute substance ; la forme, la forme, pas de récit, pas de personnages ; on croit faire du cinéma, sans rien raconter, sans histoire, sans idées, sans contenu, avec du vide.

Le vide, c’est bien, mais il faut le laisser au poète chinois, qui en font de belles choses, avant que la critique branchée française ne le leur monte à la tête.

Avant ça allait encore cette politique de l'auteur, du cinéma sans scénario; les gars de la nouvelle vague ont réussi à créer quelques personnages. Après ce fut le désert. Aux usa, la politique de l’auteur, ou sa théorie n’a jamais interdit de construire des histoires.

Le cinéma, et la télé française, ne souffrent pas de la médiocrité de leurs metteurs en scène, mais de la médiocrité de leurs scénaristes ; ça remonte à loin ; à la crise de la littérature française ; je ne vais pas dire que c’est la faute du nouveau roman, je vais rien dire ; mais notez la bonne santé de la littérature américaine ; malgré toutes ses audaces formelles, elle raconte des histoires.

Il ne peut y avoir de cinéma, que là où il y a une littérature forte et vivante, mineure ou majoritaire, un art de raconter des histoires, de créer des personnages.


Donc, la jeune Aline Brosh McKenna est la scénariste de ce film, et avant ça, elle avait fait notamment le scénario du diable s’habille de prada ; c'est bien, mais c'est pas terrible.


elle est jeune, relativement, surtout pour une fille, mais elle tourne déjà en rond : son dernier scénario ne dit pas autre chose que le diable s’habille en prada, c’est le même sujet, la même histoire ; changent seulement le milieu, et un peu les personnages ; des milieux hyper glamours et branchés de la mode on passe à ceux de la télé et de la production ; la même jeune fille aux origine plus au moins modeste fait son numéro, démontre ses capacités égalitaire, comme disent les clowns, à se hisser au sommet de la pyramide sociale, et une fois tout en haut, décide de revenir en bas ; parce que le bas, c’est la vérité, l’authenticité, l’espace vivant des vraies valeurs humaines, l’amitié, et l’amour.

La morale est simple ; elle est propre aux époques en crise , et connaît son plus grand succès quand on veut freiner ce que l’on appelle l’envie, et le ressentiment des pauvres : les élites sont pas heureuses, même si elles ont tout pour l’être : le look, le brain, l’argent et le pouvoir.

La poursuite du bonheur ne doit pas être confondue avec le toc que les magazines people nous servent ; faut pas se laisser rouler, chercher à se hisser, à monter, trop haut, il faut rester modestement à sa place, moyenne et laisser la grandeur aux grands, qui ont du tout sacrifié, amitié, amour, mariage, vie de famille, humanité, pour vivre leur vie de mort-vivant de luxe ;

voyez la pauvre Meryl Streep habillé en prada; on la plaindrait presque.

(ce film est une comédie, mais aussi un film d'horreur; une histoire de possession)

La bonne vie est la vie moyenne : celle qui se situe entre celle des morts-vivants du haut, et ceux du bas, que nous donne à voir Costa.

C’est la leçon de « morning glory », ce fut aussi celle d’une autre comédie de la réussite, celle de fincher dont le dernier plan nous montre le génie milliardaire si désespérément seul , sans amis, pas même virtuels.



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Message par Borges Lun 16 Mai 2011 - 13:53

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Deux raisons de voir Morning Glory s'affichent partout : il est écrit par la jeune Aline Brosh McKenna et réalisé par le vieux Roger Michell, deux locomotives de la comédie anglo-saxonne respectivement responsables du scénario du Diable s'habille en Prada et de la réalisation de Coup de foudre à Notting Hill.


(antoine thirion)


"Les cadres des studios (...) voudraient voir dans la critique un prolongement de leurs départements publicitaires"

(Pauline Kael, chroniques américaines, p.66)
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Message par Borges Mar 17 Mai 2011 - 9:47



Donc elle est jeune, et lui plus tellement ; mais c’est pas l’essentiel ; l’essentiel c’est qu’elle et lui bossent ensemble, et nous font un film.

Autrement dit, l’argument, affiché par la pub et « suraffiché » par le critique, c’est pas la jeunesse et la vieillesse, la fille et le mec, mais bien plutôt l’union des ces deux locomotives (c’est l’image du critique, banale, si on n’a pas vu la comédie qui est derrière cette image, qui l’explique : le sport favori de l’homme ; le texte de thirion, en apparence vide est une mine d’allusions ; on le verra).

Cette union, le film la redouble, la rejoue ; comme on le sait, un film, qu’il le veuille ou non, raconte presque toujours ses conditions de création, sa genèse. C’est un documentaire et une fable sur sa fabrication.

Ok, ils bossent ensemble, on se dit ; mais est-ce vraiment un argument, quelque chose qui doive nous convaincre de payer notre place, et d’aller voir ce film ?

C’est pas grand-chose, des vieux et des jeunes qui bossent ensemble, c’est la vie ordinaire. On a souvent vu ça dans des films, comédies ou pas ; pas de quoi en faire tout un plat.

Sans doute, nous dirait thirion, mais pas si on voit ça du côté de cavell (comme il le fait).

Vue du côté de la vie ordinaire, avec des instruments de perception ordinaire, la collaboration, qui ne fut pas aisée à obtenir, de la productrice et du vieux journaliste, semble anodine, en fait, dans son essence, derrière ses apparences, c’est une véritable leçon de morale perfectionniste, plus encore, comme le dit le titre de l’émission produite par la fille, c’est une aube nouvelle pour l’humanité.

Le titre de l’émission de la jeune productrice dit tout : daybreak.

Côté cinéma, on peut comparer ça, au début de 2001, ou à sa fin, en moins western métaphysiques, en moins lourd, sursignifiant, en plus pacifié aussi, malgré les luttes des égos. On le sait Kubrick (prisonnier de son époque, la lutte des deux blocs) avait défini l’histoire de l’humanité, comme une lutte, ici, c’est le travail, l’équipe, le travail d’équipe qui déterminent l’humanité de l’homme.

Nous sommes dans un horizon post-marxiste : le travail n’est plus aliénation, sinon sous la forme ironique de la comédie, mais l’essence de la communauté.

On pourrait penser que les deux locomotives de la comédie anglo-saxonne (à ne pas confondre avec la comédie anglo-américaine, qui n’en est qu’un sous-genre) sont moins riches que la pensée d'aristote sur le même sujet, ou qu'ils reviennent sur les finesses de son analyse, qui détermine différentes formes de la communauté (communauté d’intérêts, de plaisir, et morale), il n’en est rien : la communauté du travail dans l’horizon contemporain de nos existences est la communauté déterminante, elle synthèse les trois modes de l’être-avec, c'est l'espace du plaisir, de la morale, et de l'intérêt. Ces trois principes de la réunion ne sont pas antagonistes, en conflits.

Nous avons changer de monde, et de paradigme. C'est évident, si on examine le titre, celui du film (morning glory), et celui de l’émission produite par la jeune fille, avec son équipe, de présentateurs, de techniciens : daybreak .

Ce titre, antoine thirion n’en parle pas, tellement c’est évident, nous invite immédiatement à penser à l’une des grandes références du perfectionnisme morale, Nietzsche et son fameux livre, « l’aurore », en allemand, « Morgenröte » (c’est pas loin de morning, bien entendu), et en anglais « daybreak » (le titre exacte de l’émission du film).

Qui ne verrait là qu’une simple coïncidence peut aussi bien renoncer à la critique.



je disais que le film ne se situe pas du côté du conflit, c’est vrai, mais il met tout de même en scène un conflit , mais d’ordre moral et politique, une affaire de justesse, et de justice, l’essence du cinéma.

Comme le dit admirablement rancière, dans son article sur straub et quelques autres : « il y a pas de politique du cinéma mais des figures singulières selon lesquelles des cinéastes conjoignent les deux significations du mot politique par lesquelles ont peut qualifier une fiction cinématographique : la politique comme ce dont parle un film, l’histoire d’un mouvement, d’un conflit, la mise à jour d’une souffrance, d’une injustice, et la politique comme la stratégie propre d’une démarche artistique : accélération et ralentissement du temps, resserrer, élargir l’espace, accord et désaccord du regard et de l’action, enchaînement et déchaînement de l’action…. » ;

le cinéma c’est une affaire de justice et de justesse ; la justesse d’une juste image juste.


Comment cette comédie fabrique-t-elle, la justesse juste d’un image juste ?

Quel est le conflit dans morning glory ? comment est-il mis en scène, en espace, en temps, en affect ?

disons d’abord ce qu’il n’est pas ; c’est pas tellement le conflit bien connu de la vie privée et de la vie publique, ou du travail, défini comme simple aliénation, et de la liberté. Tout cela semble à l’évidence appartenir à un ordre de pensée surannée. Dans le film traditionnel, dans le documentaire ordinaire, ou même le reportage télé soumis aux lieux communs d’une sociologie de la domination, on nous montre de pauvres gens devant se lever tôt pour faire des boulots dégradants, afin de nous faire sentir l’injustice de la société, les souffrances inégalitaires devant le travail, la pénibilité de certaines tâches. C’est à dépasser ces lieux communs, que le film s’emploie de manière audacieuse.

D’abord par un déplacement; ce ne sont pas les dominés qui doivent se lever très tôt dans le film, mais ceux-là même dont on croit la vie privilégiée, les stars du petit écran. Ces dernières se lèvent encore plus tôt, nous dit le film, sans pour autant vivre cela comme une injustice. Le matin n’est pas le moment de la souffrance sociologique de ceux qui doivent se lever tôt pour bosser péniblement, c'est un moment glorieux, une joie. Les hommes le savent.

Le proverbe le dit, le film en varie l’idée : la gloire appartient à ceux qui se lèvent tôt pour bosser énormément.

Mais c’est pas le seul renversement, le seul partage du sensible, du travail, et du temps, que le film nous propose .

Il s’emploie aussi à renverser le partage télévisuel policier matin-nuit, qui commande les perceptions élitiste du journaliste : News is a sacred temple, and you’re part of the cabal that’s ruining it.

L’usage du terme, « cabal » doit-il nous orienter vers une lecture religieuse, une opposition entre deux formes de sacré, le chrétien, le temple sacrée des nouvelles, et la cabale juive, qui viserait à le détruire ; c’est possible.

En tous les cas, cette ligne vise les théories du complot, de la main invisible, du groupe secret, qui agirait dans l’ombre pour contrôle les esprits et abêtir le monde pour mieux le dominer à travers la production d’images aliénantes qui nous divertissent des nos intérêts, du réel.

Le journaliste méprise l’entertainment, la fille et son équipe bossent pour elle ; dans l’histoire classique ; bien entendu , l’entertainement, c’est le mal ; les news, c’est le bien, politique, moral… ; le bien, c'est le réel, l'être, le mal, c'est le plaisir, la fiction, le jeu, l'amusement.

par chance, depuis quelques années, cette idée est remise en cause. Seuls quelques ringards s'y accrochent encore.

Le film de michell ne dit pas autre chose que le texte de rancière sur minnelli ; il part de ce constat, de cette évidence énoncée par Becky à Pomeroy :

"The world has been debating news versus entertainment for years, and guess what, Mike? Your side lost."

Il ne s’agit pas seulement bien entendu de dire que les news et leur sérieux ont perdu. Ce serait trop simple; ce qui est perdu, ce qui a perdu, c’est pas un côté contre l’autre. Le film est trop intelligent, pour affirmer une telle banalité. Il fonctionne de manière au moins dialectique.

Dans un conflit simple, on se débarrasserait simplement de pomeroy, comme on se débarrasse du mec qui présentait l’émission avant lui. Le film a besoin de lui, comme l’Entertainment a besoin des news, pour les repenser, les remettre en spectacle dans une nouvelle pensée du spectacle qui n’identifie pas ce dernier à sa version situationniste.

S’il y a quelque chose à dévoiler, à idéologiser, c’est moins l’entertainement, que la posture représentée par les news, et leur sérieux.

Le nom du journaliste élitiste nous offre une piste, "pomeroy", il est d’abord d’origine française, comme une grande partie de la critique de la société du spectacle; et on peut le traduire, librement : par "le roi des pommes". Autrement dit, l’aliénation n’est pas du côté du spectacle, mais du côté de sa critique idéologique.
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Message par adeline Dim 29 Mai 2011 - 18:44

Hello Borges !

je suis sûre que tu n'as pas fini ce texte de critique de la critique : il faut finir ! il y a encore pas mal à en dire sur ce texte de Thirion.

JM aussi l'avait remarqué, sur son blog :

( 8 ) Pour avoir un aperçu de cette tendance débilitante qui revient à répétition dans la critique cinéma, on pourra lire, entre autres textes du même acabit sur les sites cités, la critique de Sucker Punch chez Chronic'art * ou encore celle de Morning Glory contenant également un tombereau d'âneries chez Independencia *.

Je suis toujours épatée par cette phrase :
Ce nom suranné évoque bien sûr l'origine modeste et l'indépendance têtue des grandes femmes de la screwball comedy.

"L'origine modeste et l'indépendance têtue des grandes dames de la screwball comedy"... J'ai l'impression, au contraire, que les grandes dames des screwball comedies viennent de milieux sociaux hyper aisés et n'ont aucune question à se poser sur leur indépendance (financière, car c'est bien celle-ci qui est importante, l'indépendance sentimentale de Becky Fuller est encore à démontrer). Puisqu'il lit Cavell, prenons la liste des comédies que Cavell étudie, dont d'ailleurs Cavell précise qu'il ne veut plus les appeler des "screwball comedies" mais des comédies de remariage :
The Lady Eve de Preston Sturges,
It Happened One Night de Frank Capra,
Bringing up Baby de Howard Hawks,
The Philadelphia Story et Adam’s Rib de George Cukor,
His girl Friday, de Howard Hawks
The Awful Truth de Leo McCarey.

The Lady Eve : riche héritière
It happened One Night (New-York Miami) : riche héritière (voyez Wiki : "Ellie, jeune fille gâtée, échappe à l'emprise de son père millionnaire...")
Bringing Up Baby: KH n'a aucun problème d'argent et une tante millionnaire dont elle hérite
The Philadelphia Stoyr (Indiscrétions): KH est une riche héritière
Adam's Rib (Madame porte la culotte): ah tient, KH n'est pas riche héritière : mais rien n'est dit dans le film sur son "milieu modeste"
His girl Friday (La dame du vendredi): c'est pareil, Rosalind Russell bosse et n'est pas une riche héritière, mais c'est comme dans Adam's Rib : on voit qu'ils vivent plutôt dans la bourgeoisie voire la haute bourgeoisie
The Awful Truth (Cette sacrée véritée) : pareil, Lucy est riche, sa tante l'est du moins, et elle ne vient pas d'un milieu modeste du tout.


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